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25 mai 2020, 13:22
 28.01.2045  Les Merveilles de Poudlard
Je suis sincèrement désolée pour mon retard. Le temps me manque, mais je vais tordre le cou au temps et je répondrais plus rapidement à l'avenir.

En quelques coups de baguette, le professeur de vol m’enfonce dans mon propre malaise. Le regard baissé, j’enfile la cape qu’il me tend tout en essayant de cacher la rougeur qui s’installe sur mes joues. Je ne saurais dire si c’est la honte qui les colore ou la colère de voir l’homme briller aussi naturellement. Je n’ai de toute façon pas envie d’avoir la réponse, les battements de mon coeur m’empêchent de me concentrer et je loupe la moitié de la conversation. La seule chose que je retiens, c’est que Saunders pose des questions indiscrètes — même si je suis curieuse de savoir ce que répondra Nyakane.

Mes pensées se taisent ; mon coeur sursaute. Je baisse les yeux sur la main que l’africaine vient de glisser dans la mienne. Tout à coup, je me rends compte qu’il pourrait bien avoir mille professeurs Saunders autour de nous que mon bonheur serait toujours le même. Avec Nyakane, je me sens plus forte que jamais et surtout plus à ma place que n’importe où ailleurs. Un sourire grimpe sur mon visage, il s’agrandit lorsque je croise le regard (et le sourire) de l’africaine ; tant qu’elle est là, le reste n’a pas d’importance. Merlin, depuis quand est-ce que j'aime autant cette femme ? Avant son retour, je n’en avais pas conscience. Elle était une vague présence, un souvenir que j’ai en commun avec Zik. Mais depuis qu’elle est revenue, je me rends compte que je pourrais faire n’importe quoi pour elle. C’est troublant, presque dérangeant, et pourtant je n’ai nulle envie de ressentir autre chose.

Traverser le château avec des deux personnes est très étrange. Une étrangère et un professeur auquel je n’avais jamais parlé auparavant. Quel tableau incohérent. J’espère que les Autres n’en parleront pas entre eux, je déteste cela.

Bien déterminée à guider Nyakane, je reste concentrée mais cela ne m’empêche pas d’entendre tout ce qu’elle a à dire. J'ai tellement de question à lui poser sur sa mission, mais je sais que ce n'est pas le moment alors je tiens ma langue. Lorsque j’entends les mots ami fidèle dans sa bouche, je ne peux m’empêcher de me tordre le cou pour la regarder. Le regard qu’elle pose sur moi me trouble. Nyakane me trouble. Elle l’a toujours fait. Mais aujourd’hui, c’est différent.

Le froid me frappe de plein fouet lorsque nous mettons le pied dehors. Aux mots de Nyakane, je comprends qu’elle n’était pas prête à découvrir un tel changement au château. Après tout, la dernière fois qu’elle est venue nous n’étions pas sur une île et il n’y avait pas ces espèces d’arbres pour nous cacher la vue du ciel. Pourtant, moi, je n’ai pas l’impression que les choses ont tant changées que cela. Je suis toujours avide de savoir, Nyakane est toujours aussi douce, et je suis toujours aussi paumée lorsque je dois essayer de comprendre pourquoi mon coeur bat de cette manière, aussi follement.

Je hausse les épaules d’un air nonchalant et lève la tête pour croiser le regard de l’africaine.

« Le paysage peut-être, m’entends-je répondre, mais au fond on est pas bien différent. » Du bout du doigt, je pointe un chemin qui, avant, menait jusqu’au portail de l’école. « Regardez, la dernière fois qu’on s’est vu c’était là-bas. Je suis toujours avide de réponses et vous… Vous, hésité-je en la regardant, ignorant délibérément le professeur de vol, vous êtes toujours aussi… »

Les mots ne me viennent pas. Toujours aussi quoi ? Vous-même, aimerais-je dire, mais cela fait tellement gamin, tellement idiot. Je préfère ne rien dire du tout, alors je hausse une nouvelle fois les épaules et tire sur la main de la femme pour l’obliger à poursuivre notre chemin.

« Vous voulez voir quoi ? demandé-je du bout des lèvres. Vous savez que votre grand-père a aidé à transformer Poudlard ? »

Comme attiré, mon regard survole la jolie africaine pour se poser sur Saunders ; il était là, lui, quand Poudlard s'est transformé. Je passe sous silence le fait que le vieil homme a également aidé Zikomo a retrouver son corps physique. C'est un détail dont je ne veux parler qu'en la seule présence de Nyakane. Et après ce qu'il s'est passé avec Dai Hong Dao, j'éprouve une certaine réticence à évoquer l'Élixir de Longue-Vie. Je ne me souviens que trop bien du regard que Nyakane a posé sur moi quand elle a découvert le marché que j'ai dû passer avec l'asiatique. Si je n'en parle pas, peut-être oubliera-t-elle que je l'ai déçu.
26 mai 2020, 19:35
 28.01.2045  Les Merveilles de Poudlard
Clouée à un lit toute la journée? Mais quel idiot! Rhys se retint de se frapper le front de la paume de sa main. L'infirmerie! Il l'avait trouvée devant l'infirmerie. C'était donc de "ça" qu'elle s'échappait et voulait s'enfuir. Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt? Où était passés son sens de l'observation et d'analyse de la situation? Pas avec lui ce matin, visiblement. Était-il troublé par sa rencontre ou était-il mal réveillé? Rhys essaya de regarder Erza en toute discrétion pour déceler une blessure visible pendant que le trio se dirigeait vers l'extérieur. Il ne vit rien qui pouvait s'apparenter à une quelconque ecchymose, coupure, ou autre. Était-ce plus profond que cela?
Ses questions ne furent sans réponse que très peu de temps. Rhys remarqua (tout de même!) que le visage de la sorcière devenait plus fermé. Il ne voulait pas la gêner mais il appréciait qu'elle se "confie" sur les raisons de sa venue.

