La veille, les deux frères avaient passé la soirée en compagnie de Diarmuid, Domhall et d’autres amis chez Sisyphe. A l’occasion du passage en 2048, un drag show avait été annoncé et l’aîné de la fratrie O'Belt avait soumis l’idée d’y aller. Mais il y avait Edwin, un garçon de quinze ans qu’ils n’allaient ni laisser seul en ce jour de fête ni obliger à aller voir le spectacle dans le bar douteux de l’allée des embrumes avec eux. Et pourtant… après une longue discussion, c’est finalement ce qu’ils avaient décidé de faire. Owen avait alors mis en garde son frère sur la conduite à tenir et l’avait briefé sur le fait que s’il ne sente pas bien ils s’en iraient. C’était leur accord. Le début de la soirée s’était déroulé sans encombres, Edwin avait pu entrer dans le bar, avait apprécié le show, ils passaient tous du bon temps jusqu’à ce qu’un coeur de fumée gravé du mot Simp à l’intention de son meilleur ami ne tire à ce dernier le mot en S. Sexe, il avait parlé sexe devant son frère. Son frère de quinze ans, fragile. Le sang d’Owen n’avait alors fait qu’un tour, un regard réprobateur à son meilleur ami d’une part, inquiet à son frère d’autre part. Et il avait eu raison de s’inquiéter puisqu’Edwin était devenu livide, au point que le bibliothécaire lui propose de sortir prendre l’air et qu’ils finissent par s’en aller.

L’irlandais avait par la suite cogité toute la nuit et la matinée du lendemain. Edwin était un ado en passe de devenir adulte. Et il n’était pas légilimens pour savoir ce qu’il se passait dans la tête du plus jeune, mais il était plus que probable qu’il ai tôt ou tard un ou une petite-amie, et que leur relation évolue. En temps que grand-frère et responsable légal, il se devait d’avoir une discussion sérieuse avec lui sur ces choses là. Et le sujet évoqué par Diarmuid la veille, associé à la gêne du plus jeune, était indicateur qu’il était temps, et une marche sur laquelle s’appuyer. Owen avait donc profité le lendemain d’un moment calme et sans grand monde dans l’appartement pour prendre Edwin à part dans la chambre de ce dernier.

- Ed, il va falloir qu’on discute d’un sujet important, commença-t-il tout en refermant la porte sur eux, voulant s’assurer qu’il était d’accord pour parler seul à seul. Tu sais hier soir, quand Diarmuid a parlé de… bref.. tu sais quoi et que ça t’as mis mal à l’aise… je pense qu’on devrait en discuter, continua-t-il en s’asseyant sur son lit, l’invitant à faire de même. T’as quinze ans, dans deux ans tu seras majeur, tu auras peut-être un copain ou une copine… ou les deux - après tout, les trouples existaient - donc… qu’est-ce que tu en penses ? Tu as envie d’en parler ?

Si le plus jeune n’avait pas envie d’aller plus loin dans la discussion, il ne le forcerait pas, le choix lui revenait. Il fallait qu’Edwin se sente à l’aide et en confiance autrement ce serait inutile.

@Edwin Wellhister

Bien que la fatigue l'ai assailli une fois rentré à l'appartement, Edwin n'avait presque pas dormi. Il n'en avait pas été capable, juste fermer les yeux et ne penser à rien avait semblé impossible. Il avait passé une super soirée, il n'avait rien à redire, ou presque. Il avait été content que Owen lui fasse confiance pour l'emmener là-bas, et encore plus heureux de pouvoir passer les premières secondes de l'année avec lui et avec les deux O'Belt. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas été réveillé avec des gens pour fêter ce passage et cela lui avait manqué. Objectivement, c'était le meilleur nouvel an qu'il n'ai jamais passé. Le show avait été super cool, même s'il avait fait bouger quelque chose dans son estomac qu'il n'arrivait pas tout à faire à comprendre. Vraiment, la soirée avait été parfaite, et il avait même beaucoup apprécié la tenue que les adultes lui avaient préparée pour l'occasion. Il s'était senti beau dedans, la sensation avait été très agréable. Il avait même décidé de s'habiller un peu plus souvent comme ça.

