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26 févr. 2024, 19:57
 PV  Accalmie florale
MacCruimein est une tornade. Chacune de ses actions semble dissociée de la précédente, ses paroles ne se suivent pas, son être n’est en rien régit par les lois de ce monde. Aucune cohérence. Lentement, très lentement, je cligne des yeux. Une excitation si exubérante me perturbe, provoque en moi un certain malaise. Il y a une dimension intime aux émotions intenses, et la facilité avec lesquelles la rousse arbore la moindre de ses humeurs me fait vaciller. La regarder s’agiter ainsi entraine un vague mal de tête, tant il me faut faire abstraction de tous ces mouvements incompréhensibles afin de pouvoir déchiffrer ses propos. Une légère grimace s’inscrit sur mon visage à la mention de son objectif, puisque je considère que la fin de l’année scolaire ou le mois de Skirophorion sont bien lointains. Se rappelle alors à moi l’année civile, et sa fin dans quelques semaines à peine. Peut-être est-ce à cela que la fille se rapporte. Comme seule réponse, un signe de tête. Je m’acharne à décrypter ce qui serait ‘classe’ dans ce sortilège. Le terme ne m’est pas étranger, parfois utilisé par mon frère, mais son application ici semble absurde. Depuis la première tentative, depuis le premier murmure de la formule s’échappant de mes lèvres et aboutissant à un lancer immédiatement réussi bien qu’à perfectionner, j’ai perçu Diffindo comme une offensive. Quelque chose se retourne en moi lorsque j’y songe, une incertitude amère parfois teinté d’une certaine douleur. C’est un motif récurrent depuis mon arrivée ici et mon emprisonnement par la pierre. Je me familiarise avec les sorts. Ceux qui blessent s’écoulent hors de moi avec aise. Catalyser ma Magie en une profonde entaille est aussi simple que de respirer. Que cette fille y trouve quelque chose de ‘classe’ m’intrigue, et me repousse. Amusement qui m’emplit face à la comparaison avec la tâche de bucheron ; ainsi, elle aimerait découper des bûches ? Qu’en ferait-elle, un feu ? Je n’ai nul doute quant au fait qu’un feu établi par la rousse serait un foyer, une tentative de réchauffer l’être. Ses paroles suivantes me permettent de fuir mon propre esprit avant de songer à ce que mes mains feraient d’un feu ; Incendio, aussi, est d’une douceur toute particulière pour mes flux magiques.

Oublier la Métamorphose. En quelques mots, elle me permet de m’extirper aux difficiles réflexions qui m’emparent lorsque je songe à mon rapport aux sorts. Et me jette alors dans une incompréhension si profonde que je pourrais m’y noyer. Ses contradictions m’exaspèrent tant je m’y égare. Il m’est impossible de suivre les cheminements de MacCruimein— par Zeus, que c’est insupportable ! Peu importe l’identité de cette fille vers qui elle se tournera, je suis certaine de pouvoir apporter bien davantage d’informations, tant je me suis dernièrement plongée corps et âme dans les théories des Métamorphoses. Son invitation interrompt brutalement l’avancée du mépris qui tentait de teinter mes pensées, et me laisse incertaine. Main tendue. Un regard qui cherche le mien, et que je fuis. La vigueur avec laquelle elle tente de s’emparer du contact visuel me coupe le souffle, et je réalise pour la première fois que MacCruimein a des yeux émeraudes. Pas que ce soit important, mais elle me force à observer ces traits que j’avais jusqu’alors évités, et j’ai désormais une vision claire de son apparence. Chevelure de feu, regard forestier. Il y a quelque chose de sauvage là-dedans, allant de pair avec son énergie insaisissable.
*Jolie*, je songe vaguement, avant d’arracher mon regard au sien. Mes mains s’affairent à rattraper le devoir qui lui a échappé, puis je caresse doucement la feuille de la Moly. Un coup d’œil me permet de m’assurer que la plante n’a pas été abîmée par ce lancer imprudent. Soulagement. Si la rousse fait cela sans une once de Magie, il nous faudra trouver un endroit sécurisé pour tenter de pratiquer un quelconque sortilège. Détruire le Château est une idée intrigante, contre laquelle je ne peux protester —je me laisse même aller à envisager un instant l’orchestration de cette destruction méticuleuse—, mais les plantes ne méritent pas d’être les réceptacles de l’énergie débordante de cette fille.

« D’accord. On va aller s’entrainer dans quelques minutes, » sur un ton très calme. « Mais tu ne pourras pas réussir quoi que ce soit en pratique sans avoir maitrisé la théorie. Comment t’en sors-tu, en méthodologie et théorie des sortilèges ? »

En attendant la réponse que je crains deviner, j’ouvre mon carnet de sortilèges à une nouvelle page et commence à y dresser une liste. Tous les sorts étudiés depuis le début de l’année, c’est à dire bien peu. MacCruimein est vive, et un cerveau se cache derrière cette tornade impénétrable, mais je constate déjà qu’elle ne s’arrête jamais pour réfléchir. Je ne peux pas aller bien loin avec cela. Lancer des sorts de toutes ses forces, se concentrer sur une tentative de canaliser tous ses flux en un seul lancer, c’est puissant et incroyable. Pourtant, je ne peux discerner aucune réussite à l’horizon si la théorie n’est pas auparavant devenue instinctive.

premier cycle
solit[air]e

02 mars 2024, 01:54
 PV  Accalmie florale
Le temps sembla s'arrêter lorsque leurs regards se croisèrent, comme si l'univers entier retenait son souffle. Les yeux bruns d'Iphis, d'une intensité remarquable, captivèrent Hallie dans un éclat d'émerveillement, illuminant son âme de leur mystérieuse profondeur. Ses lèvres s'écartèrent très légèrement, manifestant une surprise visible au point où elle oublia d'en respirer pendant une courte seconde.
Lorsque le contact fut brisé, Hallie se rendit compte que sa main figurait là, en suspend dans l'air doux de la serre méditéranéenne. L'atmosphère qui régnait était sereine ; les plantes magiques comme moldus se préparaient pour la nuit à venir, et photosynthétisaient les derniers rayons de soleil. Le silence qui suivit paraissait s'étirer à l'infini, amplifiant le malaise de Hallie. Elle retira la main dans la précipitation, comme ci elle avait subi une brûlure, et elle la réfugia le long de son corps, tandis que ce dernier se raidissait à la réalisation qu'Iphis lui avait mis un vent.

