J'écoutais attentivement les paroles d'Aishani. Attentivement du moins jusqu'au moment où je me suis perdue dans mes pensées... Ce Pat...l'envie de lui tendre un piège me prenait soudainement. Alors dans ma tête je cherchais, des idées de pièges infaillible. L'idée ce n'était pas de l'humilier, c'était que ça fonctionne. J'essayais d'accorder mon attention à la gryffonne, elle avait toutes les informations et l'écouter alimenterais surement mes idées. Buttercup je le connaissais pas. J'y pouvais rien si j'écoutais rarement avec attention ce que nous disaient les profs...

- Nan je le connais pas je te dis. J'ai déjà du entendre son nom mais je devais pas en avoir grand chose à faire... Paddock c'est nul comme prénom...

J'admirais le carnet dans ses mains. J'avais bien des ébauches d'idées mais j'avais besoin de plus d'informations. Dans un étrange sursaut je me jetait sur celui ci et le lui prit des mains avant qu'elle ne le fasse à nouveau disparaître dans sa poche.

- Attend. Je veut...j'ai une idée... Désolé je te prend ça.

Je jetai un œil aux écrits à la recherche de l'emploi du temps. "aujourd'hui on est...oui donc demain c'est jeudi...parfait." Demain, jeudi 10h. Si nous nous mettions là et là et que... Oui...oui parfait tout ce qu'il faut c'est être deux pour réussir à bloquer les imprévus.

- Demain abandonne l'idée d'aller en récrée. Tu veux savoir ce qu'est une farce dans les règles de l'art ? Et bien laisse moi t'expliquer. Toutes les deux chacune de notre côté on va prétexter avoir besoin d'aller à l'infirmerie. Mais au lieu d'y aller on va venir aux cachots...

Je fouillais dans mon sac et en extirpait avec difficulté un crayon, langue entre les dents. Je trouvais une page vierge et dessinait un coude "tu vois là, c'est un virage et plus loin..." je dessinais une flèche qui pointait vers la suite de la route dessinée. "plus loin il y a la salle de potion. A dix heures il va en sortir et il va forcément devoir remonter. Sauf que pour ça...obligé de passer ici ! Donc peu importe quand il va passer c'est sûr qu'il le feras ! Et tu vois juste ici.." je dessinais maintenant un rectangle contre ce qui se devinait être le mûr dans la lignée du virage à angle droit. "ça c'est un placard à balais ! Juste assez grand pour que quelqu'un y loge..." D'un déclic je rangeais la mine de mon stylographe et regardais Aishani dans les yeux.

- Toi. Tu seras dans le placard, dans ta mains tu auras un encrier ouvert et dans les poches des bonbons explosifs au cas où ça ne fonctionne pas. Les portes du placard seront fermées. Quand il va arriver au niveau du placard je vais l'arrêter, je connais sa tête maintenant, et je vais lui demander un autographe. Dès que tu entendras le mot "autographe" tu sortiras et menaceras sa petite personne avec l'encrier. Il seras pris en embuscade et on en profitera pour lui extorquer des informations. Tu vas me dire qu'on pourras nous voir ? Oui mais mes règles de l'art à moi c'est d'assumer ses bêtises.

Je marquais un temps pour respirer. "Bon sois là bas demain à 10h50 le temps que tu te caches et ensuite on l'attendras patiemment."

L'indienne était songeuse, regardant sans vraiment la voir Jenny devant elle, alors qu'elle lui confirmait ne pas savoir qui était Paddock Buttercup. L'engouement général avait été si complet, si total du point de vue de la Gryffonne que les dénégations répétées de la Serpentard lui faisaient se poser des questions. Elle murmurait pour elle même.

"C'est tellement bizarre... On ne parle que de lui depuis la rentrée, chez les Gryffons... Tellement bizarre..."

Alors qu'elle allait ranger son carnet, celui ci lui disparu des mains, acquis avec vigueur par la jeune serpente. Aishani repris sa concentration, la regardant avec une curiosité non feinte feuilleter ses informations. Elle avait été méticuleuse, comme à son habitude lorsqu'elle était confrontée à un problème et beaucoup d'informations étaient présentes dans les quelques pages. Il y avait l'emploi du temps, son cercle de relations, son historique, et un compte rendu plutôt détaillé de tout ce qu'avait tenté Aishani cette dernière semaine, sans réussir une seule fois. Jenny pour l'instant semblait n'être intéressée que par l'emploi du temps.

