C’était clairement à leur tour de faire n’importe quoi. Tally ne cessait de faire entrer et sortir ses joueurs, espérant à la fois déstabiliser leur adversaire mais aussi reprendre la main sur son équipe. Son cognard venait de sauver les miches de Solal, qui venait de laisser passer le but. Les deux équipes se retrouvaient ex-æquo. Alors que les Ailes d’Airain menaient depuis le début de la rencontre. C’était frustrant, rageant, incompréhensible. Jenkins ne comprenait pas comment son équipe avait pu dérailler aussi vite. Aucun d’entre eux n’étaient novices, aucun n’en était à son premier match, ils avaient tous de la bouteille. Et là, face à l’adversité, ils jouaient tous comme des petits débutants. C’était absolument ridicule. Elle fronça les sourcils et apostropha Solal.

« _ Toi aussi tu te réveil ! Allez ! »

Elle glissa un regard sur le banc. Felix y était. Elle soupira. L’avoir pour garder ses arrières était toujours plus rassurant. Malgré l’engouement de Solal, il ne remplaçait pas l'oeil attentif et aguerri de Felix. Elle réprima une moue.

Lorsqu’elle repassa en revue ses joueurs pour s’assurer de la remise en jeu, elle vit Celo chanceler sur son balai. Sans se poser plus de question, elle fonça à ses côtés. Le petit semblait vraiment aller mal. Cela ne fit que renforcer le froncement de sourcils de Jenkins. D’un coup de poignet, elle fit rentrer à nouveau Martin à sa place. C’était déjà la deuxième fois qu’elle les intervertissait pour rien. Cela commençait à être frustrant. En plus, Martin semblait toujours à côté de ses baskets. Elle s’essuya le nez. Ils aviseraient plus tard le cas du nouvel attrapeur.

Quant à elle, son cognard l’attendait en fonçant sur Solal. Tout naturellement, elle s’interposa sur cette trajectoire pour réserver une petite surprise au nouveau venu.

Des choses surprenantes se passaient sur ce terrain. Voici un match dont je me souviendrais longtemps. Tout allait bien trop vite à mon goût, tellement que j'en perdais toute notion du temps mais aussi et surtout j'étais complètement abasourdie. Je n'arrivais à rien. Et ça se ressentait sur toute mon équipe. Tally devait être déçue de bien des manières à mon sujet, et elle avait bien raison de l'être. Autant vous dire que je n'en menais pas large. Tentant de sortir de mon incrédulité face à un incroyable jeu des Crochets, je me retrouvais avec la balle, et si cela, d'habitude, laissait dire que c'était une bonne chose, laissez moi vous dire qu'il n'en était rien. Le sifflet avair retenti, annonçant deffroyables nouvelles. Pas une, mais bien deux. La capture d'un viffet par Eileen, puis le but de sa camarade. Et aucun aile d'airain n'avait pu stopper ce combo de rapidité et dz génie. Tout avait été parfaitement millimétré par nos adversaires, les rendant indestructibles sur ces dernières minutes. Bluffant, édifiant et spectaculaire, voilà les mots qui résumaient leur action. Comment tant d'ingéniosité mais aussi de coordination pouvaient se présenter en l'espace de quelques minutes sous nos yeux effarés ? J'étais médusée, là assise sur mon balai, spectatrice de la scène qui venait de se jouer sans moi, sans nous.

Me voilà sur une remise en jeu, Chris étant un peu ailleurs, du moins c'était l'impression que ça donnait vue d'ici, je préférais jouer plus secure en faisant intervenir Solal. Il était plus proche et surtout semblait vouloir se rattraper. J'espère faire le bon choix. Peut-être que je prenais encore une mauvaise décision, Tally aurait des arguments à avancer lors du prochain debrif'. On jouait mal et elle aurait tort de ne pas nous le faire savoir. Il fallait qu'on revoit nos stratégies, qu'on améliore notre jeu d'équipe et les précisions de nos actions.

Action : passer le souafle à Solal Rosenberg
Réussite critique

Encore en face. Les Ailes d’Airain avaient réussi à reprendre le Souafle, à l’enlacer de leurs bras protecteurs et féroces. Des ailes d’une grande dureté et couvant, elles refusent toute intrusion de main étrangère. Pourtant il fallait bien passer à travers le barrage maternel et redoutable. Pour cela elle faisait confiance à ses camarades de terrain pour mettre en œuvre des placements relativement familiers. Pour le moment la petite Swan ne pouvait réellement espérer frôler la surface de cuir-sang, trop éloignée qu’elle était. Ses bras étaient de toute façon bien trop engourdis pour donner un élan de vigueur dans son geste. Un peu de retrait sur ce plan était salutaire. Elle se faufila sur le terrain pour approcher une personne dont elle estimait de son expérience de jeu qu’elle avait un potentiel dangereux pour les Crochets d’Argent en cas de coup d’éclat prochain. S’il lui était possible de tuer l’énergie dès l’œuf, il n’y avait de mal à s’y essayer. Dans d’abjectes conditions climatiques pour ce qui est de faire porter ses mots sa tâche s’annonçait délicate. Elle appréciait particulièrement les sifflement d’une tempête de neige pour se retrouver seule avec elle-même. Seulement dans un match la communication inter-joueurs était essentielle. Volez, chers mots. Et frappez, incisez de votre terrifiant pouvoir mon ennemi de l’instant. Il n’y avait plus d’hésitations mais toujours un air dubitatif sur son action. L’inactivité n’avait pas sa place, il fallait déjà se remettre en position.

