Assis sur sa valise depuis son arrivée sur les lieux, Chems fixait les articulations métalliques de la locomotive tronquée; avec ses roues et ses bielles chargées de porter même ceux qui était attendus de l’autre côté des mers et des océans. Il avait les paupières lourdes, l’esprit lent, mais le cœur impatient. L’excitation l’avait longtemps tenu éveillé la veille, lui rendant la matinée encore plus compliquée que d’habitude. L’irlandais n’avait, néanmoins, pas pensé à pester en s’extirpant de sous sa couette alors que ce rendez-vous lui promettait la découverte d’Albaldah. En entendant et en voyant arriver les familles des autres participants au programme, Chems essaya de ne pas penser aux impératifs qui avaient empêché la sienne d’être là. Surtout sa mère, pour qui il avait entamé cette entreprise. Aujourd’hui, il lui découvrirait une autre facette et il aurait bien voulu voir son visage seulement pour savoir si elle en avait conscience. Si elle redoutait qu’il le fasse. En son absence, il se permit alors simplement de l’imaginer.

L’apparition imprévue de Deryn sur le quai lui fut surprenante. Chems pensa d’abord que sa fatigue lui avait brouillé les traits d’une autre brune avec ceux de son amie comme leur dernier échange ne lui avait pas laissé entendre qu’elle viendrait. Ses propos terminèrent cependant de persuader le sixième année de la présence de l’irlandaise, ramenant à ses lèvres un sourire heureux.

« Hey ! T’as pas potion ? »

Si c’est le cas, alors les chocogrenouilles pour Parvaneh les surpassent en importance. Ceci étant, Deryn avait été assez généreuse sur la quantité qu'elle lui avait remise pour ne pas mettre à mal son honnêteté.

Chems plissa les yeux sur la missive qui lui fut tendue ensuite, puis sur le visage de sa rédactrice. Si elle avait eu des choses à dire à Qaasim, elle aurait pu passer par lui bien plus tôt. Il n’aurait jamais refusé de transmettre un message. N'ayant pas l’énergie de mener une investigation tout de suite, il s’empara du papier sans chercher plus - ni cacher combien il le rendait perplexe d'ailleurs - et le glissa dans la poche avant de sa valise. Le pakistanais sera celui qui devra répondre devant sa curiosité plus tard, lorsque Chems sera sorti de son pilote automatique matinal.

De la chute de Bad jusqu’au bécot entre Mat et France, ceux dans leur bulle et ceux irréprochables, Chems connaissait tous les élèves qui encombraient le quai, de près ou de loin. Ce décor pour lequel il était habitué changerait très bientôt, pourtant, il avait l’impression que ça ne lui faisait ni chaud ni froid. « Je crois que je ne réalise pas, » élucida-il en posant ses yeux sur le visage souriant de Deryn. « Là, dans ma tête, c'est comme si j'allais à Londres. » Il ne s’était plus autant éloigné de chez lui depuis un temps où il n’avait pas l’âge de s’en souvenir clairement. Ne savait pas ce que ça lui ferait de descendre de ce train sans retrouver de repère à l’arrivée. Plus il y pensait, plus il se sentait barbouillé. Au moins, Elowen et Qaasim le sauvaient un peu de cette idée intimidante. La solitude ne pourrait pas l’appesantir.

Un mouvement se faisant du côté des adultes responsables du voyage, Chems se leva de son “siège” et posa sur sa tête le chapeau qu’il tenait à la main jusqu’alors, prêtant beaucoup plus d'attention à miss Montmort tandis qu'elle se plaçait de sorte à s'adresser directement à l'assemblée d'élèves.

Et si elle avait aperçu son frère aîné, la réciproque était vraie également, celui-ci s'était d'ailleurs dirigé dans la direction opposée en adressant un signe à sa benjamine. "Ca veut dire quoi?" Demanda le Serdaigle qui avait suivi le regard de sa petite-amie qui venait de tourner la tête vers lui en l'entendant. "Qu'il va essayer de ralentir Père. Mais ça nous laisse à peine quelques minutes." Répondit-elle en serrant sa main dans la sienne et en se rapprochant doucement de Tomas pour une courte étreinte. La châtain restait peu expansive en public, ce qui ne semblait pas déranger le jeune homme. Peut-être la communication était-elle plus difficile car Ennis avait parfois du mal à exprimer ce qu'elle ressentait, elle avait pourtant progressé sur ce point, mais cela restait relativement nouveau et le septième année jouait parfois aux devinettes.