Les mots « méthodologies » et « théorie » lui décrochèrent un sourire crispé, laissant s'échapper un petit rire nerveux. Elle n'avait pas nécessairement anticipé qu'Iphis serait une personne qui la ferait travailler sur ce point, et elle regrettait peut-être déjà de lui avoir demander de l'aide. Elle se souvenait néanmoins de la charmante conversation qu'elle avait pu avoir près du lac avec M. Charleston. Elle s'était engagée à produire plus d'efforts pour se lier d'amitié avec des enfants, et délaisser les interactions avec les adultes. À contrecoeur, il était grand temps de commencer à honorer ses promesses. Iphis ne semblait guère du genre loquace, mais son engagement à vouloir aider les autres marquait un altruisme naissant chez cette personne d'ordinaire très renfermée.

Après de longues délibérations, Hallie en vint à la conclusion qu'il serait impoli de refuser ce que les autres étaient disposés à faire pour elle, même si elle n'appréciait guère la proposition. Alors qu'Iphis fût convaincue de l'importance de la théorie pour progresser, elle se résolut, juste pour cette fois-ci, à faire des concessions et à écouter, malgré son profond désarroi.

« L-la métho... la quoi ? Et la théorie des- Heiiiiiiiin ? ». Elle tirait un visage à faire fuir plus d'un : les sourcils froncés, elle affichait une grimace prononcée, cela combiné au vocabulaire utilisé communiquait toute son incompréhension. « Euh... ben.. en fait euh... moi j'connais juste les gestes là, et les étapes. Les classiques : tu te concentres, tu visualises, tu fais le geste et tout. Y'a plus à savoir ?! » Outrée, elle laissa s'échapper un gémissement de plainte, comme si le supplice avait été tel qu'elle se retrouvait comme Atlas à porter le monde sur ses épaules..

02 mars 2024, 16:37
 PV  Accalmie florale
Tout au long de mon enfance, mes mères se sont appliquées à m’apprendre l’objectivité. Ma avec le savoir, Maman avec les gens. Le premier est le plus simple, ma découverte des connaissances progresse par la logique. C’est dans la certitude d’être encore et toujours ignorante que je m’instruis, gardant toujours à l’esprit que mes connaissances n’existent que pour être ébranlées, que mes impressions n’existent que pour être démenties. Savoir que je ne sais pas grand chose est une évidence qui ne me blesse pas. En revanche, la confrontation à la Foule prend une subjectivité bien plus ardue à défaire. Démêler les biais de la réalité est si complexe, lorsque les interactions ne sont que des collisions des subjectivités de chacun. Ce qui surgit en moi face à chaque être me semble vérité absolue. Accepter une remise en question devient douloureux. Cependant, le monde de Jude m’est désormais discernable, dans toute sa douceur. La gentillesse qui en émane me demeure étrangère, mais il m’est possible de superposer son monde au mien. Dans l’univers de Maman, tout est compréhensible. Tout est explicable. La Foule s’évapore pour laisser place à des êtres à part entière, possédant également un monde qui leur est propre. Je ne peux partager les sens de Jude, ni adopter sa vision. Son monde ne sera jamais mien, mais le connaître vaguement me laisse appréhender les êtres différemment. Ainsi, face aux balbutiements de MacCruimein, je ne laisse ma grimace se graver sur mes traits que quelques instants avant de façonner mon visage en un semblant de neutralité. Si je ne peux réprimer la frustration qui m’envahit, s’inscrivant à la limite du mépris, j’ai la capacité soudaine d’inspirer profondément. De me rappeler que, certes, cette ignorance me paraît complètement stupide, cette impulsivité m’est étrangère et décontenançante, mais que je ne peux laisser ces vagues d’incompréhension dicter l’entièreté de mon jugement. La conclusion à tirer n’est pas que la rousse est complètement idiote et que je la surpasse en tout, mais qu’elle est différente de moi. Me fixer sur cette interprétation permet non pas une gentillesse tolérante et inutile, mais une progression au delà des apparences. Forcer mes pensées à dépasser l’inconfort que son attitude provoque en moi me laisse songer à la profondeur de son regard, à ses occupations ressemblant à de la cartographie. Si son intensité me perturbe, elle indique aussi que MacCruimein est digne d’intérêt. Qu’un certain potentiel se dessine sous la surface. Et j’aime approfondir les esquisses qui sont à peine décelées. L’effort nécessaire se change en fierté face à l’aboutissement des fouilles— traiter l’approche humaine comme l’étude des livres ou de la Magie rend la tâche bien plus attirante.

Face à ceci, une approche purement théorique serait sûrement malavisée dans un premier temps. De façon peu surprenante, MacCruimein implique une sortie de ma zone de confort, chose haïe et évitée. Et peut-être nécessaire, aujourd’hui. Un long soupir, et je lui tends son devoir abandonné.
 « Les étapes... c’est déjà bien, » j’articule avec quelques difficultés. Qu’elle me soit si différente la rend imprévisible. La voie de l’improvisation s’ouvre, et je me refuse à l’emprunter imprudemment. Les précieuses secondes que m’accorde le rangement de mes affaires me permettent de réfléchir à une approche en plusieurs temps. Tant de choses dépendent pourtant de paramètres qui me sont inconnus, d’une teinte bien plus inquiétante que les variables des livres et de la Magie. Un être humain, moi, apporte déjà bien des contraintes dans le process de recherche et de maitrise. Ne pas être seule rend tout si fragile et incertain. Je saisis ma canne, laisse mon poids peser sur le bois tout en me redressant, sacoche à la main. Mon malaise se dissipera. Après tout, j’ai confiance en mes capacités. D’autant plus si le sort à approfondir est un de ceux que ma Magie forme avec une aise remarquable. L’ensemble de mon inquiétude réside alors dans la présence de MacCruimein, qui m’est inconnue. Il est évident qu’elle n’apprend pas comme moi, mais je ne sais pas encore comment elle apprend. Le découvrir passera visiblement par la pratique, malgré mes réticences. Une fois debout, je lui adresse un signe de tête, puis me dirige vers la sortie de la serre. Un dernier regard vers la Moly, lui transmettant en pensée toute mon incertitude, puis je souffle, voix teintée de nuances variant de la défiance à la curiosité :