Tout avait été parfait jusqu'au fameux mot en S. Bien entendu, Edwin l'avait déjà entendu : les adolescents n'ont parfois que ce mot à la bouche. Certains garçons en avaient parlé à Londres, puis à Poudlard mais Edwin avait toujours fuis comme la peste ces discussions. On ne lui en avait jamais parlé, sa mère ne s'était jamais arrêtée pour lui expliquer les choses et Merlin savait qu'il n'avait jamais eu la chance -ou plutôt la malchance selon lui- de participer à un cours d'éducation sexuelle. Et, puisqu'il n'y en avait pas à Poudlard, il avait toujours été sauvé de ce sujet. Jusqu'au aujourd'hui où un adulte avait parlé directement de sexe juste devant lui. Il avait pris l'habitude d'entendre deux trois filles ou garçons glousser à ce sujet, mais entendre ce mot sortir de la bouche d'un adulte, c'était très étrange. Sur le coup, ça l'avait profondément brusqué. Il n'avait pas été choqué ou quoi, enfin, il ne pensait pas, c'était juste qu'il ne s'y attendait pas. C'était un sujet... étranger à ses oreilles. Il n'avait pas vraiment d'informations dessus, et n'avait jamais cherché à en avoir.

Le... Ça, ce mot, qu'est-ce que ça voulait dire, en fait ? Oh, bien sûr, il avait à peu près une image de la mécanique de la chose, ce n'était pas compliqué de déterminer ce qui allait où, un peu comme un puzzle ou un jeu de construction, mais alors son imagination s'arrêtait là. Que devait-on faire après ? Et puis, que faisait-on avant ? Qu'est-ce que ça faisait ? Est-ce que c'était agréable, ou est-ce que ça faisait mal ? Et puis, avec deux garçons ou deux filles, comment ça fonctionnait ?

Quand ses pensées étaient partie sur la route sinueuse d'un couple homosexuel, un truc lui était venu à l'esprit. Est-ce que Owen et Dom faisait des choses comme ça ? À peine l'idée avait elle touché son cerveau qu'il s'était retourné, visage dans l'oreiller pour crier à l'intérieur, presque sans bruit. Non, ne pas penser à ça. Est-ce qu'il serait capable de regarder Owen dans les yeux s'il le faisait ? Il en doutait. Et puis, surtout, beurk. C'était dégoutant, qui voulait faire ça avec quelqu'un d'autre ? Même juste les baisers que s'échangeaient certains élèves dans les couloirs avaient le don de dégoûter Edwin. Toute cette salive, c'était ignoble à regarder. Pourquoi quelqu'un voudrait partager toutes ses bactéries avec une autre personne ? Et puis, on avait déjà une langue dans la bouche, pas besoin d'en inviter une deuxième. Une, c'était largement suffisant avait-il décrété bien plus tôt dans l'année.

Il avait fini par s'endormir quelques heures avant les premières lueurs du jour, mais cela avait été suffisant pour lui faire recharger les batteries, et surtout pour enterrer ce sujet au fond de son esprit. Il avait fait comme avec tout ce qui le mettait mal à l'aise ou ce qu'il ne comprenait pas : il l'avait foutu dans un coin, caché, avant de creuser un trou pour l'enterrer et ne plus jamais repasser devant. C'est ce qu'il allait faire, du moins, avant que Owen n'entre dans sa chambre, au début de l'après midi.

Ce n'était pas bizarre qu'Owen vienne le voir, en fait ça lui arrivait assez souvent. Pour vérifier qu'il allait bien, ou lui poser une question, ou le prévenir de venir manger. Bref, les visites de son grand frère étaient normales et toujours un signe de bonne humeur. Voir le visage de l'adulte faisait toujours s'allumer une lumière dans le cœur d'Edwin. Une lumière qui disait quelqu'un me veut dans ce monde, quelqu'un m'aime. Cela dit, la visite actuelle avait tourné au vinaigre dès les premiers mots du plus âgé. Déjà, Edwin avait paniqué. Parler d'un truc important ? Il s'était tout de suite imaginé devoir faire ses bagages, sa plus grande peur se réalisant.

Et puis, au final, la réalité était bien pire que d'apprendre qu'il allait devoir vivre sous un pont et s'abreuver dans des flaques d'eau croupie. Assit sur son lit, il avait regardé avec effarement son grand frère. Même Piou avait arrêté de sautiller sur le matelas, comme si elle avait compris l'horreur de la situation. Il voulait parler de... de ça ?

