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17 janv. 2017, 11:18
 Ecosse  L'assemblée des femmes de pouvoir
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PENSÉES PROFONDES


La legilimancie est une technique magique qui ne tolère pas la médiocrité. Rares sont les Legilimens qui courent le monde pour cette seule raison. Le procédé par lequel un sorcier parvient à pénétrer l’esprit d’une personne requiert de grandes connaissances magiques et une pratique assidue de cet exercice. Un Legilimens mal entraîné est un Legilimens mort. Un Legilimens discipliné est un Legilimens redoutable, car capable de se faufiler à pas de loups dans n’importe quel esprit, même le plus étriqué, sans laisser la moindre trace de son passage. Les plus puissants sont capables de prouesses infiniment plus grandes et dangereuses. En s’introduisant dans n’importe quel esprit — de préférence endormi — ils peuvent modifier les souvenirs qui y sont enfermés, les remodeler, et ainsi en implanter de nouveaux. Cette méthode, extrêmement délicate et périlleuse, peut à elle seule modifier la perception de la victime à son réveil. Dans certains cas extrêmes, sa personnalité peut en être affectée. Aidan Bowers connaissait toutes ces méthodes. Il était le plus grand et le plus puissant Legilimens de son temps.

*

Rien n’était plus évident qu’une pensée. On pouvait se cacher derrière des sourires en coin, des regards énigmatiques, mais on pouvait difficilement se cacher d’une réflexion ou d’une intention. Elles étaient inscrites au plus profond de notre être, tatouées à la surface de notre âme. Les nier revenait à nier sa propre existence. Voilà pourquoi le Legilimens que j’étais prenait soin de les cueillir, de les étudier, avant de les replanter là où je les trouvais. Les pensées de quelqu’un en disaient beaucoup plus long sur cette personne que tout ce qu’elle pouvait dire ou faire dans l’instant. Je souriais en saisissant celles de Kristen Loewy, sans effort. Elle se savait vulnérable, incapable de résister à mon intrusion, aussi me laissait-elle les portes de sa bibliothèque personnelle grandes ouvertes. J’entrais à pas compté dans ce vaste esprit peuplé de zones d’ombre vaporeuses, et en quelques endroits émaillés par des restes d’intrusion — je reconnaissais bien évidemment en cela les marques d’un sortilège de modification de mémoire.

Les premières pensées que je feuilletais étaient celles que Kristen Loewy m’avait volontairement envoyé. Mon sourire était alors à la hauteur de la vision qu’elle m’imposait ; celle d’un jeune homme à qui il ne restait plus que quelques mois de cours à Poudlard avant d’acquérir sa liberté, un homme presque fait nommé préfet-en-chef. Une version de moi-même à tel point détestée par mon hôte qu’elle avait involontairement grossi les traits de caractère qu’elle ne pouvait supporter chez moi. Son message était clair et j’inclinais doucement la tête pour lui faire entendre qu’il était bien reçu, le sourire large.

Je ne trouvais pas le temps de faire un pas de plus dans cet esprit intelligent que Kristen Loewy m’assaillait de nouvelles pensées — si c’était là une méthode pour m’empêcher de m’y aventurer, elle était parfaitement inutile. J’en figeais le contenu, l’emportant avec moi pour plus tard tandis que je m’enfonçais plus loin dans la bibliothèque de souvenirs. Je cherchais un souvenir assez fort — et donc le plus récent ou le plus marquant — d’Arseni Stoyanov. Je le trouvais dans une aile bien gardée de la bibliothèque, pelotonné sur une étagère mentale. Son contenu me laissait songeur. Je l’enregistrais en moi-même et passais à un autre, plus ancien, dans lequel le monde du Dominion s’écroulait. J’enregistrais de nouveau et poursuivais mon chemin, basculant aisément dans une aile dont était issue la première pensée que mon hôte m’avait envoyé. J’y trouvais de nombreuses traces de mes jeunes années, mais les laissais à leur propriétaire originelle, trop intéressé par un détail crucial : celui qui avait permis à mon hôte d’outrepasser le sortilège explosif qui gardait la porte de notre salle d’archives scellée.