« Allez, MacCruimein. Montre-moi donc comment tu lances Diffindo. »
Dernière modification par Iphis Diotimē le 03 mars 2024, 09:12, modifié 1 fois.

premier cycle
solit[air]e

03 mars 2024, 03:23
 PV  Accalmie florale
Pendant un bref instant, Hallie effleura du regard le devoir que tendait Iphis, puis dans un élan d'incrédulité, releva les yeux vers le visage chaud et accueillant de la jeune gryffondor. La voix d'Iphis avait agi comme un encouragement de la part de sa mère, et la traversa d'amour. Submergée par les quelques mots susurrés par sa camarade, la peine de Hallie trouva rapidement la porte de sortie dans les méandres de ses pensées, pour donner naissance à un rayon aveuglant d'enthousiasme qui émanait abondamment de la rouquine. Les étoiles dans les yeux, une énergie intense se dégageait et envahissait la serre toute entière, dégoulinant d'émerveillement. Les plantes pouvaient presque se nourrir de la lumière humaine que produissait l'enfant, tant elle illuminait la pièce. Son corps, raidi par l'excitation, était figée dans la pierre ; ce ne fut que lorsque les conséquences de la compassion d'Iphis se furent ressentir, que la statue de Méduse reprit forme. À la suite de ce qu'elle perçut comme un compliment, un éclat de sincérité éclaira le visage de Hallie, qui esquissa un sourire rayonnant, irrépressible.

« Merci ! », s'exclama-t-elle, heureuse pour la première fois depuis un temps. Sa sincérité avait trouvé sa récompense, ne serait-ce qu'une fois. Par ces mots, Iphis avait accepté Hallie dans sa différence, dans ses difficultés, ce qui la rendit incroyablement heureuse. Soudainement, Hallie se sentit beaucoup plus motivé à s'entraîner, et même s'il le fallait à ouvrir un livre. Elle connaissait très bien sa valeur ; tout le monde à l'école ne cessait de lui répéter qu'elle avait des facilités, et qu'elle ne les exploitait pas suffisamment. La plupart du temps, elle avait l'impression d'être complètement à côté de la plaque, entraînant ce sentiment aliénant de stupidité que pouvaient parfois ressentir ses interlocuteurs.

Mais... pensa-t-elle faiblement, elle reconnaissait également les intérêts atypiques qu'elle pouvait avoir pour les enfants de son âge. À la maison, quand Hallie présentait le résultat de ses recherches à Morven après leur sortie d'exploration, le visage de sa soeur de coeur se muait en interogation, incapable de comprendre les dires de sa meilleure amie. Les deux compères se ressemblant sur beaucoup de points, Morven avait été, à de nombreuses reprises, franche en lui informant que ce qu'elle racontait était pour elle une langue étrangère. Son ami Lucas, lui avait été beaucoup plus subtile dans ses questionnements, et avait pointé du doigt le fait qu'il n'y connaisse pas grand chose à la carthographie, ni même à l'ornithologie d'ailleurs. Au lieu de cela, il se transformait en machine à question pour combler les trous dans sa culture générale sans même savoir que ce que maitrisait Hallie était un sujet spécifique, généralement non destiné aux enfants. Les adultes, dont ses parents, avaient eux complètement jetés l'éponge, se contentant de surveiller attentivement les activités de leur enfant pour assurer sa sécurité, et de l'encourager dans sa soif de connaissance. Plongée dans ses réflexions, son esprit s'arrêta sur les deux sujets dont elle commençait à accumuler les connaissances. Elle se souvint de ce jour, en fin d'été, où elle avait demandé un choucas de tours à M. Charleston, qui avait été incapable d'invoquer la créature, qu'il avait confondu pour un pigeaon. Elle se souvint de son projet, sagement couché sur le papier, et se remémora les activités de ses anciens camarades de classe à Aviemore. Certains jouaient aux foots, d'autres étaient sur les réseaux, tandis que d'autres dessinaient. Jamais elle n'avait aperçu d'autres enfants pratiquant la cartographie.

Elle savait des choses. Elle était intelligente, et non stupide. Si elle s'appliquait au travail, elle pourrait briller dans le milieu de la magie. Une née-moldu meilleure que les né-es-sorcier-es ? La blague la séduisait légèrement.

Hallie se sentit prise d'affection pour l'ancienne inconnue, qui avait gagné une place dans son estime. Iphis n'allait pas être une de ces personnes. Une de ces personnes qu'elle croise au détour d'un pilier, dont elle ne reverrait plus jamais le visage, quand bien même ce dernier fuyait le regard. Le contact s'étalissait doucement et la gêne intense ressentie auparavant commençait légèrement à se dissiper. Puis,

« Allez, MacCruimein. Montre-moi donc comment tu lances Diffindo. »

À l'évocation de son nom de famille par Iphis, son cœur se brisa tel un éclat de glace sur un lac gelé, résonnant dans le silence. Un frisson de douleur glaciale la traversa, laissant Hallie momentanément figée, de retour dans la galerie de Méduse. Là où la lumière de la joie illuminait autrefois son visage, il ne restait qu'une Hallie empreinte d'une profonde douleur, les yeux tremblants. Ses poings se contractèrent, et la jeune fille serra les lèvres de toutes ses forces, ses yeux trahissant un sentiment de traîtrise.
Elle se retourna très brusquement, faisant maintenant dos à son aînée, et resta là sans un mot pendant une dizaine de secondes. Lorsqu'elle avait rassemblé assez de forces pour former sa phrase, elle murmura doucement à destination d'Iphis une accusation remplie d'amertume :

« I'me semble t'avoir bien d'mandé de n'pas m'appeler Mac-Crui-mein. »
...
« Je haïs ça. »

Son regard était devenu presque aussi transparent que l'eau du lac : un abandon face à ce qui ressemblait à des souvenirs douloureux. La tension précédente n'était pas revenue, une nouvelle s'étant instaurée, une blessure.






