28 décembre 2048, fin d’après midi.

Alice réajusta ses tresses sur ses épaules. Un geste machinal qu’elle ne se voyait plus faire. Cette habitude apparaissait lorsque l’inconfort, l’ennui ou l’impatience se faisaient ressentir.
Plantée dans l’allée de Gringotts depuis de longues minutes, il s’agissait bien d’impatience et d’ennui. Alice jeta un coup d’œil a Thomas et Damiano, occupés à discuter à voix basse pour ne point déranger les gobelins. La conversation portait justement sur ces derniers. L’italien s’étonnait de voir des sorciers confier leurs économies à ces créatures vénales. Thomas dû lui expliquer les origines de Gringotts, le partenariat avec les gobelins, les récents changements… en somme, il s’agissait d’une discussion plus ennuyeuse encore que l’attente.

Ses doigts croisés sur son ventre, Alice avait toute les peines du monde à conserver son allure droite. Son menton était haut, son visage fermé, et toute son attention portée sur l’accueil. Voilà des années qu’Alice n’avait pas posé les pieds à Gringotts. La dernière fois fut en compagnie de Père le jour où, ensemble, ils avaient arpenté le Chemin de Traverse pour acheter les fournitures scolaires. Un sourire fleurit aux lèvres d’Alice, teinté de nostalgie. A cette époque, son monde était encore intact. Point de traumatisme, nul envie de rébellion. Une vie simple, quoi que parfois flagellée par les violences de Mère. Rien qui ne briserait la femme qu’Alice était en passe de devenir.

L’attention d’Alice dériva sur l’uniforme d’un agent de sécurité. Tout en simplicité, au contraire de l’architecture de Gringotts. Ne pouvaient-ils pas égayer un tant soit peu leurs agents de sécurité ? Quelques broderies dorées sur le col, un costume de noir et d’or…
Non. De l’or, cela n’irait pas avec l’agent de sécurité. Avec ses cheveux blonds, il faudrait quelque chose de moins ostentatoire. Peut-être de l’argent.
Un sourcil se haussa, alors qu’elle détaillait les traits du visage de cet agent de sécurité.
Par Circée.
Il s’agissait bien de Wilson Kingson ! A présent dans la vie active, le voilà devenu agent de sécurité. Pourquoi pas, après tout.

Alice se prit à lui sourire, avant d’à peine le saluer du bout des doigts, désireuse de conserver sa posture droite. Hors de question que Thomas et Damiano la voient saluer ce qu’ils qualifieraient de sous-fifre. Alice souffrirait de les voir jeter des œillades moqueuses à cet ancien membre du Merlin. Elle n’hésiterait pas à montrer les dents, en souvenir de ses années de formateur.

@Wilson Kingson

Noël venait de passer et Wilson allait fêter son troisième nouvel an loin de Poudlard. Cela passait vite. Comme d’habitude, Wilson avait pris son poste à la banque, un petit pincement au cœur en se disant qu’il avait eut la chance d’avoir d’autres parents, il ne se serait probablement pas là, mais surement en train de faire un job bien plus cool au sein du Conseil des Sorciers. Peut-être même qu’il ferait parti de ces stupides sorciers prenant les nés-moldus pour des êtres inférieurs qui sait ? En attendant, aujourd’hui, on lui avait assigné le hall de la banque, où il devait veiller à ce que les clients n’occasionnent aucun problème, et si voleur il y a, qu’il l’arrête avant qu’il ne passe le bas de la grande porte.

Wilson n’avait pas pour habitude de faire attention aux gens qu’il connaissait. Déjà, parce que la plupart des élèves qu’il a pu croiser à Poudlard avait changé physiquement, d’une part, et puis parce que de toute façon, connaissance ou pas, il devait traiter les gens de la même façon. Pas de favoritisme pour le meilleur pote. C’est ainsi que lorsque Alice Sangblanc entra dans Gringotts, au début, Wilson ne fit pas réellement attendu à elle. Du moins, Wilson la voyait comme une cliente de la banque, rien de plus.

