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17 févr. 2024, 01:51
 PV  Ce qui me glace d’effroi


MARDI 2 FÉVRIER 2049, 13h45
[29e Γᾰμηλῐῶνος, Ol.706-4]
Devant le bureau du professeur Charleston
Iphis, 1ère année, 12 ans


« Vas-y, » souffle mon frère. Sa main pèse sur mon épaule, et je suis tournée toute entière vers cet unique point de contact. Ancre me liant de force à mon corps. Un rappel à l’existence, m’empêchant de sombrer dans les profondeurs de mes pensées et d’abandonner le monde qui m’entoure. Le monde qui me terrifie. Mon frère connaît son rôle. Il comprend les vagues de néant qui traversent mon regard, et se penche vers moi pour m’engloutir de ses bras. Si je vacille sous les assauts du monde, Eyphah se fait l’entièreté de mon monde. Son étreinte me protège des angoisses dévorantes, des attaques sensorielles. Il me serre comme si notre vie en dépendait, et peut-être est-ce le cas, tant je me sens au bord du gouffre depuis hier.

Lorsqu’il me lâche, c’est en douceur que ses bras s’écartent de moi, et il ne s’éloigne pas. Debout juste devant moi, il demeure, en pilier. Ses yeux ne me quittent pas, une offre muette d’un refuge immatériel et pourtant bien réel. Je maintiens son regard un instant plus longtemps que je ne le peux habituellement, puis détourne les yeux. Acquiescement d’un signe de tête ; j’accepte ton secours, Eyphah, et j’accepte ton ordre.
« Ça va bien se passer, Charleston est gentil. » Haussement d’épaules. La gentillesse de mon professeur n’est pas à remettre en question. Je la constate chaque semaine. Gentillesse n’est pourtant pas synonyme de laxisme, tant bien même celle de Charleston est teintée d’indulgence me laissant souvent perplexe. Je n’ai pas d’explications à offrir, malgré ce que mon frère aimerait me faire croire. Nul besoin d’une tolérance excessive de la part du professeur, nul besoin de compréhension sans borne qui m’exempterait de tout reproche. « Je vais juste m’excuser et le laisser me punir, tu sais, » je murmure. À cela, les sourcils de mon frère se froncent, creusant des sillons d’inquiétude dans la plaine frontale. Un léger son d’agacement lui échappe, puis il ouvre son sac de cours et fouille dedans. Entre parchemins et manuels, il se saisit d’une pochette bourrée de papier— dont des feuilles d’un blanc typique du monde non-magique, comme je le remarque immédiatement—, et me fourre le dossier dans les mains. Je saisis celui-ci, à défaut de le laisser choir au sol, ce qui disperserait tous les documents. Un haussement de sourcil se joue sur mon visage, inscrivant une moue perplexe sur mes traits alors même qu’une compréhension amère m’envahit. Un coup d’œil à la pochette confirme. Mon dossier médical. *Comme si j’en avais besoin*, je grimace, pensées tourbillonnantes de frustration, *comme si ça excusait d’pas respecter le règlement*. Lancer le dossier au sol serait un geste enfantin et inutile, qui prouverait à mon frère que je suis susceptible à propos de mes troubles, chose que je ne suis pas, ou que j’adopte une attitude d’évitement face à mes handicaps, chose que je ne fais pas. J’ouvre donc un pan de ma cape sombre et y range les feuilles, décidée à ne pas les utiliser.
Mon visage est vidé de toute expression lorsque je le tourne de nouveau vers mon frère, et j’incline doucement la tête. Il est temps. Lui doit se rendre en cours de Soins aux Créatures Magiques. Et moi, je dois de mon plein gré faire face aux horreurs-erreurs de la veille. Me présenter devant Charleston, oscillante d’incertitudes après l’épisode d’hier, ne peut qu’être mieux que d’attendre qu’il me convoque. Je l’ai vu m’observer de loin, au repas de ce midi. Il a remarqué mon absence au dernier cours, bien sûr. Sûrement a-t-il été prévenu que j’étais également introuvable lors de mon cours de métamorphose. Il est inutile de retarder l’inévitable. Jamais je n’ai été quelqu’un évitant ses fautes. Mes erreurs, je peux les confronter. Cela ne signifie pas cependant que la tâche m’est aisée. Eyphah s’éloigne, et je m’approche du bureau. Étrange miroir : à cette heure-ci, les mardis, je me trouve habituellement à la bibliothèque. Hier, au même horaire, j'étais réfugiée au fin fond des rayonnages, au lieu de me trouver devant les serres. Inversement des habitudes, routine bouleversée se devant d’être corrigée.

