L'objet semblait particulièrement utile. Eileen posa immédiatement le foisonnement de questions qui lui vint :
- "Etonnant ! Ca fonctionne par un sortilège ? Ca pourrait attraper les bons rêves aussi tu crois ? Tu penses qu'il y a une limite au nombre de billes que ca peut créer ?"
Elle se demandait même si le cauchemar était capturé de telle sorte qu'il ne reviendrait plus jamais hanté le dormeur...

Eileen écouta avec attention les informations qu'Ernest lui dévoilait. Elle se doutait que ses confidences n'étaient pas évidentes. Elle se gardait bien d'avoir un quelconque jugement. Elle n'avait pas elle-même était tellement impactée par les évènements des dernières années. Ca avait plutôt été comme un écho, une sorte de guerre lointaine à laquelle elle ne participait pas... Même si elle avait dû faire attention à l'école. La suspicion n'était pas de mise chez elle. Tout le monde se connaissait et il était impossible pour ces voisins de longue date qu'un des leurs soit un sorcier.

Mais pour un sorcier de la capitale, directement impliqué dans les évènements, ca avait dû être particulièrement compliqué.
- "Je n'ose imaginer comment ca a dû être compliqué pour ta famille..." lâcha-t-elle compatissante et se rapprochant du garçon, avec l'envie irrésistible de le serrer dans ses bras. Pourtant, elle ne se saisit que de sa main qu'elle pressa contre son propre cœur.
- "La guerre détruit des vies de bien des façons. Tu as dû faire preuve d'une sacrée force pour passer à travers cet évènement !"

Elle était particulièrement admirative de la façon dont il était sorti par le haut de cet épisode. Il réagissait aujourd'hui comme n'importe quel enfant comme s'il n'avait pas vécu de moments traumatisants.
- "Tu te rends compte que tu réagis comme n'importe lequel de nos camarades de promotion ? Tu vis, tu vas en cours, tu parles... comme si ca ne t'avait pas affecté. Ou peut-être un peu. Mais c'est beaucoup ! Je suis admirative de la façon dont tu as rebondi ! C'est une grande force de résilience !"

Ce dernier mot, elle l'avait appris par hasard au détour d'une lecture et trouvait qu'il s'appliquait particulièrement au garçon. Fort, solide, résistant, apte aux changements.
- "Tu es comme le roseau, solide qui plie mais ne se rompt pas" évoqua-t-elle une image qui l'avait marqué dans un des livres de Christian Jacq qu'elle avait dévoré récemment.

Quelle était la suite de la conversation sur l'attrape-rêves et les expériences menées par les deux garçons ? Eileen était avide de connaitre la réponse :
- "Et alors ? Vous avez trouvé ? Il se passe quoi quand on brise une bille ?"
Elle espérait en tout cas que le cauchemar ne revenait pas hanter celui qui l'avait quitté.

A sa question, elle répondit :
- "Je parlais des indiens d'Amérique. Dans chaque tribu, il y avait un sorcier qui était présent pendant les réunions du clan au côté du chef. Il était très important."

L'idée d'apprendre la magie des chamanes intéressa particulièrement la jeune fille.
- "Tu crois qu'on peut faire des échanges scolaires avec Ilvermorny ? J'adorerais me pencher plus sur la sorcellerie des chamanes."

Elle se souvenait avoir lu qu'un sorcier indien pouvait être amené à faire des danses pour amener la pluie ou alors pour protéger les combattants. Elle se demandait si c'était une autre façon de faire de la magie.
- "Tu crois qu'on peut faire de la magie en dansant ? Sans baguette ?"

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Il était intéressant de voir la manière dont Etan, Eileen ou Ernest pouvaient aborder un problème par des angles complètement différents. Il n’était jamais venu à l’esprit du gamin que l’objet puisse ne pas faire la différence entre les bons et les mauvais rêves. D’ailleurs qu’est-ce qui différenciait vraiment les deux. Pour lui, il s’agissait simplement d’avoir un sommeil moins agité. Mais pas moyen de se souvenir s’il avait eu d’autres fantasmagories depuis qu’il avait suspendu l’objet au-dessus de son lit.

