Eileen avait hâte de commencer les cours d'Histoire de la Magie. A l'école, l'histoire avait toujours été sa matière préférée, à Poudlard aussi non ? Elle entra dans la salle dans les premières et s'assit à une table vide, au centre. Elle aurait voulu y aller avec Rose ou Iris mais celles-ci demeuraient introuvables, comme souvent. C'était donc seule, en suivant quelques élèves et en demandant son chemin à des plus grands qu'elle avait fini par trouver la salle d'Histoire de la Magie.

Elle s'assit sur le banc et attendit que le cour commence. Regardant autour d'elle, elle repèra des élèves de Serdaigle, d'autre quelle avait déjà croisé, mais pas de Rose ou d'Iris en vue. "Mais pourquoi elles sont pas là ? Tous les premières années ont cours ensemble." Elle sorti un parchemin toujours vierge et le posa sur la table en bois. Puis elle croisa ses bras devant elle et posa sa tête dessus, le visage du côté de la place vide à côté d'elle.

C'était long... Si long qu'Eileen avait fermé les yeux au bout de quelques minutes. Elle se releva en entendant la professeure parler. Elle ne remarqua pas de suite la personne à sa gauche. Elle écrivit quelques trucs sur son parchemin puis tourna la tête pour regarder dehors. Il faisait beau, mais son regard croisa celui de la jeune fille.

- Oh, salut, je ne t'ai pas vu venir. T'es à quelle maison ?

Lorsque Yesenia arriva en classe d’Histoire de la magie, de nombreux élèves s’étaient déjà installés. Il faut dire que Yesenia avait légèrement trainé dans le dortoir des filles avant d’arriver en classe. Prendre tous les livres ou ne pas prendre tous les livres ? Telle était la question. Mais elle finit par prendre tous les livres, ce qui lui valut de perdre l’équilibre une fois dans un couloir en sortant de la salle commune, de se cogner contre un autre élève en empruntant les escaliers et enfin, de trébucher sur quelque chose d’invisible devant la porte de la classe d’Histoire de la magie. Elle ramassa son tas de bouquins pour la troisième fois et alla s’installer sur la première chaise disponible. Yesenia posa la pile de livres par terre et sorti ses parchemins. Mrs. Montmort commença son introduction à l’Histoire et Yesenia prit quelques notes. La pièce était baignée de soleil et elle remarqua la jeune fille à sa droite, qui tourna la tête vers la fenêtre. Sentant son regard se porter vers elle, Yesenia ne put s’empêcher de tourner également la tête vers l’élève.

- Oh, salut, je ne t'ai pas vu venir. T'es à quelle maison ?

Yesenia n’était pas sûre que la jeune fille s’adressait à elle et tourna la tête, mais il n’y avait personne. Elle décida donc de lui répondre. 

- Moi ? Je suis à Serpentard. Dit-elle doucement. Et toi ?

Lorsque la fille lui demanda si c'était bien à elle qu'elle parlait, Eileen hocha la tête. Oui c'était bien à elle, avec qui d'autre pouvait-elle parler ?

- Serdaigle.

Eileen prit quelques notes de ce qu'avait dit la professeure avec de se tourner une nouvelle fois vers sa voisine. La petite aiglonne fixait les yeux verts de la fille, ses cheveux bruns... Eileen essayait de retrouver son prénom, elle l'avait sûrement vu à la Répartition. "Comment elle s'appelle déjà ? Cooper de sûr mais son prénom... Ye..." Au final, elle décida de lui demander en se présentant en même temps.

- Tu t'appelles comment ? Moi Eileen, enchantée.

Le cour commençait à l'ennuyer. Peut-être parce qu'elle ne s'était pas concentrée dès le début ? Elle n'en savait trop rien, mais ce qu'elle savait, c'est que si elle faisait ça à tous les cours, ça allait vite être barbant, et pendant sept ans en plus. Elle entreprit de dessiner une petite fleur dans un coin de sa feuille. Son regard dériva sur la feuille de la verte et argent. Tout était ben écrit, bien carré ! La feuille d'Eileen, elle, était remplie de dessin au milieu des notes !

