Inscription
Connexion

03 janv. 2024, 16:03
 France   solo  L'héritage de Brennus
Juin 2048
France, Domaine Sangblanc


D’un pas sur le côté, Thomas évita le sort de Père. Il tourna sur lui même pour expédier un deuxième, puis un troisième, mais chacun fut dévié. Il se précipita à genoux pour jeter un énième sortilege que Père esquiva avec aisance. Thomas en profita pour transplaner, et réapparaître dans le dos de Père. Dans un sourire victorieux, il planta sa baguette dans les hanches de Dorian. « Cette fois, j’ai gagné. »
Dorian jeta une œillade amusée à son fils. « Qu'en dis-tu, Alice ? »

Assise contre le tronc d’un arbre, Alice leva le nez de son ouvrage. « Le transplanage en duel n’est pas réglementaire. Thomas a triché, une fois de plus. »

L’intéressé n’accorda qui geste agacé à sa sœur. Il rengaina sa baguette et s’écarta de Père. « Je n’ai pas triché », se défendit Thomas. « — J’ai usé de stratégie.
Stratégie non réglementaire. Si Père avait décidé d’utiliser le combat moldu, tu serais en ce moment au sol à geindre sur la stratégie qui aurait été adopté. Tu es un tricheur, admets-le.
Il n’y a pas de tricherie en combat, petite vipère. J’ose espérer que tu tricheras si un jour, quelqu’un s’en prenait à toi.
A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
Corneille n’a sans doute jamais eu à affronter Père. »

Dorian accueilli le compliment dans un sourire, avant de s’incliner, un bras replié sur son ventre. Son regard dévia sur sa jeune fille. « Veux-tu essayer la boxe anglaise ? »
Alice haussa un sourcil. Elle poussa un léger rire, avant de voir que la proposition de Père était sérieuse.
La boxe. Un sport de combat violent et sans élégance aucune, mais que Dorian Sangblanc avait appris auprès d’oncle Kenneth dans leurs jeunes années. C’était, disait-il, un avantage non négligeable dans son métier. Combien de fois avait-il été désarmé face à un mage noir ? Combien de fois avait-il été sauvé par un coup de poing bien placé ?
Alice se mit à réfléchir aux fois où il lui aurait été utile de connaître l’art du combat à main nue.
Inévitablement, elle repensa au bal des sorcières.
Alice avait brisé le masque de Harrison d’un coup de poing, mais elle n’avait su se défendre par la suite. Peut-être que si elle avait accepté d’apprendre la boxe auprès de Kenneth, jamais elle n’aurait été marquée à vie. Non, c’était une certitude.
Par la suite, Alice avait réussi à repousser Carry lorsqu’elle avait tenté de l’agresser une seconde fois. Sans utiliser ses poings, rien qu’avec ses dents. Rien de bien réglementaire.
Aussi désagréable soit cette aveu, Thomas avait raison. Parfois, tricher est primordial.

Alice reposa son livre à côté d’elle et se releva. Voyant cela, Père étira un merveilleux sourire, là où Thomas pouffa de rire. « Sérieusement ? Père… en un coup, vous la briserez en deux. Regardez la.
Il s’agit seulement d’une initiation. Tu es libre d’y participer, toi aussi.
Très peu pour moi. J’ai ma baguette. »

Thomas accompagna ses paroles d’un baiser sur son arme adorée. Il recula en voyant Alice approcher, ses doigts occupés à nouer ses cheveux en une queue de cheval. Dorian considéra son enfant avec tendresse. Voir Alice se prêter au jeu semblait être à son goût.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

03 janv. 2024, 17:46
 France   solo  L'héritage de Brennus
Père s’approcha d’Alice pour corriger sa posture. Du bout de son pied, il repoussa celui de son enfant. « Tes jambes sont trop écartées. Tes pieds doivent être au même niveau que tes épaules. Fléchis légèrement tes genoux. Cette position t’assurera plus de stabilité, et il sera difficile de te renverser. » Alice opina du chef, et corrigea sa posture. Père sourit, avant de s’écarter. Il se mit lui même en position, ses poings se levant. « Dans un combat de boxe anglaise, nous mettons les deux poings devant le visage. Les coups en dessous de la ceinture sont interdits. Les coups de pieds ou de genoux sont interdits. Seuls les coups au visage sont autorisés.
C’est affreusement barbare.
Serre tes poings. Les pouces à l’extérieur. Et garde les devant ton visage. Comme ceci. »
Alice imita son père. Que ses mains étaient petites à côté des siennes. En un coup, il pourrait expédier au sol n’importe qui. Alice, quant à elle… atteindrait-elle seulement le visage de Père ?
La jeune fille abaissa ses poings.