“Je sais pas trop encore comment ça marche… c’est pour ça qu’on fait des tests avec Etan. On s’demandait à quoi pouvait bien ressembler un cauchemar et qu’est-ce qu’il arriverait s’il était libéré…”

Son regard se posa sur son sac sans fond posé par terre. Il en était plein, le fond. De petites billes dont il ne savait pas quoi faire. Tout comme le tiroir de sa table de chevet ou le fond de sa malle. Mais il ne voulait pas les jeter. D’ailleurs il n’aurait vraiment pas su quoi en faire. Est-ce qu’on recyclait les cauchemars comme des dosettes de machine à café ?

“J’ai pas l’impression qu’il y ait une limite… peut-être qu’au bout d’un moment la magie s’use quand même… pour l’instant il a l’air de marcher plutôt bien…”

Une nouvelle fois, la jeune fille le prit de cours. Une nouvelle fois, elle saisit sa main sans crier gare. Le petit brun se raidit. C’était trop tôt. Il n’aimait pas parler de cette époque. Parce qu’il ne savait pas quoi en dire. On l’avait mis à l’écart pour son propre bien sans réaliser que la lourdeur de l'atmosphère et les non-dits étaient parfois bien plus dangereux que le danger lui-même.

“Nan, mais… enfin… nous on a rien eu… enfin… on s’en est sorti sans trop de problèmes, heureusement…”

Pourtant les choses n’avaient plus été les mêmes à la maison. Le regard de sa mère n’avait plus été le même. Et malgré le fait qu’elle lui dise que tout irait bien, il avait bien senti, bien vu au fond de son regard qu’Elianor lui mentait. Pour la première fois.

Il haussa les épaules à la réflexion de la rouquine et dégagea doucement sa main. Il n’avait pas vraiment l’impression de s’en sortir mieux que qui que ce soit. Il préférait reprendre le cours de la discussion sur ses billes. C’était quelque chose de plus concret et de tangible. Le genre de choses auxquelles il pouvait se raccrocher.

“On a pas encore réussi à en casser une seule… pourtant on a déjà essayé plusieurs méthodes…”

Concernant les sorciers chamanes ou les chamanes sorciers, Ernest n’était pas très callé. En s’intéressant à Ilvermorny ce sont d’autres informations qui avaient attiré son attention. L’histoire de sa fondatrice, principalement. Mais également la création des différentes maisons. À Ilvermorny, il y avait aussi un serpent comme animal totem. Pourtant, ce dernier représentait l’érudition et ne ressemblait en rien à Serpentard.

“J’pense que c’est possible oui… Faudrait se renseigner sur les échanges AMICO… je sais pas trop comment ça marche mais j’ai une copine qui va le faire…”

Marine avait évoqué son envie de participer au programme lors de l’un de leur entraînement et l’adolescent c’était mis à rêver de toutes les écoles qu’il aurait aimé découvrir ou dans lesquelles il aurait aimé aller.

Eileen était particulièrement curieuse de connaitre les résultats obtenus par les deux garçons, mais, ils étaient toujours en cours de test.

Elle avait hâte d'en savoir plus, de rentrer dans la confidence aussi demanda-t-elle, se penchant légèrement vers Ernest et prenant un ton plus bas comme pour conspirer qui réussissait à garder une pointe d'excitation :
- "Vous me raconterez quand vous aurez avancé dans vos recherches ! J'ai hâte de savoir ce que vous allez découvrir !"

La magie pouvait-elle vraiment s'user ? Normalement, c'était le lanceur qui était soumis à l'usure, pas la magie elle-même n'est-ce pas ? Elle était pure et vive, une source à laquelle puiser... Cette source pouvait-elle vraiment tarir ? Cette idée l'inquiéta :
- "Tu crois vraiment que la magie peut s'user ? Est-ce qu'en tirant trop sur notre magie, elle pourrait disparaitre ?"
Comme le pétrole, l'eau raréfiée... La magie était-elle vraiment une denrée inépuisable ? Elle était tellement le fondement des sorciers qu'elle ne s'était jamais dit qu'il était possible qu'ils la perdent un jour, à trop vouloir en faire à tout bout de champ...

