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25 janv. 2019, 18:51
Instinct De Papier  Libre   RPG+ 
J'écarquille les yeux. La mouette fonce sur moi et de ses ailes déployées me pousse de toute la force qui l'habite. Pousser ce n'est pas frapper, ce n'est rien. Rien jusqu'a ce que mon dos heurte le mûr, prise par l'élan qu'elle m'a donné je laisse la surface de pierre me fouetter. Je fais un pas pour ne plus être adossée au mûr et passe une main dans mon dos sans la quitter des yeux. Ma robe m'a protégé de potentielles éraflures mais le coup qu'elle ne m'a pas infligé est douloureux tout de même.

Non mais c'est dingue qu'on puisse frapper les gens comme ça sans se soucier des conséquences. Elle est complémentent dingue cette fille, j'en suis sure maintenant. Ça devrait pas être permis d'être aussi méchant. En plus je lui ai rien fait moi, c'est elle qui est méchante d'entrée de jeu et tout. Je sais pas ce qui me retiens de courir chercher un préfet ou un truc du genre pour la punir...peste.

Je la regarde tourner en rond, un vautour qui attend la mort de sa proie ou un aigle qui n'attendras pas ? J'en oublie presque qu'elle n'est qu'une mouette. Dans le sens qui m'éloigne le plus d'elle et me rapproche le plus de l'entrée je tourne aussi. Dans sa main un objet qui frappe bien plus fort que des poings ; sa baguette. J'hésite à sortir la mienne... Non la meilleure façon de me mettre en sécurité est de la laisser au fond de ma poche. Le dernier sortilège qu'elle ai lancé est certainement celui de lévitation, pour poser un livre sur mon lit à la hâte. avant de venir ici. Si on analysait nos baguettes on verrait mon innocence.

J'allais pour ce combat utiliser la force mentale. Après tout si elle me faisait du mal elle le paierait c'était bien la toute ma protection. Elle ne ferait rien, rien de rien parce que tout ça ce n'était que du vent. Des menaces pour faire peur mais je n'avais pas peur.

- Eh bien ? Tu veux finir dans le bureau de rusard ? Vas-y ,tire fais toi plaisir !

Peut être la pousser à bout la fatiguerais assez pour qu'elle arrête.Je ne souriais plus à mon plus grand étonnement, j'avais oublié de rester souriante. Je compris que c'était le signe que j'avais peur. Qu'il était effrayant d'assumer les conséquences de sa propre impertinence ! Et je tremblais, de mes jambes à ma mâchoire je tremblais. Ma voix avait tremblée elle aussi, je n'était rien. Elle pouvait me faire bien plus mal que je ne le pensais, et si elle était assez folle pour le faire j'était à sa merci...

"Comme l'a dit une sagesse profonde, plus vous essayez de rentrer dans le moule, plus vous allez ressembler à une tarte."

27 janv. 2019, 12:05
Instinct De Papier  Libre   RPG+ 
Mon corps n’est plus qu’une bouillie de sensations : mes jambes tremblent horriblement, mon souffle arrache une douleur aiguë à mes poumons, mes paumes sont moites, mon coeur est un tambour ; il se bat contre ma poitrine. Dans ma tête défile tant de choses que je peine à m’y retrouver ; peur, colère, frustration, regret, plaisir, désir, colère, peur.

Je tourne comme une idiote dans la pièce de mes petits pas tremblants et trébuchants. Mes yeux écarquillés dardent l’Autre que j’ai réussi à pousser contre le mur. *J’espère qu’elle a mal*. Ouais, assez mal pour me foutre la paix. Je serre de toutes mes force ma Moitié entre mes doigts, je lutte pour ne pas laisser voir que mon bras tremble. La fille s’éloigne du mur et tourne, elle aussi ; comme deux sorcières prêtes à s’affronter dans un duel, nous tournons sans nous lâcher du regard. *J’suis pas prête !*, me hurle mon esprit. Mon dernier duel était un échec. *Mais j’en sais plus qu’elle*. Je suis persuadée de cela.

