Le regard bleu se traîna de son poing désespérément vide jusqu'à dans les airs. Les prunelles durent scruter quelques instant le ciel gris, avant de capturer la forme floue qu'elles recherchaient: l'espèce de sale garce de Serpentard. Les contours étaient flous. Etait-ce la faute de la pluie, l'oeuvre de la vitesse ou l'effet des larmes qui s'étaient remises à couler abondamment? Une vague d'amertume envahit son corps, tandis qu'elle observait la main de la blonde se refermer autour de l'oiseau doré, alors qu'elle même était misérablement étalée dans la boue.

Ce qui la rongeait le plus était le fait qu'elle devait avouer que l'autre fillette ne volait pas mal du tout. Peut-être qu'un jour, elle aurait l'occasion de se présenter aux sélections des Crochets d'Argent. Leo ne l'espérait pas de tout son coeur. Pas qu'elle redoutait d'envisager la possibilité de se retrouver un jour face à elle sur un terrain. Mais jamais elle ne lui accorderait de bon gré ce plaisir et cette victoire. Les sombres pensées ne furent que défiler dans l'esprit de la rousse, frappant contres ses tempes et martelant les parois de son crâne jusqu'à éveiller un mal de tête. Dire qu'elle venait de d'échouer lamentablement face à une première année. Quelle honte. La gamine chercha désespérément une manière de remonter quelques échelons, maintenant que sa fierté avait dégringolé au plus bas. Timidement, elle entama la première marche. Elle venait de jouer un match entier sous un déluge, et par conséquent était plus que crevée. Elle dut chercher plus loin, avant de finalement mettre la main sur un pensée satisfaisante et pouvoir s'attaquer à la suivante. Ouais, l'autre pouvait bien être en première année et déjà voler comme un As. Elle même avait fait mieux encore. Après moins d'un mois au Château, elle était entrée dans son équipe. Alors que jusqu'à la rentrée, elle n'était même pas au courant qu'il était possible de faire autre chose avec un balai que nettoyer le sol de la cuisine. Un mois. Na! Mais le chemin était encore long. Sachant qu'elle allait avoir du mal à trouver d'autres justifications baumes pour l'égo, Leo décida qu'elle allait tenter un bond. Peut-être qu'elle parviendrait à atteindre quelques paliers plus élevés sans trop d'efforts. Sauver ce qu'il y a encore à sauver. Pas grand chose, donc. Ravalant le bouquet de sentiments lamentables et plaintifs auxquels elle s'était laissée aller pendant ses dernières minutes, Leo s'efforça d'afficher un mine déterminée. Bon, il fallait dire que le résultat final avait plus l'allure d'une moue boudeuse, mais ça allait faire l'affaire. Ravalant une ultime fois le goût salé qu'elle avait dans la bouche, la rousse se redressa, s'appuyant sur une main et empoignant fermement son Comète 260 de l'autre. Son regard bleu été vissé sur celui de la fillette, qui avait la surplombait de sa petite taille et osait lui proposer son aide. Lentement, Leo se releva, accompagnant sa remontée de paroles saccadées mais déterminées:

"Ton aide - c'est de la - bouse de dragon"

Une douleur vive serpentant de ses épaules jusqu'au bas de son dos, se fit brusquement sentir, et la joueuse dut se mordre la lèvre pour réprimer un gémissement. Mais il fallait à tout prix tenir jusqu'à ce qu'elle soit hors de la vue de la vert et argent. Leo fit un pas dans sa direction, et baissa les yeux sur la blonde. D'un revers de main déterminé et énergique, elle essuya les dernières larmes de ses joues, ne réalisant pas qu'elle venait en fait de les troquer contre une fine traînée de boue qui striait à présent sa face. Plissant les yeux, elle lui susurra presque inaudiblement:

"Tu n'as pas fini d'entendre parler de moi. On se recroisera..."

Leo avait voulu ajouter le nom de la jeune fille à cette promesse de vengeance, mais elle se rendit compte qu'elle ne le connaissait pas. Elle allait devoir rester "Grosse Conne" dans un premier temps. Pas mon problème. Lui jetant un dernier regard, Leo se détourna. L'idée de départ, c'est à dire ne croiser personne, s'était révélée être un échec. Mais avec tout le temps qu'elle avait passé à en découdre avec la Serpentard, la plupart des élèves devaient déjà avoir regagné la salle commune. Or, plus que tout, elle ne voulait pas les voir. Tout ce que son corps réclamait à présent était une douche bien chaude et du repos. Tandis qu'elle se dirigeait d'un pas traînant en direction des vestiaires, une autre larme perla au coin de son oeil prête à dévaler sa joue. Ou était-ce simplement la pluie?

Et tant que co-membres de la Team retard, on ne peut pas se jeter des pierres.
Fin du Rp pour moi. Ça m'a fait très plaisir d'écrire avec toi (un peu moins d'enthousiasme du côté de Leo...)
Au plaisir de te recroiser, Capitaine

Ah oui, de la bouse de dragon ?

« Comme tu veux... »

Le sourire de la Serpentard s’était transformé en un rictus moqueur, alors qu’elle haussait le sourcil à la réflexion de la poursuiveuse rouge et or. La balle en cuir dans une main, l’Etoile Filante de l’école dans l’autre, Hannah la regarda se relever péniblement. La joueuse des Griffes Ardentes essayait de faire bonne figure, mais elle avait bien trop de fierté pour accepter son aide. La jeune Sparks aurait probablement réagi de la même façon, si elle avait été dans la situation inverse.

La première année était désormais obligée de lever la tête pour soutenir le regard de la rousse, qui s’était rapprochée. Celle-ci lui murmura des menaces à peine voilées, que la Serpentard compléta sur un air de défi.

« Sparks... Mon nom, c’est Sparks ! »

Et j’espère bien, qu’on se reverra...

La poursuiveuse de Gryffondor avait déjà tourné les talons et Hannah l’observa s’éloigner en direction du stade. Couverte de boue, la robe écarlate des Griffes Ardentes, brodée d’un large numéro 2 ainsi que du nom de la rousse dans le dos, avait perdu de sa superbe. La jeune Sparks resta quelques instants immobile, pensant aux sélections qu’elle avait récemment passées pour intégrer les Crochets d’Argent. Avoir battu Ginger cet après-midi, malgré les circonstances particulières, lui donna du baume au cœur. Si la rousse y était parvenue, il n’y avait aucune raison qu’elle n’y arrive pas elle aussi. Sauf à ce qu’il y ait une grande différence de niveau entre les deux équipes.

Une bourrasque de vent souleva ses cheveux détrempés, la tirant de ses pensées. Un frisson la parcourut sous sa cape d’hiver, ce qui décida la fillette à rentrer au château. Tant pis pour le Souafle et le balai de l’école, elles les ramèneraient au terrain d’entraînement le lendemain. Pour l’heure, elle allait rejoindre son dortoir pout y prendre une douche bien méritée. Elle y trouverait peut-être sa camarade de chambre, Alaska, qui avait fui le stade dès le coup de sifflet final, laissant la première année dans l’incompréhension totale.