Tu restes silencieuse, n'ayant pas envie de presser Arya. Vous avez le temps, tu sais te montrer patiente alors tu peux très bien attendre. Plusieurs minutes passent sans que l'une de vous ne parle, jusqu'à ce que tu entendes ton ami te parler à nouveau.

Non. Elle n'avait pas envie d'en parler et tu peux le comprendre. En lui posant la question, tu attendais évidemment un oui ou un non, alors la réponse ne t'étonne pas, elle a le droit de tout garder pour elle.

- D'accord, pas de problèmes.

Soudain, elle a l'air de vouloir t'en dire plus, de te montrer qu'elle te fait confiance. Et ton regard s'assombrit : Les souvenirs du mois de mai te reviennent comme si tout cela s'était passé la veille : Les lettres, tes peurs...

- Je... Je ne sais pas quoi dire.. mais sache que..

Non, tu ne peux pas la comprendre. Ton père n'est pas mort, il a simplement failli mourir, c'est loin d'être la même situation. Pourtant, tu comptes tout de même lui expliquer :

- Le deux mai, mon papa travaillait au ministère. En cherchant à protéger certaines personnes, il a été gravement blessé, envoyé à l'hôpital, dans le coma. Entre la vie et la mort. Par chance, il a survécu. J'allais te dire que je te comprenais mais cela est un peu faux de ma part...

En soi, pas vraiment. Pendant plusieurs semaines, tu n'as pas cessé d'imaginer ton père mort, alors tu devais te sentir comme Arya. Mais ce n'est plus le cas maintenant, tu es plus ou moins passée à autre chose alors tu ne peux plus la comprendre, plus comme avant.

Elle n'a même pas pu prononcer le mot "Mort", ce qui montre comment elle se sent, à merveille. Tu comprends pourquoi elle est si triste, pourquoi elle ne suit plus les cours : Sa Vie semble peut-être ne plus avoir de sens pour elle, même si elle ne le dira jamais. Tu comptes l'aider car tu ne te vois pas la laisser seule, elle a osé t'en parler, c'est maintenant à toi de tenter de trouver des solutions :

- Tu sais, c'est normal que tu agisses comme ça, ne plus y penser va te prendre du temps.

Ta réponse te semble nulle : Comment pouvais-tu le savoir ? Tu ne le savais pas, tout simplement. Seulement, tu sais qu'il y a des phases d'adaptations lorsqu'un problème se présente et cela avait l'air d'être le cas pour ton amie. Il faut qu'elle soit forte et sûrement qu'elle soit aidée.

- Tu ne t'en soucies certainement pas pour le moment mais, si tu veux, je pourrais te faire des fiches pour les cours, pour que tu n'aies pas trop à rattraper.

Au moins, tu viens de trouver une chose concrète à faire pour elle.

469 mots ✔

Lili lui raconta ce qu'elle avait vécu avec son propre père, et Arya l'écouta attentivement, l'examinant sans retenu. Elle ne pouvait comprendre ce qu'elle avait ressenti à ce moment-là, leurs deux cas était drastiquement différents. De plus, la Gryffondor ignorait quelle relation la Serpentard entretenait avec son père, et ne pouvait donc même pas s'imaginer la peine de son amie lorsque son géniteur était dans le coma. Pourtant, Arya ne lui reprochait pas de comparer leurs deux situations. Ce n'était pas la même histoire, pas les mêmes pensées, et pourtant la peine avait aussi été là. Le sentiment d'injustice et de d'inutilité aussi, certainement.

- Dis pas ça...

Elle ne voulait pas que Lili se sente inutile, elle savait à quel point ce sentiment était atroce, et voulait le lui épargner. Elle aurait souhaité développer un peu plus le fond de sa pensée, mais les mots ne lui venaient pas. Elle n'avait que l'empathie avec elle.

La Serpentard déclara qu'il était normal qu'elle se sente ainsi, et Arya se mordit la lèvre inférieure. Lili pensait qu'elle était triste parce que son père était mort. Mais tout était bien plus compliqué... Elle ne pouvait pas la laisser penser ça, elle se sentirait comme un imposteur.

- Le truc, c'est que... Je sais pas comment expliquer ça. J'suis pas chagrinée qu'il soit mort, c'est juste que... J'étais en froid avec lui depuis Noël, à cause de cette histoire de Répartition. Alors, quand j'ai appris qu'il avait crevé... Au début j'étais surprise, j'avais jamais imaginé qu'il puisse mourir, pour moi il était comme immortel. Et puis ensuite, j'étais en colère contre lui. J'aurai aimé qu'on puisse régler nos différents, que tout soit clair entre nous, que je puisse faire mon deuil en paix. Mais il n'y a que des non-dits entre nous.

Plus Arya se confiait, plus elle comprenait enfin ce qu'elle ressentait. Parler n'avait jamais été libérateur pour elle, mais au moins elle arrivait, petit à petit, à mettre des mots sur ses sentiments.

- Quelques jours après l'enterrement, j'ai trouvé des notes qu'il écrivait dans sa boutique. Et puis, j'ai pu découvrir le fond de sa pensée sur moi. J'étais un peu en colère après. D'où cette coupe de cheveux. Mais j'suis contente de les avoir coupés. Je me préfère comme ça.

Quand Lili lui proposa de l'aider à rattraper les cours, Arya hocha la tête sans réelle conviction.

- C'est gentil, mais ce sera certainement inutile. Je compte pas rattraper quoi que ce soit. Mais c'est sympa à toi, merci.