L’engagement était à eux, pendant que Tally réfléchissait si Christopher était apte ou pas à recevoir la balle, les Ailes d’Airain se mirent marche vers les buts adverses. Shaylee joua de son talent pour passer le Souafle à Solal. Celui-ci n’avait plus qu’à le relancer, loin, vers les anneaux adverses. Les Crochets étaient immobilisés par cette stratégie, ce qui laissait au moins un peu de répit aux bleus. Il ne fallait pas se reposer sur cette action mais cela avait au moins le don de remotiver l’ambiance morose des Serdaigle. Jenkins jetait régulier des regards en direction du banc. Quel qu'était le mal qui atteignait Celo, celui-ci n’avait pas l’air de réussir à reprendre pied. Cela embêtait Tally… leur attrapeur n’était plus capable de tenir son rôle. Ce qui signifiait qu’un remplaçant devait reprendre durablement ce rôle. Donc, Christopher. Aurait-il le même talent que Celo à ce rôle ? Jenkins ne pouvait qu’espérer.

Elle poussa un profond soupire alors qu’elle bataillait avec la neige qui s’évertuait à rentrer dans ses yeux. Souvent, elle mettait sa main en visière pour essayer de mieux décrypter l’action. D’autres fois, elle plaçait son bras tout entier pour essayer de chasser les flocons, sans véritable succès. Elle ne cessait également de renifler et de passer sa manche sur son nez pour ne plus être gênée par le froid. C’était peine perdue, le froid s’infiltrait partout, entre ses manches, sous ses protections, il trouvait toujours les interstices pour venir gêner la Capitaine. Celle-ci n’avait alors d’autres choix que de bouger. Ce qui était plutôt naturel, dans un jeu comme le Quidditch. Par chance, le poste de batteur induisait des mouvements réguliers et rapides, pas comme un gardien, qui devait se peler les miches durant tout le match autour de ses anneaux.

Tally fit alors quelques moulinets avec sa batte pour réchauffer ses doigts engourdis. Elle allait tous les bouffer. Peut importait ses cibles, ils seraient tous victimes de sa batte. Et ça, ça la rassurait profondément.

Quel idiot ! Il s'était planté magistralement et s'était jeté sur l'anneau de 19 mètres alors que l'anneau visé était l'année de 15 mètres. Il ne put que frapper son front de sa main enfermée dans un gant en cuir, agacé contre lui-même. Il n'y avait rien à faire, même en faisant de son mieux il était une catastrophe au Quidditch et n'avait su attraper un vif qu'une seule fois pour son équipe, en un an. On avait connu plus efficace. Il passa une main dans les cheveux sur son front nerveusement pour les retirer de devant ses yeux. Son regard se posa sur le Capitaine de l'équipe et il eut presque envie de descendre de son balai et de partir en courant.
« Mais quel naze ! » murmura-t-il entre ses dents, la mâchoire crispée. Il n'avait pourtant pas le temps de s'apitoyer sur son sort : Shaylee lui signalait de son regard de compétitrice qu'elle comptait sur lui et lança le Souafle dans sa direction. S'il n'avait jamais beaucoup dialogué avec Shaylee, il savait une chose : le Quidditch lui tenait énormément à cœur, et s'il voulait ne pas finir les cheveux arrachés pour se faire tuer via une poupée vaudou, il était certain qu'il ne fallait pas décevoir ni la capitaine, ni la poursuiveuse de l'équipe. Les lèvres pincées entre elles, il fut tellement pris de panique qu'il attrapa le Souafle sans même s'en rendre compte : son corps avait bougé tout seul et il n'avait rien calculé. Il s'agissait maintenant de lancer le Souafle vers Christopher ou Shaylee afin de permettre à son équipe de s'essayer à un tir ; ce serait là la moindre des choses, il devait se rattraper. Il prit une grande inspiration avant de balancer son bras vers l'arrière tout en avançant sur son balai, lançant la balle de toutes ses forces vers les anneaux des adversaires, dans la direction de la poursuiveuse des Ailes d'Airain.