Son regard est flou. Il est rien du tout. Alors c’est qu’elle ne doit pas avoir peur ; elle est sûre d’elle, elle croit qu’elle peut me battre. J’essaie de ne pas m’en réjouir : les plus fiers sont ceux qui crèvent en premier. Mais moi, je crève de peur, alors qui est la plus forte ? L’idiote qui ne sait pas agir ou l’imprudente qui sait quoi faire ?

Une émotion violente me fend le coeur ; une haine vicieuse et soudaine qui me déforme le visage. Je la déteste ! Comme tous les Autres, elle est égoïste et méchante, je la déteste de me faire me sentir pitoyable. Puis la haine se dilue dans ma tête, comme toutes mes pensées, et se perd dans la profondeur de ma perte ; pas le temps de penser, ici. Pas ne temps de songer, de ressentir ; il faut agir. Je dois me concentrer sur cela et seulement sur cela.
J’affirme ma poigne sur ma baguette et la lève plus haut encore. *Prépare-toi, prépare-toi*.
Elle n’a pas sorti sa baguette ! Pourquoi ne l’a-t-elle pas sortie ? Encore une sorcière-sans-instinct-de-sorcier ?

Je ne suis pas prête quand elle parle. *Ta gueule !*. Putain, mais ferme-la !

« Eh bien ? Tu veux finir dans le bureau de rusard ? Vas-y, tire fais toi plaisir ! »

Ses mots me donnent envie de gueuler. Sa voix me donne envie de la frapper. Ses paroles me font comprendre que je ne peux rien faire.
Elle est capable de tout.
De me dénoncer. *A qui ?*. Rusard. Ce pauvre fantôme ne peut rien me faire, mais il peut peut parler ; à Loewy.
*Elle m’connait pas !*. C’est vrai ! Cette Autre ne sait pas qui je suis, elle ne connaît pas mon nom, et des filles comme moi on en trouve à tous les bouts de couloir.

« ‘Y peut rien m’faire ! » lancé-je précipitamment. Rien du tout. « T’as qu’à pas m’faire chier ! » Ma voix est rauque. Je la désigne du bout de ma baguette quand je parle : « J’peux t’incendier quand j’veux, t’as pas l’nivl… Le niveau. »

Les hiboux et les chouettes hululent si fort. Ils piaffent dans tous les sens et le vent fait tournoyer les cris tout autour de moi. Ils doivent sentir la pression qui me parcourt ; moi je la sens. Elle crépite contre la paume de ma main, celle qui tient ma baguette. Je respire si vite que le son de mon souffle doit s’entendre par dessus le temps ; *pense pas à ça maint’nant !*.

Tout à coup, un éclat m’attire l’oeil. Déconcentrée, je quitte l’Autre du regard une fraction de seconde ; par une des fenêtres sur ma gauche entre un hibou grassouillet à la pupille jaune. Mon coeur se soulève ; *Varb !*. Je regarde le volatile tournoyer au-dessus de moi et se poser sur un perchoir non loin ; il claque du bec dans ma direction. Préoccupée, j’ai tout juste le temps de prendre une inspiration surprise avant de me retourner vers la fille, le coeur battant et le corps en feu.

30 janv. 2019, 09:31
Instinct De Papier  Libre   RPG+ 
Elle tourne encore mais moi plus. Je me suis arrêté en face d'elle. Elle semble souffrir, elle est rongée par notre échange. Je n'ai fait que la provoquer, mais elle se fait du mal seule. Je dois arrêter, essayer de la calmer mais rien est plus facile à dire. Je comprends qu'elle soit pas bien mais aussi c'est elle qui a cherché les ennuis en étant méchante la première. Si seulement elle avait été ne serait-ce que poli. Moi je ne lui voulait aucun mal. Je voulais même l'aider si elle avait besoin d'aide. Mais la elle avait juste besoin d'être remise à sa place. Enfin par prudence il faut quand même que j'essaye de calmer le jeu sinon je vais finir avec un œil au beurre noir et j'ai pas envie.

Les hiboux s'énervent. Je me sens mal lorsque le brouhaha s’amplifie , les sentiments qui émanent de nos deux corps s'insinuent jusqu'aux oiseaux. Je n'aime pas faire du mal aux animaux, l'idée m'est insupportable. Il faut absolument que nous nous calmions pour eux aussi. Les pauvres bêtes. Il aurait au moins fallut qu'on aille ailleurs pour se disputer, parce que eux ils ont rien demandé. Quoi que moi non plus j'ai rien demandé hein. Je les regarde s'agiter. Il y en a qui s'envolent et partent de la volière. Ah j'aimerais faire comme eux...ça irait tellement plus vite pour régler cette affaire si je pouvais juste m'envoler et partir.

Je me rend compte qu'elle n'a pas tord en me certifiant que je n'ai pas le niveau. Je n'ai même pas ma baguette en main et je n'ai jamais fait de duels. Les sortilèges ne sont pas ma manière fétiche de pratiquer la magie...

Puis soudainement elle se laisse avoir. Elle détourne son attention de moi, sans réfléchir pourquoi je profite de ce lapsus pour agir. J'avance vers elle le plus rapidement possible, je fais quelques pas, je suis à un mètre. Mais elle se retourne en une fraction de secondes et je me fige. Un deux trois soleil à toujours été un jeu auquel j'étais forte. Elle est complètement sur les nerfs. Je crois sérieusement qu'elle a un léger problème mental, c'est pas possible autrement.. Non parce que là...

J'essaye de lui parler, cherchant des mots rassurants mais rien ne vient. Ma bouche s'entrouvre inutilement. Alors j'agis, je la regarde droit dans les yeux et tend l'une de mes mains vers la sienne, celle qui est vide. Je suis à bonne distance mais en un grand pas je la rejoins. Je lui lance un regard suppliant dans l'espoir qu'elle se calme. Je n'ai pas le niveau, le l'ai compris, j'abandonne.

"Comme l'a dit une sagesse profonde, plus vous essayez de rentrer dans le moule, plus vous allez ressembler à une tarte."

30 janv. 2019, 19:07
Instinct De Papier  Libre   RPG+ 
Mon souffle m’est arraché quand je jette mon regard devant moi et que je tombe sur celui de la fille ; si proche. *Trop proche !*. Elle s’avance ; elle peut tout me faire. Mon coeur n’a pas le temps de s’agiter que l’Autre réagit. Elle attaque !
Sa main sa main frôle la mienne et le contact m’électrise.  Je ne sens plus que cela, tout le reste est flou, inutile. Moi-même je deviens invisible et insensible au monde. La seule chose qui importe, c’est cette peau qui touche la mienne, qui fait s’emballer mon coeur et s’écarquiller mes yeux.

Je recule d’un pas ; non, je trébuche comme une idiote. Mais à peine me suis-je éloignée que je comprends que la fille ne me laissera pas en paix. *Capable de tout !*, me hurle mon esprit. Les yeux braqués sur l’Autre, le coeur en branle, j’agis avant de réfléchir. La scène n’a pas le temps de se dessiner dans mon esprit.

Je me jette en avant, avale la distance entre moi et l’Autre. Ma main, qui s’était baissée sous le coup de la surprise, a un sursaut de vie : je lève ma baguette et la plaque contre la joue de l’Autre. Je ne suis qu’à quelques pas d’elle. Je sens la chaleur de sa joue sur mes doigts et je vois le bois de ma Moitié s’enfoncer dans sa peau molle.

Mon coeur bat à cent à l’heure. *J’m’entends plus !*. Le sang pulse à mes oreilles ; mon souffle est rauque et mes yeux fous.

« Dégage ! » vomissé-je de ma voix éraillée.

Mon nez se fronce et mes lèvres se retroussent. Merlin, j’aimerai brûler de colère, mais je suis aussi glacée que le vent. Je suis effrayée et je dois me battre contre la tempête de mes sentiments. Et de mes envies. Une part de moi frémit d’agir : incendio, incendio !, mais je m’exhorte au calme avec toute la force de ma peur: *j’suis en tort si j’attaque*.
Alors je ne fais rien, je compte sur mon regard et la force de ma voix ; et ma baguette qui grésille tout doucement contre la peau de l’Autre.