- T'aime bien ta maison ?

Eileen posa son coude sur le bureau et appuya sa joue contre son poing, le visage tourné vers Yenesia.

- Serdaigle

Yesenia hocha la tête. Elle ne connaissait que très peu la maison Serdaigle.

- Tu t'appelles comment ? Moi Eileen, enchantée.
- Yesenia. Cooper. Enchantée également.

Yesenia sourit timidement à Eileen. Elle reprit ses notes. Son esprit vagabonda un instant. Maison Serdaigle… Maison des Erudits et de ceux qui aiment apprendre. Elle essayait tant bien que mal de se souvenir les quelques dizaines de pages consacrées à Serdaigle dans L’Histoire de Poudlard. En vain. Cependant, elle ne put s’empêcher de jeter un oeil au parchemin de sa voisine. Celui-ci était noirci de petits dessins en tout genre. Yesenia se demanda si Eileen était tellement intelligente qu’il ne lui était pas utile de prendre des notes ou si celle-ci trouvait le cours d’un ennui profond. Yesenia admira un peu plus longtemps les dessins de sa voisine. Ils étaient très jolis.

- T’aime bien ta maison ?

Yesenia fut surprise d’une telle question. Personne ne lui avait encore demandé, et elle redoutait la réaction de ses parents quand ceux-ci apprendraient que leur fille était à Serpentard. Eileen appuya sa joue sur son poings, elle avait l’air d’avoir envie de papoter. Alors Yesenia se pencha également, et parla un peu plus bas.

- Je ne sais pas, je n’ai pas encore eu le temps de m’y habituer. J’étais persuadée d’aller à Poufsouffle, comme mes parents. Je ne sais pas comment ils vont réagir lorsqu’ils l’apprendront.

Yesenia s’était dévoilée comme un livre ouvert. Mais c’était plus fort qu’elle, une fois qu’on parlait d’elle, elle était un vrai moulin à paroles.

- Et toi, rajouta-t-elle, tu aimes Serdaigle ? Ils sont comment ceux de ta maison ?

Yenesia avait l'air surprise par la question d'Eileen. Mince, avait-elle encore fait une gaffe ?

- Je ne sais pas, je n’ai pas encore eu le temps de m’y habituer. J’étais persuadée d’aller à Poufsouffle, comme mes parents. Je ne sais pas comment ils vont réagir lorsqu’ils l’apprendront. Et toi, tu aimes Serdaigle ? Ils sont comment ceux de ta maison ?

Eileen bassa les yeux. Elle aimait sa maison, mais ce bleu partout, c'était pesant. Elle se disait que dans les autres maison c'était pareil : du vert partout à Serpentard, du jaune à Poufsouffle et du rouge à Gryffondor. Mais même, quand on n'aime pas spécialement le bleu, ça doit être encore plus pesant que pour les autres.

- Oui... Oui je l'aime bien et ça va. Les filles sont cool.

Eileen pensa à Angel, Eléonore, Auriane, Rose... Oui, elles étaient toutes, ou presque, gentilles. Les yeux de le fillette fixèrent un pont derrière les cheveux châtain de Yenesia. Elle s'ennuyait, pourtant d'habitude, elle aimait l'histoire, mais là c'était bizarre. Le cour était d'un ennui profond... Elle n'écoutait pas le cour, elle regardait ailleurs. Elle était, comme dirait sa mère, dans la lune. Et en même temps elle voulait en savoir plus sur Yenesia, elle avait l'air tout aussi gentille que les filles de Serdaigle.

- Tu connaissait Poudlard avant d'arriver ?

- Oui... Oui je l'aime bien et ça va. Les filles sont cool.

