Accompagnée d'Hallie, Marilya marchait dans les couloirs du château, l'air absente, rêveuse. Elle fredonnait gaiement et faisait de petits mouvements de danse avec sa tête et parfois ses doigts qu'elle laissait traîner sur la pierre fraîche des murs ou une tapisserie géante. La princesse aurait largement préféré se rendre ailleurs qu'à la bibliothèque, ou plutôt, elle aurait donné cher pour s'y rendre pour une raison moins lugubre qu'un exposé.

Elle préférait s'amuser, ne faisant généralement les devoirs qu'en dernière minute, trop rapidement pour qu'ils lui apprennent quelque chose. Si elle n'avait pas eu peur de décevoir ses professeurs et de se faire gronder, nul doute qu'elle en aurait oublié quelques-uns. Néanmoins, les travaux de groupe changeaient un peu la donne. Pour commencer, c'était moins fastidieux et plus convivial de faire ça à plusieurs ! S'ajoutait en revanche la peur de décevoir son ou sa camarade, elle qui se sentait si souvent en dessous.

Trouvant une place tranquille dans la bibliothèque, Marilya offrit un large sourire à Hallie tout en sortant sa plume, son livre de cours et du parchemin. La rousse, à chacune de leur rencontre, avait fait preuve de bien plus d'esprit que la princesse, qui faisait taire sa petite voix intérieure en se rappelant qu'elle était "zarb" et que, d'après sa copine Hallie, "les gens zarb sont s'vent les meilleurs" ! Oui, elles étaient copines maintenant et, que cela soit vrai ou pas, Marilya se raccrochait à ça pour oublier son anxiété.

"Les sortilèges mineurs : votre exposé devra être de 30 centimètres de parchemin, minimum" lu-t-elle joyeusement avant de froncer les sourcils :"Mineur... Comme dans les mines ? Genre creuser et tout ?"

Après correction de ce petit malentendu (soit par Hallie et/ou après ouverture de son manuel de cours à la bonne page), Marilya rejetta ses cheveux longs en arrière et entreprit de se les tresser rapidement pour être plus à l'aise.

"Tu fais moins de fautes que moi, tu devrais écrire je pense, mais d'abord on devrait prendre des notes. T'es d'accord ?"

Sa voisine de voyage était anormalement joyeuse pour un devoir de sortilège. Sautillant comme une sauterelle, elle semblait partie dans son propre monde imaginaire, délaissant la réalité au profit de rêveries enchantées où les formules magiques dansaient avec les étoiles. Soucieuse de cette simplicité, la jeune rouquine scruta sa camarade attentivement, tentant désespérément de comprendre ce qui se cachait derrière cette candeur parfois inappropriée. Malgré le sentiment de tranquillité d'avoir été pairée avec une fille de sa maison, Hallie ne parvenait pas à taire son anxiété naissante, qui la bombardait de scenarii improbables. Leur trajet fut ponctué par le silence de leur conversation inexistante et des hululements de Marilya. Elle ne put réprimer un léger soupir d'exaspération lorsqu'elle s'aperçut du ridicule de la situation. D'un petit mouvement d'épaule, elle réajusta son cartable chargé et aperçut la bibliothèque au fond du couloir. Les prochaines heures à étudier s'annonçaient longue si Marilya se décider à adopter le même comportement.

Lorsque la grande porte en bois fut poussée, les deux poufsouffles trouvèrent une place libre dans l'espace détente, s'assurant d'être dans la bonne partie de la bibliothèque pour pouvoir discuter. À sa grande surprise, sa camarade mena la danse en prenant toutes les initiatives, et lit à haute voix l'énoncé du devoir à accomplir. Son intervention fut coupée courte quand elle prit conscience de son incompréhension face à certains mots du devoir. Elle se retourna vers Hallie pour manifestement lui demander son avis, ce à quoi la rouquine se contenta d'un simple hochement d'épaule accompagné d'une maigre grimace. Elle non plus n'avait pas connaissance de ce mot, et n'était pas plus avancée que la blonde. Heureusement, les deux enfants trouvèrent réponse à leur interrogation lorsque le manuel fut ouvert à la bonne page.

