A nouveau Aydan écouta avec un sourire satisfait Carry expliquer les sensations qu'elle a ressenti. Elle n'était pas parvenue à aller contre l'instinct félin, c'était effectivement l'un des plus difficiles à contrôler car stimulé presque constamment. Ensuite il laissa la parole à ses 3 étudiants. Se fut d'abord Alice qui prit la parole suivi de William. La jeune fille s’interrogeait sur la possibilité de mixer deux métamorphoses animales.

"-Même si c'est possible, il n'y a pas grand intérêt. Au final l'un prédominera sur l'autre donc il n'y aura pas de conflit. Ce serait juste drôle à voir mais nous sommes pas là pour ça."

Ensuite il répondit à William qui avait une des questions à laquelle il s'attendait forcément. L'utilisation de tels sorts durant un duel.

"-Et bien en fait tout dépend du sorcier que vous avez en face de vous. Quand on lance ce genre de métamorphose sur un objet ou même sur un animal, c'est assez simple. Ils ne luttent pas pour retrouver leur apparence originelle, alors tout dépend de vos propres pouvoirs pour sa durée. Mais un sorcier va souvent lutter pour reprendre forme humaine. Pour votre camarade, elle est consentante donc elle ne se bat pas pour ça et c'est plus simple pour moi. En duel tout dépendra de vos pouvoirs et de ceux de votre adversaire. Pour votre chat, lancer homomorphus vous aidera à vérifier si c'est bien un chat ou non, si c'est un simple chat rien ne se passera. On va finir par une dernière métamorphose Carry, celle-ci sera assez rapide. Il fit apparaître un bocal rempli d'eau. N'ayez aucune crainte, vous serez très vite à l'aise."

Il opéra la métamorphose et Carry se transforma alors en un poisson rouge comme on en trouve dans les animaleries moldus. Le poisson frétillait sur la chaise et Aydan se dépêcha de la mettre dans le bocal. Il la laissa nager quelques secondes avant de la sortir et la reposer sur la chaise puis sans perdre de temps lança le sort pour la faire redevenir humaine et la laisser exprimer son ressenti.

Sans que je comprenne ce qui était en train de m’arriver, un vaste étendu d’eau se dressait devant moi. Était-ce l’océan ? Que s’était-il passé lors des dernières secondes ? Pourquoi je n’arrivais pas à me souvenir ? Où étaient passés mes jambes ? mes mains ? Je me sentais bizarre dans un premier temps puis la joie commençait à me prendre quand je commençais à m’enfoncer dans l’eau. Ce n’était plus des mains que j’avais mais des nageoirs qui me servait désormais pour glisser dans l’eau et à la place de mes pieds, une queue qui remuait de gauche à droite pour m’aider à me diriger.

Moi qui pensait que j’allais détester cette forme…Impossible. Mon corps entier avait adopté ses nouvelles capacités et je pouvais sentir mes poumons être devenues des Branchies, mon cœur rétrécir et mes yeux s’écarter à chaque extrémité de mon visage. J’ignorai qu’un poisson dans l’eau pouvait ressentir autant de joie en nageant simplement et en faire l’expérience était quelque chose d’incroyable. En remuant des nageoires et de ma queue, je commençais à prendre de la vitesse dans l’eau alors que sans vraiment me rendre compte, je ne faisais que tourner en rond dans mon bocal.

Est-ce que c’était amusant ? Complètement. Est-ce que je me rendais compte de ce que je faisais ? pas du tout. Dans ma petite tête de poisson rouge, j’avais l’impression de nager à des kilomètres à l’heure alors qu’en réalité, je ne faisais que flotter à l’intérieur. Un homme disait, heureux les simples d’esprits, cela n’avait jamais été aussi vrai avec les poissons qui n’avait sans aucun doute aucune idée de ce qu’était leur réelle vitesse.

