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29 déc. 2016, 18:12
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À quoi sert l’art ? Et bien justement, peut-être à rien, ou peut-être à se torturer l’esprit, ou bien les deux en même temps. Toutes les œuvres d’art ne portaient pas le même sens ou non-sens et il y en avait certains plus complexes que d’autres. L'Ombre de la Mort était ce genre d’œuvre impénétrable, et plus on tentait de la comprendre, plus le paradoxe s’imposait à vous et vous empêcher d’aller au bout de votre raisonnement.

Kristen sourit doucement à l’élève. Elle ne voulait pas connaître son nom pour lui donner un sens, mais pour se rappeler d’elle plus distinctement, car elle la trouvait intéressante et réfléchie. Elle trouva en revanche très surprenant que l’élève veuille qu’elle se présente à elle. Kristen était sûre que la jeune fille savait qui elle était, alors à quoi cela pouvait-il servir ? Il était évident que la réponse : « Kristen Loewy, directrice de Poudlard » - il est amusant de constater la façon dont les européens choisissent de se présenter : prénom – nom – profession, quand dans d’autres cultures, on préfère se présenter en indiquant : prénom, nom, fils ou fille de… ; c’est assez révélateur d’une façon de penser de chaque société – il était évident, donc, que cette réponse ne satisferait pas la jeune élève. Peut-être voulait-elle que Kristen lui dise quelque chose qu’elle ne savait pas déjà ? Kristen ne comprenait pas trop ou cela pouvait mener, et n’était pas sûre de vouloir dire quelque chose d’autre que livrer une réponse simple et évidente.

Elle hésita quelques instants, fronçant les sourcils et dévisageant l’élève, et finalement, tendit sa main à la petite fille en déclarant :

« Kristen Loewy, directrice de Poudlard laissant votre appréciation faire le reste. »

Appréciation, ou imagination, au choix. Après tout, cette petite fille pourrait bien se figurer Kristen comme elle le souhaiterait, car il est juste que l’imagination fait souvent un travail insoupçonné sur les relations avec autrui : on a souvent tendance à faire correspondre les autres à l’image que l’on se fait déjà d’eux a priori, même si cela ne correspond pas à l’exacte réalité a posteriori. C’est sans doute parce que l’on regrette de mal juger quelqu’un, et alors, on s’obstine dans ce jugement, on essaie de le faire rentrer dans la toute petite case de l'opinion.

« Je vous demande votre nom, Mademoiselle, car j’aime me souvenir du nom des personnes intéressantes que je croise. Elles sont assez rares. »

Surtout à cet âge ! Non pas que les enfants ne pouvaient pas être intéressants, mais il était évidemment plus difficile de tenir une conversation sérieuse et un peu abstraite avec eux, qui pensaient surtout : « j’ai faim, je veux ceci et je veux cela, je veux jouer. »

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
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02 janv. 2017, 18:23
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Je ne comprenais pas cette habitude qu'avaient les autres à sourire. Pourquoi sourire alors que la personne en face ne pouvait pas comprendre cette expression ? C’est exactement ce à quoi je pensais en observant ce geste facial que m’offrait ma Directrice. Et comme tous les autres sourires que l’on m’offrait sans cesse alors qu’ils n’avaient pas lieu d’être, je ne le comprenais pas. Se riait-elle de mes mots ? Possible. Tout le monde connaissait Kristen Loewy. Et s’il avait le malheur de n’avoir eu un jour l’occasion de poser ses yeux sur cette femme, le premier lambda venu connaissait tout de même le nom de ce personnage. Ainsi, cette enfant qui lui faisait face, moi, avait deux raisons de lui demander de se présenter. Soit elle ne la connaissait pas, ce qui était irrespectueux si on prenait en compte le fait qu’elle était élève de l’école dont cette femme était directrice. Soit elle se moquait allègrement d’une femme aussi puissante que la Directrice.
Bien, ce sourire signifiait donc que Loewy se jouait de mes pensées.


Vexé par ce sourire, j’adoptais un comportement enfantin qui allait parfaitement à mon âge. Je croisais les bras sur ma poitrine et me tournais vers le tableau. Finalement, l’art me frustrait peut-être par le non-sens qu’il m’apportait, mais je préférais m’enfoncer dans les méandres obscures de l’Ombre de la mort que dans les yeux mystérieux de ma compagne. C’est du moins ce dont je tentais de me convaincre en refusant d’offrir mon regard à la Directrice. Sa réponse tardait à arriver. Elle aurait voulu que je lui envoie un “Oh, je sais qui vous êtes Madame Loewy, une si grande directrice !”, et que je lui refuse ce droit qu’elle avait de se présenter ? Ou alors souhaitait-elle que je sois telle que je devrais sans doute être ? Je n’avais pas pour objectif de changer pour quelqu’un, qu’il soit Directeur de Poudlard, Ministre de la Magie ou Merlin lui-même.
Me vexer revenant à me mettre en colère, j’hésitais quand au comportement à adopter. Pas que je souhaitais cacher ma colère que je trouvais fort justifié à Loewy, non. Mais je ne voulais pas m’éloigner des mystères que je pouvais déceler chez elle. Je n’étais pas de ceux qui laissaient passer une occasion de cette ampleur.
Fort heureusement, la femme était là pour m’agiter une nouvelle fois son voile mystérieux sous le visage. Elle se présenta à moi et me sauva ainsi de mes émotions négatives qui m’éloignaient de mes réponses.


Je la regardais. Ou plutôt, je regardais cette main qu’elle me tendait. Je remontais le bras du regard, ce qui me mena directement sur le visage de la Directrice. Un visage lié au mien par un regard insondable joliment froncé. Une nouvelle fois, je me retrouvais démuni. Cette expression-là n’allait certainement pas avec le sourire qu’elle m’avait donné il y a de cela quelques secondes. Peut-être l’avais-je rêvé ?

Mes questionnements disparurent, bien vite suivi par mon embryon de colère. Ce dernier s’évapora en même temps que les mots de la plus âgée atteignaient mon esprit. Une présentation somme toute attendu. Mais pas celle que moi j’attendais. Kristen Loewy, Directrice de Poudlard. Soit, rien de nouveau. Se voyait-elle vraiment ainsi ? N’y avait-il donc rien de plus derrière ce visage implacable, cette posture inébranlable ? Rien à découvrir, mais énormément de chose à deviner, voilà ce que me soufflait ma curiosité. Et ces mots, qui pouvaient ne rien signifier au premier abord, “laissant votre appréciation faire le reste”, sonnaient à mes oreilles comme une invitation à Deviner. Elle ne souhaitait pas se dévoiler. Soit, mais accepterait-elle que je la dévoile ? Que je laisse mon appréciation la trouver ? La tentation était trop forte pour que je puisse la retenir, ce que je ne souhaitais pas faire.