- "Je vais te laisser avec eux peut-être..." Dit-il doucement en se reculant alors que la silhouette des trois hommes O'Belt se dessinaient à plusieurs mètres. Ennis posa ses prunelles noisettes dans celles claires du garçon, le regardant assez intensément avant d’acquiescer. "Je suis désolé mais... tes frères et ton père," il avait appuyé sur le mot de liaison, "c'est un peu trop d'un coup. Déjà que... j'ai toujours la crainte que Diarmuid vienne me voir à tout moment." Il avait retenu de justesse le 'comme Mister Locke' qui lui avait brûlé les lèvres. Il n'en avait pas parlé à Ennis et le quai de Pré-au-Lard n'était peut-être pas le meilleur endroit pour. "A choisir je préférerais aussi éviter." Répondit la sixième année dans un souffle soulagé en attirant le garçon derrière le petit groupe formé par ses amis pour lui déposer un bisou sur une joue et de s'éloigner en direction de sa famille. Tomas lui, resta en retrait, les observant de là où il était, non loin des garçons de Serdaigle qu'il connaissait un peu et tout le reste du petit rassemblement.

Un peu plus loin, Ennis se trouvait maintenant à hauteur de son père, ses frères un pas derrière. "Père, Diarmuid, Domhall." Les salua-t-elle un à un alors que le premier se contentait d'un retour tout aussi formel et que les deux autres lui adressait un sourire. Certes elle était rentrée pendant les vacances, mais les voir tous les trois sur le quai avant ce départ pour l'étranger avait quelque chose de réconfortant. Quelque chose qu'elle ne montrait pas - forcément. Briac vint se placer aux côtés de sa seule fille, posant une main sur son épaule comme à son habitude, observant les différentes personnes sur le quai sans chercher à s'arrêter sur quelqu'un en particulier. "Il semblerait que votre directrice vous attende Ennis. Sachez tirer le meilleur de cette opportunité." Lui dit-il en guise d'au revoir avant qu'elle ne lui réponde très sobrement et que Dom s'approche pour glisser quelque chose dans la poche externe de sa robe d'hiver. Elle n'avait pas pu voir ce que c'était mais en glissant les yeux sur ses deux frères elle comprit qu'ils étaient deux, si ce n'était trois dans le coup. Un dernier sourire et elle se tourna vers Miss Montmort, non sans tourner le regard vers Tomas et échanger un sourire avec lui.

Ennis discute avec Tomas avant de s'avancer vers père et frères alors que le Serdaigle reste près de Eridan Lowell, Bad Eaven et Megan Arrington et observe les O'Belt de loin.
Ces derniers discutent, Dom place quelque chose dans la poche de sa sœur et Ennis se tourne vers Miss Montmort qui s'apprête à parler.

Dire qu'elle était déçue du manque de réaction de son ami n'était pas totalement faux. De toute évidence, le Poufsouffle dormait encore à moitié. Chems n'était pas franchement du matin, elle le savait.

"Alors... En théorie j'avais potion mais en pratique, je devais aller souhaiter bon voyage à un ami. Du coup, j'irai en potion juste après, répondit la Poufsouffle en souriant, observant l'ami en question faire disparaître la petite enveloppe qu'elle venait de lui confier. Une fois n'est pas coutume, elle se tut cependant, écoutant Chems et se sentant soudain un peu... non, pas un peu, toute triste à l'idée de le voir partir dans les minutes à venir. C'était étrange de se dire qu'elle serait pendant dix jours à Poudlard sans pouvoir l'embêter, le défier à la bataille explosive ou juste papoter avec lui. Elle avait presque envie de pleurer...

"Alors, surtout, si jamais le train s'arrête à Londres, tu ne descend pas. Toi ton arrêt est un peu plus loin. Même beaucoup, beaucoup plus loin songea t-elle, tentant d'imaginer le nombre de kilomètres à parcourir et d'arrêts à patienter. Je regrette de ne pas être née en août au lieu de Novembre. J'aurais pu partir avec toi visiter le bout du monde, ça aurait été trop génial !"

