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16 juin 2017, 20:46
 RPG+   Angleterre  Mercredi rising tide
L’ambiance avait à ce point changé qu’on aurait presque dit que Kristen n’avait jamais fait la moindre révélation, que cette maison n’était pas oppressante, et que rien de spécial ne s’y était déroulé. C’était comme si les deux sorcières s'étaient trouvées là par hasard. Tout semblait si incroyable, si facile, que Kristen ressentit un bref instant la crainte qu’Aude se réveille le lendemain en ayant réalisé ce que Kristen lui avait dit et lui en veuille subitement, prenant conscience que finalement, tout ceci n’était pas acceptable. En attendant, Kristen décida d’écarter cette crainte et de profiter de ce moment.

Alors qu’elle invitait d’un geste Aude à sortir de cet endroit, une boîte apparut dans sa main. Kristen avait vu le geste d’Aude, mais ne comprenait pas pour autant pourquoi ce coffret se trouvait dans sa main. Hébétée, elle regarda sa main comme si elle la découvrait pour la première fois et referma ses doigts sur le coffret, abaissant son bras. Alors qu’elle interrogeait Aude du regard, celle-ci répondit tout de suite aux questions qu’elle se posait. Le visage de Kristen fut pourtant loin d’afficher la moindre compréhension. Au contraire, Kristen semblait encore plus bête, complètement prise au dépourvu. On ne pensait jamais à son anniversaire, ou bien quand on y pensait, Kristen s’en fichait. La dernière fois qu’elle avait reçu un cadeau pour son anniversaire, c’était Nathan qui le lui avait offert, et franchement, cela ne lui avait fait ni chaud ni froid. Qu’Aude pense à son anniversaire et lui offre quelque chose la touchait beaucoup. Kristen baissa les yeux sur le coffret et sourit un peu. Elle eut une petite pensée pour Elena, la petite qu’elle avait recueillie une semaine à Poudlard avant de la confier à l’une des sœurs d’Arseni. Elle aussi lui avait fait un très beau cadeau il y a quelques semaines. Malgré les événements difficiles, la mort d’Arseni, le danger autour de Sybille, de Poudlard, du gouvernement, les terribles révélations sur les manigances de Legallet, et tous ses problèmes personnels, Kristen ressentait quelque chose d’inédit, assez proche d’une certaine idée du bonheur.

Aude parlait, mais Kristen ne l’écoutait pas vraiment. Elle était en pleine contemplation de ce petit coffret, qu’elle tournait entre ses mains comme s’il s’agissait d’une précieuse étrangeté venue d’une autre planète. Elle crut entendre qu’elle devrait ouvrir le coffret sur le sol. Cette précision intrigua beaucoup Kristen, qui, après un bref regard vers son amie, observa à nouveau le coffret sous toutes ses coutures. Elle se l’imagina en train d’exploser bizarrement quand elle l’ouvrirait, mais finit par conclure que cela n’aurait pas beaucoup de sens.

Kristen hésita à ouvrir le coffret maintenant, ou attendre un peu. Alors, Aude évoqua à nouveau les complots de sa fille. Kristen s’en amusa d’autant plus qu’elle pensait en ce moment-même à ce que Sybille savait de Kristen, mais elle ne soupçonna pas un seul instant la jeune fille d’avoir révélé à sa mère ce que Kristen ressentait pour celle-ci. Elle l’aurait remarqué dans l’attitude d’Aude.

Elle serra le coffret contre elle, décidant de ne pas l’ouvrir immédiatement, malgré sa curiosité.

« C’est… c’est une surprise, en effet, dit-elle avec un petit sourire. »

Elle ne bougea pas, mais ses yeux fixèrent Aude d’une telle façon qu'elle pouvait donner l'impression de s'être approchée d'elle.

« Cela me fait vraiment plaisir, merci beaucoup. »

Elle retourna le coffret dans ses mains. Même sans savoir ce que c’était, elle pouvait déjà en être très contente.

« Je veux le découvrir avec vous, mais c’est votre anniversaire aujourd'hui. Alors, vous d’abord. »

Elle passa le coffret dans son autre main et attrapa dans une poche intérieure de sa cape un petit paquet. Il était soigneusement emballé mais sobre. Kristen fit quelques pas et le tendit à Aude, ajoutant :

« Je vous l’aurais offert de toute façon, mais je suis contente de le faire en sachant que vous ne me détestez pas. »

Le rappel de cette éventualité la crispa un peu.