« Face à un adversaire d’une plus grande envergure que moi, ou avec votre carrure, je ne pourrai rien faire, n’est-ce pas ? »

Thomas, assis là où se trouvait précédemment Alice, applaudit. « Quelle perspicacité ! » Alice l’envoya paître d’un geste de la main.
Père abaissa ses poings à son tour pour considérer sa fille avec sérieux. « C’est exact. C’est pourquoi je vais te montrer également la boxe française. Je suis un peu rouillé, mais je vais faire de mon mieux. »

Le visage d’Alice s’éclaira d’un sourire. Elle se remit aussitôt en position. Décidément, son père était plein de ressource. « Oublions la boxe anglaise, et passons directement à la boxe française. »
Dorian rit avec douceur. « Tes vœux font loi. La posture reste la même. Reprends ta position, les coudes près du corps. » Père s’approcha. « Reste souple sur tes pieds. Légère. Comme lorsque tu danses. La boxe, ce n’est ni plus ni moins qu’une danse. Tu dois être prête à suivre les pas de ton adversaire. Ta mobilité est aussi importante que la force que tu mets dans chaque coup. Tu es fine, agile. Tu dois mettre cela à profit. » Père recula d’un bon pas. « Prends conscience de ton environnement. Il peut être un allié précieux autant qu’un ennemi redoutable. Ne le laisse pas te déconcentrer pour autant. Toute ton attention doit être portée sur ton adversaire. Dans son regard passera ses intentions. Reste toujours attentive, et tu seras en mesure de le devancer. »
Alice aimait ce conseil ci. Elle le mettait déjà en pratique tous les jours. Elle n’était certes pas aussi doué que Thomas, mais Alice le deviendrait.

Père adopta la position désirée. Alice corrigea sa posture, se calquant sur celle de Dorian. Père sourit, opinant du chef pour féliciter Alice. Son coeur se gonfla de joie. « Qui vous a enseigné la boxe française ? » demanda t-elle. Père sourit, énigmatique. « J’avais un bon ami né sans-pouvoir à Beauxbâtons… un tantinet porté sur la bagarre. Les Dieux seuls savent pourquoi je me suis toujours accointé d’amis belliqueux. »
Alice se garda de lui dire que les opposés s’attirent et se contenta de sourire. « Trêve de bavardage à présent. Montrez moi. »

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

03 janv. 2024, 23:10
 France   solo  L'héritage de Brennus
Alice retomba sur les fesses. Moins humiliée qu’endolorie, elle frotta énergiquement son poing. Le choc contre le radius de Père avait été peut-être trop violent. Une seconde d’inquiétude fut une seconde d’inattention. Son poing desserré, sa garde baissée, et, de son pied, Père avait repoussé Alice en arrière.
Pour la énième fois, Thomas applaudit avant de siffler entre ses doigts. Alice lui jeta un regard mauvais.
Père s’accroupît devant sa fille. « Es-tu capable de me dire quelles ont été tes erreurs ? » Alice serra la mâchoire, agacée d’entendre encore une fois cette question.
« — J’ai baissé ma garde. 
Pas seulement.
Je ne sais pas, moi… mes appuis étaient mauvais ? J’ai frappé trop fort ?
Frappé trop fort ? répéta Thomas. Un chaton causerait plus de dégât que toi.
La paix ! »

Dorian tendit sa main pour récupérer celle de sa fille. Il la caressa avec lenteur. « Tu frappes sans réfléchir, sans prendre le temps d’analyser mon comportement. »
Alice roula des yeux. Elle extirpa son poing d’entre les doigts de Père et se releva. Sous le regard interloqué de Dorian, Alice rejoignit l’arbre où était adossé son frère. Elle récupéra son ouvrage, et rejoignit d’un bon pas le domaine. Au diable le Soleil.
Dans son dos, Alice entendit Thomas dire à Père qu’elle était vexée. Non, Alice n’était pas vexée. Elle était agacée. Et de toutes façons, une sorcière de sa trempe n’avait pas à se battre avec ses poings. Sa baguette devait suffire.


