Le voyage se finissait sur une belle note quoique je m'eusse juré de ne plus prendre le Poudlard Express depuis l'incident avec les Lignées. Néanmoins, il me fallait d'apprendre à contrôler cet atroce souvenir et de garder la sécurité des élèves à des attentes élevées.

Alors que je prévenais les derniers élèves qu'il était temps de sortir du train afin qu'ils puissent retrouver leurs proches, je me rappelai que je pouvais traîner quand je me trouvais en compagnie de Sara, Hector ou même Soizig quand j'étais pas plus jeune qu'eux. Pourtant, maintenant, la famille semblait se présenter comme le point prioritaire à ma vie ; surtout après l'avoir retrouvée, mais pas plus que l'enseignement. Cependant, cela n'allait pas être dit en leur présence.

— Allez, messieurs, mesdames, il est temps de prendre votre envol pour retrouver vos nids.

Lançant un ou deux faislamalle pour accélérer le procédure et faire comprendre qu'action signifiait réaction, je finis par me diriger vers la porte de sortie avec un léger sourire, l'air londonien me procurait une certaine jouvence avant de penser que je rentrerai seul au domicile de mes parents, mais ce n'eut qu'une vague illusion quand je cru percevoir une voix d'enfant à peine formée déclarer des mots dont j'étais impatient d'en entendre la sonorité.

— PAYIEN ! PAYIEN !
— Oui, Lance' par-ici !

Eh bien, quand il fallait y aller, fallait y aller.

— Oui, j'arrive !

Le lionceau quitta son groupe d'amis après leur avoir souhaité à tous de joyeuses vacances. Heureux comme tout, il traina sa lourde valise derrière lui. L'objet robuste ayant appartenu à ses parents affichait une forme étrange. Les coutures tendues avaient pourtant survécus à toutes ses années ainsi qu'à ce dernier voyage dans le Poudlard Express. Espérons qu'elles continueront ainsi.

Traversant la foule, le petit tenta d’apercevoir ses parents sur le quai. Il chercha des yeux un homme barbu ou bien une femme au chapeau de sorcière à larges bords. Il chercha aussi son frère qui voyageait quelques wagons plus loin. Au fur et à mesure que les élèves descendaient du train, la foule sur le quai se densifiait au point que le première année ne put voir qu'une rangée de hanches et d'épaules. Il s'excusa à quelques reprises lorsqu'il dû poussé des gens pour passer lui et sa valise.

Alors que le petit commençait à paniquer dans cette mer de familles qu'il ne connaissait pas, il entendit soudainement son nom. Le bruit autour de lui l’empêcha de reconnaître l'auteur de cet appel, pourtant, il n'hésita pas et fendit la foule dans sa direction. Tête baissée pour éviter les coups de coudes, il percuta finalement quelqu'un. On l'avait bien appelé par ici. Trop hâtif, le garçon s'exclama :

- Papa ?! Euh...

Devant lui, ce n'était certainement pas son père. Pourtant, c'était bien de par ici que venait l'appel. On l'avait bien appelé, n'est-ce pas ?

Me voilà ! Lance se cogne contre qui tu veux Toi, ou quelqu'un d'autre. Vu que je ne connais pas les PNJ je peux pas dire.

Tandis que j’arrivasse près de ma sœur et de Caélia afin de leur poser — à chacune — un baiser sur le front, je ressentis un choc provenant de l’arrière de mon corps ; les jeunes avaient parfois des difficultés à rester calmes lorsque les retrouvailles familiales étaient en jeu : un concept que je pouvais maîtriser parce que j’eusse été comme eux par le passé. Me retournant, je ne pus que réprimer un certain sourire, l’étudiant qui m’avait percuté se présentait comme étant Lance Blacksword.

Lance… Lance… Lancelot.

La stupéfaction soudaine me fit secouer la tête, je comprenais bien mieux la situation dans laquelle je me gisais en cet instant ; il avait suivi la voix de ma sœur parce qu’elle avait usé de mon diminutif, son prénom. Pourquoi est-ce que cela me tombait dessus ?
Je tendis, dès lors, la main pour le relever avant de l’épousseter à hauteur d’épaules dans un premier temps.

— Allez-vous bien, Mister Blacksword ?
— Lance', fais doucement quand tu l’essuies, tu le mets en état de choc. Non, mais Lancelot, tu m’écoutes ‽

Sa voix me parut lointaine alors que je continuais de dépoussiérer les vêtements de l’élève et que j’analysais la moindre présence de blessure ; tant qu’il ne retournait pas près de son clan, Poudlard en demeurait toujours responsable, tout comme les employés de l’établissement, ce que j’étais. Je m’assurais donc de sa santé avant toute chose.