Son premier réflexe fut d'ouvrir la bouche, comme pour dire quelque chose, avant de la refermer, puis de la rouvrir. Le second fut de rougir, jusqu'à la pointe des oreilles. Et, le troisième, bouquet final, fit de s'écraser, tête la première, dans son oreiller. Merde. Et voilà, maintenant il y repensait. Est-ce que Owen allait lui dire comment faire les choses ? Ce serait horriblement gênant ! Et puis il ne voulait pas savoir ! Comment serait-il censé dormir après ça, sachant que Owen et Dom pouvaient faire des trucs bizarres ? Et Diarmuid ? L'adulte commençait à peine à perdre son aura effrayante, mais là c'était sûr que Edwin n'arriverait plus jamais à le regarder en face ! Quelle horreur !

Bhhmmhmmr fit-il, dans son oreiller avant de tourner la tête pour respirer et essayer de pousser à nouveau la phrase hors de sa gorge S'tu veux... Il espérait qu'il ne voudrait pas. Qu'il rirait fort en disant "Oh c'est une blague, mon pauvre Edwin ! Tu sais bien que les personnes avec le signe astrologique de la Vierge sont destinées à éviter cette discussion jusqu'à la fin des temps !"

La réaction de son frère à sa question vallait son pesant de chocogrenouilles ! Il savait que le sujet était délicat mais s’il s’attendait à ce que ce dernier ne soit pas à l’aise, il n’avait certainement pas pensé au fait qu’il finirait la tête dans son oreiller en gromellant quelque chose d’incompréhensible.

- C’est si tu veux toi, je ne te forcerai pas, lui répéter Owen pour s’assurer qu’il pouvait continuer. Je sais bien que ce n’est pas facile, mais c’est important. Maintenant qu’il y était, il fallait qu’il trouve par quel bout commencer, et il n’en avait aucune espèce d’idée. Il n’allait certainement pas lui demander comme ça si c’était dans ses projets, ni lui parler de contraception tout de suite. Peut-être l’aborder différement ?Sous un autre angle ? Tu sais, à ton âge je suis sorti avec une fille, Adelyn Horn elle s’appelait, à Serdaigle… oh ça n’a pas duré bien longtemps, quelques mois seulement… parce que c’est aussi à ce moment là que j’ai remarqué que je n’étais pas indifférent aux garçons. Et j’ai pris peur. Je ne savais plus qui j’étais, j’avais honte, et me questionnais. Je n’osais pas en parler parce que j’appréhendais les réactions. J’en ai souffert. Owen avait dit tout cela le regard dans le vide, avant se tourner pour planter ses yeux bleus gris dans ceux de son frère. Je ne sais pas si tu as quelqu’un en vue en ce moment, mais sache que c’est ok d’être et d’aimer qui tu veux, comme tu le veux. J’en suis la preuve vivante, ajouta-t-il dans un rire pour détendre l’atmosphère. Tu sais, faut pas que tu ai peur d’aimer, de le montrer. Peur de l’amour et tout ce qui gravite autour. Owen marqua une pause pour recentrer son chemin de pensée et s’assurer qu’Edwin le suivait toujours. Est-ce que tu as déjà été amoureux ? Après tout, il ne se connaissaient que depuis un an, se découvraient encore et n’avais jamais discuté de ces choses là. Celui lui permettrait d’y voir plus clair sur la façon dont il pouvait aborder certains points au cours de la discussion.

Edwin observe son grand frère, le visage à moitié caché dans son oreiller. Il ne sait pas trop quoi répondre. Il n'a pas vraiment envie de discuter de ça, mais Owen a l'air de trouver ça très important. Et il n'a pas l'air de vouloir le mettre mal à l'aise ou se moquer de lui. Le Serpentard n'a que 15 ans, ce serait bête de dire qu'il sait mieux que son grand frère sur l'importance d'une discussion comme ça. Et puis, si Owen pense vraiment qu'il faut discuter de ça, autant en finir au plus vite. Sinon il va juste avoir peur que son frère ne sorte d'un placard comme les monstres qui font peur dans l'enfance pour lui demander s'il pense au sexe.