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17 juin 2017, 11:37
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21

UN CADEAU PRÉCIEUX


Pour qui connaissait Kristen, l’entendre employer des mots comme « me fait vraiment plaisir », « merci beaucoup » ou bien encore « je suis contente » était une sorte de révolution. La voir sourire aurait largement suffi à faire mon bonheur. Mais la voir utiliser ce vocabulaire était une petite victoire personnelle, une agréable surprise, le signe que mon cadeau — qui n’était pas encore ouvert pour autant — avait fait son office. Durant un instant, je la regardai avec un grand sourire puis, finalement, j’abaissai mon regard sur le petit paquet qu’elle tenait dans son autre main. Elle aussi avait pensé à tout, peut-être même au-delà de tout ce que je pouvais imaginer.

« Merci… je crois que c’est à mon tour d’être émerveillée, encore que vous me devancez d’une surprise, dis-je en saisissant le petit paquet avec délicatesse après avoir glissé ma baguette magique dans ma ceinture. »

Le paquet était léger. Je le déballai avec soin et trouvai une petite boîte qui me fit lever les yeux vers Kristen. Je lui souris un peu plus puis je repris ma découverte. L’ouverture de la boîte révéla un pendentif d’une beauté et d’une finesse étourdissantes. Pendant un court moment, je restai sans voix devant cet éclat de cristal qui semblait magnifier tous les rayons de lumière qui venaient frapper sa surface.

« C’est… je crois bien que c’est le plus beau cadeau qu’on m’ait o… »

En souhaitant le saisir, quelque chose de plus extraordinaire se produisit. Le pendentif — qui avait la forme d’une goutte — s’éleva de lui-même, répondant à une loi magique que je n’avais encore jamais vu à l’oeuvre. Comme s’il avait décidé de lui-même la place qui était la sienne, il vola jusqu’à mon cou où il se suspendit sans qu’aucun collier d’aucune sorte ne l’y retienne. J’étais stupéfaite. Je pouvais sentir son contact froid sur ma peau. Un vieux réflexe me fit tendre mes doigts vers le collier-qui-n’existait-pas pour l’aligner correctement, mais mes doigts se refermèrent sur le vide. Ce qui eut le don de me faire paraître à ce point ridicule que je me laissai aller à un rire de circonstance.

« C’est vraiment déroutant… dis-je avant de lever à nouveau mes yeux vers Kristen. Kristen, vous êtes incroyable, merci infiniment… C’est un cadeau fabuleux. »

Un autre réflexe me fit faire un pas vers Kristen avant que mon cerveau ne me bloque dans mon mouvement. Le temps d’un instant, j’avais souhaité l’embrasser sur la joue pour la remercier mais mon esprit m’avait rappelé aux règles de bonnes convenances britanniques. Kristen n’aurait sans doute pas apprécié un tel déballage d’émotions qui plus est. Je me balançai sur mon pied d’appuis durant une seconde ou deux puis j’ancrai mes deux jambes dans le sol en rougissant légèrement, tête basse, consciente que Kristen ne comprendrait pas du tout mon faux mouvement.

« A vous d’ouvrir votre cadeau, dis-je précipitamment pour détourner son attention sur un tout autre sujet. »

17 juin 2017, 21:17
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Quand Aude ouvrit son cadeau, Kristen fit mine de regarder ailleurs, mais jetait de brefs regards à son amie, afin d’observer discrètement sa réaction. Ses mains avaient trouvé refuge dans ses poches, comme si cela constituait une quelconque protection.

En vérité, Kristen s’était donné beaucoup de mal pour ce cadeau. Le bijou en lui-même n’avait initialement rien de magique : c’était un cristal en forme de goutte plutôt précieux, mais tristement moldu. Sa particularité et sa valeur résidaient surtout dans les enchantements dont il était imprégné. Il y avait ce charme de lévitation un peu amélioré, certes, qui n’était pas grand-chose, mais il y avait surtout un autre sortilège que Kristen avait eu beaucoup plus de mal à produire, qui résidait au cœur de ce pendentif, et qui saurait se montrer en temps utile.

Entendre dire qu’elle était « incroyable » était loin d’être habituel. Ne sachant donc pas vraiment ce qu’il convenait de répondre à ce genre de compliments, elle se contenta de détourner le regard, soudain très intéressée par cette mouche qui venait de se poser sur la table basse, un peu derrière Aude. Pensant alors que c’était assez impoli, elle releva les yeux vers Aude, qui se tenait bizarrement, comme si pendant un court instant, elle avait été debout sur un rocking chair.