— Je ne pense pas qu’il soit dans un tel état, il est juste dans un moment de surprise. Est-ce que vous avez besoin d’aide pour que nous vous raccompagnions à votre famille ?

Tel un lapin pris entre les phares de ce que les moldus appellent une voiture, Lance resta un moment les yeux écarquillés, observant le professeur comme s'il était un fantôme. Il faut dire que le prénom Lance reste peu répandu en Angleterre même s'il existe quelques noms connus. Jamais il n'avait croisée d'enfant de son âge portant le même nom, ni d'adulte d'ailleurs. Enfin jusqu'à aujourd'hui, il crut.
Reculant d'un pas pour apprécier la scène, le garçon sortit de la portée de son presque-homonyme. Il faut dire, sa tenue était parfaitement propre désormais. Presque plus qu’auparavant. Confus devant les membres d'une famille qui n'était pas la sienne et il annonça un évident :

- T'es pas mon père...

Oubliant la politesse du vouvoiement, le lionceau perdit rapidement les habitudes de Poudlard. Jamais à l'école, il n'a pu entendre le prénom des professeur. C'était toujours Miss.Machin, Monsieur.Truc même si parfois ils imaginaient que le nom de M.Pearce était Bob ou bien Schartzmugel !

Digérant lentement, le petit connecta les informations entre elles. M.O'Lake ? Lancelot ? Fouillant dans sa très faible culture littéraire, une image d'une illustration de livre d'enfant arriva dans son esprit. Un chevalier aux couleurs pastels brandissant une baguette dans la main gauche et une épée dans la droite. Reprenant ses esprits et ses bonnes manières, il finit par demander avec énergie :

- Vous êtes chevalier ?!!

L'état de sidération de Lance se prolongea de manière étonnante, me plaçant dans une situation quelque peu délicate. En effet, je ne parvenais aucunement ─ sur le moment ─ à en discerner la cause. Cependant, je ne lui en tenais nullement rigueur, car sa réaction était compréhensible ; j'aurai même agi de manière identique si un tel événement s'était produit à mon époque. Néanmoins, son retour à la réalité me parut d'une soudaineté saisissante.

Il est indéniable que je n'étais pas son père, cela me semblait clair et net, mais ses retrouvailles avec sa réalité me fit resurgir toutes les questions que l'on m'avait posées durant mes premières années en tant que bibliothécaire et professeur à Poudlard. Ô nostalgie, quand donc me laisseras-tu en paix ?

Tandis que je passais ma main sur mon visage pour tenter de refouler un rire nerveux, j'entendis le rire franc de ma sœur aînée, accompagné de celui de Caelia qui ─ bien que ne comprenant pas encore la situation ─ ne pouvait s'empêcher d'imiter les gestes de sa mère. D'ailleurs, c'était la première fois que Guenièvre se rendait compte que je n'avais jamais menti à ce sujet.

─ Malheureusement, je suis bien trop jeune pour avoir été celui d'Arthur ou pour avoir sacrifié mon honneur en me jetant dans une charrette pour sauver la reine Guenièvre. Oui, même pour toi, Guenièvre, je ne sauterai pas dans la charrette remplie d'Impardonnables, et cesse donc de rire ainsi, c'est déroutant.
─ Oh, non, c'est amusant de voir que tu ne mentais pas à ce sujet. Et abstiens-toi de m'appeler, tu risques de le perdre encore plus.

Je soupirai, accablé par cette situation à laquelle je devais faire face en présence d'un si grand monde. Cependant, je ne renonçai aucunement à l'idée de retrouver sa famille. Il était même impératif que je m'en acquitte, car je ne pouvais envisager de demeurer sur la voie 9^3/4 indéfiniment. Cela me rendait malade rien qu'en y pensant.

─ Eh bien, Monsieur Blacksword, avez-vous connaissance du lieu où vous deviez retrouver vos parents ? Je peux vous accompagner et leur présenterai des excuses pour votre retard, arguant que la responsabilité m'en incombe en partie, ce qui n'est d'ailleurs pas inexact. Sinon, permettez-moi de vous poser une autre question : pensiez-vous vraiment que j'étais un chevalier âgé de plus d'un millénaire ?