Le cœur battant si fort que je craindrais presque qu’il ne fissure mes côtes si je ne savais que tout cela n’est qu’une illusion forgée par mon anxiété, je frappe à la porte du bureau. Trois coups fermes. En attendant une réponse, je déporte tout mon poids sur ma canne, tentant d’oublier à quel point mon corps est douloureux, après toutes ces heures d’immobilité du jour précédent.
*J’suis terrifiée*, je réalise. D’élève modèle à enfant distraite et manquant deux cours. Ce n’est pas que mes résultats m’importent, mais j’ai réussi si longtemps à me tenir à l’écart des confrontations. À devenir invisible tant mon comportement était impeccable.
De toute évidence, je ne pouvais passer pour parfaite bien longtemps. Ceci est la preuve implacable de mon échec.


@Sigmund Charleston

premier cycle
solit[air]e

04 mars 2024, 17:33
 PV  Ce qui me glace d’effroi
Du travail, Poudlard apportait toujours son lot de travail ! Il aimait bien faire des trucs, Sigmund, ça l'aidait à se sentir important et utile. Mais ces derniers jours, ce n'était pas la quantité de tâches qui manquait : il peinait à sortir la tête de l'eau. Déjà qu'il se sentait de plus en plus dépassé avec les élèves de Gryffondor qui n'en faisaient qu'à leur tête - il fallait également prévoir de corriger des copies, et arroser et entretenir des plantes, et honorer tous ses rendez-vous ! S'il commençait à prendre la mauvaise habitude de multiplier les devoirs en classe afin de ne pas avoir à préparer certains cours, il peinait à suivre le rythme derrière quand il s'agissait d'assumer les piles de copies en attente de correction. Professeur n'était définitivement pas un métier aussi simple que lui racontait sa voisine. En plus, avec tous ces marmots à surveiller, il ne voyait quasiment jamais son époux.

Mais ces effroyables constats n'entachaient pas en ce jour sa bonne humeur. Quand trois coups furent portés à la porte de son bureau, une petite vague d'excitation bien familière lui réchauffa le cœur : malgré la fatigue, il lui plaisait toujours autant de recevoir de la compagnie.

La porte s'ouvrit sur une élève de sa maison, Iphis Diotimē. Iphis n'était pas une enfant désagréable ni trop compliquée à canaliser, mais elle donnait du fil à retordre à l'enseignait qui se sentait malgré lui responsable de son bien-être - et Merlin, cette enfant allait rarement bien. La voir à la porte de son bureau ne le surprit guère : la veille, il n'avait pas eu la jeune fille en classe et avait reçu l'information qu'elle n'était venue à aucun de ses cours. S'il avait d'abord craint pour sa santé et s'était précipité vers Ruby et Diarmuid en quête de nouvelles, il avait toutefois été rassuré de l'apercevoir bien vivante au dîner le soir. Peut-être était-ce à ce sujet qu'elle venait à lui ? Le Directeur de Gryffondor jeta un bref regard à sa montre avant d'indiquer vivement le fauteuil derrière lui.

« Iphis ma grande, assis-toi cinq minutes. » lui dit-il en s'écartant pour la laisser manœuvrer tranquillement avec sa canne. Et il allait falloir qu'elle se pointe au troisième étage quinze minutes plus tard... la pauvre enfant allait devoir galoper. Merlin non ! Sarah divisait ses classes par maisons, l'information lui revenait tout juste. Ils étaient sauvés et allaient même pouvoir prendre le thé et faire un jeu de société ! « Tout va comme tu veux ? Tu n'es pas venue en classe hier... fripouille ! »

#783f04 - DDM de Poufsouffle à partir de mars 2049 - Tutoyez-moi !

