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23 oct. 2019, 08:22
Accord Mineur  LIBRE 
Dans mon dos, deux monstres me mordaient jusqu’aux larmes. Des larmes qui ne coulaient pas, plus. Je ne voyais plus rien à part mon cœur troué, Orbe de cœur cassé. Tout disparaissait, et je ne retenais plus rien, tétanisée, j’attendais. Je sortais de mon corps, mon intérieur était trop piquant. Flippant. Une éternité passait, et une seconde s’écoulait. J’étais dehors ; de moi. Et je ne voulais plus rentrer. Fermer la porte, ne plus l’entrebâiller. Je n’étais pas assez forte pour retenir l’embrasure. La fermer sans clef, sans ouverture, sans porte. Poser un mur sur ma peau, et laisser les secondes se coucher, pourrir. *’Dieu…*. Je changeais, et je le sentais. Je me sentais ; pendant que les deux monstres dans mon dos s’articulaient.
Enfin.

Je pouvais les regarder avec ma peau, Ses monstres. Je pouvais la contempler avec Sa peau, ma honte. Je sentais les deux boules de feu qui me cramaient les joues. L’envie de disparaître me tordait le bide, mais je ne voulais pas m’en aller. Pas maintenant. *Lâche-moi !*. Je devais d’abord la frapper. *Bordel !*. Je gonflais, et mon poing se serrait si fort. Je sentais Ses doigts plantés dans mon dos, dans ma peau. Elle trifouillait mon corps sans autorisation, et si lentement. Comme un mouvement d’algues, ses ongles crissaient au ralenti sur moi ; ou c’était sa peau ? *Je…*. Aucune importance ! Elle me touchait, et je ne voulais pas !

Une tornade d’oxygène m’explosa dans la gorge, durement, sans prévenir. « Han… ». Je clignais des yeux, mais je ne voyais plus rien. Des milliers de points noirs dansaient, me narguaient la gueule. J’expirais de toutes mes forces, et ma gorge hurla de douleur. J’avais arrêté de respirer ! Harmonie m’avait coupé la respiration. *C'EST LES ORBES !*. TA GUEULE !

Les muscles de mon dos se tendirent, mes genoux frissonnaient de douleur et mon crâne tremblait d’asphyxie. Tout mon corps se réveillait, j’avais dormi trop longtemps. J’étais aveugle. *’vois rien !*. Les points noirs commençaient à disparaître. J’entendais ma respiration trop forte, et je sentais mon visage tordu. Qu’est-ce que je foutais ?
Entre les points sombres, je vis une blancheur éclatante. Brillante. Dure. Ma respiration était saccadée, elle revenait bien trop lentement à la normale. *C’te peau…*. Elle était juste en face de mes yeux, la beauté de Ses perles me fissurait le crâne. Je ne savais plus si je voulais la frapper ; mais mon poing était toujours aussi serré. Brisé.
Je ne gonflais plus, j’étais déjà trop gonflée, mais je ne sentais rien ; comme si mon corps était une autre personne. Tout ce qui m’intéressait en ce moment était cette peau trop dure, trop parfaite.
*Oh !*. Mes yeux se plissèrent. Je venais de remarquer la disparition de tous les points noirs. Il n’en restait plus un seul ! Ils s’étaient tous cassés pour ne laisser que des points blancs. Blancs. *Blanche*. Pourquoi fallait-elle qu’Elle soit si belle ?

Mon visage avança inconsciemment avant de se bloquer. *Solwen Estendle*. Ma tête avait suivi son mouvement de recul, et mon poing droit se décrispa instantanément.
Je n’avais plus envie de la frapper ; face à son Entièreté. Les genoux plantés dans la roche, je ne la regardais pas dans les yeux. Non. La peau de sa joue remplissait toute ma vision, je n’arrivais pas à regarder autre-part. Je me rendais compte que mes deux bras barraient la poitrine ; je n’avais pas senti mes mains depuis si longtemps. À l’instant même où j’allais déplacer mes bras, la blancheur de Solwen disparut. *Où… Où ?*. Sans réfléchir, je me jetais sur son regard ; et je sentis ma nuque craquer. *Saphir*. Mais pourquoi fallait-elle qu’Elle soit si belle ?!
Elle se releva, s’éloigna de moi.

Elle était si grande, j’étais si petite. Mes doigts se plantèrent dans mes épaules, je sentis ma peau se froisser. Et je ne fis rien de plus. Je La regardais. J’attendais, je ne voulais plus parler, ni la faire parler. Je voulais juste la regarder jusqu’à en crever. Sa peau tellement blanche, son regard si bleu, ses cheveux tant sombres. J’aimais vraiment la regarder, Elle. C’était tout ce que je voulais, d’Elle.

Son corps bougeait, et mon regard valsait de la même façon. Je suivais chaque mouvement de son Saphir. Haut. Bas. Recommencer. Arrêt. Elle était juste en face de moi, et ses yeux ne venaient pas dans les miens. Elle me frôlait de son regard à chaque fois sans venir jusqu’à moi. *Parfait*. Je n’allais pas la frapper, j’en étais certaine. Ce n’était pas Elle que je voulais tuer de mes poings. Non, loin de là. Au contraire, je voulais me rapprocher de son Alentour. *Bon Dieu…*. Mon regard s’était dirigé tout seul. Les vagues de terre. *J’m’en rappelle !*. Ces sublimes vagues sans horizon, je voulais les toucher ; comme je l’avais déjà fait. Oh ouais, c’était un souvenir délicieux !
Une blancheur apparut, dotée d’articulations toutes fines. *Oh…*. C’était ses doigts qui plongeaient dans son Alentour. J’avais presque oublié la beauté de ses mains. Je voulais toucher cette peau, parfaite. Elle avait déjà fini sa plongée ; elle s’enfuyait dans les airs, trouait l’oxygène de sa volonté pour plonger encore une fois, dans un tissu. *Merde*. Sa peau était planquée, totalement cachée. Ma bouche se tordit en un rictus de déception, mais je repris rapidement une expression neutre. Je me rendais compte que j’étais foutrement chanceuse de ne pas l’avoir fait fuir. *Solwen…*. Cette pensée s’immisça dans mon crâne. Je ne l’avais pas fait fuir, et… je n’avais pas fui non plus.
Une longue inspiration remplit mes poumons. Je ne savais plus si j’avais envie de rester ou si j’en avais besoin. Mon regard remonta sur son visage.

Ça va mieux ?

*Parce qu’tu penses qu’ça allait déjà pour qu’j’aille mieux ?*. Ma bouche bougea, mais ma gorge ne produit aucun son. Je fronçais les sourcils. Cette pensée avait failli s’échapper sans autorisation. *Bordel*. Je me faisais peur. Ma bouche se referma, et un goût horriblement amer sur mes lèvres me fit grimacer. Je baissais instantanément la tête en décrochant les mains de mes épaules. De la morve coulait de mon nez, je n’avais rien senti. *Bordel…*. Mes joues étaient toujours aussi rouges de honte, c’était insupportable. Je passais ma paume sur mon nez, puis j’essuyais le tout sur le dos de ma robe. J’espérais qu’Harmonie ne me regardait pas trop, mais j’en doutais puisque je n’avais plus le regard sur Elle. *Vas-y*. Maintenant que j’étais misérable, elle pouvait prendre plaisir à me regarder galérer. *Allez, continue !*. Je sentais ses yeux sur moi, observant mon corps. Avec le dos de mes mains, je m’essuyais durement les yeux. *’peux plus*.
Je ne tenais plus. Ma tête se releva brusquement.