Kristen avait du mal à trouver opportun d’ouvrir son cadeau maintenant, mais c’était aussi l’occasion de passer à autre chose et de ne pas s’attarder sur le cadeau que Kristen avait fait, et qu’elle trouvait désormais peut-être un peu trop. Elle sembla se réveiller en sursaut quand elle reporta son attention sur le coffret qu’elle tenait dans la main gauche. Elle jeta un dernier regard à Aude, pensant une fois de plus qu’elle lui avait dit qu’elle était incroyable.

Elle pointa sa baguette vers le sol, son bras fit un mouvement de balai (ceux des moldus, qui ne volent pas), et une demi-seconde plus tard, le plancher était débarrassé de toute poussière, luisant de propreté. Kristen s’accroupit, posa le coffret sur le sol avec beaucoup de délicatesse, craignant de l’abîmer. Il y avait un petit cercle sur le côté, et Kristen devina qu’il fallait y poser son doigt pour ouvrir le coffret. Celui-ci s’ouvrit d’un coup, ou plutôt, il se déplia. En le voyant si petit fermé, on aurait eu du mal à l’imaginer si grand à l’intérieur. Un coffret dépliant… Après avoir fait un mouvement de recul, un peu surprise, Kristen se pencha sur l’intérieur. Il y avait plusieurs séries de compartiments assez grands. Certains contenaient un livre, d’autres étaient restés vides. Kristen caressa la couverture d’un livre et lut : Mystères et Convoitises : itinéraire d’un sorcier en Alaska. Ravie, Kristen continua son exploration, lisant les autres couvertures : Les souffrances du jeune Garuguk, Splendeurs et misères des créatures humanoïdes, ou encore Lhoïtu ou le fond des océans. Arrivant au cinquième compartiment utilisé, Kristen releva ses yeux éblouis vers Aude.

« Ce n’est quand même pas… »

Elle baissa les yeux sur l’ouvrage. Si, c’était bien cela : le Livre. Quoi de plus étrange que d’appeler un livre « Livre » ? Cet ouvrage était très rare et tous les amateurs de beaux livres espéraient finir leur vie en l’ayant dans leur bibliothèque, mais ce n’était pas chose aisée. Kristen se releva brusquement et fixa Aude avec un air bizarre. Maintenant qu’elle était debout, elle ne savait plus quoi faire d’elle. Constatant son incapacité à agir de façon naturelle, Kristen se moqua d’elle-même en baissant la tête et en expirant un petit rire gêné.

« Je crois que vous m’avez bien cernée. Une telle bibliothèque m’aurait été bien utile l’été dernier... »

Elle prit conscience que sa remarque était inutile, puisque Aude ne pouvait pas la comprendre, et en relevant la tête, elle ajouta :

« Merci encore. »

Elle voulut s’approcher un peu, lui serrer la main gentiment pour montrer à quel point sa gratitude était sincère. Après une hésitation, elle se dit qu’on ne vit qu’une fois, par la barbe de Merlin ! et prit la main d'Aude et exerça sur elle une petite pression. Elle ne put cependant retenir sa curiosité, et en jetant un regard vers les livres, elle demanda :

« Mais… où les avez-vous trouvés ? »

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18 juin 2017, 19:52
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22

LES OFFRANDES DU DÉSERT


« En Jordanie, répondis-je en goûtant avec délectation la joie que Kristen me communiquait. Le clan Alkanat a ses entrées chez tous les grands négociants d’ouvrages du Moyen-Orient et Jamila, notre consoeur d’Albaldah, me devait un service. Ses talents de négociatrice ont fait le reste. »

Mon explication était un raccourci évident mais je savais que Kristen se ferait sa propre idée de l’histoire, une idée qui finirait bien par rejoindre la vérité. Dans les faits, je m’étais rendu au service des postes de Pré-au-Lard trois semaines plus tôt pour y dénicher leur meilleur volatile. Il s’agissait d’un grand rapace qui, une fois ses ailes déployées, devait bien dépasser les deux mètres d’envergure. Je le fis porteur d’un message pour la grande Jamila Alkanat, directrice du collège Albaldah, dans lequel je la suppliai de me venir en aide pour un cadeau très spécial. Une semaine plus tard, un somptueux oiseau de proie venait se percher à l’une des fenêtres de ma tour, porteur d’une lettre qui m’assurait que le nécessaire serait fait. Et le nécessaire fut fait. Une semaine après la réception de cette lettre, un serviteur du clan Alkanat prit, dans la plus grande discrétion, une chambre aux Trois Balais. C’est auprès de lui que je récupérai tous les ouvrages de la longue liste envoyée à Jamila. Le coffret en lui-même m’avait demandé une semaine de travail. Différents sortilèges et enchantements étaient entrés dans sa fabrication mais sa réalisation était restée plutôt simpliste au regard de mes compétences.