Une mission secrète? Dangereuse? Situations fâcheuses? Cela ne plaisait guère à Rhys. Au delà de l'inquiétude qu'il avait pour la santé de la femme, cela voulait dire qu'il se tramait quelque chose qui ne présageait rien de bon. La situation pouvait-elle être plus désastreuse qu'elle ne l'était actuellement? N'était-ce que la partie émergée de l'iceberg? Il repensa aux paroles de Dai Hong Dao, qu'il ne portait toujours pas dans son cœur. Comme quoi tous les "invités" de Poudlard ne se ressemblaient pas.

Il voulait l'informer qu'il avait tout son temps pour les longues histoires. Néanmoins, si l'Africaine avait souhaité lui en dire plus, elle l'aurait fait. Il le savait et respectait cela. Il ne pouvait toutefois s'empêcher de lui partager son inquiétude.

- Je suis content que tu ailles bien mais fais attention à toi tout de même,
lui intima t-il en la regardant.

Il se doutait qu'elle n'en avait que faire des recommandations d'un ancien gamin croisé vingt ans plus tôt, surtout pour une sorcière de sa puissance, mais c'était tout Rhys. Même s'il était certain que cela serait plutôt elle qui pouvait le protéger, il voulait s'assurer qu'elle irait bien en toute circonstance.

Lorsque Erza ouvrit les portes, Rhys remonta le col de sa cape machinalement. Il faisait un temps à ne pas mettre un boursoufflet dehors. Rhys se positionna à coté de la sorcière et regarda dans la même direction. Il acquiesça à ses propos mais n'eut pas le temps de dire quoique ce soit puisque l'adolescente prit la parole pour lui indiquer le portail. Rhys la regarda furtivement. Elle avait été bien silencieuse jusqu'ici.
Rhys avait bien compris que la Poufsouffle était intervenue à un moment ou un autre dans la mission d'Erza. Il ne savait juste pas à quel degré et dans quelle mesure, mais à vrai dire il s'en moquait. D'un point de vue extérieur, les deux sorcières avaient l'air d'avoir tissé un lien inébranlable.

Il n'était cependant pas d'accord avec ce que la jeune fille avait dit mais il ne voulait pas en débattre à cet instant. Et puis elle ne connaissait pas tout, lui non plus d'ailleurs. Même si Rhys ne savait pas quand Erza était venue pour la dernière fois, il se doutait qu'elle n'avait jamais vu l'école et le monde comme cela. Les gens n'étaient pas les mêmes, sorciers comme moldus, le château n'était plus le même et l'enseignant non plus. Lui aussi avait l'impression que de nombreuses années s'étaient écoulées depuis son arrivée en tant que professeur. Le temps fait des ravages.

Rhys contempla le vent jouer avec les branches des Arbres ainsi que les eaux qui entouraient au loin le parc. Il ne vit pas le regard d'Aelle sur lui, ou du moins, faisait semblant de ne pas le voir.

- Un homme captivant.

En glissant je viens, en rusant je vaincs, le sommet j’atteins.

"Si le mal brille dans toute sa splendeur, c'est devant le pire que le bien prend toute sa valeur." Oxmo Puccino
07 juin 2020, 11:28
 28.01.2045  Les Merveilles de Poudlard
Je décoche un regard à Aelle. Elle a beau prétendre que seul le paysage a changé, je vois bien qu’elle n’est plus tout à fait l’enfant que j’ai rencontré quelques années plus tôt. Elle ne le sait pas, ne le voit peut-être pas ou ne l’accepte pas, mais l’adolescence a commencé à tisser sa chrysalide autour d’elle et bientôt, quand le processus d’évolution aura terminé son ouvrage, il en sortira une belle jeune femme indépendante.

Je regarde dans la direction indiquée et je me remémore notre discussion sur les différences fondamentales entre la magie occidentale, celle des baguettes, et la magie africaine, celle des éléments. Un sourire s’étend à tout mon visage puis je jette un oeil à Rhys. Nul besoin d’être très observateur pour remarquer que ces deux-là ne concordent pas tout à fait. Je me demande pourquoi et le regrette un peu, consciente que je dois y être pour quelque chose. Mon sourire s’estompe alors que je me laisse emporter par le mouvement d’Aelle, mes orteils engourdis par l’épaisse couche de neige qui recouvre le sol.

Grand-père s’est tenu là… et aux paroles d’Aelle, je comprends en un éclair comment les eaux du lac en sont venus à encercler Poudlard. De qui ou de quoi l’école cherchait à se défendre par cet acte ? Je l’ignore et c’est avec une certaine prudence que je fais abstraction de l’émerveillement que je capte dans ces deux voix à l’évocation de grand-père. Ils ne le connaissent que sous une certaine apparence, la plus avenante, cela ne fait aucun doute, mais ils ne savent pas que c’est lui qui m’a fait courir tous ces dangers, que je me suis blessée pour lui, et que par chance, j’ai survécu au pire… grand-père n’a pas hésité à me balancer dans la gueule du loup pour ses propres intérêts, les miens me destinaient à une vie plus paisible que celle-là.