Elle souriait. *Oh*. Et elle n’avait pas l’air de se foutre de moi.
Il y avait un petit creux sur sa belle joue gauche. Je m’essuyais une dernière fois les mains sur ma robe en remontant mon regard sur son Saphir. Ma main gauche effleura un truc. Le craquement de mon cou résonna sinistrement dans mon corps, ma tête était déjà tournée vers ma cuisse. *Que…*. Un paquet de mouchoirs. « Ah… ».
Je l’avais totalement oublié. Le rouge de ma honte s’accentua tellement que j’eus peur d’en perdre mes joues ; qu’il en reste uniquement deux cratères béants sur ma gueule, deux grandes fenêtres de dents et de bave. *J’suis foutrement ridicule*. D’un geste bien trop lent dans mon crâne, je pris délicatement le paquet de ma cuisse, et je le posais juste en face de mes genoux, par terre. Le blanc des mouchoirs et le gris de la roche contrastaient bien ; j’espérais noyer ma honte dans cette petite poche.
Je devais agir, faire n’importe quoi pour me rattraper. Solwen n’avait pas fui. *J’veux pas comprendre*. Elle était assise là, en face de moi, et elle attendait une réponse.
Avec la même lenteur que mes gestes, mon regard se dirigea vers le Saphir parfait. Je sentis ma bouche s’ouvrir très légèrement, je n’arrivais pas à m’habituer à sa Beauté. C’était trop. J’avais l’impression d’être plantée devant les limbes d’un rêve, bien trop parfait pour être réel. *Vite !*.

D’un coup d’œil, je vérifiais sa bouche. *C’est ça !*. Sa bouche était toujours aussi banale ; unique discordance dans cette sublime partition. Je replantais mes yeux dans les siens, espérant qu’elle veuille bien me regarder cette fois-ci. Je reniflais bruyamment, ressentant les courants de larmes séchées sous mes yeux, et j’ouvris la bouche :

Approche.

Mon ton n’était pas vraiment moche, je n’avais jamais eu une hauteur de voix aussi grave en prononçant un mot. Je préférais ça à mes aigus insupportables. Fière de moi, et le regard accroché au sien, j’avançais un peu mon dos pour venir tapoter le sol, juste à côté du mouchoir, juste en face de moi. *S’te-plait*. Je voulais tellement la voir de plus près. *Saphir*.

je suis Là ᚨ

24 oct. 2019, 08:38
Accord Mineur  LIBRE 
Je scrutai son visage, attentive au moindre changement perceptible sur ses traits, inquiète de la voir dans cette détresse, et surtout inquiète à l'idée que ce soit moi qui l'ai mise dans un tel état. Juste après que j'ai posé ma question, je vis ses sourcils se froncer et ses lèvres s'agiter, sans produire aucun son qui m'atteigne. *Qu'est-ce que tu veux me dire ?* Involontairement, j'inclinai légèrement mon visage sur le côté, cherchant en vain à la comprendre, à comprendre ce qu'il se passait dans son esprit. Mais toujours sans un mot à mon attention, elle baissa la tête, enlevant ses yeux couleur de jade de mon champ de vision. *Regarde moi...* Mais on aurait dit qu'elle fuyait mon regard. 

Quand je la vis s'essuyer le nez et les yeux avec ses mains, j'eus envie de me rapprocher, récupérer mon paquet de mouchoirs, et le lui proposer de nouveau, pour lui rappeler sa présence, lui rappeler qu'elle pouvait s'en servir, que je le lui offrais. Mais elle m'avait demandé de m'éloigner, c'était la moindre des choses de respecter sa décision, alors je restai à ma place. Son attitude me faisait mal au cœur, elle faisait tellement fragile recroquevillée comme ça, les joues striées de traces de larmes, je me battais vraiment contre moi même pour ne pas m'approcher de nouveau, franchir la ligne interdite et lui procurer le maximum de réconfort que je serai capable de lui offrir. 

Je m’apprêtais à détourner les yeux pour lui laisser un peu de tranquillité lorsqu'elle releva la tête. Voyant qu'elle était plus calme, je lui souris gentiment, espérant l'encourager à me parler, à répondre à ma question. Mais son regard ne resta pas longtemps accroché au mien, sa main venait de trouver mon paquet de mouchoirs toujours posé sur sa cuisse. Le rouge de ses joues s'accentua, elle s'empara du paquet, et au lieu de tirer un des carrés de papier de l'emballage comme je l'aurais pensé, elle le posa devant ses genoux. Je l'entendis renifler, mais je n'y fis pas réellement attention. Elle me regardait de nouveau, plantant son regard de jade d'une intensité folle dans le mien. Je la vis ouvrir les lèvres du coin de l’œil, mais ce ne fut pas pour apporter une réponse à mon interrogation. 

Approche.

*Qu... Quoi ?* Mes yeux s'écarquillèrent sous le choc, et je retins tout juste mes lèvres de former un "o" d'étonnement. Je nageais dans l'incompréhension la plus complète. *Qu'est-ce que tu veux ?* Elle me demandait de m'éloigner d'elle, pour quelques instants plus tard me demander de m'approcher de nouveau. Une petite voix dans ma tête supposa qu'elle n'avait tout simplement pas voulu que je sois collée à elle alors qu'elle pleurait, mais que maintenant qu'elle se sentait mieux et qu'elle s'était calmée, elle voulait bien de ma présence, ce qui semblait pouvoir faire sens après tout. Je n'étais cependant pas sûre d'avoir bien entendu. Et si je m'approchais alors qu'elle n'avait pas dit ça du tout, mais quelque chose comme "sale moche" ou je ne sais quoi ? Elle risquait de s'énerver, et ce n'était pas ce que je voulais, pas après qu'elle ait retrouvé son calme... 

J'hésitais donc à réduire la distance entre nous, quand elle se pencha légèrement en avant, et tapota le sol face à elle, signe on ne pouvait plus clair pour me faire comprendre que, oui, elle m'avait bien demandé de me rapprocher. "Oh..." J'observai quelques instants ses yeux, allant de l'une des perles de jade à l'autre, et elles semblaient vraiment seulement me demander de venir, sans aucune lueur méchante ou que sais-je. Alors je fis ce qu'elle me demandait. 

