Oui. Ma magie me ressemble. J'ai très envie de faire un feu d'artifice tout de suite. Mais bon. Je ne dois pas oublier que nous sommes ici pour regarder les étoiles. Il faudrait vraiment que je reste dans les clous pour ne pas me faire remonter les bretelles.

Je plonge mon regard vers ma camarade. Je me dois de lui faire une réflexion quant-à ce qu'elle vient de me dire.

- MA magie elle est gentille. Je peux pas faire du mal avec. C'est p't'être une limite j'en sais rien. Mais je sais qu'elle fera pas de mal aux autres. Tu veux dire que tu pourrais faire des choses de mauvaises avec la magie ?

Je ne sais pas ce que je veux savoir de plus d'elle. Je sais que bientôt elle ne sera plus là et c'est peut-être la dernière fois que je parle avec elle. Si j'ai cru un instant être à court de questions à lui poser. Finalement la première chose qui sort de ma bouche sans que je réfléchisse

- Tu feras quoi de ta magie quand tu seras plus à Poudlard ? Tu voudras inventer des choses ? Ou faire des choses bien ? Ou... Pas...

La puissance de ma voix diminue avec mes derniers mots. J'ai entendu des histoires où ma camarade n'était pas le personnage tout gentil. Mais je ne la crois pas capable d'être méchante avec tous les autres. Pour moi, elle fait juste plein de choses dans son coin. C'est tout.

Hihi je comprends bien ! Je pensais que Charlotte laisserait Aelle tranquille pour ce soir là mais finalement elle n'en a pas terminé...

Mon visage exprime une certaine forme d'horreur qui se camoufle aisément dans le noir lorsqu'elle parle de sa magie qui est si belle et si gentille et qui jamais ne fera de mal à personne. Et moi, je pourrais faire du mal avec ma magie ? Oh Merlin, mais pourrais-je être la grande méchante de l'histoire ? Oh, par la magie, qu'elle est innocente et naïve ! Je le savais déjà, mais... C'est tellement évident dans ce qu'elle dit, là, que je n'arrive pas à détacher mon regard d'elle. Il n'exprime pas grand chose mais il voit tout, il la voit balbutier en disant des idioties et je prends brutalement conscience qu'elle ne sait rien du tout. Elle ne sait rien de rien. Et c'est à la fois affligeant et très amusant. Plus affligeant qu'amusant, puisque je ne ris pas.

Peut-être pas si innocente, à la réflexion, vu qu'elle hésite comme si l'hypothèse que je puisse faire quelque chose de mal lui faisait particulièrement peur. Je balaye ce détail, je m'en fiche de ce qui lui fait peur. Et je me fiche de répondre à sa question : oh, si elle savait ce que j'allais faire de ma magie après Poudlard, elle en perdrait le sommeil. Non, il y a autre chose qu'elle doit comprendre, cette enfant.

Je me détourne complètement du ciel étoilé pour emprunter une position qui me permet d'être vraiment tournée vers elle. Je me penche en avant sur mes jambes croisées pour donner du poids à mes propos.

« Dwight. »

Ma voix est plus déterminée, plus directe, plus dure, peut-être.

« C'est pas ta magie qui est gentille, c'est toi. Tu le comprends, ça ? C'est toi qui décides de faire des choses bien et c'est toi qui pourrais aussi faire des choses mauvaises, même si je ne parierai pas là-dessus. Évidemment que je pourrais faire du mal avec ma magie, tout le monde le peut. Je peux faire des choses très mauvaises. C'est moi et seulement moi qui décide de ce que je fais de ma magie, c'est pas elle qui décide et c'est pas elle non plus qui décide pour toi. »

Je prends une inspiration, déglutis et me penche un peu plus, alpaguée par mon propre discours.

« La magie est une énergie qui coule naturellement en toi, c'est une énergie que tu peux utiliser pour agir sur toi, sur le monde ou sur les autres, pour créer, transformer... Ou pour détruire et pire encore. Tu la contrôles, c'est pas elle qui contrôle. C'est pas elle qui décide. Elle n'est pas gentille, elle n'est pas mauvaise. »

Je secoue la tête, tout à coup amusée par cette idée, réchauffée par cette réplique passionnée.

Elle est plus proche, plus dure. Oh j'appréhende un peu sa réaction je dois bien l'avouer. J'ai sous-entendu qu'elle était une mauvaise personne après tout. Mais je ne veux pas me démonter non plus. J'écarquille un peu les yeux en la voyant se pencher vers moi. Mais elle ne m'impressionne plus tant que ça et le mouvement de recul attendu, ne vient pas.

J'ai envie de la contredire. Mais pourtant je sais qu'elle a raison. Mes certitudes s'envolent, encore, vers le ciel étoilé. J'aurais vraiment aimé avoir raison et lui donner tord pour une fois. Il semblerait pourtant que cela ne soit pas ce jour là.

- Tu... T'es passionnée Bristyle.

Elle me fait presque un peu peur à ce moment là. Elle a dit... "Je pourrai faire des choses très mauvaises". Est-ce qu'elle en a envie ?

- J'pensais pas...

Je plonge mon regard dans le sien. A ce moment là, j'ai quasiment le souffle coupé.

- D'accord...

J'ai toujours les yeux plongés vers elle.

- Je veux pas faire de choses méchantes moi. Pour moi... La magie que j'apprenais... Les sorts que j'apprenais... Ils étaient pas là pour faire mal. Mais... C'est moi qui veut pas apprendre les sorts de DFCM bien parce qu'ils font mal. Enfin... Oui t'as raison.

Cette fois j'ai du mal à garder mon regard plongé dans le sien et je regarde de temps à autre ma petite pierre volante.

- J'imagine que ça veut dire que plein de gens voudraient possiblement faire du mal à d'autres avec la magie. J'veux pas l'imaginer t'sais. Si c'est pas une histoire de magie et que c'est une histoire de volonté... Tout le monde peut faire du mal aux autres... Moi aussi je pourrais ? Mais je suis pas capable, tu sais, de lancer des sorts qui font du mal.

Je frotte un de mes pieds sur le sol, perturbée, et dans un même temps, mon caillou tombe sur le sol dans un pouf silencieux. Je ne le ramasse pas. Je repense à Narcisse. C'est stupide. Pourquoi ? Je ne sais pas. Mes mains attrapent mes cheveux et je me détourne de Bristyle. Perdue. Mes pensées ne sont plus raisonnables et j'imagine tout le monde se jeter les uns sur les autres. Plus de magie méchante. Juste des gens méchants.

Je me redresse, perplexe. L'expression de Dwight, sa façon de parler et de se tenir, tout cela a brusquement changé. Ses mains se perdent dans ses cheveux, elle abandonne mon regard qu'elle soutenait d'une façon étrange l'instant d'avant. Je ne m'attendais pas à ce que la conversation bifurque à ce point. Je pensais qu'elle allait acquiescer et voilà. Mais non. Elle doute et pire que cela : elle a peur.

« Tu pourrais oui, dis-je à mi-voix dans la nuit en l'observant attentivement. Faire du mal. Mais je pense pas non plus que tu en sois capable. »

C'est sur un ton dur que je prononce ces derniers mots, une voix sûre de moi. Évidemment que non elle n'en est pas capable, pas maintenant du moins. J'aimerais lui dire qu'un jour cela pourrait arriver. Sans qu'elle le veuille, ça finira un jour ou l'autre par arriver. Que ce soit avec sa magie, son comportement, ses paroles, sa simple existence... Elle finira par blesser, c'est irrémédiable. Mais je n'ai pas envie de le lui dire, parce que là on parle magie et que ce n'est pas à moi de lui apprendre comment fonctionne la vie.

« Mais tu peux tout à fait lancer des sorts qui font mal, autant que tous les autres élèves de cette école. C'est à toi de décider de ce que tu feras de ces sortilèges. »

Je plisse les yeux pour mieux l'apercevoir dans la nuit, incapable de comprendre pourquoi elle a aussi peur alors que c'est flagrant qu'elle n'a pas envie de faire du mal à qui que ce soit.

« Apprendre des sortilèges qui te permettront de te défendre ou d'attaquer, ça veut pas dire que tu es capable de faire du mal aux autres, continué-je sans la lâcher du regard, les sourcils légèrement froncés. En quatre ans, tu vas encore en apprendre des sorts qui te plaisent pas. Je suis certaine que tu en connais déjà. Ça veut pas dire que tu vas les utiliser pour faire du mal. »

J'arrange ma cape sur mes genoux pour me protéger du froid ambiant. Autour de nous, les autres élèves murmurent et regardent à travers les télescopes la voûte étoilée, loin de se douter qu'à deux pas d'eux, deux Poufsouffle parlent d'un sujet sur lequel elles ne pourront jamais être d'accord — Charlotte Dwigt ne sera jamais capable de comprendre ma propre nuance.

« À moins que je me trompe sur toi, conclus-je avec ricanement moqueur en penchant la tête sur le côté. C'est le cas ? »

Évidemment que non. Je me demande comment lui faire comprendre les choses, elle n'a pas l'air d'avoir compris qu'il n'existe pas à proprement parler de sortilèges mauvais — enfin, pas dans ce qu'elle apprendra. Il n'existe que de la magie et diverses façons de l'utiliser. Est-ce parce qu'elle est trop jeune qu'elle ne comprend pas ? Non, moi à son âge je connaissais déjà la nuance. Je me rappelle même l'avoir évoquée avec... Mon coeur manque un battement, je fais demi-tour dans mon propre esprit ; je n'ai aucune envie de penser à elle ce soir.

Je suis profondément troublée par ce que la septième année me dis. J'ai l'impression qu'un jour, je pourrai être une personne qui fait du mal aux autres. Comme... Deryn ? Elle m'a fait mal cette année mais elle le voulait pas je pense. Enfin... J'espère. Je sais que je ne veux pas faire du mal aux autres et je me sens souvent incapable de lancer des sorts cuisants sur les autres. Je n'ai aucune envie de le faire et je sais que je risquerai de pleurer en voyant comment j'ai fait mal à cette personne volontairement. C'est alors quelque chose que je refuse de faire.

J'ai un peu l'impression que mon ainée veut me faire passer quelque chose, mais pour être franche avec moi-même, je ne comprends pas vraiment quel est l'intérêt d'apprendre des sortilèges que je me refuse d'utiliser. Pour les apprendre, je sais que je dois m'entrainer, pour m'entrainer, je dois faire mal aux autres et je ne le veux pas. Alors... A quoi me serviraient ces sortilèges ? A me défendre si jamais je suis en danger ? Il y a eu de nombreux dangers depuis que je suis arrivée à Poudlard. Mais je suis confiante dans le fait que mes sorts non méchants sont capables de me sauver. Je m'imagine alors lâcher une pierre sur la tête d'une personne qui m'attaque, esquiver ses sorts et faire pousser des plantes qui lui enlèveraient sa baguette. Certains sorts sont à double tranchant. Je peux les utiliser de cette manière.

Je n'aime pas trop son ricanement. Cela me fait sortir d'un état de peur que je n'aurais pas aimé laisser transparaitre devant elle. Je la regarde à nouveau me redressant inconsciemment.

- Si jamais j'apprenais des sortilèges comme ça, je ne les utiliserais pas. Mais je vois pas comment je peux en apprendre bien parce que je ne veux pas les utiliser et pour moi on peut pas apprendre de sorts sans pratiquer. Je pense que d'autres sorts... Qui font pas forcément mal de base qu'on peut utiliser si jamais on a besoin.

Je ne veux pas que le mot danger sorte de ma bouche. C'est hors de question. Je n'ai pas peur d'un quelconque danger.

- Je ne veux pas utiliser les sorts que j'aime pas. Donc je les utiliserai pas. J'en aurais peut-être pas besoin après Poudlard de toute manière.

Je voudrais en savoir plus sur elle parfois. Mais à ce moment, je ne cherche qu'à me défendre.