Plongée dans son bain, Alice regardait les volutes de vapeur se métamorphoser en dragons. Du bout de son pied, elle invita l’un d’entre eux à se poser. Il se déposa sur ses orteils, et laissa couler ses grandes ailes le long de sa peau éburnéenne
Non, Alice n’était pas vexée. Seulement emmouscaillée par le comportement de Thomas. Par ses taquineries, par sa présence horripilante, il l’avait déconcentrée. Alice n’aurait pas été jetée au sol si il avait été absent. Elle aurait réussi à esquiver les assauts minorés de Père. Alice avait suffisamment expérimenté les esquives lors de ses cours de duel. Elle était brillante. Une véritable duelliste en devenir. Alice était tout à fait capable de parer ou d’esquiver un misérable coup de pied.
Lentement, Alice s’enfonça dans son bain jusqu’au nez, ses sourcils froncés de mécontentement. Non, elle n’était pas vexée.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

12 janv. 2024, 16:01
 France   solo  L'héritage de Brennus
« Poings serrés, pieds… pieds dans l’alignement des épaules ? Légers… comme si je dansais… Oh, ne me regarde pas comme cela. Je sais que j’ai l’air parfaitement ridicule. »

Depuis son perchoir, Althéa oscillait sa tête de droite à gauche en observant sa maîtresse. Il était vrai qu’Alice Sangblanc n’était jamais apparue aussi peu… Alice Sangblanc.
Enfilée dans un vieux t-shirt de sport ayant appartenu à oncle Kenneth et un pantalon moldu nommé « jogging » offert par Imogen, occupée à parler seule tout en envoyant des coups misérables dans un ennemi invisible, Alice était loin de l’image qu’on lui demandait de renvoyer chaque jour. Mais, dans sa chambre, Alice était seule. Et de toutes façons, tant qu’elle ne jetait pas de regard vers ses miroirs, cette scène grotesque n’existait pas vraiment.

Alice s’approcha de sa chouette pour la gratifier d’une caresse sur sa tête. La chouette referma ses yeux noirs, accueillant avec bonheur les ongles de sa maîtresse dans son plumages. « Se battre comme les Moldus… vraiment, quelle drôle d’idée. Kenneth est un sang-mêlé, je peux donc comprendre. Mais Père ? Pourquoi diable s’embarrasser de ce genre de savoir ? »

Alice ne parvenait pas à comprendre. Père disait que c’était une garantie, un vœu de ne jamais perdre le moindre combat face à un Mage Noir. Mais un Mage Noir écraserait Père sans sa baguette… non ? Aucun coup de poing, aussi puissant soit-il, ne parviendrait à arrêter un sortilège interdit.

La sorcière se pencha à sa fenêtre ouverte. Une légère brise soufflait dans les sapins. La chaleur était pesante en ce mois de juin, aussi était-ce agréable de profiter de chaque murmure du vent.
Alice serait volontiers rester à végéter sur son lit, mais l’indolence ne faisait aucunement partie de ses valeurs. Et, même si la vision d’une elfe de maison agacée se pliant à ses quatre volontés était satisfaisante, Alice s’y refusait. Les vacances scolaires commençaient à peine, il fallait en profiter pour s’affairer à des activités constructives.

Alice se tourna vers son miroir pour lui faire face. Un véritable sac à pomme de terre. Elle pivota sur le côté, pinça son t-shirt et le releva au dessus de ses hanches. D’une main, elle caressa leur rondeur indésirable. Léonie avait raison : Alice grossissait. Faute à la puberté, disait-elle. Ou bien, à une consommation exagérée de sucrerie. Quoi qu’il en soit, il fallait les faire disparaître au plus vite.

Alors qu’elle s’apprêtait à quitter le domaine, un rire fit sursauter Alice. Elle se tourna alors et vit avec horreur que tous les membres n’étaient pas occupés à leurs affaires comme elle le pensait.
Thomas avait quitté le confort du petit salon pour surprendre sa petite sœur.
Ce fut d’un œil goguenard qu’il toisa Alice, passant de ses pieds vêtus de petites chaussures moldues au t-shirt de Kenneth. Il pouffa de rire une seconde fois lorsqu’il revint au jogging d’Alice.