Décoinçant mes mains d'entre mes cuisses, je me redressai lentement, et avançai doucement vers elle, mes genoux frottant durement sur le sol de pierre à chacun de mes mouvements dans sa direction. Une fois en face d'elle, à une bonne trentaine de centimètres de ses genoux, je m'assis de nouveau sur mes talons, et recoinçai mes mains entre mes cuisses après avoir remis nerveusement des mèches de cheveux rebelles derrière mes oreilles, un peu gênée. Je ne savais pas tellement ce qu'elle avait en tête, raison pour laquelle j'avais gardé une distance respectable entre nous deux. Si elle souhaitait autre chose, je la laissai faire. Le sourire que j'avais gardé aux lèvres malgré toutes les questions qui me noyaient l'esprit ne pouvait que l'encourager à faire ce qu'elle avait en tête. *Viens*

"If your absence doesn't bother them, then your presence never mattered to them in the first place"
"C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.” Le Petit Prince

25 oct. 2019, 09:49
Accord Mineur  LIBRE 
Plus près. *Striée*. Plus proche. *S’te-plait*. Ma main qui tapotait sur la roche me paraissait tellement lointaine que je ne l’écoutais même plus ; c’était à cause de la couleur Saphir qui éclipsait… Qui éclipsait quoi ?
Tout.
*Approche*. Le bleu. Son bleu, tellement clair en cette nuit si sombre. *Elle est sombre, l’autre, hein ?*. La douleur dans mon corps caressa ma conscience. *Non !*. Je clignais des yeux à plusieurs reprises pour me reconcentrer sur Harmonie. Les petits trous de sa peau Parfaite m’emplissaient le regard ; et ma bouche se fendit, je l’entendis. Bon Dieu, j’aimais être loin de mon corps face à Elle. C’était Elle qui provoquait ça ? *Non*. Peut-être pas. Pourtant, c’était comme ça que je la ressentais ; ou plutôt, que je ne me ressentais pas, tant que je La regardais.
Mes yeux clignèrent plusieurs fois, encore. *Bordel*. Je m’étais déconcentrée d’Elle, encore. Ma mâchoire se serra et mon regard se jeta sur sa joue, pleine de petits trous clairs, alignés d’une harmonie.
Hypnotisante. Je n’arrivais pas à comprendre comment Elle pouvait être si différente des autres beautés, ou même des beaux Autres.

Tout en redressant mon corps, je me demandais si Ses petits trous pouvaient être aussi beaux que mes compositions. *’s’en fous*. Peut-être que l’assemblage entre ses petites taches perlées et ses petits trous de beauté formerait une constellation encore plus parfaite que mes harmoniques. J’imaginais que ça pouvait être possible, même si c’était une complexité à imaginer.
Je réfléchissais trop. *’s’en fous !*. D’un revers d’esprit, j’abandonnais mes pensées pour n’être qu’Elle.

Entre les cratères éclairés de sa peau Parfaite, ma vision se planta dans sa joue gauche, celle avec l’espèce de creux, petite marque du temps. *Quand ?*. Je me demandais en quel instant elle s’était faite encore plus belle en se fracassant ce point précis, tout en gardant tous ses trous intacts, magnifiques.

Au loin, là-haut, deux billes bleues grossirent brusquement, comme deux gorges de crapaud ; j’entendis presque le bruit dégueulasse des bestioles. Aucune grimace ne tordait mon visage, les puits de beauté me maintenaient sur leur blancheur, me faisant oublier tout ce qui se passait en moi. Moi ? *Moi ?*.
Je n’étais plus moi, ici. Je marchais sur une douceur toute blanche, penchant parfois la tête sur les futurs puits qui m’entouraient, avec leurs taches en collines. Je cherchais la marque, j’attendais que les trous deviennent des puits. *Plus proche*.
Puit… ce mot flottait dans le ciel, avec insolence. Une beauté insolente, ouais. Je voulais l’attraper au vol et m’envoler avec. *Encore !*.

Comment est-ce que je pouvais m’envoler alors que j’étais à genoux ? *Han…*. J’étais clouée au sol laiteux, mes jambes aussi lourdes que du marbre en bloc. Mon corps était un gros carré de densité, bloqué ; attendant que les trous puisse grossir de leur propre volonté, priant pour qu’ils acceptent de venir à moi, de s’ouvrir à leur ciel d’envol.
Je n’entendais plus ma respiration, ni ma conscience, ni mon appréhension. Je n’entendais plus rien de moi, accroupie, attendant presque tout d’Elle.
Elle, qui se résumait à quelques trous bien petits, pour l’instant. Le temps qui ne s’écoulait pas, figé. Et un grincement qui me fit mal aux dents. *l’moment !*.

Un tremblement de terre, alors que j’étais immobile. *Ouais !*. Les trous s’élargissaient, se transformaient en réels puits d’une profondeur inconnue ; je n’en avais foutrement aucune idée, de cette profondeur-là. J’étais ballotée sans me faire remuer, la terre parfaitement blanche crissait dans ma direction. Elle approchait, Elle. *Enfin*. Elle et Ses puits qui miroitaient de cratères illusoires. Est-ce qu’il y avait une autre étape après les cratères ? *Ferme-là !*. Je ne devais pas réfléchir, je n’en avais pas besoin.
La douceur de Sa blancheur me faisait sourire, ouais. Je le sentais, ce sourire sur ma gueule, fragile, nouveau. Bizarre. Et je ne le retiens pas, puisque je ne fais pas attention à lui ; je n’en ai rien à foutre, je ne voulais pas être moi. Je n’y arrivais pas de toute façon.
Les crissements se stoppèrent, tout comme le temps qui battait lentement. Je pouvais presque compter les secondes qu’il y avait entre chaque seconde, je pouvais presque aimer être autre chose que moi-même ; être Elle, encore. Encore.
Le crissement reprit, mais cette fois-ci c’était mon corps qui en était l’origine. J’avançais vers les puits qui se transformaient en réels cratères, doucement, tellement lentement. Ce n’était pas des abysses, puisque les fonds miroitaient un peu. Peut-être. *J’crois*.
Je continuais à crisser, mes genoux m’envoyaient des informations très lointaines que je n’entendais pas ; je m’en foutais, puisque Ses cratères prenaient consistance.



Aidée de ses mains, Charlie déplaçait son corps — avec une lenteur extrême — vers Solwen. Ses doigts crissaient sur la roche du château, et ses genoux grognaient de douleur sous sa robe de sorcière.
*Presque*.
La gryffone avait le visage en avant, devançant tout son corps — y compris ses genoux — avalant les quelques centimètres qui la séparait de la Serdaigle, sujette de contemplation. Son regard fasciné ne quittait pas la joue gauche de la Bleu et Argent, pas un seul instant. Les différents sillons qui marquaient le visage de Charlie craquelaient imperceptiblement, telle une douce mélodie discordante, tel un corps hurlant son refus silencieux.

Quelques centimètres de plus, un temps granulé, un regard hypnotisé et la gryffonne se figea.
Ses yeux étaient tellement proches de la joue de Solwen que celle-ci était soudainement devenue floue, ce qui provoqua ce brusque arrêt.
Un court instant de flottement régna, laissant s’immiscer le bruit de quelques pas à l’extérieur de la pièce, dans le couloir.
*’Dieu…*.

Un.

La tête de Charlie s’actionna, abandonnant son regard pour laisser place à sa bouche entrouverte ; qui s’avançait vers Solwen.

je suis Là ᚨ

26 oct. 2019, 12:36
Accord Mineur  LIBRE 
Les quelques centimètres qui nous séparaient me semblèrent se charger d'électricité. Je sentais son regard de jade me brûler la peau du visage. Elle m'observait avec une attention vraiment particulière, comme si elle s'attardait sur chaque détail de ma peau, pour je ne sais quelle raison. On aurait dit qu'elle tentait de le mémoriser, ou d'en percer les secrets, comme s’il pouvait y en avoir. Je sentis mes joues s'enflammer. Comment pouvait-elle avoir l'air aussi fascinée par mon visage ? Qu'avait-il de si exceptionnel par rapport à ceux des autres ?

