Pour se donner une contenance, Amy reprit son verre entre ses doigts et commeça à boire une autre gorgée lorsque la réponse du sorcier parvint à ses oreilles. En entendant ses paroles à propos de l'assassinat du ministre britannique, la rousse faillit recracher son cocktail sur le bar et eut une quinte de toux après avoir avalé tout rond sa gorgée. Ainsi donc, il insinuait que la mort du ministre avait été une bonne chose pour l'Angleterre. Sans plus attendre, et juste après que Damyanov ait demandé si les deux femmes connaissaient quelqu'un qui pourrait le renseigner, elle répondit.

"Je vous demande pardon ? Comment ça "l'assassinat de votre ministre en est la preuve" ? Vous insinuez qu'il n'était pas blanc comme neige ?"

Amy avait une idée en tête, idée un peu spéciale mais qui pourrait marcher. Néanmoins, elle espérait que Sara aurait le même genre d'idée et qu'elle proposerait un compromis au sorcier bulgare.

Sara écoutait attentivement chaque parole de l'homme qui se trouvait en face d'elle. Ce qu'il disait n'avait pour elle aucun sens. Elle se doutait bien qu'Arseni Stoyanov n'était pas l'homme le plus saint de l'Angleterre, mais pourquoi parlait-il de lui de cette façon ? Il était clair qu'il semblait en savoir beaucoup, et cela intéressait la patronne du Chaudron. Suite aux paroles de la rouquine, Sara enchaîna donc, ne laissant pas le temps à son client de placer ne serait-ce qu'un mot.

« Bien. Nous vous aiderons à trouver vos soeurs. Si elles sont si importantes. »

Sara jeta un coup d'oeil à Amy, avant de parler à nouveau.

« En échange... Vous nous parlerez de notre Ministre. Enfin, de l'ancien. En quoi était-ce une bonne chose, la mort d'Arseni Stoyanov ? Ou plutôt, son assassinat. »

Le sorcier bulgare n'avait pas du tout répondu à la proposition de Sara, et Amy se renfrogna. Elle lui lança même un regard noir lorsqu'un rire lui échappa, un rire plutôt jaune et qui n'était pas à vocation amusante. Damyanov expliqua, après avoir fait savoir que les anglais ne saisissaient pas les sous-entendus, que "les recoins du ministère n'avaient pas été nettoyés". Au fur et à mesure de ses explications, une lumière vient s'allumer dans le cerveau d'Amy.

Leur interlocuteur semblait insinuer que des Mangemorts étaient infiltrés au Ministère ? Ou alors peut-être pas des Mangemorts mais des personnes aux idées très éloignées de celles de sorciers lambda. Amy fit tourner son verre entre ses doigts, entendant à peine la dernière phrase de Damyanov. Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier pour la communauté sorcière, si le sorcier bulgare confirmait ce qu'Amy allait lui demander.

"Est-ce que... Elle déglutit difficilement. Vous insinuez que..."

Comment pouvait-elle finir cette phrase ? Si elle prononçait le mot "Mangemort" dans l'enceinte du Chaudron, elle était à peu près sûre que les autres clients l'entendraient, et ce n'était pas ce qu'elle voulait. Amy lança un petit regard à Sara, espérant que cette dernière pourrait compléter la question de son amie.

Sara écoutait attentivement les nouvelles paroles de Damyanov et tiqua lorsque celui-ci affirma que les Britanniques ne savaient pas comprendre les sous-entendus. Levant les sourcils, Sara s'était sur le coup fait la remarque que s'il en était tant persuadé, il aurait pu faire en sorte de ne pas en faire. Préférant ne rien dire à ce propos, elle écouta la suite. Tout cela devenait de plus en plus intéressant, mais ses responsabilités de serveuse l'amenèrent à servir l'homme en face d'elle.

En bonne serveuse qu'elle était, Sara ramassa donc les quelques pièces que venait de déposer l'homme sur le comptoir, avant d'aller lui chercher sa commande. Pressée de revenir pour ne rien rater de la conversation actuelle, elle revint aussi vite que possible et déposa le verre d'hydromel devant ce dernier.

Revenant où ils en étaient, elle arriva au moment où Amy ouvrait la bouche pour parler. Cette dernière ne voulait sans doute pas effrayer les personnes qui se trouvaient autour, et cela se comprenait. Vu comment partait la discussion, la patronne du Chaudron comprenait bien où elle voulait en venir. Aussi, elle chuchota lorsqu'elle tenta de finir la phrase de son amie :

« ... Que les forces du mal -les mangemorts- sont de nouveau présentes ? »

Tout devenait de plus en plus étrange, notamment cet homme qui était arrivé et qui avait alors commencé à semer le trouble dans l'esprit de la jeune femme. Il était clair qu'il semblait sûr de ce qu'il disait, et bien que Sara avait du mal à accepter tout ça, une part d'elle se demandait quand même si tout cela était vrai. Elle n'était pas idiote, elle savait que personne n'était tout blanc, ni tout noir, d'ailleurs. Il était même presque impossible de citer ne serait-ce qu'une seule personne -haut placée, du moins- n'ayant rien à se reprocher. Mais de là à penser qu'Arseni Stoyanov faisait partie de ces gens un peu trop... Noirs, ne la rassurait pas vraiment. Pire, se dire que des membres du Ministère n'avaient pas de bonnes intentions... Ils vivaient dans un monde de fous. Les pensées de Sara furent d'autant plus chamboulées lorsque Damyanov leur annonça discrètement que le Ministre Français était un des leurs. Ses yeux s'écarquillèrent, et la jeune femme observa un instant son amie, avant de reporter son attention vers l'homme :

« J'imagine que vous avez des... preuves ? »

Elle se tût un instant, puis reprit :

« Nous ne pouvons plus faire confiance à personne, à ce que je vois. »

Cette dernière phrase était plus pour elle-même qu'autre chose. Malgré toutes les choses que l'homme avait raconté, Sara n'avait pas pensé une seule fois à se méfier. Peut-être était-il temps ?

Les révélations de Damyanov sur le ministre de la magie française surprirent légèrement Amy. En fait, cela ne l'étonnait pas vraiment. Ce type semblait excrécrable et n'avait pas un bon fond. Maintenant, cela était avéré.
Elle entendit Sara et approuva d'un petit signe de tête sa dernière phrase. Il fallait à présent se méfier de tout le monde. Damyanov annonça ensuite qu'il les quittait, ayant ses soeurs à rechercher. Il les salua et commença à partir. Amy fut soudain prise d'une pulsion. Elle descendit de son tabouret de bar, sauta sur le sol et se rua vers le sorcier bulgare. Elle posa sa main sur son épaule et une fois qu'elle eut de nouveau son attention, prit la parole.

"Attendez. Je pense que nous connaissons quelqu'un qui pourrait peut-être vous aider dans votre recherche".

Restait maintenant à savoir si Damyanov allait accepter l'aide des deux femmes et si oui, comment Amy allait-elle pouvoir expliquer l'histoire à la personne à qui elle pensait ?