-Votre titre est ce que vous êtes ? Dans ce cas je suis qu’une élève de Poudlard. Poufsouffle, si j’en disais trop. Je ricanais légèrement, laissant les secondes s’étirer pour me permettre de réfléchir.

Qu’est-ce qui décrirait cette femme ? Je n’en savais rien. Je ne la connaissais pas. Elle m’avait dit ce qu’elle savait que je connaissais d’elle. Mais à quoi servait de se présenter si on se contenter de répéter les pensées de l’autre ?

-Mon appréciation veut qu’on se présente pour apporter quelque chose. Tenez, beaucoup de personne savent que vous appréciez l’art ? Pourquoi ne pas vous présenter ainsi : Kristen Loewy, admiratrice de l’Ombre de la Mort, critique d’art, et pourquoi pas Kristen Loewy, celle qui partage son regard sur l’art ?

Je sentais mon cœur battre plus vite au rythme de l’échauffement de mes pensées. J’avais entendu sans y faire attention la femme m’expliquer pourquoi elle souhaitait connaître mon nom. Mais les sourcils froncés -cherchais-je à imiter cette femme ?-, le regard refusant de se détacher du sien, j’essayais de voir Miss Loewy, comme elle m’avait invité à le faire. Je connaissais d’elle quelques éléments que l’Histoire m’avait appris, mais cela ne permettait pas de décrire une personne. Je connaissais les rumeurs qui couraient sur elle, mais cela revenait au même.
La réponse était évidente, mais elle menait à l’impasse : une chose que je ne connaissais pas, voilà le seul moyen qu’elle se décrive à moi. Mais que faire si je ne connaissais rien d’elle ? Un échange, voilà ce que j’allais faire.

-Aelle Bristyle. Je tendis à mon tour ma main. Si je faisais comme vous, je vous dirais que je suis élève à Poudlard. Ce que vous savez, logiquement.

Offrir une main, à quoi cela servait-il ? La manière la plus intime de se présenter pour un sorcier n’était pas le toucher, selon moi, mais la Magie. Je m’éclaircie la gorge.

-Si je peux me permettre, *je me permettrais de toute façon…*, pensais-je au même moment, se présenter, je crois que c’est offrir à l’autre ce qu’il sait pas sur nous. Si je pouvais, je vous montrerez ma Magie.J’hésitais quelques secondes, puis décidais de me lancer. Pour me présenter, je vous dirais que je suis Bristyle et que je ferais tout pour Connaître. Est-ce que j’oserais en dire plus ? Laissant votre appréciation faire le reste…

Je baissais la tête en lâchant le dernier mot. Il n’était pas dans mon habitude de tant parler. Mais si une question me passionnait et que la personne en face avait assez d’intérêt pour moi, il n’y avait plus de barrières à mes pensées. Malheureusement ou pas.

Mon esprit enfin libéré de ce qui le taraudait, j’eu l’occasion de revenir sur cette phrase que Loewy m’avait lancé et qui me secoua soudainement. *j'aime me souvenir du nom des personnes intéressantes que je croise. Elles sont assez rares”... Etonnant. A la façon de mon grand frère, j’haussais bien haut mon sourcil droit, d’une façon que je n'ignorait pas être moqueuse. Je ne pouvais en aucun cas accepter ce que ces mots signifiaient. Pourquoi Kristen -après tout, voilà une présentation que peu de personne devait utiliser. Cette présentation m’aurait beaucoup appris- sous entendrait le fait que je sois une personne qui l’intéresse ? J’avais douze ans, je ne savais mener une conversation et je ne connaissais rien aux conventions sociales. *En quoi une gamine peut intéresser une femme de votre âge ?*.

-En quoi une gamine peut intéresser une femme de votre âge ?

Ma parole avait-elle fait écho à ma pensée ? A croire que oui, au vu de ma main qui vola soudainement pour cacher ma bouche, dans une vaine tentative de rattraper ces mots qui s’engouffraient déjà dans la conscience de Loewy. Je grimaçais légèrement, osant à peine regarder la femme que je défiais pourtant du regard peu de temps auparavant. Je me demande si elle apprécierait longtemps cette habitude que j’avais à parler comme je pensais. Les adultes que je connaissais n’aimaient pas cette manie que j’avais, j’en avais souvent fait les frais. Je ne changeais cependant pas, mais cela m’ennuierait que Loewy disparaisse, elle n’était pas facile à trouver.
Je l’observais à la dérobé. Une femme telle qu’elle. Elle me rappelait la fascination que j’avais eu pour Nyakane. Et que j’avais encore. Je me connaissais assez pour savoir que mon intérêt ne trouverait pas de repos tant que je n’aurais pas éclaircit quelque peu le mystère Kristen Loewy. Il était un mystère étonnamment plus facile que d’autre qui me travaillait au quotidien.

02 janv. 2017, 19:46
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À mesure que le flot de paroles de la jeune élève – de Poufsouffle, apparemment – se déversait dans l’esprit de Kristen Loewy, un sourire grandissait sur son visage. Finalement, comme l’élève avait mis une main sur sa bouche et avait pris un air gêné, la directrice mit son poing devant la sienne et ne put s’empêcher de rire, tandis que le coin de ses yeux se plissait et ses épaules se secouaient d'eux-mêmes, dans de petits spasmes incontrôlés. Elle ne savait pas trop pourquoi elle riait – car ce n’était pas dans ses habitudes – mais elle le faisait tout de même. D’ailleurs, ce n’était pas non plus dans ses habitudes qu’une toute petite fille lui parle ainsi. Cela devait être lié.

Kristen calma son rire dans un long soupir et un relâchement d’épaules, tandis que son regard était posé sur Aelle Bristyle et qu’un sourire sincèrement amusé était encore ancré sur ses lèvres.

« Mademoiselle, il n’y a pas d’âge pour apprécier le goût d’une conversation de qualité. »

Elle inclina légèrement la tête sur le côté, comme si elle était curieuse de voir à quoi pouvait ressembler l'élève sous cet angle bancal.

« La plupart des gens n’utilisent que leur bouche pour parler. Vous, vous utilisez aussi votre tête. »

Kristen sourit et expira un reste de rire. Elle haussa un sourcil.

« Et vos tripes… »

Cette élève – Aelle Bristyle - était peut-être une « gamine », mais une gamine qui avait un sacré culot, et un culot qui n’était pas celui vraiment trop mal placé des simples sales gosses. Elle osait avec son esprit. Elle aurait pu être l’enfant à qui l’on pensait quand on disait : « la vérité sort de la bouche des enfants ». Décidément, cette petite était très prometteuse et plaisait beaucoup à Kristen.

« Rares sont ceux qui savent penser et dire ce qu’ils pensent. »

Certaines personnes ne savaient pas penser et recrachaient les miasmes oxydés que leur inspirait vaguement leur cerveau et qu’ils prenaient pour des pensées, d’autres pensaient beaucoup mais gardait leur intelligence et leur réflexion pour eux, ce qui était un intolérable gâchis.

