Vêtu d'une tenue de ville, tu sors de ta poche de quoi essuyer tes doigts. Combiner chocolat, salive et mains moites causées par la fusion d'un stress inconscient et du temps, t'inspire dégoût et mépris contre toi-même. Ce sont les yeux à peine indignés que tu époussettes tes doigts à l'aide du chiffon qui te sert d'outil. C'est écœurant, te mets-tu à penser. Mais tellement bon à manger. Ta camarade peut en témoigner, elle ouvre un second chocolat et te propose une nouvelle boîte de chocogrenouille.

« J'espère aussi .. Les rumeurs disent qu'elle a tué la femme et le fils de l'ancien ministre. C'est horrible. J't'avoue ne pas trop avoir suivi cette histoire, j'y comprends plus rien en politique moi. » Ranges-tu ton chiffon, avant d'accepter la friandise de ton amie. « Merci. »

Il n'est pas étonnant que tu sois perdue. Malgré les mois passés à Poudlard, elles ne t'on pas suffit pour suffisamment comprendre les enjeux politiques du monde magique. Tes dires ne se basent que sur les ragots d'étudiants de ton école, qui sont des sources incertaines. L'âge que tu portes, est l'argument que tu utilises pour soulager ton manque de connaissances logique. C'est d'ailleurs l'objectif que tu te fixes : connaître ton environnement.

Une nouvelle fois, tes mains libèrent avec envie et gourmandise ta prochaine proie sucrée. Hâtivement, tu la mâches. Tu as faim, et compresses ton ventre pour qu'il ne gargouille pas. Le sucre est un piège, et tu l'avais compris lors des cours de dix à midi, quand tu grignotais en cachette. Tu pensais que ça apaisait le bidou, tandis qu'en fait, il accroissait ton appétit. C'est alors que vous en venez aux vacances.

« Alors là, zu m'en demandes trop », ricanes-tu bêtement la bouche pleine. Un ricanement dont l'odeur est celui du seum. Le seum d'une personne qui ne part pas en vacances. « Ze vais m'occuper de mon petit Glean, z'ai enfin eu ma tortue », avales-tu le reste du chocolat. « Et toi, tu as prévu des choses ? »

Arya avale une dernière bouchée de chocolat. Ce sera la dernière, elle en a déjà ingurgité assez comme ça.

- J'ai pas suivi non plus, mais c'est sacrément écœurant. Une meurtrière à la tête du gouvernement, qu'est-ce qu'on en a de la chance !

Elle avait prit un ton ironique et avait légèrement levé les sourcils pour montrer son agacement. Elle aimerait bien que ce régime disparaisse aussi vite qu'il était apparu.

- De toute façon moi j'ai jamais rien compris à la politique et c'est pas aujourd'hui que ça va changer.

D'après elle, c'était surtout un sujet de dispute lorsque des adultes de revoyaient pour Noël. C'est dingue comme les grands pouvaient débattre avec tant de violence un jour censé être consacré à la joie.

- Tu peux en prendre d'autres si tu veux, lui indique-t-elle en montrant les paquets de chocogrenouilles restant d'un geste. Moi j'en veux plus.

Trop de chocolat tue le chocolat. C'était un principe chez la jeune Gryffondor. Elle n'était pas une grande fan des sucreries, mais n'hésitait pas à en prendre de temps en temps. Cependant, elle évitait de faire une overdose de sorte à ne pas être dégoûtée à vie.

- Génial ! Pourquoi tu l'as appelé Glean ? Il a une tête de gland ? Moi pendant l'été je vais sûrement grimper à un arbre et ne pas en sortir pendant deux mois. Sauf pour aller reprendre des cours d'escrime, ça m'a manqué.

