Toute à sa colère qui était entièrement dirigée vers le grand Serdaigle, Alyssa ne perçut pas une silhouette pourtant familière avant d'entendre sa voix. Ennis. La Gryffondor était partagée entre le soulagement de la voir arriver et l'inquiétude de la voir s'en mêler. A son ordre de lâcher le bras d'Eoin, ponctué par des paroles sèches et un regard noir de l'intéressé, Alyssa s'exécuta docilement tout en soufflant au grand garçon d'un regard tout aussi noir :

- Ne t'avise pas de toucher à un seul cheveux de Narcisse.

Alyssa resta plantée là, et vit alors du coin de l'œil Ennis faire disparaître le contenu du colis. Dommage, ce contenu aurait eu parfaitement sa place sur les chaussures du Serdaigle, songea avec une colère palpable la blondinette. Cette rage envers Eoin n'était pourtant pas totalement justifiée : le septième année n'avait jamais demandé à recevoir un tel colis et Alyssa le savait pertinemment bien, d'autant plus qu'elle était complètement impliquée dans cette affaire bien que personne n'avait prit la peine de lui partager les détails avant. La jeune fille serra les poings, les épaules voûtées.

Durant ce temps, Ennis semblait essayer d'établir un dialogue avec Eoin mais aussi avec Narcisse -ce dernier toujours aussi silencieux et ratatiné sur place. Alyssa ne pouvait le regarder, bien trop écrasée par le poids de sa propre culpabilité. Le visage de la blondinette se figea alors imperceptiblement lorsque la préfète fit une remarque sur un détail qui avait toute son importance dans cette affaire : le mot écrit sur le colis n'était pas de l'écriture de Narcisse. La Gryffondor n'en revenait pas : comment les autres n'avaient-ils donc pas pensé à produire une meilleure imitation de ces lettres ?

Nélya, quand à elle, essayait aussi de communiquer avec Narcisse. En fait, tout le monde s'adressait à lui maintenant, tous essayait de comprendre ce qu'il s'était passé. Peut-être que tous s'étaient rendus compte que quelque chose clochait... Mais le problème ici était que, dans ce petit groupe, seul Narcisse et elle-même était au courant. Le premier ne pouvait rien dire sous la pression de l'absence de Klee et la seconde était reliée à l'affaire par un secret inviolable. L'idée de s'incriminer seulement elle-même passa dans son esprit durant un instant, avant de lui faire réaliser que cela ne changerait rien : Klee serait toujours aussi captive et les autres toujours aussi libres de faire ce qu'ils souhaitaient.

La bouche soudainement très sèche, Alyssa resta donc ici sans rien dire, sans rien faire de plus, commençant à envisager sérieusement de prendre rapidement congés maintenant que Narcisse semblait hors de danger. Après tout, c'était la seule chose qui lui importait : que le jeune garçon arrête de souffrir injustement.

Trop de bruit, trop de bruit, trop de sons, trop d'exclamations, trop puissantes, trop fortes. Envahissants, dépaysants bruits, ridiculement confus et mélangés, absurdement assourdissants, s'insinuant sous son crâne, résonnant à l'infini pour ne plus former qu'un méli-mélo informe et indistinct. Les formes s'agitaient autour de lui sans réellement le percuter, sans réellement l'impacter. Deux natures s'opposaient farouchement dans le cœur de Narcisse, bataillant sans merci pour détrôner l'autre de la première place, pour arracher les rênes des mains de l'autre et reprendre le contrôle.

L'influence de son père lui chuchotait de dire toute la vérité, de se montrer honnête et franc, de s'excuser et de prendre les choses en mains pour éviter que la tournure des événements ne s'aggrave. Il était trop jeune, trop petit, il pouvait agir posément et calmement, faire la chose droite, la franche action et la candide réaction.

L'influence de sa mère lui insufflait d'agir. De prendre les choses en mains, et de traquer les vrais coupables. Il avait une intime conviction, tout au fond de lui. Les gens peuvent faire des choses horribles, Narcisse, même si tu penses l'inverse, le monde est ainsi. Protège ce qui t'est cher à tout prix.

Mais ce fut leurs voix, conjointes, qui réveillèrent Narcisse, pour le tirer de sa torpeur.

Narcisse, tes amis s'exposent pour toi, fais leur honneur.

"S'il vous plaît."

Sa respiration s'était apaisée, sa voix s'était posée. Calmement, il posa sa main sur l'épaule d'Alyssa pour la faire s'écarter, en se redressant, lui rendant un hochement de tête reconnaissant, ainsi qu'à Nélya, en attrapant habilement Will de son autre main pour le contrôler. Dans un souffle, il expira beaucoup de choses pour faire face à Eoin.

Son regard était morne et vide, il avait pris sa décision, il vomirait plus tard.

"Eoin sois pas bête, te laisse pas emporter par ce genre de choses. T'es plus malin que ça non ? Si toi tu sais que c'est faux, bah tu t'en fous de c'que pensent les autres. Tu pars au quart de tour et c'est pour ça qu'on s'amuse de toi comme ça."

En temps normal, il n'aurait pas eu peur de lui, parce qu'il connaissait pire, et sa nature profonde doublée de son éducation le protégeaient. Mais en cet instant, c'était l'absence totale d'émotions qui empêchait la peur de naître. Une grande inspiration, il tourna son regard vers Ennis, fixant un point bien précis juste sous son œil gauche. Malgré tous ses efforts, il était incapable de mentir en regardant quelqu'un dans les yeux.