« Et d’ailleurs, je serais très curieuse de voir ce que vous faites de votre magie. Bien sûr, je vous rendrai la pareille, même si je crains déjà de vous décevoir. »

Qu’Aelle Bristyle ait pour philosophie de faire tout pour connaître, c’était aussi quelque chose qui plaisait beaucoup à Kristen, qui retrouvait un peu d’elle-même dans cette idée. D'aussi loin qu'elle se souvienne, elle avait toujours voulu tout savoir, et l'idée de devenir une "miss je-sais-tout", qui était très désagréable à certains, ne lui posait absolument aucun problème. Enfin, et à son grand regret, la magie de Kristen n’avait rien de réellement exceptionnel pour un regard occidental. Fascinée qu’elle était par les magies d’ailleurs, elle avait toujours eu ce regret de ne pouvoir les maîtriser en pratique et d’avoir dû se contenter de la théorie. Elle avait essayé, pourtant, mais… Cela n’avait pas été une brillante idée.

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04 janv. 2017, 13:02
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Mon échange avait lamentablement échoué.
Voilà ce que je me disais alors que je faisais face à l’hilarité de ma Directrice. A croire que chacun de mes mots éveillaient en elle une réaction positive. Quoique les sourires ne l’étaient pas toujours. Mais ici, point de sourire. Non, il y avait bien plus que cela. Un éclat de rire. Un éclat ? Non, Miss Kristen Loewy ne se laissait sûrement pas à éclater de rire. Voilà ce que je me disais aussi en observant le rire tout en finesse de la femme. Une main devant la bouche, des épaules qui tressautent, mon coeur qui rate son battement, ce visage anguleux qui se froisse aux endroits caractéristiques du rire.
Ce rire là était différent. C’est certainement la raison pour laquelle je ne m’en vexais pas. Il me semblait que Kristen Loewy, Directrice de Poudlard, venait de se prendre un sortilège d’euphorie en pleine face. Ou plutôt en plein dos. Y avait-il quelqu’un derrière elle ? Presque soucieuse de son état -en réalité, je me demandais comment un visage tel que le sien pouvait se transformer si vite en une émotion qui semblait déplacé chez ce personnage-, je me penchais légèrement pour jeter un coup d’oeil au couloir auquel Kristen -oui, je persistais, elle avait refusé mon échange par ce simple rire- tournait le dos. Il n’y avait personne. Un souffle me caressa soudainement le visage, je retrouvais instantanément ma place d’origine. Son rire venait de mourir sur ma peau en un long soupire qui ne pouvait qu’être agréable, au vu des traits détendus de la femme.


Alors je subis son regard qui trônait sur les restes de son rire figé en un beau sourire. Kristen Loewy était une femme incompréhensible.
*Je ne comprends pas grand monde, aussi…*. Oui, cela était l’entière vérité, lorsque je pensais cerner une personne, celle-ci prenait un tournant opposé. Sauf cas exceptionnels qui se révélaient finalement si peu intéressant qu’ils ne s’inscrivaient guère dans mon esprit. Loewy était différente. Elle semblait sans cesse surprise par ce que je lui renvoyais. Peut-être s’attendait-elle à d’autres réactions de ma part ? Elle ne me connaissait pas, comment pouvait-elle attendre quelque chose de moi ?

J’ouvrais de grands yeux ébahis en écoutant ce qu’elle avait à me dire. De grands yeux ronds pour accueillir ses phrases… étranges. Oui, étrange était le mot. J’eu la présence d’esprit de rougir. Pas de ce léger rougeoiement si attendrissant, non. Je sentis mon visage se recouvrir entièrement d’un rouge aussi brillant que la cravate de certains élèves qui parcouraient ce château. Et alors que j’écoutais sans rien dire les compliments dont m’accablait la Directrice de Poudlard, je me posais une question
: *mais pourquoi elle dit ça ?*. Je ne comprenais pas pourquoi elle semblait si… Je ne sais pas.
Après quelques secondes de réflexions, je me dis que ce n’était pas des compliments, mais des affirmations enjouées. Voilà, elle affirmait sur un ton enjoué que je disais ce que je pensais et que j’utilisais mes tripes pour penser et parler. Mes tripes, mes pensées, mes paroles. Tout cela semblait lié si on écoutait la Directrice. Et cela était une bonne chose, si on l’écoutait une nouvelle fois. Avait-elle seulement conscience d’être la première grande personne personne à me dire cela ? Etrangement, le fait qu’elle ne me remette pas à ma place comme tous les autres adultes l’auraient fait, m’intriguait plus que cela me réjouissait. Je ne comprenais pas ce qu’il y avait d’exceptionnel dans mes mots pour qu’elle réagisse ainsi. Pas que cela me déplaise ! La surprise ne me plaisait pas mais je la trouvais de temps à autre étonnement intéressante.


Avec une moue curieuse, j’étudiais Miss Loewy. Oui, je l’étudiais. Que devais-je faire ? Me contenter de rougir parce que les choses devraient être ainsi ? Ou devrais-je lui demander simplement, comme je l’aurais aimé, pourquoi tant de gens ne parlait pas avec leur pensées ?

C’est en pleine réflexion qu’elle me surpris une nouvelle fois. Ma Magie ? Cela l’intéressait-il vraiment ? Décidément, je m’étonnais de tout, avec cette femme. Et cette question me paniqua quelque peu : que pouvais-je lui montrer ?
Je me détournais d’elle pour aller observer le paysage par la fenêtre. Le jour disparaissait de plus en plus en faveur de l’obscurité de l’hiver, c’était une belle chose à voir. Inconsciemment, je sortais ma baguette pour la faire tourner entre mes doigts, appréciant son contact. Je n’avais rien à présenter à la Directrice. En disant “je vous montrerais ma magie”
, j’avais pensé à lui montrer l’essence même de ma magie. Mais si cela était possible -j’en étais persuadé-, je ne savais le faire. Tout ce que je savais réaliser, c’était quelques sortilèges qu’elle connaissait depuis fort longtemps, et… Je me rappelais soudainement la façon dont ma magie s’était manifesté dans les Sous-sols. Je fermais douloureusement les yeux, ne souhaitant pas penser à Elle, je n’arrivais pas à faire face à la Réalité de cette rencontre.

-La Magie ne me décevra jamais, je murmurais assez fort pour être entendu, bien que je ne m’adressais à personne spécifiquement.

Je soupirais en posant mon front sur la vitre fraîche, essayant d’éclaircir mes pensées. Ce que je faisais de ma magie ? La Directrice aussi serait fort déçu.
Je me retournais, accolant mon dos à la fenêtre, mes bras me servant de protection contre la fraicheur de celle-ci. Je me contentais alors de regarder la femme qui attendait ma réponse. Je me trouvais dans la même posture : j’attendais aussi ses réponses,
*répondez-moi, Loewy …*, je voulais la voir, voir cette femme autrement que par son statut et elle seule pouvait apaiser cette envie.

