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05 janv. 2017, 11:17
 Ecosse  L'assemblée des femmes de pouvoir
Susan accueillit la réponse de Kristen par un large sourire, lequel mettait en valeur ses lèvres voluptueuses.

Les discussions étaient si avancées à d’autres endroits de la table que très peu furent celles qui remarquèrent l’échange entre la maîtresse de maison et le professeur Loewy. Pour Katherine et Leonilde Josephs, Violet Lindon, et Lily Potter, la chose fut cependant accueillit sans désapprobation. Dans le regard de certaines d’entre elles, une lueur scintillante laissa même entendre que cet entretien privé faisait partie du programme de la soirée. Ainsi, Susan et Kristen quittèrent la salle de réception sans soulever d’objections, la première devançant de deux pas la seconde pour lui montrer le chemin du jardin.

Au lieu de revenir à l’entrée principale, Susan entraîna son invitée dans un étroit couloir attenant à la salle de réception. Eclairé tous les dix pas d’une lampe, ce couloir aux murs lambrissés les conduisit à une porte fenêtre qui donnait sur les allées d’un jardin floral. En maitresse de maison avisée, Susan l’ouvrit et céda le passage à Kristen avant de la refermer sur ses talons.

Dehors, l’atmosphère c’était rafraichit. Le ciel limpide ne laissait poindre aucun nuage. Les étoiles scintillaient de mille feux. Et un doux arôme — quintessence des senteurs emprisonnés dans ces allées si rigoureusement taillées — parfumait l’air ambiant.

Susan sortit sa baguette magique, lui donna un coup de poignet en traçant un demi-cercle au-dessus de sa tête, et fit tomber sur ses épaules une cape en velours qu’elle épingla au niveau de son cou. Cette simple manifestation magique suffit à étendre son aura déjà saisissante.

« Nous voilà désormais seule à seule, dit-elle après avoir rangé sa baguette magique. Quelque chose me dit que vous attendiez ce moment au moins autant que je l’espérais. Venez, dégourdissons-nous les jambes. »

Côte à côte, nullement pressées par le temps, les deux femmes s’engagèrent dans l’allée centrale bordée de massifs floraux où le bleu de certaines fleurs épousait le violet d’autres spécimens. Les yeux fixés droit devant elle, Susan ne perdait cependant pas une occasion de lancer des regards de côté à son invitée sans se départir du large sourire qui ne l’avait plus quitté depuis sa sortie de la salle de réception. Elle sentait que le moment était venu de discuter de choses beaucoup moins insignifiantes pour elles.

« Dîtes-moi, je suis curieuse de savoir comment vous vous y êtes prise pour forcer la porte de notre salle d’archives et tout de même réussir à en découvrir le contenu, avança-t-elle avec une assurance qui lui était pleinement acquise. Car il ne fait aucun doute à mes yeux que vous en avez découvert le contenu, auquel cas vous n’auriez pas agi comme vous l’avez fait face à Eléonore et Bastian. »

Susan repensa avec amusement à la réaction qui avait crispé les traits de son frère lorsque le signal de la porte fracturée leur était parvenu.

« Il y en avait pour penser que notre repère ne serait jamais découvert malgré les miettes laissées derrière notre passage. Mon frère était convaincu que quelqu’un y parviendrait. Mais pas au point de mettre la main sur nos recherches passées. L’enchantement de la porte rendait la chose impossible. »

Le rire discret de Susan voyait ses yeux se plisser, ce qui lui donnait un air attendrissant.

« Je dois dire que je suis impressionnée. »

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LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)

05 janv. 2017, 13:48
 Ecosse  L'assemblée des femmes de pouvoir
Ce jardin était agréable à Kristen, bien plus que l’intérieur de la demeure de Susan Bowers. Certes, l’endroit ne manquait pas de distinction, mais après l’épreuve du début du dîner et des conversations sur des sujets d’actualité, un peu d’air frais ne pouvait que lui faire du bien. Elle accueillit le vent humide du soir d'hiver qui lui frappait le visage avec bienveillance, fermant brièvement les yeux et releva le menton pour inspirer, comme pour mieux faire passer la fraîcheur de l’hiver dans ses poumons. Ce petit instant avait été furtif, discret, mais réellement revigorant.