Comme à son habitude, Wilson était en retrait. La partie commerciale de la banque était géré par les Gobelins en général, et c’est souvent à eux qu’on à faire les clients de la banque. Finalement, en dehors des moments d’actions que pouvait vivre un agent de sécurité créant de l’animation dans la banque, un agent de sécurité n’était ni plus ni moins qu’un décor supplémentaire dans la banque. C’est triste quand on y pense.

Puis, cette simple cliente salua du bout des doigts l’agent de sécurité. Wilson rendit le sourire cordialement, et regarda d’un peu plus prêt la cliente qui se tenait droite et qui semblait ne pas assumer sa salutation. C’était Alice Sangblanc. Wilson n’avait pas eu de mal à la reconnaitre finalement, il ne s’était juste pas assez intéressé à son physique pour se rendre qu’il la connaissait. Deux hommes l’accompagnaient, Wilson ne les connaissait pas du tout, mais peu importe, il avait appris à n’avoir peur de personne. Du coup, Wilson redonna un sourire à Alice en lui faisant signe de la main, sans prêter attention au fait que les deux hommes pourraient également le voir, ce qui pourrait rendre mal à l’aise Alice. Tant pis. Il resta à sa place pour le moment mais si Alice exprimait l’envie de discuter avec lui, il irait à sa rencontre.

Le geste d’Alice avait été vu par Wilson. Dans le cas contraire, elle en aurait été fort agacée.
La réponse de Wilson se fit sans volonté d’être cachée, et Alice en sourit plus joliment encore. Le Né-Moldu ne faisait pas mine de ne pas la connaître. Cela aussi aurait agacé Alice.

«  Je crois que l’agent de sécurité me trouve à son goût », annonça Damiano à voix basse dans un sourire. Alice lui jeta un regard par dessus son épaule, un sourcil haussé marquant son exaspération. Damiano coula son regard de Wilson à Alice, à qui il sourit. « — Jalouse ? 
— Non, déconcertée par ton narcissisme assumé.
— Sois rassurée, je n’ai d’yeux que pour toi, la mia sposa.
— Je n’ai que faire de tes attentions mensongères. Et ce n’est pas à toi qu’il fait signe, mais à moi. »

Ce fut au tour de Damiano de hausser un sourcil. Il jeta un nouveau regard en direction de Wilson. Thomas, toute commère qu’il était, en fit de même.

« Pourquoi l’agent de sécurité te ferait-il signe ? » demanda alors Thomas. Alice n’aimait pas l’attention que ces deux imbéciles prêtaient à Wilson. Ils ne faisaient montre d’aucune délicatesse, et dévisageaient l’ancien Serpentard sans gêne aucune.

« C’est un ancien camarade de maison », répondit Alice, ses sourcils froncés. « Je l’ai salué, il m’a salué. Simple politesse, ce dont vous manquez cruellement. Cessez de le dévisager ainsi, vous êtes embarrassant. »

Les deux hommes s’échangèrent un regard, avant de contempler le visage rosissant d’une Alice qui avait toutes les peines du monde à contenir son embarras. Elle replaça ses tresses sur ses épaules en relevant son menton.

« Désires-tu aller saluer de vive voix cet ancien camarade ? » demanda Thomas. Il se tourna vers la file d’attente, la bouche légèrement plissé. « Nous avons tout notre temps. »

Alice acquiesça d’un léger hochement de tête, avant de se tourner vers Wilson. Elle amorça un pas vers lui en lui lançant un sourire, tentant de lui signifier sans mot sa volonté d’échanger avec lui.

