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25 mars 2024, 18:03
La métamorphose des sentiments
LA MÉTAMORPHOSE DES SENTIMENTS
Salle de Métamorphose - 5ème étage
Mardi 16 février
En fin de matinée
Ernest était toujours très assidu en classe de métamorphose. Ou en tout cas, il l’était devenu à mesure que les semaines passaient. La pratique de cette matière occupait la majeure partie de son temps libre, pas parce que c’était sa préférée - entre les cours de Miss Priddy et ceux de Miss Crane, il n’avait pas encore réussi à choisir -, mais parce qu’il n’y avait aucune limite potentielle. Les possibilités et les perspectives étaient infinies et chaque métamorphose était différente. Un terrain de jeu inespéré pour l’apprenti sorcier curieux qu’il était. Aussi, quand Miss Crane annonça une évaluation surprise en début de cours, ses sentiments furent partagés. Le petit brun était plutôt confiant sur ses capacités. Si ses métamorphoses n’étaient jamais tout à fait parfaites, il ne ratait jamais complètement non plus. Même avec les nouveaux sortilèges. Et là, on ne leur demandait rien de neuf mais une métamorphose qu’ils travaillaient depuis plusieurs mois déjà. Pas de quoi fouetter un fléreur. Enfin un lapin, en l'occurrence.

Le faire passer devant tout le monde comme ça, sans prévenir, ça restait néanmoins une grosse pression pour l’adolescent. C’était également arroser la graine de l’égo qui commençait à germer en lui. C’était une sacrée marque de confiance de la part de sa professeur que de le choisir comme exemple, mais aussi un poids colossal sur ses épaules. Mais quand même, une sacré marque de confiance. Dont il ne pouvait que s’enorgueillir. Ce qui n’était pourtant pas vraiment son genre.
Et puis le passage à l’acte.
Un désastre. Une sinistre tragédie. Une calamité. Le drame… Une métamorphose nulle. Archi nulle ! Un raté qui l’avait laissé sans voix et les joues plus rouges encore que lorsque son regard avait subrepticement glissé le long de la nuque de sa professeur et peut-être un peu plus au sud qu’il ne l’aurait voulu. Penaud et pétri de honte, le garçon avait rejoint sa place, la tête baissée sur ses chaussures sans oser croiser le moindre regard. Surtout pas le sien.

C’était la honte. La grosse honte, même. La honte suprême. Pire que la honte si c’était possible. La tête enfouie dans ses bras, le Serpentard avait passé le reste de l’heure à ruminer son échec. Tel un automate, il avait continué à prendre des notes en pilote automatique mais son esprit était ailleurs. Ernest se rejouait la scène, encore et encore, tentant de trouver une explication rationnelle à cette soudaine perte de moyens. De s’expliquer pourquoi il avait eu les mains moites soudain. Pourquoi au moment de se concentrer sur la visualisation du sort, tout ce à quoi il avait pu penser était cette odeur caractéristique qu’il savait être la sienne et qui prenait tout l’espace autour de lui et dans sa tête aussi.

À la fin du cours, il décida néanmoins de prendre son courage à deux mains et de se traîner jusqu’au bureau de sa professeur. Le petit brun sentait le besoin impérieux de s’expliquer. Cela dit, il ne cherchait pas d’excuses. Il s’était loupé et il en assumait l’entière responsabilité. Mais quand même, il voulait qu’elle sache.

“Hum… Miss Crane… je… j’voulais… ‘fin… j’tenais à vous présenter mes excuses… à cause de… ‘fin… pour ma piètre performance…”

Ça lui arrachait les lèvres de le reconnaître. Et dans un coin un peu reculé de sa tête, il entendait une petite voix lui susurrer des paroles absurdes : “C’était sa faute à elle, aussi… est-ce qu’elle avait vraiment besoin de se pencher comme ça, juste devant toi… et aussi près… de te les mettre juste sous le nez…” Mettre quoi au juste ? Ses joues s’échauffèrent une nouvelle fois et l’adolescent continuait de balbutier ses excuses en tentant de chasser ce petit génie maléfique qui se cachait dans un coin de son esprit.

“Et… euhm… vous dire aussi que… ‘fin… j’prends pas vos cours à la légère…”

Ernest continuait de tripoter nerveusement les boutons de son uniforme tout en fixant l’encrier posé sur le bureau. La regarder, c’était trop difficile. Respirer aussi, ça devenait une épreuve de force. Dans le flot tumultueux de ses pensées, l’adolescent se remémora la remarque du Professeur Charleston. Cette histoire de cœur qui fait boum. Lui, ce n’était plus son cœur qui faisait boum mais tout son corps. Plus vers le myocarde que se dirigeait son sang mais dans ses tempes, dans les paumes de ses mains, le bout de ses doigts ou encore d’autres extrémités insoupçonnées.

“Et… j’vous promet que j’vais redoubler d’efforts et… “

Il fallait que ça s'arrête. C’était impossible. Ça n’avait aucun sens. L’objet de son affection, c’était Eileen. S’il devait avoir un jour une amoureuse, ce serait elle. C’était à elle qu’il pensait sur le chemin des cours, lorsqu’il lisait un livre ou se posait des questions sans réponse. À elle qu’il se confiait plus facilement qu’aux autres. Elle qui le réconfortait d’un mot et dont les sourires étaient comme les caresses des rayons du soleil sur son visage. Elle qu’il guettait dans les couloirs à la sortie des cours, dans les serres ou dans la zone de SaCM.

“‘Fin…. je… j’vous décevrais plus… et... euhm... j'ferais n'importe quoi pour me racheter... 'fin j'veux dire... j'vais tout faire pour être à la hauteur, quoi...”

Parce qu’il l’admirait indéniablement. De la même acabit que sa mère, Miss Crane était charismatique, puissante. Légèrement autoritaire aussi. Ce qu’il éprouvait pour elle, c’était principalement du respect. Ça n’avait rien à voir avec de quelconques sentiments ou de l’affection. De toute façon, c’était une adulte. Ils ne vivaient pas vraiment dans le même monde. Néanmoins, elle déclenchait chez lui quelque chose qu’il ne comprenait pas. Pas encore. Le début d’une réaction en chaîne faite de chimie et d'hormones qui allait bientôt signer sa lente chute dans la spirale infernale de l’adolescence.
@Selah Crane

2ème année RP 48-49 / 13 ans / FICHE PR / Discord : erneststevens
"Figure-toi, Ernest, que l'amour est comme un gâteau." Sigmund Charleston