Mon sourire a totalement disparu quand je lâche la main d’Aelle pour marcher toute seule, à l’assaut du vent glacé. Je fais quelques pas en regardant autour de moi et quoi qu’en dise Aelle, je ressens au fond de mon être que le paysage n’est pas la seule chose à avoir changé ici. Je ressens des émanations beaucoup plus sombres qu’autrefois… je veux en avoir le coeur net, alors je me déchausse, frissonne au premier contact de mes pieds nus sur la neige… le froid se propage dans mes mollets, mais je serre les dents et fais le vide en fermant les yeux. La terre est là, elle vit sous la plante de mes pieds, je la cherche en creusant un peu avec mes orteils, et j’entre en contact étroit avec elle… les racines, les insectes endormis, tout cette vie en suspend, je perçois tout avec une netteté habituelle. Je perçois aussi les transformations de la terre au contact d’autres magies… elle a souffert de ces changements, elle qui n’avait plus changé depuis des millénaires. Lorsque j’ouvre les yeux, les larmes me montent mais je les ravale.

« Je ressens beaucoup de souffrances dans cette terre… dis-je, en croisant mes mains devant moi. »

Je me retourne et fais face à Aelle et Rhys. Je les regarde intensément en me forçant à retrouver un visage plus avenant.

« Racontez-moi ce qu’il s’est passé. S’il vous plaît, n’omettez aucun détail tous les deux. Je veux savoir ce qu’il s’est passé à travers vos deux existences. »

LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)
14 juin 2020, 23:10
 28.01.2045  Les Merveilles de Poudlard
Rhys regarda Erza, un peu interloqué, lorsqu'elle marcha pieds nus dans la neige. Mais elle cherche à vraiment tomber malade si elle ne l'est pas déjà! Il resta tout de même à sa place, bien que l'envie d'emmener les sorcières dans un endroit plus chaud le démangeait. Il n'était pas du genre frileux, il avait déjà effectué des courses de balais par tous les temps, mais il ne disait jamais non à un bon feu de cheminée avec un café brûlant.

La sorcière aux pieds nus, se retourna vers eux leur demandant de lui raconter comment ils avaient fait pour en arriver là. C'était une bonne question.

- C'est une longue histoire, lui répondit-il dans un sourire en reprenant les propres paroles de la femme énoncées quelques minutes plus tôt.
Son sourire fit vite place à un air bien plus grave. Rhys regarda la Poufsouffle. Il ne savait pas ce qu'il pouvait dire ou ne pas dire devant l'adolescente.

- C'était en mai dernier, des choses terribles se sont passées.


Bien que ce fut il y a presque un an, le trentenaire essaya de faire appel à sa mémoire pour restituer au mieux les paroles. Certaines scènes y étaient gravées pour de nombreuses années.

- Je ne sais pas si tu as déjà entendu parler d'une Dai Hong Dao
(Rhys ne put s’empêcher d'avoir un ton un peu méprisant en prononçant ce nom). Elle vient de Zhuangyán et séjourne à Poudlard depuis un an, désormais. Bref, il semblerait qu'il y ait eu une tentative d'attaque contre l'école. Je n'ai pas assisté à la scène mais cette femme a trouvé le traître et l'a fait tuer devant les autres élèves par ses Tigres. Scène très traumatisante pour toutes les personnes présentes, si tu veux mon avis. Passons. Une délégation de cette école est intervenue pour protéger Poudlard. En tout cas, c'est ce que l'on m'a raconté. Je ne pourrais pas te donner plus de détails, j'en suis navré.

Rhys expliqua très grossièrement ce qu'il s'était passé. De toute manière, il n'était pas du genre à colporter les dires des autres. Et puis il n'avait pas forcément retenu ce que ses anciens collègues avaient expliqué. Il fut convoqué, expressément, ainsi que tous les autres membres peuplant le château dans la Grande Salle suite à cela.

- Lorsque l'assaut fut maîtrisé, un conseil exceptionnel a eu lieu. Tous les directeurs ou représentants de toutes les écoles de Magie du monde étaient présents. J'étais à quelques mètres d'eux, aussi je n'ai pas toujours entendu ce qu'il se disait. Néanmoins, Miss Loewy a demandé de l'aide pour re-protéger Poudlard. En voici le résultat!lui indiqua t-il d'un grand mouvement de bras en balayant le paysage.

- Il y avait bien un traître, qui n'était pas mort finalement, mais pas comme nous le pensions. Il s'agissait d'un Change-Peau. Il nous informa que le Ministère et d'autres lieux sorciers importants avaient été attaqués. Ton grand-père envoya un agent de liaison pour savoir si c'était véridique ou non. Pendant ce temps-là, nous avons appris que de jeunes sorciers issus de familles de mages noirs, étaient recrutés. Je suis désolé je n'ai pas tout entendu mais cela avait l'air de beaucoup inquiéter le Manitou Suprême.

Rhys passa sous silence les détails sur les Stoyanov et l'Académie des Arts Obscurs. A l'époque, il ne savait pas trop tout ce que cela signifiait, il n'avait donc que peu fait attention à ce qu'il s'était passé. Il avait juste ressenti une tension parmi ses collègues qui l'avaient, lui aussi, rendu nerveux.

Le professeur poursuivit.

