Solenn entra dans la volière, une lettre à la main. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas envoyé de lettre à sa mère, et la chaleur des mots lui manquaient. C'était surtout des mots en français qu'elle avait besoin de voir. Depuis ce matin, elle était de mauvaise humeur. Rien ni personne n'avait réussi à la faire rire, et de plus, elle ne savait pas pourquoi, ce qui l'agaçait au plus au point. Ses cheveux étaient complètement ébouriffés, à l'image de sa tête, et cela lui faisait ressembler à un lion. Enragé. Elle mit du temps à trouver sa chouette, Ufli, qui s'était caché pour continuer de manger.

-Ufli, sors de là, sale bête !

Ce qui, bien sûr, n'aida pas la chouette à trouver la motivation de transporter cette lettre jusqu'en France. Normalement, Solenn adorait sa chouette, qu'elle avait depuis peu de temps. Elle aimait s'occuper d'elle, et la câliner. Mais aujourd'hui, Ufli pouvait attendre si elle voulait des caresses. Au bout de plusieurs longues minutes, elle sortit de sa cachette et vint se poser à côté de la Serpentarde.

-Enfin, c'est pas trop tôt !

Solenn accrocha nerveusement sa lettre sur la patte de l'animal, qui, sentant la tension, n'arrêtait pas de bouger en battant des ailes. Solenn pesta encore une ou deux minutes et la chouette put enfin s'envoler dans les nuages, très bas aujourd'hui. Solenn regarda un peu son animal puis se retourna vivement, avec la hâte d'aller retrouver son lit. Soudain, elle percuta de plein fouet quelqu'un, et sa tête frappa contre la poitrine de l'inconnu. Elle tomba sur le postérieur, et releva la tête. Un garçon aux cheveux noir la regardait. Il semblait être de Serpentard, vu la cravate qu'il abordait. La Serpentarde, qui était déjà énervée, sentit son sang bouillir dans ses veines. Lorsqu'elle était énervée, elle n'était plus timide, comme si elle se changeait en une créature montreuse le temps de quelques secondes. Dans ces moments-là, elle oubliait la rougeur sur ses joues et tous ses complexes et ne faisait que s'énerver au plus haut point. La petite rousse regarda le garçon en levant la tête et grogna :

-Tu pouvais pas faire attention ?

Comme à son habitude, Isaac marchait sans regarder où il allait, et comme à son habitude, il se retrouva tout en haut du château mais cette fois-ci à la volière. Il n'avait jamais fais attention mais la volière était magnifique, tous ces hiboux voletant un peu partout au dessus de sa tête, et le calme... Seuls les hululements venaient briser ce silence et cette solitude qu'Isaac estimait avoir bien mérité, en effet après avoir passé sa journée dans des cours éreintants comme la défense contre les forces du mal avec toutes les cours pratiques et les régulières explosions du cours de potions, il n'aspirait qu'à la tranquillité et a la solitu...



Une jeune fille rousse aux yeux bleus l'avait percuté et était tombé à la renverse, il l'a regarda, elle était de Serpentard, il l'avait déja vue dans la salle commune. Mais là elle avait l'air franchement irritée, lui aussi d’ailleurs était irrité, c'était la troisième fois qu'il se prenait quelque chose ou quelqu'un en moins d'une semaine. Elle interrompit brusquement le fil de ses pensées en lui disant :


Cette phrase eu le don de l'irriter encore un peu plus, il lui répondit brusquement :

"T'avais qu'a regarder où tu allait, on est pas chez toi ici !"

Il y été allé un peu trop fort pour une bousculade, et en plus c'était quoi cette réplique de très bas niveau, il aurait pu faire mieux, mais il était trop tard de toute façon.

Solenn massa sa tête, légèrement endolori par le choc. Cette douleur, si petite soit-elle, la rendait encore plus furieuse et elle en avait de plus en plus marre de ce garçon. Solenn, pour la première fois, n'aimait pas quelqu'un juste de vue. C'était tout nouveau pour elle, ces sentiments que l'on ressent lorsque l'on n'aime pas quelqu'un. Elle fronça alors encore plus les sourcils lorsqu'il lui répondit :

-T'avais qu'a regarder où tu allais, on est pas chez toi ici !

