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21 avr. 2024, 21:26
 OS  Ce qu'il me reste d'eux
20 février 2049


Il n’arrête pas de pleuvoir depuis une semaine, ça en est presque lassant. Devoir rester à l’intérieur tout le week-end ne m’aidait certainement pas à l’apprécier. Non pas que la pluie avait quelque chose de désagréable, mais à cette période de l’année, le soleil était le bienvenu et bon pour le moral. J’étais calmement installée près de la fenêtre de la salle commune lorsque mes jambes se sont mises à m’interpeller, fatiguées d’être statiques trop longtemps. Et me voici donc, soumise à leur volonté, à me promener dans les couloirs de l’école sans but précis, juste pour avoir la sensation d’être en mouvement, de ne pas rester trop longtemps sans rien faire.

J’étais sur le point de faire demi-tour lorsque le hululement d’un hibou a retenu mon attention. Il s'était posé devant moi et avait lâché une lettre légèrement humide à mes pieds avant de s’envoler par le même chemin qu’il avait emprunté à l’aller. Le bougre n’avait même pas attendu une récompense qui était pourtant méritée au vu du temps dehors. La lettre avait peut-être reçu un genre de sortilège d’imperméabilité pour être en si bon état. Mais inutile de tergiverser et de me poser mille et une questions sur le pourquoi la lettre paraissait si sèche. Je m’empresse de l’ouvrir, car je sais de qui elle vient.
Ma chère Charlie,

Je réponds à ta précédente lettre qui m'a quelque peu inquiétée. Je comprends que tu peux avoir des doutes et te poser des questions sur ton avenir dans cette école. N’oublie pas que tu n’as que onze ans et qu’il n’est pas toujours évident d’être loin de sa famille. Je l’ai vécu aussi et je t’assure que plus le temps avance, plus tu te créeras une routine, un quotidien ici à tel point que Poudlard sera davantage ta maison qu’ici, à Cambridge. N’aie pas peur de l’inconnu, je sais que tu n’es pas comme ça et que ce n’est qu’une mauvaise passe. Poudlard sera ta meilleure expérience et tu en ressortiras presque adulte.

Pour te réconforter, j’ai pris le loisir de t’envoyer de la brioche aux amandes, celle que tu aimes tant. Je me suis dit qu’en ayant un peu de la maison dans ton dortoir, il te serait plus simple d’accepter d’être là-bas. On est tous passés par-là et ton frère passera aussi par-là. Alors profite et amuse-toi, mais pas trop quand même.

À très vite,
Maman.
Étrangement, je n’avais pas envie de pleurer, mais je sentais que la boule dans mon estomac qui ne me quittait pas s’était envolée d’un seul coup et je respirais à nouveau. J’inspire et expire complètement et le sourire apparait presque immédiatement sur mon visage.
La brioche aux amandes. Il n’y avait pas mieux comme réconfort. C’était une recette de ma grand-mère qu’elle avait transmise à ma mère. C’était le goûter de mon enfance et il n’y avait pas mieux pour que je me sente enfin chez moi. Peut-être que je pourrais demander à la Direction s’il était possible d’en avoir à chaque petit-déjeuner, de quoi ne plus jamais être de mauvaise humeur – ce n’est pas tout à faire vrai, mais on peut toujours l’espérer.
Mais c’est peut-être un peu trop demander.

#8F5AAF
06/06/2037 - 11 ans
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