Ce n'est rien, ne t'en fais pas

Elle ne souffre presque jamais. Elle est tellement chanceuse.

Taylor l’écoutait d’une oreille bien attentive, effaçant ainsi ses larmes. Elle avait l’art des mots, malgré sa jeunesse, signe d’une merveilleuse et bonne éducation, et qui plus est, sans être une sorcière. Taylor l’enviait d’une certaine manière. Elle ne supportait plus la douleur que le destin lui forçait à vivre, elle ne pouvait plus survivre comme cela. Pourquoi chaque rencontre qu’elle faisait était-elle destinée à l’échec ? Deux rencontres, deux potentielles amies, deux moldues. Elle ne pourrait, par conséquent, jamais faire sa scolarité avec cette enfante qui cherchait simplement à se faire une alliée, puisqu’elle-même était vouée à connaître sa formation avec les progénitures de son espèce, tous enchanteurs. Elle devrait donc garder son secret pour elle, ne le dévoiler à personne. C’était cela qui, d’une certaine manière, enivrait cette colère et ce besoin de ne plus avoir affaire à des enfants de son âge ; pour ne plus souffrir de la mort, mais aussi de son propre statut. Pourquoi, n’était-elle pas une cracmole ou une discrète moldue ? Pourquoi devait-elle être une sorcière ?

Son regard fixa, une nouvelle fois, les yeux de Geneva, elle y voyait un tourment qu’elle n’avait pas auparavant. Elle était coupable de son mal-être, elle devait se faire pardonner. Peut-être ne remplacerait-elle jamais Roxane, mais, elle avait le potentiel et la gentillesse pour être une belle complicité infantile. Elle désigna la place de Roxane.

— Assieds-toi, ne reste pas à même le sol, je ne pense pas que tu conserverais ton côté mignon si tu venais à te salir, cela serait dommage. Et puis, tu es ici pour t’amuser n’est-ce pas ? Tu n’es pas là pour m’entendre me plaindre de ma vie d’enfant que je déteste, car la réalité m’a arrachée l’une des seules amies que j’ai pu avoir… Tu t’appelles Geneva, c’est cela ? J’ai écouté mes parents te nommer de cette manière. Moi, c’est Taylor, et je pense t’avoir fait mauvaise impression avec cette colère qui n’a peut-être plus de véritable sens.

Son rictus s’édicta d’une manière plus sincère, plus douce, plus puérile afin de quitter cette part de sagesse. Une vertu qu’elle s’était imposée suite à la mort précoce de son éternelle jumelle de février. Elle devait le maîtriser pour mieux agir, ne pas gésir comme une sotte ou rester trop mature ; du fait qu’elle eut parfaitement bien entendu les tons de voix de sa camarade que certains mots avaient posé problème, mais elle ne le lui en voulait pas. Elle semblait sympathique, intelligente.


À l’intérieur, regardant les deux fillettes, Benedict eut un sourire face à cette situation. Il scruta ensuite la mère de Geneva, il connaissait sa nature et n’avait jamais eu de préjuger contre elle. Car malgré son sang, il la trouvait magique, elle avait toujours été une amie à l’écoute, et il paraissait, pour lui, que ce don lui a été transmis en héritage à la fillette. Il la voyait écouter Taylor, mais aussi se faire entendre par cette dernière. Elle sortait bien plus de mots que ce qu’il n’avait pu avoir de lui-même depuis le jour fatidique.

— Tu as légué ton talent d’audition à ta petite. Elle arrive à discuter avec Taylor, je ne pensais pas cela possible, ce n’était pas faute d’essayer. À croire que ce talent est envoûté, et je t’en remercie énormément.

Sa sincérité agissait même s’il se voulait discret ; parce qu’observer sa fille souffrir avait déchiré son cœur de père comme une arme moldue de gros calibres…

Si seulement j’avais pu lui venir en aide… Geneva n’aurait pas dû subir ces flots de chagrin de la part de Taylor. Ces deux petits bouts de femmes méritent tellement mieux…

Geneva regarda Taylor, cette enfant à l’air bouffée par une tristesse ravageuse et violente, cette tristesse qui effrayerait la Serdaigle quelques années plus tard. Mais, au moment où elle se trouvait face à l’autre petite fille, elle ne connaissait pas cette tristesse douloureuse, et les mots de la future Gryffondor étaient déroutants, car beaucoup lui étaient inconnus. 

Elle semblait s’être calmée, car elle invita Geneva à s’asseoir à côté d’elle, pour ne pas se salir. 

« Oui, c'est ça, je m'appelle Geneva. Ne t'inquiète pas pour l'impression que tu as donné, ça peut toujours ce modifier, ça ne tient qu'à toi. », dit Geneva avec un léger sourire aux lèvres. 

La tension, jusqu'alors palpable entre les deux jeunes filles, semblait s'atténuer. Il ne fallait pas qu'elle reprenne ce qu'elle était avant, car c'était insupportable d'être ainsi oppressée par quelque chose d'irréel et à laquelle elle ne pouvait rien faire. 

Pendant ce temps-là, dans la maospn, le père de Taylor regardait les deux, jeunes filles parler. Il avait l'air content de savoir sa fille avec une présence humaine, avec quelque chose d'autre que les remords et autres sentiments négatifs. Il tourna ensuite le regard vers Anisse, et la remercia presque d'avoir une fille. Un sourire gêné s'installa sur le visage de la rousse, et elle dit, en quelques mots, que ce n'était rien, et qu'elle ne savait même pas que Geneva avait ce don. C'est vrai que celle-ci était plutôt renfermée, d'habitude... 

« Il faut croire que nos filles sont complémentaires, car Geneva a elle aussi du mal à s'ouvrir, en temps normal. », expliqua Anisse. 

Elle s'approcha un peu plus de la fenêtre et regarda sa fille, assise sur une des deux balançoires, à côté de la jeune fillette de son âge. Les deux avaient l'air de parler, et sur de bons termes ; ce qui était une bonne avancée. Avec un semblant d'espoir, la femme se demanda si les deux enfants pouvaient devenir amies, et, pourquoi pas, sortir Geneva de sa solitude constante. 

@Taylor Bagholmes, voilà enfin ma réponse ! Dis-moi si quelque chose ne va pas, je modifierais