04 mars 2024, 20:12
 PV  Ce qui me glace d’effroi
La gentillesse de Charleston est bien connue. Je l’ai constatée immédiatement, comme tous les autres élèves. Des bruits courent dans la Foule, tant il est simple de créer des rumeurs à propos des individus étranges. Même MacCruimein l’appelle “le prof chelou.” Certains tentent d’abuser de sa tolérance, d’autres en rient. Pour ma part, lorsque la porte s’ouvre sur un professeur aussi aimable que toujours, je réagis de la seule façon envisageable, suivant l’unique réaction que son comportement déclenche en moi depuis le début de l’année : mes pensées se brouillent et mon esprit se fige. J’obéis avec un temps de retard, balbutiant un « Bonjour monsieur » tout en m’asseyant. Mon regard est fixé au sol, mais j’observe Charleston du coin de l’œil. Des mois à suivre son cours, des mois à le voir entre les serres et la tour, et je ne parviens pas à m’acclimater à cet adulte. Une aura incompréhensible émane de l’homme, cette gentillesse qui me laisse perplexe. Quelque part, il me rappelle Maman. Mais j’ai appris à déchiffrer Jude, à interpréter ses gestes et la douceur qui l’enveloppe sans cesse. Charleston, lui, est imprévisible. Face à lui, mes pensées tournoient en une litanie désespérée de *j’le comprends pas, j’comprends pas du tout*, particulièrement perturbante. Malgré tout, son cours est un de ceux qui me tiennent à cœur, chose rare dans cet atroce Château. Et la méfiance qui m’envahit, l’inconfort dû à son comportement, ne m’empêchent pas d’être soulagée qu’il s’occupe de l’antre des rouges et ors. Aussi imprévisible soit-il, sa bienveillance semble infaillible.

Pourtant, je ne partage pas les jugements hâtifs de la Foule. Bienveillance ne signifie pas naïveté, et Charleston demeure professeur. Le règlement est sérieux, comme le sont toutes les règles, même celles qui m’exaspèrent ou celles qui me restreignent. Amer et étouffant qu’il soit, je m’efforce de respecter le règlement. Avec succès, jusqu’à mon échec d’hier. Et quel échec. À la mention de mon absence, je suis prise d’un léger tremblement. Son seul commentaire me laisse perturbée, persuadée qu’il va ajouter quelque chose, mais seul le silence règne. Plantant mes ongles dans ma paume, je m’intime de relever les yeux. Mon regard s’arrache au sol pour se poser sur le professeur. Pas dans les yeux, mais quelque part vers le visage. Je ne souhaite pas le fuir. Le Château me donne des envies incessantes de fuite auxquelles je ne peux céder. Je refuse d’esquiver les conséquences directes de mes actions.


« Oui. J’étais aussi absente en cours de Métamorphoses, » j’indique d’un ton calme. Autant aligner les faits, il est probable qu’il en soit déjà informé. Sinon, il n’aurait pas tardé à l’être. « D’où ma présence actuelle. Je tenais à vous présenter mes excuses. »

Que dire ? Monsieur, ce Château fait ressortir les pires aspects de mon être. Les troubles, la violence, la rage, les difficultés, tout remonte depuis que je suis entre ces murs. Je perds tous mes repères, j’apprends à être quelqu’un que je ne souhaite pas être. Jamais je n’aurais manqué un cours volontairement, et pourtant je viens de le faire. Ce Château me paralyse. Je ne me reconnais plus. Tout ce que j’ai soigneusement construit pour vivre de façon authentique s’effondre, je retrouve des monstres de mon enfance, de ceux que j’avais repoussé aux limites de la conscience. De ceux que je tentais d’oublier. À quel point je suis inadéquate, à quel point je suis anormale. Comme le monde me fait souffrir, comme je ne peux me fondre dans la masse. Je suis désolée de ne pas être venue à votre cours, j’étais occupée par l’aboutissement de l’effondrement psychique qui me guette depuis mon entrée ici. Ce Château me donne l’impression d’être un échec absolu, d’être égarée. Tout est brisé, à commencer par moi, et ce n’est en rien une excuse convenable pour ne pas assister à mon second cours préféré. Cette matière, je l’estime, elle me calme, elle m’apaise. Mais hier, rien ne pouvait m’apaiser. Je ne pouvais que subir. Me subir.