Elle avait vraiment hâte de retrouver son maître d'arme. Elle était touchée qu'il ne parte jamais en vacances juste pour lui permettre de lui faire cours. Et la fillette avait hâte d'enfin pouvoir s'exercer avec une véritable épée et pas avec un bout de branche trouvé dans le parc de Poudlard.


désolée pour ce retard impardonnable

Désolé pour ce retard

Sya n'hésita pas à se resservir, ce qui fit sourire la fillette. N'avait-elle donc aucune limite ? Heureusement, les réserves de chocogrenouilles étaient loin d'être à sec. Arya aurait pu parier qu'elles pourraient survivre pendant une semaine rien qu'avec tout ce chocolat !

- De toute façon, tu seras bien obligée de t'arrêter quand on sera arrivées, je ne vais pas te laisser toutes ces chocogrenouilles, tu finirais par te rendre malade ! J'imagine tellement bien la scène : tu rentres chez toi, tes parents te font à manger, et tu leur réponds "désolée, j'ai déjà mangé pleins de chocogrenouilles sur le chemin, j'ai plus faim !". Ils vont penser que j'ai une mauvaise influence sur toi !

Arya riait en visualisant la scène dans son esprit. Sya, la bouche recouverte de chocolat, en train de nier en bloc son appartenance à une quelconque affaire de chocogrenouille.

Quand Sya lui parla de nouveau du professeur de botanique qu'elle aimait tant, les neurones de la Gryffondor se reconnectèrent.

- Aaah, mais oui, c'est vrai ! Mais... T'as pas peur que ta tortue se mette soudain à parler pour te faire un cours de botanique ? Moi cette vision me hanterait nuit et jour !

Elle s'imaginait très bien les yeux de la tortue la fixer jusqu'à ce qu'elle craquât... Une vision cauchemardesque. Mais bon, ça aurait pu être pire. Elle aurait pu la nommer en hommage de ses professeurs de potions ou de métamorphose.

- Tu rigoles ? C'est encore plus génialissime quand il y a de l'orage ! Avec le vent, les feuilles et les branches bougent dans tous les sens, comme des danseurs dans un ballet ! Non, sincèrement, être dans un arbre en tempête, c'est la chose la plus extraordinaire du monde. On n'a pas encore vécu tant qu'on n'a pas essayé ça ! Je t'emmènerai, un de ces jours.

Elle se voyait déjà très bien tirer sa camarade du son dortoir pour l'emmener sous la pluie un soir d'orage. Ça promettait.

- Et je ne suis pas une tortue moi, pas plus qu'un vers de terre, miss Dotshez, rétorqua-t-elle en lui tirant la langue. Je ne vais pas me cacher dans mon trou quand toute l'action se passe à l'extérieur.

« Oh zut ! Je n'avais pas pensé à cette tragique fin du Poudlard Express. Bon beh tant pis, je pourrais toujours en voler dans les boutiques, c'est pas un souci. » Ricanes-tu comme si toi, le petit squelette du compartiment en était capable. Quoi qu'il en soit, tu profites de ce tas de chocolat offert par ton amie. Tant que c'est gratuit, pourquoi pas ? « Tu n'auras jamais une plus grosse influence que mon frère, ne t'en fait pas pour ça ! » Réponds-tu en repensant à toutes les fois où il t'entraînait avec un réel arc aux flèches pointues dans le dos de tes parents.

Ton amie a raison. Imagine ta tortue parler le langage botanique, quelle horreur. « J'lui donnerai de la salade pour fermer son clapet. Un peu comme moi et tes chocolats. Tel maître, telle tortue. » Dans le pire des cas, tu es magicienne. Un petit tour de magie et le tour est joué. Tu visualises la scène, et regrettes immédiatement cette pensée de ta tête. Utiliser la magie pour ça, doit être puni selon toi.

« Wow, tu en parles comme si l'orage était une attraction. J'trouve ça classe. En plus ça me rappelle la cabane du garde-chasse tout près de la forêt interdite. Je t'avoue être bien tentée de m'y aventurer, dommage quelle soit inaccessible. ça te tente si l'an prochain, on s'approche de la cabane avec des .. » Cherches-tu les mots. « Tu sais les machins pour voir de loin là, un télescope, mais pas pour les trucs rikiki. Des ju.. Des jumelles voilà !! » il en était moins une. Passes-tu la main sur le front, comme si chercher les mots étaient une chose fatiguante.