Ravie de l’effet que ce cadeau avait produit sur Kristen, je posai mon autre main sur la sienne pour la caresser tendrement. Je ne quittai pas mon amie des yeux, trop heureuse pour détourner le regard maintenant que tout semblait aller pour le mieux. De longs mois de souffrances et de tristes nouvelles étaient enfin ponctués d’un moment de pure magie. Je n’étais pas disposée à le laisser filer entre mes doigts.

« Le serviteur du clan Alkanat m’a assuré de leur authenticité, ce sont les originaux, ajoutai-je en souriant un peu plus. »

J’aurais très bien pu rester des heures et des heures à regarder Kristen dans le bleu de ses yeux, mais je ne voulais pas lui couper l’herbe sous le pied non plus alors qu’elle s’était visiblement pliée en quatre pour m’offrir un anniversaire inoubliable.

« Je… »

J’hésitai puis, portée par l’euphorie de l’instant, je ris de ma propre bêtise.

« Désolé, je crois que je vous ai interrompu au milieu de quelque chose d’important. Vous m’offriez votre bras comme une invitation à vous suivre… »

Je fis un pas vers elle et murmurai à son oreille :

« … et je me sens prête à vous suivre n’importe où. »

18 juin 2017, 22:18
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Les explications sans doute volontairement vaporeuses d’Aude arrachèrent un petit sourire à Kristen. La française avait décidément plus d’un sort dans sa baguette… Kristen ouvrit de grands yeux quand elle apprit que les ouvrages étaient des originaux. Attirés comme des aimants, ils se posèrent sur les livres et elle resta bête quelques instants. Ces livres devaient valoir une fortune, Aude s’était démenée pour les obtenir… Elle se sentit soudain un peu honteuse : son cadeau lui paraissait un peu dérisoire, loin d’être à la hauteur.

Kristen remarqua qu’Aude s’apprêta à dire quelque chose et s’interrompit. Elle en conclut que cela ne devait pas être important et pencha un peu la tête sur le côté. Aude fit un bond dans le passé, si bien que Kristen ne comprit pas tout de suite de quel geste Aude avait le souvenir. Elle n’eut pas vraiment l’occasion de s’y attarder, car prise au dépourvu, elle se pétrifia dans la magie d’un souffle.

Plus étonnant encore qu’une étreinte de Luneau, ce murmure avait complètement mis en déroute notre pauvre Kristen Loewy. La voix douce d’Aude Luneau si proche de son oreille, son petit souffle, firent picoter l’estomac de Kristen, qui se redressa inconsciemment et coupa sa respiration quelques instants. Elle ferma les yeux inspira longuement tandis que dans son ventre, quelqu’un s’amusait toujours à mettre tout n’importe où, dans un désordre incompréhensible.

Elle reprit cependant ses esprits, repoussa doucement son amie, se retourna et conseilla :

« Faites attention à ce que vous dites. »

Il y avait dans sa voix un soupçon de reproche. Elle en voulut un peu à la française d’agir ainsi sans savoir, mais elle s’en voulut aussi un peu à elle-même de réagir au quart de tour, de prendre ce geste pour autre chose que ce qu’il pouvait être. Mais tout de même, quel besoin avait-elle de murmurer de cette façon, si près d’elle ? Bien sûr, elle ne pouvait pas être consciente du trouble que provoquaient ces petits gestes, mais une part de Kristen les prenait malgré tout comme une sorte de provocation insidieuse.

Kristen se retourna et sortit de la maison. Dos à Aude, elle lui demanda :

« Pourquoi faites-vous cela ? »

Elle soupira.

« Je veux dire, tout ce que vous faites, précisa-t-elle comme si cela pouvait apporter un réel éclairage à son interrogation. »

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20 juin 2017, 11:52
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23

L’ATTITUDE FRANÇAISE


Je restai interdite devant la réaction de Kristen. Tout du moins le temps de me dire que je restai en présence d’une britannique et plus particulièrement de cette distance presque protocolaire qu’ils imposaient à toutes leurs relations. Mon sourire refit surface tandis que j’abaissai mes yeux sur le sol poussiéreux de l’ancienne demeure de Kristen. Comme ce sol, la vie de mon amie méritait un bon coup de balai. Il fallait tout recommencer. Lui faire goûter à ce petit brin de folie que seule une française pouvait lui apporter — tout du moins, c’est ce que prétendait la légende colportée par les étrangers de retour de leur voyage en France.

