Peut-être que ce n'est pas le meilleur endroit pour trouver Dakota, je le conçois. La chercher dans le couloir, ça revient à chercher un billywig dans la forêt interdite. Mais d'un autre côté, je ne l'ais pas vu en salle commune. J'ai un peu de temps avant mon premier cours de la journée, et après m'être renseigné, j'ai appris qu'elle aussi. Du coup, depuis un petit moment, je marche dans les couloirs du château à la recherche de la Gryffondor, avec, bien entendu, Glad' sur la tête. Dans ma main, se trouve la lettre que j'ai reçu pour la Saint Valentin. Je voulais vraiment trouvé la personne qui me l'avait écrite. Pas pour me moquer, au contraire, j'admire le courage dont elle a fait preuve, mais je ne voulais pas qu'une fille se fasse de fausses illusions.

Quand j'ai vu il y a quelques jours le petit mot de Dakota, mon cœur a raté un battement. Je m'étais empressé d'aller chercher la lettre pour comparer les écritures, et je ne m'étais pas trompé : c'était la même. Dakota est la personne qui m'a écrit pour la Saint Valentin.

J'ai pris du temps à l'aborder, car je me voyais mal lui parler simplement pour ça. Je veux dire, elle pourrait croire que je n'ai rien d'autre à lui dire, alors que c'est faux ! J'suis sûr qu'elle est super gentille. Je m'étais donc mis en tête de retrouver la pelote de laine de son chat. Et ça m'avait pris un certain temps. J'avais retourné toute la salle commune avant d'enfin mettre la main dessus. Maintenant que je l'avais, je pouvais me mettre à la recherche de Dakota.

Voilà comme je me suis retrouvé ici. Depuis le début de mes recherches, j'ai souvent cru trouver celle que je cherchais, mais à chaque fois que je m'approchais, c'était en fait quelqu'un d'autre. Mais je ne perds pas espoir pour autant.

Le regard alerte, mes yeux se posent sur une fille au cheveu blond de dos. Sans même chercher plus loin, je m'élance à sa rencontre. Dans le pire des cas, je m'excuse et je repars, qu'y a-t-il de si grave ?

- DAKOTA ! criai-je de peur que la fille ne m'échappe. Elle est quand même assez loin de moi, et le temps que j'arrive à elle, malgré mon entrainement de cheer qui m'a bien aidé, je risquais d'être trop juste et elle aurait pu disparaitre parmi les autres corps.

Ce matin-là, après le petit-déjeuner, Dakota était allée se balader dans le parc et s'était arrêtée au bord du lac pour s'entraîner aux quelques sortilèges qu'elle avait vus en cours dernièrement, mais aussi à ceux de quatrième année que sa sœur lui avait montrés. Après une bonne heure et demi à travailler Aleviari, Lumos Duo, Impervius, Pointe au Nord, Repulso et d'autres encore, elle rejoignit tranquillement le château, Indiana sur ses talons, dans l'idée de terminer un devoir avant son cours de Runes.

Elle sortit immédiatement de ses pensées sur la meilleure manière d'améliorer son Repulso lorsqu'elle entendit quelqu'un crier son prénom dans son dos. Elle se retourna, scrutant les élèves pour trouver qui pouvait bien la chercher au point de crier en plein milieu du couloir bondé. C'est alors qu'elle aperçut une chevelure brune en bataille. Son cœur loupa un battement, elle la reconnaîtrait entre mille. Awstin ? Awstin voulait lui parler ? Mais pourquoi au nom du ciel ? Elle ne voyait qu'une seule explication plausible et elle en fut comme pétrifiée.

Deux semaine après la Saint Valentin, elle avait pratiquement oublié cette histoire de lettre. Elle avait certes évité le Gryffon quelques temps et s'était simplement dit qu'il n'avait pas cherché à retrouver l'auteur de la déclaration. Et ça lui allait parfaitement. Elle s'était convaincue que ça n'avait été qu'une folie passagère due à l’effervescence de la Saint Valentin et elle ne pensait plus que rarement au garçon qui avait fait battre son cœur.

Mais ce retournement de situation était des plus inattendus. Avait-il cherché qui était à l'origine de la lettre depuis tout ce temps ? Venait-il lui en parler ? Des émotions contradictoires l'assaillaient et Indiana vint se blottir contre sa jambe, sentant que quelque chose n'allait pas. Elle réfléchissait à toute vitesse. Qu'allait-elle lui dire ? Que ce n'était pas elle ? Non, elle n'aimait pas mentir. Elle pensa un instant à ce que ça lui ferait si c'était réciproque. Son cœur se détendit un peu et se mit à irradier, c'était plutôt agréable, même si ce genre de sentiments étaient très nouveaux pour elle et qu'elle ne savait pas vers quelles terres inconnues cela pourrait l'emmener. Mais si ça ne l'était pas ? Elle se dit que ce n'était pas si grave, après tout elle n'y pensait déjà plus. Elle était quand même assez courageuse pour ne pas avoir peur de ses propres sentiments. L'amour était très loin d'être un élément central dans sa vie et elle s'en remettrait très bien.