« Je n’ai pas de bonne raison pour justifier mon absence, admission du bout des lèvres, tentant de lutter contre ma voix qui souhaite se briser. J’étais juste... Je ne pouvais pas... Enfin, je n’étais pas très bien. J’en suis désolée. »

premier cycle
solit[air]e

23 mars 2024, 18:40
 PV  Ce qui me glace d’effroi
« Bien. » approuva un Sigmund satisfait. Derrière ses lunettes rondes, il suivait les mouvements de l'adolescente. Son sourire s'élargit quand il la vit bien assise dans ce qu'il espérait être l'un des plus confortables fauteuils du château. À coup sûr, si elle ressentait la moindre douleur dans ses jambes, c'était désormais envolé dans les coussins de plumes et la mousse ferme des accoudoirs. Elle l'informa des raisons de sa venue. Pas surpris pour une noise, le professeur hocha simplement la tête. Iphis était une enfant sérieuse, et même si elle semblait aussi fragile qu'une brindille jetée dans une tornade, son Directeur de Maison savait qu'elle se donnait beaucoup en classe et pour ses études de manière générale. Si plusieurs enfants de Godric occupaient régulièrement son esprit de fait de leur attitude ou de leurs résultats scolaires, Iphis n'en avait jamais fait partie. Il s'en inquiétait, comme pour tous ces enfants, mais c'était plutôt les larges cernes sous ses yeux et l'usage d'une canne qui étaient au cœur de son souci.

Et, elle ne lui apprenait rien. Évidemment, il savait déjà qu'elle n'avait assisté à aucun cours de la journée et c'était bien la raison pour laquelle lui aussi avait prévu s'entretenir avec elle. « Ça arrive de se sentir pas bien. Ne te bile pas pour ça. » marmonna-t-il avec un sourire affable. « Allez ! » enjoua-t-il en lui donnant une franche tape dans l'épaule. Était-ce son imagination ou avait-il entendu un crac ? Pas de feu dans la cheminée, pourtant, pour la raison très simple que la pièce ne disposait justement pas de cheminée. Le service à thé s'éleva magiquement dans les airs et alors que deux tasses atterrissaient sur la petite table entre les deux sorciers, la théière siffla doucement avant de les servir. Cette merveille était définitivement un excellent investissement. Il l'avait achetée sur un coup de tête après avoir vu une promotion dans son magazine favori et ne l'avait pas regrettée un instant. Pour lui qui prenait toujours le thé avec ses invités, c'était une aubaine de ne pas avoir à se fatiguer. Parlant fatigue, était-ce une des raisons pour lesquelles la jeune fille s'était abstenue de classe ? Dormait-elle au moins assez ?

« Je t'excuserai auprès de Miss Crane » promit-il avec un sourire. « Mais dis-moi, puis-je faire autre chose pour toi, crevette ? Tu sais que tu peux te rendre à l'infirmerie quand tu en as besoin. » Car il savait que ce n'avait pas été le cas la veille. Et en l'absence d'un passage à l'infirmerie, une absence était toujours plus compliquée à justifier. Ça, c'était une évidence qu'il n'énonça pas à voix haute. « Où as-tu passé ta journée, hier ? Dans ton dortoir ? »

#783f04 - DDM de Poufsouffle à partir de mars 2049 - Tutoyez-moi !

