Débilité ? Non. Impossible. Elle ne sortait pas toujours dans sa forme la plus exacte, peut être se trouvait-elle déformé, magnifié quelque fois, mais il y avait toujours une once de vérité dans les paroles de Miles, aussi infime soit-elle. Tou-jours. Chems n'était pas moralement prêt à apposer l'image de baratineur sur le sourire magnétique de l'adolescent. Il suivrait la présomption d'innocence en tenant le pari jusqu'à présentation de preuve incriminante et c'était son dernier mot. « Attend de voir, on en reparlera après » soutint-il donc en croisant les bras sur son torse, se laissant choir sur la banquette du train. Comme Herminie, son attention ne tarda pas à se déporter sur un Gray rendu nerveux par l'absence de signe de son rat.

- Quoi ? Sitôt avachi, sitôt levé, les yeux de Chems trouvaient le verrou de la cage de l’animal, ses mains s’accrochant aux rebords de son siège tandis qu’il se penchait en avant. « Il est sortit tout seul ? »

C’est ce que l’autre garçon semblait vouloir signifié, livide et la voix chevrotante. Chems ne chercha pas à cacher sa moue face à l’inquiétude de son camarade plus jeune, acquiesçant de la tête alors que la porte de leur cabine se refermait déjà. Lui qui avait l’air tellement content en lui montrant son compagnon nouvellement acquis tout à l’heure. Le perdre si tôt était un coup du sort cruel, surtout si il était irrémédiable. « Faite qu’il soit pas rester sur le quai... » susurra Chems, les yeux dans le vague une minute seulement avant qu’il ne décide de faire sa propre inspection de la cabine, pour peu qu’il reste une chance que le rat de Gray n’ait pas senti le besoin de manger précédemment et qu’il se trouvait quelque part dans un coin à rendre son nouveau propriétaire si soucieux. Il se redressa. Dans sa tâche, l’irlandais en profita pour continuer ses tirades sur le post de préfet de sa camarade —Rusard a une liste plutôt sympa à sonorus-er dans les couloirs si tu veux; les vacances —J’ai revu des amis qui viennent d’entrer dans le secondaire; et la nouvelle année qui se profilait à l’horizon —quoi que.. j’sais pas si j’ai envie de penser aux devoirs qui nous attendent.

Dehors, le ciel bleu et dégagé s’était mut d’une clarté aveuglante, accompagnant l’arrivée de quelques gouttelettes sur la fenêtre de leur cabine qui annonçaient probablement le passage du Poudlard Express sous une averse.

Après le porte bagage et les plis de banquettes, Chems avait à présent deux genoux au sol pour l’inspection du dessous des sièges. « Oh mais c’est toi qui te charge du speech pour les premières années alors? Le chemin vers la salle co’, les dortoirs et tout ! » hoqueta le garçon en s’accoudant sur le siège de Gray, interrompant brièvement sa recherche, un sourire grivois sur les lèvres. « Tu veux t’entraîner ici? “Les premières années, par ici, suivez-moi ~” » s'amusa-t-il à feindre à sa place. Ça ne l'aurait pas déranger de le faire pour de vrai à l'issu du dîner de tout à l'heure. Tout ça considéré, il aimerait même le faire pour de vrai. Se lever et montrer le chemin aux nouvelles têtes de la maison devant les yeux effarés de ceux qui n'auraient jamais osés mettre son prénom et "préfet" dans la même phrase. L'idée ainsi ancré, Chems s'applique donc à essayer de vendre son canular à Herminie dans l'espoir qu'elle lui laisse les rennes le moment venu.

La jeune fille s'en veux immédiatement de provoquer une gêne chez Gray avec sa question, qui pouvait être très condescendante finalement. "Non attends je..." murmure t-elle quand il se lève, mais que dire de plus ? Elle n'allait pas l'empêcher de chercher son rat.

"Quoi ? Oh non j'espère pas ! Il l'avait juste quand je vous ai rencontré..." fait Herminie à Chems quand elle entendit son vœux. Elle se mit donc également à inspecter le compartiment, en commençant par la case de son chat qu'elle inspecta minutieusement - on ne savait jamais, la grosse boule aurait pu avoir un sursaut d'instinct. Le garçon la distrait tant et si bien que toute agitation la quitta au fil des "La liste de Rusard, c'est n'importe quoi !", agrémenté de "Oui moi aussi des voisins... C'est un peu étrange ce décalage", en passant par "J'ai choisi Pratique et Ouverture ! J'espère que je n'aurais pas trop de difficultés avec la Défense contre les forces du Mal...". Il lui sembla un moment qu'ils avaient tout fouillé, alors elle s'assit sur sa banquette, levant les pieds pour l'inspection du sol de Chems.

Elle croise les jambes et commence à trifouiller un bout de son écharpe quand le sujet de l'accueil des nouveaux vint sur la table. Elle ne partageais pas l'enthousiasme et la dérision de son ami, et resta donc tête baissé un moment, silencieuse.

