Le baiser de son Alice lui procura une chaleur sur la joue qui dura durant toute la réunion dans le wagon des préfets. La réunion dura un certain temps. Il était fier et heureux d'être préfet mais il aurait tout le temps de se satisfaire de ce nouveau rôle, il était important à présent de retrouver Alice. Il s'en voulait encore de l'avoir laissé mais il n'avait pas eu le choix. Il arriva au niveau de leur comportement et ouvrit la porte.

"-Me revoilà, encore désolé, je n'avais pas le choix d'y aller."

Il se rassit en face de son amoureuse et l'observa un temps rapide avec un sourire d'excuse. Il repéra l'objet brillant qui pendait au cou d'Alice, le cadeau d'anniversaire que l'aiglon lui avait fait. Il était heureux de la voir le porter mais ce pendentif en forme de vif d'or lui rappelait sa passion, le Quidditch. Cela le ramena à sa nouvelle réalité, le Quidditch était fini pour lui et il devait le dire à Alice et surtout lui expliquer la raison. Son sourire avait disparu et il prit une grande inspiration.

"-Alice, je dois te dire quelque chose moi aussi. Il s'est passé quelque chose d'assez grave lundi... j'ai eu un accident. Il avait du mal à se rendre compte que ça n'avait eu lieu que 3 jours auparavant, ca lui semblait si lointain maintenant qu'il était auprès d'Alice même si les souvenirs étaient intacts. Ca va, je vais bien mais... Le Quidditch c'est fini pour moi. Il baissa les yeux, ne remarquant pas la réaction d'Alice. Sa gorge se nouait, il devait tout dire d'un coup. En fait, je volais dans un bois pas loin de la maison, je m'entrainais à capturer un vif d'or. Je suis monté assez haut et... Je sais toujours pas comment... Mon balai était plus entre mes jambes et du coup je suis tombé. Mais ca va ! Ca va vraiment! Il se précipita dans ces derniers mots pour rassurer Alice. Papa était là, il a fait apparaître un gros tapis qui m'a réceptionné. Il était préférable de dire que son père était là même si sa présence à ce moment là relevait d'un quasi miracle. Mais je n'arrive plus à voler, j'ai le vertige."

Il pleurait à nouveau, il savait maintenant combien ca avait été dur pour Alice de raconter ce qu'il lui était arrivé. Ca ravivait les souvenirs, il revoyait la cime des arbres s'élevaient à mesure qu'il tombait et l'absence qui s'en est suivi. Mais ce n'était pas ça qui l'atteignait autant, c'était la peur que lui inspirait l'dée de voler à nouveau et le fait de dire adieu au Quidditch. Et puis il savait qu'Alice serait choquée par ce qu'il avait vécu.

Alice avait observé le paysage défiler de l’autre côté de la fenêtre de son compartiment. Elle regardait sans voir, ses pensées ailleurs que dans les landes qui se dessinaient toujours un peu plus. Elle s’interrogeait sur les derniers mots que Christopher lui avait dit avant de rejoindre le wagon des préfèts. Lui aussi avait quelque chose à lui dire. Alice ne savait pas de quoi il pouvait s’agir, elle n’en avait pas la moindre petite idée, et pourtant elle réfléchissait, réfléchissait, occupait son temps à cela. Et plus il passait, ce temps, plus Alice s’inquiétait. Quelque chose de grave c’était peut-être passé ? Ou bien, il ne s’agissait que d’une annonce, une jolie annonce qui n’avait pas sa place dans leur correspondances estivales. Mais que diable voulait-il lui dire de si important ?

La porte s’ouvrit enfin, et Alice se redressa, droite, pour regarder Christopher pénétrer dans le compartiment.

« Ce n’est pas grave » répondit-elle aux excuses de son amoureux. « Tu as des responsabilités, maintenant. »

Et elle en était très fière. Son amoureux était devenu quelqu’un d’important en qui le corps professoral avait mis sa confiance. Alice savait que Christopher ne décevrait personne à ce poste. C’était un garçon intelligent, droit dans ses bottes et avec le coeur sur la main. Il risquait peut-être de se laisser marcher sur les pieds, tant il était gentil. Alice ne l’imaginait pas hausser la voix sur qui que ce soit.

La jeune fille répondit au sourire de Christopher par le sien, jusqu’à ce qu’il s’évanouisse. Quelque chose n’allait pas, Alice le voyait bien.

Et Christopher se mit à parler.
Le visage d’Alice se décomposait à chaque mot nouveau. Ses yeux s’arrondissaient, ses lèvres s’entrouvraient, et bientôt, ses mains montèrent à sa bouche pour la cacher, comme si toute la joie qui l’avait habitée un jour menaçait de la quitter. Christopher avait failli mourir. Sa passion avait manquée de la tuer. Ses yeux d’argent s’embuaient de grosses larmes qui, bien vite, roulèrent sur ses joues de porcelaine. Sans son père, ce héros qu’elle avait précédemment croisé sur le quai de la gare, son amoureux ne serait pas assis en face d’elle. Par Merlin, Christopher aurait pu perdre la vie à cause du Quidditch.