- Et puis nous avons appris que Parkinson avait fait tomber le Ministère et que la Grande-Bretagne ne faisait plus partie de la Confédération.

Le trentenaire descendit les marches pour se rapprocher d'Erza et parla à voix basse.

- D'ailleurs, la Confédération va mal, n'est-ce-pas?


Il reprit d'une voix normale.

- Il a été aussi question de quelque chose de grande valeur, ici au sein même du château. Il semblerait qu'il y ait une source de magie unique en son genre. Un arbre si j'ai tout bien compris. Ils ont parlé d'enracinement... Hé mais peut-être que tu pourrais le ressentir si tout cela est vrai et qu'il ne s'agissait pas d'une métaphore!

Rhys se tut un instant pour réfléchir et essayer de se souvenir de la suite.

- Et puis, cela a été une entraide extraordinaire! Le directeur de Jadugara a planté et fait pousser les deux arbres que tu vois, les Esprits de la forêt ont été sollicités, M.Sidiki a dessiné les douves tandis que Miss Robinson les a remplies des eaux du Lac. Pendant ce temps-là, nous lancions des sortilèges de défense. Je n'ai pas pu voir tout le spectacle dans son ensemble, trop concentré à ce que je faisais mais je suis persuadé que cela devait être époustouflant. Nous avons créé un bout d'Histoire.

Rhys avait parlé pendant plusieurs minutes d'affilées, ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps. Cela signifiait qu'il se sentait à l'aise avec ses interlocuteurs, ce qui était devenu si rare.
Désormais, il fallait se méfier de tous mais Rhys savait qu'il pouvait faire confiance à la sorcière africaine. Du moins, il l'espérait.

Dans un mouvement de tête et un léger sourire, il indiqua le sol.

- Tu vas attraper froid.

En glissant je viens, en rusant je vaincs, le sommet j’atteins.

"Si le mal brille dans toute sa splendeur, c'est devant le pire que le bien prend toute sa valeur." Oxmo Puccino
22 juin 2020, 12:55
 28.01.2045  Les Merveilles de Poudlard
Lorsque Nyakane lâche ma main, je ressens une sensation de vide s’installer en moi. Pour la combler, je m’avance de quelques pas vers l’Africaine, bien décidée à la talonner si jamais elle s’éloigne de moi. Je compte bien profiter de tout ce qu’elle a à m’offrir avant son départ — ou peut-être restera-t-elle ? J’ai beau m’enjoindre de ne pas espérer, la plupart du temps je n’arrive pas à me contenir.

Un petit sourire grimpe sur mes lèvres ; Nyakane enlève ses chaussures. Je ne m’attendais pas à la voir se déchausser dans la neige, mais je comprends ce qu’elle fait à l’instant même où elle plonge ses pieds dans la substance glacée. J’aimerais tellement être à sa place, comprendre ce qu’elle ressent en touchant la terre, pouvoir comprendre la nature de son pouvoir et l’étendue de ce dernier. Mais je suis vouée à être une spectatrice, alors je me contente de regarder, les yeux écarquillés et portant sur le visage un air qui n’est pas loin de ressembler à de l’admiration. Un coup d’oeil en direction de Saunders me prouve que l’homme ne comprend rien à ce qu’elle fait. Ce détail fait gonfler mon coeur : je suis peut-être celle qui connaît le mieux Erza Nyakane dans ce château et je n’échangerais ma place pour rien au monde, pas même contre une promesse de connaissance absolue.

Nyakane ressent des choses auxquelles je n’ai pas accès. Et j’ai eu beau lui dire que rien n’avait changé ici, je sais qu’elle ressent le contraire. La preuve étant la demande qu’elle nous fait au professeur et moi : lui dire tout ce qu’il s’est passé ici. Mais il s’est passé tant de choses ! Je ne saurais même pas par où commencer. Heureusement, Saunders prend la parole avant moi et entreprend de raconter, tout raconter. Et pendant son discours, mon regard côtoie celui de Nyakane pour ne rien manquer de ses réactions. Moi-même écoute avec beaucoup d’attention, le professeur mettant des mots sur ce que j’ai vécu l’année dernière sans forcément le comprendre.

Mon coeur sursaute bien trop fort lorsque l'homme évoque Dai Hong Dao. Un malaise s'empare de mon corps et je détourne le regard pour ne pas croiser celui de Nyakane. Bien sûr qu'elle sait que la femme séjourne au château, elle a même eu l'occasion de se rendre compte que cette sorcière n'est pas très commode. Moi aussi, je m'en suis rendu compte. Je n'aime pas du tout repenser à ce qu'il s'est passé quand j'étais en compagnie de Dai Hong Dao — elle me laisse une sensation très désagréable dans le ventre.

Quand enfin Saunders se tait, après s'être inquiété pour les pieds de l'Africaine, je comprends que c'est à mon tour de parler. Je détourne le regard vers le lac, gênée d'être au centre de l'attention. A vrai dire, je n'ai pas grand chose à dire. Ce n'est absolument pas le moment pour me confier et je ne compte certainement pas le faire devant le professeur de vol que je ne connais pas et que je n'ai pas envie de connaître.

« Il… Il a presque tout dit, j-je crois, marmonné-je en lançant un regard en biais au Professeur Saunders. On a tous participé à la protection du château, même les plus jeunes. »

Je laisse passer quelques secondes pour réfléchir. Je ne sais pas trop bien ce qu’espère Nyakane, je n’arrive pas à la comprendre. Elle n’est pas revenue au château depuis près de trois ans, c’est impossible de lui raconter tout ce qu’il s’est passé depuis ce temps-là.