-C’est mal de parler avec ses… tripes ? Je lui demandais en souriant ironiquement, un peu perdu. Les autres, ils refusent toujours de voir parce qu’ils sont aveuglés par ce qu’ils voient…

Je posais ma tête contre le carreau de la fenêtre, dévoilant mon cou. Je pensais à toutes ces personnes qui ne m’avaient jamais vu et qui continuaient à ne pas me voir.

-Vous… J’accepte de rien voir de vous parce que je sais pas ce qu’il y a à voir… Mais j’accepte pas de ne pas savoir,
j’eu un petit rire discret, offrez-moi une chose que je sais pas, Kristen-Loewy-Directrice-de-Poudlard, lui soufflais-je en me penchant légèrement vers elle.

Peut-être penserait-elle que j’insistais, et cela était le cas, mais la question me rendait réellement curieuse. Mon regard pétillait à présent de ce besoin impérieux de savoir. La Directrice était passionnante, il me semblait vivre une joute verbale d’une qualité bien plus supérieure que ces duels affligeants de mots plein de rancune.

-Et ma magie est purement scolaire. Je lui montrais ma baguette. Les règles veulent pas qu’on apprenne autre chose avant un certain âge.

Si je pouvais utiliser ma baguette et ma magie hors de Poudlard, je n’hésiterais pas, je souhaiterais apprendre tant de choses ! Je commencerais par cette Magie caractéristique de Nyakane. Mais je ne le pouvais pas, alors j’apprenais ce que je pouvais, ce que j’appréciais. *Mais Merlin, ce que c’est frustrant !*.

-Mais…

J’hésitais à lui parler de ce côté particulier que ma magie m’avait fait découvrir il y a peu. Peut-être… Je dardais un regard calculateur sur Loewy. Une idée commençait à germer dans mon esprit : peut-être me permettrait-elle d’utiliser ce fluide à son état le plus brut ? Je me mordais violemment la lèvre, prise d’un doute. Pour cela, devrais-je faire face aux émotions bouleversantes qui étaient la seule porte à cette magie brute ?

-Poussez-moi à bout, et vous verrez ma magie telle qu’elle est… Je la regardais et bien malgré moi je rajoutais : elle est magnifique et elle est horrible. Et la votre ?

En face de moi, l’Ombre de la Mort me faisait de l’ombre. Un grand tableau devant une si petite fille. Je souriais en me rappelant ce que Loewy m’avait appris : l’ombre, c’est moi, si tant est que je le souhaite et que je vois différemment.

04 janv. 2017, 18:33
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De toute évidence, Aelle Bristyle n’était pas du genre à s’en tenir aux idées reçues. La plupart des gens n’étaient même pas conscient que leur avis était fait uniquement d’idées reçues, qu’ils finissaient par prendre pour acquis, pour une vérité générale et immuable. Ce qui était étonnant, avec Aelle Bristyle, c’est qu’elle avait dû développer au maximum l’une des caractéristiques des enfants qui agace les adultes : elle devait être du genre à demander toujours « pourquoi ? » et à demander encore « pourquoi ? » pour chaque réponse donnée, jusqu’à épuisement. Elle ne se contentait pas de ce que les autres pouvaient lui fournir. Par exemple, si elle avait écouté ce qu’on avait pu lui dire de la terrible directrice de Poudlard, elle n’aurait même pas envisagé de parler comme elle l’avait fait. En fait, elle aurait probablement baissé les yeux et aurait continué sa route dans les couloirs en traînant des pieds, bafouillant quelques excuses ; et voilà. C’était donc l’originalité de la situation qui avait poussé l’insensible Kristen Loewy au rire.

Kristen intercepta le murmure d’Aelle Bristyle et inclina légèrement la tête en s'autorisant un sourire plus attendri. Ne jamais être déçu par la Magie ? C’était ce que Kristen aurait aimé penser durant toute sa vie, mais il y avait bien eu un jour où la magie avait été décevante. En vérité, ce n’était pas le problème de la magie en elle-même : elle offrait toujours des milliards de possibilités, pouvait prendre des formes étonnantes, et Kristen avait souvent été émerveillée par toutes les formes qu’elle avait pu contempler. Cependant, en comprenant qu’elle-même ne pourrait jamais maîtriser totalement les facettes de la magie qui étaient trop éloignées de ce que Poudlard lui avait enseigné, elle avait d’abord pensé que c’était la magie qui était décevante, et non elle-même.

Son sourire avait largement diminué, mais la commissure de ses lèvres était légèrement relevée, tandis que ses yeux bleus s’attardaient alternativement sur les deux yeux de l’élève de Poufsouffle.

« La mienne est plus horrible que magnifique. Mais si je devais n’en dire qu’un mot, je crois que je la qualifierais d’impitoyable. »

C’était une magie qui ne laissait pas le choix, une magie qui faisait vite et bien. Tous les sortilèges que Kristen lançait prenaient cette teinte particulière. Ils n’étaient plus exactement comme les livres de sortilèges le disaient : à travers la baguette de Kristen, leurs effets changeaient un peu. Kristen travaillait les sorts, les affinait pour qu’ils correspondent à l’utilisation qu’elle voulait en faire, au caractère qu’elle avait. Comme un forgeron passerait du temps à affiner une lame, Kristen affinait sa magie en en faisant quelque chose qui voulait être unique. Ce n’était pas forcément très éloigné de ce que tout le monde pouvait connaître, et si l’on ne connaissait pas parfaitement les sortilèges tels qu’ils étaient décrits dans les livres, on ne pourrait sans doute pas voir ce que la magie impatiente de Kristen y changeait. Mais il y avait de cela, pourtant, dans chacun de ses mouvements de baguette. Une certaine agilité, de la rapidité, de la précision.

« Ce n’est pas mal d’oser dire ce que l’on pense vraiment. Trop peu de gens le font. On s’accommode trop vite de ce qu’il convient de penser, pour ne pas être pris pour cible par les autres, pour s’intégrer, et on finit par ne plus penser du tout, et donc par ne plus rien dire d’intéressant. »

Kristen n’était pas du genre à adresser la parole aux autres, car elle était souvent persuadée de ne rien louper d’important. Elle avait sur les autres un regard beaucoup trop négatif pour juger nécessaire de perdre son temps à faire la conversation avec des êtres qui, de toute façon, ne pourraient rien lui apprendre.

« Si l’on pense comme tout le monde, on ne devient personne. Ce sont ceux qui ont vu plus loin et qui ont su l’assumer qui ont permis le progrès. »

Les exemples, dans l’Histoire, ne manquaient pas. Où en serait-on, si les savant s’étaient dit : « Non, ce n’est pas correct de penser que la terre est ronde, je vais voir des ennuis, oublions ça » ?