Les sanglots de Christopher éclatèrent enfin, et aussitôt Alice bondit e avant pour aller enlacer son amoureux de son seul bras valide. Elle le serrait aussi fort qu’elle le pouvait, enfouissant le visage du garçon dans son cou. Elle le tenait comme si à chaque instant il pouvait lui échapper.

« Ça va aller , Christopher » murmurait-elle. « Ça va aller. »

Non, ça n’irait certainement jamais. Il avait manqué de mourir ! Et tout ce que Christopher voyait, c’était cette peur que son corps et sa raison lui avait imposée pour le protéger. Son étreinte se resserra, sa main caressant le dos du Serdaigle.

« Tu es en vie, c’est ça le plus important… »

Christopher ne penserait peut-être pas la même chose. Alice ne parvenait pas à se mettre à sa place. Elle n’avait pas de passion à proprement parler, ne savait donc pas ce que cela faisait de se voir retirer ce pourquoi on se savait doué.
Ses larmes mouillaient les cheveux de Christopher, qu’elle embrassa d’un long baiser.

« Tu es en vie, tu pourras alors faire ce qu’il faut pour guérir si tu le veux vraiment … »

Mais peut-être ne devait-il jamais guérir de ce vertige, garder les pieds sur terre le maintenait en vie. Rester auprès d’elle sur le plancher des centaures.

Racontait tout ça face à Alice était si dur, la voir être aussi touché mais son soutien et sa présence étaient tellement réconfortants. Il la serra si fort dans ses bras, aussi fort qu'il aurait du le faire avec son balai. Quel bonheur de sentir son odeur, la douceur de ses cheveux contre son visage, ses bras autour de lui et puis ses lèvres... Le baiser d'Alice lui apporta une vague de chaleur, il se sentait plus vivant que jamais, derrière le malheur qui l'avait frôlé il avait acquis une rage de vivre qu'il n'avait jamais connue. Il voulait profiter de chaque instant, surtout ceux auprès d'Alice, c'était les plus précieux, les plus importants! Elle lui avait tant manqué durant l'été malgré leurs lettres régulières, il voulait rattraper ces moments perdus qui ont failli lui échapper à tout jamais.

A la plus grande surprise de Christopher, Alice éprouvait l'espoir de le voir se remettre de son vertige. Il savait très bien ce qu'elle pensait du fait de voler sur un balai, il pensait qu'elle serait un peu soulagée qu'il ne soit plus capable de le faire, mais non! Alice pensait plus au bonheur que le blond ressentait quand il était en plein match qu'à la sécurité que son vertige lui imposait à présent. Il lui sourit, Alice était un joyau dans sa vie, une personne en or qu'il avait la chance d'avoir. Front contre front, Christopher porta sa main droite à la joue d'Alice et essuya délicatement ses larmes de son pouce.

"-Je pense que je dois me faire une raison... Ce sera plus simple. Il faut que je l'annonce à Irene, c'est la nouvelle capitaine des Ailes d'Airain."

Il respira profondément avant d'esquisser un nouveau sourire pour rassurer Alice, lui faire comprendre que ça allait. Que ca allait mieux en tout cas et surtout grâce à elle. Les deux enfants avaient vécu des vacances pleines de risques mais ils étaient là tout les deux et c'était le plus important. Il repensa à ce qu'Alice lui avait raconté, il n'avait pas pu lui poser les questions qui lui étaient venues en tête à ce moment-là car il avait dû partir, mais là ils avaient tout le temps du trajet pour aborder tout ça. Il posa doucement la main sur l’attelle d'Alice.

"-Ca va guérir! Les moldus sont assez bons pour ça, c'est plus long qu'avec la magie mais ça fonctionne. C'est qui ce Mr Penwyn au fait?"

L'inconnu était aux yeux de Christopher un héros dont il serait toujours redevable d'avoir sauvé la vie de celle qu'il aimait et il voulait naturellement en savoir plus sur lui. Si un jour il avait la chance de le rencontrer il ne manquerait pas de lui dire merci.