- En voler dans les boutiques ? Quel étrange passe-temps. Et quelle étrange idée.

Elle savait bien que Sya plaisantait. Enfin... Elle plaisantait, n'est-ce pas ? Serait-elle capable d'aller voler des friandises dans une boutique ? Quoique, faire une chose pareille, avec Sya, ce devait être comique. Elle était du genre à se faire prendre par le vendeur cinq minutes après le délit. Bien qu'Arya ne remettait pas en cause les capacités de voleuse de sa chère amie.

- Pourquoi ? Qu'est-ce que ton frère t'as fait faire comme bêtises ? demanda-t-elle, les oreilles grandes ouvertes, avide de détails.

Elle se rappelait toutes ses propres bêtises à elle. Elle les avait toujours faites seules, et aurait tant aimé que ses sœurs se joignent à elle. Mais à chaque fois, c'était la même schéma : ses sœurs étaient trop parfaites pour tenter d'enfreindre la moindre règle. La jeune Gryffondor enviait Sya comme jamais, et voulait connaître chaque détail de ses aventures avec son frère.

- De la salade... mais tout ramène à la botanique ! C'est un cercle vicieux ! s'exclama-t-elle, faussement choquée. C'est un complot organisé spécialement pour nous rappeler nos cours de bota', même en vacances !

Arya ne détestait pas la botanique, au contraire, elle aimait beaucoup. C'était pour elle une matière très reposante. Dans les serres, elle se sentait calme, ce qui était chose rare avec elle.

- Comme si l'orage était une attraction ? Mais c'est bien plus que cela ! C'est l'évènement du mois ! C'est ce qui éclaire une journée ! Au sens figuré, hein. Pas de mauvais jeu de mots.

La fillette sourit en observant Sya chercher le mot qu'elle avait sur le bout de la langue. C'était amusant de la voir galérer. Sans arrière pensée perverse, bien sûr.

- Cette expédition me semble tout à fait honorable, je serai de la partie avec plaisir ! Mais je n'ai pas de jumelles, chez moi. Tu crois que c'est possible d'en fabriquer nous-même ?

Arya se souvenait très bien de ce jour-là. C'était la première fois qu'elle découvrait la bibliothèque de Poudlard. Elle avait été si impressionnée de voir tant d'étagères plus grandes les unes que les autres. Son admiration s'était vite envolée. À présent, lorsqu'elle allait à la bibliothèque, rien ne lui semblait plus normal que de voir autant de livres. Elle avait perdu un peu de sa magie, avec l'habitude. L'habitude est le fossoyeur de la magie.

- C'est la meilleure bêtise du monde, ça ! C'est tellement stylé... Comme dans un roman. Alors que ses parents ne voulaient pas la voir s'entraîner avec un véritable arc par peur pour elle, elle enfreignait les règles et, à l'aide de son frère, pratiquait sa passion avec véhémence. Ça en jette, non ?

Pour elle, l'arc représentait tous ses rêves de chevalerie, tout comme l'escrime. Tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à la féodalité la fascinait.

- Tu m'apprendras, un de ces quatre, le tir à l'arc ? J'aimerai trop savoir en faire !

Si Sya lui apprenait, elle la vénèrerait pendant l'éternité. Elle considérait déjà son maître d'arme, qui lui avait appris l'escrime, comme un être divin.

- Oui bon, la pluie aussi c'est cool. Mais quand t'es dehors, aussi. Si t'es à l'intérieur, c'est comme pour l'orage, c'est beaucoup moins immersif ! T'as pas l'odeur, t'as pas la sensation de l'eau qui coule dans son cou... Ah non, décidément, je préfère la pluie, mais dans mon arbre. Quand tu secoue les branches, toute l'eau tombe d'un coup, c'est trop beau !