D'ordinaire très bavarde, jusqu'à prendre l'espace de parole, Hallie était anormalement calme en ce jour si terrible pour elle. Une longue semaine l'attendait avant qu'elle ne puisse songer aux vacances, et cela incluait de rendre les devoirs en temps et en heure. Pourtant, elle ne ronchonnait pas, ni ne faisait obstacle à la bonne humeur de sa camarade, qui lui demanda gentiment si elle pouvait être la secrétaire du devoir. Son prétexte était cependant sacrément bancal : Hallie maniait la plume aussi bien qu'une girafe ne savait écrire. Malgré un esprit aiguisé, son écriture de patte de mouche avait souvent été critiquée par un bon nombre de professeurs passés.

« D'accord », fit-elle simplement en haussant à nouveau les épaules. Cela ne lui importait peu : si Marilya venait à se plaindre, Hallie lui rappellerait alors qu'elle avait elle-même choisi de lui attribuer cette mission, sans même avant avoir pris connaissance de l'état de ses parchemins.
Elle sentit une vague d'anxiété l'envahir. Le livre des sorts et enchainement semblait l'observer, évaluant le niveau plutôt médiocre des aptitudes magiques de la sorcière en herbe. Tentant désespérément de se concentrer sur la lecture de ce dernier, la petite commença à remuer du pied, tentant en vain de se calmer, tétanisée par la perversité du sentiment. Sur une impulsion, elle se leva brusquement de sa chaise, prit une grande inspiration, puis la relâcha d'un coup. « J'me suis améliorée. J'maîtrise plein d'trucs maint'nant. C'est bon. », se répéta-t-elle mentalement comme un mantra.

Adressant un très léger sourire à Marilya, elle se rassit sur la chaise en bois et pointa du doigt les premières questions de l'énoncé. Décrivez les informations principales qui composent le sort (nature, geste, formule ...) suivi d'un Indiquez la fonction de ce sort. Ça, c'était plutôt facile, la professeure avait déjà fait un topo lors du cours dispensé. C'était donc les doigts dans le nez que Hallie parvint à inscrire quelques notes sur le parchemin, sans même vérifier les informations dans le manuel, grâce à sa mémoire titanesque. Les questions suivantes s'annonçaient un peu plus corsées, et nécessitaient de la lecture approfondie et barbante aux yeux de jeunes élèves de onze ans. 3. Qui est l'inventeur de ce sort ?
4. Raconter en détails l'évolution de ce sort à travers le temps

La rouquine s'avachit subitement sur la table, s'effondrant tel un-e soldat-e sur le champ de bataille tout en froissant les quelques parchemins. Puis, elle poussa un long gémissement de plainte, comme si elle se retrouvait devant un défi impossible à réaliser. Ce devoir n'allait finalement pas être aussi simple qu'il l'annonçait. La tête reposant sur son bras, Hallie se mit à jouer avec la plume sur la table, le regard à moitié vitreux. « ... Rédiger l'évolution du sort à travers les âges ... On s'en sortira jamais. On va y être pour des heures », s'apitoya la petite, dramatique. Elle jeta un bref regard à Marilya, et espérait que cette dernière soit un peu moins paresseuse qu'elle de manière à pouvoir en finir au plus vite.



@Marilya Sowell Mes excuses pour ce gros retard ! J'ai une très très mauvaise mémoire, et ce RP m'était complètement sorti de la tête. C'est quand je me suis dis "c'est bizarre, malgré tous les hiboux où on s'est mis d'accord, aucun n'a été lancé, je veux écriiiiiire !" que je me suis rappelé de nous. Et... Oups. M'enfin tu as de quoi satisfaire ta lecture : plus de 750 mots !