Christopher l’enlaçait avec autant de forces qu’elle précédemment, elle aurait pu se briser dans ses bras.
Leur corps se détacha l’un de l’autre, seulement uni par leurs fronts. Christopher lui souriait, sa main venant épouser sa joue pour en essuyer les larmes qui perlait de ses yeux. C’était si doux malgré la douleur et la peur qui liait les deux enfants. Par quelques gentillesses, ils se soutenaient, c’était toujours comme cela. C’était agréable de pouvoir compter l’un sur l’autre, quelque soit la situation. Parler, cela avait fait du bien à Christopher, elle le savait. Il n’y avait pas de secret à garder dans son cas, mais une blessure à panser. Il avait perdu quelque chose en tombant, et Alice ne pourrait jamais l’aider à le retrouver. Elle ne voulait pas le voir retomber sur un balai, pas après ça.

Lorsque Christopher mentionna le nom d’Irene et « 
son nouveau post au sein des Ailes d’Airain, Alice senti quelque chose piquer son cœur. C’était une aiguille qui s’insinuait à l’intérieur et y remuait doucement.

« Ah, d’accord » répondit-elle. « C’est bien. »

Le sourire de Christopher balaya la petite douleur en son cœur. Il voulait la rassurer. A quel sujet ? Au sujet d’Irene ? Alice s’était perdue.

La main de son amoureux se posant sur son attelle, Alice eu d’abord un mouvement de recul, bien vite contrôlé. Il n’allait pas lui faire mal, pas lui.

« Qui est Monsieur Penwyn ? » répéta Alice.

C’était à son visage de s’illuminer à présent. Le doux visage de son sauveur apparaissait distinctement dans sa tête, chassait les mauvaises choses qui s’y trouvaient.

« C’était un collègue à mon père » expliqua t-elle. « Il travaillait dans un autre service, mais ils s’entendaient... s’entendent bien. Nous avons mangé une glace tous les trois, il m’a expliqué des choses sur les Nés-Moldus, car il en est un et je me posais des questions à leur sujet. Il est très interessant, et pédagogue en plus. Il ressemble un peu à mon père, à cause de la barbe. »

A cause de la barbe, de la gentillesse, de l’humour, du côté protecteur, de la fibre paternelle ... tout liait ces hommes.
De sa main valide, Alice porta sa main à la poche de sa veste. Elle fouilla un instant à l’intérieur jusqu’à pincer entre ses doigts le gallion que lui avait offert monsieur Penwyn. Elle l’en sorti pour le montrer à Christopher.

« Il me l’a offert quand mon père était parti payer nos consommations, chez Florian Fortarome. Il l’a enchanté d’un sortilège protéïforme. C’est grâce à ce gallion que j’ai été sauvé. »

Alice referma ses doigts sur son trésor. A ce jour, aucun objet n’avait autant de valeur pour elle que ce gallion. Il y avait la chevalière de son père également, c’était vrai. Elle était intéressante, pleine de mystère et renfermait certainement une myriade de secret, mais elle n’avait pas sauvé la vie d’Alice.

Ses grands yeux d’argent longtemps perdus dans la contemplation de la chevalière à son doigt, ils se relevèrent sur Christopher, son sourire évanoui.

« Il ne faut parler de ça à personne » dit Alice en rangeait le gallion à sa place initiale. « Personne ne doit savoir que c’est un manteau noir qui m’a cassé le poignet. Si oncle Kenneth venait à apprendre ça, il serait prêt à faire de grosses bêtises. Promets moi que tu ne diras rien, à personne. »

Le regard d’Alice était dénué de malice ou d’amusement. Plus de douceur. Rien qu’un sérieux qui dénotait avec le visage enfantin de la petite Sangblanc. C’était important, monsieur Penwyn et Alice en avaient convenu. C’était un secret qu’il fallait bien garder au risque de voir oncle Kenneth de faire tuer.

Alice commença à expliquer au blond qui était cet homme à qui il devait la vie de son amoureuse. Elle parlait de lui avec une certaine passion, le sourire aux lèvres. Après la discussion qu'ils venaient d'avoir, malgré les raisons qui faisaient qu'Alice devait parler de lui, cette légèreté faisait beaucoup de bien. Il regarda le gallion avec intérêt, les sortilèges protéiformes étaient fascinants, enfin surtout quand on les activait, en dehors de ça l'objet était semblable à tout autre. Il hésitait à tendre la main pour s'en saisir et l'observer mais Alice ne l'en lui laissa pas l’occasion et elle referma sa main, elle resta quelques instants à observer son poing puis elle releva les yeux vers lui. Son regard était pénétrant et intense, elle avait perdu son sourire et commença à parlait avec une certaine autorité. Celui là même qu'elle avait utilisé lors de la création du Merlin, un ton loin de correspondre à son âge qui révélait l'importance et les sérieux de ses propos. Elle voulait garder le secret sur tout ça et c'était logique, l'aiglon comprenait l'importance de tout ça et il soutient la décision de sa petite amie.

