Le réveil fut difficile pour la jeune sorcière ce matin-là, mais à présent elle était parfaitement réveillée, car le cours, prometteur au début, tournait désormais au cauchemar depuis que Miss Valerion avait sorti les botrucs.

D'abord curieuse, encore amusée par la découverte de la formule magique du maléfice de répulsion, Marilya s'était empressée de rejoindre l'avant du groupe pour avoir un meilleur visuel sur le bureau de la professeur. Celle-ci avait alors sortie une cage puis avait ouvert à porte aux botrucs qui vagabondaient désormais librement dans la salle de cours. Évidemment, ce fut un bazar complet et total durant les premières minutes et Marilya avait observé, horrifié, sans oser protester, ses camarades utiliser le maléfice sur les créatures innocentes.

Déterminée à ne pas leur faire du mal, elle avait reculé dans un coin, au bord des larmes, tandis que chaque couinement de botruc lui perforait le cœur. Autre problème, les créatures commencèrent très vite à devenir plus agressives et nerveuses, ainsi, lorsque l'une d'elle fut projetée par erreur vers Marilya, celle-ci s'accrocha à ses cheveux. Impossible, dès lors, de savoir qui des deux, Marilya ou le botruc, était le plus effrayer par la situation. Prise de panique, la princesse secoua frénétiquement ses cheveux, essayant de déloger l'animal avec ses mains. Sans réfléchir, elle attrapa la manche du premier élève dont les jambes entrèrent dans son champ de vision (Azraël) et lui agrippa la manche.

"Enlève-le ! S'te plaît, enlève-le !"

Lorsqu'Azraël s'était réveillé ce jeudi-là, il s'était rappelé que la journée devait débuter par un cours de Défense contre les Forces du Mal, ce qui l'avait rendu joyeux. En effet, il avait compris dès son premier cours qu'il aimait beaucoup cette matière, et il avait hâte d'en apprendre plus. Le Gryffon pensa que le cours d'aujourd'hui s'annonçait encore meilleur que le précédent lorsque la professeure mentionna la présence de Botrucs, de petites créatures qu'Azraël aimait particulièrement.

Cependant, ce qu'il imaginait être un cours paisible dégénéra vite en une sorte de chaos. Lorsque la cage des Botrucs fut ouverte, ceux-ci se dispersèrent rapidement à travers la salle, sautant d'une table à l'autre ou escaladant les étagères. Azraël réalisa soudain avec horreur qu'il était supposé lancer un sortilèges aux créatures qu'il trouvait adorables, ce qui l’amena à se retrancher dans le fond de la salle en espérant qu'on le laisserait tranquille et qu'on ne le forcerait pas à faire l'exercice.

Tandis qu'il voyait des Botrucs se faire projeter à travers la pièce, la colère commença à le gagner. Il ne s'y connaissait pas assez pour dire si les Botrucs souffraient, et il espérait bien que s'ils étaient utilisés dans ce cours, c'était parce que le sortilège ne leur faisait pas de mal, mais comment en être certain ? Et même s'ils ne souffraient pas, ils devaient tout de même se sentir attaqués... N'était-il pas possible de s'entraîner à pratiquer ce sort sur autre chose que des êtres vivants ?

Alors qu'Azraël hésitait à aller voir la professeure pour lui demander une alternative à l'exercice, il perçut de l'agitation dans sa vision périphérique. À l'instant où il se tourna pour voir ce qu'il se passait, quelqu'un attrapa fermement sa manche et lui demanda d'une voix paniquée d'enlever quelque chose. Confus, le Gryffon mit quelque secondes à analyser ce qu'il se passait, puis il comprit : la fillette de Poufsouffle qui venait de lui demander de l'aide avait un Botruc coincé dans ses cheveux, et était visiblement terrifiée par la situation.

La petite créature, qui semblait également terrorisée, s'agitait dans tous les sens en essayant vainement de s'extirper des longs cheveux blonds dont elle était captive, mais ses mouvements avaient pour seul effet de créer des nœuds autour d'elle, consolidant ainsi sa prison en accentuant sa panique par la même occasion. Sans aide extérieure, la situation allait très vite se transformer en un cercle vicieux, jusqu'à devenir totalement incontrôlable.