Marilya, écoutant les lamentations de Hallie, ne put s'empêcher de rire légèrement, non par moquerie, mais parce qu'elle trouvait quelque chose de profondément comique dans leur situation désespérée : aucune des deux n'avaient envie d'être là pour faire ce devoir et la charge de travail leur semblait insurmontable. Le princesse décida pourtant de ne pas se laisser abattre, ce ne serait pas un devoir, même aussi intimidant, qui lui ferait perdre son entrain !

"Allez, Hallie," dit-elle avec un clin d'œil, "ça va être une aventure ! Imagine, c'est comme si on était des détectives magiques, explorant l'histoire des sorts. Qui sait quelles histoires incroyables on va découvrir sur ces sorts anciens ? Peut-être que le sort qu'on étudie a été inventé par une princesse !"

En voyant la description des sortilèges mineurs et leur liste, Marilya pensa immédiatement à une vieille princesse moldue. Une histoire de citrouille et de ménage que sa grand-mère aimait bien et qui, pour le peu qu'elle s'en souvenait, fonctionnait bien avec le sortilège de récurage.

"Et puis, on est ensemble dans cette épopée. Ça ne peut pas être si mal, non ? On pourrait même trouver des trucs rigolos en cherchant !"

Marilya se pencha sur leur manuel ouvert, pointant du doigt une illustration de sorciers utilisant le sort en question. "Regarde ça, Hallie ! Ils ont l'air si sérieux..." se moqua-t-elle.

Son rire était léger et sincère, et même si elle ne se concentrait pas complètement sur l'aspect académique de leur tâche, elle était pleinement engagée à rendre l'expérience aussi agréable que possible. Marilya savait qu'elle n'était pas la meilleure élève en termes de devoirs, mais elle croyait fermement que tout pouvait être amusant avec la bonne attitude.

Marilya était résolue à transformer leur corvée en quelque chose de joyeux, persuadée que même les tâches les plus ennuyeuses pouvaient être teintées de magie et d'amusement, tant qu'elles étaient partagées avec un ami.

Elle fronça les sourcils en continuant à lire : "N'empêche que Internet chez les moldus, c'est quand-même plus rapide que de devoir lire plein de livre..." se plaignit-elle avant de s'exclamer : "J'ai trouvé ! En 1754 à Rome, lors d'une compétition de balais volants mettant en vedette Silvio Astolfi, l'Italien, et Torquil MacTavish, l’Écossais, deux célèbres pilotes de l'époque, Orabella Nutty fit connaître son invention au monde. Lors de cet événement, une dispute éclata entre les partisans des deux pilotes, causant des dégâts au Colisée et attirant l'attention des moldus. Orabella Nutty intervint rapidement avec son sort de Réparation, permettant aux officiels du ministère de la Magie de réparer l'édifice avant que les Moldus ne découvrent l'incident, évitant ainsi une grave violation du Code International du Secret Magique. Pour son action, Orabella Nutty fut honorée de l'Ordre de Merlin, première classe."

Les rires mélodieux de sa consœur lui chatouillèrent les oreilles, la sortant temporairement de sa moue rêveuse. Elle releva lentement la tête, sa joue frottant contre le bois massif de la table vieillie, jusqu'à ce que son menton supporte le poids entier de son corps avachi. Les yeux levés en direction de Marilya, cette dernière ne réussit qu'à déclencher un maigre sourire de la part de la rouquine, qui ne voyait pas en quoi un devoir pouvait être quelque chose d'attrayant. La douceur des songes la transporta à l'extérieur, sur le terrain d'entraînement où elle dépenserait son surplus d'énergie à effectuer les meilleurs scores possibles. Les haies sautées, enchaînées les unes après les autres. Les chronomètres d'endurance, ainsi que les sprints mesurés. L'air frapperait son visage de plein fouet, tentant de la ralentir dans sa course alors que Hallie trouverait la force de le transpercer.