"-Non bien sûr que non, t'en fais pas ça restera entre toi et moi. Tu vas donner quoi comme excuse à ceux qui te poseront la question? On ne sait jamais si les gens me demandent ce qu'il t'est arrivé il vaut mieux que je dise la même chose que toi."

Il ne savait pas pourquoi on le lui demanderait à lui, mais après tout, les commérages étaient légion à Poudlard. Rien qu'après leur rencontre si particulière dans les tribunes il avait remarqué beaucoup de regards et de doigts pointés sur lui accompagnés de murmures où il lui semblait entendre le prénom d'Alice ou le nom de sa maison. Même si ils ne s'affichaient pas, surtout qu'ils n'avaient pu passer qu'un mois véritablement à profiter de leur relation avant les vacances, quelques personnes les savaient en couple, les plus carieux s’attendraient sûrement qu'il soit au courant de l'origine de la blessure de la jeune fille.

"-Oh au fait, j'ai croisé Alexei au chemin de traverse. On a fait des achats pour des membres du Merlin. Apparemment il y a quelques élèves qui ne retournent pas à Poudlard cette année, j'espère que ca ne concerne pas des membres. Tu as prévu une réunion pour la rentrée?"

Le Merlin avait animé pas mal de ses pensées durant l'été, ses tractations lors de la Coupe du Monde avaient failli mal se terminer, son père lui avait témoigné beaucoup de soutien et donné quelques conseils qui étaient déjà mis en place comme les noms de code, ou dont les idées avaient déjà fusé lors de leur première réunion. Il lui avait dit être impressionné que l'idée vienne d'une première année, mais pour Christopher il y avait rien de surprenant, quand on connaissait Alice, on savait que l'âge n'était pas une barrière à la maturité et aux projets mûris et réfléchis. Un sourire distrait et ampli de fierté s'affichait sur son visage quand il la regardait en pensa à cela.

Les traits d’Alice s’adoucirent lorsque Christopher affirma qu’il ne dirait rien au sujet de son agression. Oh, elle n’en avait pas douté un seul instant, mais c’était préférable de prévenir. Christopher était très maladroit, pour lui il serait facile de briser le secret d’Alice. En étant prévenu, en ayant été averti de la dangerosité de ce secret, il ferait attention.

« J’ai traversé la route et je suis tombée en voulant éviter une moto » répondit Alice. « Tu sais, ces véhicules moldus. Monsieur Penwyn passait par là, et il m’a fait une attelle pour soulager mon poignet. Voilà tout. »

Les mots de monsieur Penwyn étaient encore bien clairs dans sa tête, elle se les répétait parfois pour ne jamais être prise au dépourvu si jamais on venait à la questionner. Des questions, il y en aurait, sans aucun doute. Ce serait difficile de vivre avec ce secret. Pire encore, mentir à Aliosus, Irisia et Brett seraient un véritable déchirement. Mentir à son sang… non, Alice ne le pourrait pas, elle n’y arriverait pas.

L’attention d’Alice revint à son amoureux. Des achats pour les membres du Merlin ? De quoi parlait-il ? Alice réfléchit un instant, puis se souvint. Il était vrai que le sujet des Nés-Moldus et du Chemin de Traverse avait été abordé lors du premier rassemblement du Merlin. Alexei et Christopher avaient donc eu la présence d’esprit et la bienveillance d’acheter des fournitures pour les Nés-Moldus du Merlin, c’était vraiment doux à entendre. Alice en souriait un peu, ses yeux dans ceux bleus de Christopher. Ce qu’il pouvait être gentil, son amoureux. Il avait quelques défauts, comme sa maladresse, mais ce n’était rien à côté de tout ce qu’il avait comme qualités exceptionnelles. Alice le savait, Alice se le disait souvent : elle avait beaucoup de chance d’avoir un garçon aussi merveilleux que Christopher.

« Nous nous rassemblerons » répondit Alice en passant un doigt dans la cage d’Althéa pour lui caresser le crâne. « Mais pas en septembre… je vais avoir déjà bien assez de travail pour récupérer le retard que j’ai pris l’an dernier. »

Du retard, elle en avait pris énormément. Après avoir appris que son père avait été jeté dans une cellule d’Azkaban sans le moindre procès, Alice s’était lentement laissé sombrer dans une sorte de dépression - enfin elle pouvait mettre un mot sur ce mal être qui l’avait tenu éloignée de chacun pendant des semaines - et avait refusé de retourner en classe. Il lui fallait se remettre à niveau pour ne pas rater sa deuxième année, c’était son but ultime pour ce mois de septembre. Le Merlin attendrait.

Christopher et Alice continuèrent à discuter pendant de longs instants, se permettant même l’achat de quelques friandises. Cela faisait un bien fou de retrouver son amoureux, il lui avait terriblement manquer. Pendue à ses lèvres, Alice réalisait à quel point c’était le cas.