« T'inquiète pas, tout va bien, je vais t'aider. Essaye de pas trop bouger s'il te plaît. » dit alors Azraël avec douceur en s'approchant d'elle.

Il posa une main apaisante sur l'épaule de la fillette et lui lança un sourire chaleureux. Il ne savait pas s'il y parvenait, mais il se voulait rassurant. Plus la jeune Poufsouffle serait calme, plus il serait simple de libérer le Botruc de sa chevelure.

« Le Botruc a très peur, c'est pour ça qu'il s'agite comme ça. Je vais l'enlever, fais moi confiance ! Tu peux t'asseoir si tu veux, ça sera peut-être plus simple. » poursuivit-il.

S'appliquant pour que ses gestes soient à la fois doux et précis malgré la panique qui habitait encore la créature, Azraël commença à essayer de démêler les cheveux de la fillette.

Essayant de suivre les conseils de son camarade, dont elle n'avait toujours pas vu le visage, Marilya posa ses fesses sur la première chaise trouvée, la tête baissée vers le sol. Les larmes aux yeux, elle sentit un frisson la parcourir avant que les gestes doux du garçon ne l'apaise.

N'ayant que ses pieds à observer, elle se concentra sur le bas de sa cape, qui laissait entrevoir par moment une doublure rouge. Marilya dressa la liste mentale des élèves de Gryffondor, élimina toutes les filles puis essayer de reconnaître sa voix. Rhys peut-être ? Logan ? Elle fut incapable de le déterminer avec précision.

Puis, quand enfin il eut fini de dégager la créature de ses cheveux, elle releva vivement la tête (faut imagier un truc comme Ariel qui sort de l'eau ahah) et afficha un sourire reconnaissant, la tête légèrement penchée sur le côté.

"Merci !"

Elle reconnut facilement Azraël : un petit lion avec le même regard pétillant qu'elle. Marilya sus tout de suite qu'elle pourrait bien s'entendre avec lui et, promis, cela n'avait rien à voir avec le fait qu'elle s'entendait bien avec tout le monde !

"J'n'ai pas peur, normalement", commença-t-elle à se justifier.

Ni des bêtes, ni des trucs dégoûtants. En fait, Marilya était la première surprise de sa propre réaction, surtout maintenant qu'elle n'avait plus de botruc dans les cheveux.

"J'ai été surprise. Et toi, tu m'as aidé ! C'est très gentil !"

Petit à petit, la fillette se détendit, et il devint moins compliqué pour Azraël de démêler ses cheveux. Le Botruc, cependant, était encore en proie à la terreur, ses gesticulations et ses cris désespérés compliquant grandement la tâche.

Azraël, qui souhaitait sauver la créature au plus vite afin de lui épargner d'inutiles instants de panique supplémentaire, tenta d'attraper son petit corps aussi délicatement qu'il le pouvait, afin de l'aider à s'immobiliser. Il y parvint non sans peine, et put alors effleurer du bout des doigts les petites feuilles situées au sommet de la tête du Botruc, ce qui sembla rassurer ce dernier.

La fillette et la créature étant à présent toutes les deux apaisées, sortir le Botruc de son piège capillaire se révéla nettement plus simple qu'auparavant. En effet, il ne fallut pas plus de deux minutes à Azraël pour venir à bout des nœuds qui retenaient le Botruc captif, et enfin, il put le prendre dans le creux de sa main où il se blottit aussitôt, visiblement encore effrayé par ce qu'il venait de vivre.

La jeune Poufsouffle releva alors soudain la tête vers Azraël, avant de lui sourire et de le remercier.

« Avec plaisir ! Content d'avoir pu vous aider, toi et le Botruc ! »

Maintenant qu'il voyait distinctement son visage, qui n'était désormais plus caché par ses mèches blondes en bataille, il reconnaissait davantage la fillette. Il ne se souvenait plus de son prénom mais il l'avait déjà remarquée à plusieurs reprises dans d'autres cours, sans pour autant lui avoir déjà parlé.

