Danser en plein milieu de tous ces étudiants ? Aucun problème, comme toujours, la fillette en a que faire du regard des autres donc montrer sa danse quelque peu étrange, oui bon hein, tout le monde ne sait pas danser, bon en soi pas de problèmes.

C’est donc sans aucune pression qu’Aliénor regardait Elwing dans les yeux avant de prononcer le 4 qui allait la mener au milieu du parc. La fillette sourit à l’autre Poufsouffle puis se leva en jetant sa boule de neige contre un arbre. Elle s’essuya les mains et parti vers le centre du parc. Mais elle avait décidé d’en faire plus, elle était dans une humeur très joyeuse donc pourquoi ne pas rameuter tout le monde. Aliénor écarta les bras une fois au milieu du par cet cria :

-Medames, Messieurs, ici, pour votre plus grand plaisir, je vais vous faire une jolie danse !

La fillette s’inclina comme le ferait un grand artiste et commença ces quelques gestes désordonnés. Danser sans musique rendait la chose d’autant plus ridicule ce qui faisait rire la petite Delphillia. Elle souriait en tournoyant sur elle-même et laissait même échapper quelques rires. Elle chantonnait un air pour se donner un minimum de rythme mais se souvint d’une chose qui éclaira son esprit. Se rapprochant de l’autre Poufsouffle toujours en se dandinant, elle l’interpela d’une voix forte.

-Pour combien tu me rejoins et tu chantes ?

Aliénor souriait à pleines dents, elle trouvait son idée très bonne et peut-être que cela était plus accessible pour son amie. Elle faisait des gestes étranges avec ces mains alors qu’elle attendait les cinq secondes qu’elles s’imposaient pour dire leur chiffre.

-1 !!

Aliénor n’avait pas entendu la voix de la fillette mais elle continuait à danser, au final elle s’amusait bien dans cette neige. Elle attrapa de la poudreuse au sol et l’envoya au-dessus d’elle en tournant et en riant. Elle était comme dans un autre monde de joie et de bonne humeur et cette danse ne la sortait pas de là. Mais en soi, elle ne voulait pas en sortir, elle était bien là, à danser et exprimer sa joie.

  Aliénor faisait beaucoup rire Elwing, et celle-ci fut surprise de sa proposition mais se dit que cela pouvait être amusant, après tout, tout le monde la regardait maintenant.  Elle prononça donc le 1 et se joint à sa camarade.  C'est vrai que c'était drôle de danser comme ça.  Elle chantait, de sa plus belle voix, une chanson rythmée qu'elle adorait.  La Poufsouffle lançait des regards complices à l'autre élève, continuant à se déhancher devant ce public improvisé.  La jeune fille riait et s'amusait, Ali lui avait fait oublié la tristesse de ce matin, ce qui lui faisait un grand bien.

  Après quelques minutes, la chanson actuelle fut terminée et c'est Aliénor qui en entama une autre.  Cet air frappa Elwing violemment, comme si l'on venait de la gifler.  C'était une chanson qu'elle et Juliette écoutaient souvent, très souvent.  La jeune Poufsouffle fut soudain prise de flashs de tous ces moments où elle avait été heureuse, où elle avait cru être heureuse.  Perdue dans ce flot de pensées, elle s'écarta de la foule et s'assit loin des autres, la tête entre les mains.  Ces images défilaient, toutes sortes de souvenirs, bons et mauvais, et ne s'arrêtaient pas.  La jeune fille commença alors à sangloter tellement cela lui donnait mal à la tête.  Jamais elle ne s'était sentie aussi mal, elle venait de se rendre compte qu'elle était pour la première fois perdue, sans savoir quoi faire, sans but.  Sa vie n'avait plus de sens, elle existait simplement sans avoir d'utilité.

  Elwing entendait des voix, elle était comme hantée par son passé, elle devait changer et s'en détacher à tout prix pour laisser derrière elle ces images.  Elle n'arrivait pas à les chasser, si bien qu'elle hurla sans pouvoir s'en empêcher.

- ARRETEZ !!!

Elles avaient dit le même chiffre ce qui forçait Elwing à venir se déhancher avec Aliénor. Elle était ravie au milieu de ce parc et de la neige avec son amie à danser et à chanter à tue-tête. Elle ne pouvait se douter de ce qu’il allait se passer. Alors que tout se passait pour le mieux, que tout allait bien elles dansaient chantaient ensemble et d’un coup Elwing partit ce mettre dans un coin. Aliénor ne comprit pas de suite ce qu’il se passait. Elle continuait à danser en chantant puis, en se tournant, elle vit Elwing un peu plus loin. Elle s’arrêta doucement sans comprendre ce revirement de situation. Elle était seule dans son coin, la mine défaite. Comment on en était arrivé là ?

Aliénor s’avança doucement vers sa camarade essayant de comprendre ce qu’elle avait fait de mal. Elle croyait pourtant avoir réussi à redonner le sourire à la fillette perdue auprès du lac… Mais visiblement non, en une fraction de seconde, tous ces qu’elle avait fait venait de s’écrouler.

-ARRETEZ !

Aliénor s’arrêta net, ne comprenant vraiment pas ce qu’il pouvait se passer dans la tête de la Poufsouffle. Mais malgré ça, elle s’avança et s’assit à ces côtés. Elle laissa un temps avant de parler, son regard fixe sur le château au loin.

-Pour combien tu m’explique ?

Aucun chiffre ne suivit cette proposition, c’était une question à laquelle elle répondrait oui ou non. On ne peut forcer quelqu’un à parler à ces états d’âme. Une personne s’approcha des deux filles, Aliénor lui adressa un sourire en lui faisant comprendre avec des signes que ce n’était pas le moment. C’est vrai que les autres aussi devaient être surpris par ce changement soudain d’attitude. Il y a quelques minutes même pas, elles dansaient au milieu du parc, il y a de quoi s’inquiéter ou même de quoi se dire qu’elles vont finir à l’asile. Mais peu importe, Aliénor voulait être là pour l’autre fillette même si elle n’a pas souvent les mots pour ce genre de situations. Les sentiments, les larmes, les effusions d’émotions, elle ne savait pas vraiment gérer, la preuve avec elle-même. En effet, la fillette ne sait même pas gérer ces propres sentiments et ceux-ci se transforment souvent en colère contre elle-même. Chacun sa façon de gérer toutes ces choses, les problèmes, les changements, les gens… Mais elle espérait qu’Elwing réussirait à sortir de sa tristesse, déjà c’est mauvais pour elle de s’enfermer là-dedans et ensuite ça a le don de mettre mal à l’aise Aliénor qui le cache bien.

Elle restait sans bouger, le dos droit aux côté de la fillette espérant qu’elle parle, c’est le meilleur moyen pour prendre du recul.

  Elwing voyait ces images encore et encore, ne voyant plus rien autour, n'entendant plus rien jusqu'à ce que la voix d'Aliénor stoppe les flashs instantanément.  La Poufsouffle souffla, reprenant ses esprits avant de réfléchir à ce que son amie avait dit.  Elle n'avait pas compris le sens de sa phrase et dut remettre les mots dans le bon sens avant de pouvoir répondre.  La jeune fille remit ses idées en place pour sortir une phrase qui ressemblait à quelque chose.  Elle respirait fort, encore essoufflée par ce qu'il venait de se passer.

-J'ai entendu...  La chanson, celle de moi et Juliette.  On l'écoutait... souvent.  Et puis j'ai vu... des images.  Mon père...  Juliette...  Je...  comprends pas.  Je ne suis pas triste d'avoir...  quitté Juliette mais...  Je vais pas bien, je... comprends pas.

  La Poufsouffle repensa à tout ce qu'elle avait vu en quelques secondes, c'était sa vie, tous les buts qu'elle avait eu et qu'elle n'avait plus.  Elle se rendit compte que sa vie n'avait plus de sens, dépourvue d'une envie de continuer, d'une cause à défendre.  En ayant perdu Juliette, elle avait perdu la dernière chose qui la tenait debout.  Il lui suffirait de retourner vers ceux qu'il lui restait mais ça, Elwing ne s'en rendait pas compte, elle s'enfermait avec ses problèmes au lieu de chercher de l'aide, persuadée qu'elle pourrait s'en sortir seule.  La jeune fille fuyait l'aide qui la sauverait.

Elwing ne répondit pas de suite, elle semblait se remettre de ce qu’elle venait de vivre. C’était si grave que ça ? Aliénor ne comprenait vraiment rien, elle était totalement à côté de la plaque. En même temps en termes d’amour et de petit couple, elle était la dernière personne à venir voir. Déjà elle ne comprend pas l’intérêt ça la dégoute presque, elle n’y voit pas le but. C’est quoi un copain ? Un ami avec qui on échange sa salive ? Mouais pas ouf.

Mais la fillette se décida finalement à parler et à expliquer ce qu’il venait de se passer. Aliénor écouta attentivement tout en priant pour que ce soit quelque chose sur laquelle elle puisse éclairer sa camarade.

Mais tout ce qui sortit de la bouche de la Poufsouffle était confus, comme si elle ne savait pas vraiment ce qu’il se passait. Le regard d’Aliénor tomba sur la neige saccagée par le passage des gens. Elle comprenait ce sentiment, elle-même en subissait le courroux en ce moment. Elle ne savait plus où la menait ces sentiments et comment gérer tout ce qu’il se passait en elle.

-Je comprends.

Elle laissa ces mots en suspend alors qu’elle en cherchait d’autres pour s’exprimer plus facilement.

-Tout change autour de toi, tes sentiments n’en font qu’à leur tête et toi t’essaye juste de suivre dans un corps qui ne ressemble même plus à celui d’hier.

Aliénor, c’était comme ça qu’elle le vivait, et on appelait ça l’adolescence… Sympa le concept. Mais ce n’était qu’un passage quelque chose qu’elle surmonterait ans tous les cas. Elle espérait que pour sa camarade de maison c’était la même chose sinon elle allait paraitre débile, mais bon ça, c’est le quotidien de notre petite brune.

  Aliénor lui dit qu'elle comprenait, cela lui fit du bien.  Elle se sentit soutenue dans ce moment où elle ne comprenait plus rien à ce qu'il se passait en elle.  Tout se mélangeait, le passé et le présent.  Ils revenaient pour la hanter, lui envoyer un message.  La Poufsouffle répéta dans sa tête ce mot que sa camarade avait prononcé : changer.  Elle le retourna dans tous les sens, il résonnait comme une solution à tous ses problèmes.

- Merci, vraiment.  Tu es venue vers moi alors que tu n'en étais absolument pas obligée, tu m'as remonté le moral et puis tu reviens vers moi alors que je ne suis pas drôle du tout.  Je suis désolée de te pourrir ta journée, je...  Tu es une vraie amie Ali, vraiment.  J'avais besoin de ça je crois.

  Elwing était apaisée pour le moment par la présence de son amie.  Elle se sentait bien pendant quelques secondes jusqu'à ce que certaines images reviennent dans son esprit.  Elles tournèrent et redéclenchèrent le mal de tête.  La jeune fille se mit à sangloter.

- Ali, ils reviennent pour me hanter, aide-moi !  Ils ne partent pas...  Ça fait mal arrêtez !  Stop je... je ne veux plus vous voir !

  La Poufsouffle continuait à pleurer, elle avait un sérieux problème à régler dont elle ne connaissait pas exactement la solution.

Elwing remercia Aliénor. La fillette ne comprenait pas vraiment ce qu’elle avait fait de si spécial qui méritait des remercient. Elle avait juste envie de s’amuser et de passer du bon temps, et puis elle n’avait pas voir les gens malheureux autour d’elle. En soi, c’était totalement normal pour la fillette. Même si ce que disait la Poufsouffle la touchait vraiment et elle était heureuse de rassurer son amie, même si elle se doutait bien que tout ce qui se passait pour Elwing n’allait pas disparaitre, c’est bien plus compliqué que de se dire je l’oubli. Un peu comme avec la peur de l’eau d’Aliénor.

Et comme elle s’y attendait, sa camarade s’agita en disant que toutes ces images ne la laissaient pas tranquille. Aliénor sursauta surprise par ce revirement. Ça devait être compliqué pour la Poufsouffle, mais elle devait faire le tri dans sa vie et aussi accepter tout ce qu’il se passait et arrêter d’essayer d’oublier. On se forge des épreuves mais pour cela il faut les prendre en compte et accepter qu’elles fassent partie de sa vie.

-Elwing, je sais que c’est dur, mais tu dois accepter tout ce qu’il t’arrive. C’est que en acceptant que tu pourras avancer, arrête d’essayer d’oublier, ça fait partie de toi, on ne peut s’oublier soi-même.

Aliénor posa doucement une main sur l’épaule de son amie. Après tout c’était ce que faisaient les gens pour exprimer leur soutien, du moins c’était ce que pensait la fillette. Elle portait un regard tendre sur son amie, elle n’aimait pas vraiment voir les gens tristes même si la seule chose qu’elle avait envie de faire en ce moment c’était de fuir. Gérer les dramas des autres, elle ne sait pas vraiment faire… Mais bon, elle ne pouvait pas laisser sa camarade seule au milieu de parc à essayer de gérer son passé.

Aliénor regarda autour d’elle, il n’y avait plus grand monde dehors, et pour sûr, il commençait à faire froid ici. Aliénor souffla dans ces mains pour se réchauffer. Elle se leva pour se placer devant son amie.

-Tu veux pas venir au chaud, on sera mieux non ?

  Aliénor la rassura, Elwing calma sa respiration, tentant de se contrôler.  La Poufsouffle chassa les images, les remplaçant par la voix de son amie.  Il fallait occuper sa tête pour régler les flashs qui la hantaient.  

- Ce sont eux qui viennent à moi, je ne les veux plus.  Je ne veux plus de famille, plus de grand amour.  Ma vie est à Poudlard, je suis plus celle que j'étais hier et je ne le serai plus jamais.  Voilà comment je veux vivre et je vais les laisser derrière moi.  

  Elwing esquissa un léger sourire à la Poufsouffle.  Son interlocutrice avait sans doute raison mais elle ne voulait plus rien avoir en commun avec sa mère, avec cette vie.  Elle avait perdu son but, elle n'était plus personne.  Voilà où était son problème.

- Il fait froid, je t'avoue que ça me ferait du bien de rentrer.  Encore merci, je sais pas ce que j'aurai fait sans toi.

  La jeune fille se leva, elle ne savait pas où aller, elle suivrait Aliénor.  Comment pouvait-on se souvenir de qui l'on était si le chemin s'était effacé.  Elwing était à la dérive, et sa seule bouée était Ali pour le moment.  Il fallait qu'elle remonte à la surface, elle avait besoin des autres.  Malheureusement, c'était la dernière à laquelle elle pensait pour se remettre sur pied.

Fin du RP