Yesenia trouva qu’Eileen avait l’air fort pensive. Mais elle n’insista pas. Ce n’était pas son genre de s’immiscer dans les histoires des autres. Même si celle-ci était incroyablement curieuse et raffolait des potins. Elle se demanda si elle pouvait s’entendre avec les filles de Serdaigle. Elle jeta un oeil à la rouquine. Elle la trouvait particulièrement gentille. Alors Yesenia déduit que les filles de Serdaigle devaient être aussi gentilles qu’Eileen.

- Tu connaissait Poudlard avant d'arriver ?

- Oui, bien sûr. Je suis née-sorcière, mes parents m’en parlaient déjà alors que je ne marchais pas encore.

Elle rit doucement. Ses parents parlaient de Poudlard comme d’une vieille amie. C’était un endroit chaleureux, où l’on mangeait bien, où l’on apprenait des choses intéressantes. En effet, Yesenia trouvait le cours d’Histoire de la Magie très intéressant et repris quelques notes à la volée. Les autres élèves avaient l'air un peu perdus et Yesenia remarqua qu'un élève devant elle avait un peu sa tête qui penchait. Il s'endormait. Elle se racla la gorge et l'élève redressa immédiatement la tête, saisi par le bruit. Yesenia pouffa de rire. 

- Je devine que toi, tu n’es pas née-sorcière, je me trompe ? Demanda Yesenia, avec un demi sourire, tout en continuant à prendre des notes.

- Non, je suis une née-moldue.

Eileen trouva une toute petite place sur sa feuille pour noter quelque chose. Elle se demanda ce que ça faisait de vivre tous les jours avec une sorcière, et pas uniquement à Poudlard, non. Depuis l'enfance. Ca devait être cool de voir des baguettes magiques, des objets qui volent... 
Cela faisait seulement quelques jours pour Eileen qu'elle était confrontée aux sorciers, à la Magie avec un grand M et pas la magie qu'on invente quand on est petit. Cela ne faisait pas longtemps qu'elle vivait dans le monde des Sorciers, alors que Yenesia, elle y avait grandi.

- T'as d'la chance. Tu connais déjà tout.

C'était peut-être un cliché qu'Eileen s'était créé. C'était peut-être aussi faux que dire qu'elle aimait aller en dehors de ce qu'elle connaissait. C'était peut-être aussi faux que dire qu'elle était tout le temps posée, calme et sereine. C'était peut-être un cliché qu'Eileen avait inventé, mais dans tous les cas, elle y croyait.

Elle, elle ne connaissait rien. Elle ne savait même pas qu'elle était une sorcière avant de recevoir cette lettre, qui avait tout gaché. Il ne s'était rien passé d'étrange, ou alors elle ne s'en souvenait plus... Mais elle avait grandi chez les moldus, en dehors du monde magique, des baguettes et des potions. Et pourtant elle en était une. Elle était une sorcière. 

Yesenia ne savait pas si elle pouvait se qualifier de « chanceuse ». Bien sûr, elle était sorcière depuis sa naissance, bien sûr, elle était familière avec toute cette magie. Mais elle n’avait pas droit à l’erreur. Elle ne pouvait pas faire d’erreurs. C’était totalement impossible dans son esprit, et dans l’esprit de ses parents. Yesenia reporta son attention sur sa voisine. Eileen continuait à prendre des notes et agrémenter son parchemin de petits dessins. Elle paraissait soucieuse. Yesenia resta un moment silencieuse et tourna sa langue sept fois dans sa bouche avant de reprendre.

- Non, je ne connais pas tout. Même si je suis née-sorcière, je n’ai pas la science infuse non plus. Mais ça s’apprend. On s’adapte facilement. Et le Choixpeau ne t’as pas envoyée à Serdaigle pour rien.

Yesenia sourit à Eileen. Elle se rappelait maintenant un peu mieux les qualités d’un Serdaigle. "Oiseau, certes, mais pas linotte ! Car Rowena était loin d’être sotte. Si vous avez de la curiosité, de l’esprit, de l’intelligence, Serdaigle ne vous manifestera pas d’indifférence." pensa-t-elle. Les paroles du Choixpeau lui revenaient peu à peu à l'esprit, comme lors de sa première nuit au château. Yesenia voulait rassurer Eileen. Elle voulait lui montrer qu’ici à Poudlard, on était tous sur le même pied d’égalité. La naissance des autres sorciers importait peu à Yesenia, car cela ne signifiait rien pour elle. Le moment était peut-être mal choisi pour des confessions, mais elle se lança tout de même, espérant montrer à Eileen qu'elles étaient exactement sur le même pied d'égalité.