Alors que je m’amusais à jouer la chauffarde des mers dans mon paradis d’océan, une gigantesque main pénétra dans ce qui était mon habita et vint me cueillir sans difficulté pour poser sur une chaise. C’est là que je compris ce que ressentais les poissons quand ils se faisaient pêcher et la raison pour laquelle ils n’étaient pas fait pour vivre à la surface. Je pouvais sentir mes sens me crier au secours et mes bronches commençaient dangereusement à bruler et mon corps minuscule à convulser. J’avais besoin d’eau, d’urgence, peu importe d’où elle venait, j’avais besoin d’avoir de l’eau dans mon organisme où j’allais mourir.

Mais cette sensation de mort ne dura pas. Même pas deux secondes après, le professeur me redonna ma forme humaine d’un simple coup de baguette et attendit que je fasse mon rapport comme je l’avais fait les deux dernières fois précédentes

Mon corps, mes habits étaient complètement trempés, ma bouche quant à elle commençait à recracher l’eau qui n’avait pas encore quitté mes poumons avec une bonne toux qui s’aggravait secondes après secondes. Cette expérience était de loin la plus amusante et la plus effrayante que je n’avais jamais faites et honnêtement, la joie d’être un poisson continuait d’envahir mon système qui n’arrêtait pas de vouloir nager et donnait comme ordre à mes mains d’incontrôlables tremblement.

-C’était…Incroyable professeur ! Quand vous m’avez mis dans ce bocal j’avais l’impression qu’un nouveau monde s’étendait devant moi. J’avais peur de me noyer au début et puis quand j’ai mis mon corps entier sous l’eau, une sensation de joie m’avait traversé tout le corps et je n’avais plus qu’une envie c’était de nager tout droit sans m’arrêter quand bien même je savais que je ne faisais que tourner en rond. C’était magique, j’avais l’impression que le monde qui m’entourait n’avait plus de limite et si tout cela ne dépendait que de moi j’étais certaines de pouvoir faire ça pendant encore des heures et des heures ! Oui, des heures et des heures dis-je avec le sourire en secouant ma robe pour l’essorer ne manquant pas d’envoyer un peu d’eau sans ‘’le faire exprès’’ sur les trois spectateurs. Oups ! Pardon, je suis complètement trempée après cette expérience. Par contre, heureusement que vous m’avez redonné ma forme humaine très rapidement professeur, je commençais à sentir mes poumons brûler quand vous m'avez sortie, mais je remercie Circée de vous avoir. C'est vraiment une expérience incroyable que vous m'avez fait vivre. Je vous en remercie infiniment.

J’avais bien envie de parler de cette sensation de mort que j’avais ressentie pendant quelques secondes mais je savais que cela n’apporterait rien d’autre que des moqueries des trois autres qui ne demandait qu’à me voir souffrir. Eux les meilleurs élèves en Métamorphose ? La bonne blague, ils ne pouvaient être que les meilleurs en partant de la fin, c’était la seule explication plausible. Mais j’allais garder ses pensées pour moi. Quel gentil homme ce monsieur Lynch, leur dire que c’était un cours particulier et non pas un cours de rattrapage pour ne pas blesser leur égo surdimensionné, comme c’était mignon de sa part.

Décevant. Monsieur Lynch ne comptait pas faire de Carry un double animal. Alice aurait pourtant tant aimé pouvoir immortaliser la vision d’une Carry mi chat mi poisson ... mais de toutes évidences, cela n’avait pas grand intérêt aux yeux du professeur de métamorphose. Tant pis.
La question de William est intéressante, et l’impatience d’en connaître la réponse chassa la contrariété passagère d’Alice. Que cela devait être satisfaisant que de voir son adversaire se métamorphoser en une limace. Le sorcier pourrait-il vraiment luter pour sortir de sa métamorphose, alors que ses instincts le pousseraient à avancer jusqu’à une feuille de laitue bien fraîche ? Il faudrait essayer un jour, et Alice serait ravie de se prêter à ce jeu. Pas avec William, quand bien même il s’intéressait à cela. Il y avait bien trop de rumeur à son sujet.