Les Crochets d’Argent étaient parvenus à faire une belle remontée et en un tour avalèrent le nombre de points d’écart qui était entre eux et les Ailes d’Airain, joli jeu de leur part, même si la petite Swan avait assez indirectement participé, les marqueuses de points étant l’attrapeuse Eileen et la poursuiveuse Irisia. La gardienne s’en était rendue compte avec quelque retard, heureusement le Souafle ne devait-il pas être jouée actuellement par la Serpentard, compte tenu de son décalage dans la prise en compte des faits. Elle scrutait le terrain, tentant de se faire une idée de la situation en dépit de la chape froide et blanchâtre qui obstruait sa vue. Visiblement la balle colorée était demeurée en des mains adverses et la tentative de Phœbe n’avait absolument pas porté ses fruits, la poursuiveuse bleue semblait autant à l’aise. Peu importe, il ne faut pas compter sur la chance mais persévérer. Une fois, deux fois… Trois échecs devaient être la limite, ensuite le joueur apprend de ses erreurs et gagne en précision. Bientôt son adversaire serait la victime impuissante de ses terribles mots destinés à protéger ses anneaux et son équipe d’une attaque imminente. De nouveau elle approcha la joueuse numéro 25, sans idée d’acharnement, surtout avec celle d’une ultime action d’intérêt avant d’être de toute façon hors d’état de jeu. En effet du coin de l’œil la trajectoire nette offerte au Cognard par Jenkins ne lui avait échappée, loin de là. Pour la énième fois elle sentira la morsure de glace et de feu, elle espérait au moins s’en remettre rapidement.

Vanellia n'avait pas eu beaucoup de temps pour se remettre physiquement, car elle était de nouveau invitée à retourner sur le terrain. Elle était très excitée à cette idée, mais aussi anxieuse de reprendre un coup au même endroit. Sa côte le surporterait-elle? Mais hors de question de se plaindre face à William, qui lui, sortait car justement trop sonné par cette maudite balle. Vanellia lui tapota l'épaule lorsqu'il arriva au niveau des bancs des remplaçants. Elle allait prendre sa relève, et dès qu'il aurait soufflé, il rentrerait de nouveau.

Vanellia enfourcha son balai, retrouvant toutes les sensations positives et oubliant la douleur. Elle prit de la hauteur, et décocha un sourire à Eider. Elle était ravie de jouer à ses côtés, elles étaient un binôme redoutable en dehors du quidditch, donc elle allait tout faire pour que ce soit aussi le cas sur le terrain.

La jeune Serpentard volait le plus adroitement possible en slalomant entre ses coéquipiers afin de pouvoir les défendre contre le cognard si celui-ci décidait de s'en prendre à l'un d'entre eux. Irisa volait non loin d'elle à présent. Les deux filles n'étaient pas proches, loin de là même, mais elles faisaient parti de la même équipe. Ce qui voulait dire que sur le terrain, on s'entraidait, on se serrait les coudes, et on s'encourageait. Peu importait les petites querelles du quotidien, sur le terrain, la solidarité primait. Eider volait aussi non loin de là, et Vanellia tenta de lui glisser un message d'encouragement oral.

Le Viffet d'argent vient de faire son apparition près de la tribune sud ! MARTIN et DAWKINS peuvent s'en emparer. Le Viffet d'argent octroie 20 points à l'équipe qui parvient à l'attraper et retire immédiatement le statut déséquilibré, déstabilisé ou sonné du joueur désigné par l'attrapeur.

Vanellia semblait mal en point suite au coup de cognard qu'elle avait reçu. Eider voulut lui adresser quelques mots inquiets mais leur capitaine lui fit comprendre que c'était maintenant à elle d'entrer sur le terrain. Eider allait enfin pouvoir mettre en pratique ce qu'elle avait tenté d'assimiler ces derniers mois. Une petite boule commença à s'installer dans son ventre. La dernière chose qu'elle souhaitait c'était de décevoir ses coéquipiers par sa médiocrité. Un petit coup d'œil en direction de son amie lui permit de reprendre confiance en elle. Ils étaient une équipe soudée, c'était ce qu'il y avait de plus important. C'est en tout cas ce qu'elle se répétait pour se rassurer, parce qu'en vérité, ce qui lui importait, c'était surtout la victoire. Eider voulait voir les Crochets remporter le match. Avec ou sans elle, ils devaient gagner.

La jeune deuxième année s'empressa d'enfourcher son balai afin de décoller à son tour. Elle y était. Elle survolait maintenant le stade de Quidditch. A cette hauteur-ci, le banc des remplaçants lui sembla minuscule contrairement aux spectateurs, devenus beaucoup plus visibles dans leur tribunes.
Une fois dans les airs, Eider fut immédiatement saisie par le froid. Vivement qu'elle parte à la poursuite d'un viffet ou du souafle. Quoique… la vitesse jouerait-elle vraiment en sa faveur ? Rien n'était moins sûr…
Quelques instants plus tôt, Irisia, la poursuiveuse des Crochets avait effectué un tir en plein dans les anneaux des Serdaigle et avait marqué ! 40-40, ils étaient maintenant à égalité. Ça compensait le fait que la batteuse des Bleu ait réussi à dévier le cognard sur William.
Une fois leur but encaissé, la poursuiveuse adverse rattrapa le souafle et fit une passe magnifique en direction de son gardien. Aucune chance pour les Crochets de tenter un vol tellement l'action avait été correctement effectuée. Eider n'y prêta pas plus attention puisque Vanellia revint sur le terrain après que William ait subi un deuxième cognement. Son amie lui sourit et en profita pour lui glisser quelques mots. Eider voulut s'y attarder mais une petite balle retint son attention.