*Mes taches de rousseur* Mon cœur sombra dans ma poitrine un court instant. Et si c'étaient mes taches de rousseur qu'elle dévisageait comme ça ? Moi je les aimais bien, je trouvais ça plutôt mignon, mais si Elle elle trouvait ça moche ? Je savais que c'était le cas de certains, j'avais de très clairs souvenirs de mes premières années à l'école où d'autres enfants, toujours des garçons d'ailleurs selon ce dont je me souvenais, me courraient après pour me crier "Solwen elle se lave pas le visage, beurk" ou bien "Ses tâches, elles sont trop moches".
Petits, certains étaient vraiment vaches avec les autres, le moindre petit truc était sujet aux moqueries. Et je sais que j'avais mis du temps avant de finir par les aimer, mes taches de rousseur, à cause d'eux. C'était Maman qui m'avait rassurée. Elle avait les mêmes que moi, et elle m'avait raconté que c'était l'une des choses qui avaient le plus plu à Papa à leur rencontre. Certaines personnes savaient voir leur charme, et il fallait se concentrer sur celles-là. Est-ce que c'était son cas à Elle, ou est-ce qu'elle me fixait parce qu'elle trouvait ça sale elle aussi ?

L'amorce d'un de ses mouvements dans ma direction fit instantanément cesser toutes mes interrogations. *Qu'est-ce que tu fais ?* Elle s'aidait de ses mains pour avancer sur les genoux vers moi, en glissant sur le sol. Sa tête s'avança, plus proche de moi que le reste de son corps. Elle réduisait de plus en plus la distance entre nous deux, ne laissant que quelques centimètres nous séparer, de moins en moins nombreux.

Je me figeai, mon dos devenant tout raide. J'étais incapable de remuer, même le moindre doigt. Je la voyais s'approcher de moi, de plus en plus près. Je voyais bien que son intention n'était pas de me faire un câlin, ses lèvres étaient beaucoup trop proches de ma peau. *Qu'est-ce que tu veux ?* Je ne comprenais pas, qu'est-ce qu'elle faisait ? Je m'étais un instant demandé si elle ne souhaitait pas caresser mes cheveux comme la dernière fois, mais au vu de son comportement ça n'était pas ça. Pas ça du tout.

*Pourquoi tu t'approches ?* J'étais partagée. Partagée entre l'envie de la laisser faire pour voir ce qu'elle avait en tête, et le stress de la voir se rapprocher autant de mon visage, alors que je n'avais aucune idée de ce qu'elle pensait. Mon instinct me disait qu'elle ne me voulait pas de mal, elle avait seulement l'air fascinée. Mais fascinée par quoi ? Par moi ? C'était juste impossible, elle devait voir autre chose. Mais quoi ? Son regard était fixe, accroché un peu plus haut que le coin de mes lèvres gauche. Son esprit semblait entièrement absorbé, comme si tout son être tendait vers ma joue. *Qu'est-ce que tu observes comme ça ?* Je ne comprenais pas, je ne comprenais plus rien, et sa proximité grandissante absorbait peu à peu le peu de pensées cohérentes qu'il me restait encore. Je n'arrivais plus à réfléchir à rien, je voyais juste son visage de plus en plus proche du mien, ses lèvres tendues vers un point de ma joue que je n'arrivais pas à identifier.

Elle était tellement proche maintenant que je ne voyais plus que ses yeux, mon regard n'arrivait plus à percevoir le reste, ils m'absorbaient complètement, j'étais incapable de regarder quoi que ce soit d'autre, que ça soit dans son visage ou la pièce qui nous abritait. Même ses lèvres, dangereusement proches de moi, avaient été effacées de mon champ de vision.

Mon souffle devenait saccadé, court et peu profond, je me noyais dans ses perles de jade. Tellement proches...

Tellement belles…

Que pouvait-il m'arriver de mal près d'une beauté pareille ?

*Rien*  

"If your absence doesn't bother them, then your presence never mattered to them in the first place"
"C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.” Le Petit Prince

27 oct. 2019, 12:04
Accord Mineur  LIBRE 
Les cratères ont fait éruption ; sans bruit. Silence. Bon Dieu, j’entends le silence de mon esprit.
Les cratères m’ont fait éruption, dans la gueule. Ils m’ont brulé les yeux, jusqu’à ce que j’y vois tout flou ; mais ce n’était pas Mes yeux. Ce foutu flou danse dans mon regard pendant que je le regarde, moi, immobile. Je crois que je me suis arrêtée, brulée par les magnifiques cratères. Je me suis trop approchée, mais je ne regrette pas. Me faire cramer par un truc aussi Parfait ne me gêne pas. *’Dieu*. Pas du tout.

Et…
Je crois que je peux m’approcher encore plus. Mes yeux ont abandonné, mais j’en veux encore. Les cratères tourbillonnent dans leur bouillie de beauté sans que je ne puisse les voir, maintenant. Je m’en fous, ce n’est pas grave. Ils m’ont vomi sur la gueule, mais ce n’est toujours pas grave. S’ils se cachent dans mes prunelles floutées, s’ils s’amusent à jouer avec mes limites striées, c’est que… Ils… Elle…
Je ne sais pas.
Mais je peux les toucher, ces cratères bouillis, à Elle. Ouais, ça je peux le faire.
D’une rapidité cassante, je relève le menton pour afficher mes lèvres et je m’approche encore, encore. Je vais toucher Ses cratères. *C’est l’aut’ fois*. Je vais les écraser si fort. *M’avais tendue l’aut’ joue*. Des pensées crissent dans ma tête. *La droite ! LA DROITE !*. Harmonie m’avait posé sa promesse sur mes propres cratères ; inexistants, moches, dégueulasses. *Moi c’est d’l’aut’ côté*. Ouais, je me rappelle de son sceau sur ma joue droite. *En-harmonie-comme-toi*. Alors je vais lui poser ma promesse sur sa joue gauche. *Cratères*. Sur son feu d’éruption, sur sa marque du temps, sur ses puits miroitants de fonds, sur…
Sur Elle.
Je sens mes yeux complètement ouverts, qui fixent un point toujours aussi flou, loin, là-bas, sur la pierre humide du château, fantôme de…
ma douleur.
J’ai presque envie de fermer les paupières. Et mes lèvres se posent sur sa Clarté.

*Oh*. Douceur. *Nuage*. Stupeur.
Mes lèvres quittent l’Elle. Je redescends. Mon menton s’abaisse, mon visage s’éloigne, mes mains sont plaquées au sol, mon corps reste à sa place. Je dévie mon regard vers les Cratères. *Oh…*. Leur douceur était si forte que je sens mes sourcils se tordre d’incompréhension. Je ne connais pas ça, cette douceur. Mon visage se froisse, mais je n’y fais plus attention. *Yuzu*. Mes pensées dévient, et je vois la Japonaise, avec sa peau qui parait douce, mais qui ne l’est pas du tout. Tout l’inverse de Solwen. *’Dieu*. Sa peau parait si dure, si ferme, opaque à casser la gueule à n’importe quoi ; alors qu’en fait, elle est d’une douceur carrément nuageuse. Ouais, je viens d’effleurer un foutu nuage avec mes lèvres.