"Je me suis déjà entrainée, plein de fois", finit-elle par lui dire avec une petite voix. "J'ai trop peur de dire une bêtise... Même là, j'aurais pu aller dans le wagon des Préfèts dès le début, mais j'ai eu la trouille..."

Elle souffle, agacée de son propre comportement. "Toi je vois bien que ça t'amuserai."

Ses chimères brûleront par l’absence de refus catégorique. Ses plaidoiries resteront à jamais muettes pour ne pas rendre l’accent fragile de son interlocutrice inaudible. Si ça l’aurait amusé ? Sans doute ! Le temps de découvrir les accès défendus du château, de se réjouir des quelques “privilèges” de la position tout en charriant sans relâche ceux à qui le bénéfice n’avait pas été accordé. Mais qu’on se le dise, pour ce qui était du fond de la fonction de préfet, il aurait fait un travail médiocre.

« Et avec ça, de nous deux, c’est toi qui portes le badge » lui rappela-t-il, son regard s’adoucissant.

Oui ça l’aurait amusé, mais ce n’était pas encore un critère de sélection et Herminie ferait mieux de ne pas se comparer à un profiteur.

« Tous ceux qui connaissent le chemin vont se barrer avec ou sans ton signal pour aller Merlin sait où. Et pour ce qui est des premières années, ils seront trop impressionnés par tout ce qui leur arrive, personne ne sera en mesure de savoir si tu dis des bêtises…Enfin, presque personne » suppléa-t-il avec un sourire de requin aux lèvres.

Sur cette odieuse promesse, il se redressa, balayant une dernière fois le sol du regard le temps de se masser un peu les genoux. Il préféra la banquette à côté de sa camarade à celle d’en face cette fois, s’y installant silencieusement alors que son sourire perdait progressivement de son allure prédatrice, et observa son anxieuse camarade, passant sur le bout d’écharpe entre ses doigts puis sur l’emblème rutilant. Toutes ces dispositions et préoccupations trahissaient combien d’une préfète intentionnée Herminie allait être. Pourtant, pour combien c’était tentant, ce n’aurait pas été juste de lui dire de ne pas s’en faire pas vrai ?

« Souviens-toi de quand tu es arrivé au château. Comment est-ce que tu te sentais ? » Un instant, il regretta l’absence de Gray pour qui les souvenirs devaient être plus frais. « Avec tout ce qu’ils vont avaler en une soirée, voir une personne leur tendre la main ne pourra que les rassurer. »

Elle lève les yeux vers son camarade, qui lui fait l'honneur d'un regard vrai et réconfortant, si différent du garçon espiègle et insouciant dont elle a l'habitude, et de paroles sages qui remettent Poudlard au milieu du Lac noir. Mesurant l'honneur qui lui est fait, elle hoche la tête avec un petit sourire reconnaissant, frottant ledit badge sans y penser.

Presque ? Elle hausse un sourcil avec un sourire en coin. "Je te fais confiance dans ce cas, Daley. Mais fais attention à ne pas trop rester dans les parages, ou je risque de malencontreusement me tromper sur l'ouverture de la salle commune !", le menaçe t-elle à son tour. Puis elle fait une grimace et un soupir, toutes les choses qu'elle devait dire, présenter et faire se mélangeant dans sa tête. Ses doigts malaxent à nouveau son écharpe de manière compulsive, tandis que Chems se levait pour s'étirer et s'asseyait doucement sur la même banquette qu'elle.

La jeune fille fait de son mieux pour ne pas avoir l'air trop larmoyante et pitoyable, mais elle échoue probablement misérablement. "Perdue, c'est vrai..." Le garçon n'avait pas tord. "J'espère au moins qu'ils ne me prendront pas pour une première année, ou qu'il m'entendront tout court... Je ne sais pas qui sera encore avec moi cette année, si c'est encore Ena ou Miles, j'aurais au moins l'aide de quelqu'un d'habitué !", dit-elle, pensant à l'épreuve de se faire entendre à la fin du repas et de rassembler les plus jeunes pour les mener en salle commune dans le brouahaha d'une fin de banquet.

Elle fit un sourire timide au brun tout en se levant d'un bon "Tu sais quoi, il n'y a qu'une manière de le savoir ! Je vais dans le compartiment des Préfets !" Elle jette un œil derrière elle, mais pas trace de Gray. Peut-être le recroisera t-elle dans le couloir. "Merci beaucoup, j'me souviendrais de ce que tu as dit... Chemsou", termine t-elle rien que pour l'embêter.

Elle fait ensuite le trajet vers le compartiment des Préfets avec un peu plus de confiance que prévu, bien qu'un peu stressée de découvrir ses nouveaux collègues et les tâches qu'elle devra effectuer.

Et c'est une fin pour moi, merci pour votre patience à toute épreuve et ce joli moment !