Dakota était sur le point d'aller se balader dans le parc lorsqu'elle tomba sur le chef de choeur. Il avait l'air bien embêté avec un paquet de lettres trempées. La jeune fille comprit qu'il s'agissait des lettres de la Saint Valentin. Peut-être que la sienne serait fichue, ça l'arrangerait bien. Il avait besoin d'aide pour les restaurer et elle se proposa gaiement, elle qui adorait écrire. Elle se saisit délicatement d'une des plumes confiées par le Maestro, elles étaient magnifiques.

Assise sur le muret, elle commença à repasser sur les mots effacés, d'une écriture appliquée, et sans lire le contenu des lettres, comme indiqué par Mister Tripplehorn, après tout, ça ne la regardait pas du tout. Mais ça se compliquait lorsque c'était un morceau entier de phrase qui avait disparu. Elle était obligée de lire la phrase précédente pour que ça ait du sens. Mais elle respecta la vie privée de ses camarades en ne lisant jamais le nom de l'auteur ou du destinataire. Elle puisa dans son plus joli vocabulaire pour agrémenter les lettres lorsque c'était nécessaire.

Cheryl n'avait pas hésité la moindre seconde pour se porter volontaire auprès du maestro qui semblait bien embêté. Le professeur Charleston aurait jeté les lettres qui se trouvaient dans la boîte aux lettres de la serre Méditerranée. Cela voulait aussi dire que la lettre que la Serpentard avait écrite pour Antonn était aussi dans ce tas ! Elle se demandait si elle avait bien fait de déposer cette lettre. Au moins, ce n'était pas une lettre d'amour, seulement d'encouragement.

La troisième année se donna à fond pour restaurer ces lettres. Dotée de sa plume, elle imitait les écritures qu'elle voyait — bien que certaines étaient immondes — et complétait les phrases avec les mots qu'elle pouvait apercevoir. Si les mots avaient complètement disparus, la rouquine essayait de les deviner. À vrai dire, Cheryl essayait au mieux de ne pas en lire le contenu, mais sa curiosité était bien plus forte. Et puis, si une fille avait osé écrire à son joueur de Quidditch préféré, ça allait barder.

Pour n'importe quel service auquel il demanderait de l'aide aux élèves, le Maestro pouvait assurément compter sur l'aide de ses choristes dont Miles bien entendu. Absolument volontaire pour aider son chef de chœur. Sa mission était simple : restaurer les lettres dont les phrases avaient été rendues illisibles par la météo, en réécrivant les parties manquantes. Pour Miles, il voyait cela comme un exercice d'improvisation, ce qui était pour lui quelque chose de plus ou moins facile. Il l'avait notamment démontré lors de sa mésaventure avec le Maestro, Charlotte et leurs crapauds. Armé d'une jolie plume blanche, Miles et les autres commencèrent donc leur travail. Il essaya d'abord d'analyser les phrases en question et essaya de voir quels mots pouvaient être remplacés. Il fallait qu'ils aient du sens avec le reste des mots et qu'ils ne gâchaient pas la nature de la lettre. Il mit alors plusieurs mots qui rimaient et qui ajoutait encore plus le sentiment d'amour, du moins pour celles qui étaient concernées. Dans les cas les plus "extrêmes", il dut carrément réécrire la phrase mais son âme artistique l'aidait grandement à le faire, et encore parce qu'il n'y avait que peu de lettres concernées par cela.

C'est une véritable petite clinique des lettres qui s'est mise en place sous les préaux de la courette.

Gloria met du cœur à l'ouvrage, enchaînant les lettres comme s'il s'agissait d'une formalité - créant aussi une grande attente auprès du Maestro Piccolo. Curieux de découvrir tout ce travail achevé, il tend la main avec avidité pour accueillir ce petit tas qui... choisit de s'envoler dans une rafale de vent pour tester l'eau de la fontaine. La main toujours tendue par l'effarement, le sorcier mesure l'ampleur du désastre. Bien injustement, il ne peut s'empêcher de l'associer à la fillette : les mots sont tous perdus... perdus...

Kate a une jolie plume d'écrivain, aussi jolie que celle ayant servi à repasser les mots et combler les espaces mais, à vrai dire, le Maestro ne s'est pas beaucoup penché sur les paroles complétées, estimant que tout cela pouvait passer au second plan. Car il a surtout remarqué que ses Ailes d'anges avaient du succès auprès de la jeune sorcière. C'est toujours très agréable de les voir appréciées pour leur juste valeur - et regrettable qu'il ne puisse pas présentement soliloquer sur elles. Oui, très bien vous avez fini, mais que dites-vous de la qualité de ces plumes ? Ne soyez pas avare en compliments.

Dakota, auriez-vous été l'auteur de la tradition courtoise dans une autre vie ? Seriez-vous à l'origine de Tristan et Iseut, de Roméo et Juliette, du Dramione ? Le Maestro semble bouleversé en lisant vos envolées lyriques. Peut-être est-ce simplement parce que toutes les voix de ses disciples choristes résonnent en lui : il entend forcément leur vérité en toute occasion, et à l'écrit aussi. Le sorcier se retient de ne pas subtiliser certaines de ces lettres pour décorer la Salle de Répétition.

Cheryl a eu la chance de tomber sur les rares missives qui n'étaient pas adressées au bel Antonn - ce qui aurait pu la déstabiliser - c'est pourquoi la première chose observée le Maestro en relisant son travail fut la facilité de décryptage en plus de sa belle prose. Surtout, il a pensé que vous aviez su souvent parfaitement imiter la calligraphie des originaux - alors qu'il s'agissait tout simplement... des originaux intacts. Le sorcier songe qu'il aurait quelques courriers à vous faire rédiger à sa place, vous ne pourrez pas vous dérober lors de la prochaine répétition du Chœur des Grenouilles.

Miles, en vrai petit assistant du Maestro Piccolo, a encore une fois montré que son chef pouvait compter sur lui. Le sorcier, dans sa hâte de lire les nouvelles envolées lyriques de son jeune disciple, n'a pas attendu de relire un travail déjà achevé en s'installant à ses côtés pour observer son processus de création. La rime audacieuse de Ma belle Patacitrouille avec Sans aucune carabistouille a eu de quoi complètement charmer le sorcier.

Une fois ces lettres revigorées par quelques envolées lyriques, le Maestro et ses jeunes assistants les ont confiées aux enlumineurs du professeur Charleston pour le meilleur et pour le pire. Les courriers ont fini leur séjour dans la clinique dans les mains des apprentis sorciers du professeur Khan chargés de les sceller et les protéger.

@Gloria Shah, @Kate Hunter, @Dakota Wyatt, @Cheryl Styles, @Miles Libawa, merci à vous