« Vous savez, commencé-je doucement, il s’en est passé des choses en trois ans. J’veux dire, même avant la transformation du château, même avant Parkinson, il y a eu plein de choses. Des dragons, des Chinois, un tournoi de magie et encore… » Je lance un regard à Saunders. « … je suis certaine que je sais pas la moitié des choses qui se sont passées ici ces dernières années. Il faudrait des heures pour tout raconter. »

Comme d’habitude, ma voix est lente. Je prends le temps d’articuler. C’est encore plus important aujourd’hui. Je n’ai pas envie que Nyakane sache ce qu’il m’est arrivé, que j’ai eu du mal à parler pendant un moment et que je ne suis peut-être pas aussi forte qu’elle le croit. Je baisse la tête sur mes pieds et hausse vaguement les épaules.

« Mais moi, j’ai tout mon temps pour vous dire tout ce que je sais. »

Gênée par le sentimentalisme de ma phrase, je fais quelques pas dans la neige sans pour autant m'éloigner de la femme et reprends d'une voix plus assurée et passionnée :

« Comment vous pouvez ressentir la souffrance dans la terre ? »
02 juil. 2020, 09:41
 28.01.2045  Les Merveilles de Poudlard
J’écoute, religieusement. Rhys est le premier à prendre la parole. Il évoque l’école de magie chinoise sans que je ne parvienne à me souvenir d’un tel nom parmi les professeurs rencontrés sur place. Dai Hong Dao, cette horrible bonne femme rencontrée à notre retour du Japon. Celle-là même qui nous a permis de revenir à Poudlard. J’enregistre cette information dans un compartiment de ma mémoire et poursuis mon écoute attentive, quoi qu’assombrie par la noirceur de ce qui m’est raconté. Poudlard attaqué ? Cette nouvelle me glace le sang, bien plus que le froid qui se propage le long de mes jambes.

Grand-père avait-il imaginé, en m’envoyant ici, qu’un jour Poudlard serait victime d’une attaque ? Certainement pas. Auquel cas, je suppose, il n’aurait jamais placé un fragment de l’Amulette entre ces murs… la suite me le confirme. Je reste un moment stupéfaite par ce que j’entends : tous les directeurs réunis ici, grand-père qui semble n’avoir aucune assise sur la situation, le ministère de la Magie britannique déchu de ses droits, le Royaume-Uni sortit de la Confédération internationale des sorciers. S’en est si choquant que je n’entends pas la question que Rhys me pose. Tout du moins mon cerveau l’enregistre mais le cataclysme des révélations bloque l’afflux massif de mes pensées. Je fronce les sourcils, comme à chaque fois qu’une migraine se prépare.

Bien que je continue d’écouter le récit de Rhys, je détourne le regard, de plus en plus angoissée. Jamais dans l’histoire, les directeurs des grandes écoles de magie ne se sont réunis pour défendre l’un d’eux… pourtant, nombre de ces écoles ont déjà été attaquées par le passé. Qu’est-ce qui a changé entre temps ? Je l’ignore, mais mon instinct me dit que quelque chose ne colle pas sans que je n’arrive à comprendre quoi exactement.

Je sors de ma torpeur lorsque Rhys m’indique gentiment que je risque d’attraper froid. Je le gratifie d’un sourire et m’empresse de chausser mes sandales avant d’attraper des engelures.

C’est au tour d’Aelle de prendre la parole. Elle m’évoque des événements antérieurs à ceux qui ont conduit aux changements topographiques s’étendant à perte de vue. L’omniprésence de l’école de magie chinoise depuis quelques temps m’étonne mais je me garde bien de le commenter. Je ne peux simplement pas m’empêcher de me pencher sur Aelle pour lui caresser le visage, replacer une mèche de cheveux derrière son oreille, et lui répondre :

« Ta curiosité n’a aucune limite, hm ? »

Je lui souris et me redresse sans la quitter du regard. Il y a chez cette enfant tout un pan de ressemblances avec la petite fille que j’étais au même âge. Toute la tendresse que je ressens pour elle et tout la reconnaissance que j’éprouve pour son courage indéniable repasse au second plan quand mon cerveau me restitue la question de Rhys sur l’état de la Confédération. Me reviennent les échos de mon dernier séjour au Japon… l’avertissement d’Ururu, les tergiversations du ministère de la Magie japonais… la menace de la Chine impériale…

Je lance un regard craintif à Rhys et j’acquiesce, en espérant qu’il comprendra cette réponse, même à retardement. Je fais ensuite volte-face et m’enfonce le long de la pente, d’une dizaine de pas environ. J’observe cet horizon nouveau, saisie d’une angoisse de plus en plus palpable. Je tente de me calmer en posant ma main valide sur mon ventre et en reprenant le contrôle de ma respiration. Inspire et expire Erza… inspire et expire.

« La terre est une entité vivante, dis-je en haussant un peu la voix de peur que le vent glacé ne l’entrecoupe. Elle grouille de vie quel que soit le moment de l’année. Nous autres, les mages de terre, nous apprenons dès nos premières années d’étude que le plus infime changement dans sa composition quelque part peut avoir de lourdes répercussions ailleurs. Quand l’homme dérange le cours naturel de la vie, il n’en résulte en général rien de très bon. »

Je pivote de côté et regarde tour à tour Rhys et Aelle.