« En voilà une bonne surprise, un retourneur de temps, rien que ça, déclarais-je en enfonçant mon regard dans celui de Kristen Loewy. Je dois dire que c’était ingénieux de la part d’une Gryffondor-qui-a-toujours-tout-eu-d’une-Serdaigle. Je pensais que les retourneur de temps avaient tous été détruits par le ministère mais il semblerait que non, finalement. »

Je déroulais ensuite les questionnements que j’avais préalablement figés en retournant dans l’amas de songes qui peuplait l’esprit de Kristen Loewy. Comme je pouvais m’y attendre, Kristen Loewy voulait tout savoir, tout comprendre, tout de suite, maintenant. J’expirais un rire discret. Elle était toujours la Serdaigle refoulée d’autrefois.

« Eléonore et moi-même avons considéré qu’il était préférable que cette prophétie vous revienne, dis-je en chatouillant au même moment des émotions étonnantes au sujet de la directrice de Beauxbâtons. L’esprit de cette femme était vraiment fascinant. Je crois savoir que cette femme, Aude Luneau, n’est pas n’importe qui pour vous. Voyez cela comme une petite récompense de notre part pour être parvenu à connaître notre histoire. »

Susan acquiesçait en souriant. Je ne pouvais en être sûr mais elle donnait l’impression de réellement s’amuser. Je lui rendais son sourire puis j’observais de nouveau Kristen Loewy du coin de l’oeil.

« Dommage que vous ne soyez pas devenue Legilimens, votre soif de savoir aurait desséché plus d’une cervelle, croyez-moi, ajoutais-je. Mais si vous tenez tant à le savoir, je n’aime pas les sacrifices. Je ne leur trouve aucune noblesse, aucune raison d’être. Ma justice est froide, aussi froide que vous l’êtes. »

LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)

17 janv. 2017, 12:52
 Ecosse  L'assemblée des femmes de pouvoir
Il y eut un long silence. Quelqu’un qui serait arrivé à ce moment-là, sans connaître ni Kristen, ni Aidan, n’aurait pas compris ce qui était en train de se passer. Pourquoi se regardaient-ils en chiens de faïence, sans bouger, sans rien dire ? Jouaient-ils au western : qui dégainera le premier ? En réalité, Kristen savait qu’elle ne pouvait pas empêcher Aidan de pénétrer son esprit, si ce n’est en s’en allant, tout de suite, maintenant, mais elle aurait alors loupé l’occasion de pouvoir échanger avec lui, ne serait-ce qu’un peu. On a peu de chances de croiser l’homme le plus recherché de Grande-Bretagne au détour d’une haie de rosiers : il faut saisir l’occasion lorsqu’elle se présente. Par ailleurs, son test avait porté ses fruits : la parole n’était en effet même pas nécessaire avec lui, tant sa maîtrise de la legilimancie était élevée.

Peut-être aurait-il été préférable qu’elle ne laisse aucune chance à Aidan de pénétrer son esprit. Tant pis.

Kristen soutint son regard et croisa les bras. Elle avait prévu qu’Aidan chercherait à savoir comment elle avait pu avoir accès à la salle des archives, et donc, qu’il découvrirait l’existence du retourneur de temps. Quant à ce qu’il comptait faire de cette information, elle ne pouvait le dire.

Elle se demanda pourquoi Aidan Bowers s’obstinait à la vouvoyer, et finit par penser que c’était peut-être pour se donner un genre, l’air d’être au-dessus de tout ça. La suite était de toute façon beaucoup plus intéressante que la curiosité du vouvoiement. Ce qu’elle avait reçu n’était donc pas simplement une information dans le vent, comme elle l’avait d’abord pensé, mais une véritable prophétie toute établie par Eléonore Coldman. Certains auraient pensé que cela donnait beaucoup de crédibilité à l’information, une dimension beaucoup plus mystique et donc importante, mais Kristen préférait ne pas accorder trop de crédit à ce qu'une femme - aussi brillante soit-elle - pouvait voir dans une boule de cristal ou dans du marc de café. Elle pouvait certes les entendre, les enregistrer dans son esprit, mais pour elle, les prophéties n’étaient bien que des potentialités. C’est-à-dire qu’elles pouvaient être vraies, comme être fausses.

Kristen plissa les yeux lorsque le Legilimens crut savoir quelque chose – en d’autres termes, quand il venait de découvrir quelque chose dans l’esprit de Kristen, car un Legilimens comme Aidan Bowers ne pouvait pas se contenter de "croire savoir". La directrice de Poudlard se demanda comment Aude Luneau avait pris forme dans sa tête et comment Aidan l’avait interprété exactement, car elle-même en était incapable. En tout cas, elle pensa qu’Aidan se trompait : certes, Aude Luneau n’était pas n’importe qui pour elle, mais elle n’était n’importe qui pour personne. Le souvenir de son visage s’imposa à elle et plus elle se forçait à ne pas y penser, plus une multitude de souvenirs gravitant autour d’elle virevoltaient dans son esprit encombré. Elle revit par flashs successifs le bal de Noël de l’année passée, l’excursion dans le Dominion – essaya de ne plus penser, définitivement – revit enfin le déroulé de la troisième tâche ratée dans le Dominion. Elle ne put interrompre le cours de ses pensées, difficilement, que lorsque Bowers reprit la parole.

Elle le regardait avec un air mécontent. Elle remarqua qu’il lui était encore plus désagréable qu’à l’époque, car aujourd’hui, elle sentait que son esprit était grand ouvert à cet homme – et qu’elle n’avait pas forcément envie qu’il puisse boire tout ce que contenait son esprit comme il aurait bu une tasse de thé, sans même fournir le moindre effort, et se permettant même de lever le petit doigt. Elle jalousa Susan et ses pouvoirs d’occlumancie, lui jetant un regard en coin et soupirant. Le jeu n’était plus si amusant qu’au début, maintenant qu'il n'était plus vraiment un jeu.

Elle ne répondit pas tout de suite et continua à fixer Aidan Bowers. Ses lèvres étaient serrées, ses joues creusées. L’idée d’une justice froide lui convenait, mais Kristen, qui n’aimait décidément pas la compagnie d’un Legilimens, ne put déterminer s’il était honnête. Il avait toute la capacité d’adapter ses réponses aux pensées de Kristen, lui faire entendre ce qu’elle voulait.

« Nous verrons bien ce que diront vos actes. »

Eux ne mentaient pas. Ou plus difficilement.

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
~ if i wasn’t a narcissist i wouldn’t like me either ~

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20 janv. 2017, 11:45
 Ecosse  L'assemblée des femmes de pouvoir
12

TRANSPLANAGE


Lorsqu’un criminel est recherché par le ministère de la Magie, le Bureau de régulation des protections magiques est soumis d’ajouter des marqueurs aux protections existantes afin de garantir la traçabilité du criminel dans les principales places magiques du pays. Dès lors que le criminel est repéré par ces marqueurs, le directeur du Département des accidents magiques et le directeur du Bureau des Aurors se réunissent en cellule de crise afin d’établir la meilleure stratégie de capture. L’intervention du Bureau des Oubliators, de la Brigade de réparation des accidents de sorcellerie ou encore du Bureau de désinformation n’a lieu qu’après l’intervention des Aurors sur place.

*

Kristen Loewy n’était pas à son aise entre moi et ma soeur. Je n’avais même pas besoin de visiter son esprit pour le percevoir . Il suffisait de saisir la lueur de son regard, le pincement de ses lèvres ou encore l’aspect creusé de ses joues. Je le comprenais aisément. Se retrouver entre un Legilimens qui pouvait retourner votre cerveau et une Occlumens dont on ne pouvait jamais savoir ce qu’elle pensait réellement devait être une expérience particulièrement agaçante ; d’autant plus quand on s’appelait Kristen Loewy et qu’on était la directrice de Poudlard, autant dire une personne habituée à disposer de la meilleure vue d’ensemble et non à naviguer en terre inconnue. Mais qu’importe, au fond, je n’étais pas là pour son bon plaisir.

J’acquiesçais de nouveau — à ses propos cette fois. Le sentiment de défi était palpable mais je ne pouvais céder à aucun enfantillage, même pour le simple plaisir de lui montrer que je pouvais tout obtenir, comme elle avait déjà pu le constater quand nous étions plus jeunes. Je n’en avais de toute façon plus le temps.

La réaction du ministère s’avéra beaucoup plus rapide que celle que j’escomptais. Le protocole avait-il changé ? Certainement, mais je ne pouvais encore mesurer à quel point. Je n’avais pas le temps de m’interroger sur la question, je remettais ça à plus tard. Le moment était venu de filer à l’anglaise, une fois de plus. Déjà les détonations sonores des transplaneurs se faisaient entendre au loin. Les Aurors arrivaient. Ils ne leur faudraient qu’une trentaine de secondes pour remonter l’allée et à peine plus pour me cueillir. Susan et Kristen Loewy devaient le mesurer également.

Je regardais ma soeur et lui adressais un clin d’oeil. Dans notre langue commune, cela signifiait « prends soin de toi. » Je tournais ensuite mon attention vers Kristen Loewy et lui offrais un sourire mesuré.

« Nous serons certainement amener à nous revoir, dis-je en sortant ma baguette magique. Vous n’imaginez pas à quel point ma collection de livres rares a pris de l’ampleur depuis la dernière fois que vous avez fait appel à mes services. Si votre soif de lecture interdite est toujours aussi tenace que je le conçois, vous savez comment me contacter, je crois. »

Je visualisais mon point de chute et levais mon bras au-dessus de ma tête.

« Kristen, vous devriez transplaner vous aussi, entendis-je avant que le sol ne cède sous mes pieds. Si les Aurors vous trouvent ici, ils se demanderont pourquoi vous n’avez pas tenter d’arrêter mon frère. Partez tout de suite. J’effacerai les traces de votre présence, faites-moi confiance. »

Le jardin s’effaçait de ma vue. Tout mon corps était attiré au loin dans un tourbillon d’images indistinctes. Un instant plus tard, mes pieds frappaient le sol d’une prairie allemande. J’étais de retour dans mon quartier général d’apparat.

LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)

20 janv. 2017, 16:17
 Ecosse  L'assemblée des femmes de pouvoir
Des bruits sourds, ronds et précis se firent entendre dans l’air. On reconnaissait sans problème le bruit de transplanages. L’apparition d’Aidan avait certainement affolé les systèmes de sécurité du Ministère. Les bras croisés, Kristen l’observa s’en aller avec un regard légèrement suspicieux. Il fallait qu’elle s’en aille, elle aussi. La perspective de ne pas devoir retrouver les autres femmes du dîner ne lui déplaisait pas. Elle se demanda cependant ce que Susan comptait en faire. Qu’allait-il se passer pour elle, d'ailleurs, et qu’allait-il se passer pour Kristen ? Comme si elle avait anticipé ses questions, Susan se fit assez rassurante. La seule chose qui la dérangeait, c’était ce « faites-moi confiance », qui avait parfois tendance à encourager Kristen à se méfier.

La directrice de Poudlard inclina légèrement la tête vers l'avant. Elle affichait un air clairement pensif.

« Merci pour cette soirée. »

Et elle transplana jusque dans le vestibule de la demeure de Susan Bowers. Elle n’eut que le temps de poser la pointe d’un pied, de tendre le bras pour récupérer les quelques affaires sans importance qu’elle avait laissé là, et dans le même mouvement, elle transplana à nouveau, en direction de Poudlard cette fois. Elle avait exécuté ce mouvement sans un bruit, sans attirer l'attention, avec une légèreté comparable à celle d'un chat de nuit sautant d'une toit à un autre.

De retour à l’école, dans son bureau, elle soupira un grand coup. Quelle soirée ! Elle n’eut même pas la force de repasser dans sa tête le cours des événements, de les mettre en ordre. L’enchaînement avait été extrêmement rapide. Elle s’effondra dans un siège et posa sa veste sur l’accoudoir. Elle décida qu’elle revivrait cette soirée dans sa pensine dès le lendemain, pour être sûre d’enregistrer tout ce qui avait été dit, pour ne louper aucune information.

Elle resta là pendant de longues minutes, à essayer encore une fois de penser, sans réellement trouver d’élément lui permettant d’aller plus loin dans les informations qu’elle avait recueillies ce soir. Il lui faudrait y réfléchir à tête reposée, ce qui ne serait pas évident. Elle se leva difficilement au bout de quelques temps et monta dans ses appartements, en empruntant l’escalier en colimaçon à la gauche de son bureau. Chaque marche était un calvaire et elle avait l’impression de porter des bottes de plomb. Juste avant de se coucher, elle versa dans un minuscule flacon le contenu d’un autre flacon plus grand. Elle prit sa petite dose de potion pour un sommeil sans rêves, mais ne parvint à s’endormir que deux heures plus tard.


***

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
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