C'est pas parce que la péripétie m'a pris du temps que je ne vais pas te répondre avant la déconnexion. :wise:

03 mars 2024, 11:22
 PV  Accalmie florale
Je ne remarque la joie de la fille qu’au moment où elle se brise. Un instant, je me dirige vers la sortie, esprit fourmillant d’idées pour un entrainement. Le suivant, un silence lourd me frappe, et mon corps se fige. Ce changement atmosphérique est plus aisément remarquable par mon enveloppe corporelle que par mon cerveau, qui continue son cheminement réflexif avant d’être rattrapé par le malaise. Celui-ci, étrangement extériorisé, fait écho au mien quelques instants plus tôt. Je ne peux en discerner la cause, mais en effectuant un demi-tour sur moi-même, mon regard se heurte au dos de MacCruimein. Une marque de rejet, impassibilité faite matérielle. En écho, alors, son exclamation quelques moments plus tôt. Son remerciement incompréhensible. Maintenant que l’air alentours s’est gelé, que respirer implique de brûler mes poumons à vif, des fragments se rappellent à moi. La tension s’était allégée, sans que je n’en sois consciente. Perdue dans mon propre inconfort, j’étais aveugle aux manifestations autres. Difficile, pourtant, d’ignorer les émotions de MacCruimein. Même pour moi. Son malaise, elle le rend palpable, me le lance au visage et m’enferme avec. Je suffoque autour d’une émotion qui n’est pas mienne, dont je ne comprends la cause et que je ne peux apaiser. Intrusion insupportable, brèche dans ma propre existence— comment cette fille peut-elle se mettre à nu ainsi, révéler toute son intensité sans une once d’hésitation ? Elle ne me laisse pas de place pour exister à ses côtés. Tout l’espace est dévoré par elle, et son foutu malaise. *Ou sa joie*, bref songe conjurant la vision d’un souvenir que je ne pouvais scruter avant qu’il ne se soit évanoui. Et comme il s’est évanoui ! Dissipée, démembrée, jetée au sol et piétinée, ce qui émanait de la rousse quelques moments plus tôt. Quoi que ce soit. *D’la joie*, se permettent de suppléer mes pensées, que je repousse avec hâte. Ma gorge sèche est envahie par un sentiment âcre, qui engourdit ma mâchoire et s’empare de ma langue. Confrontée à l’horreur de son propre mal-être, je ne peux que la subir, et plier sous les assauts de mon propre inconfort de nouveau éveillé. À cela se superpose ma soudaine conscience de son état précédent, la luminosité étouffée accentuant l’amertume qui coule dans mes veines. Son enthousiasme me bouleverse avec un temps de retard, je me sens trembler sous la réminiscence de cette énergie solaire. Mon trouble se morphe en peine aiguë et pourtant insaisissable.

Maintenant qu’il a disparu, je suis frappée par la réalisation que j’aimerais de nouveau poser mes yeux sur cet enthousiasme éclatant. Mais seul le rempart de son dos rencontre mon regard. Impénétrable. Autour de la poignée de ma canne, mes doigts tremblent. Toujours aussi étouffant, l’air de la serre semble finalement reculer pour laisser la fille me faire face. De sa silhouette au sol herbeux, mon regard effectue le périple sans hésitation, refusant d’observer directement ce qui pourrait s’inscrire sur les traits de cette fille qui dévoile sans honte sa moindre passion. Alors que je la fuis, ses mots me renversent. Le ton glacial me fait trembler— je ne sais interpréter ses nuances, mais j’étouffe sous le joug de sa négativité évidente. Je réalise avec surprise et horreur que cette tension envahissant l’air n’est pas un malaise, mais une douleur. Un élan d’irritation me traverse et s’empare de moi : tout cela pour un nom de famille ? Y’a-t-il réellement besoin de me perturber si profondément, de démolir toute paix naissante, pour un nom de famille ? Mes lèvres se tordent. Je ne tremble plus. Maudîtes soient MacCruimein et sa luminosité si fugace, si fragile ! Son intensité prête à servir d’arme tranchante. Qu’elle soit blessée ne devrait pas être ainsi forcé à ma conscience. Je n’ai pas à partager son ressenti. Il est sien. Me le voir imposé entraine une envie irrépressible de hurler, qui éclot sous mes côtes et irradie mes entrailles. La rage monte, pour être brisée aussitôt par mon regard naïf. Prête à lui lancer ma sincérité au visage, à lui faire avaler mon propre inconfort comme elle me fait subir le sien, j’ai baissé ma garde. Laissé mes yeux dévier vers son visage. Au fond de son regard, je ne trouve plus l’intensité décontenançante dont la profondeur m’a tant troublée. Une profondeur toute autre y est discernable, un vide qui s’empare de mon propre regard perdu. Je ne sais pas ce qui se dessine au sein de ce gouffre, mais je sais que je déteste cela. Impossible de ne pas le comparer avec la sensation bien distincte de rencontrer sa joie, il y a une éternité de cela, ou peut-être juste quelques fractions de seconde. Ce que j’observe dans ces yeux là me tord l’estomac et ravive la tension de mes muscles. Sa luminosité désormais disparue, elle, m’alpaguait d’une façon aussi troublante qu’agréable. *C’était beau*, réalisation involontaire quant au rayonnement qui illuminait son visage. Avant qu’elle ne devienne si susceptible. Avant que je ne dise n’importe quoi. Avant qu’elle ne dise, “je hais ça”, mots résonnant étrangement. Vacillant à la frontière du “je te hais”.

Malgré mon envie brûlante de me détourner, je ne parviens pas à arracher mon regard du sien.