Une fois encore, le garçon repoussait ses qualités. Pourtant, c'était ici clairement un fait.
- "Ce n'est pas parce que tu n'as rien eu physiquement que tu n'es pas une victime collatérale de la guerre..."

Décidément, ca servait de lire ! Elle se souvenait que son père lui avait expliqué les victimes civiles, celles qui n'étaient pas directement visées dans de nombreuses guerres lorsqu'elle était tombée sur un livre de sa bibliothèque traitant d'une guerre du XXème siècle... Il le lui avait repris, lui expliquant rapidement pour qu'elle comprenne, sans rentrer dans le détail. Si elle voulait, elle pourrait pousser les investigations plus tard mais elle était à présent trop jeune selon lui.
Sa mère avait terminé l'explication en évoquant la plus récente guerre des sorciers dans laquelle Harry Potter s'était illustré et les attaques qui avaient eu lieu quelques années plus tôt. Rien de bien lointain en fin de compte. Rien de bien joyeux non plus quand on pensait à l'évolution de la race humaine.

Elle méritait de garder son âme d'enfant, c'était les termes parentaux. Elle ne s'imaginait rien de plus que ce qu'elle entendait autour d'elle. Et déjà, elle s'étonnait de la violence que l'on pouvait déchainer, de la haine qui pouvait conduire à des extrêmes qu'elle ne comprenait pas.

Ce sujet lui était lourd à porter. Elle ne voulait pas évoquer les atrocités, elle plaignait les victimes et elle était d'autant plus fière qu'Ernest soit son ami.
Une main sur la sienne, elle lança solennelle :
- "Tu n'as pas à minimiser quoique ce soit avec moi..."

Elle aurait aimé pouvoir soulagé sa peine qu'elle sentait importante, cachée et noircissant l'univers du Serpentard. Elle aurait voulu l'aider mais ne savait trop comment s'y prendre. Pouvait-on vraiment soulager la peine ou était-ce le temps qui s'en chargeait ? Elle ne pouvait qu'être là, être présente et faire de son mieux. Elle y comptait bien !

Puis la conversation revint sur un sujet plus léger, enfin en surface. Etait-ce vraiment une bonne idée de vouloir casser une bille ? Que se passerait-il si elle venait à échapper son contenu ? N'était-ce pas pour une raison valable que la bille était a priori indestructible... ?
- "Tu crois vraiment que c'est une bonne idée de vouloir casser une bille ?" s'inquiéta-t-elle. "Vous ne risquez rien, hein ?!"

Les échanges AMICO ? Elle avait suivi l'affaire de très loin, sans vraiment s'intéresser aux correspondants venus pour Noël. Après tout, ils étaient déjà sollicités de partout et elle avait ses propres affaires à gérer. Pourtant, à présent, elle se promettait d'en apprendre plus sur eux et la magie chamanique !

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Parce qu’Eileen s’était rapproché et qu’elle avait baissé le ton, l’adolescent se cru obligé d’en faire autant. Cette expérience n’était pas vraiment un secret mais il est vrai qu’il n’en avait parlé à personne d’autre que le principal intéressé. Et à présent à Eileen. Non pas qu’il voulait garder scrupuleusement ses découvertes pour lui-même, c’est juste qu’il ne pensait pas que ça pourrait intéresser qui que ce soit. Mais il avait tort vraisemblablement.

“On a pas fait grand chose pour l’instant… On a pas vraiment les moyens logistiques… enfin pour le moment… mais on finira bien par trouver… et euh… promis, on te racontera…”

Ernest n’avait pas vu les choses sous l’angle que lui présentait la Serdaigle. Sa question était pourtant pertinente. Son regard se perdit quelques secondes dans le vide alors qu’il réfléchissait à la question du flux magique et de sa possibilité de s’épuiser pour un sorcier.