La directrice semblait maintenant attendre les élèves et Chems enfila son chapeau pointu.

"Dis donc, costume impeccable, chapeau en place, c'est une grande journée, pouffa Deryn cachant sa petite pointe de désarroi à l'idée du départ de ses amis sous une plaisanterie. Allez, j'arrête de t'embêter. Tranquille pour dix jours, profites en bien, tu vas me manquer, je vais devoir me venger à ton retour."

Après une seconde d'hésitation, elle déposa un bisou sur la joue du Poufsouffle avant de s'écarter. De toute évidence c'était l'heure du départ.


@Chems Daley

Pendant les jours précédents le départ des membres du programme AMICO Jeffrey s'était efforcé d'être très positif afin de ne pas gâcher le plaisir de ses amis. Mais bien qu'il ne soit pas quelqu'un de particulièrement jaloux l'ainé des Hunter devait reconnaître qu'il était très envieux de ce qu'ils allaient vivre en partant à l'aventure. Par Merlin, il croyait avoir été malin en ne se lançant pas dans une correspondance l'année de ses BUSE mais c'était tout le contraire. La plupart des personnes qui lui tenaient le plus à cœur au château allaient désormais voyager à l'étranger pendant qu'il resterait au château à se morfondre.

Et puis ce départ intervenait juste après les vacances de Pâques, durant lesquelles il avait vécu des moments inoubliables, comme à Kopparberg. Mais malgré tout Maddie lui avait énormément manqué et à peine avait-il retrouvé sa petite amie que Jeffrey s'en retrouvait à nouveau privé. Malgré une frustration à son paroxysme, l'anglais parvint à ne pas trop la laisser paraître. Sans doute aussi un peu par fierté.

Une fois sur le quai Jeffrey parvint étrangement à chasser ces ondes négatives. Malgré toutes ses préoccupations il était vraiment heureux pour ses potes de la bande, son meilleur ami Chems et pour Maddie. Leurs sourires, pour la plupart du moins, faisaient vraiment plaisir à voir. Ainsi il fut plus facile de se montrer réconfortant envers sa petite amie lorsque vint le moment des au revoir. Mais la longue étreinte, conjuguée au mot glissé par Maddie à son oreille eurent raison de la maitrise du jeune anglais qui sentit rouler sans prévenir plusieurs larmes sur ses joues. S'il avait essayé de le cacher en prolongeant l'étreinte Maddie ne s'était pas montrée dupe.

« Ouais, toutes ces valises ça remue la poussière c'est bien connu. » essaya de braver l'anglais avant que Maddie ne se tourne vers Elina pour jauger le temps qu'il leur restait à passer ensemble.

A priori la Directrice s’apprêtait à faire l'appel et donner ses dernières recommandations et consignes. Craignant que l'embarquement se fasse tout de suite après Jeffrey ne relâcha pas son étreinte sur Maddie afin de pouvoir lui dire au revoir convenablement. Sans bravade ou faux-semblant cette fois.

« Amuses toi bien. Ça va vraiment être un truc de fou. Et passe le bonjour à Hidjatou de ma part. » commença par dire l'anglais en essayant d'envoyer le maximum d'ondes positives. « Et j'veux un récit ultra détaillé en rentrant hein. » ajouta le garçon avec un sourire amusé car il savait très bien que Maddie serait un véritable moulin à paroles à son retour.

« Tu vas beaucoup me manquer... » dit l'anglais en conclusion avant d'embrasser sa petite amie avec douceur et en ayant du mal à mettre un terme à cet échange, essayant de faire passer des choses par ce baiser qu'il n'arrivait pour l'heure pas encore à lui dire.

Mais comme toutes les bonnes choses avaient une fin, Jeffrey se résigna à laisser Maddie rejoindre Elina. Après un dernier sourire à sa petite amie avant qu'elle ne se retourne, Jeffrey lança un regard entendu à son meilleur ami Chems qui venait de recevoir une bise sur la joue de Deryn. Sûr que ça aussi il en voudrait un récit détaillé au retour de l'irlandais.