À cette pensée, je me rends compte que ma bouche est restée ouverte. Je déteste ce nouveau réflexe que j’ai de la laisser ouverte, alors je la referme brutalement ; en gardant ma mâchoire serrée. *Mais qui t’es…*. Je revois Yuzu et sa peau si dure à chaque fois que je la touchais. La peau de mon père est encore pire, tout comme celle de ses amis. Et tout comme…

Une noirceur de Noir, et ma respiration s’accélère. Je serre encore plus fort ma mâchoire, jusqu’à sentir une douleur sourde ; mes paupières clignent plusieurs fois, et je vois ma propre marque, sur Elle.
J’ai laissé une petite trace de bave avec mes lèvres, sur ses cratères écrasés. *Concentre-toi. VA-T’EN*. Un voile se tire dans mon esprit, accompagné d’un bruit aigu distinct ; une discordance que j’essaye d’étrangler pour en créer une harmonie. *Laisse-moi*.
Ma trace brille, alors que je lève rapidement la main droite vers son visage. J’essaye de me concentrer uniquement sur sa Perfection, tuant tous les Autres, en pensées. Je fige mes doigts au niveau de sa joue, puis j’en sors mon pouce que j’essaye de poser doucement sur Elle, sans la déranger.

Il se pose sur un nuage, ce pouce ; mais je l’ai senti bien plus fort avec mes lèvres. Je me suis trompée, ce ne sont pas des cratères, mais bien leur inverse : des nuages. D’un geste que j’essaye de rendre le plus doux possible, je fais glisser la pulpe de mon pouce sur ma trace. *J’suis abrutie*. Je me rends compte que je devais le faire, ce geste, de toute manière — avec ou sans bave — puisque je devais sceller cette promesse moi-même.
Mon pouce finit sa petite diagonale, et se détache d’Elle aussi rapidement que ma bouche. Sa beauté est tellement insolente que j’essaye de me retenir de trop la toucher ; je ne veux pas la brusquer, je ne veux pas qu’elle m’évite. *Bordel*. J’aimerais l’accrocher à une de mes compositions, je crois.
Ma main retombe vers le sol, et les nuages qui gravitent face à moi me laissent dans l’incompréhension. *Toucher personne*. J’aime toucher les Autres et je le fais tout le temps, même si c’est de moins en moins ; mais la douceur d’Harmonie n’est pas normale, tout comme sa beauté.

Mon regard glisse vers sa bouche. *Sauf ça*. C’est la seule partie de son Entièreté qui est comme les Autres. Je ne comprends rien, c’est trop nouveau. J’ai l’impression…
Qu’Elle…
*Bon Dieu !*. Toutes mes pensées de merde sont revenues ! Je ne veux pas ! Je me fais mal ! Tout va trop vite, alors j’ouvre ma bouche et j’articule lentement ; pour frapper le temps à la tempe.

Je t’ai plaqué ma promesse…

La petite bouche qui me remplit le regard ne me sert à rien, il n’y a rien à voir sur ça. Je dois retourner vers Elle. J’expire silencieusement, et je tourne mon regard vers le sien, de bleu.
De nuage de feu.

je suis Là ᚨ

28 oct. 2019, 15:44
Accord Mineur  LIBRE 
Plus... Près... Elle s'approchait de plus en plus près de mon visage. Incapable de soutenir cette proximité, mon regard sauta de ses perles de jade à ses cheveux retenus par un simple élastique. Contrairement à celle de ses perles qui paraissait illuminer la salle, leur couleur terriblement sombre sembla absorber toutes celles en périphérie de ma vision. Elle emplit mes yeux, je ne voyais plus que Sa teinte, concurrence à celle du ciel à cette heure-ci. *Noir*

Tout doucement, je sentis ses lèvres se poser sur ma joue, et je repris contact avec le sol. Mon regard se détacha de sa chevelure et se releva. Il trouva la fenêtre, non loin de nous. Avec la nuit, le carreau réfléchissait la pièce comme un miroir, et je nous y voyais, elle de dos, moi de face, sa silhouette, penchée sur la mienne, sa bouche posée contre mon visage, non loin de mes lèvres. Mes yeux remontèrent, et croisèrent mon reflet. Qu'est-ce que j'y voyais ? *Peur* Principalement de la peur, parce que j'avais laissé une quasi inconnue dont je ne connaissais rien, même pas son prénom, s'approcher suffisamment près de moi pour pouvoir me déposer un baiser sur la joue, alors que je ne savais rien de ses intentions. Mais aussi de la stupeur... Elle me repoussait, pour mieux s'approcher quelques minutes plus tard, allant jusqu'à provoquer un nouveau contact entre nous, contact qu'elle n'avait pas eu l'air de supporter plus tôt. *Tu me perds...*

Elle s'éloigna. Elle m'avait à peine touchée quelques courts instants. 

Mon regard courut sur ses traits, essayant d'analyser ses pensées. Je vis ses sourcils se froncer légèrement. *Tu regrettes ?* Ses lèvres se clôturèrent, elle n'avait toujours rien dit, sa mâchoire était serrée. *Pourquoi tu as fait ça ? Explique-moi, ne me laisse pas me noyer dans mes pensées*

Muette, elle leva sa main vers moi. Instinctivement, j'eus envie de me reculer, mais je résistai. *Elle ne te veut pas de mal, elle ne te veut pas de mal, elle ne te veut pas de mal.* Était-ce vrai ? Je n'en savais rien, mais j'avais envie d'y croire. Elle sembla me donner raison, seul son pouce me toucha réellement. Elle le frotta doucement contre ma peau, à l'endroit précis où ses lèvres s'étaient déposées quelques instants auparavant, effaçant la sensation humide qu'elles avaient laissé. Elle le recula rapidement, et laissa sa main retomber.

Mes yeux étaient absorbés par les siens, je fixais ses deux perles de lumière au milieu de son visage. Deux perles qui n'étaient pas plongées dans mon regard, mais sur un point plus bas de mon visage. *Qu'est-ce que tu observes ?* Je n'en savais rien, et je n'eus pas le temps de chercher à le savoir, sa voix s'éleva, brisant le silence entre nous et détournant mon attention. 

- J't'ai plaqué ma promesse

*Ta... Promesse ?* Ses yeux de jade se relevèrent, rencontrant les mien, et, devenant un tourbillon, je me noyai dedans.


Un mois plus tôt...


- Tu r'viendras ?

J'étais fascinée, complètement absorbée par Elle. Malgré ce qu'il venait de se passer, malgré le fait qu'elle ait failli me jeter un livre à la figure, la réponse me sauta aux lèvres.


- Bien sûr que je reviendrai.


Son visage pivota pour m'offrir son côté droit.


- Pose ta promesse



Je lui avais fait une promesse moi aussi, je m'en souvenais comme si c'était hier. Promesse que j'avais scellée par un bisou déposé sur sa joue, tout comme elle venait de le faire. Elle y faisait référence, j'en étais sûre et certaine. Elle devait me donner sa promesse en retour. *Tu n'en avais pas besoin...* Pourquoi l'avait-elle fait ?

Profitant que je sois encore abasourdie par son geste et que mes questions absorbent la moindre de mes pensées, mes lèvres décidèrent sans l'accord de mon esprit qu'il était temps de me laisser poser la question qui me démangeait depuis notre première rencontre. 

- Je... Est-ce que je peux connaître le prénom de celle à qui j'ai fait une promesse et qui me l'a rendue ?