“Bin… nan… ‘fin… j’veux dire… les artéfact, c’est de la magie mise dans un objet par un sorcier… ça doit être limité… enfin c’est ce que j’ai compris du manuel de Sortilèges… mais euh… J’imagine que la magie en nous, bin… c’est un peu comme la vie, quoi… ou l’air… c’est là jusqu’à notre dernier souffle probablement… enfin je sais pas pour le coup… mais j’ai jamais entendu parler d’un sorcier qui perdait sa magie… ça se saurait…”

La question avait quelque chose de légèrement effrayant à bien y penser. Est-ce que la source pouvait se tarir ? D’après ce qu’il avait compris, les adolescents pouvaient se retrouver en carence de magie durant leur croissance qui leur pompait beaucoup d’énergie. Mais une fois qu’on avait cessé de grandir, tout était censé revenir à la normale. Malgré les explications de Mr O’Belt, il ne pouvait pas vraiment se faire une idée précise sur la question. Lui n’avait pas beaucoup grandi ces dernières années à son grand damne. Même certains premières années le dépassait légèrement, ce qui était particulièrement gênant.

À la remarque de la demoiselle, il haussa simplement les épaules. Il ne comprenait pas vraiment ce qu’elle suggérait. Pour lui, les victimes, c'étaient les gens qui avaient été blessés, qui avaient perdu des proches ou pire, qui étaient morts. Il vivait dans un foyer aimant, il ne manquait de rien. Il n’avait vraiment pas de raisons de se plaindre.

Une moue déforma son visage quand la rouquine remit en question la pertinence de leur expérience. Les garçons s'étaient rapidement posé la question mais avaient été emportés par leur insatiable curiosité.

“Nan mais… ‘fin… on fait rien de dangereux, hein… et puis… l’attrape-rêve, n’importe qui peut en acheter… il laisserait pas les gens l’accrocher au-dessus des lits des gamins si c’était dangereux… ‘fin… j’pense pas…”

Il ne voulait pas faire courir de risque à Etan et ne voulait surtout pas qu’Eileen pense qu’il en ferait prendre à son cousin. Mais clairement, il serait peut-être nécessaire de revoir leur protocole de sécurité. Et de trouver un peu plus d’informations théoriques avant de se lancer tout feu tout flamme dans la pratique.

Eileen lança un sourire lumineux à son ami lorsqu'il lui promit qu'elle serait tenue au courant des avancées des expériences. C'était une promesse ! Elle saurait le lui rappeler ! Encore que, elle ne doutait pas qu'il la tiendrait ! Elle avait hâte d'en savoir plus !

Quand Ernest parlait de ses expériences, c'était comme si Eileen lisait un livre captivant ou regardait un film dont elle avait hâte de savoir la fin tant elle était embarquée ! Elle n'aurait jamais pensé à l'intrigue, mais maintenant qu'elle en avait connaissance, elle lui paraissait naturelle, logique. Elle appréhendait les péripéties mais elle était certaine que l'issue viendrait, en faveur du garçon. Sa foi en lui était inébranlable !

- "Ca promet bien des tentatives avant d'avoir des réponses ! Mais je saurai être patiente ! Et tu me feras des récap' périodiques ?" s'enquit-elle.

Mine de rien, cela appelait aussi à discuter plus tard, encore un rendez-vous dans le futur, voire plusieurs, avec lui. Elle parsemait de graines le chemin de leur futur, tissant de plus en plus des liens qui s'enchevêtraient, qui mèneraient peut-être à des lianes encore plus solides...

L'idée de la perte de la magie la stressait passablement. Et puis, il fallait avouer que si on perdait sa magie, c'était qu'elle était stockée quelque part, que sa source ou le moyen par laquelle on s'en servait était quelque part au sein des sorciers. Est-ce que cela voudrait dire que si on en trouvait l'origine on pourrait l'alimenter ? et peut-être en créer pour les moldus... ?

Le discours d'Ernest la rassura. Au moins, elle ne perdrait pas sa magie ! S'il le disait, c'était que c'était sûrement vrai. Il ne parlait jamais pour ne rien dire, et s'appuyait toujours sur des connaissances ou des réflexions, des expériences ou des mises en pratique.
- "Tu me rassures !" lanca-t-elle doucement dans un souffle.

Son esprit apaisé, elle remarqua que le garçon ne comprenait pas le terme de victime collatérale. Et autant, elle en saisissait globalement le sens, autant, elle se voyait mal évoquer le sujet avec l'une d'elle. C'était trop compliqué pour elle, d'autant que le Serpentard voulait visiblement laissé tomber le sujet. Elle y reviendrait probablement plus tard. Chaque chose en son temps.