Aishani hocha de la tête sans rien dire, la laissant se concentrer. Elle était toute disposée à laisser quelqu'un d'autre tenter sa chance, chaque occasion ratée ne renforçant que d'avantage ses maux de crâne. Jenny dessinait avec emphase son plan, pointant et argumentant du doigt sur le dessin. Le plan était simple. Un peu trop simple.

"Si il sort de la salle de potion, il est fort probable qu'il soit suivi de sa clique. Il sera difficile de le choper tout seul... Mais si tu dis que c'est possible..."

Elle hocha de nouveau de la tête, suivant les nouvelles informations. Une attaque à l'encrier ? Okay okay, pourquoi pas. Le menacer avec ? Sur, bien sur, pas de soucis avec ça. Aishani n'avait aucune idée des questions qu'elle comptait lui poser, elle voulait juste le faire descendre de cet étrange piédestal. Son instinct lui disait que c'était le chemin le plus facile pour aller mieux. Juste une farce, juste une farce qui passe. Qui brise cette improbable succession d'heureuses occasions... Et puis vint la bombe de transparence. Jenny voulait le faire à visage découvert.

Aishani la regarda avec des yeux ronds comme des soucoupes, alors que la Serpentard lui souriait, lui indiquant d'être à l'heure. Elle était folle, ça ne fonctionnerait jamais. Aishani détourna les yeux et le corps, incapable de rester concentrée plus longtemps, les bras s'agitant dans l'espace.

"Ah mais ça risque de ficher tout en l'air, à découvert ! Je vis avec le bonhomme je te rappelle. On partage la même Maison. Si jamais il me reconnait je n'aurais plus d'endroits où me cacher dans tout ce château pour lui échapper ou échapper à une quelconque punition ! Et si ça rate ? Et si on n'arrive pas à l'avoir ? Tu y as pensé ? Comment voudras tu continuer ensuite ? A découvert, il faut que tu sois sacrément sûre d'y arriver... J'étais confiante en mes capacités, et rien n'y a fait."

Elle se retourna, à la recherche de la Serpentard.

"Jenny ?"

La porte des toilettes se referma, elle était désormais seule. Aishani n'en revint pas, peu habituée à se prendre une sortie du style "héros de la nuit". Interdite quelque secondes, elle ne put s'empecher de se tendre, hurlant sa frustration à la lourde porte de bois.

"Bon sang, cette fille !"

Ruminante, elle vérifia qu'elle était présentable dans le miroir délabré, effaçant toutes traces de ses émotions précédentes. Jenny avait intéret à savoir ce qu'elle faisait... Il allait être difficile d'échapper aux conséquences si ça ratait... Et Aishani sentait que ça ne marcherais pas...

Suivi de sa clique, évidemment qu'il e serait. Et ce ne serait pas un problème, nous aurions qu'a intervenir contre leur gré et sans demander l'avis de qui que ce soit. J'était convaincue que nous allions y arriver, par la ruse nous obtiendront la force et par la force nous obtiendrons ce que nous convoitons. Des probabilités douteuses ne nous aideront en rien, sa clique sera là et ce n'est pas juste probable mais nous les attendrons.

Tandis qu'elle fixait le miroir devant elle je marchais à reculons, lentement. Puis par l'entrebâillement de la porte je m'enfuis, lui forçant ainsi la main pour éviter tout refus de sa part. Je trottinait jusqu'en salle commune pour préparait tout ce dont nous aurions besoin. Sur mon carnet je notais mon plan avec minutie une excitation nouvelle prenant possession de mes envies. Avec exaltation je préparais dans mon sac tout les objets nécessaires à notre réussite et avec délectation je m'endormis en plongeant dans des pensées de pièges échafaudés.





20 minutes avant la fin des cours.


"Madame, je me sens vraiment très mal...je pourrait ? S'il vous plait ?....merci beaucoup…"

Un élève se leva. Je le suivit mon sac fermement tenu sous mon bras, le professeur trop concentré ne remarqua pas que j’emportai celui ci. Je me retrouvais seule avec ce gars, a qui je n'avais jamais parlé. Il marchait non loin de moi, j'attendis le moment idéal et m'éclipsais dans un escalier. Il me poursuivit quelques pas me criant de lui expliquait ce que je tentais de faire mais pas moyen que je prête attention à ses paroles, je courrais encore et encore, longeant les parois en m'y cognant de temps à autres. Essoufflée et enfin convaincue d'être seule je m'arrêtais, posait mes mains sur mes genoux et soufflait bruyamment.

10 minutes avant la fin des cours.

J'avançais à nouveau à pas vifs, me précipitai confiante de mon aérodynamisme dans les couloirs de notre école enchantée. Je tournais, tournais, descendait puis enfin pénétrait dans le large boyau des cachots. Je reconnût la route de ma salle commune, celle des poufsouffles aussi. Mais je me dirigeais vers un tout autre endroit, le couloir adjacent à la classe de potions. Dans le couloir ne résonnaient que mes pas, gouttes d'eau dans un lac de pierre ils laissaient derrière eux un son résonnant difficile à cacher.

5 minutes avant la fin des cours.

Tout était prêt...je n'avais plus qu'a l'attendre. Je me répétait en boucle des prières. Si elle ne venait pas ma déception serait aussi grande que le chemin parcourût pour venir jusqu'ici. Si elle ne se présentait jamais je me vengerais sans hésiter, me laisser tomber n'était pas une option...

Mercredi soir, 19h.

"Tu vois que je suis un homme. Je commence à avoir des poils sur le torse... Ahahah tu peux pas lutter... Hum ?.. Oh... Dis ? Tu n'as pas vu ma cravate ?"

Mercredi soir, 21h.

"Superbe duel ce soir, on s'est bien défoulés. Attends, j'ai un soucis... Je ne retrouve plus ma cape, tu sais où elle est passée ?"

Jeudi, 01h.

<SNIP><SNIP><SNIP>

Jeudi matin, 08h.

"Aisha' ? Tu as vu mon bas de laine noir ? Je n'arrive pas à le retrouver."

"Ce vieux truc démodé ? Non je ne l'ai pas vu, désolée. Si tu veux mon avis, il est de toute façon trop conservateur pour tes jolies jambes. Tu veux que je te prête une paire de chaussettes hautes ?"

Jeudi matin, 10h45

L'armoire s'ouvrit soudain devant Jenny, alors qu'elle faisait les cents pas dans le couloir. Du meuble, une jeune Serpentard longue et efflanquée en sorti à moitié, le visage recouvert d'une cagoule de fortune dont les deux yeux marrons ressortaient.

"Hey Jenny ! Psst, c'est Aisha !.. Qu'est ce qui t'as retenu ?"

Ca faisait déjà bien quinze minutes que l'indienne attendait immobile dans le placard, espérant que Jenny pointe le bout de son nez. Elle avait récupéré un encrier perdu en salle d'étude avant de venir et le soupesait dans ses mains, pensive. Au pire, si Jenny ne se pointait pas, elle pourrait toujours essayer de verser son contenu sur la tête de Paddock, avant de prendre la poudre d'escampette. Ce n'était qu'une troupe de sixième année après tout, tous avec une grande maitrise de leur baguettes et tenant au jeune homme comme à la prunelle de leurs yeux... Oh c'était une mauvaise idée... Diable que c'était une mauvaise idée...

Elle fut étrangement soulagée que Jenny ait tenue parole.

"Ne m'en veut pas pour la cagoule et le déguisement, il n'est pas question qu'on me retrouve si cela foire. Je vis dans le même dortoir que la plupart de ces gens, je te rappelle. Et ce sont tous mes ainés..."

L'ironie n'échappait pas à l'indienne, alors qu'elle toisait Jenny, brave et fière telle une lionne face au danger, alors qu'elle même se cachait sous ses artifices telle une serpent, se préparant à minimiser une potentielle défaite pour mieux gagner une bataille prochaine. Elle fouilla dans la poche de sa cape temporaire, en sortant une autre cagoule.

"C'est vraiment dangereux ce que tu proposes... J'en ai fait une pour toi, si tu as repris tes esprits. Ma capuche n'est pas négociable, par contre... "

Elle secoua le tissu devant la Serpentard, avec l'espoir qu'elle reprenne raison et s'en saisisse.

"Honnêtement, ton plan ne fonctionnera jamais... Mais je te suivrais jusqu'à la fin... "

Je sursautai en voyant l'armoire s'ouvrir devant mes yeux. Une serpentard en sortit mais alors que je m’apprêtais à me confondre en explications quant aux raisons de ma présence ici je reconnût la voix d'Aishani. Uns fois mon cœur calmé je me laissais aller à un long soupir de soulagement. Elle était là et nous allions pouvoir passer à l'action.

- J'avais mal prévu mon timing... Quoi qu'il en soit je suis là.


J'admirais le déguisement de la jeune fille en écoutant ses explications quant aux raisons pour lesquelles elle le portait. Je n'avais en effet pas pensé à de possibles représailles. Il était possible qu'Aishani n'ayant pas de refuge, elle n'aurait eu nul part ou se cacher d'eux. Moi je ne craignais pas trop, ils ne connaissaient pas mon nom et n'avaient pas accès à ma salle commune.

Je stressais un peu, priais pour que les choses se déroulent convenablement. Elle sortit une cagoule et je pensais à me laisser tenter. Mais c'était impossible, si je demandais un autographe une cagoule sur le visage on se douterait qu'une entourloupe se tramait. Il fallait que je reste visible, qu'on voit bien que j’étais une petite première année émerveillée par Pad Buttercup le super Gryffondor que tout le monde aimait.

- Non merci...

Elle me fit savoir que mon plan ne fonctionnerait jamais. Je lui sourit moi même peu convaincue. Elle n'était pas la coéquipière la plus rassurante dont on puisse rêver mais je m'en contenterais. Elle avait le mérite d'accepter de me suivre et je lui en était reconnaissante. Après tout c'est moi qui cherchait à l'aider, il était logique qu'elle soit à mes côtés, mais plonger dans un plan aussi peu élaboré relevait du courage... ou de l’insouciance peut être...

- On avanceras au moins un peu, j'en suis sûre !

Si on obtenait rien ainsi je ne vois pas ce qui fonctionnerait. Fouiller dans les affaires du jeune homme aiderait certainement mais nous étions deux jeunes filles et même si Aishani avait accès a la salle commune de Gryffondor elle ne pouvait certainement pas se rendre dans des dortoirs réservés à la gente masculine.

L'heure tournait rapidement et nous devions nous mettre en place. La fin des cours avait lieu dans... Il était l'heure. J'entendis au loin une porte s'ouvrir et un brouhaha s'élever dans le couloir.

- Vite file dans ce placard ! N'oublie pas de sortir à mon signal et puis...;et puis si les choses tournent mal on improvise !

Je poussais la fausse serpentard dans le placard avec précipitation. Une fois les choses mises en place je me postait au milieu du couloir. Les premiers élèves arrivèrent rapidement, je me poussais pour les laisser passer. C'était les empressés de la récré, pas de Pad . Lui était l'élève parfait, du genre à discuter avec la prof en fin de cours parce que celle ci tenait à le féliciter de la réussite de sa potion pourtant si compliquée à réaliser.

L'indienne ne se fit pas prier pour revenir dans son armoire, s'enfermant à l'intérieur, laissant à peine une petite ouverture pour voir l'extérieur. Elle devait s'accroupir pour rentrer en entier, mais la jeune fille n'était pas à sa première fois, trouvant rapidement une position confortable. La tête posée sur l'angle du meuble, les yeux fixés sur la fine ouverture de lumière dévoilant le couloir et Jenny, elle inspira et souffla plusieurs fois, lentement, reprenant sa concentration précédente...

Son esprit revint à Pad Buttercup, cet étrange jeune Gryffondor devenu la coqueluche de son dortoir récemment. En quelque mois elle avait appris à s'habituer aux bravades des dernières années, tout pétris de puissance magique et d'hormones, alors qu'ils pavanaient dans le salon comme des rois, riant fort, prenant de la place, ensevelissant les plus jeunes sous leurs histoires et aventures. En général, elle le supportait très bien, et écoutait avec attention. Chaque vieux et vieille Gryffon avait son histoire et ses aventures, et toute la vantardise nécessaire pour la raconter avec force couleurs. C'était toujours différent, toujours quelque chose de nouveau. Et puis Pad Buttercup avait débarqué. En deux ou trois semaines il était devenu la seule source de discussion de la maison, surtout auprès des garçons. Quand ils n'étaient pas en train de l'entourer pour tenter de se faire une place dans sa clique, ils parlaient avec enthousiasme de ses derniers hauts faits. La liste allait et allait encore, jours après jours, le Paddock ne semblant pas laisser plus de quelques heures passer avant d'accomplir quelque chose d'extraordinaire... Le dortoir avait passé toute la soirée d'hier à élaborer théories et grandes idées sur la manière dont il avait réussi à éviter cette bombe de peinture...

A ce sujet, l'indienne se demandait toujours comment Jenny avait pu passer à côté du bonhomme. Peut être était ce un biais de la part d'Aisha ? Peut être que la notoriété de Buttercup était concentrée chez les Gryffondors ? Elle savait que les autres maisons n'étaient pas insensible à son étrange charisme, mais c'est vrai que les Serpentards semblaient moins touchés par la chose. Elle avait plus ou moins décidé que c'était une affaire de gueguerre entre maisons. Mais peut être était ce le fait d'autre chose ? Se remémorant le château, elle savait que les Serpentards avaient leurs dortoirs dans les sous sols, à la stricte opposée des Gryffons. Peut être que sa notoriété se diffusait sur la distance ? Elle pouffa, pour elle même, trouvant étrange son raisonnement.

La jeune Gryffondor amena la flasque d'encre a ses yeux, tentant de sonder son contenu d'un noir d'encre à la faible lueur du couloir. Elle n'avait pas vraiment d'idée de ce qu'elle allait faire. Le menacer ? C'était la meilleure manière de se prendre un sortilège de la part d'un de ses acolytes. Lui jeter à la figure ? Ou plus proprement sur le corps ? Il allait encore l'éviter d'une manière ou d'une autre... Tourner comme une folle pour en éparpiller partout ? Elle pouffa en silence. Au moins ce serait amusant quelques minutes avant qu'il ne l'évite et qu'elle ne se prenne un sortilège... Elle ne savait pas ce que Jenny avait prévu. Elle savait juste qu'elle devait sortir de cette armoire en brandissant la flasque d'encre prête à faire un truc avec. Elle devrait se fier à ses réflexes, et ses talents d'improvisation.

Jenny changea de comportement, à l'extérieur. Aishani reprit son attention. Pad Buttercup devait arriver. L'indienne encagoulée ne voyait pas bien ce qu'il se passait. Par contre elle entendait beaucoup de bruits de pas approcher...

Après que tous soient passés. J’étendis au loin des voix, solitaires. Elles se rapprochaient de plus en plus. Ils ont tourné, au coin du couloir où moi et Aishani étions postés et là je l'ai vu. Buttercup ! Mon sang n'a fait qu'un tour je me suis armée d'un grand sourire et je me suis mise au milieu du couloir.

- Oh mon dieu ! Paddock en personne... oh est-ce que tu voudrais bien me signer un autographe ?

C'était là, le moment où Aishani devait débarquer. J'avais pris soin d'appuyer sur le mot.

En face je vis bien qu'il fût surpris par ma demande, mais il sourit immédiatement flatté. Sa petite amie, elle, me panca un regard noir resserrant son emprise sur le bras de son prince. Quand il vit Aishani sortir du placard son sourire s'éteint. Pas que la jeune fille soit laide mais les placards cachaient rarement des élèves encagoulés.

- Bon sang mais qu'est-ce que c'est que cette mascarade ? s'exclama la pimbêche.

Accrochée comme un bulot elle hurlait comme les mouettes et je devinait qu'elle avait le quotient intellectuel d'une huitre. Ce n'était pas un thon mais malgré tout elle me rappelait la faune maritime.
L'autre parla de sa voix nouvellement muée :

- Calme toi mon amour ! Ces jeunes...gens vont aimablement nous laisser passer.

Il avait hésité au moment de nous désigner, certainement à cause du déguisement d'Aishani qui ne laissais pas présumer son sexe. Le sourire qu'il me fit me donna envie de lui foutre une claque tant il était aimable. On comprenait presque pourquoi il était tant apprécié, c'était une chance de sourire aussi bien...

Mais je ne me laissais pas avoir par cet air doucereux. Il fallait maintenant mettre mon plan en œuvre. D'un air théâtral je haussais la voix "Ne bougez plus !"
Je glissais ma main dans ma poche et en sortit un boursouflet rose bonbon. Je vis leur regards s'attendrir légèrement alors que le miens devint plus sombre. Je tendis le boursouflet devant moi comme pour les inviter à le prendre mais avant qu'ils n'aient eu le temps de se demander si c'est ce qu'ils devaient faire j'ai serré fort ma baguette. Je l'ai tournée et abaissée prononçant avec fermeté une formule récemment apprise "Wingardium Leviosa"

J'ai laissé la créature inquiète s'élever jusqu'au plafond. Je l'ai regardée un sourire aux lèvres puis j'ai à nouveau regardé pad.