- Je n’ai pas encore utilisé ma baguette depuis que je suis arrivée… Confia-t-elle, un peu honteuse. Et toi ? 

Ouais, le Choixpeau ne l'avait pas envoyé à Serdaigle pour rien, même si elle pensait sérieusement aller à Poufsouffle après la chanson. Elle sourit en baissant les yeux, pas convaincue pour autant. elle était une née-moldue, elle en connaissait encore moins que les autres. Yenesia connaissait quand même quelques trucs, peut-être pas tout mais une partie. Et Eileen arrivait, comme ça, ne sachant même pas ce que c'est la différence entre un sortilège et un enchantement.

- Non. Je l'ai jamais enlevé de la boite.

Et c'était vrai, elle ne se rappelait même plus quelle forme avait sa baguette. Elle se rappelait vaguement ce qu'avait dit le vendeur : bois de chêne... rouge et poil de... loup-garou. Non, Rougarou. En bref, elle savait juste que sa boite était noire.

- Et sinon, t'aime bien l'Histoire ?

Elle ne rajouta pas "de la Magie", trouvant ça inutile vu qu'elles étaient en train de passer leur premier cour à parler. Et à dessiner. 
Des centaines de questions se bousculaient dans la tête d'Eileen. Elle avait peur que sa voisine la prenne pour une fille qui se mèle de tout ce qui ne la regarde pas. Mais bon tant pis.

- Et t'habitais où avant ? Moi à Londres, à l'est de Londres.

Elle repensa à sa maison, sa chambre avec Thalia, les gateaux de sa maman... Pour une fois, ça ne la faisait pas pleurer, elle n'avait pas envie de pleure. C'était juste... un moment de souvenirs, sans penser à... tout ça.

Cette réponse rassura Yesenia. Elle aussi avait laissé sa baguette dans son étui depuis son arrivée. Yesenia jeta un oeil à son sac, à ses pieds. Elle vit la boite de sa baguette en dépasser. Les cours auxquels elle avait assistés jusqu’à présent ne nécessitaient pas d’utiliser une baguette magique et elle s’en était trouvée soulagée. Elle se promit cependant de s’y familiariser le soir-même, dans la salle commune.

- L’Histoire ? Dit-elle en sortant de ses pensées. Oui, j’adore ça. Ma mère et ma grand-mère tiennent une bibliothèque donc je fouine très souvent dans les livres d’Histoire Moldue. Et toi, tu aimes l’Histoire ?

Yesenia pensait qu’Eileen parlait d’Histoire Moldue car jusqu’à présent, elle n’avait pas pu juger si elle aimait ou non l’Histoire de la magie. Elle reporta un instant son attention sur le cours, car le professeur soulignait un passage important et Yesenia l’entoura sur son parchemin.

- J’habite toujours à Burringham. Poudlard est certes ma seconde maison, mais j’ai toujours ma chambre à Burringham. Marmonna Yesenia, vexée que l’on puisse lui demander une telle question, c’est bien de vivre à Londres ? Tu as des frères et soeurs ?

Eileen était curieuse, mais Yesenia l’était tout autant. C’était une véritable bataille de questions qui s’enchainaient entre les deux jeunes filles. Yesenia se demandait comment était la vie d’une née-Moldue et si cela changeait beaucoup. Yesenia avait fait l’école à la maison mais elle savait qu’il y avait une école moldue pas loin de chez elle. Elle voyait parfois les enfants passer. Elle en connaissait d’ailleurs certains, qui venaient emprunter des livres à la bibliothèque, mais jamais elle ne s’était imaginée vivre sans magie, comme eux.