Elle laissa le garçon arriver jusqu'à elle, ne réussissant pas à bouger ne serait-ce que le petit orteil. Allez Dakota, c'est peut-être complètement autre chose. Calme-toi. Fais comme si de rien était.
« Salut Awstin ! C'est toi qui m'a appelée ? » lui demanda-t-elle, parée de son habituel sourire, ne laissant pas paraître sa gêne.

J'ai du crier assez fort, car Dakota m'a entendu et vient de se retourner. Je lui fais un signe de main avec le sourire avant d'enfin arriver à son niveau.

- Oui, c'est moi ! J'voulais te parler d'un truc, mais avant...

Je commence à fouiller frénétiquement dans mes différentes poches à la recherche de l'objet de mes convoitises. Au bout de quelques secondes, je mets enfin la main sur une pelote de laine dorée et effilochée que je lève en l'air, comme si j'avais mis la main sur un trésor.

- Regarde ce que j'ai trouvé ! dis-je joyeusement. J'ai retourné la salle commune, mais tient !

Je lui tends l'objet, et quand elle l'a pris, je replonge ma main dans une de mes poches.

- Je voulais aussi voir avec toi, expliquai-je d'une voix beaucoup plus calme assez inattendu venant de moi. Est-ce que ça vient de toi ?

Je viens de sortir la lettre à l'encre violette que j'ai reçu pour la saint-valentin et la montre à Dakota. Et si c'est vraiment elle ? Oh, au fond de moi, je n'espère pas. En fait, j'aurais préféré que se soit une blague, je crois. Tout simplement car moi, je n'aime pas les filles, et je ne veux pas blesser Dakota, elle est vraiment adorable ! Pourtant, il y a pas de bonne façon de dire à quelqu'un qu'on ne l'aime pas, et ça me fait très mal de me dire que je vais devoir briser un cœur. Est ce qu'Alex a eu les mêmes pensées à mon égard quand je lui ais avoué mon amour ?

Un grand sourire illumina le visage de Dakota. Bien plus que d'avoir retrouvé la pelote d'Indiana, cette joie provenait du fait qu'Awstin n'était pas venu lui parler de sa lettre, mais qu'il était là pour une toute autre raison. Elle n'aurait pas à s'expliquer ou à se sentir gênée, quel soulagement. Elle saisit la pelote dorée qu'il lui tendait. « Oh, merci beaucoup ! Indiana va être trop content. » Elle se baissa pour lui tendre son jouet favori. La petite boule de poils grise et blanche l'attrapa joyeusement et se mit à lui mettre des coups de griffes et à la mordiller. « Tu vois ? Tu as fait un heureux. »

Mais le Gryffon n'en avait visiblement pas terminé. À peine s'était-elle relevée qu'il lui tendit un parchemin parsemé de lettres violettes bien trop reconnaissables. Il lui demanda le plus sérieusement du monde si ça venait d'elle. Son cœur se remit à battre la chamade et le rose lui monta aux joues. Elle ne chercha même pas à nier, l'écriture était exactement la même que celle du mot qu'elle avait épinglé au panneau d'affichage. Elle n'avait pas du tout pensé à ça. Elle se sentit bête. Mais elle se dit en même temps que ça aurait été tout aussi bête de devoir changer d'écriture à jamais simplement pour que le Gryffon ne la reconnaisse pas.

Cet épisode lui aurait au moins permis de découvrir qu'Awstin avait le sens de l'observation. « Euh... oui... c'est moi. » Cette fois, elle ne put cacher sa gêne. Le brun n'avait pas l'air emballé du tout à l'idée que la lettre vienne d'elle. Elle respira un grand coup et dû rassembler tout son courage pour ne pas s'enfuir dans l'instant. « Écoute, je suis désolée. Je crois que la Saint Valentin m'a un peu chamboulée cette année. » dit-elle avec un petit rire. Elle ne voulait surtout pas qu'il se sente obligé de répondre ni même de faire quoi que ce soit.

« Tu sais, si je n'ai pas signé, c'est que je ne voulais pas particulièrement que tu comprennes que c'était moi. Je veux dire, on ne se connaît pas du tout... Ça doit te paraître étrange. » Elle-même s'était souvent demandée pourquoi elle avait fini par poster cette lettre. « Tout ce que j'ai dit dans la lettre est vrai, mais comment dire... Comme je te l'ai écrit, ça n'a rien de très réel. J'ai bien eu des sentiments à ton égard, mais c'était un peu comme dans un rêve tu vois, puisqu'on ne s'était jamais vraiment parlé avant aujourd'hui. »

Elle espérait vraiment qu'il comprenne. Ce qu'elle avait ressenti était réel, mais pas basé sur quelque chose de très concret, peut-être un sourire, une odeur. C'est vrai qu'il représentait tout ce qu'elle pourrait aimer : la joie, la gentillesse. Il rayonnait. Mais elle doutait que ce soit vraiment suffisant.
« En tous cas ne t'inquiète pas, je n'attends vraiment rien de ta part, tu n'as même pas à me répondre quoi que ce soit. »