« Loin de moi l’idée de froisser la grande Kristen Loewy, déclarai-je d’un ton mi-théâtral mi-mutin en effaçant la distance qui nous séparait elle et moi. Mais je préfère apercevoir un sourire sur son visage. »

Arrivée à côté d’elle, je glissai mon bras sous le sien et me penchai légèrement vers l’avant en la regardant du coin de l’oeil.

« Vous semblez avoir oublié que vous m’avez sauvé la vie, dis-je avec la plus grande douceur. Ce qui fait de vous… et bien, tout. Je reconnais que mes manières bien françaises diffèrent quelque peu des vôtres, mais cela n’enlève rien au message de fond. Vous êtes ce que j’ai de plus cher avec ma fille et pour vous… et bien je serai prête à tout. »

Je me penchai un peu plus en avant en élargissant la courbure de mon sourire, consciente du fait que Kristen ne pouvait plus ignorer mon visage dans son champ de vision.

« Je vous en prie, Kristen, souriez à la vie. Nous sommes toutes les deux, si cela suffit à faire mon bonheur, cela devrait également suffire au vôtre. »

A la regarder comme je le faisais à cet instant, selon cet angle particulier, Kristen me faisait penser à un rocher solitaire dressé au milieu d’une mer houleuse. Je me surpris à regretter cette froideur apparente, quant elle me semblait si belle et si captivante lorsqu’un sourire éclairait son si beau visage. D’une légère pression sur son bras, je la poussai à me fixer droit dans les yeux car de tout ce qui faisait d’elle ce qu’elle était, le bleu de ses yeux m’avait toujours fasciné. Je lui souris tendrement avant de céder… une vieille habitude. Je tournai mon regard vers l’horizon sans me départir de mon sourire. Le vent caressait mon visage, le bon air allait et venait dans mes poumons, mais rien de tout cela ne pouvait calmer les remous qui agitaient mon ventre.

« Je voudrais n’avoir jamais à vous quitter, m’entendis-je dire d’une voix captive de mon émotion. Je n’ai jamais connu de vie heureuse, autre que celle que votre présence m’a apporté. »

20 juin 2017, 22:16
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Regardant droit devant elle, Kristen écoutait les douces paroles d’Aude Luneau et respirait un peu trop fort. La française avait-elle conscience de toucher un point sensible ? Le chatouillait-elle par plaisir, pour voir ce qui se passerait si elle continuait sur ce chemin ? Ou était-ce tout simplement innocent ? Si c’était le cas, ce serait peut-être même pire.

Kristen n’avait jamais espéré entendre de telles paroles, qui lui semblaient complètement irréelles et dépourvues de tout sens logique. Parce que même dans ses rêves les plus fous, elle n’avait jamais imaginé que ces mots puissent lui être adressés, Kristen n’en comprenait tout à fait que la moitié, et ne croyait pas à l’autre moitié. Ses oreilles avaient-elles subi un enchantement, déformant tout ce qui passait par ses tympans ? Son cerveau était-il embrouillé ?

En croisant le regard d’Aude Luneau un bref instant, elle prit conscience de la réalité de ce qu’elle avait entendu, mais aussi de l’incohérence générale qui régnait. Comment une femme si belle, si forte, comment une femme avec ces yeux- pouvait penser tout ce qu’elle venait de dire à Kristen Loewy, le déchet qui avait manqué de tuer son fils ? Aude avait beau affirmer tout ce qu'elle voulait, aux yeux de Kristen, c'était tout simplement bizarre.

Aude reporta son regard vers l’horizon, mais Kristen ne put détacher son regard de son profil. Elle baissa les yeux un instant, simplement pour se rendre compte que son amie avait passé son bras sous le sien - elle avait cru le remarquer, mais sans l'envisager dans une réalité palpable -, et ses yeux retrouvèrent le visage harmonieux d’Aude. Elle regarda également le profil de sa bouche, et il lui sembla qu’elle n’avait jamais vu le visage de la française d’aussi près. Elle le détailla lentement, plissant les yeux lorsque ceux-ci s’arrêtaient sur certains détails : un petit cheveu plus court et plus fin que les autres qui passait devant son oreille, un reflet de lumière sur ses lèvres rosées et légèrement brillantes, une tâche d’un bleu différent au coin de l’iris.