Kristen soupira du sentiment qu’elle éprouvait face à la médiocrité humaine.

« Mais enfin, revenons-en à votre magie. Je ne sais pas exactement où vous voulez en venir, mais je ne crois pas que la condition que vous m'imposez soit une bonne chose. La magie doit être maîtrisée, ce qui est bien plus difficile lors des situations extrêmes, ou lorsque le sorcier qui l’utilise a été poussé à bout. Avez-vous eu des accidents, en cours ? »

Il n'était pas rare que des élèves - de première année, surtout - se retrouvent à l'infirmerie parce que l'un de leurs camarades ou eux-mêmes n'avait pas su maîtriser sa magie. C'était normal. Poudlard était justement là pour apprendre aux sorciers à contrôler leur magie : ils ne pouvaient pas forcément savoir le faire avant. D'ailleurs, les récits d'accidents de jeunes sorciers avant Poudlard ne manquaient pas : certains faisaient voler la vaisselle en porcelaine de l'arrière grand-mère, d'autres coloraient le chat en rose, d'autres manquaient de mettre le feu au cabinet de leur médecin...

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10 janv. 2017, 15:29
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Je me demandais pourquoi je me sentais bien. Chacunes de mes relations sociales étaient une douce torture dont j’essayais en vain de m’échapper. Certains de mes compatriotes m’agaçaient en voulant savoir ce qui ne les concernait pas, d’autres m’ennuyaient par la basse qualité de leur parole, d’autres encore m’intéressaient de par leur comportement, mais je me trouvais si gêné face à cette catégorie que je ne souhaitais qu’une chose : fuir. Le peu d’exception que j’avais connu m’avait fait plus de mal que les autres. Kristen Loewy était une nouvelle catégorie. Je me sentais libre de dire tout ce que je souhaitais -ce que je faisais toujours, mais ici point de crainte à avoir- sans qu’elle ne pense quoi que ce soit. Il me semblait qu’elle acceptait mes paroles comme j’acceptais les siennes. Cette conversation ne pouvait être qualifié de “normale”, sinon cela signifierait que j’en avais connu d’autre comme celle-ci, ce qui était loin d’être le cas.
Je posais mon regard sur la femme. Elle me regardait, un petit sourire au lèvre. Naturellement, je laissais mes yeux rencontrer les siens. Deux orbes bleus qui ressortaient sur sa peau pâle. Mon cœur s’emballa, mais je m'efforçais de ne pas trahir le stress que ce regard me procurait. J’écoutais ce qu’elle avait à me dire en observant la teinte de ses yeux.

Elle avait qualifié sa magie d’impitoyable, pourquoi cela ? Une magie impitoyable répondait pour moi aux actions impitoyables de celui qui la manipulait. Cette femme était-elle ainsi ? A présent, il m’était dur d’y croire, mais tout comme j’avais été surprise par notre discussion, je savais que je pouvais être surprise par sa magie. Étrangement, ces mots étaient loin de me faire peur. A vrai dire, elle avait plus encore éveillé ma curiosité, si tant est que cela soit possible. Je voulais voir sa magie à l’oeuvre, comprendre pourquoi elle la qualifiait ainsi.


-Aussi impitoyable que vous pourriez l'être, alors ? Je lui demandais en fixant ses yeux bleus.

Finalement, la magie était ce qu’on était. Si je continuais à faire souffrir, cela signifiait-il qu’en grandissant, ma magie deviendrait une douleur pour les autres ? Ou pour moi même ?
Je soupirais en quittant la Directrice du regard. Celle-ci continuait de parler, et il m’était agréable de me laisser porter par sa voix. Je me rendais compte que j’avais sans cesse hâte qu’elle finisse ses phrases, ainsi je pouvais retourner ses mots dans tous les sens pour les faire mien, me les approprier et lui donner une réponse, qui je le savais, amènerait d’autres questions, de sa part comme de la mienne.
Je fus déçu d’entendre dans ses mots autres choses que la magie. J’avais espéré que nous en restions à cela, que nous parlions de cela des heures durant et que j’apprenne quantité de chose. Mais elle en avait apparemment fini avec ce sujet là. Je plongeais mon regard sur les dalles sombres du château, acceptant d’attendre quelques instants avant de revenir sur le sujet magie.


-J’assume de voir plus loin, mais je me fous du progrès, Miss lui lançais-je.

Elle n’avait pas tort, mais je n’avais jamais pensé comme elle. Finalement, je n’avais jamais réellement songé à ce qui pouvait motiver les gens à être si peu critique, si peu profond. Ils étaient ainsi, c’était tout, et ils étaient inintéressant, se contentant des plaisirs futiles de la vie en dénigrant ceux qui ne le faisait pas. Dans mon cas, je ne mettais pas de filtres sur ce que je pensais et je disais car je ne me rendais pas compte que je parlais comme je pensais. On m’avait souvent reproché de trop parler -avant-, de dire des choses qu’il ne fallait pas, de ne pas respecter les adultes, et autre. Mais me dire que j’avais raison de parler comme je pensais, voilà qui était une première. Kristen Loewy me permettait de voir qu’il existait des adultes qui laissaient les enfants parler comme ils le souhaitaient. Était-ce parce qu’elle n’avait pas d’enfant ? Je ne savais pas si cela était le cas, mais il était difficile d’imaginer une femme si occupé et si critique qu’elle avec un enfant.

C’est le cœur battant d’un nouvel espoir que je relevais les yeux vers elle quand elle prononça le mot “Magie”. J’eu soudainement l’envie de jubiler à l’idée qu’elle m’offre son savoir sur ce sujet passionnant. J’avalais chacun de ses mots avec passion, goûtant la saveur particulière qu’ils avaient. Quand elle termina sa phrase, je restais à la regarder sans bouger, me contentant de réfléchir à ses mots. Ils étaient passionnant mais, comme depuis le début de notre conversation, ils ne m’apportaient pas entière satisfaction. Ils me laissaient un goût particulier dans la bouche :

-Je ne suis pas d’accord.

Et je jubilais plus encore en prononçant ces mots. Je n’appréciais pas de ne pas comprendre la pensée d’un autre, et encore moins de ne pas être d’accord. Car cela signifiait que la compréhension qu’avait l’autre ne m’atteignait pas. Dans ce cas, je prenais un malin plaisir à tout faire pour comprendre pourquoi l’autre pensait ainsi. Je tentais de faire mienne sa pensée, me permettant d'agrandir ce que je pensais croire sur tel ou tel sujet. Oh, de temps à autre la pensée de l’autre était si hermétique que je ne pouvais l’accepter et l’imaginer, mais avec une femme comme Kristen Loewy, je ne savais pas à quoi m’attendre, alors je souhaitais connaître les pensées qui accompagnaient ses mots. Pourquoi ? Pourquoi elle pensait ainsi, pourquoi pensait-elle que le magie se devait d’être contrôlé ? A son âge, il était évident qu’elle connaissait mieux le sujet que moi, ses réponses m’apporteront donc inévitablement des détails.