Solenn ouvrit la bouche d'indignation. Il voulait le jouer comme ça ? Elle voyait bien qu'il n'avait pas envie d'être gentil, comme elle d'ailleurs, et cela tombait très, très bien. Alors elle sourit d'un air moqueur et dit :

-Tu te prends pour qui pour me dire ça ? C'est pas parce que t'es grand qu'il faut te croire au-dessus des autres.

Ce n'était pas le genre de Solenn de s'énerver comme cela. D'habitude, même si elle était énervé, elle ne disait rien, ou, dans les pires situations, elle s'énervait, mais doucement. Aujourd'hui, elle avait envie de s'énerver et de balancer des méchancetés à tous le monde. Elle s'était forcé de ne pas le faire pendant la journée, mais ce garçon lui avait fait péter un câble. Et là, elle n'allait pas s'empêcher de parler. Toute sa timidité avait disparu, en voyant le regard du garçon, qui lui aussi n'avait pas l'air d'aimer Solenn, qui lui rendait très bien ce sentiment. Toute la fatigue qu'elle avait ressenti, avait disparu, remplacé par de l'adrénaline, quelque chose qu'elle n'avait jamais vraiment ressenti. C'était une fille normalement très calme qui détestait tout ce qui pouvait faire peur ou qui sortait de ses petites habitudes. Mais maintenant, loin de tout ce qui la rattache à son ancienne vie,sa mère, son père défunt, sa France, sa maison, son jardin, sa chambre si douce et si agréable, pourquoi ne pas expérimenter de nouvelles choses ? Elle n'avait jamais eu d'ennemis avant, ou alors juste des personnes qui ne l'aimaient pas, mais ce n'était pas obligatoirement réciproque. Contrairement à toutes les personnes qui n'aiment pas les gens qui sont populaires, ou qui font tout pour l'être, Solenn avait toujours essayé de voir le bon en quelqu'un, même si c'est très compliqué.

Son indignation était palpable, si on pouvait tuer d'un regard, Isaac serait probablement souffrant à l'heure qu'il est. Ce n'était pas son genre de parler comme ça sans aucune raison valable, mais après avoir dit ça, il se sentait mieux, comme si il se retenait de parler mal depuis trop longtemps, c'était grisant de voir cette l'indignation. Elle ouvrit la bouche pour répondre et dit :



Elle lui avait laissé une opportunité de répondre, lui qui n'avait aucun sens de la répartie pouvait lui rabattre son clapet. Il sourit... Et il lui répondit d'un ton mielleux :

"Mais ma chère, tu me surestime, c'est pas moi qui suis grand, c'est toi qui est beaucoup trop petite."

Encore ce sentiment, il trouvait ça presque drôle de la rabaisser comme ça, il ne devrait pas mais là, il n'en avait rien mais alors rien à faire. Il se demandait qu'est-ce qui avait pu provoquer cette dispute, elle l'a bousculé, et lui avait sorti une phrase méchante presque sans le faire exprès, c'était puéril. Il aurait dû s'excuser, l'aider à se relever; mais à la place il l'a laissée par terre et tente même de la rabaisser. Elle n'avait surement rien demandé, elle avait surement eu une journée difficile aussi, mais de toute façon c'était trop tard et il continuera à la rabaisser parce que ça fait du bien de relâcher la pression de cette manière.

Le garçon sourit d'une façon un peu trop moqueuse au goût de Solenn, qui sentait qu'elle allait bientôt craquer à se retenir comme cela. Elle aurait aimé avoir des fusils à la place de ses yeux, pour qu'il puisse arrêter de l'embêter. Mais il était toujours là, à prendre toute la place possible. Il lui répondit alors de façon insultante, toujours avec ce petit sourire que Solenn rêvait de voir disparaître :

-Mais ma chère, tu me surestime, c'est pas moi qui suis grand, c'est toi qui est beaucoup trop petite.