Wilson vit un échange entre Alice et les deux hommes. Pour ne pas qu’ils pensent que l’agent de sécurité les espionne, Wilson détourna temporairement son regard vers d’autres clients. Son maitre d’apprentissage, lorsqu’il était apprenti, lui avait expliqué que regarder trop longtemps un groupe de clients pourraient être intrusive et mettre mal à l’aise la clientèle, qui penserait qu’on leur reproche quelque chose. Et si c’est une femme, elle pourrait également accuser un regard déplacé, ce qui ferait mauvaise pub pour la banque des sorciers. Même si Wilson connaissait Alice, il ne connaissait pas les deux hommes qui l’accompagnait, et eux ne connaissaient normalement pas Wilson, non plus. Donc l’agent devait être prudent dans sa manière d’agir, de la même manière que n’importe quel autre client.

Un gobelin fit tomber une petite bourse de gallions, un peu plus loin, cela fit tourner la tête de Wilson rapidement, comme un réflexe vers l’origine du bruit. Finalement, une dame sorcière ramassa sa bourse. Hormis cette chute accidentelle, la transaction avait l’air de se passer normalement et elle s’éloigna du guichet quelques minutes plus tard avec le sourire. C’est typiquement le genre de chose dont Wilson avait appris à surveiller, car même si ici, il n’y avait rien, cela aurait pu être les prémisses d’une incivilité ou agression sur gobelins.

Pendant ce cours laps de temps, la discussion entre Alice et les deux hommes ont continué et à présent Alice était tournée vers Wilson. Elle avait commencé à faire un pas vers lui, montrant sa volonté d’aller à sa rencontre. L’agent de sécurité regarda rapidement dans le hall, son supérieur n’était pas présent, alors il s’autorisa à s’approcher d’Alice afin de lui parler.

« Bonjour Alice, ça fait longtemps, hein ? Qu’est-ce que tu deviens ? »

La dernière fois qu’ils s’étaient vu, ils étaient encore tout deux élèves à Poudlard. Aujourd’hui, ni l’un ni l’autre ne l’était. Ils avaient grandi, ils avaient évolué et ils avaient tout les deux changé. Espérons que Filip Hernandez ou un autre supérieur de Wilson ne viennent interrompe ces retrouvailles.

Constatant que Wilson s’avançait vers elle, Alice fit un pas supplémentaire, désireuse d’échapper aux oreilles fureteuses de Thomas et Damiano. Ses mains croisées dans son dos, Alice souriait en détaillant Wilson. Il avait changé, et pourtant il demeurait le même qu’elle avait laissé à Poudlard il y a trois années de cela. Le voilà jeté dans le monde du travail.

« Bonjour Wilson », répondit Alice dans un sourire lumineux, ses mots emprunt de son accent français. Tout en élégance, comme on le lui avait appris, la sorcière exécuta une délicate génuflexion pour saluer son ancien camarade, sa tête légèrement inclinée. Son sourire n’en fut que plus sincère alors qu’elle plantait à nouveau son regard sur Wilson. « Trois années depuis notre dernière rencontre, oui. » Trois années depuis le jour où tante Elise et Thomas étaient venus la chercher chez les Nerrah le soir de Noël, désireux de protéger Alice des conséquences de l’évasion de Père. Sans un au revoir pour Poudlard, sans un mot pour ses camarades, Alice avait seulement disparu. Depuis, nombreux devaient être ceux qui connaissaient la vérité, et Wilson devait en faire partie.

Alice balaya le hall du regard, s’imprégnant de chaque élément composant le nouvel environnement de Wilson. « Je suis toujours étudiante à Beauxbâtons, comme tu t’en doutes », répondit Alice. « Je profite des vacances pour revenir en Grande-Bretagne. » Alice se garda bien de dire qu’elle aurait préféré être en France, et qu’elle ne devait sa présence ici qu’en raison des manipulations de Damiano qui, trop heureux de faire de la vie de sa promise un enfer, avait suggéré aux Sangblanc de passer deux semaines sur ses terres de naissance pour créer des liens. Fadaises.

