Mercredi, était un jour que j’attendais impatiemment car les premières années étaient libres. Généralement j’en profitai pour prendre de l’avance sur le travail que nos professeurs nous donnaient. Je me réfugiais très souvent dans mon antre – la bibliothèque- où je savais pouvoir être au calme et me concentrer.

Une fois n’est pas coutume, j’avais décidé en ce jour de la délaisser pour lui préférer la salle de classe de potions. En effet, notre professeur avait décidé de nous faire une évaluation pratique. Elle nous avait expliqué au cours précédent, que nous pourrions être interrogés sur n’importe quelle potion que l’on avait vu depuis le début de l’année.

J’étais plutôt à l’aise dans cette matière, mais je voulais mettre toutes les chances de mon côté pour réussir cette interrogation. Réussir c’était me prouver que j’avais ma place dans ce monde.

Depuis mon arrivée à Poudlard j’avais connu un nombre incalculable de doutes : étais-je à ma place ? est ce que j’allais réussir à devenir une bonne sorcière ? Le fait d’être née-moldue n’aidait pas non plus. Certains de mes camarades vouaient une haine à notre encontre que j’avais du mal encore maintenant à comprendre. Depuis peu, je me faisais davantage confiance, mes résultats étaient plutôt bons et je réussissais tout autant que les « sang-purs » ou « sang-mêlé ». Je me persuadais de plus en plus, que le monde de la sorcellerie était une part de moi tout comme le monde moldu.

Après le repas du midi, je délaissai mes camarades. Je remontais dans mon dortoir pour prendre mon nécessaire de potions : chaudron, ingrédients, livre juste au cas où je ne me rappelais plus une étape. Je pris également, une veste molletonnée et une écharpe car les courants d’air pouvaient être sournois dans cette partie du château.

Je descendis les cinq étages qui me séparaient du hall puis pris la direction des cachots et de notre salle de cours. Habituellement, la salle de classe était vide mes camarades préférant la chaleur des étages supérieurs.

Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je vis un jeune garçon blond assis à une table.

« -Oh excuse-moi, je pensais que la salle de classe serait vide. Cela t’ennuie si je reste ici, j’aimerai m’exercer à la préparation des potions en vu de l’évaluation de la semaine prochaine ».

Elliott soufflait, encore! Il leva la tête, souffla sur une mèche blonde qui retombait sur son front à cause de la chaleur qui émanait de son chaudron et reporta son attention sur le livre qui était ouvert. Pourquoi sa potion avait cette couleur là? Il avait respecté toutes les consignes à la lettre et pour autant, la couleur verdâtre du liquide qui se trouvait dans le chaudron n'avait rien à voir avec celle cristalline décrite dans son libre de potions.

Désespéré, il tourna la potion dans le sens des aiguilles d'une montre de cinq tours, enfin non peut-être six. Mince! Il ne savait plus et s'arrêta net. C'était un vrai fiasco et à ce rythme, le Serdaigle n'obtiendrait jamais une note respectable à l'évaluation pratique dont avait parlé leur professeur de Potions. Il lâcha la cuiller et reporta son regard sur le livre en soufflant, sans retenue. Il reprit les étapes une à une pour déceler le problème, en vain.

Déçu de lui, il s'activa pour éteindre le feu qui réchauffait la potion et s'installa nonchalamment sur la table. Les coudes repliés, il retenait son visage et relisait encore et encore la recette de la potion sans identifier l'origine de son erreur. Tellement concentré, il n'entendit pas la porte s'ouvrir derrière lui, ni les pas de sa camarade. Inéluctablement, la voix de la fillette le fit sursauter et il évita de peu de renverser son chaudron. Il se concentra sur sa respiration en écoutant les excuses de sa camarade puis se tourna vers elle.

Il la connaissait, ils partageaient certains cours ensemble mais n'avait jamais vraiment échangé. Il savait qu'elle était à Gryffondor et malgré les cinq mois qui les séparaient de la rentrée, il n'était pas certain de se rappeler de son prénom. Il essaya de masquer sa surprise en répondant à la Gryffondor:

« Pas de soucis t'inquiètes. Tu peux t'installer, la salle est toute à toi, je crois que je vais même abandonner. Je ne suis pas fait pour les potions. »

Elliott le savait, il avait des facilités dans certaines matières, mais les potions n'en faisaient clairement pas parties. Il reprit la parole pour ajouter:

« C'est Heather, c'est ça? Tu viens réviser pour l'évaluation? »

Alors que je m’excusais et que je lui demandais si je pouvais rester dans la salle de classe pour m’exercer, une odeur désagréable pour mon odorat parvient à mon nez. Je le plissai légèrement et vit que son chaudron était encore fumant. J’en déduisis qu’il avait essayé de faire une potion et que cette dernière était loin, très loin même d’être une réussite. C’était la première fois que je sentais une telle odeur : elle était indescriptible.

Je reportai mon attention sur mon camarade et je reconnus un Serdaigle de ma promotion. Je ne lui avais jamais parlé auparavant vu qu’il se mettait très souvent à l’arrière de la classe alors que je préférais celle du milieu. Il me semble qu’il s’appelait Elliott.