- Mon cher Pad... Si je laisse tomber ce boursouflet, il meurt. Tu es trop parfait pour le laisser mourir n'est-ce pas ? Mais si tu le sauve tu bouges, et si tu fais le moindre geste ma collègue si présente se fera un plaisir de vous arroser d'encre. Sort ta baguette et vous êtes arrosés.

La baguette toujours levé pour maitriser le boursouflet j'utilisais ma main gauche pour me saisir de bonbons explosifs.

- Si je lâche ces bonbons le bruit alerte la professeur qui est non loin et je me met au sol en hurlant que tu m'a lancé un Expelliarmus.

Il était techniquement impossible que Pad s'en sorte sans qu'un drame ne se produise. Il était coincé, j'en était convaincue, rien ne pouvait le sauver. Tout le monde était parti et nous faisions trop de bruit pour alerter qui que ce soit tant que les bonbons restaient serrés dans ma main.

Aishani se voulait menaçante, la fiole d'encre haute dans les mains, prête à la lancer telle une chasseuse sur sa proie. Elle dévisageait sous sa cagoule les deux sixièmes années, se tenant le bras.

Pad était un petit jeune homme, à peine plus grand qu'elle malgré son âge. Des traits simples, peu distinctifs et des cheveux mi longs gras et fins, qui lui tombaient dans un dégradé sombre le long d'un visage un peu effacé. Il était un peu rond, sans être vraiment gros. Il déparait énormément avec la haute reine de beauté à ses côtés, dont tout les traits d'une rare perfection semblaient percer Jenny d'une multitude d'éclairs. Mais là où sa compagne semblait prête à en découdre, mettant déjà la main dans sa poche sans se soucier du danger, Pad lui tapota simplement son bras enlacé avant de reporter son attention sur Jenny.

"Chiche."

Dit il simplement, avec les yeux et le sourire le plus narquois qu'il était possible d'imaginer. Sa compagne sembla se calmer, se redressant, plus haute à cet instant que le jeune homme. De si près, Lucrèce était princière, exsudant un charme quasi surnaturel, terriblement intimidant. D'un mouvement de tête, elle remis ses magnifiques cheveux en place, se contentant de pousser un soupir dédaigneux en direction des deux filles. Puis sans vraiment s'inquiéter, le couple s'avança ensuite avec sa compagne, se contentant de passer à côté des deux jeunes sorcières, restant bien éloignés de l'indienne. C'était le signal ! Aishani banda ses muscles, se préparant à tirer.

"Aïe !"

L'indienne fut pris soudainement d'un foudroyant mal de crâne qu'elle vint tenir d'une seule main en gémissant. Ce faisant, sa cagoule tourna légèrement, la plongeant subitement dans le noir. Paniquée, désorientée, elle lança la fiole d'encre dans la direction générale du couple. Avec de la chance ! Avec de la chance !



Des rires qui s'éloignaient. Aishani remit sa capuche dans le bon sens. Devant elle, plus de Pad et de Lucréce, mais une jeune Serpentard noire sous l'encre qui lui dégoulinait de la tête et du visage. Confuse, elle regarda les deux sixième année partir dans le couloir, déjà plaisantant entre eux sur ce qu'il venait de se passer, sans même leur lancer un dernier regard.

Cela avait été simple, rapide, et ravageur, à peine quelques secondes s'étaient passées. La tête vrillée par le mal de crâne qui terminait de s'installer, Aisha parti de l'avant pour tenter de rattraper le Boursouflet au cas où le sort ne soit plus maintenu. Son pied vint au contact d'une tache d'encre et glissa, la faisant tomber de l'avant, les mains en l'air pour un sauvetage d'urgence.

Quel fiasco, se disait elle en tombant sur le sol. Elle espérait ne pas avoir blessé Jenny avec tout les éclats de verre...

Rien ne se déroula comme prévu. Ils ne se préoccupèrent même pas de la santé du boursouflet...une créature aussi adorable ! Je ne lâchais cependant pas le sort qui le retenait en vie. Je serrais ma baguette et ne me concentrais que sur lui et lui seul.

Tout alla très vite. Aishani sembla comme danser douloureusement, encore une migraine peut être ? Si bien que l'encre finis pas exploser près de moi...sur moi. Je m'en trouvais aspergée , couverte de noir et de honte. Je soupirais longuement tandis que les autres s'en allaient sans manquer de me faire trébucher au passage. Je m'étalait, gémissais de douleur, et relâchais une fraction de seconde le sort. Mais je justesse je roulais sur le côté et retint l’animal en l'air tandis qu'Aishani se jetait sous son corps frêle pour le sauver.

Je laissais retomber la pression en faisant doucement descendre la créature sur le crâne de ma collègue. Elle fouina un peu avant de piailler quand je la saisis. Rapidement je la replaçais dans ma poche.

- C'est bon elle est sauve.

Je soupirais avec exaspération. La gryffon d'or avait raison ; résultait de notre intervention u_n échec cuisant. Comment faire le bilan d'un événement aussi vide de réussite ?

- Bon ben voilà... On a pas appris grand chose de plus...

Je regardais la jeune fille avec dépit. Que pouvait-on faire désormais ? Rien. Se séparer et se revoir plus tard.

- Je vais y aller, je devrait me laver au plus vite... Alors à demain ?

Mon affirmation sonna comme une question. Nous nous recroiserions mais peut être pas demain car après tout cet échec sonnait comme une fin... Nous devions peut être abandonner.

Je me relevais, sans même proposer ma main à l'autre, trop dégoûtée de voir mon assurance réduite à néant. Je remontais au dortoir, me douchais un long moment l'encre étant plus tenace que je ne le pensais. J’ignorais les remarques sur les tâches qui me couvraient et reposais le boursouflet emprunté ce matin sur le lit où je l'avais trouvé.

Je m'empressais de rejoindre les bras de morphée, plongeant dans mon lit avec une soif effrénée de rêves heureux.

o/O\o

Réveil brutal. Je me relève pantelante de sueur au creux de mon lit. Je secoue la tête de droite à gauche, je sens une présence mais je sais qu'elle n'est que le souvenir du rêve que je viens de quitter , terreur nocturne. Je rabat la couette sur mon visage apeurée, sort ma main et tatonne pour me saisir de ma baguette mon stylo et mon carnet. Je me met en tailleur et sur le livre relate les souvenirs qui me reviennent en flash de mon sommeil. Paddock...Sa chevelure grasse et son ventre. Une fiole...ou une gourde je ne sais plus bien. Et il bois, il bois, le bougre en imbibe sa carcasse avec régularité !
Je finis de noter, puis retombe sur l'oreiller, suant sans dormir jusqu'au lever du jour.

o/O\o

Alors qu'hier je pensais à l'abandon ce rêve me donne soudainement envie de retourner vers Aishani. Moi je comprend en quoi ce simple rêve est important, mon père m'a toujours dit que je devais faire attention aux terreurs nocturnes, les noter, les étudier. Jamais compris pourquoi mais souvent elles me disaient des choses vraies alors je notait.

Après avoir longtemps arpenté les couloirs je la trouvais et la hélais.

"Aishani !"

Je m'approchais d'elle à pas vis et lui attrapai l'épaule.

" Faut que je te raconte ! Non...faut que je te demande plutôt... Pad machin, tu l'as observé non ? T'as déjà remarqué qu'il aimait bien les gourdes ?"

"Ouais... A demain Jenny..."

Cela n'avait pas marché. Encore une fois, tout les efforts avaient été vains. Aishani enleva sa cagoule, s'étirant en regardant la silhouette désabusée de Jenny s'éloigner. Elle amena la main dans sa poche secrête, avant d'en ressortir une bouteille d'eau en plastique, un remêde préparé en prévision de l'échec d'aujourd'hui. Elle le bu en réfléchissant, repassant dans sa tête ce qu'il venait de se passer. Jenny ne le savait pas, mais il y avait eu quelque chose d'inédit à la tentative d'aujourd'hui.

C'était la première fois qu'Aishani tentait une action directe sur Pad Buttercup. Jamais elle ne s'était exposée aussi près. Jamais elle n'avait tenté d'entrer en communication avec lui. Juste parce que son intuition lui disait que c'était une mauvaise idée, elle n'avait pas pensé que peut être, elle aurait pu en apprendre quelque chose.

Elle s'éloigna dans les couloirs, s'enlevant sa cape et sa cravate verte, les fourrant à l'abri dans sa poche sans fond. Pad Buttercup n'avait même pas esquissé le moindre signe d'inquiétude à leur attaque. Il connaissait l'issue avant même que tout ne se passe. Cela perturbait la jeune fille. Il ne pouvait pas savoir... Surtout, il avait tout de même exprimé de la surprise, plus que de la peur. Ce n'était donc pas de la préparation... C'est bizarre, parce qu'elle se rappelait avoir entendu un truc à ce sujet plus tôt dans la semaine... La jeune fille sortit son carnet pour en relire ses notes.

Elle ne remarqua même pas être arrivée devant la Grosse Dame avant que la haute voix de Soprano ne l'interpelle.

"Où est votre cravate, jeune fille ?♫"

Aishani fouilla sa poche pour en sortir la cravate rouge, bafouillant une excuse.

"Elle me gênait pour respirer, je me suis dit que cela ne poserait pas de problèmes..."

"Rappelez vous que les apparences comptent, jeune fille. Une Gryffondor se doit d'être toujours présentable. Il en va de l'honneur de notre maison. Mot de passe ?"

"•••••••••••••"

"Vous pouvez entrer. Et prenez donc exemple sur notre très cher Pad Buttercup voulez vous ? On vient de me dire qu'il a reçu de nouveaux éloges de Madame Xarinez pour l'élaboration de la plus efficace potion de beauté qu'elle n'ait jamais vue. Un vrai exemple pour ses pairs ♫"

Voila ! C'était ça ! Pad, avant toute cette affaire était un jeune prodige de la préparation de potions ! En tout cas c'était ce que disaient les commères de son dortoir. Pas qu'Aishani n'en sache quoi que ce soit, elle s'arrangeait le plus souvent avec une de ses collègues pour qu'elle verse discrètement la moitié de son chaudron dans le sien. Qui diable avait eu l'idée de mettre les cours de Potion aussi tôt dans la journée. L'indienne avait besoin de ses dix heures de sommeil !

La jeune Gryffondor entra dans son dortoir pour vaquer au reste de ses activités de la journée.



Tout est connecté. Que ce soit par le lien de causalité, le rapprochement quantique, les différentes théories unificatrices ou la simple approche holistique, on arrive toujours à lier quelque chose à quelque chose d'autre. Imaginez voir ces connections, les sentir, les éprouver des sens. A quoi cela ressemblerait ? Pour Aishani, une part de ses rêves semblaient toujours prendre la même forme. Des images aléatoires, des sons, des souvenirs, se retrouvaient liés ensemble par un fil. Ces fils se montaient en réseaux, puis en trame dans l'espace infini de ses rêves. Cela faisait maintenant plusieurs mois que son esprit errait dans cet espace, sans en comprendre réellement le sens, ni une quelconque direction. Par simplification, elle avait décidé de l'appeler la Tapisserie.

Aishani errait chaque nuit à la surface de cette Tapisserie, son esprit gravitant autour d'une trame de sensations particulières, dont les fils se nouaient autour de choses singulières, importantes. A partir de là, la jeune indienne distinguait inconsciemment les trous dans la trame, l'irrésolution de ses connexions. Parfois elle en ressortait une sensation plus importante, un sens de direction spécifique. Mais ce soir encore, comme beaucoup d'autres soir auparavant, un immense trou noir gravitait à une certaine distance d'elle, avalant les nœuds et les fils, sans se soucier de la destruction qu'il laissait dans son sillage. Elle en avait déjà vu à l’œuvre, des trous noirs similaires, sporadiques, présents tout au plus l'espace d'une nuit. Mais c'était la première fois qu'elle en voyait un persister de cette manière... A chaque fois qu'elle tentait de s'en approcher, elle se réveillait en sursaut, prise de violentes migraines. Elle avait rapidement appris à l'éviter...



"Aishani !"

L'indienne était descendue dans le grand hall, venant de terminer une conversation passionnante sur un match de foot prochain et s'apprêtant à sortir pour profiter d'une petite heure de pause entre deux cours. Elle se retourna vers la voix, accueillant Jenny avec le sourire.

La question la pris de court. Elle ne retint pas une grimace d'amusement.

"Il sort bien avec la grande Lucrèce Belvédère. J'imagine que quitte à aimer les gourdes, autant s'enticher de la reine d'entre toutes."

Fière d'elle même, l'indienne pris le temps d'apprécier sa bêtise avant de reprendre un air plus sérieux.

"Mais maintenant que tu le dis, je me suis rappelé hier d'une anecdote à son sujet : le Buttercup est un petit génie des potions. Même avant sa nouvelle renommée, il était, parait-il, l'un des grands espoirs de la professeur... J'avoue je n'y connais pas grand chose. Ça te fait penser à un truc ?"