Mieux vaut en finir au plus vite et faire comme si cette discussion n'avait jamais existé par la suite. Ils seraient rapidement de retour à Poudlard, donc c'était probablement le meilleur moment pour en parler. Il n'oserait plus regarder aucun de ses camarades si Owen devait essayer de lui reparler de ça à l'école. Ce serait encore plus gênant qu'ici, dans le confort et la sécurité de sa chambre. Edwin finit par baisser les yeux et hocher la tête. Ouais... D'accord, j't'écoute 'wen. Il se redresse légèrement pour s'asseoir en tailleur sur son lit, face à son frère.

Lui aussi avait été amoureux des filles avant de trouver un garçon ? Ça leur faisait un point commun en plus. Edwin n'avait plus trop de problèmes avec cette partie de lui, il avait réussi à l'accepter et Lili avait été d'une aide précieuse à ce sujet. Sa mère, par contre, beaucoup moins. Edwin ne lui expliquerait jamais comment il se sentait vraiment au fond, parce qu'il sait qu'elle ne réagira pas bien. Elle n'arrêtait déjà pas de faire des crises à cause de ses cheveux longs ou de ses manières de filles, alors s'il devait lui dire qu'il aimait bien certains garçons.... C'est sûr que cette fois-ci elle aurait sa tête, ce serait peut-être même encore pire que lui annoncer qu'il était un sorcier ou lui faire face maintenant qu'elle avait perdu sa garde.

Je sais ouais, il chuchote, mais sans lever les yeux vers l'adulte Lili m'avait dit que c'était bien, mais tu... enfin tu connais pas maman mais elle... je sais que, elle, elle aurait pas bien réagi si je lui avais dit que j'aimais bien, ben.. l-les filles et les g-garçons aussi. C'est tellement étrange de dire ça à un adulte, ou d'avouer ça à nouveau en ayant le même stress. À l'époque où il en avait parlé avec Lili, il s'était senti hors de son corps, comme s'il ne comprenait rien. Mais là, aujourd'hui, c'était comme s'il disait à voix haute quelque chose qu'il avait accepté comme faisant partie de lui, mais qu'il ne s'amusait pas à montrer à tout le monde. Edwin n'en avait pas honte, c'était simplement qu'il n'en parlait pas. Jamais, parce que c'était pas comme ça qu'il avait été élevé.

Il n'avait pas grandi pour montrer ses sentiments et les partager, sa mère n'y avait jamais vraiment fait attention et son père encore moins. Il lui semblait simplement que ces choses-là devaient rester cachées en soi, comme si c'était trop personnel pour être montré ou discuté. On parlait pas de ça avec maman, elle me demandait pas trop des trucs comme ça. Il baisse encore plus les yeux et joue avec ses doigts, un peu gêné. Je sais même pas ce que c'est d'aimer quelqu'un. Comment tu sais que tu l'es ? Amoureux ?

Il était bien sorti avec Maiy durant un moment, mais il n'avait pas eu l'impression d'être amoureux, ou de ressentir quelque chose de différent que quand ils étaient amis. Pour lui ça avait surtout été de rajouter un peu de contact et de sourires dans une relation qui était déjà fusionnelle dès le départ. Une de ses meilleures amies, et le fait de la rendre heureuse et de lui donner des baisers avait été agréable mais ça ne l'aurait pas particulièrement dérangé de rester sur leur relation de départ.

Edwin change de position pour replier ses jambes et serrer ses genoux contre sa poitrine. Et puis... ça doit faire mal, non ? Regarde ton père et maman. Comment... comment... p-pourquoi maman l'aimait plus ? Si ça peut se casser si facilement, je suis pas sûr de vouloir tomber amoureux.