Très vite, monsieur Lynch transforma Carry une dernière fois. Un poisson rouge. Il avait choisi de la métamorphoser en un poisson. Les yeux ronds, Alice observait la diablesse frétiller à même la chaise. Comment se sentait Carry, à ce moment précis ? Sentait-elle la vie la quitter alors que son petit corps visqueux s’agitaient pour qu’on lui offre de l’eau ? Qu’il s’agisse de sa pire ennemi ou non, Alice senti son cœur se serrer dans sa poitrine. Cette vision, qui pourtant n’avait duré que quelques fragments de seconde, était désagréable. Alice n’avait jamais aimé voir les animaux souffrir. Mais ce poisson, ce n’était pas vraiment un poisson : c’était Carry Harrison. Que penser de cela ?
Bien vite, le poisson gagna le bocal plein d’eau, nagea quelques secondes pour ensuite être à nouveau placé sur sa chaise, et changé en Carry. Finalement, Alice aurait aimé la voir frétiller sur sa chaise pendant des heures.

Trempée de la tête au pied, Carry se mit à cracher de l’eau. Quel espèce de petit porc, ne pouvait-elle pas seulement avaler ? Alice observait l’anglaise avec un air dégoûté. C’était infect.
Le compte-rendu de son épopée fut plus infect encore. Elle avait prit plaisir à se faire transformer. Elle avait aimé cela. Le visage d’Alice se crispait. Cela n’aurait pas dû être un moment d’amusement pour Harrison.
Alice ne porta aucune attention à cette eau qui vint salir sa jupe, ses yeux étaient plantés sur cette Carry souriante. S’en était trop pour la fillette qui sentait ses ongles se tordre contre ses paumes

* Un boursouf, un chat, un poisson... pourquoi pas un gentil petit labrador la prochaine fois pour qu’elle soit vraiment toute contente de sa journée ? * Alice manqua de cracher ses mots à voix haute. A cet instant, Alice haïssait monsieur Lynch, presque autant qu’elle haïssait Carry Harrison. Celle qui avait apprit le plus de chose en ce jour, ce n’était ni Adaline, ni William, ni Alice.
C’était Carry.

Je retiens ma nausée tandis que Carry, elle, vomit sa joie. L'expérience n'est pas du tout agréable pour moi, je n'aime pas observer la joie chez les autres, excepté pour ma famille, alors observer la joie de quelqu'un que je ne porte pas dans mon cœur, c'est difficilement supportable. Ma poitrine se serre tandis que j'écoute ses remerciements mielleux et dégoulinants.
J'aurais aimé être à la place de Lynch, avoir les compétences pour transformer Harrison en cafard, en scroutt à pétard ou en larve. Ce sont des animaux qui lui auraient mieux convenus.

Je soupire, je n'ai pas appris grand chose pour le moment, même si la réponse quant au duel était intéressante. Finalement, j'aurais préféré quelqu'un d'autre comme cobaye, quelqu'un que je ne connais pas, j'aurais ainsi pu me concentrer totalement sur la partie éducative et moins sur la partie haine.
Je pose mon coude sur ma table et soutient ma tête en posant mon poing contre ma tempe et attend que le professeur conclut son affaire.
J'espère qu'il fera de nouveau appelle à moi pour de futurs cours particuliers, j'aimerais beaucoup développer mes compétences en métamorphose, mais sans Carry cette fois.

J'aimerais pouvoir lui dire que sa joie n'était que temporaire, que bientôt elle retournera voir ses amis les serpillières et balais à WC, mais je sais qu'il ne faut pas se faire remarquer alors je ferme ma bouche et me contente de regarder les interstices dans le bois du bureau, m'amusant de la paréidolie en cherchant des visages un peu partout.