-Maîtriser la magie revient à la brider, et c’est lorsque je la maîtrise pas qu’elle est la plus phénoménale
. Je parlais d’une voix pleine de vie qui ne m’était pas habituelle. En fait, personne ne la connaissait car personne ne m’intéressait assez pour l’entendre. Il n’y a rien de plus brut que l'instantanée, c’est pour ça que la vérité sort d’une personne quand elle est en colère. Comme la magie se montre dans sa plus belle forme quand on contrôle plus rien…

Je chuchotais cette dernière phrase comme si j’avais moi-même compris quelque chose en la prononçant. A vrai dire, les mots “je te déteste” s’étaient à nouveau imposés dans mon esprit. Ceux-là aussi étaient dû à une colère qui avait permis à la vérité de se faire connaître.
J’eu envie de rire, lorsque Loewy me demanda si j’avais eu des accidents, mais je ne le fit pas. Il n’y avait rien de drôle dans les accidents que j’avais eu avec la magie. Cette dernière, chez moi, avait signé un accord avec ma violence pour la rendre plus… impitoyable encore. Je secouais la tête pour faire disparaître ces pensées qui n’avaient rien d’agréables. Je préférais me concentrer sur la magie, et écouter le point de vue de ma Directrice.


Je me décollais du mur frais pour me rapprocher de la femme. Je me demandais s’il était possible de sentir la magie des autres sans que ceux-ci ne le décide. Comme il était possible de ressentir des frissons dans son corps lorsque la tension dans une pièce était palpable, j’étais persuadé que je le pouvais. Alors c’est discrètement que je tentais de tendre… je ne sais quoi pour parvenir à ressentir la magie qui coulait dans les veines de Kristen Loewy.

-Non, non j’ai pas eu des accidents en cours
, lui dis-je sur un ton lointain, concentrée sur ma tâche, mais je sens que ma magie est aussi sauvage que vous semblez l’être. Je lui souri. Difficile à attraper et à comprendre. Et quand elle sort, c’est là qu’elle est la plus claire.

Toute Poufsouffle que j’étais, je n’avais pourtant pas une once de patience en moi. Alors, frustrée de ne pas “ressentir” Loewy, je soufflais un coup avant de croiser les bras sur ma poitrine. Je n’aimais décidément pas échouer.

-Pourquoi je ne peux pas ressentir votre magie ? Je changeais de sujet au rythme de mes pensées. Finalement, peut-être que Loewy avait raison, je parlais comme je pensais.

Je levais la tête pour permettre à mes yeux d’atteindre ceux de la femme. Elle était grande, et moi je n’étais qu’une enfant. Mais étrangement, avec elle plus qu’avec mes camarades de mon âge et de ma taille, je me sentais d'égale à égale.

10 janv. 2017, 16:18
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Kristen vit clairement que la jeune Poufsouffle était en train de tenter quelque chose. Elle inclina la tête, car elle ne comprenait pas quoi.

Ah. Elle voulait ressentir sa magie ? C’était cela qu’elle essayait de faire ? Bristyle avait dit cela d’un coup, comme contrariée de ne pas être parvenue à faire ce qu’elle voulait. Pour une jeune fille de onze ans, Aelle Bristyle avait une conception très originale de la magie. En fait, Kristen imaginait la magie un peu de la même façon : quelque chose de palpable qui coule dans les veines, comme un fluide que l’on pourrait ressentir.

Il fallait être concentré pour suivre le fil des pensées d’Aelle Bristyle, mais heureusement, Kristen l’était. Elle laissa le regard de la jeune fille attraper le sien et elle expira un petit rire.

« Je ne la laisse pas m’échapper, dit-elle sur le ton de l'évidence. »

Kristen croisa les bras. Il y avait bien un endroit de son corps d’où elle ne pouvait contrôler ses « émanations de magie » : c’était sa main droite, qui était planquée sous le cuir de son gant. Le moindre contact avec cette main était comme un souffle glacé. Le gant permettait de limiter cette sensation – et de cacher l’horreur lapidée de sa peau – mais elle restait bien là. Néanmoins, Kristen ne pouvait pas se permettre de satisfaire l’envie d’une enfant de onze ans en lui faisant ressentir cela. Elle ne comprendrait probablement de quoi il s’agissait vraiment, ce n’était pas le problème, mais ce n’était pas un contact agréable. Il pouvait même être extrêmement gênant, voire dangereux, si le corps et l’esprit de l’autre était trop faible. La directrice ne prendrait pas le risque, c'était inutile.

« Maîtriser la magie n’est pas la brider. Il s’agit de contrôler la magie pour en faire ce que vous voulez. C’est un outil de votre volonté. Si vous ne maîtrisez pas votre magie, ne craignez-vous pas qu’elle prenne les devants ? »

Elle fronça les sourcils et son regard se fit plus sévère. C’est qu’elle parlait en connaissance de cause.

« La magie est fascinante, mais ce n’est pas un jeu. Pourquoi croyez-vous qu’une école si grande que Poudlard a été créée ? Pour s’amuser ? »

Aelle avait l’air d’une petite bombe prête à tout faire exploser. Elle donnait même l’impression de vouloir tout faire exploser, elle semblait penser que ce serait vraiment grandiose. Kristen aurait pu lui assurer que non, ce n’était pas grandiose, de tout faire péter... mais elle ne pouvait pas se permettre de lui dire pourquoi elle pensait ce qu'elle pensait.

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
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10 janv. 2017, 17:44
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Lorsque Kristen Loewy inclina la tête sur le côté, j’eu l’impression de voir un chat qui ne comprenait pas les comportements idiots des humains destinés à le faire réagir. Cependant dans cette situation-ci, je n’avais eu aucun comportement idiot, juste une question sortie de nulle part. Et c’est en observant sérieusement ma directrice que j’entrepris une nouvelle fois de trouver le moyen de ressentir la magie de mon interlocutrice. Je visualisais de toutes mes forces ma magie comme un voile qui se tendait vers Loewy, mais rien n’y faisait, je ne ressentais rien d’autre que la présence de mon propre fluide.
Fort heureusement pour ma frustration montante, Loewy m’offrit son regard en baissant légèrement sa tête et c’est avec un petit rire qu’elle me répondit.