« — Laisse moi deviner… une camarade organise un bal costumé.
Ta prévisibilité frise le ridicule. Je vais courir.
Après le bon goût et le sens du style, c’est cela ?
Et voilà, le ridicule vient d’être atteint. Bon après midi, Thomas. »

Alice franchit le seuil de la porte, et parti aussitôt en petite foulée. Direction la forêt et sa fraîcheur bienvenue.


•••


Alice suait à grosses gouttes. Par Circée, mais quelle idée d’aller courir en plein Été ! Nath était inconscient. Le Moldu lui vantait sans cesse les mérites du footing. Plus d’une fois, il l’avait invité à le rejoindre. Mais, bien évidemment, Alice refusait, craignant de s’exposer toute dégoulinante de sueur. Nath étant en vacances chez sa Grand-Mère, il ne la verrait pas dans cet état, et c’était tant mieux.
Avachie contre le tronc d’un sapin, Alice reprenait difficilement sa respiration. Non, le footing n’était définitivement pas pour elle. C’était un sport de Moldu, pas un sport de sorcière de son rang.
Alice laissa couler ses doigts le long de ses hanches. Un grognement agacé remonta le long de sa gorge. Il était hors de question de laisser cela. Alice trouverait quelque chose de moins… moldu pour se faire.
Mais, d’ici là…

Enragée par ses courbes, Alice se releva d’une traite et s’élança à nouveau sur le chemin de terre.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

17 janv. 2024, 23:10
 France   solo  L'héritage de Brennus
Ses rêves de sportive néophytes sous le bras, Alice quitta la forêt d’un pas recru de fatigue. La sorcière suait, elle qui exécrait cela. Elle ahanait comme le ferait un cheval après des heures de course sans repos. De l’eau. Vite. De l’eau, et une longue douche glacée.

Assis sur le perron du domaine, caché du soleil par l’allongement du doigt, Thomas observait d’un œil amusé sa jeune sœur s’avancer en trainant les pieds. Il croqua dans sa poire juteuse.
Tout, mais pas ses moqueries.
Alice leva sa main vers lui pour lui édicter sans mot son refus de toute raillerie. Thomas sourit avec plus d’effronterie qu’à l’accoutumée.

« Courir. Quelle drôle d’idée. Laisse donc cela aux Sans-Pouvoir et leur équivalent sorcier. Toi, petite vipère, tu es une Sang-Pur… enfin, de toutes évidences, on ne t’y reprendra plus. Désires-tu une poire ? »

Quelle naïveté de penser que Thomas était capable de se taire…
Enfin à sa hauteur, Alice récupéra la poire qu’il lui tendait. Elle prit place à ses côtés, s’employant vainement à calmer sa respiration heurtée. Elle irait se doucher juste après cette petite collation.

Sans un mot mais toujours avec le même sourire, Thomas observa Alice croquer dans sa poire. Elle respirait toujours avec difficulté. Son teint était empourpré. Non, vraiment, Alice n’était pas vraiment Alice.

« — Cela ne te ressemble pas.
Quoi donc ?
De te mettre dans un état aussi… lamentable. Quelle est la raison ? »

Alice lui jeta une œillade en coin, ses sourcils se fronçant sous l’offense. Elle ne répondit pas de suite, croquant à nouveau dans sa poire pour garder un temps de réflexion nécessaire.
Mais Thomas voyait clair dans son jeu, et profita que la bouche de sa sœur soit occupé pour poursuivre : « D’abord, tu acceptes de t’initier au sport de combat avec Père. Un échec cuisant, si je puis me permettre. Le lendemain, tu pars courir dans la forêt. M’est d’avis que tu cherches à t’occuper de manière physique. Force est de constater que les sports Moldus ne sont point pour toi. C’est à se demander si toute cette exsudation disgracieuse ne serait pas en réalité les impuretés héritées de ton temps passeé avec Kenneth et sa Moldue que ton sang recracherait. »

Alice grinça des dents. Le voilà qui recommençait. Naïvement, Alice avait finit par penser que ses années de mépris envers les Moldus avaient prit fin. « Surveilles tes paroles », finit-elle par dire sur un ton bas. Quoi qu’ai pu faire Kenneth, quelque soit le sang d’Imogen, ils restaient ceux qui avaient veillé sur Alice alors que son monde s’effondrait. Contrairement à ce que pensait Thomas, Grand-Père ou tante Élise, les Bain avaient été des sauveurs pour Alice. Ils lui avaient permis de s’ouvrir au monde, de vivre une vie qu’aucune Sang-Pur ne pourrait caresser du regard. Alice, elle, avait été plongé dans le quotidien des Moldus. Elle les avait vu de près, avait pu observer leur mode de vie si particulier, si complexe.
Thomas ne savait pas de quoi il parlait et pourtant, cela ne l’empêchait pas de traiter Kenneth et Imogen avec condescendance.