« Et toi, alors ? » demanda Alice en contemplant l’uniforme de Wilson. Elle se permit un sourire mutin en revenant aux yeux bleus du jeune homme. « J’étais à des lieux de t’imaginer devenir… agent de sécurité, c’est bien cela ? »

Ça y est la conversation était engagé. Passé les petits bras timides, maintenant place à la vraie discussion. Du moins, pendant le temps qu’il pourra. En effet, trois ans séparaient la dernière entrevue entre Alice et Wilson et ce dernier avait même du mal à se souvenir de quand et où cela avait eut lieu, bien que Poudlard semble une évidence. Wilson apprit alors qu’Alice faisait ses études à Beauxbâtons, en France, et qu’elle revenait en Grande-Bretagne pour les vacances scolaires.

« C’est beau là-bas ? » demanda-t-il.

Il n’était jamais allé à Beauxbâtons et n’y mettra probablement jamais les pieds. Il avait pu apercevoir et discuter avec des élèves de cette école lors du tournoi des trois sorciers mais rien de plus. Alors il ne connaitrait réellement cette école que par les mots d’Alice. D’ailleurs, Wilson se demanda s’il lui restait beaucoup d’années d’étude à faire là-bas, et surtout si elle allait rester en France ou revenir en Grande-Bretagne une fois diplômé, mais après tout, cela ne regardait qu’elle.

Puis Alice s’interrogea sur Wilson. Comment et pourquoi était-il devenu agent de sécurité dans une banque ? Wilson avait laissé de lui l’image d’un garçon qui n’était pas le dernier à faire des bêtises, protecteur et doué en défense contre les forces du mal. Agent de sécurité, ce n’est pas vraiment le métier recommandé pour ce profil. Mais en même temps, avait-il vraiment le choix dans une société qui repousse les nés-moldus ?

« Moi aussi. Mais quand on n’a pas les résultats aux ASPIC que l’on veut et le statut de sang recherché par la société, voilà à quel genre de poste on finit… Mais bon, ça aurait pu être pire, j’ai un travail, c’est déjà ça. »

Wilson sait que la situation aurait pu être pire, en effet. Le conseil aurait pu interdire le travail aux nés-moldus, et ils ne l’ont pas fait. C’est un signe que les choses peuvent évoluer. Wilson accorde une pensée à Briac O’Belt en cet instant, car il sait que sans lui au Conseil, la vie des nés-moldus seraient surement bien plus triste.

« C’est beau là-bas ? » avait-il demandé. Comment pourrait-elle décrire justement la grandeur de Beauxbâtons ? Aucun mot, aucune photographie ne pouvait rendre justice à la beauté de son école. Alice pourrait en parler des heures à Wilson, mais jamais son imagination, aussi fertile soit-elle, ne parviendrait à effleurer la vérité sur Beauxbâtons.
Aussi se contenta t-elle de répondre à sa question d’un seul mot : « Magnifique ».

La suite de la conversation anéanti le sourire d’Alice, le remplaçant par un froncement de sourcil.
Wilson, tout Né Sans-Pouvoir qu’il était, ne pouvait escompté obtenir le métier qu’il désirait. Alice passa outre son aveu de négligence scolaire, se concentrant sur le problème dont il n’était pas coupable.
Les choses n’avaient pas changé en son absence, Alice le savait. Mais avoir une preuve de la déchéance de sa Nation face à elle… tout devenait plus palpable.
Plus haïssable.
Wilson voyait le chaudron à moitié plein. Tant mieux pour lui. Alice, elle, voyait des miettes laissé à l’attention d’un garçon optimiste. Des miettes jetées par un gouvernement qui comptait sur Wilson et les autres comme lui pour s’en contenter.
Alice baissa un instant le regard sur ses pieds, le temps de faire taire son agacement soudain. Non, ce n’était pas déjà ça. Wilson ne devait pas s’en contenter. Aucun sorcier ne devait se contenter d’une condition non désirée.
Mais cela, Wilson devait en avoir conscience.
Peut-être usait-il de ses mots en raison de son interlocutrice. Une ancienne camarade perdue de vue avec qui il n’avait jamais eu d’attachement, si ce n’était pas son appartenance au même groupe de résistance que lui.
En somme, une inconnue connue.

