Aujourd'hui, Angel avait besoin d'être seule. Elle avait côtoyé beaucoup trop de monde dans une seule matinée. Elle ne rêvait que d'une chose, se poser loin de l'agitation. Après avoir vérifié au préalable, la quatrième année se glissa dans une salle de classe, allant s'avachir sur l'un des pupitres. Elle soupira, attrapa son roman préféré du moment et se plongea dans sa lecture. Enfin un moment de calme paisible où personne ne venait l'enquiquiner !

La jeune fille avait surtout besoin de se reposer l'esprit. Elle avait reçu dernièrement plusieurs lettres, qu'elle avait laissé sans réponse dont une qui lui ordonnait de rester sagement à Poudlard parce que l'autre pauvre Petite Princesse délicate exigeait de rentrée à la maison bloquant la possibilité à la jeune lionne. À vraie dire, comme à peu près toutes les vacances. Voilà maintenant quatre bonnes années qu'Angel passait toutes ses vacances à Poudlard. Elle ne rentrait jamais pas même pour les fêtes de fin d'année. La seule fois où elle rentrait chez elle s'était pour les grandes vacances. Mais, pouvait-on appeler ça un chez soi quand on était rejetée ou ignorée par tous les membres de sa famille ?

En effet, c'était là, le secret le mieux gardé de la jeune fille. Elle ne l'avait dit qu'à deux personnes de confiance qui connaissait cette cachotterie et elle savait que ses plus grandes confidentes de la trahiraient jamais. Malheureusement, cacher un secret de cette envergure devenait de plus en plus complexe. Comment cacher à ceux que l'on aime et que l'on considère comme ça véritable famille que l'on avait une sœur, qui plus est jumelle non doté de pouvoirs magique ? Ce phénomène n'avait d'ailleurs jamais pus être expliqué malgré tous les spécialistes hors de prix que Madame Pike avait pu consulter.

Beaucoup de rumeurs avaient afflué après cela dans sa famille. Certains disaient qu'ils étaient indignes de représenter le nom des Pike tandis que d'autres rejetaient la faute sur Angel et disaient qu'elle aurait volé la magie qui revenait à sa sœur bien que ce soit la jeune quatrième année l'ainée de la fratrie. Tant de rumeurs et aucun soutien apporté à sa famille ou encore à la jeune fille, pas même celui de sa propre mère qui préférait s'occuper de son "bébé fragile".

Angel n'était pas jalouse loin de là, elle s'en fichait même pas mal. Cependant quand sa vie avait basculé du jour au lendemain et que tout son petit monde s'était écroulé, cela avait laissé de grosses cicatrices inoubliables et irréparables. La jeune fille referma son livre d'un coup sec, pourquoi diable ces réminiscences lui revenaient à l'esprit quand elle avait enfin la possibilité de se reposer l'esprit. La lionne commença à angoisser au fur et à mesure que les pensées affluaient. Et si un jour quelqu'un l'apprenait. Comment les autres réagiraient ? L'accepteraient-ils encore dans leur cercle ? Angel inspira et expira doucement calmant cette montée d'angoisse soudaine. Personne ne le saurait jamais, tous allez bien se passer.

Et voilà !

Nous venions de refermer la porte de la salle sur demande et marchions dans les couloirs en direction du dortoir lorsque, soudainement, Lena me fit un signe de la tête vers une fille qui venait d'entrer dans une salle de classe sur le chemin des cachots. Je l'interrogeai du regard, puisqu'aucune de nous deux ne fréquentait vraiment des gryffondor, et Angel Pierce... ou quelque chose comme ça, ne dérogeait pas à cette règle.

— Eh bien ? Tu fais amie-amie avec eux, maintenant ? Quelle maturité Lena.

Elle me donna un coup dans l'épaule en secouant la tête, un air moqueur sur le visage.

— La ferme Leann. Cette fille, elle a une sœur. Et cette sœur, c'est une cracmol.

Mes sourcils se haussèrent en même temps qu'un sourire s'installa sur mon visage. Cela fait longtemps que je n'avais pas entendu parler des cracmols, et entendre qu'une fille de notre promo en avait dans sa famille eut le mérite de me surprendre.
Cependant, Lena n'est pas fiable, et ce qu'elle me dit doit être prit avec des pincettes.

— En es-tu certaine ? Un tel secret me paraît difficile à dissimuler pendant... quatre ans. Je ne savais même pas qu'elle avait une sœur.
— Oui, je t'assure, va lui demander tu verras.

Je plissai les paupières et lançai un regard dubitatif à la blonde, en face de moi. Elle avait un sourire en coin et les bras croisés sur son justaucorps violet, tenant ses pointes de par le ruban dans sa main droite. Les miennes étaient attachés à mon sac, sur un pli extérieur.

— Bien, si c'est faux, tu dis à ta mère que tu veux arrêter la danse classique, ajoutai-je avec un sourire ironique.

Elle hausse simplement ses épaules, et répond :

— D'accord. Si j'ai raison, TU dis à ta mère... non, à Akiko que tu arrêtes la danse classique.

Ma bouche s'ouvrit en O, et je pesai le pour et le contre. Le contre gagna. Il n'y eut pas de pour. Cependant, afin de garder un semblant de face, j'acceptai d'un signe de tête et me dirigeai vers la salle de classe entrouverte.
Je poussai la porte de ma main libre, et m'approchai d'une table à quelques mètres de celle d'Angel. Mon sac de danse trouva une place près de la porte, et je m'assis doucement sur une chaise.

— Oh, Angel ! Nous sommes dans le même cours de... sortilèges. J'ai appris récemment que ta sœur n'allait pas bien... s'est-elle rétablie ?

Mon ton, loin d'être agressif, était trop doucereux pour transmettre une véritable empathie. J'étais plus entrain de me moquer d'elle, c'est vrai.

Pendant que la jeune fille était avachie sur l'un des pupitres. Elle entendit le bruit de la porte salle de classe grincer doucement pour certainement laisser passer quelqu'un. Rapidement elle se redressa sur sa chaise le cœur battant de peur de se faire jeter de la salle par un professeur ou un membre du personnel de Poudlard. À la place, elle vit entrer deux filles vêtues de vêtements de danse leurs deux sacs à la main. Angel soupira levant les yeux au ciel. Visiblement, elle n'était pas la seule à avoir eu l'idée de squatter une salle de classe. La quatrième année espérait juste que les deux autres n'étaient pas venu danser en plein milieu de la salle où elle fuirait à coup sur l'endroit.

Les deux filles n'étaient visiblement pas venus lui présenter un ballet d'opéra. Elles déposèrent leurs sacs à l'entrée avant de venir s'asseoir à quelques mètres d'Angel. L'expression malicieuse et supérieure qu'affichait l'une d'elles n'inspira pas tellement Angel qui flairait un mauvais coup de la part des blondes. La sorcière fronça les sourcils en reconnaissait la fille face à elle. Elle se trouvait être une quatrième année elle aussi à Serpentard. Une Serpentard, voilà qui expliquait l'air supérieur. Angel avait beau savoir que les Serpentard n'étaient pas tous mauvais, elle en avait d'ailleurs déjà rencontré de très bon. Mais comment se défaire de cette image quand eux-mêmes se crée des préjugés avec toutes les traces mauvaises qu'ils laissent sur leur passage. La Gryffondor n'avait pas non plus une très bonne relation avec les élèves du cachot. Par ailleurs presque aucune des rencontres qu'elle avait pu faire parmi eux ne s'était pas passé sans anicroche.

Elle écouta les paroles de la blonde une grimaça au visage.
- Ma quo...

Angel eut la sensation qu'un seau d'eau glacée lui tomba sur la tête. Leann venait de lui parler de sa sœur, comment c'était possible. La quatrième année déglutit avec difficulté sentant son visage devenir aussi blanc qu'un linge propre. Elle tenta de respirer doucement sans que son angoisse paraisse aux yeux de cette garce. Elle ne voulait pas paraître faible si bien qu'elle fit en sorte que son visage reste de marbre défiant du regard Leann comme pour la menacer d'ajouter quelque chose. Il fallait qu'elle trouve une solution, elle ne voulait surtout pas rester dans le silence et laisser cette victoire à cette vipère. Devait-elle mentir sur l'existence de son double raté ou alors chercher à savoir comment la blonde face à elle avait eu l'info ? Cette dernière solution laisserait entendre que l'existence de sa sœur était réelle et ce n'était pas bon pour elle. Qui avait bien pu la trahir après quatre ans de secret ?

Une chose était sure, elle ne pouvait faire plus confiance à personne même à Poudlard où elle se sentait en sécurité à la base. Serrant les poings de colère, elle balança sa phrase au visage de la blonde.

- Qu'est-ce que tu veux sale vipère ?

@Leann Hartley

A l'instant où Angel répondit, sur la défensive, je lançai un regard en biais à Lena qui jubilait. La Gryffondor n'avait nullement nié, et était soudainement devenue plus blanche qu'un arum. Il fallait dire que ce n'était pas la meilleure stratégie pour convaincre deux personnes que ce qu'elles avançaient était faux. Encore plus si ces deux personnes se trouvaient être nous.
Je passai outre l'air railleur de Lena qui pensait sûrement à notre petit pari, et joignit mes mains sous mon menton.

— Alors, t'en veut-elle ? Si j'étais à sa place, il est certain que je t'en voudrais. C'est comme si tu lui avais volé sa place à Poudlard en prenant toute la magie pour toi.

Lena intervint alors :

— C'est égoïste, tu ne trouves pas Leann ?

Je hochai la tête, souriant légèrement.

— Assurément.

En réalité, je n'avais jamais adressé la parole à Angel avant aujourd’hui, et il était difficile de dire pourquoi je me mettais sans raison à la rabaisser. Sûrement l'ennui hivernal. Puis, qu'allait-elle faire, en parler à un professeur ? Non, il n'y avait aucune crainte puisqu'elle avait caché cela depuis son entrée à Poudlard. Qui est-ce qui la prendrait au sérieux après ça, sérieusement ?

— Si nous étions toi...
— ...nous porterions compagnie à notre sœur...
— ...au lieu de profiter de Poudlard sans elle.

Ainsi, nous acquiesçâmes la tête en même temps, accusant Angel du regard.

Angel ne savait quoi répondre. Son sang battait fortement dans ses oreilles mais elle réussissait tout de même à entendre les paroles des deux autres filles. Des paroles tranchantes comme des lames d'épées que l'on plantait dans son cœur qui à présent battait à une vitesse folle. Quatre années. Quatre années à vivre avec ce lourd secret sur le cœur. Quatre années à tromper ses proches et à mentir à ceux qu'elle aime pour protéger la réputation d'une famille qui la rejetait et d'une sœur qui ne la considérait même pas au quotidien. Quatre années à soupeser chaque parole pour éviter la moindre bourde qui aurait pu mettre le feu aux poudres. Quatre années de secret parti en seulement quelques secondes. Quatre années à protéger un secret qui n'était pas le sien au final.

La quatrième année sentait ses yeux devenir humides où des larmes bientôt viendraient s'y nicher. Bien sûr elle avait repassé ce scénario dans sa tête un nombre incalculable de fois. Elle s'était toujours préparée parce que au fond, la jeune fille savait qu'elle ne pouvait pas continuer à cacher une si grosse confidence aux yeux de tous. Elle avait préparé depuis des lustres quoi répondre, quoi répliquer mais là aujourd'hui alors même qu'elle était confrontée à cette situation, rien ne venait. Elle avait cent phrases, cent répliques pour contrer l'attaque de ces deux vipères, néanmoins par un son se décidaient à sortir de sa gorge. La chose qui la préoccupait en cet instant c'était qu'est-ce qu'elle allait dire à ses amies ? Pire encore comment sa grand-mère allait elle réagir lorsqu'elle apprendrait que le plus gros scandale de la famille Pike était connu par tout le collège de sorcellerie à présent ?

Angel serra les dents. Elle n'était pas faible, elle n'était plus la gamine d'il y a trois ans. La quatrième année avait grandi, évolué, elle n'allait pas laisser ses deux verracrasses la pourrir sans se défendre avant. C'était une Pike un vrai pas comme les pleureuses de sa famille. Elle allait aux tous pour les tous se défendre des deux blondinettes et ressortir vainqueur de cette situation difficile. Peu à peu l'expression de son visage se refermait pour laisser place à un regard froid qu'elle jetait à Leann et son acolyte. L'Anglaise glissa sa main dans sa robe pour attraper sa baguette qu'elle pointa alors face au visage de cette dernière un peu trop arrogante à son gout.

- Ne parle jamais plus d'elle de la sorte. Je ne te permettrais pas d'entacher le nom de ma famille avec tes sales paroles serpentard. Alors soupèse bien tes mots.