« Nous naissons de la terre et retournons à la terre, tous autant que nous sommes, mais chacune de nos existences n’est qu’un grain de sable à l’échelle de sa propre existence. »

Je regarde la couche de neige amoncelée autour de mes pieds gelés.

« Poudlard n’est pas née île. Je ne comprends pas pourquoi grand-père lui a fait enduré ça… il devrait savoir que… »

Pour savoir, il savait… jamais rien ne lui échappe. Rien. Une illumination me saisit et je marche droit sur Rhys et Aelle, mon rythme cardiaque soudain plus rapide.

« Tu dis que mon grand-père a envoyé un agent de liaison pour savoir si votre ministère était bien attaquée, c’est bien ça ? »

J’ai besoin de la confirmation de Rhys avant que mon regard ne glisse vers Aelle. Je serre les dents.

Le Manitou suprême de la Confédération internationale des sorciers n’avait pas besoin d’un agent de liaison pour savoir qu’un ministère placé sous sa juridiction était l’objet d’une attaque… un sortilège assurait cette tâche depuis que grand-père l’avait lui-même mis en place au cours de l’année 2025.

LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)
02 juil. 2020, 13:54
 28.01.2045  Les Merveilles de Poudlard
Le jour où rencontré Erza Nyakane, j’avais l’impression de n’être qu’une gamine qui ne savait pas grand chose. Pendant notre duel, elle me l’a d’ailleurs fait comprendre : ma magie de première année était absolument incapable de rivaliser avec la sienne et malgré tous mes efforts elle nous a laminé ce jour-là. Je pensais que je serais incapable de me sentir à son niveau, mais dès notre seconde rencontre elle m’a fait comprendre que son pouvoir ne faisait pas d’elle un être supérieur. Nyakane, elle me fait oublier que je suis une gamine. Aujourd’hui, comme la dernière fois que je l’ai vu. Je pose des questions et elle n’hésite pas à me répondre avec sincérité — c’est du moins l’impression que j’en ai. Cette sensation est agréable, je ne peux m’empêcher de la comparer avec celle que je ressens face à Loewy : la directrice m’intimide, m’écrase même parfois. Mais Nyakane n’est pas du tout comme Loewy.

Nyakane, elle est du genre à m’approcher juste pour me sourire et replacer une mèche derrière mon oreille. D’habitude, je n’aime guère que l’on me touche, mais avec Nyakane, cela ne me dérange pas. Mon coeur sursaute et je ne peux que sourire avec ravissement, comme une enfant idiote.

Le coeur battant j’écoute ce qu’elle me raconte, ce qu’elle m’apprend et tout à coup me vient l’envie de dire à Saunders de dégager pour me laisser seule avec elle, pour qu’elle m’apprenne encore plus de choses, qu’elle me parle de la magie des golems, de la magie de la terre, de tout ce que je ne connais pas, des terres de son enfance et de tout ce qu’elle sait. Mais ce n’est certainement pas le moment, alors je refrène ma curiosité, enfonce les mains dans mes poches et me contente d’écouter calmement et d’enregistrer la moindre de ses paroles.

Un jour, Nyakane m’a dit qu’avec ma magie j’étais capable de faire bien plus de choses qu’elle avec la sienne. Mais je ne suis pas d’accord. Avec ma magie, je ne sais pas écouter la terre et encore moins la comprendre. Et ça doit être quelque chose d’être reliée à tout ça, avec tout ce qui grouille sous mes pieds ! Cela doit être fabuleux.

Plongée comme je le suis dans mes pensées et mon admiration, je manque de louper l’air angoissé de la femme. Je le remarque quand elle revient soudainement vers nous, l’air pressé, comme si elle avait compris quelque chose. Quoi ? je suis bien en peine de le savoir. La question qu’elle pose à Saunders fait référence à une chose qui s’est passé ce jour-là, dans la Grande Salle, quand tous les directeurs et directrices étaient rassemblés. Mais moi, j’étais trop occupée à lutter avec mon coeur battant et mes yeux qui n’arrêtaient pas de se tourner vers Chu-Jung pour suivre avec attention une conversation que je ne comprenais de toute façon pas ; je n’ai donc aucune idée de ce à quoi elle fait référence.

Pourtant, les souvenirs de cette journée se réveillent peu à peu. Je me souviens de quelques vagues paroles, de l’inquiétude des élèves, de ce qu’il se disait à la table des grands. « Tu comprends ce qu’ils racontent ? » ai-je demandé ce jour-là à Aodren ; je ne savais pas alors qu’il était encore tout choqué de la vision d’un Lupus Malfoy sans vie et qu’il ne savait pas plus que moi ce qui était en train de se passer.

Curieuse, je tourne mon regard vers le professeur de vol, attendant avec impatience sa réponse. Tout ce que je peux apprendre sur Issa Sidiki me passionne. Je me souviens de cet homme comme d’une présence irrémédiablement écrasante, mais tellement fascinante ; cela ne m’étonne même pas que Nyakane soit sa petite fille, elle a quelque chose de lui, je crois. Je me demande ce qu’elle dira quand elle saura que c’est le vieil homme qui a rendu son corps à Zikomo. Elle sera ravie, j’en suis persuadée.
04 juil. 2020, 20:31
 28.01.2045  Les Merveilles de Poudlard
Les souvenirs de jeunesse de Rhys lui remontaient au fur et à mesure que la jeune Bristyle répondait et questionnait Erza. Pas de ce qu'elle racontait précisément, il n'avait connu que le départ de la délégation chinoise à sa propre arrivée en tant que professeur, mais cette curiosité juvénile que lui-aussi, avait eu lorsqu'il était adolescent. Les années passent, les générations évoluent mais finalement, ils sont tous pareils.
Il avait approuvé les paroles de l'élève d'un signe de tête. Il se tourna vers elle comme pour l'encourager.