« D’accord, je souffle. J’suis– habituée. Aux noms d’famille. Mais– d’accord. »

Aussi proche d’une excuse qu’elle parviendra à extirper de moi. Je blâme toujours sa susceptibilité manifeste. Je suis prête à l’aider, je dépasse mon propre inconfort et tente de confronter son imprévisibilité, pour elle, et elle se décide à briser cela si brusquement ?

Idiote que je suis, je lui tends ma main droite. L’autre est affairée à me maintenir debout, à soutenir mon poids grâce à la canne, tandis que cette main-là semble décidée à agir indépendamment et à œuvrer vers un potentiel effondrement. Je déteste le contact, et pourtant je le propose. Peut-être est-ce que MacCruimein m’a bien heurtée sans nécessité d’établir un quelconque lien physique ; dans son intensité, ce que je perçois comme sa joie et sa douleur sont aussi efficaces qu’un coup. Face à cela, je suis impuissante. Ébranlée. Une main tendue renferme alors davantage une réconciliation en puissance qu’une potentielle vulnérabilité.

« Viens ? »

Idiote que je suis, à vouloir effacer de ses traits ce qui les crispe actuellement, tout cela pour retrouver les remerciements dans sa voix et la joie dans son regard.


Oh, j’adore Hallie ! Je ne me lasserai jamais de te le dire, visiblement. C’est qu’écrire Iphis face à elle est particulièrement intéressant. Elle est si troublée.

premier cycle
solit[air]e

08 mars 2024, 00:48
 PV  Accalmie florale
Perdue dans les abysses de ses pensées, Hallie fixait le sol en pierre de la serre de botanique, le focus de ses yeux se perdant peu à peu tandis que son cœur se gelait dans sa poitrine. Des échos. Des flashs. Des voix. Chacune d'entre elles la traversa aussi violemment qu'une lance la transportant quelques années plus tôt, dans la cour de l'école primaire. L'histoire avait débuté par une amitié, qui par la suite, s'était transformée en une animosité malveillante. Un sourire échangé, un prêt de compas avait suffi à entamer leur histoire. « Attends-moi j'arrive ! » « Moi plus tard j'me vois businessman, imagine on gagne plein d'argent ensemble ! » « Pourquoi tu boudes MC ? »

La remarque portée par Iphis s'infiltra doucement dans son esprit sans qu'elle ait le temps de traiter l'information. Elle revit son ami, souriant, qui l'attendait aux recoins de ses pensées. Sans même son consentement, le petit garçon contrôlait les images que Hallie voyait, projetés les unes après les autres, et ne durant que quelques secondes. Des brefs instants de vie. Dans l'un, le garçon jouait aux calots en compétition avec les élèves de l'école, dans un second, il se tenait penché en avant et se disputait avec deux filles à propos de la corde à sauter géante. Il était là, partout dans ses pensées.


C'est lorsqu'elle remarqua un faible mouvement dans le monde réel que ses yeux firent la remise au point. C'était une Iphis accablée et visiblement en colère qui lui tendait la main, signe d'une tentative d'expiation. La rouquine n'avait pas entièrement compris ce que lui avait dit Iphis, ne retenant de son intervention qu'une notion d'habitude. Son regard incertain soutenait les siens, ses iris d'un marron funèbre semblaient brûler avec ardeur pour une raison que la petite ne déchiffrait pas. Elle observait la main d'Iphis avec méfiance, comme si elle craignait qu'en la saisissant, elle ne fasse ressurgir les démons du passé avec encore plus de force. Chaque fibre de son être paraissait protester contre ce geste simple, mais chargé de significations complexes. Pardonner aussi simplement que cela n'était pas dans la personnalité de la marmotte, cependant Hallie se trouvait dans un état second trop important pour laisser la mauvaise foi l'emporter. Ses mains tremblaient légèrement, hésitantes à accepter cette connexion fragile entre deux êtres tourmentés par leurs propres démons intérieurs. Objectivement, les deux filles se trouvaient dans un cadre rêvé, féérique : la douce odeur des plantes flottait dans l'air, mêlée d'une énergie magique, constituant une ambiance apaisante qui contrastait avec l'agitation intérieure de Hallie. Saisir cette main signifiait accepter la douleur, accepter un passé blessant, et accepter de commencer à tourner la page. La main tendue d'Iphis oscillait devant elle, comme un pont fragile entre le passé et le présent, entre la douleur et la guérison.

Le regard de Hallie ayant quelque peu retrouvé son éclat, elle restait hésitante devant l'offre de sa camarade, et se mua dans un silence profond pendant de longues secondes. Clignement d'yeux. Main tendue. Atterrissage manqué. Elle avait tranché et puisé dans son faible courage de l'instant pour se saisir de la manche d'Iphis, à mi-chemin du pardon, comme si elle voulait lui faire comprendre qu'il lui était difficile de « venir » après cela. Avec légèrement plus de détermination, elle déplaça sa main du bas de la manche en direction de celle d'Iphis, effleurant chaque parcelle de sa peau, jusqu'à s'en saisir fermement, empêchant toute échappatoire à la petite fille si elle tentait de s'échapper.

Blessée, elle bégaya premièrement, avant de trouver un ton plus stable, toutefois hésitant. « Hm... Je sais pas... D'a-d'abord... J-J'ai besoin que tu m'le jure, que plus jamais, tu m'appeleras comme ça. » Elle marqua une courte pause avant de reprendre.
« Je m'appelle Hallie. » déclara-t-elle courageusement. « Si tu peux faire ça, alors, tout s'ra réparé et...P'tête qu'on pourra aller s'entraîner. »

Fares avait maintenant prit le rôle de figurant, regardant les personnages principaux créer le film qui se déroulait sous ses yeux. Ce dernier avait surgi pour la première fois depuis quelques années à présent, et la petite espérait de tout cœur qu'il ne reprendrait pas le contrôle, quand même bien ce souhait était illusoire.




Clarification : Hallie n'a pas d'alter, ni de TDI. Ce sont simplement des personnes de sa vie liés à des traumas qui se manifestent dans ses pensées.

Grosse fatigue, il se peut qu'il y ait beaucoup de fautes d'orthographe et que les formulations ne soient pas les plus belles. Cependant, je ne voulais pas attendre trop longtemps sinon je risque à tout moment d'abandonner le RP.

