Reducio

- Cheveux lâchés et décorés d'un serre-tête.
- Maquillage léger, mascara, gloss et eyeliner fumé. Cicatrice visible.

Les toilettes abandonnées doivent être le seul endroit dans lequel il n'y a jamais personne. Le bruit ambiant lorsque je sors dans le couloir, ou même à chaque fois que je passe la porte de mes salles, commence vraiment à me taper sur le système. Mère qui m'envoie une missive pour me dire de ne pas rentrer pendant les vacances, et Père qui, au même moment, me fait parvenir une lettre dans laquelle il m'ordonne de rentrer à la Résidence durant ces mêmes vacances sont aussi deux choses qui commencent à m'énerver plus qu'elles ne le devraient. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre eux pour qu'ils soient en désaccord sur ma seule venue. Je suis certaine que James n'a rien reçu, comme si sa venue à lui était acquise à chaque fois. Lena qui n'a de cesse de me rappeler la bague à mon annulaire a sûrement aussi une certaine responsabilité dans mon humeur plus que massacrante. Comme si je n'avais pas conscience de ce stupide anneau qui me pourrit la vie depuis un an. Comme si je ne savais pas qu'ils ont condamné ma putain d'adolescence avec leurs conneries d'alliance.

Les mains agrippées au bord du lavabo, je contemple mon visage, sentant très distinctement le métal qui sépare ma peau de la céramique écaillée. Cette journée s'annonce absolument merdique, sans compter les pas que j'entends s'approcher des toilettes abandonnées. Je relève ma tête, afin de voir qui vient troubler mes ruminations.

J'avais passé ma matinée à potasser en salle d'études et voyant l'heure du cours d'Etudes de Runes s'approcher, je m'étais rendue compte qu'il ne fallait pas que je tarde à plier bagage. C'était quand même en haut de la Tour Nord donc si je ne voulais pas être en retard, valait mieux ranger mes affaires. Voulant faire vite et bien, mes mouvements ne furent pas assez concis ou organisés car tout d'un coup, mon encrier à moitié plein se renverse sur le pupitre, vers moi, tâchant au passage manuels, trousse, bureau... et le devant de ma tenue.
Crotte ! Non non non... c'est vraiment pas le moment là !!
Lâchant un soupir d'exaspération, je me lève soudainement, dégote le dernier mouchoir restant du paquet dans ma besace - évidemment, c'est le dernier... - et tâche d'éponger au mieux mes affaires. Excédée, je fourre celles encore propres dans ma besace, prend les affaires encore humides d'encre contre moi - d'toute façon, salie pour salie... - et sors précipitamment de la salle d'études en me disant que je trouverais bien des toilettes en chemin.

Mes pas glissent précipitamment sur les dalles du couloir et j'avise alors une porte. Les toilettes abandonnées. Parfait, je serais tranquille pour nettoyer tout ce chantier.
Pis faut pas que je sois en r'tard, alors on fait vite et bien.

Poussant la porte des toilettes, une main qui plaque manuels et trousse contre ma poitrine, l'autre se lève pour regarder l'heure à ma montre. Bon, ça va, j'suis encore dans les temps mais bon, faut pas tar...

Je m'arrête net, sentant une présence et croise alors son regard.
Leann. Leann Hartley. La raciste anti-moldue. Celle qui m'avait insulté ainsi que mes proches il y a deux ans. Depuis, on s'était rapidement croisé dans les couloirs, of course, Poudlard a beau être grand, ça reste une Ecole. Mais à chaque fois, j'affectais de l'ignorer, évitant son regard ou bien de rares fois, le soutenant l'espace de brèves secondes. Depuis cette fois dans la cour de la Tour où elle avait réussit en quelques mots à ébranler tout mon être, je ne la portais clairement pas dans mon coeur. Surtout avec les évènements qui sont survenus à Poudlard sur les statuts de sang.

Et là, comme par hasard, faut que je tombe sur elle. Et pas dans un couloir, non... dans les toilettes. Où personne d'autre n'est présent. Forcément hein. Pff.
J'inspire rapidement par le nez et détourne le regard, lâchant la porte qui se referme doucement dans mon dos. Hors de question de fuir, de lui donner ce plaisir. Non, je vais faire comme lorsqu'on se croise dans les couloirs : l'ignorer. Les toilettes sont assez grandes sans qu'on ai besoin de parler. Et j'ai grandi depuis, je suis plus... mâture ? Ouais, enfin, c'est ce que je me dis. Donc, on l'ignore, voilà.