- Oui nous pouvons te raconter tout ce que tu veux savoir mais autour d'un chocolat chaud. Enfin Miss Bristyle pourrait sûrement t'en dire plus que moi, malgré ce qu'elle veut bien nous faire croire.

Le trentenaire avait bien vu qu'il avait contrarié Erza mais avant qu'il ne puisse vraiment réagir, la femme se dirigea vers l'adolescente. Il observa cette scène remplie de tendresse, un peu en retrait, avec discrétion. Il ne voulait pas troubler par sa présence, ce moment à la limite de l'intime. Cette complicité qui émanait des deux protagonistes dégageait une telle aura que n’importe qui pouvait la ressentir. Rhys aurait pu éprouver de la jalousie. Non pas parce qu'il voulait lui aussi échanger des cajoleries, mais d'avoir un jour le privilège de connaitre ce type d'attachement. Pur, simple, bienveillant. Il l'avait vécu, il fut un temps mais ce n'était plus le cas. Peut-être que ça ne l'avait jamais été d'ailleurs. Il resta donc volontairement éloigné pour qu'elles en profitent.

Lorsque le moment de grâce fut passé, Erza, après avoir assimilé les bribes, mais néanmoins bouleversantes informations, fut en proie à ce que l'on pouvait appeler une crise de panique. Il n'aurait jamais pensé que son récit puisse à ce point atteindre la femme. Il aurait voulu se montrer rassurant, avoir un geste réconfortant, voir même l'étreindre pour la calmer, mais il n'osa pas. Il ne voulait pas qu'elle interprète ses intentions comme mauvaises. Toutefois, il ne pouvait pas rester là les bras ballants sans rien faire. Il se rapprocha et d'une simple main posée sur son bras, voulait lui signifier qu'il était là si besoin.

Rhys enleva sa main assez brusquement puis fit quelques pas en arrière, instinctivement, lorsque la sorcière africaine entreprit de répondre aux questions de la Poufsouffle. Il était lui aussi curieux de savoir. Il regarda les deux filles et écouta attentivement. Bon nombre de pensées fusèrent. Ils avaient transformé, modifié presque radicalement l’apparence de Poudlard! Quelles en seraient les conséquences? Si ce qu'Erza disait était vrai, alors ils devraient subir la colère de la nature. Il frissonna à cause du blizzard mais aussi, à cause de cette idée. Lorsqu'elle s'interrompit pour évoquer son grand-père, Rhys fronça un peu les sourcils car il comprenait qu'elle avait délibérément arrêté de parler comme si elle en avait trop dit, qu'elle réfléchissait à voix haute, ou bien encore, qu'elle s'était rendue compte de ce qu'elle disait devant des étrangers.

Mais ce qui surprit le plus le professeur de Vol ce fut sa dernière question qui demandait une confirmation de ce qu'elle avait entendu. Il effectua une grimace, mélange d'incompréhension, de surprise mais aussi de doute.

Hésitant, il lui répondit, tout en jetant des coups d’œil à Aelle.

- Euh...oui. D'après l'émissaire, ils ont reçu un document stipulant la chute du Ministère. Pourquoi? Quelque chose ne va pas, Erza? J'ai dit quelque chose d'incorrect?


Rhys, loin de se douter de ce qu'il en était réellement, espérait ne pas avoir provoqué un sujet de dispute familiale. Si Sidiki ne l'avait pas dit à sa petite fille, puisque visiblement elle ne savait pas, c'est qu'il avait une bonne raison non? Le secret professionnel par exemple?

En glissant je viens, en rusant je vaincs, le sommet j’atteins.

"Si le mal brille dans toute sa splendeur, c'est devant le pire que le bien prend toute sa valeur." Oxmo Puccino
09 juil. 2020, 09:14
 28.01.2045  Les Merveilles de Poudlard
Je suis soudain prise d’un vertige. Le genre de vertige qui vous contraint à vous accrocher au premier bras venu ; en l’occurence celui de Rhys. Il me faut quelques secondes pour retrouver le contrôle de moi-même à coup de travail respiratoire et de yeux fermés. La confirmation de Rhys a ouvert une brèche dont j’aurais préféré ne rien savoir, mais c’est chose faite à présent. Lorsque je rouvre mes yeux, je détaille longuement le regard intense, ferme, de Rhys avant de chercher celui d’Aelle, d’une profondeur insondable. Je remercie Rhys pour son aide et m’écarte doucement de lui en prenant conscience que mes jambes tremblent de froid (à moins que ce ne soit de peur ?)

« J’aurais dû enfiler une paire de chaussettes et des chaussures plus adaptées. Rentrons, si vous n’y voyez pas d’inconvénients. Il y a quelque chose que je dois vous dire. Quelque chose que vous devrez garder pour vous. »

Je saisis Rhys par le bras et Aelle par la main puis je les fusille du regard, sans réellement savoir s’ils y décèleront une quelconque menace. A ce jeu-là, grand-père est bien plus doué que moi.