14 mars 2024, 23:56
 PV  Accalmie florale
Ce soir, je te présente : une gosse complètement perdue ! (Encore plus que dans les posts précédents, ça ne s’arrange vraiment pas...)

Comme je me sens démunie, face à cette fille. Elle arbore son malaise sans honte, sans dissimulation. Ses émotions me heurtent, emplissent l’air et tentent de s’immiscer dans mes poumons. Que je ne puisse les déchiffrer avec précision ne m’empêche pas d’être empoisonnée par ces sentiments étrangers. Et malgré cela, malgré l’air irrespirable, malgré qu’elle envahisse tout et me dérobe mon souffle, je me plie sous les assauts de sa différence, et lui offre une trêve. D’un mot, je tente d’effacer les douleurs tissées entre nous. D’un mot, j’invite à avancer, à rompre l’inconfort. D’un mot, je me persuade que je peux dissiper cette soudaine atmosphère qui m’entrave, ce trouble palpable qui s’inscrit autant sur ses traits que dans l’air qui nous sépare. Remplacer cet état qui me fait horreur par le rayonnement qui la caractérisait quelques instants plus tôt. Je n’ai pourtant jamais été douée pour susciter des sourires. Sous mes mots et mes gestes éclosent facilement la rage et l’incompréhension, ou encore le jugement de la Foule. À cela je suis accoutumée, jamais plus surprise par ce que me renvoient les inconnus. Seulement, cette fille-ci est pourvue d’émotions changeantes, qui refusent d’être ignorées. Après avoir connu sa joie, il est étrangement difficile de supporter sa douleur. Le trouble qui me saisit est différent des souffrances entrainées par mes confrontations avec la Foule, où chaque pas est douleur, où chaque mot est tranchant. Plutôt que l’incompréhension cuisante qui s’emparait de moi lors des rares passages à l’école, ou même lors de mes temps au centre, je ressens aujourd’hui une peine aux teintes étranges. Il m’est complexe de m’appréhender, quand je m’étouffe déjà sur les sensations d’une autre. Je sais simplement que j’aimerais, contre toute attente, retrouver la Hallie MacCruimein avec qui j’échangeais plus tôt. Et je sais également que mes tentatives paraissent vaines. Ce que dit son visage, je ne peux le comprendre, mais ce silence figé n’a rien de l’enthousiasme qui a pu émaner d’elle.

Son emprise soudaine me prend par surprise, ma manche agrippée entre ses doigts. Ma respiration se fait incertaine, et je sens mes doigts trembler. Figée, incapable de me mouvoir, je ne peux que subir la situation. Mes membres échappent à mon contrôle. Toute entière dévorée par l’appréhension, je réalise que cette fille me fait peur. Si brusque, si authentique. Sa présence engloutit l’air autour d’elle. Elle n’est pas contenue dans les limites de son être, tant ses émotions débordent. Cette honnêteté pure du corps, envahissant l’atmosphère et s’imposant aux sens d’autrui, m’est inconnue. Je connais les débordements, dans la violence et l’horreur, le dégoût qui accompagne toute démonstration. Me déverser dans le monde est une expérience douloureuse, une faille qui s’ouvre et au creux de laquelle peut pénétrer ce qui m’est étranger. Je ne suis visible à la Foule que dans mes explosions les plus redoutées, ces instants de souffrance pure ne pouvant être dissimulée. Quand les frontières entre mon monde et le monde s’évanouissent, ce ne peut qu’être synonyme de douleur. Autrement, une distinction claire est établie. Si mes sensations se gravent sur mes traits, si mes gestes laissent transparaître la moindre de mes pensées, nul ne peut les déchiffrer pour autant. Seuls les membres de mon foyer connaissent le langage de mon monde. Mais cette fille, je n’ai pas besoin de la comprendre pour être frappée par ce qu’elle ressent. Je déteste cela. Ça me terrifie.

Elle me terrifie.

Mon cœur manque un battement, comprenant l’effleurement avant que mes pensées ne rattrapent le mouvement. Sans en être consciente, je retiens ma respiration. À l’instant où la prise se fait ferme, j’achève enfin de comprendre son acte. Mon offre acceptée. Ou peut-être pas — ses propos m’atteignent, et je suis si pétrifiée qu’il m’est difficile de saisir le sens imprégnant les syllabes. Enfermée en moi-même, ou plutôt, enfermée dans ce toucher soudain. J’ai beau l’avoir initié, c’était une impulsion folle, de celles auxquelles je ne cède habituellement pas. Impossible désormais de me détacher de ce contact franche. Impossible de m’échapper. Du bout des lèvres, je tente de balbutier une réponse, tout en décryptant ses paroles en simultané.

« J’ferai de mon mieux, » soufflé tout bas. Oh, je hais les promesses. C’est ce que cette fille attend de moi. Mais j’ai appris le caractère sacré des promesses si jeune, et offrir ma parole à une inconnue est inimaginable. Invraisemblable. D’autant plus une promesse comme celle-ci, tant l’incertitude m’envahit. Puis-je seulement repousser son nom de famille dans un coin de mon esprit, et ne jamais le laisser franchir mes lèvres ? Non — ce n’est pas la seule chose qu’elle me demande. « J’aime pas les prénoms, » une confession à peine murmurée. *Mais j’aime pas quand elle est comme ça*. Ma voix me semble si distante. Si tremblante. « Mais c’est promis... Hallie. »

Son prénom prononcé par mes soins me semble horrifiant. S’il est agréable dans sa bouche, il est étranger dans la mienne. Mon visage est sans nul doute déformé d’une grimace d’hésitation. Je vais à l’encontre de tant de mes instincts. Une proposition d’aide, une main tendue, une promesse, un prénom. Elle ne s’en rend pas compte, bien sûr. Mais moi, je le sais. Et j’en ai peur. Mon comportement transgresse mes habitudes. Cette serre vient d’accueillir tant de limites repoussées. Une mise en danger de mon identité, de mes certitudes.
Je me deviens incompréhensible. Ce que je fais, ce que je dis, défie ma cohérence. Inimaginable et invraisemblable — comme Hallie MacCruimein.
La peur m’envahit, mais je ne peux regretter ma promesse, et je ne peux m’enfuir. Toute mon attention demeure concentrée dans cet étrange contact qui perdure. Là où je fuis toute possibilité de rencontrer la peau des êtres composant la Foule, même brièvement, je me retrouve ici prisonnière de ma propre initiative irréfléchie. Ma respiration continue son cours irrégulier, et je suis perdue dans cette tornade de sensations inhabituelles. Le poids de la promesse. La proximité.
Sa main dans ma main.
Par Artemis, je ne sais plus réfléchir — mes pensées tournoient follement.