Je m'avance dans la pièce, mes pensées s'entrechoquant sous mon crâne. La politesse voudrait que je la salue simplement mais rien que cette idée me fait serrer les dents. Lui donner l'occasion de m'assener une de ses piques affutées ? Non merci. Elle est comme Redose : le moindre prétexte sera bon pour me mener à bout.

J'avise un lavabo - deux lavabos plus loin que celui où elle s'est installée pour regarder son reflet - et m'en approche. Laissant tomber ma sacoche de cuir au sol dans un bruit mat, je soupire tandis que je constate l'étendue des dégâts sur mes deux manuels en main. Ma trousse aussi est poisseuse. Je pose le tout par terre sauf l'un des deux manuels et le tourne et le retourne. Qu'est ce qui serait plus rapide ? Du papier toilette humidifié ou un Recurvite ? Evidemment, la deuxième solution me parait la mieux mais la présence de Leann ici me met mal à l'aise. Va-t-elle se retenir de faire le moindre commentaire sur une née-moldue pratiquant la magie en sa présence ?

Grr qu'est ce que ça me saoule de penser en fonction d'elle !! Allez Constance, un peu d'nerf, on s'en fiche d'elle.

Sur cette volontaire auto-motivation, je dégaine ma baguette et la pointe vers la couverture du manuel.

@Leann Hartley

Constance Nelson. Rapidement, mon annulaire ne m'intéresse plus, et je la toise un moment, avant de me tourner vers mon reflet encore une fois, sortant du mascara et de l'eyeliner, ainsi qu'un peu de gloss pour faire mine de me repoudrer. Même si, bon, la poudre semble m'assécher le visage plus que le matifier. C'est la raison pour laquelle je n'en mets jamais, aucune envie d'avoir l'air de me plâtrer le visage comme Mère pour être aussi blanche que le marbre de la Résidence, nous ne sommes pas au Japon, nul besoin de ressembler à une Geiko.
Je remarque cependant les tâches de ce qui semble être de l'encre sur un peu toute ses affaires. J'avoue ne pas m'y être attendue, mais venir ici pour nettoyer ce bazar est bien plus cohérent que ce que je fais moi-même. Les toilettes abandonnées pour se remaquiller, franchement, Leann, tu aurais pu trouver meilleure excuse. Afin de détourner mon attention de cette incohérence magistrale, je pivote vers Constance lorsqu'elle sort sa baguette, et, pour me défouler un peu aussi, lance :

— Oh, tu utilises ta baguette... n'as-tu pas peur de te blesser ? Tu sais, comme le catalyseur ne doit pas être très... naturel pour les gens comme toi. Tu veux de l'aide ?

Je ne suis pas sérieuse, bien sûr, et elle le remarquera certainement. A moins qu'elle ne soit idiote. Ce dont je ne doute pas vraiment.

Sa voix tellement fausse, tellement Miss Parfaite et même temps tellement méprisante m'arrête dans mon geste, ma baguette suspendue au-dessus du manuel noirci. Je sens déjà ma poitrine se contracter, mes mâchoires se serrer, mon regard se durcir... Au point où mon champ de vision se réduit au manuel que je tiens d'une main, tout autour est flouté.
Je n'ai qu'une envie : l'envoyer bouler ! Mieux, le faire avec autant de doigté qu'elle, elle qui en a tellement l'habitude.
Mais ça veut dire que je ne vaudrait pas mieux qu'elle. Alors je me dois de l'ignorer.

Pourtant, je sens son regard goguenard sur moi, mon visage, et ça me pique. Pourquoi faut-il qu'elle soit là ? Pourquoi faut-il qu'elle soit comme ça ? Nulle, méprisante, raciste ? Mauvaise.
Ai-je peur de me blesser ? Pauvre idiote méprisante, bien sûr que non ! Tenir ma baguette entre mes doigts m'est aussi naturel que toi avec la tienne ! Les gens "comme moi" ? Va te faire...
Non ! Inspire, expiiiire...

Sans détacher mon regard de mon manuel, je lance d'une voix sèche :
- REcurVITe ! *
Doucement, trop doucement à mon goût, le flux magique transparent qui sort de la pointe de ma baguette nettoie centimètre par centimètre le dessus de mon manuel.

Je sens mon coeur battre contre ma cage thoracique, c'est comme si j'entendais les pensées de la Serpent : nulle, normal vu son origine, méprisable, inutile.
Je serre encore plus les dents, mes doigts serrant fort ma baguette, le sort est rompu.
Et le silence devient si opaque qu'on pourrait le scinder avec un Diffindo.
Pourquoi faut-il qu'aujourd'hui, en cet instant particulier, en sa présence, que mon sort ne fonctionne pas aussi bien que d'habitude ?