Les cours lui semblaient être la chose la plus futile au monde depuis la rentrée. Elle avait perdu toute motivation pour travailler et ne comptait pas y remédier. Elle en avait marre de toujours vouloir être parfaite comme ses sœurs dans un espoir vain de leur ressembler. Elle ne voulait plus essayer de plaire à sa famille pour coller à l'étiquette qu'on lui avait donné. Elle voulait montrer par tous les moyens qu'elle était différente des autres Nightshade, qu'elle ne voulait plus être la petite benjamine parfaite.

Tu vois que ton amie n'a aucune envie de te faire sentir inutile dans cette situation, ce qui te remonte un peu le moral : Elle n'a pas mal pris tes propos, ce qui est une bonne chose, ce n'était absolument pas ton but, alors tu es contente de voir qu'elle ne l'a pas mal pris.

Tu écoutes attentivement les explications d'Arya, il est vrai que tu ne saisis pas tout mais tu retiens ce qu'elle te dit. Tu vois qu'elle aurait voulu lui dire certaines choses mais que la vie, enfin, la vie... L'herbe lui a été coupé sous le pied. Il est vrai qu'à votre âge, vous pensez difficilement à la mort, cela semble bien trop irréel et lointain pour vous.

- Je vois...

Malgré elle, cette disparition dans sa vie lui a laissé une trace et cela est totalement compréhensible, surtout que c'est loin d'être facile à encaisser. Tu connais certaines personnes qui ont perdu l'un de leur parent mais assez jeune, ce qui fait qu'ils n'ont pas forcément pu se rendre compte des conséquences, c'en est presque devenu normal, Mais à votre âge, ce genre de choses ne s'oublie pas, elle laissera des traces avec le temps, que le membre de la famille ait été une personne importante ou non.

Tu t'en doutais un peu mais Arya décline ta proposition. Tu penses bien qu'elle s'en fiche un peu pour le moment mais tu ne pensais pas qu'elle irait jusqu'à ne rien rattraper.

- D'accord et bien... dis-moi si jamais je peux t'aider pour quelque chose.

Tu ne vas pas la forcer à se remettre au travail, ce n'est pas ton rôle pour le moment. Tu ne sais pas si elle a des projets pour son avenir, sa priorité doit plutôt être celle de ne plus penser à son père.  Tu sais que tu seras là pour lui apporter tout le soutien dont elle aura besoin, et tu espères encore plus qu'elle s'en rend compte.

Tu as fait ce que tu avais à faire, Arya sait maintenant qu'elle peut vraiment compter sur toi. Tu ne cherches pas à épiloguer, cela ne sert à rien de vous regarder en chien de faïence. Peut-être voulait-elle à nouveau être seule, cela t'arrive de le vouloir également lorsque tu cherches à prendre du recul sur tes problèmes.

- Bon, je suis disponible si jamais tu souhaites plus m'en parler, n'hésite pas. Je n'en parlerai pas à qui que ce soit. Fais bien attention à ne pas trop te laisser aller, ce serait dommage. Je retourne au château, j'avoue que je commence à avoir un peu froid.

- A bientôt, Arya. dis-tu en souriant, avant de te retourner pour prendre la direction du château.

Merci pour ce rp !

457 mots ✔

Lili eu l'air mal à l'aise après ses aveux ; ou tout du moins c'était ce que ressentait Arya. Elle pouvait très bien imaginer ce qu'il se passait dans sa tête, si les rôles avaient été inversés, elle n'aurait su comment réagir à sa place.

Arya ne parlait pas souvent de sa famille, de ce qu'il se passait chez elle, dans sa tête. Maintenant qu'elle l'avait fait, elle se sentait comme nue, comme si Lili en savait trop à présent sur elle. Elle préférait largement maintenir le secret autour d'elle, cela la faisait se sentir plus en sécurité. Maintenant, elle avait peur de ce que Lili savait, même si elle avait conscience que la Serpentard n'était pas du genre à crier des infos intimes sur tous les toits. La fillette recouvrit ses jambes de ses bras, comme si cette position pouvait la protéger, remplacer la barrière du secret qui la recouvrait auparavant.

Lili lui demanda de lui dire si elle avait besoin de quelque chose. Arya sourit faiblement et hocha la tête. Maintenant, elle avait envie d'être seule, de se retrouver avec elle-même pour se repasser dans sa tête ce qu'il venait de se passer. Elle avait besoin de réfléchir et de reconstruire cette barrière autour d'elle, cette barrière qui s'était brisé à l'instant où les larmes étaient arrivées à l'improviste.

Lili se leva et partit. La Gryffondor la remercia silencieusement de lui laisser la possibilité de la laisser seule. Elle observa le lac, sa surface lisse, le regard perdu dans le vide. Était-elle donc si affectée par la mort de son père ? Mais si c'était le cas, elle l'aurait su depuis longtemps, non ? Elle n'avait quasiment rien ressenti après sa mort, et c'est cette absence de sentiment qui l'avait fait changer de comportement. Il fallait qu'elle soit forte, qu'elle arrête de se plaindre sur son sort. Elle ne comptait bien sûr pas se remettre à travailler en cours, elle avait d'autres préoccupations, elle voulait seulement se mettre une bonne paire de claque pour éviter de craquer à nouveau comme elle venait de le faire. Il ne manquerait plus que cela se reproduise en public !

Lili était à peine partie qu'elle sentait déjà le fantôme de son père revenir dans un courant d'air. La fillette l'ignora, ne bougeant pas d'un pouce.

Ses joues étaient toutes collantes des larmes qui y avaient coulé. Elle renifla et se rendit compte qu'elle tenait encore le caillou dans sa main. Elle joua un moment avec, l'examinant sous tous ses aspects. Puis elle tenta de se relever, lentement. Elle se rendit au bord du l'eau, et regarda son reflet à l'intérieur. Elle était tout ce que son père ne voulait pas. Elle lança le caillou, et son reflet se troubla.

FIN DU RPG