Lorsque la conversation tourna sur le danger de casser une bille, l'irlandaise vit rapidement qu'elle avait mis à mal l'esprit du brun. Elle s'en voulut de s'être mal faite comprendre.
- "Je suis sûre que vous avez pensé à tout. Je suis juste inquiète pour t... vous deux !" lâcha-t-elle.

Avait-il entendu son rattrapage in extrémiste ? Ce "toi" qu'elle avait omis de prononcer. Car bien sûr, elle s'inquiétait aussi pour Etan. Mais lorsqu'elle avait posé la question, elle pensait clairement à un seul des deux expérimentateurs.

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Dans la tête d’Ernest, les rouages de ses expériences se mettaient à s’actionner alors qu’il répondait aux questions de la rouquine. D’une certaine manière, c’était comme si l’intérêt de la Serdaigle l’encourageait à poursuivre la réflexion. Elle aussi voulait des réponses. Et il voulait pouvoir lui en donner. Si l’adolescent n’aimait pas ne pas savoir, il avait tout de même conscience de ne pas avoir la science infuse. Et puis c’était pour ça qu’il était à Poudlard. Pour apprendre. Et il était prêt à tirer partie de la moindre opportunité.

“Bin on a déjà une petite liste avec Etan… pour l’instant, on a vraiment tester qu’une seule méthode… on a essayé de faire tomber ma malle dessus mais ce n’était pas assez lourd…”

Premier échec. Mais les garçons ne s’étaient pas démonté. Ils avaient rapidement rebondi et filé en direction des cuisines pour demander l’assistance des elfes de maison. Qui avaient évidemment refusé.

“Le truc, c’est qu’on arrive pas à soulever un truc plus lourd… donc on sait pas trop si l’hypothèse tient la route ou pas…”

L’espace d’un instant, le petit brun se souvint de l’expérience qu’il avait fait de soulever sa malle avec un sortilège de lévitation. Très lourde et massive, il n’avait réussi à la décoller du sol que de quelques centimètres et pour un temps très limité avec qu’elle ne lui retombe sur le bout des pieds. Résultat : un gros orteil cassé. Mais ce n’était pas le fond de sa pensée. Était-il possible d’utiliser le sortilège de lévitaiton à plusieurs et donc de conjuguer les forces ? Cependant, la discussion qu’il avait eu avec Nico à propos de MST et de faire de la magie à plusieurs le turlupinait toujours. Il n’avait pas osé demander plus d’informations à Mr O’Belt lors de son bilan de santé.

“Les autres hypothèses, ce serait de les laisser tomber de très très haut… genre, depuis la volière ou la tour d’Astronomie… mais on a pas encore régler les détails… faut qu’il y en ait un en haut et un en bas… faut arriver à se donner un signal et puis faut qu’on soit sûrs que le sol est dur en bas… enfin faut calculer les paramètres de la chute, quoi…”

Ce qui n’était pas si simple, mine de rien. Les deux garçons en étaient à la phase de repérage au niveau des murs d’enceinte et de l’élaboration d’un plan extérieur du château.

“Et puis on a pensé aussi à Diffindo… mais ça dépend de l’épaisseur de la bille… et comme on peut pas vraiment dire en la regardant… et puis surtout, on sait pas trop encore comment faire pour lancer le sortilège sans danger… Parce qu’on peut pas juste la tenir dans les mains… le risque de riper il est quand même vachement important… surtout avec du verre… enfin si c’est du verre… ça non plus on sait pas trop…”

Le projet n’avançait pas très vite. Entre les cours, le soutien, les devoirs et les entraînements, ce n’était pas toujours évident de se coordonner. Et souvent Ernest et Etan partaient en élucubration et laissaient libre cours à la fantaisie de leur imagination. Pas toujours très productif mais ils rigolaient bien.

“Mais enfin… si jamais t’as des suggestions, on est preneur !”

Parce qu’Eileen, c’était probablement la plus intelligente de la classe. Il n’avait pas de mal à l’admettre même s’il l’enviait parfois.

“Mais t’inquiète pas, on va rien faire de dangereux… J’crois que Mr O’Belt m’a suffisamment vu à l’infirmerie l’année dernière… ”

Il rougit légèrement à cet aveu. C’est qu’il était maladroit. Et qu’il oubliait parfois ses propres limites. Ou qu’il décidait de les oublier délibérément. Bref, cette année, il ferait un peu plus attention.

“Et puis j’veux pas non plus faire n’importe quoi et faire perdre des points à ma maison…”

Il ne s’y sentait déjà pas très à l’aise depuis quelques temps, mais si en plus il entrait dans la ligne de mire des teigneux, le quotidien risquerait d’être bien pénible.

Ce qu'il suivit, elle ne s'y attendait pas du tout. Ernest lui retraça les différentes étapes de ses expériences avec son cousin. Elle aurait pensé qu'il voulait garder cela pour Etan et lui, une sorte de jardin secret entre eux. Elle était heureuse qu'il la convie à y entrer. Elle fit attention à y pénétrer en douceur et à ne pas piétiner les fleurs qui bourgeonnaient. Il s'agissait de ne pas lui faire peur. Vigilance constante !*

Elle écouta avec attention toutes les idées qu'ils avaient envisagé. Et il fallait avouer que c'était de très bonnes idées !
- "Si la malle ne marche pas, vous avez essayé avec un amoncellement d'objets ? Au fur et à mesure, un objet et un objet pas lourd... ca va finir par mettre du poids. Non ? Et pour l'empilement de plus en plus Wingardium Leviosa pourrait vous aider..."

Sinon, il y avait bien plus radical, mais ce n'était probablement pas une bonne idée. Toutefois l'émit-elle. Elle préférait donner le choix à Ernest plutôt que de se brider, peut-être que cette proposition en amènerait une autre dans son cerveau brillant :
- "Et avec une armoire ? Si vous poussez une armoire tous les deux, avec le poids de la chute et le poids de ce qu'il y a dedans, en faisant levier pour la basculer, vous avez essayé ?"

Et au fur et à mesure qu'elle proposait, ca fumait là haut :
- "Et de jeter violemment une perle contre le mur avec un flipendo ? ou alors..." après tout, elle était une sorcière... "Un translatio ? Mettre ce que contient la bille à l'extérieur et le contenant à l'intérieur ? " et un sortilège en appelant un autre "un perforus pour faire un petit trou ?" Ca marchait pour faire le châs d'une aiguille, ca devrait fonctionner pour faire un trou et laisser sortir ce qu'il y avait dans la bille...

Elle se mit à réfléchir au programme de 2ème année qu'elle avait lu avant de venir à Poudlard :
- "Il me semble qu'on voit les sortilèges de feu cette année. Un petit Incendio pourrait peut-être faire votre affaire. Mais je pense nécessaire que vous maitrisiez tous les deux finite incantatemau cas où..."

Elle fut rassurée de l'entendre promettre qu'ils feraient attention mais ce qu'elle proposait n'était pas sans conséquence non plus.
- "Pour être sûr d'être tout à fait en sécurité, il vaudrait peut-être mieux que vous fassiez certaines expériences avec des personnes qui s'y connaissent... "

Les premiers noms qui lui venaient étaient forcément Mrs Crane, leur professeure de métamorphose. Elle venait en effet d'évoquer un sort en lien. Mais l'adulte venait d'arriver et Eileen ne savait pas comment elle pourrait réagir. Mrs Valerion, en tant que professeure contre les forces du mal, auraient toute sa place dans ce genre d'expérience sauf qu'elle ne leur enseignait plus que la théorie et qu'elle finissait par faire peur à l'irlandaise par la façon dont elle se fichait de la sécurité de ses élèves. Mrs Priddy en tant qu'enseignante de sortilèges, était le meilleur choix. Mais Eileen se doutait qu'Ernest n'irait jamais vers elle pour lui demander de l'aide à ce sujet. Elle était sur une sorte de piédestal.

A défaut de professeurs, il fallait peut-être se tourner vers d'autres gens. Mr O’Belt avait fait forte impression à la jeune fille, mais il interviendrait plutôt après les catastrophes pour soigner. Il fallait penser à quelqu'un qui était en capacité de prévenir le mal.

Et soudain, elle pensa à ses cours de tutorat :
- "Tu pourrais demander à un élève d'une année supérieure de vous aider... Comme Erin Fergusson par exemple..."

C'est vrai qu'il aurait été dommage de faire perdre des points à Serpentard. Quoique Serdaigle, la jeune fille restait fairplay et surtout, elle ne voulait pas que ca se retourne contre son ami. Elle savait sans qu'il est besoin de l'exprimer à voix haute les difficultés qu'il avait. Elle en avait eu vent, notamment à la façon qu'il avait de parler de choses à demis mots.

Elle exprima à haute voix la citation que sa mère avait évoqué plusieurs fois alors sa propre soeur ne voulait plus lui parler à cause d'une "mésalliance avec un moldu" :
- ""Ne jamais avoir honte" Il y en a toujours qui te reprocheront quelque chose, mais ils ne valent pas la peine qu’on y fasse attention."**

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*Harry Potter et la coupe de feu, Alastor ’Fol-œil’ Maugrey.
** Harry Potter à l’école des sorciers, Hagrid.

Tel un chercheur ou un scientifique de haut vol, Ernest énonçait ses hypothèses ainsi que les problèmes et les questionnements qu’il rencontrait. Enfin il n’était qu’un adolescent de 13 ans qui essayait de percer une bille en imaginant qu’il arriverait à percer le mystère de la vie. Mais il fallait bien commencer quelque part. Le petit brun se frotta l’arrière de la tête, geste familier quand il écoutait quelqu’un avec attention ou qu’il entrait en grande réflexion.

“Mmm… J’avais pensé à la force du poids qui augmente avec la hauteur et la chute, mais pas à l’accumulation…”

Dans sa tête, les différents objets et meubles à sa disposition commençaient déjà à défiler en rang d’oignons, classés par ordre de pièce, de taille et de poids. Il pourrait essayer plusieurs malles. Mais alors viendrait un autre problème. Celui de l’équilibre. Ça nécessitait d’avoir de la place aussi.

“Euh… nan… j’avoue que… j’y aurais pas pensé… ‘fin… y a toutes nos affaires dedans, quoi… et faudrait tout ramasser ensuite… ou alors… ‘fin c’est quand même vachement difficile à relever une armoire… j’suis pas sûr que j’arrive à la remettre en place, même avec la magie…”

Un adulte aurait pu le faire. Un adulte ne se serait probablement pas lancé dans ce genre d’expertise cela dit.

“Mais euh… toi, t’arrives à soulever quoi avec Leviosa ?”

Parce que si l’idée était venue à Eileen, c’est que dans sa tête, ça devait sembler possible. Sinon, elle n’en aurait pas parlé. Est-ce qu’elle était capable de soulever une armoire ?! C’est qu’elle avait l’air vachement sûre de son idée.

“Flipendo, ouai… ça aussi on y a pensé… Mais faut qu’on descende un de ces jours dans les souterrains pour être sûrs de rien abîmer. Faudrait vraiment de la roche très très dur pour le projeter contre… ‘Fin j’ai déjà essayé avec des p’tits cailloux… de les faire ricocher sur les murs… j’en ai jamais cassé.. mais est-ce que le verre c’est plus solide que la pierre ?”

Ernest posa ses mains sur la table et regarda la jeune fille avec de grands yeux. Toutes ces idées que produisaient son esprit. Ça avait quelque chose d’envoutant. Et si d’ordinaire, il aurait ressenti une pointe de frustration de ne pas avoir eu l’idée lui-même, voir la jeune fille lui déballer toutes ces suggestions c’était juste… beau ? Enfin peut-être pas beau, ce n’était peut-être pas le mot. Il n’était pas sûr. Enfin c’était plaisant.

“Translatio… ah ouai, c’est vachement malin… mais faudrait pas savoir ce qu’il y a dedans justement pour la visualisation ? En méta, faut avoir un point A et un point B, nan ?”

Il se souvenait de ses essais avec l’eau. Des pages de ses manuels qui s’étaient retrouvés inondées. Les contenus et les contenant… ce n’était pas facile en pratique. Mais qu’est-ce que c’était intéressant ! Eileen venait de mettre un coup de pied dans une porte qu’il avait déjà entrouverte. Il faudrait qu’il revienne sur cette idée, qu’il la développe plus en détail !

“J’croyais que l’Perforus ça marchait qu’avec l’aiguille… pour ça, j’ai pas essayé de faire des trous dans autre chose… T’as essayé de trouer des trucs ?!”

Il fallait dire que le sortilège Diffindo avait pris rapidement le dessus sur d’autres sortilèges mineurs. Mais comme ce dernier, Ernest se voyait mal glisser et se rater. Et si la théorie d’Eileen était juste, si on pouvait perforer comme on pouvait couper, il préférait mieux ne pas prendre le risque de se faire un trou en plus. S’il pouvait éviter un nouveau passage à l’infirmerie, il préférait autant. Quoique… c’était qu’un tout petit trou… Sa réflexion fut rapidement balayé par la dernière suggestion de la rouquine.

“Mmm… les sortilèges du feu ouai… le truc, c’est que j’ai pas encore assez fait Incendio pour le maîtriser totalement… faudrait pouvoir gérer de très fortes températures, tu vois… et j’crois pas que j’en sois capable… ‘fin… pas encore, quoi… Là aussi, faudrait descendre dans les souterrains pour être sûr de pas mettre le feu à quelque chose…”

Ernest grimaça un peu en entendant la réflexion d’Eileen et le fait qu’il devrait demander à un adulte de les encadrer. Mais les adultes, est-ce qu’on pouvait seulement leur faire confiance ? Miss Valerion était censée leur apprendre à se défendre et au lieu de ça, elle faisait la grève de la faim. Si elle n’était pas en mesure de lui apprendre quoi que ce soit, il faudrait bien qu’il se débrouille seul. Le petit brun exagérait évidemment. Il avait d’autres professeurs très compétents. Mais il avait eu pour sa Directrice de maison une estime démesurée dès le premier jour. Et qui s’étiolait à présent à vitesse grand V.

“On va rien faire de dangereux… On essaie c’est tout… ‘fin… c’est juste de la pratique, tu vois… faut bien s’entraîner pour apprendre…”

Parce que oui, probablement que Miss Priddy aurait la solution. Peut-être même Mr Locke, le bibliothécaire. Mais Ernest n’osait déjà pas lever la main en classe ni demander de l’aide pour trouver des livres dans les rayonnages de la bibliothèque alors expliquer ses expériences… Et puis il y avait cette histoire de cauchemars… Le fait qu’il avait dit à ses mères qu’ils n’en faisaient plus. Le nombre grandissant de bille qu’il retrouvait sous son oreiller et dont il ne savait plus quoi faire… Et puis ne pas savoir… Peut-être ferait-il mieux de retirer l’attrape-rêve d’au-dessus de son lit et de les laisser venir.

Quoi qu’il en soit, il ne voulait pas mêler d’adulte à cette histoire.

Il haussa les épaules quand Eileen évoqua Erin. Il l’aimait bien, mais il ne la connaissait pas si bien que ça. Il pensa également à Marine en qui il plaçait toute sa confiance. Il pourrait peut-être lui en parler aussi, à elle. Un de ces jours. En attendant, il avait Etan et ces expériences les avaient énormément rapproché. Peut-être qu’elles étaient même parfois des excuses. Ernest n’avait jamais eu de copain. Pas comme ça. Et puis surtout, Etan était à Serpentard.

L’adolescent baissa la tête en entendant la réflexion d’Eileen. Il savait qu’elle avait une intuition et cette intuition était la bonne même si la demoiselle n’avait pas tous les tenants et aboutissants de l’histoire. Ils étaient tous les deux sang-mêlés. Et depuis leur arrivée à Poudlard, il sentait tous les deux que l’herbe n’était pas plus verte à Poudlard qu’ailleurs. Que les préjugés existaient toujours dans les murs de l’école. Eileen arrivait à s’en affranchir. Ernest faisait simplement semblant.