Ainsi son frère était lui aussi attiré par les deux sexes. Voilà qui leur faisait un nouveau point commun. Owen senti ses yeux se mettre à luir sans toutefois verser la moindre larme. Il ne savait pas si ses émotions ressortaient plus du fait énnoncé ou de la façon dont Edwin l’avait abordé, mais était touché. Je m’en doute, avait-il simplement répondu en le serrant fort contre lui. Ça nous fait un nouveau point commun. Owen marqua une courte pause avant de ressentir le besoin d’ajouter, rassurant. Tu sais que tu peux tout me dire, que soit en lien avec ça ou n’importe quoi d’autre. Jamais je ne te jugerai sur quoi que ce soit et tu seras toujours mon frère. Il voulait prouver une fois de plus qu’il n’était pas comme leur mère. Quand à comment il savait s’il était amoureux… c’était une bonne question, à laquelle apporter une réponse n’était pas forcément évident. C’est tellement différent selon les personnes…

- Etre amoureux c’est… c’est quand la personne est omniprésente dans ton esprit, que quoi que tu fasses tu penses à elle et que ça te donne de l’énergie, de l’envie. C’est quand tu as besoin de la savoir saine, sauve et heureuse. C’est quand tu es jaloux lorsqu’elle traine avec une autre personne. C’est quand tu t’en veux de trainer toi aussi avec quelqu’un d’autre. C’est quand elle te manque cruellement à chaque minute qui passe loin d’elle. C’est quand tu ne vois pas ses défauts ou n’en tient pas compte. C’est quand tu sens toute ton âme passer à travers un baiser, que cela te fais une impression de papillons dans le ventre, que tu donnerai tout pour que ce moment ne s’arrête jamais. Ce ne sont que des exemples parmi tant d’autre… quand tu es amoureux, tu le sais, avait-il répondu dans un sourire en lui serrant l’épaule. Il était content de voir qu’il se posait des questions et que lui pouvait y répondre, qu’il lui était utile.

Mais la suite le fit grimacer. Il n’avait pas envisagé cette interrogation, cette remarque. Sa gorge se noua. Pourquoi ? Parce qu’elle ne voulait plus d’enfant, parce qu’IL était né. Les larmes lui montaient aux yeux et menaçaient de couler, son visage s’était refermé et il ne le cachait pas. Il devait juste trouver comment le dire mais avant tout une porte de sortie. Il ne voulait pas en discuter, pas maintenant, c’était encore trop tôt.

- Parce qu’elle ne voulait plus d’enfant après m’avoir mis au monde, elle a pris peur. Mais elle l’aimait toujours, mon père. Owen renifla et se racla la gorge avant de continuer une fois le trop plein d’émotions passé. Ça ne fait pas toujours mal, l’amour. Il y a plein de couples, de familles avec qui tout se passe bien. Mais même si parfois c’est douloureux… c’est souvent pour le mieux. Regarde, si ELLE n’était pas partie, tu ne serai pas né, et je n’aurai pas eu la chance d’avoir un petit-frère comme toi. Mon père s’est de nouveau épanoui. Si je n’avais pas éte largué par mon ex petit-ami, je ne partagerai pas actuellement mon quotidien avec Dom, l’homme de ma vie. Il ne faut pas avoir peur d’avoir mal, avoir peur que ça se casse. Il faut tenter sa chance, laisser au destin une petite place, parce que crois-moi Ed, ça en vaut la peine. Le bibliothécaire marqua une nouvelle pause avant de conclure. Et puis… on ne choisit pas de tomber amoureux. Ni la date, ni le lieu, encore moins la personne. Il faut juste accepter de l’être lorsque ça arrive, et souvent prendre son courage à deux mains pour savoir si c’est réciproque. Cette fois-ci, il s’interrompit le temps de le détailler du regard avant de reprendre, d’un ton et sourire taquin.

- Ne me dis pas qu’un fringuant jeune homme comme toi n’a encore jamais eu de petit copain ou de petite copine ? La question était sincère, et là pour détendre l’atmosphère. Peut-être aussi cela lui permettrait-il d’aborder la suite sans que ça ne tombe comme un cheveu sur la soupe. Il verrait bien. En attendant, il était curieur de la réponse !

Son cœur s'emplit encore plus d'amour pour son grand frère. Depuis qu'il lui avait indiqué être lui aussi bisexuel. Pour Edwin, cela faisait de lui une nouvelle figure dans sa vie. Il n'avait pas vraiment rencontré de gens comme lui auparavant. Que son frère lui dise qu'il faisait partie du même groupe que lui enserra le cœur d'émotions positives. Il avait l'impression de ne plus être tout seul. Ca le soulageait d'un gros point d'avoir enfin quelqu'un avec qui parler de cette petite particularité qui comptait beaucoup pour son petit cœur qui battait souvent pour tout le monde et à la fois n'importe qui. Il se blottit un peu plus contre Owen. Les sentiments qu'il avait ressenti plus tôt en l'avouant avaient été particuliers. Pour la première fois il avait l'impression de s'ouvrir entièrement à l'autre. C'était drôle de se sentir entièrement vrai pour la première fois. Tu... Tu promets, même si je fais des mauvaises choses ? Maintenant qu'il n'avait plus peur de se faire dégager parce qu'il n'était pas capable d'aimer juste les filles, ses anciennes angoisses revenaient à nouveau le hanter. Il avait ouvert la vanne de ses émotions et n'arrivait plus trop à les réguler.