A l'écart du groupe des correspondants, Jeffrey retrouva d'ailleurs Deryn mais il s'abstint de toute taquinerie car il s'exposerait alors à une riposte sur ses yeux rougis ou sur son bécotage avec Maddie... Il préféra donc une autre approche.

« Ça va faire vide le château sans eux... Mais c'est trop cool pour eux. » dit le sixième année avec sincérité avant de préciser toutefois « Mais j'te préviens O'Connors. Je vais prendre dix kilos en me vengeant avec des raids en cuisine. »

Il avait parlé sur un ton enjoué mais au fond c'était plutôt vrai qu'il allait devoir compenser le manque en se défoulant d'une façon ou d'une autre.

Jeff a fait bonne figure autant que possible avant le départ mais l'émotion le rattrape une fois sur le quai. Il a du mal à dire au revoir à @Maddie Joy mais s'efforce de lui donner plein de bonnes ondes. Il tache aussi de lui faire comprendre certaine chose en l'embrassant pour lui dire au revoir. Puis il lance un regard taquin à @Chems Daley avant de retrouver @Deryn O'Connors, avec qui il passera certainement du temps en l'absence de beaucoup d'amis de sa promotion.

Seul post pour moi à priori, sauf si Deryn a envie de bavarder. Merci pour ce RP et bon voyage à tout le monde.

Bad ne sut jamais si Aelle lui répondit car il avait détalé à une telle vitesse de la scène de honte qu'un Dent-de-Vipère du Pérou en aurait été jaloux.

En pleine conversation avec Megan et son petit frère, le Serdaigle fut rapidement rejoint par le petit ami de la Poufsouffle puis par la sienne beaucoup moins officielle. Tomas aussi était près d'eux et Bad l'invita à se rapprocher. Il était agréable de voir que même leurs camarades qui ne partaient par pour l'étranger étaient venus leur adresser leurs aurevoirs.

En scrutant les alentours, Bad aperçut Chems, Ennis, Deryn, Maddie et Jeffrey, ses amis proches, et il s'imaginait déjà tout ce qu'ils auraient à se raconter à leurs retours des quatre coins du monde. Certains d'entre eux restaient à Poudlard et le sixième année se dit qu'ils ne devaient pas forcément être évident de voir leurs amis partir. Cette remarque intérieure accentua encore la reconnaissance qu'il avait pour tout ceux venus les saluer.

D'autres visages connus étaient là, prêt à partir. Bad vit Irene et se rappela certains moments plus ou moins amusants partagés avec elle. Aliosus, nouvelle recrue du club Prodigium, était présent lui aussi.

Sortant de ses songes contemplatifs, le Serdaigle répondit à Eridan.

« Je pense que oui ! C'est un peu stressant mais j'ai aussi super hâte d'y être. C'est dommage que vous ne puissiez pas nous accompagner, rajouta Bad dans un sourire compatissant à l'attention de son camarade Serdaigle. »

Se tournant vers la Serpentard arrivée ensuite, il répéta son état d'esprit à celle qui allait partagée son séjour au Mexique. La main d'Orphéa sur son épaule déclencha un frisson qui le parcouru de la tête au pied. Malgré les mois qui avançaient, les contacts avec la jolie Serpentard ne le laissaient toujours pas de marbre.

« Non, je me suis fracassé le nez par terre mais il a vite été soigné. Hors de question de dire qu'Aelle en était l'autrice. Ça va très bien, ne t'inquiète pas. Bad ponctua sa phrase par un clin d'oeil qui se voulait rassurant mais ne put s'empêcher de glisser son index sous son nez pour vérifier que plus aucune goutte de sang n'y coulait. Au loin, il aperçut Miss Montmort qui semblait les attendre. Je crois que c'est l'heure, fit le garçon avec un ton presque solennel avant de tendre sa main à Adam, Tomas puis Eridan. Ne vous inquiétez pas, on va surveiller Megan pendant le voyage en train ! Elle ne fera pas de bêtises ! »

Il tira la langue à son amie Poufsouffle avant de saisir Orphéa par la main dans un réflexe un peu trop habituel. Oups ! Il la relâcha aussi tôt avant de la diriger vers sa valise. Personne n'y verrait que du feu. À priori.