Alors qu'il s'apprêtait à lui demander son prénom, la jeune Poufsouffle déclara qu'elle n'avait pas peur habituellement, ce qui décrocha un sourire au blondinet.

« C'est pas grave tu sais, c'est normal d'avoir peur ! Y avait de quoi flipper, il a débarqué de nulle part et il était tellement coincé dans tes cheveux que tu pouvais pas l'enlever toi-même. Je crois que moi aussi j'aurais un peu paniqué. » assura-t-il d'un ton compréhensif.

La petite blonde semblait reconnaissante envers son camarade, et Azraël sentit ses joues rougir légèrement lorsqu'elle lui affirma qu'il avait été gentil de lui offrir son aide.

« Oh non c'est normal, vraiment, j'allais pas vous laisser comme ça tous les deux ! »

Azraël jeta un regard empathique au Botruc qui tremblait encore légèrement entre ses mains, se remettant progressivement de la terreur qu'il avait ressentie. Il amena la créature près de son visage puis souffla délicatement sur ses feuilles, ce qui eut pour effet de le faire remuer, sa bouche formant un sourire. Elle tendit ensuite ses petits bras semblables à des brindilles vers le Gryffon, puis grimpa sur la main gauche que celui-ci lui présentait, suite à quoi Azraël l'approcha doucement de la fillette.

« Regarde, je crois qu'il a eu encore plus peur que toi au final, mais ça a l'air d'aller mieux là ! Tu veux essayer de le prendre dans tes mains ? » proposa-t-il avec un sourire en voyant le Botruc observer la jeune Poufsouffle d'un air curieux.

Marilya tendit les mains sans hésitation pour essayer de prendre le botruc que lui tendait maintenant Azraël et celui-ci se laissa faire sans opposer de résistance. Bien sûr, ces botrucs devaient être habités à côtoyer des sorciers et à se faire manipuler, mais Marilya, qui n'avait pas conscience de cette certitude, s'imagina soudain posséder une sorte de don spéciale. Aussi, le botruc, mais aussi tous les autres animaux, l'aimerait forcément, puisqu'ils verraient en elle un cœur tendre et profondément gentil. Un don spécial que seul elle aurait, évidemment, sinon ce n'est pas drôle !

La réalité, cependant, la rattrapa vite et le botrucs préféra se libérer de son emprise pour tenter de trouver une meilleure cachette aux sortilèges qui fusaient toujours dans la salle de cours. Elle observa ses camarades, surprise que si peu de personne n'oppose de résistance face aux consignes demandées.

"Tu crois qu'on a le droit de s'entraîner plutôt entre nous ?" demanda-t-elle en observant leur professeure de loin.

Marilya, en tout cas, ne voyait pas d'inconvénient à l'idée de servir de cible pour Azraël, persuadée que si les botrucs ne risquaient rien, alors elle non plus. Par ailleurs, elle pouvait ressentir la magie au bout de ses doigts rien qu'à l'idée de lancer elle-même ce soir. Elle était persuadée de l'avoir déjà vu dans l'un de ces nombreux livres où il était question d'Être de l'eau et de créatures aquatiques.

En voyant la petite blonde tendre les mains vers le Botruc avec enthousiasme, les lèvres d'Azraël s'étirèrent en un doux sourire. Visiblement, elle s'était déjà remise de sa frayeur, et tout comme lui elle semblait vraiment apprécier les créatures. Lorsque le petit être vert grimpa dans ses mains, le visage de la fillette s'illumina, ce qui conforta l'impression du Gryffon. Si elle partageait la même passion que lui pour les animaux, peut-être qu'elle aussi était opposée à l'idée de lancer des sortilèges à des Botrucs innocents pendant ce cours...

Alors qu'Azraël s'apprêtait à lui demander son avis sur la question, la petite Poufsouffle, qui avait tourné le regard vers la salle lorsque la créature avait fui d'entre ses mains pour aller se cacher plus loin, prit la parole. Ses mots firent naître un sentiment de chaleur dans le cœur du blondinet, qui ne put s'empêcher de sourire à nouveau. Il n'était donc pas le seul à ressentir de l'empathie pour ces pauvres êtres que les autres élèves faisaient virevolter dans toute la pièce sans le moindre état d'âme !