Le jeune garçon blond semblait désespéré. Ses yeux bleus reflétaient son désarroi et sa résignation. Cette dernière fut confirmée lorsqu’il me dit qu’il allait abandonner et qu’il n’était pas fait pour les potions.

« -Oui c’est bien Heather, et toi c’est Elliott, c’est bien ça ? Cela t’ennuie si je fais disparaître ta potion ? L’odeur est assez incommodante ».

Avant même qu’il ne prononce une syllabe, je posai mes affaires sur la table et m’approchai de son chaudron où régnait une mixture de couleur verdâtre. Réprimant un haut le cœur, je sortis ma baguette en bois de châtaigner et lançai un Evanesco suivi d’un Recurvite pour vider le chaudron et la substance nauséabonde. Mon estomac me sut gré et on put respirer de nouveau facilement.

Je me tournai ensuite vers le jeune homme :

« -Pourquoi dire que tu n’es pas fait pour les potions. Il ne faut pas que Miss Xarinez entende cela mais tu sais les potions c’est un peu comme suivre une recette de cuisine. Je suis sûre sue tu peux y arriver » lui dis-je en souriant en espérant lui donner un peu d’espoir.



@Elliott Marshall

Le Serdaigle ne savait pas trop comment il devait réagir, il aurait préféré que sa camarade ne remarque pas son incapacité à faire une potion correctement, mais visiblement, elle ne pouvait pas passer à côté. Comment le pourrait-elle? Cette odeur désagréable commençait à s'installer dans toute la salle et il était persuadé que l'autre première année la sentait aussi. La brune s'approcha de lui, et de la fameuse potion et Elliott comprit qu'il ne pourrait pas cacher sa potion bien longtemps.

Heather confirma que c'était bien elle et enchaîna en demandant à Elliott si elle ne se trompait pas sur son prénom. Il confirma ses propos en acquiesçant puis l'écouta parler. Elle s'intéressa très rapidement à sa potion et Elliott se mordit la lèvre, sentant le rouge lui monter aux joues. Face à la nouvelle proposition de sa camarade, le Serdaigle acquiesça de nouveau, elle pouvait faire ce qu'elle voulait tant que la potion disparaissait de ses yeux.

Elle ne semblait pas avoir besoin de sa réponse pour se donner la permission d'agir. Elle posa ses affaires et d'un coup de baguette fit disparaitre la mixture préparée par le blond. De son côté, le petit Marshall resta silencieux et attendit que sa camarade ose reprendre la parole, lui ne savait plus quoi dire. Heureusement, le silence ne fut pas très long et la Gryffondor reprit la parole, Elliott leva les yeux et ne put s'empêcher de répondre:

« Je pense qu'il faut être honnête! Tu ne vas pas me dire que l'odeur et l'apparence de ma potion font de moi quelqu'un de doué dans cette matière. »

Il savait aussi que sa camarade avait raison, il ne valait mieux que leur professeur l'entende parler ainsi, elle ne voulait pas entendre ce genre de discours. Faces aux encouragements de Heather, le Serdaigle répondit:

« Tu penses que je suis plus doué en pâtisserie? Je t'assure que ce n'est pas le cas mais bon, il va bien falloir que j'essaye de me débrouiller mieux que ça si je ne veux pas être le dernier de la classe dans cette matière. »

Mon pauvre camarade avait l’air gêné. Je le vis rougir d’embarras ou de honte lorsque je m’approchai de sa potion et que je vidai son chaudron.

Je le regardai lorsque dépité il me dit qu’il ne voulait pas finir dernier de la classe. Au vu de son uniforme, mon camarade était à Serdaigle. Cette maison était réputée pour sa sagesse, son esprit, son érudition sa réflexion et son intelligence. Je pensais donc naïvement que tout ses élèves étaient doués et ce peu importe la matière.

Je retournai à ma table et sorti mes accessoires : chaudron, cuillère en bois, ingrédients, balance, récipient, mortier et mon manuel. J’ouvris ce dernier à la page consacrée à la potion qui permet de soigner les furoncles. Pendant que je sortais les crochets de serpent, les limaces à corne et les épines de porc-épic, je me mordis lèvre inférieure, et jetai un regard en biais au jeune Serdaigle.

Je voulais lui proposer mon aide. Je me débouillais plutôt bien en potions. Depuis le début de l’année je n’avais eu que des optimaux qu’il s’agisse de théorie ou de pratique. Si je lui proposai, me regarderait-il étrangement ? me trouverait-il présomptueuse ? Je ne voulais pas qu’il pense que je le prenais de haut.

Je pris mon courage à deux paix. Après tout j’étais une disciple de Gryffondor, maison où le courage était une valeur et m’exclama :

« -Je voulais réviser la potion contre les furoncles. Si tu veux je peux t’aider à réviser et à réaliser cette potion ». Je regardai mon camarade, en mordant de plus en plus ma lèvre, signe de mon stress.


@Elliott Marshall