Bad prit ensuite la direction de la directrice tout en cherchant Elowen du regard. Mais où était-elle donc passée ? Le sixième vérifia que sa tenue était en adéquation avec les exigences de Miss Montmort et se posta à quelques mètres d'elle en la saluant d'un geste poli de la tête et d'un sourire. Les choses sérieuses commençaient.

Bad invite Tomas (@Ennis O'Belt) à approcher, contemple toutes les personnes présentes, répond à @Eridan Lowell puis @Orphéa Cooper. Voyant que Miss Montmort les attend, il tente de rassurer humoristiquement Adam et Eridan puis salue les garçons avant de tirer la langue à @Megan Arrington. Il se dirige ensuite vers la directrice et la salue poliment tout en cherchant @Elowen Livingstone.

Précédemment

Le quai se fait de plus en plus bruyant, on fait rouler les valises, claquer des talons, on rit et on discute, on tombe - je pense en regardant ce garçon tomber aux pieds d'Aelle Bristyle juste quand mon regard les effleure. Je ne peux retenir un sourire amusé en voyant la réaction de la sorcière, je la reconnais bien là, agacée mais toujours prête à sortir sa baguette et à utiliser sa magie. Après tout, c'est ce que chacun d'entre nous devrait faire, au quotidien, remplacer ses mains par sa baguette et s'affranchir de toutes les tâches inutiles - je pense surtout à Owen qui fait tout un tas de trucs que la magie peut faire, comme ranger son dortoir pour ses camarades.

La conversation continue autour de moi, ma cousine dans mon dos, et chacun de mes cousins d'un côté de moi et ma valise qui se tient bien droite (mais probablement pas aussi droite que moi, qui me préparer déjà à faire état de ma discipline dans une autre école).

« Plus tard, tu vas aller vivre en Amérique avec Chase ?
Mon attention revient vers Owen lorsqu'il me demande ça et je le regarde avec un air médusé, et probablement des joues rouges.
- Pourquoi avec Chase ?
- Bah, ils sont pas amoureux ?
Mes yeux s'écarquillent et je pense que Nils a entendu mon coeur se mettre à battre la chamade. Probablement que Jane a entendu aussi puisqu'elle se met à ricaner. Nils, en passant son bras devant moi, frappe l'épaule de son frère assez fort pour qu'il comprenne qu'il doit se taire.
- Mais quoi, qu'est-ce que j'ai dit ?
- Tais-toi face de troll ! »

Je ne suis plus tout à fait sûre d'être contente qu'ils soient là, tous les trois, parce qu'on doit offrir un bien minable spectacle - quoique rigolo. Rouge comme une pivoine, je laisse Nils attraper son frère par le cou et l'attirer jusqu'à lui. Il le tient donc par les épaules alors que Jane s'avance un peu. Elle m'adresse un regard qu'elle veut probablement complice accompagné d'un sourire qui ne me plaît pas du tout, alors je me détourne.

Un peu pour vérifier autour de moi, que personne d'autre n'a entendu cet imbécile d'Owen dire des imbécilités plus énormes que lui. Moi, amoureuse de Chase ? Une sensation bizarre me force à déglutir, et je ne me sens plus tout à fait bien, plus tout à fait heureuse de le retrouver. Je laisse mes yeux se promener sur le quai pour essayer de calmer ce coeur qui bat trop vite et cette gorge qui se serre.

Cette fois, c'est sur la famille Nerrah que mes yeux tombent. Je les salue d'un sourire, n'osant pas m'approcher avec la bande d'énergumènes que je me trimballe. Et puis, je ne sais pas si c'est poli de venir les saluer sans en avoir été invitée. La question ne se pose plus quand, d'un coup, le quai est balayé par le silence.

Je me tourne vers Miss Montmort qui semble sur le point de faire l'appel.

« Plus un bruit maintenant, ou je vous métamorphose en verracrasse. »

Sifflé-je entre mes dents à l'adresse de la joyeuse troupe qui m'accompagne, et surtout à l'adresse d'Owen. C'est même à lui seul que je m'adresse parce qu'il est le seul indiscipliné. Je sais que Jane admire bien trop notre directice pour lui manquer de respect et que ce même respect coule dans les veines de Nils autant qu'il coule dans les miennes.

Owen demande à Adaline si elle est amoureuse de Chase, elle rougit, esquive la conversation et ordonne à sa petite famille de se taire quand Miss Montmort s'apprête à parler.