Kristen approuva Susan Bowers d’un simple sourire. Oui, évidemment, elle attendait ce moment. Les grands noms tels que Potter ou Weasley ne l’intriguaient certes pas autant qu’une conversation privée, dans la liberté de l’air d’un jardin, avec Susan Bowers – au moins à l’heure actuelle.

Elle marchait aux côtés de Susan tandis qu’un petit sourire pensif était marqué sur ses lèvres. Elle plissait les yeux avec malice à certaines paroles de la maîtresse de maison, relevait la tête et lui lançait un regard en coin pétillant de satisfaction.

« C’est exact. J’ai explosé la porte. Navrée, dit-elle simplement. »

Elle n’avait pas hésité à répondre, et s’était d’ailleurs exprimée avec une monotonie telle que sa réponse semblait être, après tout, la plus logique et la plus normale. Elle donnait l’impression de ne pas s’être posé de question, ni à ce moment, ni lorsqu’elle avait explosé la porte, justement. Pourtant, la vérité était autre, et l’explosion de cette porte faisait partie d’une démarche intensément réfléchie. Ses excuses, qui n’en étaient pas vraiment, soulevaient l’ironie de cette réponse incomplète et certainement insatisfaisante en ramenant le sujet de la matérialité.

En vérité, elle hésitait à en dire plus. Ce n’était pas parce qu’elle pouvait trouver le projet de la bande de douze copains intéressant, voire juste, qu’elle leur faisait totalement confiance pour autant. Le retourneur de temps qui était en sa possession était une merveille de la magie et pouvait, de ce fait, attiser les convoitises. Elle ne tenait pas forcément à en dire trop à ce sujet. Certes, elle pensa que s’ils voulaient vraiment savoir, ils le pourraient sans doute. Il suffirait d’envoyer Aidan sonder son esprit – il y parviendrait certainement – ou bien de demander à Eléonore de chercher quelque chose grâce à ses aptitudes en divination.

« Est-il vraiment important de savoir comment j’ai procédé ensuite, puisque vous êtes certaine de la finalité ? »

Kristen leva la tête et observa le ciel au-dessus de sa tête. Il était clair et froid, il était beau. Elle haussa un sourcil et fit un sourire en coin à Susan Bowers.

« Je trouve en revanche curieux d’avoir laissé ces miettes derrière vous. »

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09 janv. 2017, 11:06
 Ecosse  L'assemblée des femmes de pouvoir
« Vous avez vos secrets, je le comprends, souligna Susan tandis qu’elles viraient sur la gauche, s’engageant dans une allée où le jaune se disputait au rouge. »

La confirmation de son hypothèse lui suffisait. Il n’était pas nécessaire, à ses yeux, d’en savoir beaucoup plus sur la façon dont le professeur Loewy était parvenue à mettre la main sur leurs archives. Seule comptait son opinion ; la manière dont elle s’était appropriée le contenu de cette pièce et ce qu’elle comptait en faire dans un avenir plus ou moins proche.

« Les miettes étaient une idée conjointe de mon frère et de David, des passionnés de chasses au trésor et de jeux de piste, poursuivit-elle, en riant gaiement au souvenir de ce qu’avait été cette passion pour les deux garnements d’alors. Aucun de nous ne voulait voir le fruit de tant d’années de recherches disparaitre. C’était impensable. Aidan et David, qui étaient encore à Poudlard à ce moment-là, décidèrent qu’il valait mieux tout laisser à sa place. Mais ni l’un ni l’autre ne souhaitait que ces informations ne puissent être jamais retrouvées. Il était nécessaire, qu’un jour, quelqu’un puisse nous retrouver. Que cette personne puisse chercher comme nous avions chercher, qu’elle comprenne comme nous avions compris. Nous savions que c’était le seul moyen de réhabiliter notre mémoire. »

Susan s’arrêta en tournant la tête vers Kristen. Un doux sourire était suspendu à ses lèvres mais l’éclat de ses yeux n’était plus le même. Il s’était comme terni.