25 mars 2024, 22:44
 PV  Ce qui me glace d’effroi
Sentir les mots m’échapper est terrifiant. La sensation n’est pas inhabituelle, mais demeure douloureuse face aux adultes. Je ne peux me soustraire à cette conversation, je l’ai initiée pour détenir une once de contrôle sur son déroulement. Heureusement, une fois l’excuse murmurée, je peux garder le silence quelques instants, mon regard de nouveau fixé sur le sol. Plutôt que les remontrances affables auxquelles je m’attendais, Charleston m’offre des paroles tout aussi vides mais paraissant se vouloir compréhensives. Je me bats contre mes sourcils pour les empêcher de se froncer, refusant de me montrer aussi déstabilisée que je ne me sens. Ma présence dans cette pièce est inadéquate, directement liée à une erreur que je souhaiterais faire disparaître. Réécrire le temps pour instaurer un monde où parler, bouger et travailler ne se révèlent jamais impossibles. L’adulte peut parler autant qu’il le veut, mais ses propos sont cette fois dénués de pertinence. Ces choses-ci ne devraient pas arriver, ne peuvent être écartées d’un revers de main et oubliées comme si elles étaient insignifiantes. Pourtant, ni lui ni le reste de la Foule ne peut comprendre cela sans avoir accès à mes perceptions, qui leur sont justement interdites. Je me mure donc dans un silence temporaire, incapable de trouver une quelconque réponse que je pourrais formuler.

Son coup me fait sursauter, et je ne peux cette fois dissimuler la grimace qui envahit mon visage. Distraite par la diffusion soudaine d’une douleur aiguë, je ne peux même pas être saisie par l’horreur face à ce contact inattendu. Le craquement est audible. Vaguement, je réalise qu’il s’agissait plus d’une tape qu’autre chose, mais mon corps ne semble pas avoir assimilé ceci : tout indique la probabilité d’une nouvelle subluxation. N’ayant aucune envie de découvrir si mon épaule est ou non déboitée, je reste figée dans une immobilité prudente. Proie à une incompréhension grandissante, c’est un regard incertain que je dépose sur le professeur. Dont l’imprévisibilité est sans frontières : voilà maintenant un surnom, si étrange qu’il m’arrache toute possibilité de verbalisation pour quelques secondes.
*Comment ça, crevette ?*. Un inconfort aux racines multiples s’installe en moi ; seule ma famille utilise des surnoms pour moi, celui-ci ne possède aucune cohérence, le contexte ne se prête en rien à cela, le tout entrelacé avec une sensation sous-jacente que je ne peux interpréter. Être familière avec les surnoms qu’il emploie afin de désigner l’ensemble des élèves, plus particulièrement ceux de la maison, ne m’avait pas préparée à être la cible individuelle d’une de ces inventions. Pour l’heure, je laisse mes pensées se concentrer sur le reste de ses paroles. L’offre est plus surprenante qu’elle ne devrait l’être. Davantage même que le surnom. Un gouffre immense se creuse entre élèves et adultes, ici — en plus des barrières me séparant de la Foule. Qu’un professeur, qui devrait simplement me réprimander pour mon absence et peut-être me dire qu’il compte sur moi pour ne pas recommencer, prenne le temps de formuler cette question... Mon buste débute un mouvement de balancement, et je hausse les épaules. Impossible de savoir s’il s’agit de ces questions polies énoncées par des individus qui n’ont aucune intention d’apporter une quelconque aide. Sans doute pas. Charleston est Charleston, fidèle à lui-même. Il reste plus simple de débuter par ses dernières interrogations, qui ne réclament qu’une réponse factuelle.