Une chose est sûre, je n'avais rarement ressenti autant d'émotions dans un cours, mais je ne pourrais que très difficilement me remettre du fait qu'Harrison en a ressenti bien plus que moi, et de bien meilleures.

*Non*, Lynch a dit non. Ce ne serait pas éducatif, ça n'apporterait rien à ce cours particulier, ça n'a pas d'intérêt. C'était prévisible. Je guette encore Alice, un instant bref qui s'effiloche lentement, avant de reposer mes yeux sur mon parchemin. Dans mes oreilles, Lynch explique quelque chose de particulièrement intéressant. *La métamorphose dans les duels* pensé-je en l'écrivant, en-dessous de ses mots soulignés négligemment je note la suite de ses paroles et les boit pour les recracher sur le papier. Ma plume crisse en s'écrasant en un point ; je grimace en entendant qu'il nous faut regarder une dernière métamorphose.

J'inspire et expire bruyamment – pas assez pour que l'on m'entende ; ce serait de l'insubordination ou quelque chose dans ce goût là – et je fais de nouveau glisser mes billes brunes jusqu'à l'estrade.
Je me sens foutrement bête.
Au début de ce cours ; j'ai cru que c'était une espèce de torture que subissait Harrison. Je l'ai sincèrement cru, et en mon foutu fort intérieur j'ai même eu peur que ce ne soit pas moralement correct de transformer une élève en animal, pour une démonstration. Mais, et au fur à mesure des métamorphoses, je réalise que je me suis trompée. Et en ce moment, même si mon visage est neutre – j'espère qu'il l'est – je me casse la figure. Ce n'est pas mal. Non, ce n'est pas mal. C'est même une espèce de chance qu'on offre à une élève qui, j'ose le croire, n'a rien fait pour le mériter : a-t-elle de meilleures notes que nous ? Et puis... Il y a Alice et ses regards. Je m'y fie. Je n'aime pas ça. Même si j'ai aimé noter toutes les paroles de cette fichue Harrison et ceux de Lynch, je n'aime pas ça.
Je voudrais que ce soit moi.

Pourtant, ce n'est pas moi qui suis sous la baguette de notre professeur. Je suis assise sur une chaise, et tout ce que je peux faire c'est regarder et prendre des notes. Heureusement qu'elles sont là, ces notes ; j'aurais vraiment eu l'impression d'être une débile si elles n'étaient pas là, noir sur blanc – jaune délavé.
Je regarde ce qu'il se passe, je regarde cette dernière métamorphose que nous a concocté le professeur – même si je ne peux m'empêcher de penser que c'est un cadeau pour Harrison, au final – et je ne suis pas déçue. C'est un autre sentiment, une léthargie bizarre, qui me prend. Je souffle. Par dessus ce désagréable et vain sentiment ; le Savoir.
Un poisson, pensé-je, c'est intéressant. Même si ça me démange – je ne sais pas ce qu'il me démange de faire mais ça prend tout mon corps de gamine – je note avidement. Très avidement. Un sourire emprunt du Savoir qui m’abreuve se dessine discrètement sur mes lèvres.

On entend bientôt plus que ma plume qui gratte le papier jauni. Je l'entend moi aussi, trôner au-dessus du silence qui s'installe, suivre les mots d'Harrison avec soin et application. Mes pensées sont toutes sur les mots entendus, les répétant en boucle comme le ferait un mégaphone au bouton repeat définitivement coincé. Elles tournent, tournent. Puis, dans un dernier froissement, je pose ma plume et lève la tête.
*C'est bientôt fini* m'enquis-je en tombant sur la face d'Harrison ; ravie, et celle de Lynch ; indescriptible.