Alice se releva, son trognon de poire pincer entre ses doigts. Thomas la contemplait avec amusement.

« Prends ta douche, jette ses haillons à la poubelle et rejoins moi dans la clairière. Je vais te montrer une activité physique qui ne te donnera point des airs de rustaude carnavalesque. »

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

03 févr. 2024, 13:51
 France   solo  L'héritage de Brennus
Sur le chemin de la clairière, Alice songeait à l’activité physique dont parlait Thomas. Quelque chose de sorcier, c’était évident. Et, à en juger par le sourire qu’il lui avait servi en l’évoquant, il en était très fier.
Alice avait alors pensé à une chose, une seule : le duel. Mais ce ne pouvait pas être ça. Elle n’était pas encore en âge d’utiliser sa baguette en dehors de Beauxbâtons. Ou bien désirait-il lui faire une démonstration de ses compétences, tout cela pour se pavaner devant sa jeune sœur. C’était sans doute cela. Thomas aimait à rappeler à sa famille qu’il était un duelliste hors pair, chose qui avait tendance à agacer Alice. Si c’était pour cette raison qu’il lui avait donné rendez-vous dans la clairière, Alice se fâcherait.

La forêt se dérobait, jusqu’a mener la dernière née à la clairière. Les grands conifères jetaient leur ombres sur l’herbe tendre, protégeant leurs protégés Sangblanc de la morsure cuisante du Soleil.
Thomas s’y trouvait, accroupi face à une coffret de bois laqué. Alice s’avançait dans son dos, curieuse. Elle essaya de se faire silencieuse, mesurant chacun de ses pas. « Une dame doit se mouvoir sans bruit », disait tante Élise. « Chacun de ses pas est un murmure ». Venant d’une femme dont les talons frappaient le sol à chacun de ses pas, cet adage était cocasse.

« Tu as mis du temps », lança Thomas sans se tourner vers Alice. « Des difficultés à te débarrasser de ton odeur, peut-être ? » Alice s’arrêta, tant agacé par ses idioties que par l’œil qu’il semblait avoir dans le dos.
La sorcière fit mine que tout cela ne l’atteignait pas et, sans corriger sa marche, rejoignit Thomas. « Tes remarques sur mes hypothétiques odeurs sont inconvenantes, et cela même si nous partageons le même sang. A force de te comporter comme le dernier des rustauds, tu finiras par en devenir un ». Ses mains jointes sans son dos, Alice se pencha au dessus de son frère. « Que fais-tu ? »
Thomas bascula sa tête en arrière pour regarder sa soeur, ses dents éclatantes exposées en un sourire. « Je vais t’initier à l’art du Duel. »

Alice haussa un sourcil devant l’entrain de son frère. Il était rare de le voir aussi expressif. Dans un geste théâtral, il désigna de ses deux mains son coffret.
A l’intérieur, Alice y vit deux ceintures auxquelles étaient accrochées trois bourses de cuir. Elles étaient usées.
Alice ignorait de quoi il s’agissait mais elle était convaincue d’une chose : ce piteux harnachement n’avait rien à voir avec l’art du Duel.

Devant l’air déçu de sa sœur, Thomas afficha une moue consternée. Il se redressa pour lui faire face. « Allons bon. Ce n’est pas ainsi que l’on contemple un héritage familial, petite vipère. »
Cette précision changea le regard de la jeune fille. Elle jeta un nouveau coup d’œil à la boîte et son contenu. « Ce n’est pas un héritage Sangblanc », affirma t-elle en relevant les yeux sur Thomas. Le sorcier opina du chef. Il s’accroupit à nouveau pour récupérer les ceintures. Dans un sourire, il en tendit une à sa sœur. « Cela nous vient des Nerrah. »
Le cœur d’Alice rata un battement. Un héritage Nerrah. Cette famille dont elle ne savait rien, sinon les bribes d’histoire qu’elle tenait d’oncle Magnus.
Du bout de ses doigts, presque tremblante, un brin cérémonielle, Alice récupéra la ceinture. Elle la contempla sans un mot, les yeux arrondis par la surprise.
Un héritage Nerrah. Oncle Magnus l’avait-il porté ? Oncle Uwe ? Oncle Hans ? Grand-père Eckehard ? Alice se sentait fébrile, assaillie par le poids des âges. Combien de génération avait porté cette ceinture ?