Alice se fit plus droite alors que son regard se relevait sur Wilson. « Quand bien même il ne s’agisse pas de ton premier choix de carrière, je suis persuadée que tu fournis un excellent travail ici. »

Du miel. Voilà tout ce qu’Alice avait à proposer. Elle soupira, elle même agacée par l’idiotie de sa verbe. « Les choses finiront par changer », ajouta Alice d’un ton plus bas, désireuse de ne pas être entendue par des oreilles fureteuses. Elle se pencha un peu en avant, ses mains croisées dans son dos, pour servir un sourire complice à son ancienne recrue. Ses lèvres articulèrent lentement un voeu, un souhait, une promesse, en un murmure teinté d’accent : « Les empires se font et se défont. Lorsque celui ci tombera, nous nous souviendrons de qui en faisait partie. Et les empereurs se mueront en paria. Les parias, en empereurs. »

Elle se redressa dans un sourire, ses yeux d’argent accroché à Wilson.
Tout bien réfléchit, c’était une promesse.

Il y a des conversations qu’on n’aimerait jamais terminer. Et des gens qu’on n’aimerait jamais quitter. Surtout quand c’est des personnes qu’on n’a pas vu depuis longtemps. Wilson appréciait passer du temps avec Alice, d’autant plus qu’aujourd’hui, il était payé pour le faire. Il devait juste surveiller de tant à autres les autres clients et ça ce n’est pas facile quand on papote avec une vieille connaissance, sans envoyer de message qu’on s’en fiche de la conversation, car ce n’est pas du tout le cas.

Alice affirma trouver magnifique l’école de Beauxbâtons. Elle afficha un beau sourire, ça se voyait qu’elle était heureuse dans cette école. Et heureusement pour elle, Poudlard allait de plus en plus mal depuis qu’elle est partie, et Wilson n’imagine même pas à l’heure actuelle, puisque cela fait deux ans qu’il a quitté le banc de l’école.

Lorsque Wilson évoqua pourquoi il était devenu agent de sécurité, le sourire d’Alice s’effaça. Et oui, en Grande-Bretagne, si on n’a pas le bon sang, on n’est pas digne d’effectuer n’importe quel métier. Le sang de l’infériorité, celui que porte Wilson, donne juste droit à devenir Agent de sécurité dans la branche sécurité, ou agent administratif au Conseil des Sorciers. Pour rejoindre l’Elite et avoir le droit de prouver sa valeur sur le terrain, en tant que policier de la brigade de Police magique notamment, il faut avoir une autre famille. Alice complimenta le travail de Wilson et l’ancien Serpentard tendit un sourire à son ancienne camarade de maison.

Ce qui se passa après prouva à Wilson qu’Alice avait fuit le pays, certes, mais n’avait pas abandonner le combat et ses idées pour autant. Elle se pencha vers l’agent de sécurité et Wilson se laissa faire. Cette phrase qu’elle venait de lui glisser dans l’oreille… cette phrase. Wilson espère qu’Alice a raison, et il espère que ce jour arrivera plus vite qu’il ne le croit. Et ce jour-là, il deviendra empereur.

« J’espère que tu reviendras en Grande-Bretagne, pour devenir l’un de ces empereurs »

Il lui fit un clin d’œil, ils n’étaient peut-être plus dans le MERLIN tout les deux, mais s’ils pouvaient encore s’entraider ensemble, cela pourrait bien. D’ailleurs, dommage qu’elle soit encore un peu jeune et que le lieu soit inapproprié, Wilson aurait bien parlé du mouvement sang pour sang à l’ancienne leader du MERLIN.