Hahahahaha.

Alors comme ça ils sont de nouveau ensemble. C'est marrant, tiens.

Ça faisait combien de temps qu'ils s'étaient séparés, déjà ? Je devais être en deuxième année... Trois ans ? Et il a même eu le temps d'avoir une petite aventure avant de se remettre avec elle. Au moins, on peut dire qu'il a bien profité durant ces trois ans. Pas comme certains...

C'est cool. C'est sympa pour lui. Je suis très content pour lui. J'ai pas du tout un petit pincement au cœur, non. Et encore moins l'envie d'esquisser un petit mouvement de baguette dirigé vers son ex-ex. Non, franchement, je... Suis content. Pour lui. Pour eux. Tant mieux s'ils sont bien ensemble, hein.

Je porte vivement ma main à mon œil en bâillant. Je ne me suis pas très bien réveillé ce matin : j'ai quelques larmes de fatigue encore présentes. Hahaha. C'est marrant, hein.

— Woaah. Je suis désolé, Lili. Je suis pas très réceptif ce matin : je n'ai pas fermé l'œil. Trop d'excitation pour aujourd'hui.

Et c'est vrai, après tout. Je suis heureux, aujourd'hui. Heureux de quitter Poudlard. Heureux de quitter les entraînements pour les courses de balais. Heureux de quitter le club Prodigium. Heureux de quitter les couloirs où je pouvais espérer lui gratter un sourire en le croisant... Je suis heureux.

Allez. C'est un nouvel horizon qui s'offre à toi. Pense au fait que tu sois le seul à découvrir l'école canadienne. Une semaine sans personne de Poudlard à des kilomètres à la ronde. Ça va te déconnecter un peu de cet air toxique. Plus de BUSES. Plus de balais. Plus de défense contre les forces du mal. Juste un nouvel univers. Et, surtout, un nouvel air.

— Jennaa ! Prête pour le départ ?

Accompagné de @Lili Cooper, Edmund alpague @Jenna Cobain en se dirigeant vers le premier wagon.

Rah, qu'est-ce qu'elle gratte cette cape toute moche, toute noire, elle est tellement pas amusante, pourquoi on n'a pas le droit de s'habiller comme on veut quand on part en vacances. Les règles ultra strictes de cette école me dépassent mais je ne peux rien dire, j'ai trop peur qu'on m'empêche de partir si je me plains. Docilement, j'ai fait ma valise, emportant avec moi toute la liste fournie et quelques objets plus personnels aussi, et Sildnir, qui me connait bien, pestait à côté de moi et râlait pour que je n'aie pas à le faire, mais sans vraiment le penser.

Notre séparation va être douloureuse. On s'est à peine vues trois jours depuis mon retour de vacances chez mes parents. Et je suis toujours très énervée qu'on ait refusé sa participation au programme AMICO, soi-disant pour la protéger de l'extérieur, mais par Merlin, elle était prisonnière du Dominion, à présent la voilà prisonnière du château, est-ce que quelqu'un ici pense que c'est un châtiment moins pire ? Ses tortionnaires actuels ont de la chance que sa captivité précédente lui ait appris la patience, moi, à sa place, je serais allée leur fracasser la tête. Et il faudrait réfléchir à un moment, dans un an nous allons quitter Poudlard, est-ce qu'il ne faudrait pas au contraire l'habituer au monde extérieur petit à petit, qu'elle puisse se défendre, puis faire des rencontres, se forger ? Elle est dans une prison, d'or, certes, mais une prison quand même, qui n'aide pas à sa réhabilitation dans le vrai monde. C'est vraiment très très triste.

Peinées de ne pas nous voir pendant une semaine, nous avons discuté toute la nuit, et maintenant j'ai les yeux rouges de fatigue et je suis épuisée, c'est malin. Malgré tout, j'arrive à l'heure et même en avance au point de rendez-vous. Je suis excitée comme une puce, je vais enfin présenter ma meilleure amie à M'man, P'pa et aussi à Gwenaël qui sera présent !