« Qui aurait parié qu’une Gryffondor, amatrice de livres rares, devenue directrice de Poudlard, serait celle qui découvrirait notre histoire ? Le destin est parfois surprenant, vous ne trouvez pas ? »

Une brise légère caressa le visage des deux femmes. Susan ferma les yeux, savourant la tendresse du vent. Son sourire s’élargit alors qu’elle vivait cet instant comme l’enfant d’autrefois, insouciante et simple. Les temps avaient considérablement changé, Susan ne pouvait le nier, mais il lui semblait, depuis que le professeur Loewy avait découvert son histoire, qu’elle se sentait plus légère et d’une certaine façon plus résolue à agir. Aussi surprenante que soit l’identité de cette personne, quelqu’un savait pourquoi elle ferait ce qu’elle ferait dans les mois à venir. C’était une pensée réconfortante. La plus réconfortante que Susan ait éprouvée depuis des années.

« Dîtes-moi, Kristen, qu’auriez-vous fait à notre place ? Je vous sens un penchant pour la vengeance. L’aura même de votre magie me le murmure — oh ne vous inquiétez pas, les Occlumens ressentent facilement ces choses-là. »

Ses yeux de nouveau grands ouverts, Susan fixait Kristen avec une intensité rare, comme si elle s’apprêtait à passer la moindre de ses réactions au peigne fin.

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LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)

09 janv. 2017, 12:34
 Ecosse  L'assemblée des femmes de pouvoir
« Surprenant, oui… murmura-t-elle pour elle-même en souriant aux buissons. »

D’autant plus surprenant qu’à l’époque où elle était à Poudlard, elle voulait surtout ne rien avoir à faire avec Aidan Bowers, qu’elle considérait plus ou moins comme une racaille. Enfin. C’était une Gryffondor, oui, mais d’après le préfet en chef, c’était surtout une « Serdaigle refoulée ». C’était un peu moins étonnant, du coup, non ? Le second qualificatif que Susan attribua à Kristen l’avait fait sourire également, car elle repensa à tous les livres de la cachette de la bande qu’elle avait embarqués. Parfois, elle retournait derrière le tableau de L’Ombre de la Mort la nuit pour reposer certains livres, en emprunter d’autres. C’était devenu sa nouvelle bibliothèque, et elle continuerait probablement d’y aller tant qu’elle n’aurait pas absorbé toutes les connaissances que contenaient ces livres d’exception. Elle se demanda aussi si Susan était au courant du vol de livres de Kristen, lors de sa dernière année d’études ; vol qui avait été permis par Aidan. Sans doute, les frères et sœurs doivent partager ce genre d’anecdotes, surtout quand la personne concernée revient les voir des années après, leur secret en poche.

Susan prononça ensuite des mots qui troublèrent Kristen, qui fronça brièvement les sourcils. Cette femme sentait apparemment en elle un penchant pour la vengeance. C’était vrai, terriblement vrai. Pourtant, Kristen ne l’avait jamais évoqué avec elle, ne l’avait même jamais montré à qui que ce soit - sa vengeance sur Bal avait été purement solitaire, secrète - alors comment cette femme pouvait-elle le savoir ? La vengeance, ce n’était pas quelque chose de bien vu. La plupart des gens trouvaient plus honorable de laisser couler.

Peut-être Susan l’avait-elle compris en raison de l’attitude de Kristen au quartier général, avec Eleonore et Bastian ? Kristen ne les avait pas condamnés, c’était donc une preuve qu’elle tolérait leur soif de vengeance. Susan en était-elle venue à cette conclusion par ce chemin-là ?

Non, ce n’était visiblement pas ça. Ou du moins, pas que. C’était quelque chose qui se ressentait dans sa magie. Kristen fut surprise et par réflexe, bougea les doigts de sa main droite, cachée par son gant, et y jeta un coup d’œil, histoire d’être sûre que rien d’étrange ne se passait de ce côté-là. Elle releva finalement ses yeux bleus vers Susan et répondit calmement, comme si elle annonçait la météo du lendemain :

« Je crois que j’aurais traqué chacune des personnes responsables et que je me serais arrangée pour les faire souffrir le plus possible. Je les aurais détruits, puis tués, peut-être. »

En y réfléchissant, une vérité assez difficile s’imposa à elle : elle ne savait même pas si, dans cette situation, elle aurait pensé à vouloir faire changer durablement les choses. Elle se serait vengée, c’est certain, mais ensuite ? Aurait-elle vu plus loin ? Alors qu’elle n’était pas dans cette situation, elle pouvait en effet l’envisager. Mais prise dans cet instinct animal de la vengeance, qu’aurait-elle vraiment fait de plus que de payer le sang par le sang ? Se dégageant du regard de Susan, elle remua cette question dans sa tête et plissa les yeux en observant un point invisible droit devant elle.

« Ensuite, je ne sais pas. »

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11 janv. 2017, 23:06
 Ecosse  L'assemblée des femmes de pouvoir
L’espace d’un instant, un éclair de malice embrasa le regard pénétrant de Susan. Il n’y avait qu’à regarder la manière dont ses lèvres s’étaient sensiblement recourbées, ses sourcils relevés, et la façon dont son visage avait pivoté d’un ou deux degrés sur le côté, pour saisir le vif intérêt qu’elle accorda à la réponse du professeur Loewy. Ne souhaitant pas se livrer trop rapidement — Susan considérait que le temps déliait à lui seul toutes les langues — elle porta sa main à l’encolure de sa cape et, tête baissée, reprit le sens de la marche.

Plus loin, quand le premier banc en pierre se profila au détour d’une haie de rosiers, Susan invita Kristen à s’asseoir à côté d’elle d’un geste de la main. La directrice de Poudlard prit place à une distance raisonnable, ni trop proche ni trop éloignée, probablement tiraillée entre son besoin d’isolement et une certaine notion de bienséance. Susan encra un peu plus sa tête entre ses épaules, ses lèvres toujours courbées en un beau sourire.

« Notre vengeance sera terrible. »

Le son de sa voix semblait avoir tranché l’air ambiant. Les yeux dirigés vers ses genoux, elle poursuivit :

« L’avènement d’un cauchemar sans fin pour les criminels de tous rangs. Le crépuscule d’une communauté en pleine dégénérescence… Une nuit noire, sans étoiles, sans promesse d’aube nouvelle. Une nuit de peur. »

L’aura de Susan changea soudainement, prenant davantage de place, il semblait, et pourtant insaisissable, comme la véritable couleur d’un caméléon. La faculté de réarranger perpétuellement la perception que les autres se faisaient d’eux était sans nul doute l’arme la plus redoutable des Occlumens. Ils en dégageaient une assurance qui leur était propre, ni suffisante ni mal avisée. Une sorte de sang-froid suprême.

« Vous m’êtes sympathique, déclara Susan sur un ton différent de celui qu’elle avait utilisé plus tôt. Votre façon de concevoir les choses me plaît. Vous marchez sur un fil que vous raccourcissez ou bien élargissez selon vos besoins. Vous ne me donnez pas l’impression de suivre les règles des jeux auxquels vous vous mêlez. Je crois même que vous aimez battre les cartes à votre façon, quand bien même cette façon ne serait pas très… comment dire, respectable ? Je respecte cela. Je suis d’ailleurs convaincue que c’est le seul moyen de marquer d’une empreinte indélébile notre monde. »

Susan releva doucement sa tête, de sorte que son menton se retrouva très vite à pointé vers le ciel qu’elle observait sans grand intérêt à travers des yeux songeurs.

« En réalité, je constate que nous sommes assez semblables. Et ça aussi, peu l’auraient parié. »

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LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)

12 janv. 2017, 14:55
 Ecosse  L'assemblée des femmes de pouvoir
Ce fut comme si une averse invisible lui était tombée sur les épaules. L’aura de Susan Bowers était saisissante, et sans pouvoir faire autrement, Kristen, prise de court, sentit son dos se courber légèrement. Après avoir pris conscience que ce qu’elle ressentait était un relâchement de l’Occlumens, la directrice de Poudlard tâcha de ne pas faire remarquer sa surprise et se redressa, très digne.

Alors, quand Susan Bowers dit à Kristen qu’elle lui était sympathique, celle-ci ne put s’empêcher de penser, naturellement, que ce n’était pas plus mal. Certes, si une quelconque nécessité avait fait de Susan Bowers son ennemie, Kristen aurait accepté la situation, en dépit même de son aura beaucoup trop pesante qui devait être le reflet d’un très grand pouvoir. Elle n’était de toute façon pas du genre à courber l’échine, et avait même tendance à préférer des ennemis puissants – ils étaient souvent plus intéressants. Néanmoins, elle n’allait pas cracher sur la sympathie d’une sorcière telle que Susan Bowers.

Sans parler de « sympathie » du côté de Kristen, celle-ci éprouvait un intérêt croissant pour Susan Bowers. Un instant, elle eut envie de s’emparer de sa magie qui flottait dans l’air pour la passer au scalpel. Ce sentiment fut accrut par l’analyse que Susan fit de son invitée. Elle y réfléchit, et conclut que c’était assez juste. Kristen n’était certainement pas habituée à ce que l’on comprenne son mode de pensée, et c’était justement parce que, comme Susan l’avait remarqué, Kristen ne se souciait pas vraiment d’être comprise. Elle faisait ce qui lui plaisait, et c’était tout, même si ce n’était pas forcément bien vu. Dans son esprit, chaque chose avait sa logique et sa fin.

Kristen regarda Susan regarder le ciel, et reporta son attention sur le jardin. Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle pourrait répondre à Susan Bowers. Elle ne lui déplaisait pas, mais elle n’en était pas à se comporter avec elle comme si elles étaient les meilleures amies du monde, à se réjouir de se sentir semblables, partager sa sympathie, et tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à ce genre de choses. D’ailleurs, assise sur ce banc de pierre, Kristen semblait s’y confondre, ressemblant presque à une statue mal taillée : trop droite, trop figée, à une distance trop raisonnable de Susan ; il y avait des relents d’art archaïque dans sa position.

Elle se demanda vaguement pourquoi peu auraient parié sur leur ressemblance, mais abandonna cette question assez vite, car elle ne lui semblait pas si importante. Ce qu’auraient pu parier les autres, de toute façon, n’était jamais très intéressant : les autres se trompaient trop souvent pour que l’on puisse accorder un quelconque crédit à ce qu’ils pensaient – encore plus à ce qu’ils pensaient a priori.

« Peut-être. Si c’est le cas, alors je sais que vous ne ferez rien de plus que ce qui sert la juste cause. »

Kristen avait dans son esprit l’image d’une justice dure et froide, son allégorie même aux yeux bandés, brandissant glaive et balance. C’était une justice qui ne transige pas et qui fait ce qui doit être fait, mais rien de plus que ce qui doit être fait. Comme elle, d'ailleurs, elle n'en dit pas plus que nécessaire, et se tut donc.

Elle pensa ensuite qu'elles étaient censées être à un dîner, et eut une vague pensée pour certaines bécasses à l'intérieur, qui ne pouvaient pas imaginer ce qui était en train de se dire à quelques mètres d'elles. Elle avait assez peu envie d'y retourner, mais supposait que c'était inévitable.

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13 janv. 2017, 23:39
 Ecosse  L'assemblée des femmes de pouvoir
SUSAN BOWERS
—————————
L’OMBRE DES ÉTOILES


Les étoiles brillaient d’un pâle reflet blanc. Je les regardais sans réellement m’intéresser à elles, quoi que vaguement intriguée par leur manque d’éclat, quand la réponse de Kristen Loewy heurta mes tympans. Les étoiles ne m’intéressaient certainement pas, mais après ça, elles étaient vouées à ne plus du tout captiver mon attention.

Ce que j’avais appris de la grande Kristen Loewy depuis qu’elle était entrée sur mes terres tendait à se confirmer au fil des secondes que nous égrainions tranquillement dans le jardin. Cette femme n’avait pas sa langue dans sa poche. Elle n’éprouvait aucune espèce de réticence à proférer des paroles qui résidaient très souvent dans des zones d’ombre. Agissait-elle délibérément ou cherchait-elle consciemment à me donner la réplique pour m’en faire dire plus que je ne le désirais ? Allez savoir ce qui se tramait dans cette tête bien fixée à son cou. Quelque chose — l’instinct féminin peut-être — m’assurait qu’elle jouait franc jeu, mais je restais méfiante, fidèle à mon habitude. Aidan avait pénétré mes pensées une seule fois, cela m’avait poussé à devenir Occlumens, il n’était pas dans mon intention qu’une autre personne y parvienne.

La sympathie que j’éprouvais pour Kristen Loewy résidait principalement dans nos ressemblances. Je la voyais comme une femme à poigne, une femme qui était capable de garder la tête haute en toutes circonstances. Forcément, une telle femme ne pouvait que me plaire. J’étais façonnée dans un moule équivalent.

Je restais néanmoins interdite, mon regard fixé droit devant moi pour ne pas lui donner l’opportunité de surprendre quoi que ce soit dans ce regard un peu trop expressif à mon goût. Qu’avait-elle voulu dire en employant les termes « juste cause » ? La question méritait bien que je m’y attarde, que je la scrute sous tous ses angles, mais pour quel résultat ? Je savais dores et déjà que cette question en entrainerait une autre, plus complexe encore, et que je finirai par me tirer une balle dans la tête à défaut de supporter de ne pas trouver de réponse adéquate. Le mieux restait encore de suivre le chemin le plus court. Celui qui devait amener Kristen Loewy à parler.

« La juste cause ? dis-je, en employant le ton le plus étonné dont je pouvais m’armer. Je ne suis pas certaine de comprendre. »

Eléonore lui avait-elle dit beaucoup plus de choses qu’elle ne l’avait, ensuite, rapporté à Aidan ? J’avais du mal à le croire. Ce n’était pas dans la nature d’Eléonore d’en dire plus qu’elle ne le devait, encore moins de mentir. Alors où résidait la « juste cause » dans le coeur de Kristen Loewy ? Avait-elle seulement la moindre idée que la justesse de certains actes ne prévalait que si elle était observée selon un angle particulier ? Peut-être. Peut-être pas.

LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)

14 janv. 2017, 12:29
 Ecosse  L'assemblée des femmes de pouvoir
Kristen expira un petit rire et s’autorisa un sourire, fermant brièvement les yeux. Quand elle les rouvrit, elle jeta un regard en coin à Susan, essayant du mieux qu’elle pouvait de capter son regard. La question de Susan lui sembla assez décevante, car elle espérait que jamais personne n'ait à poser la question de ce que pouvait être la juste cause. Elle devait être universelle, une idée commune à tous.

« Il n’y a pas grand-chose de plus à comprendre, dit-elle dans un petit soupir. »

Il n'y avait pas son idée de la justice, l'idée de la justice de Susan Bowers, et celle de cette pauvre Euphrasie. Elle ne connaissait à cette fameuse Euphrasie toujours pas d’autre nom, aussi « cette pauvre Euphrasie » serait ironiquement adopté, en paroles et en pensées. Ce surnom était d’ailleurs assez cohérent avec la pauvreté d’esprit de cette femme. Certes, on aurait pu rétorquer que Kristen avait aussi, dans certaines situations, un esprit un peu étriqué... Mais il lui semblait que c'était assez largement compensé par d'autres situations, dans lesquelles son esprit était peut-être un peu trop ouvert.

Kristen baissa les yeux sur ses deux mains ouvertes, cachées par ses gants, dos dirigés vers elle. C’était un peu une autre allégorie de l’équilibre : l'une et l'autre étaient chaque côté de la balance. Kristen semblait porter en elle l’idée même de la dualité. Elle était souvent double, d’ailleurs. Elle était elle-même tout entière, mais aux yeux des autres, elle semblait souvent soit ambigüe, soit carrément ce qu’elle n’était pas – ce qui devait objectivement faire d’elle quelqu’un que l’on ne savait pas trop cerner, sans qu’elle n’y soit pour rien, pourtant : aucune des incompréhensions qu’elle suscitait n’était réellement volontaire.

Elle soupira et se pencha légèrement en avant pour observer le profil de Susan. Sa tresse de cheveux blancs coulait sur son épaule et semblait absorber la faible lumière du soir. Ses yeux, deux ambres au cœur desquelles étaient bloquées des perles noires, exprimaient quelque chose que Kristen ne comprenait pas vraiment.

« Vous m’intéressez beaucoup, votre projet aussi, mais je ne vous connais pas suffisamment pour être certaine que vous vous contenterez de bâtir un monde meilleur sur les ruines que vous laisserez. »

You say you got a real solution, well, you know, we'd all love to see the plan... Bras croisés, elle inspira et se redressa, le dos bien perpendiculaire à la surface du banc.

« C’est aussi pour cette raison que je ne manquerais aucune occasion de rencontrer l’un de vous. »

Autrement dit - mais Susan devait déjà l’avoir compris -, ce n’était en aucun cas la perspective d’un dîner avec des femmes célèbres pour le réveillon du nouvel an qui l’avait attirée ici. Elle n’était là que pour elle et pour cette discussion dans le jardin.

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15 janv. 2017, 22:41
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LA HAIE DE ROSIERS


Les Douze ne formaient pas une organisation au sens propre du terme. Ils avaient beau disposer d’un certain nombre de sympathisants, aucun type de contrat ne les liait réellement. Les Douze ne retenaient aucun de leur membre par un quelconque moyen de pression. Chacun était libre, à tout moment, de partir dans la direction de son choix. Les Douze ne craignaient aucune dénonciation, aucune traitrise, car depuis toujours leur quête s’articulait autour du mouvement. Un mouvement perpétuel qu’il était impossible de retracer depuis qu’ils avaient quitté le giron de Poudlard. Comme le vent, ils étaient insaisissables.

*

Je croisais le regard de Kristen Loewy et m’imprégnais de son intensité. Les yeux ne mentaient jamais, c’est pourquoi les miens ne soutenaient guère longtemps ceux de la directrice de Poudlard. Elle pouvait y voir de la gêne, cela m’importait peu. La vérité était ailleurs. Je savourais néanmoins ses propos, sans orgueil, sans fierté aucune, mais par simple plaisir de constater qu’elle aurait pu faire parti des nôtres si elle avait perdu ses parents dans les mêmes circonstances que nous. La nature des choses était parfois étrange, le destin souvent trompeur. Aidan avait perçu tout cela avant tout le monde. Aidan percevait toujours tout avant tout le monde ; tout le monde excepté moi. Je souriais à mon invitée d’honneur, puis me levais du banc en étirant mon dos. Le mouvement ne fit même pas craquer le moindre de mes os malgré la raideur dans laquelle m’avait enfoncé la fraicheur ambiante.

« Vous êtes décidément quelqu’un de très singulier, dis-je, en caressant rêveusement ma tresse. Je comprends mieux pourquoi mon frère souhaitait tant vous amener à nous. Il y a quelque chose en vous qui pourrait bien briser tous les codes de notre monde et bien plus encore. Vous n’êtes pas ce qu’on pourrait appeler un agneau pris entre les griffes d’un loup. »

« Ça non, assura une autre voix, toute proche, de l’autre côté de la haie de rosiers. »

Cette voix appartenait à quelqu’un que je ne connaissais bien. Quelqu’un qui avait longuement attendu cet instant, se contentant d’écouter notre entretien en silence, assis tranquillement de l’autre côté de la haie qui le cachait. Ne pouvant laisser plus longtemps mon invitée dans l’incompréhension la plus totale, je ressortais doucement ma baguette magique de sa poche, sans geste brusque, sans précipitation aucune, pour lui montrer ma bonne volonté. Je lui donnais ensuite un petit tour de poignet en visant la haie, l’obligeant à se disloquer en deux parties égales.

Présentant d’abord son dos, Aidan tourna ses yeux ténébreux vers nous puis il se leva en époussetant son pantalon.

« Bonsoir professeur, dit-il en souriant aimablement à notre invitée. Pardonnez mon indiscrétion. »

Glissant ses mains dans ses poches, comme à son habitude, il resta planté sur place, ses chaussures lustrées enfoncées dans les quelques centimètres de pelouse fraichement tondue comme les ancres d’un paquebot. Je répondais à son regard par un sourire, amusée que j’étais de le sentir si impatient de rencontrer celle qui était parvenue à pénétrer l’échantillon de notre tout premier quartier général. Celui qui nous avait servi de refuge durant une importante partie de notre scolarité.

« Je crois que votre souhait vient de se réaliser, ajoutais-je à l’intention de Kristen Loewy en rangeant ma baguette. »

La magie était inutile désormais. Elle l’avait toujours plus ou moins été en présence d’Aidan.

LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)

15 janv. 2017, 23:51
 Ecosse  L'assemblée des femmes de pouvoir
Kristen haussa un sourcil, puis les fronça, en écoutant les mots de Susan Bowers. Aidan l’avait menée à eux, vraiment ? Pouvait-on réellement prévoir ces choses-là, penser si tôt en avance ? Ou bien s’agissait-il simplement de se donner un air impressionnant, organisé et prévoyant à ce point ? Kristen n’en savait rien. En tout cas, le reste des paroles de Susan lui plut beaucoup et elle se prit à hausser le menton. Elle était toujours assise sur le banc de pierre, mais Susan venait de se lever. Etait-ce déjà l’heure de rentrer ?

Une voix transperça une haie. C’était une voix d’homme. Il ne pouvait donc pas s’agir de quelqu’un de présent au dîner. Par réflexe, elle plissa les yeux, n’observant plus que la haie, et rapprocha sa main de la poche qui contenait sa baguette. Elle s’apprêtait à se lever. Lorsque Susan fendit la haie et qu’une silhouette apparut de l’autre côté, Kristen acheva de se mettre debout.

Lorsqu’il se retourna tout à fait pour la saluer, Kristen ne put que le reconnaître. C’était le préfet en chef – alias l’homme le plus recherché du continent. Les yeux de la directrice de Poudlard s’ouvrirent plus grand et pétillèrent d’excitation. Elle avait sur les lèvres un sourire qu’elle n’avait pu contrôler, ce petit sourire d’un enfant qui vient de recevoir un beau cadeau. Elle n’en rougit pas, ne tenta pas de cacher sous excitation sous le masque de l’indifférence. C’était inutile, lorsque l’on se tenait face à un Legilimens.

L’évidence que Susan venait de relever ne parvint qu’à lui faire hausser le menton et les pommettes. Kristen prit une grande inspiration et fit une petite courbette.

« Bonsoir, préfet en chef, dit-elle alors que ses genoux finissaient de se plier. »

En se redressant, elle plissa les yeux et compara mentalement le regard d’Aidan à celui de sa sœur, qu’elle avait enregistré dans son esprit. Kristen eut alors envie de faire un petit test. Dans un élan mêlant défi et enfantillage – revoir Aidan la ramenait presque des années en arrière – elle se mit à penser qu’il était vraiment un sale gosse, lorsqu’il était à Poudlard. Elle pensa même que s’il avait été élève sous sa direction, elle lui aurait collé une sacrée retenue et ne se serait pas laissée berner comme les professeurs de l’époque. Elle le pensa très fort pour voir si Aidan le percevrait bien. Elle fit un sourire en coin.

Cependant, elle ne put continuer ce jeu bien longtemps, car des pensées beaucoup plus sérieuses s’imposèrent vite à elle. Elle voulait savoir ce qu’Aidan envisageait sérieusement pour la suite, comment il s’y prendrait, ce qu’il en était des personnes qu’il avait déjà évincées – si elles étaient vraiment toutes coupables, ou si cela faisait partie du plan, comme un sacrifice nécessaire. Elle voulait aussi savoir pourquoi cet étrange mot signé E.C. pour A.B. (qu’elle avait supposé être d’Eléonore Coldman à Aidan Bowers) et concernant Aude lui était parvenu.

Elle ne dit rien. Elle voulait savoir s’il était utile de dire quelque chose. Elle lança un regard en coin à Susan Bowers et pensa que celle-ci lui faisait un beau cadeau de Noël, finalement. Puis, elle reporta son attention vers Monsieur le préfet en chef Aidan Bowers.

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
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