premier cycle
solit[air]e

23 mars 2024, 19:13
 PV  Accalmie florale
Les paroles d'Iphis arrivèrent comme un soin sur la plaie, qui avait été laissée à nu pendant quelques instants. Hallie avait espéré qu'elle comprenne, après tant d'insistance, et visiblement, ses appels avaient été entendus, et sa promesse conclue. Cette personne s'engageait à respecter ces paroles. Plus de MacCruimein qui tiennent. C'est dans un certain soulagement qu'elle expira un petit soupir, adressant un timide sourire à la brune. « Merci. J'préfère. »

Il y avait un malaise palpable entre les deux nouvelles connaissances, et aucune d'entre elles ne savait comment y remédier. Tantôt perçant, le regard de Hallie était devenu fuyant, tentant de lui donner un peu de temps pour déchiffrer ce qui allait s'ensuivre. Les mots de sa camarade ne suffisaient pas à la guérir entièrement. Une vague de souvenirs blessants l'avait frappé, et elle devait à présent faire le tri, tenter de se reconnecter à la réalité. Elle resta quelques secondes silencieuse, ne pouvant s'empêcher d'exprimer son mal-être en tirant la moue. « J'ai b'soin d'un peu d'temps j'crois » marmonna-t-elle sous sa moustache, boudeuse. Peut-être qu'un peu de conversation entre les deux feraient lever l'incommodité. Désireuse d'en apprendre plus sur cette fameuse Iphis, la petite fille s'asseya et hésita d'abord à la questionner. De quoi avait-elle peur ? De quoi voulait-elle parler ? En un instant, elle s'était transformée d'une fille enjouée et extravertie, en une enfant qui ne savait plus faire avec les autres. Quelles questions poser ? Dans ces moments-là, Hallie ne savait pas trop que faire. Être seule était habituellement sa solution ; les troubles étaient oubliés les jours qui suivaient, ainsi que la bonne humeur. Cependant, la rouquine ne se voyait pas tellement lui dire quelque chose comme « à la revoyure ! » ou simplement partir alors qu'elle s'était excusée platement en honorant sa promesse. Après tout, Iphis l'avait appelé Hallie.
« Um, tu t'appelles Iphis. Mis-à-part ça, je ne sais pas grand-chose de toi. T'aimes faire quoi ? » balbutia Hallie sans pour autant s'ouvrir émotionnellement.

30 mars 2024, 15:21
 PV  Accalmie florale
Du temps, j’en ai besoin également. Un temps infini pour me remettre de cette fille incompréhensible dont les émotions changeantes semblent si bouleversantes. « D’accord. Tu me diras quand tu seras prête à t’entrainer, » est murmuré doucement. Le calme que j’avais déniché ici a été brisé mille fois, m’ébranlant jusque dans mes entrailles. Je n’en veux même pas à MacCrui– *Hallie*. Mon attitude est celle que je questionne, perdue quant à la facilité avec laquelle je me laisse être perturbée par une presque inconnue. Imitant son geste, je m’assois à mon tour. Ma canne trouve sa place sur le sol, mais mon sac ne quitte pas mon épaule. Une distance adéquate est maintenue, sans pour autant qu’une froideur particulière ne transparaisse dans un éloignement trop marqué. Plutôt que d’adopter de nouveau le rythme réconfortant de mes balancements, je trouve cette fois un certain apaisement dans des mouvements rythmiques des doigts. Un instant à les tordre jusqu’à calmer mes pensées folles, ma respiration perdant de son irrégularité. S’ensuivent des tapotements rythmiques d’un doigt à l’autre, non plus teintés de terreur mais toujours emplis d’une certaine angoisse instable. Des coups d’œil brefs sont jetés prudemment dans la direction de la fille. Pour une raison inconnue, je ne peux faire abstraction de sa présence. Impossible de l’ignorer le temps de me recentrer et de reconstruire les fondations de mon calme qui ont été si brutalement démolies. Impossible également de l’observer de façon franche, tant je me trouve démunie face à cet être imprévisible.

Je saisis sa question avec soulagement. Si la raison sous-jacente — en apprendre davantage sur moi — me déstabilise lorsque j’y songe trop longtemps, ses paroles demandent une réponse que je suis en capacité de fournir. Malgré mon envie de protester face au prénom solitaire, je me tais. *Iphis Diotimē*, rassurante répétition mentale tournant en boucle dans mes pensées pour quelques instants. Mon appartenance familière est cruciale pour moi, une ancre dans ce monde envahi par la Foule. Je me refuse pourtant ce besoin de corriger quelqu’un qui, de toute évidence, n’est pas à l’aise face aux noms de famille. Comme il est rare que le malaise d’un autre être prévale sur le mien, que j’accorde suffisamment d’importance aux états d’âme d’une inconnue ! Mais l’idée qu’elle puisse de nouveau retomber dans cet état incompréhensible de panique est inenvisageable. La froideur qu’elle maintient me glace encore, alors même que je partage cette distance ; sur elle, cette attitude semble terriblement inadéquate. Cela sonne faux, contrairement à la joie qui était aussi perturbante qu’agréable à observer. Devant un tel bouleversement de sa personne, je tente d’offrir un peu de moi-même, dans l’espoir de voir ressurgir la fille qui me parlait plus tôt.