Aude avait dit tout ce qu’elle avait sur le cœur, et Kristen se trouvait incapable de trouver les mots adéquats pour répondre. Elle aurait voulu dire quelque chose de mémorable pour qu’Aude n’ait pas l’impression d’avoir tout lâché en vain. Mais elle ne pouvait que la contempler et se sentir tout à la fois beaucoup trop flattée, fière et un peu gênée de ne pas savoir quoi dire, consciente en arrière-plan qu’un tel discours ne pouvait rester sans réponse.

Alors, puisque les mots ne pouvaient pas sortir, elle plia un peu le bras auquel Aude était accrochée et attrapa sa main. Kristen se tourna tout à fait vers Aude, obligeant celle-ci à se tourner un peu aussi, et pour la deuxième fois en l’espace de quelques mois, approcha son autre main de sa joue. Cette fois, ce n’était pas de la compassion ou de la pitié, ce n’était pas la crainte de blesser, le besoin de consoler. Rien à voir. Kristen savait que c’était différent, mais alors que sa main était à quelques centimètres de la joue d’Aude et que son regard cherchait le fond de ses yeux bleus - si proche ! -, elle n’aurait su dire comment ni pourquoi elle avait été amenée à se tenir là, dans cette position. Elle ne se serait jamais crue si impulsive. Sa main s’approcha un peu plus de la joue de la belle Aude Luneau, l’effleura à peine, et retomba comme un ballon qui se dégonfle lamentablement. Kristen soupira et afficha un sourire résigné.

« C’est pourtant ce que vous ferez. Dès que tout sera réglé, vous retournerez à Beauxbâtons, et ce sera très bien ainsi. »

Elle n’en pensait pas un mot, mais c’était dans l’ordre des choses. La présence d’Aude auprès de Kristen n’était que provisoire, en dépit de tout ce qu’elle pouvait souhaiter. Elles s’écriraient comme deux directrices d’école qui sont amies s’écrivent, et tout reviendrait à la normale. Aude sembla perdue dans ses pensées, mais Kristen n'y fit pas vraiment attention, craignant ce qu'elle pourrait conclure d'une analyse de son air.

Elle rit un peu, car elle en avait besoin. Cela lui donnait du courage et l’impression que rien n’était aussi important qu’on pouvait le penser. Elle tourna la tête, regardant ailleurs, dans le vide.

« Mais vous avez raison, cela aurait pu suffire, dit-elle avec un petit sourire en coin. »

Ce n’était pas seulement elle qui le disait, mais aussi le reflet dans le miroir du Riséd. Lui ne pouvait pas mentir. Elle avait parlé comme si ses mots ne signifiaient rien, comme si c’était juste une blague, une petite réplique qu’elle lâchait comme à son habitude.

Ne désirant pas laisser le temps à ses mots de prendre du sens, elle enchaîna :

« Je voulais vous emmener dans un endroit moins... »

Elle n'acheva pas sa phrase. Glauque ? Bizarre ? Personnel ? Kristen avait pensé à un tas d'endroits, mais en vérité, ce qu'elle voulait surtout, c'était être avec Aude, et l'endroit lui importait peu.

« Mais peut-être y a-t-il quelque chose en particulier que vous aimeriez voir ? Ou préférez-vous rentrer ? »

Elle tourna sa baguette vers la bibliothèque portable, qui se replia et vola tout droit vers sa main. Kristen paraissait absorbée par l'enchantement qu'elle venait de jeter et la question qu'elle venait de poser, leur donnant beaucoup plus d'importance qu'à tout le reste.

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22 juin 2017, 22:34
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24

VERTIGES


Ce n’était qu’un geste, qu’un effleurement opportun, mais cela avait suffi à me couper de mes sens. Je cherchai à comprendre la raison de ce geste, et plus encore la raison pour laquelle il m’avait paru inachevé. J’avais la sensation de nager en plein doute, incapable d’analyser clairement la situation. D’un côté, le contact avait éveillé en moi des émotions puissantes, mais d’un autre, je m’étais sentit frustrée par la privation. Les paroles qui suivirent glissèrent sur moi comme glissait le vent, sans s’attarder, poursuivant un horizon lointain qu’il ne m’était pas permis de distinguer. Leur sens profond n’en était pas moins imprégné dans mon cerveau et je pris un temps considérable à traiter toutes ces informations. Quand se fut chose faite, j’étais encore plongée dans mes pensées, mais consciente de la présence de Kristen à côté de moi et des questions qu’elle avait laissées en suspens dans l’air.

Je fermai les yeux et soupirai pour me soulager d’une partie du poids considérable qui pesait sur mes épaules.

« Je ne serai jamais plus la directrice de Beauxbâtons, dis-je avec toute la difficulté que soulevait cette horrible réalité. Pour le bien de l’académie, c’est inenvisageable. Si la vérité devait éclater au grand jour, jamais les parents d’élèves ne me pardonneraient d’avoir tué, malgré les raisons qui étaient les miennes. Ils ne me pardonneraient pas plus mes innombrables mensonges. Jamais. Ils pourraient tenter de détourner le regard, mes actes trotteraient toujours dans un coin de leur esprit. Je le sais. Il en est ainsi en France. Et je ne puis blâmer personne de raisonner ainsi. »

Le poignard n’en était pas moins enfoncé dans ma poitrine. La douleur s’enfonçait toujours plus loin dans mon coeur, foudroyante et glacée. L’émotion m’étranglait ; ma respiration ne se résumant plus qu’à un filet d’air discret qui s’échappait de mes lèvres.

« J’ai le sentiment que je ne quitterai plus Poudlard… et je me surprends à ne pas trouver cette idée désagréable malgré l’effroi et le vertige qui s’emparent de moi à chaque fois que je pense à ce que j’ai laissé derrière moi. »

Je tournai mon regard vers Kristen et risquai un sourire. Il sortit plus crispé que je l’escomptai.

« Si ce n’est pas un poids pour vous, j’aimerai rester. »

Les joues réchauffées par ma demande, je ne laissai pas le temps à Kristen de respirer. Je laissai filtrer un rire cristallin et ramenai mon bras sous le sien.

« Emmenez-moi où vous voulez, dis-je en affirmant mon sourire tandis que j’abaissai mon regard dans le vide. N’importe où pourvu que vous l’ayez choisi. C’est mon anniversaire… et ce jour exige que vous répondiez à la moindre de mes exigences. »

Mon sourire retrouva sa belle et grande amplitude tandis que je relevai mes yeux et croisai ceux de ma si chère Kristen.

« Par chance, vous n’êtes pas tombée sur la plus difficile des femmes. Enfin, je crois. »

Je ris doucement en pressant mon autre main sur l’avant-bras de Kristen. Aujourd’hui était un jour particulier pour moi, je souhaitai en profiter autant qu’il m’était possible d’en profiter. Le bonheur n’attendait pas.

23 juin 2017, 22:59
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Kristen fronça un peu les sourcils. Pour Aude, visiblement, tuer et avoir voulu tuer étaient synonymes. Elle semblait oublier que Pierre Legallet n’était pas mort de sa main, et pour le moment – malheureusement - pas mort du tout. Kristen était cependant prise en étau entre deux sentiments contradictoires. D’un côté, elle éprouvait de la compassion pour Aude qui, d’après elle, ne retrouverait jamais sa vie d’avant. De l’autre, elle était rassurée de savoir qu’Aude voudrait vraiment rester près d’elle, à Poudlard. Au milieu de tout cela, la culpabilité de se sentir si égoïste.

Comment Aude pouvait-elle penser qu’elle serait un poids pour Kristen ? C’était vrai, sa présence lui avait causé des problèmes, et les sentiments qu’elle éprouvait pour elle étaient troublants, la poussaient à agir de façon parfois très peu raisonnable. Mais si jamais c’était un poids, alors c’était un poids agréable à porter, un poids dont elle n’aurait pu se passer.

Comme si elle s’adressait à un membre de la famille royale, Kristen inclina un peu la tête, de côté pour regarder Aude. Elle était désireuse de répondre à la moindre des exigences de Madame. Elle rangea son cadeau, passa sa main libre sur le bras libre de la Française, la pressa un peu contre elle, et, sans un mot, elles transplanèrent à nouveau.

Ce transplanage avait été exceptionnellement doux. Rien à voir avec l’effet tornade que l’on ressentait la plupart du temps. Il y en avait déjà eu un de ce genre, le soir où Aude était arrivée à Poudlard, mais de telles prouesses restaient rares. À travers ce transplanage en douceur, Kristen laissait entrevoir un part d’elle-même que l’on ignorait souvent. Oui, elle pouvait être douce, voire même faire preuve d'une certaine tendresse. Elle s'éloigna un peu d'Aude, mais passa la main du bras que celle-ci avait tenu dans le dos droit et fin de la belle Française.