« Vous me promettez de ne rien révéler à personne ? Il me faut deux confidents, mais surtout deux cerveaux prêts à tourner à plein régime. Je peux compter sur vous ? Avec votre aide, je me dis que j’arriverais peut-être à y voir un peu plus clair dans… »

Je jette un regard circulaire autour de nous pour m’assurer qu’aucune oreille indiscrète ne surprendra ce qui suit. Mais un souvenir des Oreilles à rallonge me revient — de drôles d’objets à mon humble avis mais essentiel à tout fouineur qui se respecte ; ce qui ne manque pas entre les murs de Poudlard si l’école n’a pas tant changé que ça — et d’instinct, j’exerce une légère pression pour rapprocher Rhys et Aelle de moi.

« … dans les manigances de mon grand-père, dis-je, à mi-chemin entre le son normal de ma voix et un murmure. Ne connaissez-vous pas un endroit au chaud et au sec où nous pourrions nous entretenir sans être les victimes d'oreilles indiscrètes ou être importunés par d’autres pensionnaires de l’école ? C’est très important. »

J’observe les deux à tours de rôle.

« J’accepte de boire tout le chocolat chaud que vous voudrez si l’un de vous nous trouve un tel endroit… et si possible de quoi me réchauffer les pieds. »

LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)
15 juil. 2020, 08:35
 28.01.2045  Les Merveilles de Poudlard
Lorsque Erza fit un petit malaise et se rattrapa au bras de Rhys, celui-ci la maintint fermement. Par un tour de passe-passe, il plaça son bras libre derrière son dos pour la soutenir, tandis que l'autre était agrippé par la sorcière. Rhys la contempla lorsqu'elle ferma les yeux, tiraillée par de nombreuses émotions que le trentenaire pouvait déchiffrer. Il espérait juste que les jambes de la femme la supporteraient encore un peu, mais au cas où, il serait là. Quand elle rouvrit les yeux et fixa ceux de Rhys, il soutint son regard. Non pas par défi, mais dans son cas, pour s'assurer qu'elle allait bien. Il s'inquiétait de plus en plus pour elle. Enfin, elle reprit un peu ses esprits et s'éloigna. Rhys resta néanmoins sur le qui-vive, prêt à bondir au cas où l'Africaine défaillirait de nouveau.

Il ne fit aucun commentaire lorsqu'elle évoqua sa tenue estivale, inadaptée pour l'hiver glacial écossais. A vrai dire, il était tellement concentré sur son état physique qu'il n'avait entendu que vaguement.

La femme saisit de nouveau ses interlocuteurs ce qui ramena Rhys à se focaliser sur elle. Il se demandait bien ce qui la mettait dans cet état mais le ton employé et surtout le regard noir qu'elle leur lança, le dissuadèrent de tout questionnement. Elle avait eu le même regard que sa mère lui faisait, quand il était petit, avant de le réprimander. Sa sœur en avait d'ailleurs hérité, surtout lorsqu'elle voulait étudier et que ses frères l'en empêchaient à cause de leurs bêtises. Rhys fronça les sourcils et comprit que l'heure était grave. Il eut un léger pincement au cœur quand elle remit en cause la confiance qu'elle pouvait avoir en eux.

- Mon cerveau est un peu gelé mais je ferais de mon mieux.

Même si ce n'était pas le moment, Rhys tenta une pointe d'humour. Il savait qu'il y avait de fortes chances que cela ne soit pas compris mais l'atmosphère devenait pesante.

Alors que la femme rapprocha l'élève et le professeur d'elle, Rhys avait les idées qui fourmillaient. Les manigances de Sidiki? C'était donc pour ça qu'elle se sentait mal. Il y avait quelque chose de louche là-dessous. Quelles étaient ces fameuses manigances? Rhys avait bien compris qu'ils allaient le savoir bien assez tôt. Ou, du moins, connaitre ce que Erza savait. Le professeur se dit que l'homme qu'il avait rencontré, n'était peut-être pas celui qu'il croyait, vu l'air grave qu'affichait la sorcière. Rhys réfléchit rapidement. Il parla à voix basse aux deux filles.

- Nous aurions pu aller à une salle sur demande, je ne sais pas si vous connaissez. Elle n'apparait que pour les gens qui en ont besoin et se matérialise sous la forme la plus adaptée à nos désirs. Seulement, cela nous fait retourner au château et les élèves vont commencer à émerger. J'ai bien peur qu'on ne passe pas inaperçus.

Surtout une inconnue, accoutrée de la sorte, avec le professeur de Vol à son bras et Aelle Bristyle à l'autre. Le portrait de famille aurait été étonnant et peu discret. Et puis une autre sorcière étrangère pouvait être dans les parages. Rhys n'avait pas envie de la rencontrer de si bon matin.

- Au bout du parc, au dessus des vestiaires, il y a mon bureau. Nous aurons de quoi nous réchauffer, soyez-en sûres. Il n'y aura pas d'élèves pour nous déranger, je le saurais assez vite s'il y en avait dans les parages et quand bien-même, ils savent qu'il ne faut pas me gêner. De toute manière, la pièce est soumise à de nombreux sortilèges, passibilis compris.

En glissant je viens, en rusant je vaincs, le sommet j’atteins.

"Si le mal brille dans toute sa splendeur, c'est devant le pire que le bien prend toute sa valeur." Oxmo Puccino