Depuis que je me suis assise là, non, depuis que je sais où se dirige le cours, quelque chose fait son nid dans ma tête. Brindilles par brindilles ; qui sont en fait des minutes. Puis des mots. Ceux que je vois écrits sur mon parchemin. Chacun est une pierre à cet édifice mental. Grand. Mais probablement fou. Pourtant, *argh* ma langue brûle d'envie, mon cerveau fuse et fume, ma bouche s'ouvre et se referme en bégaiements. Ce projet affreusement répréhensible – j'en suis presque certaine, et puis quand je scrute le visage de mon professeur... – me fait tourner la tête. Je pose mes coudes sur la table pour la soutenir, ma lourde caboche.
Quelques instants.
Il me reste que quelques instants avant qu'on nous pousse vers la sortie.
Dois-je le demander ?

« Monsieur ? je commence, hasardeuse. Excusez-moi, mais... Vous pouvez pas nous métamorphoser nous aussi ? »

La boulette – s'il s'avérait qu'elle en soit une – vient d'être lancée.

Carry reprenait sa forme et exprimait rapidement la joie que lui avait procurée cette derrière expérience. C'était plutôt logique, plus encore que voler, nager comme un poisson était une des choses les exaltantes. Elle finit d'expliquer ce qu'elle avait vécu et comment elle l'avait ressenti puis Aydan s'enquit à la sécher avec un sortilège. Les autres observaient et écoutaient, silencieusement, jusqu'à ce que la jeune fille de Gryffondor prît la parole. L'irlandais s'attendait bien à ce genre de demande mais il fut pris un peu au dépourvu. Elle voulait à son tour être métamorphosée, il jeta un coup d'œil aux deux autres, il se doutait bien que l'envie était sûrement réciproque chez eux. C'était compréhensible, l'expérience valait le coup d'être vécu mais s'il le faisait il agirait à l'opposé du règlement du collège. Il prit un temps de silence pour réfléchir puis se retourna vers Carry avec un sourire.

"Miss Harrison, je crois que nous en avons fini pour aujourd'hui. Vous pouvez retourner à vos obligations, je vous remercie encore d'avoir accepté de servir de "cobaye". Je ne manquerais pas de dire à Miss Loewy que vous avez été serviable et volontaire pour ceci. Vous autres nous avons encore quelques petites choses à voir."

Il regarda la brune quitter la pièce et attendit encore quelque instant après que la porte ne ce soit refermée.

"Bien! Vous savez que normalement je ne suis pas en droit de vous métamorphoser en animal. Votre camarade dispose d'un statut à part qui fait qu'elle ne répond pas des même règles que les élèves. Mais... Je m'en voudrais de priver trois de mes plus brillants étudiant de deuxième année de cette opportunité. Donc si vous le souhaitez, et si vous promettez que ceci restera entre nous. J'accepte de vous transformer quelques instants en l'animal de votre choix."

Carry étant en absence, j'ai préféré répondre avant elle en ignorant son départ pour éviter quelques incohérences

Les bras croisés sur sa poitrine, Alice suivit silencieusement la fin de ce cours particulier, tout comme William. Ce n’était pas le cas d’Adaline qui posa une question à monsieur Lynch, une question qu’Alice n’aurait pas osé poser. Est-ce qu’il pouvait, eux aussi, les transformer en animaux ? La Serpentard posa ses billes d’argent sur monsieur Lynch, curieuse de connaître sa réponse. Il leur jeta un coup d’oeil, et imposa un silence de quelques instants. Il réfléchissait, bien sûr. Alice voulait l’entendre répondre positivement, elle voulait absolument être transformée. Pas comme Carry qui n’avait eu que des animaux inintéressants et, surtout, imposés.

C’est d’abord à elle que monsieur Lynch s’adressa. Il la congédia, en l’assommant de remerciements. Alice roulait des yeux. C’était inutile. C’était elle qui devait le remercier, pas l’inverse. La petite fille se désintéressa d’eux, portant toute son attention à la fenêtre qui lui renvoyait ciel bleu et quelques nuages blancs.