Elles se trouvaient à la lisière d’une plaine verdoyante. Derrière elles, il y avait un rideau d’arbres derrière lequel s’étendait une vaste forêt. Le soleil tapait bien et rendait l’herbe encore plus verte. Il avait certainement plu peu de temps avant, car elle n’avait pas eu le temps de sécher. Mais le plus étonnant était encore ce qui se trouvait dans cette plaine. Des créatures volaient en tous sens, d’autres broutaient de l’herbe plus loin. De l’autre côté de la plaine, il y avait un petit ruisseau, dont le vent portait l’écho. Cet endroit respirait la magie, et ce n’était pas seulement dû aux créatures – inoffensives - qui y vivaient librement. L'air même en semblait imprégné.

« Madame est-elle satisfaite ? demanda-t-elle en haussant le menton. »

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~ if i wasn’t a narcissist i wouldn’t like me either ~

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25 juin 2017, 22:09
 RPG+   Angleterre  Mercredi rising tide

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FÉERIES


L’art du transplanage m’était bien assez pénible pour reconnaître l’incroyable compétence de Kristen en la matière. Transplaner avec elle était une expérience déroutante. Tout sorcier normalement constitué s’attendait à voir le monde tournoyer autour de lui, à sentir ses entrailles se tordre de douleur, et finalement à voir ses appuis céder à l’atterrissage. Il n’en était rien en présence de Kristen. La Maîtresse de Poudlard avait la capacité de rendre le voyage aussi doux et agréable qu’un filet d’air frais balayant une journée trop ensoleillée. Et que dire de l’atterrissage ? Une plume n’aurait pas pu rivaliser.

Le littoral s’évanouit derrière nous. Nous atterrîmes aux abords d’une forêt, devant une vaste étendue d’herbe scintillante. L’endroit me coupa le souffle. Une dizaine de Diricos au plumage bleu et mauve jeta un regard suspect sur notre présence tandis qu’un Niffleur émergeait de son terrier à quatre ou cinq mètres de nous. Plus loin, je distinguai un Croup à sa queue fourchue. La créature gambadait au milieu des hautes herbes, probablement surprise en pleine séance de chasse. Plus loin encore, à une distance si éloignée que je crus, un instant, être victime d’un mirage, deux Hippogriffes ne remarquèrent même pas que deux sorcières venaient tout juste d’apparaître au loin. La magie qui habitait cet endroit était singulière. Elle semblait habiter chaque gramme d’air, chaque brindille d’herbe et chaque parcelle de terre. Mes sens étaient peut-être induits en erreur, mais j’avais la sensation que cet endroit générait sa propre magie. Ce qui m’estomaquait. Même le parfum qui s’élevait de l’herbe encore humide avait une fragrance unique. Je n’avais encore jamais jeté mon dévolu sur un endroit digne d’être comparé à celui-ci.

« Elle l’est assurément, répondis-je à Kristen en tournant sur moi-même. »

Ce qui se trouvait dans mon dos était plus merveilleux encore puisqu’une nuée de fées valsait à l’orée de la forêt. Leurs ailes réfléchissaient la lumière du soleil et leurs robes florales étincelaient de mille et unes couleurs. Attirée par leur beauté, je m’avançai vers elles dans l’espoir d’en toucher une. Je tendis mon bras devant moi, un sourire encourageant pendu à mes lèvres. Sourire qui s’agrandit lorsqu’une des fées posa le bout de ses pieds minuscules dans le creux de ma main pour y tournoyer avec une grâce exemplaire.

Cet endroit était aux antipodes de la maison qu’avait habité Kristen dans son autre vie. C’était un lieu magique, féerique à plus d’un titre. Un endroit qui appelait à la paix et au calme. Je m’y sentis apaisée, sûre de moi, comme si rien ne pouvait plus m’atteindre. Je m’inclinai devant la fée qui me rendit une salutation encore plus appuyée avant de s’envoler vers ses congénères. Je me tournai ensuite vers Kristen, heureuse du spectacle qu’elle m’offrait.

« Quel est cet endroit ? lui demandai-je en revenant vers elle. Je ne crois pas avoir foulé une terre si enchantée depuis la découverte du Dominion. »

Je la dépassai en lui souriant, attirée par un Dirico isolé des siens. Les Diricos étaient insaisissables par nature, mais je n’avais encore jamais eu l’occasion d’apercevoir le phénomène de mes propres yeux. Je m’approchai donc de la créature à pas comptés, en essayant de faire le moins de bruit possible. Mais c’était sans compter sur leur faculté auditive. Le Dirico tourna sa tête vers moi. Il sembla, durant un court instant, jugé la distance qui nous séparait puis il se téléporta en un éclair une vingtaine de mètres plus loin. J’éclatai de rire, prise soudain d’un émerveillement enfantin pour tout ce qui occupait mon champ de vision.

Rien n’aurait pu rendre ce jour plus unique et plus beau.