« J’aime lire, dessiner, écrire... Apprendre des langues, faire des recherches. Être dehors, regarder les plantes, et grimper aux arbres — même si je n’peux pas faire ça ici, » je débite la liste d’activités d’une voix un peu trop monotone, cherchant les faits. Elle a demandé ce que j’aimais faire, et non ce que j’aimais de façon générale, sans quoi la réponse aurait été davantage passionnée. Mais j’hésite encore à me révéler face à cette personnalité insaisissable. L’envie d’approfondir mon honnête demeure cependant. « Enfin, j’aime surtout faire tout ça chez moi et en forêt. N’importe où, mais loin de la foule et de ce Château. » Ma mention du Château est imprégnée de mes ressentis quant à cette pierre étouffante. Foutu Château, αναθεματισμένε κάστρο. J’hausse un peu les épaules, incertaine de la qualité de ma réponse. Qu’attend-elle de moi ?

« Et toi ?, j’ose. Ce que tu faisais tout à l’heure, ça ressemblait à de la cartographie, je crois ? »

premier cycle
solit[air]e

11 avr. 2024, 02:51
 PV  Accalmie florale
Les étranges mouvements de la camarade lui firent froncer les sourcils, et son regard oscilla. Décidément, il y avait quelque chose qui n'était pas normal, outre la situation quelque peu malaisante dans laquelle elles se trouvaient. Tout reviendrait en ordre éventuellement, il fallait simplement que quelques instants se passe. Quand il y a conflit, rare sont les enfants ou les adultes qui pardonnent au moment des faits. Beaucoup ont besoin de ce temps pour que la blessure se referme quelque peu. Se refusant à ce qu'une personne utilise son nom de famille pour la qualifier, Hallie perdura quelques instants dans une étrange combinaison de froid, tout en tirant la moue. Elle qui croyait que tout ça était derrière elle.

Lorsqu'Iphis eut finalement terminé avec son agitation, elle prit enfin la parole, ce qui sembla une éternité pour Hallie qui attendait une réponse qui ne venait pas. Avoir des informations sur les gens la rassurait. Cela permettait d'enlever la sensation désagréable de ne pas savoir à qui l'on a affaire, de pouvoir commencer à tisser des liens, ne pas se trouver dans un sentiment de malaise. La scène faisait peine à voir : deux filles de première année, assise l'une à côté de l'autre, sans qu'aucune des deux ne sachent réellement que dire.
Les paroles d'Iphis effleurèrent le silence, doucement, comme une plume touchant le sol. À mesure qu'elle parlait, la petite poufsouffle retrouvât un certain intérêt pour elle, une sorte d'excitation perdue dans la blessure. Les deux compères possédaient quelques points communs : malgré ses douleurs dorsales, Hallie vivait pour crapahuter dans les forêts locales d'Aviemore, les redécouvrant à chaque passage. Elle n'avait jamais vraiment envisagé l'escalade des arbres avec appréhension, jusqu'à ce que ses parents, Duncan et Lyubov, ne lui aient fortement déconseillé de le faire, évoquant les risques de blessures graves. Cependant, elle avait récemment bravé ses craintes en tentant de grimper à un petit arbre dans l'enceinte de Poudlard. Une fois le petit sommet atteint, à sa grande surprise, l'expérience s'était révélée non seulement sans danger mais aussi incroyablement amusante. Voir le paysage après avoir fait un effort, et le tout sur un support naturel, non orné de béton ou de pierre, lui procurait une joie simple.

« Moi aussi ! », s'exclama-t-elle avec un petit sourire certain. « J'adore dessiner, et grimper aux arbres. Plus généralement, faire beaucoup de sport, c'est une grande passion. J'adore aussi la lecture, mais ça doit être sur des sujets qu' j'aime parc'que sinon c'est juste une plaie. » Elle eut un peu d'embarras à se confesser sur ce sujet, car son comportement paradoxal en avait fait réfléchir plus d'un. Elle détestait tout environnement d'étude, et évitait la bibliothèque comme la peste, mais possédait une collection de livres d'occasion chez ses parents. Plusieurs personnes lui avaient fait remarquer, et sa réponse avait ordinaire été « Ouais mais c'est différent ». Elle ne s'était pas tant attardée sur les raisons pour lesquelles elle ressentait ça comme une corvée. Un certain confort commençait à s'installait chez Hallie à mesure qu'elles discutaient, et elle put se détendre un petit peu. Regardant sa camarade, elle répondit à la perche qui lui avait été tendue, fière de pouvoir se pavaner devant une camarade du même âge. « Oui ! J'ai commencé très très tôt mais j'suis toujours nulle parce que j'comprends pas tout. C'est super compliqué comme sujet un truc d'adulte, commenta-t-elle gênée. Quand j'étais p'tite, j'ai trouvé des espèces de gribouillis chez mes grands-parents dans le grenier. En fait c'était des cartes. De quoi ? Je sais plus mais ça m'a intéressé, et me voilà ! J'travaille sur la création de ma propre carte de la réserve naturelle de ma ville. T'veux voir ? ». Elle ramassa ses affaires laissées à l'abandon sur le côté, et ouvrit son carnet, et ses multiples parchemins pour lui montrer toutes ses illustrations : certaines étaient précises, et tracées à la règles pour définir les zones et terrain à respecter, accompagnés des noms de chaque espèce, tandis que l'on pouvait apercevoir de part et d'autres des brouillons d'arbres et de fleurs sur le carnet. Ses talents artistiques n'avaient rien exceptionnels pour une enfant de onze ans, mais on pouvait tout de même discerner les traits principaux de chaque espèce. Les bouleaux se distinguaient largement des saules, les whitebeams des buissons, et les indémodables épicéas de Sitka étaient ornés de petits pins à la cime de l'arbre.

Elle lui expliqua comment cela lui avait pris des années avant de comprendre réellement ce que la cartographie impliquait, et comment avant, elle trouvait simplement ça drôle de tracer des traits précis en mimiquant un travail minutieux. « J'adore ça ! J'espère pouvoir la finir dans quelques années. Це буде моя перша офіційна карта! » lui déclara-t-elle quelque peu excitée.


@Iphis Diotimē enfin j'ai réussi à te répondre. Je me suis calé dans les pires horaires niveau santé mais c'est bon !! :laugh: