La tête de Valentine lui faisait mal, en tombant, elle n'avait pas eu le réflexe de se rattraper avec ses bras ou tout simplement de se protéger le visage. Elle essaya de se relever mais elle n'y arrivait pas, elle n'avait pas mal à la jambe ou à la cheville mais cette dernière s'était emmêlée dans les branches et les racines et il était impossible de redresser le pied. Bien qu'elle n'y avait pas pensé avant, elle regarda dans la direction de ses amis pour vérifier s'ils ne l'avaient pas entendue. Malheureusement pour la blonde, comme à son habitude, Margot courait déjà voir si tout allait bien. Elle ne l'avait sans doute pas reconnue avant car quand Margot arriva à sa hauteur, elle s'arrêta net. Observant son ancienne amie avec stupeur. Remarquant cette étrange réaction, Eva et Lukas rejoignirent les deux filles:

- Qu'est-ce qui se passe ?

Lança le garçon à Margot, puis, comme celle ci ne répondait pas, observa cellebqui était tombée et vit pur la première fois depuis longtemps le visage de la blonde. Eva avait également remarqué la présence de Valentine et lui dit :

- C'est toi ?

Comme Valentine ne répondait pas, Eva cria:

- Je sais très bien que c'est toi ! Pourquoi tu nous as laissés ?! Pourquoi ?!

La sorcière ne disait rien, sans regarder son amie, elle comprenait sans peine qu'elle était sur le point de se mettre à pleurer de rage. Elle savait également que Margot etait trop choquée pour parler et que Lukas pouvait parler mais ne savait pas quoi dire.

- Réponds !

Elle pleurait,

- Réponds...

Il vint à Valentine une idée qu'elle n'aurait jamais eu si son amie avait continué à pleurer. Elle voulait la consoler, lui dire que ce n'était pas grave, que tout allait bien, mais au lieu de cela, elle lui prit la main. Ou plutôt, essaya de lui prendre la main, Eva la repoussa et partit, de l'autre côté des arbres. Lukas la suivie, jetant un regard noir à la sorcière puis disparaissant derrière la barrière de chênes. 

Il ne restait plus que Margot et Valentine de ce côté du parc, la blonde se releva et enleva les feuilles qui restaient collées à ses vêtements. Margot avait des cheveux bouclés d'un blond plus foncé que ceux de la sorcière. Ses yeux en amandes étaient couleur noisette et elle dévisageait son ancienne amie, une expression de stupeur sur le visage. Elle semblait désarçonnée, sans savoir où se mettre, sans savoir comment se sortir de cette situation. On voyait qu'elle hésitait, elle même ne paraissait pas s'attendre à dire ces mots, ces mots qui allaient éclaircir la situation:

- T'étais où ?

Valentine n'osait pas plonger son regard dans les yeux de Margot, elle ne savait pas quoi regarder, pas quoi dire. Elle n'osait pas regarder celle qui avait toujours été là pour elle, celle qui l'avait supportée toutes ces années, celle qui était presque une sœur pour elle. Les mots se s'arrêtaient dans la gorges de la blonde sans qu'elle puisse rien y faire. Elle était impuissante et n'avait aucun issue, elle était fichue. Elle ne pouvait rien faire, ne savait rien dire, ne pouvait regarder et n'avait pas la possibilité de partir. Son cœur battait plus fort que jamais, elle ne s'était jamais retrouvée dans un situation semblable et souhaitait ne pas la revivre, elle ne supportait déjà pas cette culpabilité empreinte de tristesse et de nostalgie, alors si elle survivait à cette expérience, elle ne voudrait pour rien au monde en refaire l'expérience.

La fillette sentait le regard pesant de Margot posé sur elle, c'était trop, elle avait envie de pleurer, de partir, de tout lui expliquer et qu'elles redeviennent amies comme avant mais elle savait que ce serait impossible. Si elle leur disait, elle ne savait ce qui lui arriverait, mais surtout, peut être ne comprendront ils pas, peut-être la considéreront ils comme un monstre. Peut être s'éloigneront ils encore un peu plus. Peut être que tout ça n'aura servi à rien et qu'elle tomberait encore plus bas, qu'elle s'enfoncerait encore plus et cette fois ci sans aucun moyen de s'en sortir, elle aura joué toutes ses cartes et ne possèdera plus rien, ni amis ni Poudlard, ni magie. Toutes ces raisons l'empêchèrent de faire l'impossible, à la place, elle dit:
-Je peux pas...
Les deux fillettes laissèrent un silence lourd s'installer, aucune ne parla ni ne bougea, chaque seconde semblait durer des heures et on n'entendait que le bruit de fond des enfants qui riaient et jouaient gaiement dans l'enceinte du parc. Les yeux de la petite Serpentard se posèrent sur ces de son amie, Valentine fixait Margot et Margot fixait Valentine. Rien ne se lisait dans leurs regards, comme s'ils étaient plongés dans le vide. Ni colère, ni tristesse ne joie, ni rien. Tout simplement le vague. Les deux se toisaient et elles paraissaient être enfermées dans leur bulle, une coquille impénétrable que même le son ne peut atteindre. Elles ne voyaient rien sauf elles-mêmes, elles n'entendaient rien et ne percevaient rien. Elles ne sentaient plus le souffle du vent frais de l'été, n'entendaient plus chanter les oiseaux perchés en haut de leurs arbres, ne voyaient pas les feuilles bouger sous l'emprise du vent. Elles etaient Seules. Et elles profitaient de cet instant de Solitude dans leur monde que rien ne viendrait troubler. Ni leurs amis, ni les bruits, ni leurs conflits, ni les lumières, leur monde était calme, elles étaient Seules et à l'abri de ce monde triste, haineux, sordide qu'est celui des humains. La Terre était belle, sereine, innocente, pure avant l'arrivée des humains. Si la vie n'existait pas, la planète aurait conservé sa beauté et sa magie. Mais c'était fait, on ne pouvait pas modifier le passé mais on pouvait modeler notre avenir et s'isoler dans ce monde dans lequel s'étaient réfugiées les deux blondes. Rien ne pourrait troubler cet instant. Rien.

Les paupières de Margot se fermèrent, elle tendit un bras vers Valentine qui fit de même, le bout de leurs doigts se touchaient et Valentine sentit la magie déferler dans ses membres, peut être Magot le sentirait elle aussi et Valentine n'aurait pas besoin de mots pour lui expliquer. Tout ce qu'elle souhaitait c'était que Margot comprenne qu'il était impossible à Valentine de restait avec eux, à Staplegrove. Qu'il lui était impossible d'intégrer le collège local. Margot rouvrit les yeux, ramena son bras à elle et sortit du monde. Valentine était seule, sans ses amis, et elle ne savait que faire pour réparer ses erreurs. Elle s'assit dans l'herbe fraîche et prit sa tête entre ses mains. Que devait elle faire ? Que devait elle dire ? Elle resta ainsi durant plusieurs minutes, ruminant ses pensées, seule derrière un barrière d'arbre qui la séparait de l'autre côté du parc, barrière qui la séparait de ses amis. Mais cette barrière ne faisait que représenter la barrière infranchissable de la magie. 

Quand elle se releva, il n'y avait plus un bruit, elle entendait tout, percevait le moindre son, il n'y avait plus d'enfants riant, plus de parents criant, plus de gens seuls à part elle. Valentine regarda le ciel, et l'envia, lui n'avait pas à choisir ses amis ou sa famille, car oui, Serpentard était sa famille. Lui était libre de voir ce qu'il souhaitait, d'entendre ce qu'il désirait. Il était libre, et quelques soient ses choix, on ne pouvait s'en prendre à lui. Il pourrait tous nous tuer de nombreuses manières, la sécheresse, le déluge, le manque de Soleil. De plus, il pouvait nous protéger, nous protéger des déchets qui se promènent dans l'espace infini, des déchets aussi gros que la maison de Valentine. Les humains n'étaient rien, juste des grains de poussière dans l'univers sans fin, juste des courants d'air qui s'éteindront sans qu'on les ai remarqués. Des choses infimes et impuissantes se plaignant de leurs problèmes quotidien, aussi importants que l'extinction de leurs espèce parmi toutes celles de l'univers, pas plus importats que la fin de leur monde. 

Ses problèmes n'étaient rien à la petite Valentine, seulement, bien qu'elle le sache, elle ne pouvait s'empêcher de les trouver importants, elle avait une boule au ventre et se laissait envahir par la culpabilité. Elle sortit de ses pensées, ses pensées qui la déchiraient, qui la dominaient, et qui la détruisaient. Elle se sentit libre et profita de cet instant pour s'évader, s'échapper de cette prison naturelle. Elle courut, s'enfuit, ses pensées ne la rattraperaient pas. Elle sortit du Parc et courut, sans regarder autour d'elle. La nuit commençait à tomber et elle devait rentrer chez elle. Chez elle auprès de sa famille, sa première famille, plus tard elle rentrerait chez les Serpentard. Mais pour l'instant, elle voulait juste se réfugier dans son royaume, en sécurité.