Il était enfin là.

La veille, Isabel était entrée en trombe à l’hôpital, aux côtés d’un Kyle paniqué qui criait à qui voulait l’entendre qu’il fallait les aider, que sa compagne avait perdu les eaux. Elle était loin, la bravoure des Gryffondor.
Isabel quant à elle grimaçait. Une main sur son ventre, l’autre sur ses reins, elle avançait avec peine, surprise parfois par une contraction. Venir ici n’avait pas été de tout repos, les transplanages et le portoloin étant proscrits en fin de grossesse. Mais ils s’étaient débrouillés. Ajoutée à cela la panique de Kyle, la jeune femme n’en pouvait plus. Elle avait avisé un siège et s’y était assise non sans mal tandis que son compagnon alertait quelques infirmières. Celles-ci l’avait immédiatement prise en charge, calmant les douleurs à l’aide d’une potion.
Si les tensions physiques s’étaient vite atténuées, il n’en était rien des tourments psychologiques d’Isabel. Elle avait peur. Terriblement peur. Heureusement, Kyle avait fini par se calmer lorsqu’enfin une chambre leur avait été attribuée en attendant que le travail soit suffisamment avancé. Il l’avait rassurée comme il pouvait. Même si cela n’avait pas été suffisant pour totalement apaiser les sourdes peurs qui hantaient la jeune femme depuis des années, les paroles de Kyles lui avaient tout de même permis de ne pas perdre la tête.
Tout s’était pourtant bien passé, la grossesse avait été relativement calme, aucune alerte, les médecins étaient confiants, et Isabel aussi d’ailleurs. Mais maintenant que le jour-J était arrivé, il lui avait été beaucoup plus difficile d’avoir le recul nécessaire. Lorsqu’elle fermait les yeux, elle se revoyait presque huit ans en arrière durant ce jour le plus atroce de son existence. Elle avait tellement peur que les choses se répètent.

Et puis après plusieurs heures de travail, ces cris qu’elle avait attendu toute sa vie retentirent dans la pièce blanche de l’hôpital. Les premiers sons d’une nouvelle voix. Des cris puissants et pourtant si faibles à la fois. Des pleurs qui n’avaient pourtant rien de triste. Des cris qui retentissaient dans le coeur d’Isabel comme autant de “Je suis là, je suis en vie”. Instinctivement, elle tendit les bras. On vint le déposer sur sa poitrine. A ce contact, elle sentit des picotements remonter le long de sa nuque. Au milieu de cette chambre pastel, il était aisé de constater les couleurs vives qui passaient dans les cheveux de la jeune femme, allant d’une teinte à l’autre dans un désordre total avant de finalement revenir à son châtain d’origine.

Il était enfin là.

Natan.