TW : violence/maltraitance d'enfant

Je se peux m'empêcher de repenser au passé. A la manière dont je me comportais. A ma naïveté. Je ne comprenais rien de mon monde. Je ne comprenais pas les attentes de ma famille. Je ne savais pas qui j'étais. Pas encore.

Je me souviens d'un jour, il y a longtemps. J'avais 7 ans. Je me trouvais dans la bibliothèque. Je lisais. J'étais heureux. Mon père venait de m'appeler. Je descendais les escalier jusqu'à la cuisine. Il m'attendais là, un air que je ne compris jamais sur le visage. Je devinais que quelque chose n'allait pas. Mais je ne savais pas. Pas encore.
Il a vaguement souri en me voyant arriver. Il me regardais comme s'il avait pitié de moi. Il a commencé à parler. Il a dit "ce n'est pas bien de désobéir Lyam". Je ne comprenais pas pourquoi il disait cela. J'étais pourtant sage. Mais je n'osais pas contester. Je baissais les yeux. Il le vit. "Nous n'attendons qu'une chose de toi et tu fais tout louper. C'est très mal Lyam". Je murmurais à peine en répondant. "Je ne comprends pas" dis-je. avant même que je ne la voie arriver, la claque atteint ma joue. "Peut-être que tu comprendra maintenant" a-t-il dit. Ma joue me faisait mal, j'avais les larmes aux yeux sans prendre le risque de pleurer toute fois. Mais je ne comprenais pas. Pas encore.

Aujourd'hui, j'ai grandi. J'ai compris. Du monde, il n'y a rien à comprendre. De ma famille, un jour je partirais. De qui je suis, celui qui les vaincra. Tous.

Maintenant je sais.

Vacances d'été 2048

Je pense que je n'ai jamais vraiment commencé à décevoir mes parents. C'est le cas depuis ma naissance. Depuis que ma mère s'est rendu compte que je ne lui ressemblais en rien. Depuis que mon père s'est rendu compte que je ne lui ressemblais pas non plus. Je n'ai jamais su leur ressembler. Pourtant j'ai souvent essayé. Maintenant c'est tout l'inverse que je veux. Ne jamais devenir comme eux. Lyam signifie volonté. Je veux les faire tomber. J'y arriverais. Mais je ne pourrais pas la faire seul. Il faut que quelqu'un m'aide. C'est la seule motivation qui me pousse à aller voir des gens. Et je recommencerais cette année. Même si personne dans toute l'école ne peut comprendre, j'y arriverais. Lyam signifie volonté.

Si seulement je pouvais partir. Après tout j'avais déjà essayé chez ces français. Et je m'étais fais rattrapé. Mais si j'avais vraiment voulu partir, je serais loin.
Ici, je ne peux pas. On me surveille tout le temps. Tout ce que je fais est noté, débattu. Il y a un moyen bien sûr, Andreas. Mais il n'acceptera jamais. Je sais qu'il fait semblant de suivre notre grand-père. Mais il ne peut pas se permettre cela. M'aider à m'enfuir briserait la confiance qu'ils ont en lui. Sinon…
Peut-être qu'un de mes camarades…
Non. Je n'ai pas assez confiance en eux au même titre qu'aucun n'a confiance en moi.
Non, ce qu'il faudrait, c'est que je disparaisse sans laisser de trace. Pour que personne ne sache que je me suis enfui. Pour qu'ils croient à une simple disparition. Ca les ferait bien chier ça, que je disparaisse. Ca briserait tous leurs plans. C'est juste ce que je veux. C'est juste ce que je suis incapable de faire.
Un jour peut-être.

Noël 2043

J'ai sept ans, bientôt huit. C'est la première fois que je vois autant de haine dans un regard. Un regard qui devrait m'être rassurant. Celui de ma mère.

Je suis tout ce qu'elle à toujours voulu éviter. Tout ce qu'elle à toujours détesté. Déjà je ne suis pas le premier garçon. Je n'hériterais de rien. Je n'était donc pas intéressant. Mes frères, eux, méritaient son attention, c'était eux qui assureraient la descendance. Ensuite, je n'étais pas une fille. Ma mère avait toujours voulu avoir une fille. Maintenant qu'elle l'avait, plus rien ne me reliais à elle.
Peut-être est-ce aussi en partie de ma faute. J'ai toujours échoué à ressembler à mes parents. Je ne suis pas le parfait petit garçon. Et par là elle entend tout sauf moi. Je n'ai rien d'un ange comme elle le voudrait. Je ne suis ni blond, ni petit, ni ce qu'on pourrait qualifier de particulièrement attaché à l'amour. Après tout, je ne sais pas réellement ce que c'est l'amour. Même maternel. On ne m'en a jamais donné.
Au contraire, je ressemble plus à un diable ou à un sorcier, un comble ! Au Moyen Age, tous les gens pas nettes, en particulier s'ils étaient roux, étaient considéré comme des sorcier/ère pactisant avec le Diable. Pas nette et roux. Exactement ce que je suis. Mais s'il n'y avait que ma tronche qui déplaisait à ma mère, ça irait encore. Mais non. Visiblement je suis "aussi intéressant qu'une vielle pile de parchemins". C'est pas moi qui le dit, c'est elle. Personnellement je trouve les vieux parchemins très intéressant mais comme dirait un personnage de fiction moldue qu'Owen adore "un avis c'est comme un trou du cul, c'est chacun le sien"*.
Tout ça pour dire que ma mère me déteste et que ce n'est pas nouveau.

Son regard m'a fait peu au début, je ne savais pas comment réagir. Alors je me suis terré dans un coin. Tout seul. Mais ça n'est pas passé inaperçu très longtemps. Andreas l'a tout de suite remarqué. Et je suis maintenant obligé de l'éviter pour ne pas qu'il me pose que questions. Je ne veux pas y répondre. Parce que je sais déjà de quoi elles vont être composées. D'une certaine manière, j'ai peur d'y répondre. Peur qu'on découvre mes secrets à travers. Peur qu'on découvre ce qui m'est arrivé pendant ce début d'année. Peur qu'on découvre la colère de mes parents.
La violence du père.
La haine de la mère.
Le déni du grand-père.

Si il y avait que ça encore. Mais non toujours pas. Cela continu. Sans relâche. Je ne lui en veux pour rien au monde, mais ma sœur joue un rôle la dedans aussi. Sa façon te toujours être de bonne humeur, d'aimer cette famille qui me déteste. Sa crédulité aussi. Elle croit tout ce qu'elle entend. Je lui dirait en face que je suis mort qu'elle me croirait.
Mes parents le savent, s'en servent. Bientôt, elle se retournera contre moi. Mais je ne les laisserais pas faire. Je tiens à elle plus qu'a ma propre vie. Je lui doit tout. Y compris ce que je suis. Je le protégerais, j'en fais le serment.

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*La Guerre des Boutons (Lebrac si ma mémoire est bonne)