Nous sommes si proches ; quelques centimètres nous séparent. Je tombe dans la profondeur de son regard de boue, dans la couleur tournoyante de ses pupilles. Elle doit sentir mon haleine erratique couler contre sa peau et la chaleur de ma peur sur ses lèvres. Cette idée me répugne. *Bouge pas !*. Non, surtout pas. Si elle agit, j’agis. Elle ne pourra rien me faire ainsi ; elle est totalement sous contrôle.

Cela n’empêche mon estomac de se tordre et mes entrailles de se glacer. Je dois me faire violence pour ne pas reculer.

30 janv. 2019, 20:12
Instinct De Papier  Libre   RPG+ 
Je n'aurais sans doute pas du m'avancer autant... Ma main que je voulais simplement laisser voler prêt de la sienne l'a frôlé. J'ai serré les dents de peur qu'elle ne la rejette mais elle est restée immobile alors j'ai pris le temps de sentir sa chaleur. Un être vivant en chair et en os et probablement en plein d'autre choses. Alors que sans trop savoir pourquoi j'allais me saisir de sa main elle fait un pas en arrière pour s'en séparer. A nouveau je sens le froid de l'air ambiant.

Mais se reculer n'était visiblement qu'un moyen de mieux avancer puisqu'elle se jette sur moi. Mon cœur loupe un battement et ma jambe d'appui recule légèrement pour me permettre de ne pas flancher. Je sens sa baguette s'enfoncer dans ma joue, je la sens trembler à travers le bois. Je sens qu'en un instant elle pourrait me faire bien plus de mal que je ne peut l’imaginer. La peur me transit et je ne me sens plus la force de faire quoi que ce soit. Je suis une statue, qui ne peut rien faire d'autres que d'être spectateur de ce qui lui arrive.

J'entends bien son injonction. Je commence à avoir envie de lui obéir et de partir mais ai-je le choix ? Elle est si proche à présent que je sens son souffle se mêler au mien et je peut détailler ses yeux avec précision. Ils ne sont pas laids... Elle menace de m'incendier mais elle le fait déjà, mes joues sont brûlantes et ma poitrine aussi. Ma respiration est saccadée, tant de réactions physiques pour si peu de choses qu'une dispute entre élèves. Mais qu'avons nous engendré ?

J'ai peur, affreusement peur. Et pourtant ce n'est pas du feu que je devrais avoir le plus peur, j'aime les feux de cheminée, je suis chaleureuse, je fais parti du Yang, j'aime et je suis le sourire et le soleil. Rien ne pourrait m’associer à autre chose que le feu et pourtant, je me sens faible en l’imaginant me bruler la peau. Je me demande si j'ai mes chances de survivre. Vais-je finalement me sortir de cette affaire ? Car plus le temps passe et plus les choses s’aggrave...

Je sens une douloureuse boule se former au niveau de ma gorge, impossible encore de la traverser pour parler et elle fait naitre au fond de mes yeux des envies muettes. Si l'autre m'enflamme j'éteins le feu, d'une larme, une seule qui coule lentement ,qui contraste avec la rougeur de mes joues par sa transparence brillante. Entre mon menton et le vide elle oscille puis tombe, ma seule compagne dans ce combat presque plus intérieur qu'extérieur m'abandonne. Elle s'écrase au sol sans un bruit et c'est le froid maintenant qui souffle sur la trace humide qu'elle m'a laissé. Au vent glacial vient se mêler le souffle de l'autre dont la chaleur me glace plus encore et alors je n'ai rien de plus à faire que d'attendre car elle est seule maitre de nos deux corps.

"Comme l'a dit une sagesse profonde, plus vous essayez de rentrer dans le moule, plus vous allez ressembler à une tarte."

01 févr. 2019, 18:03
Instinct De Papier  Libre   RPG+ 
Mon souffle tremble. J’expire.
Rapide, désoeuvré, erratique ; l’air ne me nourrit pas, il ne me cache pas ma peur. Si proche de la fille, mon corps est en ébullition. Mes oreilles enflent de mon propre bruit et mon coeur prend toute la place à l’intérieur de moi. Je n’entends plus que lui.

Mes yeux se baladent sur le visage ; si proche de moi. Il sursaute d’un carreau à l’autre, transperce le verre pour s’imposer dans le regard de la fille. Je m’accroche à lui, mais je ne comprends pas ce que j’y vois. Ses traits me disent que sa colère l’a quitté, ses yeux me chuchotent qu’elle est dans le même état que moi. *IMPOSSIBLE !*. Je crève de peur dans mon propre coeur ; mon estomac s’envole et mes tripes m’abandonnent. Je ne peux ni réfléchir, ni penser ; seulement agir pour la faire taire, cette fille, la détruire pour qu’elle cesse de jouer avec moi. Alors elle ne peut ressentir ce que je ressens ; pas cette Autre qui ne sait que m’affronter.

Soudainement, je les remarque ; mes yeux quittent son regard pour caresser ses lèvres. Les deux pâles sont entrouvertes et sort de l’interstice qui les sépare un son affolé qui me retourne le coeur. *Pas possible*.
L’Autre est aussi essoufflée que moi. Elle perd son souffle, elle s’étouffe en elle-même.

Perdue, je laisse couler mon regard sur ses joues, sur ses traits qui me donnent envie de crier. Mais la rougeur que j’y vois tue mon envie avant qu’elle ne s’épanouisse. Mes veines, qui commençaient à s’échauffer de haine, se vident. Là, sous mon regard, sous mes yeux écarquillés, sous ma baguette grésillante, l’Autre est terrifiée.
Difficilement, presque douloureusement, je prends une profonde inspiration qui fait se lever mes épaules et qui m’éloigne, si peu, de l’Autre.
J’ai besoin de cela pour comprendre. Pour saisir.

*Trop tard*, pensé-je presqu’à regret en reprenant ma place dans le regard de la fille. Là, des larmes. Non pas le fleuve ardent de la passion ; non. C’est la chute de la peur, de celle que l’on ne peut contrôler, de celle qui dépasse nos frontières et qui s’échoue sur le sol sans bruit. La peur qui étouffe. Je m’éloigne encore un peu ; mais toujours si peu.
Ce visage, rouge. Son souffle ; affolé. La trace humide sur sa joue et la grandeur de ses yeux me frappe directement au coeur : bam ! un grand coup qui fait frémir. J’éloigne ma baguette sans y penser.
*Elle pleure*. Oui.
Non.
Je la fais pleurer ; c’est mon oeuvre. Regardez donc ce que je viens de créer : ce monstre figé par la peur que j’impose.
Je l’étouffe.

Mon coeur se serre horriblement. Non pas comme lorsque je vais pleurer, pas comme lorsque la tristesse m’assaille et manque de m’ensevelir. Non, là c’est une douleur persistante, mais douce, qui vibre tout au fond de mon palpitant et qui me donne envie de vomir.

« Merde…, » laissé-je échapper du bout des lèvres.

Ma bouche bouge à peine, mais le son de ma voix, lui, n’hésite pas à se faire entendre. Je m’entends comme dans un rêve ; je sais que j’ai parlé, mais je ne sais pas pourquoi.
Je m’éloigne. Mon bras, celui qui tient la baguette, est toujours levé, mais désormais loin de la fille. Je me recule un peu pour ne plus sentir sa chaleur, pour ne plus percevoir la trace de sa honte qui brille sur sa joue.
*Elle m’a cherché !*. J’essaie de m’accrocher à cette idée. *Elle a commencé !*. J’essaie de croire à mes pensées. *C’était elle ou moi*. Je parviens à me convaincre.

Apaisée, mon souffle s’engouffre dans ma poitrine. Mes épaules se détendent légèrement et j’ose détourner mon regard du Monstre-de-honte que j’ai devant moi pour regarder Varb. Comme s’il m’accusait, il me regarde sans se détourner.
J’essaie de donner de la dureté à mes traits, mais je crois que ce sont mes yeux qui règnent : écarquillés et froncés, ils m’empêchent de ressembler à autre chose qu’à ma peur.
*Elle ou moi !*, imposé-je à mon crâne rouillé.

Encore, je lève ma baguette. Pas aussi haut que je l’aurai souhaité. Mon bras mou vise la poitrine de la Serpentard ; son blason. Quand je lève mes yeux sur son visage je comprends que j’ai agis comme je le devais. Mieux vaut qu’elle ait peur de moi, mieux vaut cela que de l’entendre ouvrir sa bouche.

« Va-t’en, » dis-je trop précipitamment. Je me redresse et j’élève la voix : « Va-t’en ! »

Mon coeur a un sursaut : *S’te plait, continue pas !*. Merlin, faites qu’elle s’en aille ; je sais pertinent bien que je ne peux rien faire. Ni les mots, ni le silence ne peut régler cela ; l’ombre de Loewy règne sur chacun de mes comportements. Je ne peux rien faire d’autre que cela ! Alors, s’il te plait, laisse-moi tranquille.

06 févr. 2019, 17:20
Instinct De Papier  Libre   RPG+ 
J'hésitait à insister encore. J'avait entendu à travers cette grossièreté qu'elle ressentait un minimum de compassion à mon égard. Mais pousser le bouchon un peu trop loin pouvait avoir de grandes conséquences. Encore une fois j'étais soumise par sa baguette pointant mon cœur sous l'écusson de ma maison. Alors dis-moi serpentard, que faisons nous quand nous sommes coincés ? Nous ne nous battons pas, nous ne préméditons pas de vengeance, non nous abandonnons une personne sur le côté de la route et continuons la notre.

Une dernière fois j'ai levé mon regard vers le sien avec empathie. J'ai longuement soupirée, la jeune fille ne changerais pas de comportement et les choses resteraient aussi froide que le ton de sa voix. J'ai reculé d'un pas. J'ai hésité à lui faire mes au revoirs ou mes adieux, à faire une dernière remarquer désobligeante ou à m'excuser mais je n'ai rien fait. J'ai baissé la tête et sans mot dire je lui ai tourné le dos parfaitement consciente qu'il était risqué de tourner le dos à quelqu'un qui vous menaçait. Sur le pas de l'entrée de la volière j'ai encore eu envie de lui dire quelque chose mais rien n'est venu, je l'ai regardé mais je pense que son regard à elle ne s'inquiétait plus que de son fichu hibou qui avait fini par arriver. Alors sans un mot je m'en suis allé, cessant de lutter contre le courant qui m'emportait au large.

J'étais bien contente d'en avoir fini définitivement avec elle quand même. J'y ai pas mal repensé après. J'ai pensé à l'idée d'en parler à quelqu'un. J'ai pensé à m'en plaindre à la direction aussi... Mais je n'en ai rien fait. Chaque fois que je la croisais je la dévisageait étrangement. Ce n'est pas que je la jugeait mais je me demande toujours à quel moment elle peut exploser. Elle est vraiment étrange cette fille en tout cas. Je crois que jamais je ne pourrais être amie avec ce genre de personnes. En plus c'est pas forcément une bonne idée dans le sens où j'ai pas envie de me faire frapper par mes propres amis. Étrangement je suis bien plus méfiante quand je viens à la volière maintenant. Et j'essaye plus trop d'aborder les gens. Ou alors ce que je fais c'est que je leur souris et ensuite je ne leur parle que si ils ont été capables de me rendre mon sourire. Je veux bien qu'on puisse être introverti mais les gens de ce château sont carrément des misanthropes pour certains. Heureusement j'ai réussi à me faire des amis et il reste pleins de gens gentils. Mais jamais je n'oublierais cette altercation.

"Comme l'a dit une sagesse profonde, plus vous essayez de rentrer dans le moule, plus vous allez ressembler à une tarte."

12 févr. 2019, 17:13
Instinct De Papier  Libre   RPG+ 
Dans l’attente, j’ai l’impression de crever. J’espère avec tant de force que ma tête commence à me faire mal et j’attends si mal que mes pensées viennent me hanter. Je dois donner tout ce que j’ai pour ne pas pas m’enfuir en courant, pour ne pas jeter un sortilège ou tout simplement crier pour évacuer ma peur. Crier sans but, seulement pour évacuer le trop-plein qui me chamboule. Alors j’impose des pensées que j’espère assez forte pour contrer les autres : *elle ou moi*, me répété-je comme une litanie sans fin. *Elle ou moi*, j’essaie de retrouver la colère qui m’a fait agir, celle qui m’a retourné il y a quelque seconde à peine. Mais à l’intérieur de moi je ne trouve que ma peur.

Puis soudain, elle bouge. Mon coeur s’arrache de son socle quand elle pousse un soupir si profond qu’il me retourne l’âme. Les yeux écarquillés, toute peur quitte mon visage — mais pas mon coeur. J’écarquille plus encore les yeux lorsqu’elle se recule. Comme si elle était liée à l’Autre, ma baguette s’abaisse naturellement. Je ne trouve ni la force, ni l’envie de la relever. Je la laisse tomber jusqu’à que le bout caresse ma cuisse.
*Elle obéit !*, osé-je songer dans ma tête.
Oui et elle ne se contente que d’un regard vers moi avant de se retourner vers l’entrée de la volière. Mes épaules se relâchent et je m’autorise une inspiration bien trop précipitée qui me fait mal aux poumons. A voir son dos ainsi devant moi, j’hésite. *J’pourrais la frapper*. Un coup bien précis, un sortilège et elle aurait ce qu’elle mérite.
Mais une image, vicieuse, m’empêche d’agir : son sien et la larme qui s’est échappé de ses yeux pleins de peur.

Mon coeur se serre d’une étrange façon. Je n’agis pas. Ma gorge est douloureuse et mon souffle court, mais je n’agis pas. Sans un mot, elle franchit l’entrée de la volière. Là, alors que je pensais que tout était fini, elle se retourne. Ses yeux m’alpaguent, mon coeur flanche ; *qu’est-ce qu’j’ai fait ?*. La pensée est trop douloureuse. Je la renvoie dans les tréfonds de ma conscience au moment même où la fille disparaît dans les escaliers.

Alors seulement je me rends compte du tremblement qui agite mes jambes.
Je me baisse sur elles, faible, le coeur en fuite et le visage ravagé par ma peur et mon soulagement.
Ça me prend soudainement : l’envie de pleurer. Sans que je ne puisse faire quoique ce soit mes yeux se remplissent de larmes brûlantes et mon visage se tord.
Lentement, je me laisse aller sur le sol et m’assoie, mes jambes étirés devant moi, mes cheveux retombant autour de mes joues. Je penche la tête en avant et fourre ma tête entre mes mains. Je pleure sans sanglot, sans cri, sans douleur. Je laisse mes larmes couler, habitée par la peur et l’horrible sentiment d’avoir fait quelque chose de mal.

Quand un poids se pose sur mon épaule, je réagis à peine. Je sais que c’est Varb, car la douceur de ses plumes me caresse les doigts. Je sais que c’est lui, car une vive douleur m’oblige à lever rapidement la tête, un cri au bord des lèvres. Je regarde mon doigt au travers mes larmes. Je dois battre des paupières pour que ma vision s’éclaircisse. Mon doigt saigne ; Varb m’a pincé. Mais je n’ai même pas envie de lui en vouloir.

Je suis épuisée.
Totalement éreintée. Vidée.
Pitoyable.
Je devrais être soulagé que la fille soit partie, mais je ne ressens qu’une seule chose qui prend toute la place : le poids des larmes dans mes yeux et mon envie, presque tiraillante, de les laisser couler, encore et encore, pour effacer le regret qui me bouleverse le coeur.

- Fin -