*Quelle réponse de bas étage, Môsieur ! Euh... Je suis désolé, mais toi c'est pas mieux, Solenn...* Elle fit taire la petite voix dans sa tête, toujours aussi présente malheuresement, et qui, dans les moments comme cela, ne l'aidait pas vraiment. Sa petite voix était comme une autre personne, toujours là à souligner ses mauvaises erreurs. Elle avait un diable mais pas d'ange dans son petit cerveau. Elle savait quoi répondre et n'allait pas attendre pour le faire redescendre sur terre. Il était sûr de lui, et Solenn voulait lui montrer que non, elle n'était pas qu'une petite fille juste bonne à jouer à la poupée. Il se sentait déjà vainqueur de cette bataille verbale, mais Solenn n'allait pas s'avouer perdante, loin de là. Elle le regarda d'un air méprisable, laissa échapper un petit rire et répondit :

-Je pense que je préfère être petite, que grand et bête, désolé.

*C'est bien ce que je disais, tu es nulle pour ça !* La petite voix n'avait pas vraiment tort, mais Solenn voulait juste boucler le clapet à ce garçon trop insultant à son goût. Et passer ses nerfs sur quelqu'un est tellement agréable ! Elle aimait beaucoup s'énerver sur quelqu'un autre que elle. Parce que tout les jours à se détester était une activité éprouvante. Passer ses journées à se trouver nulle, trop timide, bête, trop quelque chose... Solenn le faisait tout le temps, et elle en avait marre. Mais maintenant elle n'arrivait plus à s'arrêter ! Elle savait que beaucoup de personnes étaient dans son cas, mais comme tous les autres, dans ses pires moments, elle se sentait seule au monde à porter ce fardeau. Mais tout de suite, elle ne devait pas montrer ses faiblesses, elle devait passer pour une fille indestructible.

Il attendait sa réaction, il voulait voir si sa remarque avait fait effet. Sinon, il allait devoir changer de tactique, parce que ça commençait à tourner en rond. Apparemment non, vu qu'elle ricana et répondit :


Comme il s'en doutait, une joute verbale entre eux deux risquaient d'être très longue si ça continuait comme ça. Il décida donc de changer de tactique, il allait jouer sur les sentiments. Il l'avait souvent vu trainer..., longuement, avec un Gryffondor, comment s'appelait-il déjà... Ryan Mitchelli, c'est vrai. Mais un jour alors qu'il faisait une de ses habituelles promenades nocturnes il l'avait vu avec une autre Gryffondor, Mad Mal. Il les a vu quand Ryan commençait a lui embrasser le cou, il est vite parti avant que quelqu'un ne le trouve. Il savait maintenant quoi faire de cette information. Son sourire ne s'en fut que plus goguenard, il ne savait pas comment lui annoncer la (bonne ?) nouvelle, mais ça ne sera surement pas avec tact.

"Tu connais Ryan Mitchelli ? Je l'ai vu avec une certaine Mad Mal, ils avait l'air... disons ... fusionnels."

Devant sa réaction il continua :

"Ah, apparemment tu le connaissait... assez bien toi aussi, je savais pas, désolé."

Tout en ayant un sourire qui indiquait tout le contraire. C'était bas, très bas, de jouer sur les sentiments, mais fallait qu'il gagne. il ne supporterait pas qu'elle se montre plus éloquente, alors il l'a sapé aux fondations. Enfin il espère, sinon il ne pourra pas allez bien plus loin dans se combat. Il avait joué sa meilleure carte...

Après sa réponse, le garçon se mit à réfléchir. Solenn était assez sûre d'elle, elle avait repris confiance en elle, et pensait que rien ne pouvait l'ébranler. Soudain, son nouvel ennemi se mit à sourire. Il semblait très très fier de lui. Solenn se croyait déjà le vainqueur de cette joute verbale. Qu'aurait-il pu dire de plus qui puisse l'ébranler autant ? Il s'avança alors, et lui demanda doucement :

-Tu connais Ryan Mitchelli ? Je l'ai vu avec une certaine Mad Mal, ils avait l'air... disons ... fusionnels.