Je levais mon sourcil en écoutant sa réponse, ne comprenant pas réellement l’origine de ce rire et l’évidence que j’entendais dans ses mots. *Elle ne la laisse pas lui échapper ?*. Mais Kristen Loewy restait une sorcière, même si elle contrôlait sa magie, pourquoi je ne ressentais pas ce fait comme je pouvais ressentir la magie qui crépitait dans certains lieux magiques ? C’était une chose connue, les bâtiments sorciers étaient repérables grâce à la magie qui leur était lié, non ? Pour moi, ce devait être ainsi aussi pour les sorciers.
Croisant les bras comme je l’avais fait, la Directrice ne me quitta pas du regard lorsqu’elle mit dit, toujours sur un ton évident que j’avais du mal à comprendre, que contrôler la magie n’était point la brider, mais la transformer en ce que nous souhaitons. Soit… Alors le contrôle était une façon d’améliorer, selon elle ? Etait-ce ainsi qu’elle pensait utiliser toute la potentialité de sa magie ? J’écoutais et je comprenais ce qu’elle me disait, mais je ne partageais pas son avis pour autant. Je venais tout juste de faire mes premiers pas dans le monde la magie, laissant -normalement- la magie accidentelle de l’enfance derrière moi, et je ne pensais pas vouloir la contrôler à ce point.

*En fait*, je me dis après réflexion, *c’est pas que je veux pas contrôler ma magie, c’est juste que je pense que trop de contrôle empêche son épanouissement*. Penser ainsi me fit me rendre compte que je partageais tout compte fait l’avis de la femme sur l’utilisation de la magie, mais pas sur la signification du contrôle.

C’est sur un ton plus sévère cependant qu’elle continua ce qu’elle avait à me dire. Alors je lui lançais un regard éberlué, ne comprenant pas ce ton sans appel. Pendant un instant, je me demandais si ce n’était pas la peur qui la rendait si véhémente dans ses propos. De mon regard étonné, j’observais cette femme qui venait tout juste de se transformer, passant de la femme avec qui je parlais d’égale à égale à la Directrice qui se croyait en devoir de remettre à sa place une enfant qui ne comprenait pas que la magie n’était pas un vulgaire jeu.
C’était ce qu’elle pensait ?


-Vous pensez que je joue avec la magie ? Je vis dedans depuis toujours, je sais que c’est pas un jeu. Je lui offris un sourire ironique en réponse à son ton sévère. Si Poudlard n’a pas été créé pour s’amuser, Miss Loewy, pourquoi les professeurs s’amusent-ils à ne pas nous enseigner la magie comme elle l’est enseignée ailleurs ?

Depuis que Nyakane m’avait fait découvrir ce que pouvait être la magie, je ne cessais de penser que je devais trouver un moyen d’apprendre à l’utiliser de cette manière. Car j’étais persuadé qu’apprendre durant sept ans à canaliser la mienne dans une baguette ne m’aiderait pas à découvrir ce que je souhaitais découvrir.

-En tout cas, Kristen Loewy, je reste persuadé que la magie peut pas être libre de s’épanouir si on la bride avec trop de contrôle. Ou une baguette. Bien sur que je crains qu’elle prenne les devants, et elle l’..., je me tue soudainement, ne souhaitant pas qu’elle sache que sous l’effet de la colère, je perdais tout contrôle. Mais ça m’empêche pas, je repris, de vouloir la libérer un maximum avant de plus être capable de le faire !

J’alpaguais alors son regard, espérant peut-être ainsi lui faire comprendre que de grandes choses pouvaient être faites avec la magie, et que je n’avais nullement l’intention de ne pas en faire.

Finalement, puisque j’avais compris que je ne pourrais ressentir une quelconque once de magie chez cette femme si elle ne le décidait pas -et elle ne le ferait pas-, je m’éloignais d’elle, en profitant ainsi pour faire quelques pas et réfléchir.

-Puisque je suis qu’une enfant, que je contrôle pas encore ma magie, vous pouvez ressentir la mienne ? Je lui demandais sur un ton hésitant, ne sachant pas très bien si la femme était ouverte à d’autres questions.

Seul son départ pourrait provoquer chez moi un arrêt du flot de questions que j’avais en réserve. Mais j’étais tout de même prête à ne pas en poser pour ne pas faire fuir cette femme qui, malgré son caractère sûrement difficile, pourrait m’apporter beaucoup de réponse.

10 janv. 2017, 19:41
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Kristen soupira et ses épaules s’affaissèrent. Comment lui faire comprendre ? Et qu’entendait-elle par « ailleurs » ? Il y a quelques temps, une sorcière africaine du nom d’Erza Nyakane avait séjourné à Poudlard. Elle avait fait quelques démonstrations de sa magie aux élèves ; une magie qui ne ressemblait en rien à celle qui était enseignée ici, à Poudlard, ni même dans cette partie de l’Europe. Mais la magie de là-bas et celle d’ici ne pouvaient être tout à fait compatibles, il fallait se contenter d’en tirer théoriquement le meilleur.

Elle ne releva pas le fait que la petite élève l’ait appelée tout entier « Kristen Loewy », ce qui était très bizarre. Elle remarqua que la Première Année s’était tue, s’empêchant de dire quelque chose qu’elle aurait peut-être regretté, mais elle décida de ne pas relever non plus.

« Non, je ne la ressens pas. »

Elle ne faisait pas beaucoup d’effort, certes, mais il fallait surtout admettre qu’une si jeune élève n’avait pas une très grande aura magique non plus. Elle préféra ne pas le lui dire, donc elle se contenta de répondre le minimum. Finalement, elle réagit à l'avis de la petite fille :

« Mademoiselle, il n’a jamais été question de laisser la magie… s’épanouir. »

Elle réfléchit quelques instants. Avait-eu déjà eu l’idée de laisser une épée s’épanouir ?

« Toutes les magies du monde sont sous contrôle, d’une façon ou d’une autre. Dans certaines cultures, la magie passe par le filtre de la baguette… Dans d’autres, il s’agit de bijoux, de signes tracés au sol, de tatouages sur la peau… »

Kristen fit une pause. Elle en était presque à dispenser un cours. Ce sujet l'avait passionnée - et la passionnait encore. Lorsqu'elle avait vu Erza Nyakane pour la première fois, elle avait d'ailleurs reconnu la provenance de sa magie, et en y réfléchissant un peu plus, elle avait même reconnu dans ses tatouages le signe d'une magie terrestre.

« S’il n’y avait pas ces moyens de contrôler la magie, eh bien… Celle-ci deviendrait incontrôlable, justement. Toutes les formes de magie peuvent être dangereuses ; et on n’a jamais eu l’idée de laisser quelque chose qui peut être dangereux faire sa vie sans surveillance. Libérer la magie ne vous apporterait rien. Je dirais même que ce n'est pas fait pour. »

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10 janv. 2017, 21:36
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Le soupir de la directrice m’effraya. Je lui jetais un regard à la dérobé, continuant à fouler les pierres avec mes bottines noires. En avait-elle assez de mes questions ? Ou alors trouvait-elle que ce que je disais n’avait pas de sens ? Je pouvais comprendre la première raison, mais s’il s’avérait que la deuxième était celle qui créait ce comportement, j’en serais fort déçu. Je ne parlais pas si j’étais persuadé de tout ce que je disais, cela n’aurait aucun sens. Je parlais pour partager un point de vue et avoir celui d’une autre personne. Loewy m’avait déjà offert son point de vue concernant l’Ombre de la Mort. Cela était-il suffisant ? Pas pour moi. Était-elle incapable de me donner plus ?
Pleine de doutes, et quelque peu effrayée que la femme s’en aille sans demander son reste, j’écoutais ce qu’elle avait à me dire.