Sya reprend encore une chocogrenouille, et Arya lui lance un regard amusé en levant un sourcil. Elle ne peut pas s'en empêcher !

- Tu connais quelqu'un de myope ? Pas moi. Ça complique grandement notre mission. Sinon, t'es prête à aller voler un télescope à Mr Briggs, toi ? Pas moi, affirme-t-elle en pensant à leur directeur de maison.

Si ça en jette ? Tu réfléchis une bonne seconde, repensant rapidement à toutes tes aventures en compagnie de ton grand frère. Puis tu hoches la tête, comme pour avouer qu'enfreindre les règles pouvait avoir un ton d'humour. « Honnêtement, ouais ça en jette ! En plus un vrai arc est plus lourd qu'un jouet. » Tu te remémores toutes tes courbatures aux bras quand tu en avais fait pour la première fois, comme si tu venais de porter 35 kilos, vraiment trop lourd. Comme excuse, tu avais sorti à tes parents que tu avais joué à l'amoureuse de Tarzan, en grimpant constamment aux arbres. Ridicule, mais au moins ils t'ont cru. « Je t'apprend quand tu veux, à condition que tu m'apprennes l'escrime. »

« J'veux bien te donner le bénéfice du doute pour le côté immersif des choses. J'te conseille d'aller passer une petite visite à l'arbre magique de l'école, il aime se secouer dans tous les sens. » Tu penses au Saule Cogneur, mais tu as oublié son nom. Pour ranger le petit bazar du compartiment, tu sors un vieux sac plastique avant d'y jeter les emballages inutiles du chocolat. « Tu sais, je pense vraiment que si on utilise un télescope à l'envers on peut voir de loin. Tu veux vraiment pas vérifier cette hypothèse ? » lances-tu la perche, comme si le petit démon gauche d'Arya venait prendre possession de ton corps pour l'inviter à voler emprunter un gadget de Mr. Briggs. « Ou en testant ceux du chemin de traverse, il y en a peut-être là-bas » répliques-tu, pour ne pas la mettre mal à l'aise.

Arya hocha la tête, prête à tout juste pour tenir un arc au moins une fois dans sa vie. Après, je pourrai mourir en paix, pensa-t-elle avec amusement. Elle songeait déjà aux mouvements qu'elle pourrait montrer à Sya en escrime.

- Faisons ça alors ! Les gens vont vraiment nous prendre pour des psychopathes quand ils nous verront avec un sabre et un arc, j'ai hâte de voir ça !

En attendant, elle se voyait déjà retrouver son professeur d'escrime. À cette pensée, elle se dandina sur son siège. Elle avait hâte de reprendre, de pouvoir emparer sa longue arme et de croiser le fer.

- Oh, tu parles du Saule Cogneur ! s'exclama Arya. Au risque de te paraître bizarre, j't'avoue que j'ai déjà penser à y grimper, mas j'ai jamais eu l'occasion... C'est pas la chose la plus recommandée, mais peut-être qu'il faudra que j'essaie, un jour où il sera calme. En supposant que ce soit possible, bien sûr.

Elle observa Sya ranger les emballages de chocogrenouilles et décida de l'aider. Elle s'empara de trois paquets à la fois et les glissa dans le sac en plastique.

- Si tu te portes garante au cas où on se fait prendre, je vérifierai ton hypothèse avec grand plaisir, ricana la fillette.

Tout en continuant de ranger le compartiment, elle jeta un coup d'oeil par la fenêtre. Le soleil était encore haut dans le ciel, comme chaque soir d'été. Cependant, en apercevant l'agitation qui commençait à apparaître dans le couloir du train, par la vitre de la porte, elle devina que le train allait certainement bientôt arriver à bon port.

- On dirait que le voyage touche à sa fin. Je rêve d'une bonne limonade pour me rafraîchir, j'espère que j'arriverai à en dénicher une quand je serai chez moi !

Elle s'approcha de la fenêtre, simplement histoire de savourer les dernières minutes en observant le paysage défiler.