Etait-ce déplacer d’agir ainsi avec Wilson ? Aurait-elle dû faire montre d’un peu moins de familiarité ? Sans l’ombre d’un doute.
Mais dans ses veines sillonnait la justice. Celle la même qui l’avait poussé à venger l’affront fait à son père. Celle qui, un jour, la forcerait à reprendre les armes avec des mains d’adulte pour annihiler les hyènes à la tête du gouvernement britanniques.

Les mots d’Alice semblaient avoir eu l’effet escompté sur Wilson. Et ceux qu’il lui adressa en retour la firent sourire joliment.
Alice reviendrait en Grande-Bretagne. Grand-Père n’était peut-être pas d’accord, mais c’était non négociable pour la jeune sorcière. Ses études en école supérieure se feront sur les terres qui l’ont vu grandir. Ses camarades seront les mêmes avec lesquels Alice à découvert la magie. Sa famille sera Nerrah et Craobhaigh. Alice n’était peut-être pas irlandaise de sang, mais elle l’était de naissance, et en cela ces terres étaient siennes.

« Je reviendrai », répondit Alice sans perdre son sourire. « En tant qu’étudiante… et impératrice. Il est hors de question que je rate cela. »

Dans 21 mois, Alice reviendrait. Enfin, par Circée. Enfin, Alice pourra agir. Pour les opprimés, pour son père humilié, pour tout ceux qui, depuis des années, vivent dans l’ombre d’un gouvernement aux idées archaïque.
Au fond de son coeur, Alice sentait danser la flamme de sa rébellion qu’elle s’évertuait à protéger depuis trois années. De tels voeux ne pouvaient que l’exalter.

Alice jeta un regard autour d’elle. D’un vif coup d’oeil par dessus son épaule, la sorcière s’assura que Damiano et Thomas avaient finit de l’observer. Hélas, c’était sous estimer leur désir de commérage. Alice voyait leur lèvres s’agiter sans qu’elle ne parvienne à reconnaître les bêtises formulées. Cela signifiait qu’ils ne pouvaient pas entendre Wilson et Alice. Bien.

Wilson venait d’encourager Alice à revenir en Grande-Bretagne à la fin de ses études, en indiquant indirectement qu’elle pourrait reprendre ce qu’ils avaient ensemble commencer à Poudlard : dire non au Conseil des Sorciers. Trop jeune encore pour lui parler du mouvement Sang pour sang, ni le lieu, d’ailleurs, mais cela brulait les lèvres du jeune agent de sécurité d’évoquer son mouvement de soutien aux opposants du Conseil des Sorciers à Alice. Mais patience, patience.

Alice confirma à Wilson qu’elle reviendra, en tant qu’étudiante et impératrice. Au moins, Wilson aura moins de temps d’attente, elle compte faire ses études supérieures en Grande-Bretagne et non en France. Espérons juste qu’elle ne tombe pas dans la même école supérieure que Carry, si elle a réussi à trouver une alternative pour continuer ses études hors Poudlard. Wilson ne l’a pas recroisé depuis Poudlard et c’était très bien comme ça.

Wilson vit ensuite Alice jeter un coup d’œil vers deux hommes. Wilson ne les connaissait pas même si l’un d’eux lui disait vaguement quelque chose... s’était-il croisé à Poudlard ? Peut-être. L’agent de sécurité n’en oublia pas non plus ses prérogatives d’agent de sécurité et regarda vite fait dans le hall. Tout semblait bien se passer, et en continuant d’espérer que ça reste ainsi il dit :

« Alors je t’attendrai. Tu sais où me trouver, maintenant. »

Le garçon tendit un sourire. Il espère qu’Alice ne l’oubliera pas. Il a hâte qu’elle termine ses études afin qu’elle rejoindre sang pour sang et qu’ensemble ils continuent ce qu’ils avaient commencé au MERLIN. Voyant les deux hommes, Wilson commence à se dire que le duo est en train d’abuser de leur patience, mais c’est à Alice de décider si elle souhaite les rejoindre ou non. Wilson était satisfait de l’avoir revue.