Le coeur de Solenn manqua un battement. Ryan ? Ça n'était pas possible. Le Serpentard mentait sûrement. Mais il avait l'air tellement sûr de lui, comme si il avait gagné la partie. Solenn ne pensait même plus à leurs différents. Elle ne pensait qu'au garçon en qui elle avait mis tant d'espoir. Peut-être qu'elle était allé trop vite, il ne se connaissait pas depuis beaucoup de temps. Mais pour elle, cela faisait une éternité. Et de plus, les mots qu'il avait prononcé, les compliments, toutes ces petites attentions. Rien ? Du vent ? Il avait pourtant l'air si amoureux... Solenn ne comprenait plus rien. Est-ce que son premier amour n'était que tromperie et mensonge ? La rousse restait sans bouger, la bouche entrouverte, comme une statue. Le garçon en face d'elle remua encore une fois le couteau dans la plaie, déjà à vif.

-Ah, apparemment tu le connaissait... assez bien toi aussi, je savais pas, désolé.

Solenn leva ses yeux emplis de larmes vers le regard du garçon. Elle n'avait plus envie de l'insulter, juste de partir loin, loin de toute civilisation. En Alaska, en Mongolie, un endroit où personne ne pourrait la trouver. *Suis-je maudite ? Mon père, Ryan... Il ne m'arrive que des malheurs à cause de toute cette foutue magie * Le cerveau embrumé par la rage, Solenn se mit à détester Poudlard, à détester qu'un monde comme celui-ci existe. Son existence avant tout cela était si paisible, et il avait fallu qu'on vienne faire éclater sa bulle où elle vivait, enfant, avec ses deux parents à ses côtés. Elle poussa violemment le Serpentard et descendit les escaliers en pleurant. Les larmes lui brouillant la vue, elle tomba plusieurs fois, mais se releva, toujours hoquetant, en boitillant. Elle tomba sur son lit, les larmes tombant de plus belle, maudissant tout le monde.

Il était satisfait de sa réplique, très satisfait et il attendait la suite. Mais elle ne vient pas. Quand il vit les larmes et la tristesse apparaitre sur son visage si énervé que quelque secondes auparavant, il commença à douter. Puis quand elle le poussa violemment, il regretta franchement tout ce qu'il avait dit depuis le début. Après tout, c'était de sa faute, il l'avait insulté juste pour le plaisir. C'était idiot, ils auraient même pu devenir ami, mais non, lui et son éclair d'arrogance. Ce n'était pas du tout dans ses habitudes, elle allait maintenant avoir la pire image possible sur lui et s'empressera de la montrer à qui passera devant elle, déjà qu'il n'avait pas beaucoup voir aucun ami... Et puis c'est quoi ces pensées, on pourrait croire qu'il ne pense qu'a lui, il en ferait des cauchemars de cette rencontre.

Il entendit distinctement la jeune fille qui s'appelle Solenn, il s'en souvenait maintenant, tomber dans les escaliers. il courut vers elle pour l'aider, elle est peut-être blessée, par sa faute en plus, il ne s'en remettrait pas. Mais, arrivé en bas, il ne trouva la trace de personne, c'est comme s'il ne c'était rien passé.

Il soupira, l'air las, il ne se dirigea pas tout de suite vers la salle commune, il préféra faire un détour de peur de la croiser. Il préférait croiser un préfet ou même pire, un professeur, que de la recroiser. Mais aussi long que fut son détour, il finit par revenir à la salle commune. Il rentra mais, à son grand soulagement, il ne vit personne. La montée jusqu'au dortoir fut longue, parsemée de pensées toutes plus triste les unes que les autres. Il ne savait pas si sa réaction était disproportionnée mais ce qu'il savait c'est que la vue de cette fille en pleurs jetait en lui un voile sombre de remords et de regrets.