« Oh, toi aussi tu trouves ça horrible de lancer des sorts aux Botrucs ? J'ai l'impression que tout le monde s'en fiche ici, alors que les Botrucs ils ont rien demandé que je sache ! » s'exclama-t-il en laissant éclater son impétuosité.

Cherchant quoi répondre à la question que la fillette lui avait posée, Azraël jeta un regard perplexe autour de lui, observant d'un air maussade les autres élèves qui s'agitaient autour d'eux. Il ne savait pas vraiment s'ils avaient le droit de tester le sortilège sur eux, mais si cela leur permettait de ne pas s'en prendre à de gentilles créatures, il n'y voyait aucun problème. En revanche, il n'était pas certain que leur professeure percevrait les choses de la même manière qu'eux...

« Je sais pas trop si on peut se lancer des sorts, mais ça m'étonnerait que la prof soit d'accord... Dans tous les cas moi j'utiliserai pas ma baguette contre les Botrucs, c'est hors de question ! Par contre ce qu'on pourrait peut-être faire pour commencer, c'est essayer le sort sur des objets ? Et si on y arrive bien, on pourra s'entraîner entre nous après ça ! » proposa-t-il.

Azraël chercha du regard des objets qui pourraient faire l'affaire, mais ses yeux ne cessaient de se poser sur des élèves surexcités de pouvoir lancer un tel sort, ou sur des Botrucs terrorisés qui gesticulaient dans les airs en tentant d'échapper aux baguettes brandies vers eux. Il finit par croiser du regard la petite blonde, et réalisa alors qu'il ignorait comment elle s'appelait. S'ils étaient amenés à travailler ensemble ou même à devenir amis, il fallait qu'il remédie à ce problème !

« Au fait, je suis désolé mais je connais pas ton prénom... Je t'avais déjà vue dans d'autres cours et tout, mais j'ai pas encore retenu le nom de toutes les personnes avec qui je suis en classe, donc c'est vraiment pas contre toi ! » ajouta-t-il précipitamment, comme pour assurer à la petite Poufsouffle qu'elle n'était pas insignifiante à ses yeux.

Marilya rougit légèrement, sans trop savoir pourquoi. Cette timidité soudaine, qui ne lui ressemblait pas, semblait l'affecter à chaque fois qu'elle parlait à un garçon. Il en avait été de même avec Daël sur les barques. La princesse ne se l'expliquait pas elle-même, mais elle se promis de vite trouver une solution.

« Je m'appelle Marilya, » dit-elle avec un sourire timide. « Et ne t'en fais pas, je comprends. C'est déjà bien que tu te souviennes de mon visage. »

Alors qu'elle parlait, le tumulte de la classe sembla s'atténuer autour d'eux et Marilya posa sur la classe un regard interrogateur. La voix forte de leur professeure, annonça très vite la fin du cours la fin du cours et toutes les créatures purent retourner dans leurs cages, se mettre à l'abris des élèves dont certains ressortaient du cours avec de belles coupures.

Les élèves, certains déçus de devoir cesser leurs expérimentations, commencèrent à ranger leurs affaires. Marilya échangea un regard complice avec Azraël, comme pour sceller un pacte : jamais ils ne s'entraîneraient sur des créatures ! Ils trouveraient bien un moment, un moyen pour pratiquer la magie autrement.

« On devrait vraiment essayer de s'entraîner ensemble, » murmura Marilya en ramassant son sac. « J'suis sûre qu'on peut apprendre beaucoup l'un de l'autre. Et puis, j'préférerais largement ça à terroriser d'pauvres botrucs. »

Alors que les élèves se dispersaient, Marilya sentit une vague d'excitation à l'idée de cette nouvelle amitié et des aventures magiques qui les attendaient. Peut-être, après tout, avait-elle trouvé en Azraël l'une des personnes avec qui elle ferait sa vie. Un ami pour la vie ? Peut-être même le meilleur ? Allez savoir ce que le temps et le destin leur réservait.

FIN pour moi, merci et à très vite ahah