"J'ai aucune idée de ce que c'est. Je ne dirais rien de plus, pas maintenant. Désolé Ennis... j'peux vraiment pas."

Un tic nerveux déforma sa paupière, il se frotta la joue pour tenter de le dissiper vainement, sentant le dégoût et la chaleur désagréable gratter les portes de sa morale. Tout en parlant à Nélya et Alyssa, il déposa Will dans une tasse vide pour le faire léviter jusqu'à Kim de sa baguette.

"Aly... Nélya, tout va bien, s'il vous plaît vous attirez pas d'ennuis pour moi. Eoin va rien m'faire de toute manière, il est gentil au fond, hein Eoin ?"

Enfin, il put dire quelque chose qu'il pensait sincèrement, enfin il put lever les yeux vers son aîné en souriant, serrant le poing et glissant son autre main dans sa poche pour dissimuler ses tremblements de révulsion.

Enfin Narcisse semblait réagir, cependant, Ennis aurait aimé qu'il ne dise pas une énormité pareille. "Eoin n'est pas responsable de ce qu'on raconte sur lui. Ne rejette pas la faute sur lui comme ça." Ne put s'empêcher de dire la préfète, particulièrement au courant de ce que c'était que d'être victime d'une rumeur qui pouvait vous coûter quelque chose. Alors oui, le petit Poufsouffle ne voulait certainement pas insinuer que son camarade de promotion était responsable de ce qui lui arrivait. Mais c'était pourtant bien ce qu'il venait de faire en stipulant que c'était parce qu'il se défendait qu'on parlait sur son dos - mais aussi d'une fille qui, même si elle n'était pas nommée, n'avait rien demandé.

Puis le brun s'était tourné vers elle pour lui répondre. Et le moins qu'on pouvait dire, c'était qu'il mentait. "Si tu ne te contredisais pas, j'aurais bien voulu croire que tu ne savais rien." Soupira-t-elle. "Tu es probablement aussi victime qu'Eoin là dedans, puisqu'on signe en ton nom un truc aussi stupide que..." Elle retint le mot qui lui venait... "Mais si tu ne dis rien tu deviens complice Narcisse." Lui dit-elle alors avant de le laisser gérer ses amis pour jeter un regard au septième année. Elle se demandait s'il allait accepter ce qu'elle voulait lui dire et puis... se ravisa, attrapa le parchemin qui désignait Narcisse comme expéditeur et chercha à aller à la rencontre de @Sarah Priddy, ou @Jae Dawson, le premier des deux qu'elle trouverait. Les deux serait même mieux!


Sarah, Jae, une Ennis sauvage débarque pour vous expliquer la situation telle qu'elle l'a comprise: Un colis piégé de fientes a été envoyé à Eoin en voulant faire croire que l'expéditeur était Narcisse. Narcisse dit ne rien savoir mais aussi ne rien pouvoir dire pour le moment. Elle pense qu'il ment et qu'il sait qui se cache derrière cette farce de mauvais goût.
Narcisse, Eoin, voilà une Ennis partie assez rapidement et déterminée, c'est mon dernier post je pense.

Narcisse disait que tout allait bien, mais le constat qu'établissait la gryffondor de toute cette histoire en était aux antipodes. Rien dans tout ça n'était bien, que ce soit le colis puant pour embêter Eoin, que ce soit l'accusation envers Narcisse d'en être l'auteur, ou même le comportement de ce dernier... Non, rien n'allait, et Narcisse n'était pas comme d'habitude. Pas aussi joyeux, pas aussi bavard... Vraiment pas comme le Narcisse qu'elle connaissait.

Mais elle laissa le garçonnet ainsi que la préfète parler, sans un instant détourner les yeux du Poufsouffle. Il ne voulait pas d'aide, mais ça ne voulait pas dire qu'il n'en avait pas besoin. Nélya en était là, pensive l'instant de quelques secondes avant de se frotter la tempe avec vigueur en fronçant les sourcils, à croire que son cerveau n'était pas apte à accueillir un tel phénomène. Elle mit fin à son attente et tapota l'épaule du garçon. J'comprends pas trop tout c'qui s'passe, et j'comprends pas non plus pourquoi tu veux pas parler mais... C'est nul de t'voir comme ça. La brunette glissa ses mains dans les poches de sa salopettes, les y enfonça sans rompre le contact visuel qu'il semblait si difficile d'établir avec Narcisse. Mes parents m'ont toujours dit qu'si quelqu'un a b'soin d'aide, il faut l'aider autant qu'on peut, mais qu'parfois les gens savent pas qu's'ont b'soin d'aide ou même, bah il en veulent pas du tout. Après un léger flottement, la brunette soupira en levant une main pour la faire passer de sa poche à l'arrière de son crâne pour se le frotter. Du coup, j'reviendrai t'voir. Même si tu veux pas d'aide. Affirma l'adolescente avant de quitter le petit rassemblement, en tournant un dernier regard sur les différentes personnes encore présentes.

Fin pour moi!
@Ennis O'Belt, @Eoin Sinnegan, @Alyssa Wright, @Kimberly Harlez, @Narcisse Brando