Thomas contempla sa soeur avec amusement. Il noua la ceinture à ses hanches. « Que de cérémonie. C’est à croire que tu apportes plus d’importance aux héritages Nerrah qu’à ceux des Sangblanc.
C’est le cas. Ils sont bien plus rares. Comment as-tu obtenu celui ci ?
Poses-tu vraiment la question ? Je le tiens de Mère, bien sûr. »

Un rictus d’inconfort glissa sur le visage d’Alice. Bien sûr. Initiation au duel, héritage Nerrah… Mère et son influence se tapissaient dans les ombres de ces découvertes.

Avec précaution, Alice attacha la ceinture à ses hanches. Elle craignait de la voir se briser si elle venait à serrer trop fort. Le cuir était si usé…

« Et donc ? » lança Alice. « Comment procède-t-on ? Au risque de devoir te le rappeler, je ne suis pas encore autorisé à utiliser ma baguette en dehors de Beauxbâtons.
Je le sais. Il s’agit ni plus ni moins d’un jeu. Mère avait à cœur de m’apprendre les rudiments du duel ainsi. Avant moi, ce fut avec ses cadets.
Donc oncle Magnus et oncle Uwe.
C'est possible, oui. Tu connais mieux les Nerrah que moi. »

Mère avait fait le choix délibéré d’instruire Thomas, son préféré de la fratrie. Ni Jacob, ni Alice n’avaient un jour profité de son expérience. Rien qui ne surprenait la benjamine des Sangblanc : Mère n’avait jamais caché son adoration pour son aîné.
Thomas enjamba le coffret pour rejoindre sa sœur. Elle s’écarta d’un bon pas. Il tapota les bourses à sa ceinture du plat de sa main. « Chaque bourse contient des capsules de couleurs différentes. Rouge pour les sorts offensifs personnel. Bleue pour les sorts offensifs de zone. Et verte pour les parades. »

Alice baissa les yeux sur ses bourses, intriguée. Elle en ouvrit une pour en extirper une capsule. Elle était incolore, a peine marquée d’une petite croix verte. Rien que l’adversaire ne pourrait voir. C’était ingénieux.

« Ce jeu permet d’apprendre à se positionner, à esquiver, à viser et à travailler son jeu de jambe, et le plus important… », poursuivit Thomas. Il se pencha en avant dans un sourire avant de susurrer : « A décrypter son adversaire. »

Le regard de Thomas pétillait d’excitation, et celle ci était communicative. Alice se prit à sourire. Mère avait étudier à la GEAD, et avait transmis son savoir à Thomas. Lui même était diplômé de la GEAD, et parvenait à mettre Père en difficulté lors de leurs duels. Avec Thomas comme professeur, Alice en sortirait grandie.

Son menton levé, son sourire évanouit, Alice porta sa main à ses bourses. « Je suis prête à jouer ».
Thomas exposa ses dents en un ample sourire. Il recula, et invita sa sœur a faire de même. Un pas en arrière, puis un autre, jusqu’à atteindre cinq pas d’écart.

« Avant toute chose », commença Thomas, « Je vais te demander de me tirer dessus. Avec une capsule rouge, donc d’offensive personnelle. Cela te permettra de voir l'effet. »
Alice porta sa main à ses bourses. Celle contenant les capsules rouges étaient dans la première. Elle en extirpa une, avant de lever les yeux sur Thomas. Il attendait, les bras écartés.
Dans un geste ample, Alice jeta son projectile de toutes ses forces. Hélas, la capsule passa à côté de Thomas. Il pivota sur ses talons pour observer la zone d’impact, rien de moins qu’une touffe d’herbe. Son attention revint à sa soeur dans un sourire moqueur.
Alice se sentait rougir, consciente de son échec cuisant. Elle serra les dents, et, avant que Thomas n’ouvre la bouche, s’exclama : « Le lancer n’a rien à voir avec le duel. Si j’avais eu ma baguette, mon sort t’aurais touché. Et ces capsules ne sont pas pratiques. Elles glissent. Tu aurais dû t'assurer de leur état avant de commencer. » Alice déglutit, son menton se levant plus haut alors que le sourire de Thomas grandissait.