Et c’est avec déception que je l’entendis me dire qu’elle ne ressentait pas ma magie. Le cœur battant, je me demandais si cela signifiait que mon niveau était trop bas pour être perçu par une sorcière de bon niveau. Ou alors peut-être avais-je un don pour cacher ma magie aux yeux de tous. Que cela me permettrait d’accéder à l’enseignement des meilleurs sorciers de Grande-Bretagne et d’ailleurs, peut-être que… Mes rêves m’échappèrent bien vite, puisque je mis rapidement le doigt sur l’élément clé de la phrase de la femme. Elle n’avait rien pu ressentir. Cela signifiait clairement qu’elle avait essayé de ressentir ma magie ! Mais comment, pourquoi, de quelle manière ?

-Comment est-ce que v...

Sans le vouloir, la femme ne me laissa pas parler, toute entière occupée à me donner une réponse adéquate sur la magie. Je me tournais vers elle pour être persuadé de ne laisser s’échapper aucun mot. Toujours aussi droite dans ses habits sombres, elle parlait avec passion. Elle m’expliqua que chaque magie était faite pour être canalisée, que c’est en cela que la magie était utilisable.
Alors que je la regardais parler, je me dis que j’aurais drôlement aimé avoir dix ans de plus, afin de pouvoir tenir avec elle une conversation pendant des heures sur tous les sujets imaginables. J’étais persuadé que cette femme avait des éléments à amener sur chacun de mes questionnements. Et ce n’était pas sa froideur ou son comportement distant qui m’aurait empêché d’échanger mon point de vue avec cette femme aussi passionnante qu’effrayante.


La vision d’une Aelle âgée d’une vingtaine d’année discutant avec passion et sans barrières avec Kristen Loewy disparu en même temps que s’acheva le discours de la femme. Sans un mot, je la regardais. J’étais subjugué.
Alors que mon corps ne faisait plus aucun mouvement, mon esprit, lui, s’emballait à toute vitesse. Il retournait dans tous les sens les mots de la femme pour être sûr que la conclusion à laquelle il était arrivé était la bonne. Je laissais les secondes se transformer en minutes. Finalement, après avoir tant cherché une autre conclusion que celle que j’avais, je dû me résoudre à l’évidence, et elle était plus que logique. Ainsi donc, la magie était canalisée grâce ces moyens variés.
Je sortais ma baguette pour l’observer. Je n’avais pas vu les choses sous cet angle, mais avec la vision de Miss Loewy, je comprenais mieux ce qu’elle me disait. Oui, je comprenais bien mieux mais… Ce n’était pas pour autant un frein à mes envies.


Je jetais un regard trouble à Kristen Loewy. J’ouvrais la bouche pour parler puis la referma aussitôt. Cette compréhension qu’elle m’avait apporté me laissait dans un état hors du temps. Cela était souvent le cas, lorsque je comprenais soudainement une chose d’important pour moi. Et Merlin seul savait à quel point la magie m’était importante.

Ressentant soudainement le besoin de mettre mon corps au repos, j’avalais en quelque pas la distance qui me séparait du tableau et m’assis sous celui-ci. Le sol était frais, mais c’était agréable. Ainsi, il était plus simple de réfléchir. Je pouvais laisser mon regard se perdre dans le ciel hivernal et même dans les yeux de Loewy, si je le souhaitais.
Je pris une grande respiration, prête à offrir mon nouveau point de vue à la femme.


-Je comprends. C’est incroyable de partager votre point de vue, je lui dis avec une voix joyeuse d’enfant.

Je regardais par la fenêtre pour essayer de formuler une phrase claire dans mon esprit.

-Donc, ces… objets, les baguettes, les bijoux, et même les tatouages de Nyakane, permettent un contrôle de la magie afin de l’utiliser…

Sans le vouloir, Loewy m’avait permis de comprendre la raison de la présence des tatouages de Nyakane. Cela était une chose qui m’avait beaucoup questionné, et j’étais heureuse d’avoir ces éléments. Je pourrais désormais cibler plus encore mes recherches sur la jeune africaine.
Je revenais sur les mots de la Directrice. “Ce n’est pas fait pour”, elle avait dit. Ces mots me dérangeaient. La magie n’était pas présente pour une quelconque raison, elle était là, tout simplement.


-Vous me permettez de vous poser une question plus précise. Comment je pourrais en venir à utiliser mon propre corps comme pour contrôler la magie ?

Je m'installais en tailleurs sur le sol dur de Poudlard, me penchant légèrement en avant, peut-être pour donner du poids à mes mots. Je sentais la passion m’empoigner le cœur et me faire parler.

-Je veux dire, je peux aussi contrôler cette magie, tout comme vous le pouvez ! Nyakane utilise ses tatouages, ce qui se rapproche plus du corps que notre baguette. Je lui montrais le morceau de bois, prenant le temps de l’observer aussi. Je comprends que la magie doit être contrôlé… Enfin, je comprends votre point de vue sur ça mais…

Je fronçais les sourcils, intensément concentré pour parvenir à exposer clairement ma façon de penser. L’adulte l’avait si bien fait que je craignais qu’elle ne se contente pas de ma réponse enfantine.
Je regardais la directrice.


-Ce que je veux dire, Miss, c’est que ce contrôle doit pouvoir être exercé par le corps même de celui qui utilise sa magie. Plus de baguettes, plus de bijoux, de runes, de signes, de tatouages… Non, juste un corps pour contrôler la magie. Et l’utiliser. Ça devrait être possible, si on s’en tient à votre logique qui dit que la magie doit être contrôlé par n’importe quel moyen pour être utilisé.

Je respirais alors, n’ayant pas pris conscience que j’avais parlé sans reprendre mon souffle. Mes yeux cherchaient ceux de la femme, mon cœur battait rapidement dans ma poitrine. J’espérais que j’avais été compréhensible, mais surtout, je gardais le fol espoir que la femme ne se moque pas de moi. J’avais été élevé avec une vision particulière et très ouverte de la magie, mais j’avais conscience d’avoir pris mes libertés sur l’enseignement de mes parents, et l’opinion que j’avais dorénavant ne convenait pas à tout le monde. Loewy m’avait prouvé qu’elle n’était pas d’accord avec moi, je sentais dans ses mots qu’elle pensait que j’avais entièrement tort. Et si je l’écoutais et je la comprenais, je n’abandonnerais jamais l’idée première de la magie que je m’étais faite avant d’avoir une preuve concrète que celle-ci n’était pas observable. Je ne laisserais rien ni personne m’empêcher de trouver mes réponse par moi-même.