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07 avr. 2017, 22:57
 Ecosse  Le réel pouvoir du Prince de la Mort
6

LE FANTÔME DE L’OPÉRA


*


Aux premiers signes de réflexion que me donna Kristen, je tendis mon esprit vers le sien pour admirer ses associations d’idées. A travers cela, je ne souhaitais pas remettre en question son raisonnement mais voir les choses sous un angle bien précis, un angle impartial que Kristen n’était pas en mesure de s’offrir, tout naturellement. Très vite, l’image de Ricoter, le ministre français, s’imposa à l’esprit de Kristen. Je restais prudent, replié à l’orée de sa pensée pour ne pas lui rendre compte de ma présence. Je souhaitais à tout prix éviter de perturber le fil de sa réflexion. Mais Ricoter demeura à sa place tel un parasite pugnace, balayant tout le reste.

J’acquiesçai à sa réponse orale, plus par politesse que par conviction. Quelque chose en particulier avait retenu mon attention dans l’histoire que l’esprit de Kristen avait tricoté sous mes yeux. Pierre Legallet. Ainsi, l’ancien ministre français porté disparu était un Mangemort… qui l’aurait imaginé ? Qui plus est un porteur de la Marque des Ténèbres ! Soit un fidèle de la première heure. L’esprit de Kristen l’avait cependant évoqué comme une personne morte. Curieux, je me replongeais dans son esprit, atteignais sa bibliothèque immense de souvenirs et cherchais tout ce qui pouvait faire écho à ce nom. Sans besoin d’avoir remonter très loin, je mettais la main sur la justification de sa mort physique et en éprouvais un certain élan de sympathie pour cette Aude Luneau. Reste que quelque chose ne convenait pas, pas du tout. A mes yeux, Legallet était un commanditaire beaucoup plus sensé que Ricoter si, toutefois, on ne le considérait pas comme mort et enterré. Ce qui ne semblait pas être le cas dans l’esprit logique de Kristen.

Une lumière s’alluma dans les tréfonds de mon esprit qui me ramena à mon corps juste avant que Kristen n’épanche un peu trop son sentiment de culpabilité. Ce qui était logique pour Kristen de par son expérience et son vécu ne l’était pas pour moi. Et si la logique ne permettait pas d’expliquer le pourquoi, alors il nous fallait accepter l’invraisemblable.

« Legallet n’est pas mort. »

Je formulai ma pensée à voix haute sans même m’en rendre compte. Le regard mi-étonné mi-incrédule de Kristen me le fit remarquer. Je ne me démontais pas pour autant et me tournais de sorte à lui faire face.

« Réfléchissez deux secondes, lui dis-je en sentant ma conviction grandir. Qui mieux qu’un Mangemort supposément mort aurait pu fomenter tranquillement un attentat d’une telle ampleur ? Qui mieux qu’un Mangemort supposément mort pour s’attaquer à l’école qui a renversé son Maître ? Qui mieux… — je fronçais les sourcils — qui mieux qu’un Mangemort pour posséder l’Horcruxe qui lui permettrait de se faire passer pour mort ? Qui mieux qu’un Mangemort pour placer un pantin à la tête d’un gouvernement, un pantin à qui le monde entier imputerait la responsabilité du conflit ? »

Je m’avançais vers Kristen et m’arrêtais assez près d’elle pour sentir le parfum de sa peau.

« Kristen, réfléchissez de manière cohérente et répondez-moi, lui demandais-je d’une voix fébrile tandis que l’évidence s’imposait nettement à moi. Les agissements et le discours de Ricoter vous ont-ils paru sensés quand il s’est présenté devant le portail de Poudlard ? »

Je me sentis soudain pris de vertiges, certain de ce que Kristen n’avait réussi à voir mais qu’elle ne tarderait pas à comprendre. Ricoter agissait sous l’emprise de l’Imperium… Legallet était le véritable chef d’orchestre… insoupçonnable. Le coup parfait. Mes pieds me ramenaient doucement vers les fauteuils. Je retrouvai le confort de celui que j’avais laissé quelques instants plus tôt et plongeais mon visage entre mes mains. Legallet avait berné le monde entier… pire que tout, il avait sur ses mains le sang d’une amie.

Mon sang ne semblait plus irriguer correctement mon cerveau. Les vertiges, plus intenses encore, m’obligèrent à fermer les yeux.

« Kristen, nous devons le retrouver coûte que coûte. »

« Nous le devons tous. »

Susan se tenait devant la porte dérobée. Ses yeux brillaient des larmes qu’elle n’osait verser.

« Pour Danielle... murmura la voix brisée Andromède dans l’ombre de ma soeur. Je la devinais pleurant à chaudes larmes. »

« Les Douze ne sont plus que Onze, souffla Susan. Nous avons un genou à terre mais nous ne sommes pas encore vaincus. Ce monstre l’apprendra… tôt ou tard. »

LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)
08 avr. 2017, 00:24
 Ecosse  Le réel pouvoir du Prince de la Mort
L’idée que Pierre Legallet ne soit pas mort sembla à Kristen complètement invraisemblable, puisqu’elle avait vu de ses yeux le sortilège de la Mort qu’Aude lui avait lancé… Enfin, elle avait vu l’image de cette scène. Cette vision aurait-elle été fausse ? Impossible, d’autres événements lui avaient confirmé qu’Aude avait tué Legallet. Il était mort, bien mort, il ne pouvait pas y avoir échappé…

… Un Horcruxe ? Le mot passa dans les oreilles de Kristen comme un souffle de vent glacé, du genre de ceux qui vous transpercent presque les tympans. Si Legallet avait eu un Horcruxe, c’était vrai, alors : il aurait pu conserver une partie de son âme quelque part et ne pas tout à fait mourir, mais même parmi les fidèles de Voldemort, y en avait-il vraiment qui avaient le cran et le pouvoir de créer un Horcruxe ?

Très vite, les pensées de Kristen commencèrent à dériver. Des souvenirs s’imposaient à son esprit comme des flashs ; Kristen essayait de les repousser – en vain. Ils persistaient à s'afficher dans sa tête comme des signaux d'alarme.

Elle sentit que sa tête commençait à tourner. Elle entendit la suite comme un bruit de fond, étouffé. Elle avait l’impression de porter des bouchons d’oreille. Elle ne releva pas la question d’Aidan, car elle l’avait à peine entendue. De toute façon, ce n’était plus cette question qui avait de l’importance, maintenant. Que Simon Ricoter ait vraiment été pourri ou bien qu'il ait été contrôlé comme un pantin lui était complètement égal. Le regard ahuri de Kristen se contentait de traverser la salle bêtement tandis qu'elle essayait d'ordonner ses pensées.

Kristen remarqua que deux autres personnes étaient apparues dans la pièce. L’une d’elles était Susan, et l’autre était une femme que Kristen ne prit pas le temps d’identifier. Elle intégra que la bande avait perdu un membre. Elle sortit sa baguette et la serra très fort dans sa main, si bien qu’elle eut très vite mal aux articulations. Ce n’était pas de compassion pour Aidan, les larmes cachées de Susan, ou pour cette autre femme qui était encore dans le brouillard de l’esprit encombré de Kristen. C’était de rage, une rage folle. Kristen eut une brusque envie de tout casser, comme ce jour-là au ministère, mais elle n’était pas chez elle et ne pouvait donc pas se permettre ce genre de fantaisies.

« Oui, vous avez raison, murmura-t-elle. »

Elle fixa le sol et desserra progressivement les doigts autour de sa baguette. Elle releva les yeux vers Susan et dit :

« Je vais m’en aller maintenant. Merci. »

Hébétée, elle transplana aussitôt, elle partit comme elle était venue, sans penser à s’attarder sur la politesse et les condoléances. Elle arriva tout de suite dans son bureau et s’assit à sa place de directrice, les mains posées à plat sur la table. Elle avait posé sa baguette à côté de sa main droite, bien parallèle au bord du bureau. Elle regardait droit devant elle. Elle resta ainsi durant de longues secondes. Puis, elle reprit sa baguette et passa un coup dessus pour la lustrer, tout cela très calmement. Enfin, elle se leva et fit un grand geste incontrôlé et plein de rage, qui valut à la moitié de son mur à sa droite une large entaille, comme une balafre.

Elle se rassit et conclut à voix haute, pour elle-même, que c'était impossible, et qu'elle devait forcément se tromper.

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
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