« Bien sûr, Alice… »

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

01 avr. 2024, 18:25
 France   solo  L'héritage de Brennus
Enfin, la capsule frappa le torse de Thomas. Un nuage de poussière rouge s’en échappa pour maculer la chemise blanche du sorcier.
Lorsqu’il eu finit de balayer de sa main le nuée poussiéreuse, Alice pu voir que son frère souriait.

« Après cinq essais », dit-il d’un ton faussement fier. « Bravo, je vais pouvoir faire quelque chose de toi, finalement. » Alice retint toute grimace agacée, consciente que Thomas s’en repaîtrait goulûment. Elle dressa son menton.

« — Bien, et à présent ? demanda t-elle. Pouvons nous débuter ?
A présent, je vais t’attaquer. Cela me permettra d’observer ton jeu de jambe et ta capacité à pressentir les attaques.
C’est enfantin. »

Thomas glissa ses doigts à ses sacoches. Alice le vit changer d’appui, optant pour le gauche. Ses souvenirs de cours de duel lui intimèrent que Thomas préparait une offensive sur la gauche, aussi lui fallait elle orienter son corps à son inverse.
Et lorsqu’il fit jaillir une capsule, Alice s’élança sur la droite. La capsule frôla ses côtes et vint se nicher dans un buisson. « Très bien ! » commenta Thomas dans un rire trahissant sa surprise. « Excellente analyse, petite vipère ! » Le cœur d’Alice se gonfla de fierté, ses joues se teintèrent de rose.
Thomas se mit a faire quelques pas sur le coté. Alice en fit de même, ses pas se chevauchant sans que jamais elle ne rompe le contact avec son frère. « L’art du duel est une danse a capella », dit-il. « Ton jeu de jambe dépend pratiquement toujours de ton adversaire. C’est pour cette raison que tu dois l’observer, t’imprégner de ses regards, des tressaillements de son visage… ils sont aussi importants que les mouvements de ses membres. »

Alice opina du chef. Elle n’avait pas pour coutume de prendre pour acquis les conseils de Thomas. Mais lorsqu’il s’agissait de duel, Alice savait qu’elle pouvait lui faire confiance.
Thomas était la référence de la famille. Il était diplômé de la Grande École de l’Art du Duel. Il fut éduqué par Mère, elle même diplômée de la GEAD et ancienne étudiante de Durmstrang. En tout ceci, sa parole faisait foi. Mais ce n’était pas tout : il avait travaillé son expérience sur le terrain en tant que Manteau Noir, et jamais il ne fut blessé. Une preuve palpable de son talent. Avec Thomas comme professeur, Alice savait qu’elle s’améliorerait de façon significative.

Alice vit soudain le poignet de Thomas prendre un angle dangereux qui l’empêchait de deviner la direction du tir. Son pied marqua un appui sur la gauche. Alors, encore une fois, il fallait partir à droite.
Trop tard, le voilà qui pivotait pour lui projeter la capsule sur sa droite exposée. Le faquin !
L’instinct d’Alice lui commanda de protéger sa chemise de soie pâle.
La capsule éclata contre son avant bras, et la plongea aussitôt dans un nuage de poussière rouge.

« Un bon duelliste est un bon menteur ! » lui lança t-il. « Garde toujours cela en mémoire ! »

Alice fit quelques pas en arrière pour s’extirper du nuage coloré. Thomas avait rusé, il avait fait mentir son corps quelques secondes seulement après avoir dit à Alice de s’imprégner de ses mouvements. Malgré l’offense, Alice ne pu retenir un sourire. Rien ne valait la pratique dans l’apprentissage.
Le nuage se dissipa, exposant alors à Alice un Thomas amusé. Il applaudit lentement, un sourire en coin trahissant sa fierté.
« Ton jeu de jambe est impeccable », dit-il en s’avançant. « Il va nous falloir travailler ton sens de l’analyse, ton lancer et surtout… ta capacité à mentir. »

L’apprentissage du duel et du mensonge, avec Thomas comme professeur… Alice ne parvint pas à retenir un sourire en coin.
Voilà deux choses qu’il maîtrisait à la perfection.
Deux choses qu’Alice maîtriserait à son tour.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN