Le dimanche c'est un jour bizarre. Encore le weekend, mais avec l'idée que le lendemain ce serait retour sur une chaise de cours. C'est le moment où il faut se reposer et fignoler les devoirs pour Lundi qui ont été repoussés toute la semaine avec l'idée de "J'ai encore le weekend pour les faire".

Au moins, pour Noémie, il n'y avait plus de rondes, plus de moment de détente dans la salle commune, mais où il fallait quand même garder ses camarades à l'oeil. Elle n'imaginait même pas comment ça devait être à Gryffondor, parce qu'à part quelques extravagants, comme Elowen, les Serdaigle étaient plutôt calme. C'était sur ces pensées que la brunette descendait les quelques étages qui la séparait de la salle de répétition. Elle s'arrêta devant la porte, tendant l'oreille pour vérifier que le piano était libre. Manifestement oui. Elle se dirigea donc dans la salle, et directement vers le piano, y posant ses partitions. Ça faisait longtemps qu'elle ne les avait pas bossé... S'échauffant les doigts sur quelques gammes, ses yeux se portèrent sur la partition, la redéchiffrant, une attention particulière sur les mots griffonnés, des doigtés, des notes écrites quand elles étaient trop basse ou haute, les bémols à la clés oubliés. Ça devait ressembler à rien pour n'importe qui d'autres.

Timidement, plus lentement que ce que ça devrait, ses doigts se refamiliarisaient avec les notes, butant à certains endroits demandant dextérité. Jusqu'au moment où enfin, ils se rappellent de tout, et fait un résultat harmonieux, encore un poil lent, mais la petite musicienne comptait bien travailler sur ça aujourd'hui.

On était déjà en mars. Que le temps passe vite...
L'hiver allait laisser place progressivement au printemps. Et si le retour des beaux jours avec sa végétation verdoyante allait permettre d'avancer sur notre projet d'herbier commun avec Ellana, cela annonçait l'approche à grands pas des examens de fin d'année.
Ceux de première année s'étaient plutôt bien passés. Ma plus mauvaise note avait été un acceptable en histoire de la magie, mais cette matière ne faisait pas partie des plus importantes pour mon projet d'orientation. Par contre, j'avais été déçu de celle obtenue en sortilège. Alors que je n'avais eu que des optimaux au cours de l'année, j'avais du me contenter qu'un effort exceptionnel lors des examens annuels. Je comptais bien faire mieux cette année car je voulais poursuivre cet enseignement en option à partir de la troisième année. Alors autant le faire dans les meilleures conditions.

J'avais passé la matinée à la bibliothèque pour finir mon devoir de potion que je devais rendre le lendemain. Et à présent, j'avais du temps à occuper jusqu'à 16h où je devais rejoindre Ellana pour participer à l'atelier proposé par le professeur Charleston.
Au fil des nombreux escaliers et couloirs de l'école, essayant de ne pas trop penser à l'approche des examens, mes pas m'avaient conduit vers la salle de répétition. Un lieu que j'ai rarement l'occasion de fréquenter. Ma fibre artistique était plus sur le dessin que la musique.
C'est alors que j'entends quelques notes jouées au piano. Pensant qu'il pouvait s'agir d'Ellana, j'entrouvre la porte pour y glisser ma tête. Si il s'agit bien qu'une élève de Serdaigle et de troisième année, mais ce n'est pas mon amie, mais l'ancienne préfète.
Reste plus qu'à espérer que je n'ai pas fait trop de bruit en ouvrant la porte...

Et, un bémol de loupé, toujours le même, attrapant un crayon rouge, elle l'entoura un peu rageuse, mais son attention se détourna bien vite de la partition marqué d'un cercle rouge approximatif. Doucement elle tourna la tête, crayon toujours en main lévitant au dessus de la feuille froissée, pour y voir la chevelure rouquine de... Erin il lui semblait? Son bras s'était fatigué, faisait au passage voler une des feuilles, la troisième de la partition, il lui semblait à ses pieds. Profitant de l'occasion, la brunette déposa le crayon sur le côté du piano, décalant le fauteuil, qui par ailleurs ne manqua pas de faire du bruit dans la salle, et ramassant la feuille.

Sa main toute occupé, en se relevant, toujours assises, Noémie se permit d'enfin vraiment regarder sa camarade de dortoir. Se décidant enfin à briser le silence, l'aiglonne prit la parole: "Tu voulais utiliser le piano?" Si c'était le cas, ça ne l'arrangeait vraiment pas, quoique ça serait une bonne raison pour finir les questions d'histoire de la magie à faire, qui attendaient sagement sur son lit qu'elle arrête de les procrastiner. Reprenant d'avance ses feuilles, elle profita du temps de réponse pour les retrier, et bien évidemment les créateurs de partitions avaient la sale manie de ne pas les numéroter, condamnant les joueurs à devoir se fier aux numéros de mesures et leurs capacité à savoir compter jusqu'à sept.

Après une matinée studieuse, j'avais un peu de temps avant l'atelier proposé en milieu d'après-midi par le professeur de botanique. Sans but précis, mes pas m'avaient conduit vers une salle que je connaissais peu : la salle de répétition.
La dernière fois que j'y avais été, c'était aussi la première fois. Accompagnée de Lyam et Ellana, avec qui j'apprenais la langue des centaures, nous avions fini dans cette salle. Le Gryffondor et la Serdaigle avaient des connaissances musicales qui aillaient mettre utiles pour les tonalités de cette langue. En effet, la méthode d'apprentissage se basait sur des partitions musicales. Et je devais bien admettre mon manque de connaissances dans ce domaine.

C'est une mélodie au piano qui avait attiré mon attention et m'avait poussé à me glisser à l'intérieur de la salle de répétition. C'était l'ancienne préfète qui jouait. Elle s'était interrompue pour noter quelques choses sur la feuille de musique, puis s'était retournée dans ma direction. J'avais du faire du bruit malgré moi.
- euhh... non désolée... j'voulais pas t'déranger..., dis-je pour m'excuser de mon entrée dans la salle. En fait, j'y connais pas grand chose en musique... Tu jouais quoi ? L'air me dit quelque chose... enfin, j'crois..., démandais-je par curiosité.
Ma seule pratique de la musique était leur rythme pour la danse. Mais essentiellement les danse celtique. Je connaissais mieux le son de la cornemuse et de la harpe que celui du piano.

M'adossant contre le mur, je finis par demander.
- Noémie, c'est ça ? Moi, c'est Erin. euh... j'peux rester t'écouter ?

Les sourcils se froncèrent face à l'hésitation de la plus jeune.... faisait-elle peur? Et si la rouquine ne connaissait pas grand chose à la musique, pourquoi s'embêter à venir ici? Mais soit. Pas à elle de juger des intentions d'Erin décida la troisième année. Elle fit non de la tête voulant signifier qu'elle ne la dérangeait pas, plus par politesse que sincérité. Car dans les faits, oui elle l'avait dérangé. Il faudrait faire quelque chose comme les pianos électriques moldus avec la possibilité de mettre un casque: détruire tout risque que les tentatives timides n'arrivent à d'autres oreilles que les siennes.

"Valse en la mineur de Chopin. Après, il en a écrit une pléthore." répondit-elle sobrement.

Puis la demande d'Erin de rester. Dans l'idée pourquoi pas, mais dans ce cas sur des partitions que Noémie connaissait. Hors de question que quelqu'un autre que sa grand-mère écoute ses erreurs.

"Hum, oui si tu veux." décréta la brune, rangeant ses partitions pour partir sur certaines connues. Après tout ça ne lui fera pas de mal pour réviser. Et puis ce qui était bien avec ces morceaux là, ceux que les doigts connaissaient par coeur, c'est que le cerveau et la créativité avait de la place pour s'exprimer. Loin des problèmes de "mais c'est un dièse ça?", vu que c'est devenu ancré dans le code ADN des mains à ce niveau là.

Sans plus de préambules, elle se rassit correctement, avant d'entamer la valse d'Amélie, pour rester dans les trois temps et le thème.

Décidemment, je n'y connais pas grand chose en musique. En général, je l'associais comme accompagnement pour la danse, une activité que j'avais pratiqué plus jeune, avant d'entrer à Poudlard.
Je faisais correspondre le rythme de la mélodie à mes pas pour virevolter avec agilité dans les airs. Non, non, pas d'erreurs, je ne parle pas de chorégraphie aérienne sur un balai, mais bien de danse, où mes deux pieds restent à terre.

Noémie m'indiqua alors le nom du morceau qu'elle était en train de jouer lorsque je m'étais introduite dans la salle de répétition. Puis, elle donna son accord pour que je puisse rester l'écouter.

C'est un nouvel air que arrive jusqu'à mes oreilles, plus lent que le premier. Ma tête ondulle lentement de droite à gauche en suivant le rythme des premières notes. Et progressivement, la mélodie jouée par Noémie s'accélère, mais il y a souvent une note ou deux qui durent plus longtemps que les autres.
Les doigts de la Serdaigle doivent virevolter sur les touches de 'instrument pour enchainer les différentes notes courtes qui se succèdent. Et la mélodie se calme... puis accélère à nouveau. Des notes courtes, des notes longues. J'ai l'impression qu'il faut bien plus que dix doigts pour réussir à toutes les jouer.

Lorsque la musique s'arrête, j'hésite un court instant à briser le silence qui règne alors dans la pièce.
- C'était très beau. Tu joues depuis longtemps ?, finis-je par demander. Moi, j'dessins et j'danse, mais j'sais pas jouer d'musique., rajoutais-je à mi-voix.

Ses doigts quittèrent doucement le clavier, l'esprit de Noémie recommença à s'embrumer de pensées. C'était ce qu'elle aimait dans le piano, la musique, cette capacité de pouvoir tout faire taire là haut. D'habitude son esprit ressemble plus à un hamster dans une roue, qui s'il s'arrête peut tout faire exploser. Mais rien de tout ça quand les doigts touchent le clavier. Rien de ses petites perturbations mentales. Juste un enchainement de notes, des émotions. Quelques points et lignes sur une feuille donnant un monde infini. La jeune fille plaignait ceux qui vivaient sans ça.

La brunette entends la voix d'Erin s'élever derrière elle et doit prendre un temps pour réfléchir.

Merci. J'ai commencé à cinq ans. Des choses simples. Mais... Ma grand-mère joue tout les jours du piano. J'ai grandi avec elle, donc je suppose que ça a toujours été une composante à ma vie." répondit-elle repensant tendrement au visage sévère de Layla qui se détendait automatiquement au premier frôlement sur le clavier. Cette dernière pratiquait depuis si longtemps, les notes volent aussi facilement qu'elle respire quand c'est elle qui joue. Ce n'est pas les balbutiements de Noémie quand elle déchiffre les partitions.

Le dessin et la danse? Deux activités que Noémie ne maitrisait pas du tout. Pour ce qui est de la danse, ses grands-parents lui avaient appris le minimum, une Claire ne se ridiculisait pas en bal! Mais c'était loin de ce que lui procurait le piano, ou encore le ukulélé.

Laissant une place sur le tabouret du piano, la plus vieille rajoute sobrement: "Viens là, je te montre deux trois trucs."

Tout le monde était doué pour quelque chose. Certains, c'était dans le sport et lorsqu'on est un sorcier, c'était les sports sur balai comme le Quidditch. D'autres, c'était des activités plus artistiques. Ceux qui chantaient pouvaient rejoindre le Chœur des grenouilles, la chorale de Poudlard mêlant élèves et crapauds harmoniques. Ceux qui aimaient la musique pouvaient s'exercer dans la salle de répétition, et certains se regroupaient pour former une fanfare qui accompagnait les matchs de Quidditch. Pour ceux qui préféraient la danse ou des activités plus acrobatiques, il y avait les équipes de cheerleaders qui encourageaient les joueurs de Quidditch.
Moi, ma passion principale, c'était le dessin. Au moins, je pouvais profiter du calme des serres pour m'y exercer. Le Quidditch, c'était pas trop mon truc. Ni le vol d'ailleurs.

Noémie avait fini de jouer et m'expliqua qu'elle avait commencer jeune avec sa grand-mère.
- Pourquoi t'as grandi avec ta grand-mère, t'as p..., mais je m'interromps en réalisant que j'étais sur le point de poser une question qui ne me regardait pas. Désolée..., m'excusais-je rapidement.

Lorsque mon ainée se décale, me laisse une petite place à côté d'elle
- Tu sais, j'y connais vraiment rien. D'ailleurs, ça m'pose un peu d'souci pour les cours de langue de Centaure., dis-je en prenant place. T'apprends une langue magique, toi ?, lui demandais-je par curiosité.