Il observa son frère avec des étoiles dans les yeux quand il lui expliqua ce qu'être amoureux voulait dire. Lui qui pensait que cela pouvait avant toute chose faire du mal - car après tout, l'amour avait tant fait du mal à sa mère - il semblait en fait que c'était plutôt sympa de tomber amoureux. Ca avait l'air beau. Edwin voulait - finalement - lui aussi tomber amoureux un jour.

Il voulait ressentir ce qu'Owen décrivait. Il voulait se perdre dans ses sentiments pour quelqu'un, sentir son cœur palpiter dans sa poitrine à l'évocation simple d'un nom. Il voulait rougir, pleurer même si cela pouvait le faire aimer plus fort. Il voulait vivre quelque chose comme Domhall et lui. Il voulait tenir la main à quelqu'un, lui donner des baisers comme ceux qu'il arrivait parfois à capter entre son frère et son copain. Cependant, il ne pouvait s'empêcher de penser à sa mère et à comment l'amour l'avait détruite. Evidemment il ne pensait pas que Domhall allait quitter son frère mais à part cette relation, il avait l'impression que toutes les autres pouvaient mal finir.

Edwin se blotti encore plus contre son frère quand il comprit que parler de ça, de sa mère et de son père à lui, était plus difficile. Mais... Et quand les gens ne s'aiment plus, comme eux, ça fait forcément du mal non ? Comment je peux savoir si ça finira bien ? Est-ce que je serais obligé de prendre un gros risque comme ça ? Il baissa les yeux sur ses mains. Tu sais, parfois enfin...je me suis souvent dit que maman elle aurait été plus heureuse si j'avais pas été là. Peut-être que avec ton papa à toi, si elle était restée, ça aurait bien fonctionné. Mais finalement elle est partie et ça s'est encore mal fini avec mon papa à moi. J'ai l'impression que tout finira toujours mal pour moi, comme elle. Je sais que j'ai pas été un super fils, ça serait une bonne punition pour moi...

S'exprimer aussi librement sur ce sujet là avait abaissé toutes les barrières mentales qu'il avait. C'est pour cela qu'à la question de l'autre pour savoir s'il avait déjà eu une copine, il se mit à rougir si fort qu'il aurait pu éclairer toute la ville. Il n'essaya même pas de cacher son visage à nouveau dans son oreiller. Ca n'aurait servit à rien, tout son être semblait s'être tendu aux mots de l'autre. Bégayant plus que parlant, il répondit Euuuuuh... SI ! Si hein, j'en ai déjà eu une, évidemment... Les garçons de 15 ans ont des petites copines c'est juste que... euh... Enfin... Avec Maiy on est juste amis maintenant. Ca fait longtemps, genre plus de deux ans au moins ! Et... Et je crois qu'elle aime quelqu'un d'autre depuis. Il joua avec ses doigts, gêné de finir sa tirade. Et puis... je crois pas que j'en étais vraiment amoureux. C'était pas comme toi tu l'as décrit. Avec Maiy je me sentais juste toujours calme. L'embrasser c'était sympa aussi mais je pensais pas à ça tout le temps tu vois ? Et... et je pensais encore moins au se... enfin tu vois. Et maintenant non plus j'y pense pas hein !

Il se perdait un peu dans son explication mais Edwin espérait que l'autre ai compris le principal : il ne s'intéressait pas au mot en s. Au mot interdit qu'il préférait ne pas remmener sur le tapis car il ne voulait pas que la discussion recommence à être gênante. S'il avouait n'y avoir jamais pensé, peut-être que ça ne débuterait jamais et qu'il resterait toute sa vie sans la gêne qu'un tel mot provoquait à l'écoute.

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