Dès que je les aperçois, je cours dans leur direction en poussant des cris... d'animaux. Je parle à toute allure, je m'exclame, je rigole, je fais des câlins, je suis tellement, tellement heureuse qu'ils la rencontrent enfin. Au bout de quelques minutes, M'man me murmure « Tu voudrais pas la laisser parler un peu, dis, ta copine ? » avec un sourire malicieux, alors je me la boucle et je les laisse faire connaissance. Pendant ce temps-là, j'observe l'assemblée et la marée d'élèves qui s'agglutine autour du train - et de notre magnifique directrice trop canon. Et, au milieu de tout ça, Aelle, postée sur Bad, qui lui fait la peau et le menace de sa baguette. Heureusement que la maman de mon copain intervient, sinon il aurait certainement fini en ragoût ! Quand j'en ai l'occasion, je m'approche de lui, remontée comme un coucou.

« Elle se moque de la figure de qui cette grosse créature des enfers ? Ca va, elle t'a pas trop fait mal ? Non mais vraiment je peux pas me la blairer, son but dans la vie c'est d'enquiquiner le monde ! Tu m'dis, si tu veux je lui fais la peau et je m'en servirai de tapis de douche ! J'attends ton signal ! »

Pour montrer ma bonne foi, j'agite mes poings devant son museau. Je ne suis pas certaine de pouvoir réellement quoi que ce soit contre Aelle, mais ça, je m'en moque, mon égo fait que je ne peux pas laisser ça passer.

Aujourd’hui était un grand jour, celui du départ dans les différentes écoles de magie des élèves participant aux échanges Amico ! Et parmi eux se trouvait bien évidemment Ennis qui allair rejoindre Durmstrang. Seuls la famille et les amis étaient autorisés à venir voir le train partir depuis la gare de Pré-au-lard, et Owen ne comptait pas s’en priver. Il était à la fois si content pour la gryffondor, qu’elle ai l’occasion de vivre une telle expérience - c’est que lui-même aurait bien aimé pouvoir aller découvrir d’autres pays et façons d’enseigner la magie - et si angoissé à l’idée de les laisser, elle et les autres élèves, partir si loin dans ce train ; qu’il comptait bien garder un oeil sur eux le plus longtemps possible.

A la mention de la présence de Briac sur le quai au départ, le bibliothécaire avait grincé des dents quand bien même il s’y attendait. Et il ne souhaitait en rien que le père manque le départ pour la Russie de sa fille, mais à chaque rencontre il appréhendait, ne sachant pas trop sur quel pied danser depuis le repas en février de l’année passée qui s’était soldé par une dispute puis leur pseudo-fiançailles à Domhall et lui-même. Se doutant également de la présence potentielle de membres du conseil ou d’élèves qui se feraient une joie d’imaginer ce qu’ils voudraient pour ensuite répandre de vilaines rumeurs, il avait donc décidé d’arriver en décalé par rapport aux autres membres de la famille O'Belt. Il avait laissé quelques minutes d’avance à son compagnon avant de lui-même transplaner vers la petite place du village sorcier, non loin de la gare. Huit heures venaient de sonner et l’ancien professeur avait repéré la préfète et son petit-ami qui la laissait, ainsi que meilleur-ami, compagnon et beau-père qui se dirigeaient vers elle. Ils n’étaient qu’à une dizaine de mètres mais il attendit quelques courtes minutes avant de les rejoindre. Il ne voulait pas trop s’imposer et surtout leur laisser tout de même un moment en famille. Lorsque l’attention fut concentrée sur la directrice qui s’apprêtait à prendre la parole, il jugea alors bon de s’avancer vers eux.

- Je n’allais tout de même pas te laisser partir sans venir te dire au revoir, commença-t-il dans leur dos, à quelques mètres d’eux, un sourire discret aux lèvres, tout de même un peu gêné de venir interrompre ce moment priviligié entre père et fille, ou frère et soeur. Son regard glissa plus rapidement sur Diarmuid et Domhall, auxquels il adressa un sourire plus marqué avant se poser sur… Briac, continua-t-il à l’adresse cette-fois du plus vieux, en le saluant d’un mouvement de tête, hésitant à lui présenter sa main ou se contenter de cette brève salutation. Bon et puis il avait commencé son geste, autant le finir. Il pria donc pour que son beau-père s’en saisisse et qu’il ne se retrouve pas hébété au milieu de cette petite foule avec une main tendue pour rien.