J'avais envie -non, besoin correspondait mieux- de connaître le nom de l'inconnue aux yeux d'émeraude. Pourquoi maintenant ? Pourquoi si soudainement ? Je n'en savais rien, mais tout d'un coup il m'était devenu insupportable de ne pas savoir. Je devais le connaître, ça m'était devenu presque vital. *S'il-te-plaît...*

"If your absence doesn't bother them, then your presence never mattered to them in the first place"
"C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.” Le Petit Prince

29 oct. 2019, 04:42
Accord Mineur  LIBRE 
*Bordel, j’aimerais être comme Elle*. Avec la même nuance dans les yeux, petit nuage gonflé de flotte. Avec la même douceur sur la peau *séchée comme… je…*.
Brusquement, la douleur de ma mâchoire écrasée me vrilla le crâne. Je me perdais en moi, encore une fois.
Tout en inspirant durement, j’ordonnais le silence à mes pensées, pour oublier qu'elles n'avaient aucun sens. *Sens*. Quel joli mot. *Sens*. Un des mots les plus magnifiques sur Terre. *Sens*. Je me sentais partir. *Foutu sens*. Magnifique, mais différent de la magnifique Solwen ; son propre nuage était étrange, doux. Il était présent, sans que je ne le recherche, sans me casser la tête. Deux petits nuages Saphir passants par hasard, dans l’étendue de ces Autres, que j’avais captés de mes yeux. *Aucun sens*. Rien, mais beaucoup en façade. Je me demandais comment se reflétaient Ses nuages sur mon vert. Je me demandais si ça pouvait être joli, au moins un peu. *Tss…*. Le reflet pouvait tout autant être très moche. *Ouais*. Je savais que mon vert n'était pas capable de refléter sans détruire ; et je le détestais pour ça. *Comme toi*. Pas comme Elle.

Mon cœur sursauta, au loin, mais si proche de mes larmes. Mes pensées couraient pour me noyer, je les entendais. Elles arrivaient. *Promesse*. Je lui avais posé, Elle pouvait partir ; plus jamais Harmonie ne verrait mes larmes.
Pars.
Mais je ne voulais pas qu'elle parte. *Pardon*. Ce n’était pas moi, c’était…
Les Or...
*FERME TA GUEULE*. Deux crochets se plantèrent dans ma poitrine, déchiquetant mon *RIEN. RIEN !*.
Je m'envolais vers Ses nuages, quittant le sol de la terre, et sa douleur. *LOIN*. Mon regard s'envola de moi — loin — pour se placarder sur toute l'Entièreté qui s'était échouée — proche — de mon regard.

Je...

Vacillement. Torsion de mon crâne, qui n'était que pensées.
Sa bouche — avec ses petites lèvres — trônait sans trône sur mon regard ; j'arrachais mes yeux, loin de cette partie d'Autre sans grâce. *Promesse, tu...*. Je n'avais pas prononcé ma promesse. *Je...*. Je n'y avais même pas réfléchi, à cette foutue promesse. *Je...*. Je n'avais pas réfléchi tout court, et je ne voulais surtout pas réfléchir. *Tu ?*.
L'aura d'un instant, j'attendis la chute du temps. « Est-ce que… ». *Ouais-tout-c'que-tu-veux* « …je peux connaître… » *Tu-peux-tout* « …le prénom de celle à qui j'ai fait une promesse et qui me l'a rendue ? ». *Charlie de prénom ?*.

Tout s’arrêta.
Je ne bougeais plus. Pas le moindre mouvement. Silence, de lieu, de l’esprit, de l’âme.
Chut. Bordel. Chut.
Mon corps s'actionna en contrôle parfait ; je dirigeais les mouvements, mais j’étais en même temps spectatrice de moi-même. Ma respiration était silencieuse, mais je l'entendais un peu ; contrôlée. Je me voyais bouger, de l'extérieur. Là-bas, mes mains étaient en train de se poser sur les grosses pierres du sol, tout en tirant vers l'avant. Juste à côté, je voyais mes genoux s’avancer jusqu'aux genoux de l'Autre, jusqu'à arriver à les toucher, et rester contre eux. Tout s’articulait avec harmonie, une magnifique harmonie.
Silence. Trop.
Ma bouche s'ouvrit d’un coup, et un petit ricanement éclata le silence. Aigu.

*Ta gueule !*. Je refermais ce foutu trou en faisant claquer mes dents. Le son ricanant qui m'avait échappé me fit peur, mais je le comprenais. C’était la Tour, je le savais.
Ce n'était pas grave, je n'avais toujours pas perdu, je continuais à me contrôler. *Prénom*.
Silence, j'expirais un souffle de feu. Mais j'avais tellement froid tout au fond. Ma bouche s’ouvrit encore une fois ; c'était moi cette fois-ci. J'essayais de sourire ; je me voyais, c'était raté, ce truc qui me déformait les lèvres n'était qu'un rictus dégoûtant. Mes mains ne servaient à rien, alors je les levais tout doucement pour les poser — avec la même douceur contrôlée — sur l'Autre. *Solwen*. Je ne savais même pas si c'était ses genoux ou ses cuisses que j’avais au bout des doigts. De toute façon, c'était Elle ; donc loin de moi. C'était bien. Ma gorge flambait en mots cassés, mais j’arrivais à en réparer certains :

Regarde...

*Moi*. Je me voyais sourire, mais ce n'était toujours pas un sourire. Je ne voulais pas être moi. Ma langue se tordait dans sa prison.

Comment...

*Toi*. Mon sourire s'améliorait, un peu. Je l’entendais ! « Toi ». Ma gorge me faisait mal, mais je n'allais pas la laisser en liberté. Plus jamais ça.
J'avalais un coulis bouillant, et ma bouche s'ouvrit encore :

Comment toi… Légère brûlure. Toi, t'as envie d'm'appeler comment quand...

*Tu*. Bien, j'y arrivais. Je me tuais, et j'aimais ça. « …tu... » *Me*. Mes lèvres se tordirent un peu, mais je les rattrapais. « …regarde ? ».

*Oh*. Mes doigts étaient en train d'écraser l'Elle. *Bordel*. J'expirais en les relâchant brusquement. Mais ils restèrent posés, sans force. Inanimés. Juste posés, couchés sur le grand nuage de son Elle.

je suis Là ᚨ

30 oct. 2019, 20:58
Accord Mineur  LIBRE 
Immobile devant moi. Ma question l’avait figée quelques instants durant, et j’eus un court moment la crainte d’avoir posé la question-de-trop, celle qui ferait disparaître son calme actuel, pour laisser la place à la tempête. Peut-être ne souhaitait-elle tout simplement pas me communiquer cet élément de son identité. Je n’y voyais pas réellement de raison valable, et ça aurait été quelque peu égoïste de sa part d’ailleurs sachant qu’elle était allée se renseigner sur mon nom dans mon dos, mais j’aurais pu le comprendre.

Au lieu de me répondre, elle décida de réduire de nouveau la distance qui nous séparait. Ses mains s’approchèrent de moi, se posèrent sur les pierres du sol, puis attirèrent son corps vers le mien jusqu’à ce qu’ils entrent en contact, reliés par nos genoux. Mon dos se raidit légèrement lorsque ses lèvres laissèrent échapper un léger ricanement. *Qu’est-ce que j’ai dit de drôle ?* Elle arrêta le son aussi soudainement qu’il avait percé le silence, et elle ferma sa bouche. Un court instant s’écoula, elle la rouvrit, redressant étrangement les commissures de ses lèvres, mouvement que j’interprétai comme une tentative de sourire, bien que légèrement déstabilisante.

Avec douceur, je vis ses mains se décoller lentement du sol froid pour venir se poser sur moi, sur mes cuisses, aussi légères qu’un nuage. *Parle-moi, explique-moi, réponds-moi…* Cependant, avant même qu’elle n’ouvre la bouche, je savais quelque part au fond de moi qu’elle n’avait pas prévu d’apporter une véritable réponse à ma question. Je ne saurais dire pourquoi, mais mon instinct me le soufflait, il me narguait, me hurlait que je ne le saurais pas, pas tout de suite, que ça aurait été bien trop simple, bien trop simple pour Elle. Et du peu que je connaissais la jeune fille aux Perles d'Emeraude, rien n’était jamais simple avec elle, elle n’était pas simple. C’était à la fois frustrant et fascinant, sa complexité m’attirait, j’avais envie de la comprendre, tout en sachant que ce n’était pas possible, pas entièrement en tout cas. Elle était trop imprévisible. Je ne savais même pas si elle arrivait à toujours se comprendre elle-même.

- Regarde… 

*Qu’est-ce que je dois regarder ? Qu’est-ce que je dois voir ?*

- Comment… 

*Parle-moi, n’aie pas peur* Le hachoir dans sa voix, impitoyable, coupait ses paroles, mais étrangement son sourire n’en parut que plus fort. C’était beau. D’une beauté étrange, bancale, mais beau quand même.

- Comment toi… Toi, t’as envie d’m’appeler comment quand… tu… regardes ? 

*Je le savais…* Elle ne me répondait pas, mais je ne pouvais pas prétendre que je ne m’en étais pas doutée, ce qui n’empêcha pas la déception de me provoquer un léger pincement au cœur.

*Joue le jeu* Mais je ne souhaitais pas jouer longtemps.
Comment est-ce que j’avais envie de l’appeler quand je la voyais… C’était une bonne question… J’avais surtout envie de l’appeler par son prénom, les formules détournées que j’utilisais dans ma tête pour la désigner ne me plaisaient pas. Tout comme j’aimais songer à Lyn en tant que Lyn et non en tant que « La-fille-aux-yeux-verts-avec-qui-je-partage-toutes-mes-journées-sans-exception », j’aurais aimé pouvoir songer à Elle en tant qu’elle-même. Mais si je souhaitais une réponse à ma question, je me savais que j’allais être obligée d’en apporter une à la sienne avant. *Ce n’est pas un prénom mais…*

- La fille aux yeux d’Emeraude… 

Oui c’était ça. Dans ma tête, je la voyais comme ça pour le moment. Ses Perles Emeraude étaient pour moi ce qu’il y avait de plus notable chez elle, elles étaient d’une si jolie teinte, si puissante qu’il était impossible de ne pas les voir. Si j’invoquais son image dans mon esprit, leur couleur mangeait tout le reste de son être. Peu importait le reste, toute sa vision était noyée dans la teinte si profonde de son regard.
Je sentais cependant que ce n’était pas forcément le genre de réponse qu’elle attendait, et j’eus l’impression de lui devoir une explication.

- Je n’arriverai pas à te donner un prénom que je saurai ne pas être le tien, et c’est à ça que je pense quand je songe à toi.

Sans lui laisser le temps d’ouvrir la bouche pour me dire ce qu’elle pensait de ma réponse, je pris mon courage à deux mains, me penchai légèrement vers elle et posai tout doucement mes doigts sur les siens, toujours en contact avec mes cuisses, légers comme des plumes, à tel point que je ne sentais presque plus son contact.

Je plongeai mon regard dans le sien, me perdant dans ses Perles, m’y abandonnant totalement, tentant avec la force du désespoir de faire parler mes yeux pour qu’elle comprenne ce que je voulais lui dire, qu’elle comprenne le message que je souhaitais lui faire passer. *C’est pas une réponse ça, cesse de jouer, réponds-moi*

"If your absence doesn't bother them, then your presence never mattered to them in the first place"
"C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.” Le Petit Prince

31 oct. 2019, 18:36
Accord Mineur  LIBRE 
Dans leur lit, mes doigts. Allongés sur la surface qui m’éloignait le plus de moi, Elle. Son Saphir me faisait oublier mon vert, ses feux d’éruption me faisaient oublier mes joues, bon Dieu, j’en oubliais presque ma honte dégueulasse. *C’prénom d’merde*. Tout en essayant de me perdre dans son Entièreté, je me demandais si elle accepterait d’abandonner mon prénom, de l’oublier aussi bien qu’elle me le faisait oublier ; qu’Elle fasse comme s’il n’existait pas. Invisible, comme mon corps. C’était une bonne idée. Tout comme je faisais semblant que le Noire n’existait pas. *Pas vrai qu’c’est une bonne idée ?*. Oubliions.
Même si j’entendais les lointains échos de ma poitrine, ce n’était pas grave. Même si mon contrôle était là, je ne me voyais quand même plus très bien, mon esprit était entièrement sur Harmonie.
*Pas vrai ?*. Oubliions tout.

La fille aux yeux d’Émeraude…

Non, pas ça. *Émeraude ?*. Pas ça ! Elle ne voulait pas oublier avec moi !
Ma mâchoire claqua.
Pourquoi est-ce qu’on ne fermait pas nos gueules toutes les deux ?! *C’pas compliqué !*. Juste la fermer quelques secondes pour me laisser la regarder, Elle. Elle devait se taire pour elle-même, je ne servais à rien, j’aimerais être invisible pour La regarder. *Oh ouais*. Invisible pour qu’Elle ne se sente pas obligée d’ouvrir sa foutue bouche.
Mon regard roula dans mes orbites, jusqu’à ses lèvres. *Cassées*. Elle avait osé utiliser le mot « Émeraude », la pierre la plus moche du monde. Toutes mes pensées se réveillaient, tout l’Oubli que j’essayais de construire depuis plusieurs minutes se pétait la gueule sans le moindre ricanement ; ouais, même mon crâne savait que le retour de mon esprit n’avait rien de drôle. J’avais réussi à oublier, un peu. *Bordel*. Un tout petit peu, au moins. *Même plus envie*.
Je déglutis bruyamment, ma gorge retentit dans mon corps.

Je n’arriverai pas à te donner un prénom que je saurai ne pas être le tien… *J’ai pas d’prénom*. Je sentais tout l’écoulement de mon esprit et sa présence trop lourde dans mon crâne trop serré. « …et c’est à ça que je pense quand je songe à toi ». *Songe à toi ?*. Qu’est-ce qu’elle était en train de raconter ? Le sens de sa phrase n’était pas bien passé dans mon bordel de tête, alors j'alignais ses mots une deuxième fois dans ma compréhension pour y arracher le sens.
*Que…*.
Je clignais des yeux une fois. *Elle…*. Puis une deuxième fois. *Attends*.
Sans même devoir vérifier, je savais que ses mains étaient en train de couvrir les miennes, étouffant ses propres mots dans mon crâne ; j’abandonnais ma tentative d’alignement qui n’avait plus aucun sens, inutile. *’s’est rapprochée*. Sa Peau. *m’touche*. Ses Yeux. *Mais…*. Ils me fixaient, Ses foutus Yeux. Non.
Non.
Pour la première fois, son Saphir n’était pas un couple de Yeux ; bon Dieu, non, son Saphir s’était métamorphosé en un regard. Regard. *TU FOUS QUOI SOLWEN ?!*. Regard.
Et je sentais le nuage de sa Peau sur la mienne, comme une fumée un peu dure, parfaitement douce. *Solwen !*. L’harmonie s’évaporait en fumée sur nos deux peaux, le carnage de son regard me plantait face à moi-même. *Me r’garde pas comme ça !*. Le bleu disparu. Totalement. *Arrête !*. Laissant une seule couleur. *Non !*. La netteté grandissait, la teinte se précisait. *Bon Dieu !*. Ce n’était pas une couleur : c’était l’absence totale de couleur. Horrible. L’Inverse du Blanc. *NON !*.
Mon crâne s’écroula en avant. Les stries se déchirèrent en lambeaux.