L'apostrophe de Marilya l'extrada de ses douces illusions en désignant l'ancien manuel de sortilèges. Elle poussa un gros soupir qui fit virevolter quelques parchemins, et se leva difficilement à l'aide de ses mains pour rejoindre sa camarade de l'autre côté de la table. Le bouquin présentait toutes sortes d'illustrations en rapport avec les thèmes abordés; certains semblaient beaucoup trop anciens et nécessitaient une belle réédition. Ce n'était définitivement pas un livre accessible aux marmots de onze ans, qui avaient encore pour certains des problèmes de lecture. Plutôt que de lire l'immense texte, Hallie s'attarda à regarder les illustrations rigolotes, qu'elle concéda à la blonde ; elles étaient en effet très rigolotes.

Internet ? Comment se faisait-il qu'une marmotte comme Marilya, née sorcière, avait connaissance d'internet ? Sa pensée fut coupée courte lorsque la poufsouffle s'exclama de manière triomphale, croyant avoir trouvé la solution à tous leurs problèmes. Au fur-et-à-mesure qu'elle lisait le paragraphe, Hallie chercha à toute vitesse le passage en question, perdue, essayant de se raccrocher aux mots écrits plus qu'aux paroles. Lorsqu'elle retrouva enfin la bonne partie, la petite blonde en était déjà à la moitié. Elle se raccrocherait à la deuxième partie. Quand la candide Marilya eut fini la lecture, Hallie la regarda bêtement, laissant quelques secondes s'écouler, avant de se souvenir qu'elle avait été appointée secrétaire de ce devoir.

Se penchant au-dessus de la table, elle agrippa ses parchemins sur un desquels elle inscrit la suite des réponses aux questions. Un accident... Une dispute… Euh… Ah ! L'attention des moldus… Il fallait faire quelque chose… Réparer le Colisée… Secret magique... Les pattes de mouche de Hallie firent leur apparition à mesure que ses tracés délicats ornaient le papier. Le son régulier de sa plume grattant le papier remplissait la pièce, accompagné du léger froissement des feuilles de parchemin à chaque mouvement de sa main. L'encre libérait un parfum odorant tandis que les bougies crépitaient doucement, ajoutant une ambiance chaleureuse à l'atmosphère studieuse en dépit de la misère associée au travail. Le travail n'était pas encore rédigé, et était encore sous forme de notes ; la jeune fille préférait préalablement avoir toutes les réponses pour après passer son temps tranquillement à tout réécrire.

Résignée, elle commença à devenir un peu plus active dans son rôle d'élève, et entama sa recherche d'information aux côtés de sa nouvelle amie. La jeune rousse lit avec attention chaque paragraphe, espérant à son tour trouver les réponses recherchées. La question quatre s'annonçait corsée, et n'allait pas être faite aussi facilement que les précédentes. Au bout d'un moment, Hallie tomba par hasard sur la réponse à la question cinq : décrivez le geste associé au sortilège de réparation.
« Facile ça », commenta la rouquine, dans un sérieux absolu. Elle se retint de toutes ses forces à dessiner le motif représenté dans le cahier, et fit de son mieux pour décrire le geste. Sur le parchemin, on pouvait difficilement y lire : on par du milieu, aprè on fais comme un triengle dans le sens des aiguiles d'un montre.

Vint enfin la fameuse question quatre. La plume frottant délicatement ses narines, Hallie se demanda quel contenu était supposé figurer dans la question. Elle se tourna vers Marilya et lui demanda son avis. « Est-ce que t'penses qu'on d'vrait genre, lister les différentes utilisations du sortilège, et après on pourrait mettre des dates à côté ? » Si tel était le cas, alors une petite partie du travail avait déjà été faite par Marilya, en parlant de la création de ce sortilège et à quel but : réparer le Colisée.


@Marilya Sowell