@Leann Hartley vu que c'est un sort de niveau 1 et son niveau d'étude, le dé est pour moi l'indice de la puissance du sort

Mon sourire s'étire au fur et à mesure que son sort s'étend, et j'attends en silence, un long moment, jusqu'à ce que son manuel soit propre. Mes ongles raisonnent dans la pièce en rencontrant la surface blanche du lavabo, lentement, un par un, en boucle. Agacer les gens est dans mes cordes, les tourmenter l'est encore plus. Il n'est pas si étonnant qu'elle ait raté son sort, outre le fait qu'elle fasse partie de la classe immonde des moldus.

— Oh, je te mets mal à l'aise ? Voyons il ne faut pas...

Je sors ma baguette à mon tour, l'enroulant de mes doigts fins, et lance un Tergeo sur le reste de ses affaires, doutant qu'un simple Recurvite soit efficace sur une telle quantité d'encre. Je rate rarement mes sorts, et encore moins ceux de mon niveau, alors ses affaires se retrouvent très rapidement toutes propres.

— Et dire que des gens comme toi se voient offrir un poste au Ministère. La grande époque du Conseil est bel et bien révolue... soupiré-je en secouant doucement la tête, prenant un air affligé.

Je me retourne complètement cette fois, ce que je n'ai pas fait depuis qu'elle est entrée, et confronte son regard directement. Attendant sa réponse, je défait le corset noir par dessus ma chemise et le resserre plus fort qu'avant, ne supportant pas de ne pas voir ma taille clairement marquée, quitte à m'écraser les côtes. J'espère simplement qu'elle ne dira rien de trop ridicule qui pourrait me faire rire.

Un claquement aussi sinistre qu'agaçant parvient à mes oreilles alors que je fixe avec dépit et énervement mon manuel "propre". J'inspire très très très doucement, et relève lentement mon regard pour le diriger naturellement vers la source du bruit qui résonne dans la grande pièce où nous nous trouvons.
Ses doigts manucurés claquent contre l'émail du lavabo dans un rythme soutenu et habitué. Une vraie pimbêche.
J'exhale tout aussi lentement par le nez, sans bruit, cherchant mentalement une petite raison, une toute petite, de ne pas réagir à cette provocation. Car je sens plus que je ne le sais qu'elle n'attend qu'une chose : que j'explose.
Serrant les mâchoires au point où elles pourraient presque se souder, je l'entend alors se ficher de moi et l'avise dégainer sa baguette.

Rien que cette action me tend. Autant que si elle avait dégainé un flingue. Je me redresse, le corps tendu comme un arc, mes doigts resserré sur ma baguette, mon regard vissé sur la sienne. Alors c'est vraiment comme ça que ça se termine ? Moi qui ne répond pas à ses provocations et elle qui m'humilie d'un sortilège bien sentie ?

Sa réaction m'étonne autant qu'elle m'exaspère. Avec autant de suffisance qu'un gobelin dégainant un trousseau de clefs, Leann lance un unique Tergeo qui nettoie le reste de mes affaires. Un sort nettement maîtrisé - bien évidemment.
Déjà, rien que ça, cela me fait grincer des dents et je croise finalement son regard perçant et provocateur.
Ses mots me percutent avec autant d'aplomb qu'il est nécessaire pour m'ébranler et je sens la colère me monter au nez. Son soupir théâtral achève les derniers amas de patience qui résidaient dans mon esprit et lorsque nos prunelles se croisent, l'idée de lui lancer un sort me traverse, c'est vrai, le crâne.

Elle soutient mon regard, tout en défaisant et resserrant son corset qu'elle a coquettement mis par-dessus sa chemise. J'suis même pas sûre que c'est autorisé par le règlement. Et là, j'la trouve moche dans son attitude si provocante.
- T'as vraiment rien trouvé d'mieux hein ?

Les mots crissent sur mes lèvres comme du gravier sous des souliers. Je reste calme en apparence mais tout en moi bout.
- Que dirais-je des gens comme toi, qui se croient bêtement supérieurs... alors que vous ne valez pas mieux que des trolls. Sans vouloir paraître offensante, bien sûr, ajoutais-je ironiquement avec un air faussement désolé. Je t'aurais bien remercié pour mes affaires mais je ne voudrais pas que tu prennes le melon, tu vois... (je mime brièvement avec mes mains)

Affectant une fausse nonchalance, je me redresse de toute ma hauteur - le coeur pourtant battant - et me penche pour rassembler mes affaires dans l'idée de les ranger.

désolée pour ce délai...