La poulie de ma nuque rattrapa ma tête avant qu’elle ne se décroche. « Han ! ». Je clignais des yeux une seule fois pour retrouver ma vision.
Mes mains. Là. Elles étaient invisibles sous les… *Bon Dieu* la Blancheur… L’inverse total de ce que je venais de voir ; que j’avais déjà oublié. *Inverse ?*. Je ne voulais pas relever les yeux, j’avais peur de trop me rappeler. « Han… ». Je me rendais compte que ma respiration était découpée en morceaux, alors que mes mains avaient une magnifique couverture.
Des instants passaient sans pouvoir bouger mon corps. *Merde*. Je le sentais trop, ce corps. Je n’arrivais plus à m’oublier, je ne savais plus comment faire. *Plus l’envie*. Cette soirée était mal choisie pour revoir Solwen, je me sentais mal ; trop pleine de tout. *C’regard…*. Je me sentais vraiment bizarre.

Han…

Même si j’aimais son nuage sur ma peau, je fis quand même glisser mes mains pour les dégager d’elle ; ni trop fort, ni trop lentement. Puis mes doigts glissèrent tout le long de mes cuisses pour remonter jusqu’à ma poitrine. J’enroulais doucement mes bras autour de mon buste.
Le sol était toujours aussi moche, mais je ne le regardais pas vraiment, il n’était que le miroir de mes pensées de merde. Un cyclone de mots arrachait des trucs dans mon esprit, et je le regardais faire sans rien dire. *Promesse*. Un petit mot venait de s’écraser dans ma conscience, abandonné, en train de foutre son sang partout. *Promesse…*. Solwen. Mon prénom. C’était si important que ça pour elle ? Ma promesse était en train de se remplir avec le… *T’as trouvé ta promesse*. Sans vraiment chercher à le faire, j’avais enfin réussi à mettre un alignement sur le mot-qui-saignait.

Voilà ma promesse, j’avalais ma bave en fixant le cyclone de mes pensées grises, moches, la prochaine fois j'te dirai mon foutu prénom.

J’écrasais mon corps entre mes bras trop lourds.

je suis Là ᚨ

09 déc. 2019, 00:46
Accord Mineur  LIBRE 
Je m'étais préparée à une déception au moment même où j'avais posé mes mains sur les siennes et où j'avais laissé mon regard formuler de nouveau ma demande. Au fond de moi, je savais qu'elle ne répondrait pas à ma question implicite. Si elle avait voulu le faire, elle l'aurait fait de suite, elle n'aurait pas esquivé ma question en en posant une nouvelle. J'avais espéré me tromper cependant, parce que l'espoir est ce qui meurt en dernier, n'est-ce pas ? Mais non, je ne m'étais pas trompée. 

Elle fit même pire que de ne pas me répondre. 

Je la vis cligner des yeux, immobile. Puis tout doucement, je sentis ses mains glisser sous mes paumes et s'éloigner de moi. *Non, non, non... Reste... S'il te plaît...* Mais je ne fis rien pour la retenir. Parce que ça ne servait à rien, je le savais. C'était de ma faute si elle s'éloignait, j'avais été trop intrusive, je n'aurais pas dû la toucher sans son autorisation. 
Lorsque je la vis se refermer en enroulant ses bras autour d'elle sans même me jeter un coup d’œil, le semblant de sourire que j'avais réussi à maintenir fondit comme neige au soleil. J'étais vraiment trop nulle avec elle... J'aurais d'ailleurs été étonnée qu'elle souhaite encore me revoir après cette nuit là, elle s'était surement déjà compte que maladresse était mon deuxième prénom et pas sûr qu'elle ait envie de côtoyer le boulet en relations sociales que je suis.

Brisant le silence de la pièce dont je ne m'étais pas rendu compte à cause du tumulte de mes pensées, elle me répondit enfin.

-  Voilà ma promesse, la prochaine fois j'te dirai mon foutu prénom.

*La prochaine fois...* Ma première pensée était traduisible par un grand soulagement. Après deux fois où on se voyait et où je rendais tout complètement foireux, elle souhaitait quand même me revoir. Je n'étais pas vraiment certaine de comprendre pourquoi -elle avait sûrement bien mieux à faire que traîner avec quelqu'un comme moi- mais je ne fis pas de remarque, bien trop soulagée pour vouloir tout risquer avec un nouveau mot de travers. 

*La prochaine fois...* Ma seconde pensée en revanche fut raccord avec ce à quoi je m'étais préparée. Une bonne grosse déception. Mais elle fut précédée par quelque chose de plus sombre, plus incontrôlable, par quelque chose de moins... moi, et dont j'eus presque peur. *Facile à dire pour toi "la prochaine fois", toi tu n'as pas attendu bien longtemps, tu es juste allée te renseigner bien gentiment sur moi, sans même te demander si j'avais envie de te donner mon prénom* La voix dans ma tête l'avait presque craché, et je me sentis dégoûtée de moi-même. Je n'avais pas à m'emporter contre elle, c'était immonde de ma part. Maman n'aurait pas été fière de moi si elle avait su ce qui m'avait traversé l'esprit. Elle ne se sentait pas prête à me donner son prénom, Maman m'aurait dit que je devais juste être patiente, qu'il fallait que je respecte son rythme. Et je n'avais pas à lui en vouloir d'avoir fait ce que je n'aurais jamais osé faire. Puis c'était ridicule, parce que je n'aurais jamais refusé de lui donner mon prénom si elle me l'avait demandé, je n'avais aucune raison pour le faire. Elle elle devait avoir ses raisons, et il fallait que je respecte ça. C'était pas parce que moi je l'aurais fait qu'elle devait absolument le faire aussi. Mais c'était dur, une part de moi lui en voulait et je m'en voulais de lui en vouloir. *Mais c'est juste un prénom Solwen, c'est rien d'important, ressaisis-toi un peu, t'es complètement ridicule à te mettre dans des états pareils pour si peu*

J'avais presque envie de m'excuser que ma voix intérieure lui ait aussi mal parlé, mais elle m'aurait prise pour une folle et je n'aurais pas eu le courage de lui expliquer ce qu'il s'était passé dans ma tête. Alors je restai silencieuse. Les épaules basses, je basculai doucement sur le côté pour quitter ma position agenouillée et poser mes fesses au sol. Ramenant mes jambes devant moi, je les entourai doucement de mes bras, ma main gauche serrant mon poignet opposé. *Fais ce que tu veux...* Comme si je pouvais l'en empêcher...

- D'accord, la prochaine fois alors... J'ai ta promesse.

"If your absence doesn't bother them, then your presence never mattered to them in the first place"
"C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.” Le Petit Prince