« Bibliothèque. Euh, je veux dire– Je suis allée à la bibliothèque avant les cours, et j’– je n’arrivais pas à bouger ensuite. Ou à parler. Sinon j’aurais demandé à aller à l’infirmerie, » je souffle. Semi-mensonge, car je doute que je me serais rendue à l’infirmerie si j’avais été maître de mes mouvements. J’aurais certainement souffert en cours, incarcérée dans ma propre chair et incapable d’esquisser une quelconque pensée cohérente. Luttant contre la possibilité d’être absente, jusqu’à ce que le monde me l’impose si cruellement. Mes balancements se font plus marqués. « J’ai juste des... » — *crises incompréhensibles, accès d’incapacité, implosions idiotes, vagues d’Horreur...* — « ... moments comme ça. C’est plus difficile depuis que je suis au Château. »

Fuir son regard est instinctif, et la tasse de thé représente une ancre bienvenue. Je la saisis de la main qui n’est pas rattachée à mon épaule démolie, et en avale une petite gorgée. Pourvu qu’il ne me croit pas folle, ou incapable, comme le pensent tant d’autres dont l’opinion importe peu. Lui a un rôle important, les professeurs ne peuvent être ignorés aussi aisément que le reste de la Foule. Et puis, j’aime tant ses cours. Révéler ainsi une faiblesse n’était pas la raison de ma venue, mais il semble davantage prêt à m’écouter qu’à me punir. Je ne sais que faire de cette réalisation.

premier cycle
solit[air]e

11 avr. 2024, 18:35
 PV  Ce qui me glace d’effroi
À la bibliothèque. C'était un endroit assez inhabituel pour se réfugier en cas de souci de santé, mais le directeur de Gryffondor n'en était pas étonné pour autant. Il s'agissait après tout d'Iphis Diotimē, une enfant studieuse comme Merlin en faisait peu : elle aurait pu lui dire qu'elle avait passé sa journée à rédiger ses devoirs qu'il n'aurait pas plus réagi. Cependant, s'il y avait bien un point plus surprenant, c'était la raison pour laquelle elle n'avait pas quitté les lieux. Sigmund peinait à comprendre pour quelles raisons on pouvait ne pas réussir à bouger - et encore moins parler, surtout quand il y avait tant à dire. Il était d'autant plus étonnant - admettons, si l'enfant avait été immobilisée au sol, que personne ne soit intervenu. Il y avait toujours un petit troupeau d'élèves à la bibliothèque mais surtout, Owen veillait au grain.

Aussi dubitatif qu'il était, ça lui faisait bien mal au cœur de remettre en doute les paroles de l'enfant. Ce n'était pas comme ça qu'on les soutenait, les ados, d'après le magazine de psychologie auquel il s'était abonné l'année précédente.

« Ces moments, comme tu dis, » reprit-il, désireux de comprendre, « est-ce en lien avec, tu sais... » C'était délicat, comment lui faire comprendre sans la rendre nerveuse ou malheureuse ? D'un discret petit mouvement de tête, il indiqua du menton puis d'un regard insistant l'aide à la mobilité de l'enfant. « Tu sais bien. Ça, là... ta, ta... » C'était quand même un drôle de mot - et un objet bien étrange pour une jeune fille de son âge ! De fait, ça l'intimidait beaucoup et il se sentait comme un Éruptif déguisé en Veaudelune : brutal, tout en marchant sur des œufs et en n'osant pas exprimer ses mots. « Euh, la canne que tu utilises.. c'est à cause de ça, que tu ne pouvais pas bouger ? Tu dormais à ta table, du coup ? » Parce que, par terre, quelqu'un l'aurait forcément vue. Avait-elle piqué un somme toute la journée ? Il n'y avait après tout qu'en dormant qu'on ne bougeait ou ne parlait pas. Ou en étant mort, sinon. Ça l'inquiétait un peu, cette histoire, et il avait bien envie de mettre ça au clair. S'il avait une bonne connaissance du dossier de la jeune adolescente, il n'en demeurait pas moins totalement ignorant sur la nature exacte de ses pathologies et de leurs répercussions sur son corps. Non, il l'avait simplement étiquetée handicapée et avait projeté sur elle l'attitude et les difficultés qui selon lui devaient coller à sa condition. De fait, il se montrait bien perdu quand on commençait à sortir de son script...

#783f04 - DDM de Poufsouffle à partir de mars 2049 - Tutoyez-moi !