Enfin, monsieur Lynch revint à eux. Alice l’écouta, priant pour qu’il accepte de les métamorphoser en animaux.
Et il accepta, les complimentant au passage. Il n’était pas si mauvais, finalement. Monsieur Lynch leur donna même la possibilité de choisir leur animal ! Quelle joie !
Alice prit un temps pour réfléchir. Lorsqu’elle serait Animagus, en quoi voudrait-elle être métamorphosée ? Quel serait son animal, celui qui lui correspondait le mieux ? Celui que lui imposerait la magie ?
Il y avait bien un animal qu’Alice voyait parfois. Pas vraiment, en réalité. Elle apercevait sa queue, parfois ses empruntes. C’était flou, très flou. Mais… il y avait quelque chose, elle le savait.

« J’aimerais être une lionne » répondit Alice en observant monsieur Lynch. « Quand je serai Animagus, je suis sûre que c’est ce que je serai alors… une lionne, j’aimerais beaucoup en être une pendant un instant. »

C’était peut-être un peu trop gros, mais c’était la volonté d’Alice. Quel intérêt de se transformer en chat ou en rat ?

Aydan s'était tourné naturellement vers Adaline, c'était elle qui avait posé la question et il s'attendait à ce qu'elle soit la plus enthousiaste à exposer l'animal dans lequel elle souhaitait être métamorphosée. Mais ce fut finalement l'autre fille, Alice, qui prit la parole en première et elle avait un souhait bien imposant, une lionne, rien que ça. C'était peut-être l'animal qui vivait en elle, celui qu'elle aurait en tant qu'Animagus mais il n'était pas question de lui faire goûter à cette métamorphose si tôt.

"- Hum... Vous avez peut-être remarqué que j'ai choisi des animaux inoffensifs. Ils avaient tous un instinct facilement domptable sans entraînement, à la portée d'un sorcier de première année. Celui du chat était le plus compliqué, pas trop difficile, et voyez pourtant comment elle a cédé aux pulsions animales qui étaient en elle. Un simple chat, si je vous transformais en lionne j'ai bien peur que vous ne soyez pas en mesure de luter. Je ne doute pas de votre force d'esprit mais vous êtes encore jeune et manquez d'expérience c'est un fait. Même avec une septième année qui maîtriserait l'occlumancie je ne m'y risquerais pas. Les animaux sauvages ont un instinct bien supérieur et un tel prédateur encore plus. Il imaginait bien la déception de son élève mais il était contraint d'imposer certaine limite pour garder un semblant de sécurité. Est-ce que vous auriez un choix un peu plus raisonnable ?"

Pas de lionne. Bon, Alice s’y était attendu. Une lionne dans une salle de classe, cela pourrait être dangereux. Divertissant, grisant, mais dangereux. Alice s’en voudrait de blesser Adaline ou monsieur Lynch… moins de décocher un coup de patte à William.

La fillette haussa une épaule en souriant un peu.

« Une hermine, j’imagine que ce sera moins dangereux ? » demanda l’enfant.

C’était le patronus de tante Pauline, et Alice avait toujours aimé voir cet petit animal danser au dessus de sa tête lorsqu’elle était enfant. C’était joli, et très élégant. Cela irait parfaitement à la fillette.

Alice se demandait quel animal choisirait ces deux camarades. Elle imaginait Adaline en quelque chose comme… un chat ? Cela lui irait bien, et puis, peut-être serait-elle ravie d’être un instant dans la tête d’un animal qu’elle même avait pour compagnon ? Cela serait logique.
William, c’était difficile à le deviner. Un oiseau, peut-être ? Pas un vulgaire hibou, ça non. Un oiseau magique… ou au moins, un animal magique. Un oiseau, certainement un oiseau. Qu’est-ce qu’il choisirait, sinon ? A le regarder ainsi, Alice savait qu’il ne choisirait pas un animal qu’il jugerait ridicule ou trop commun comme un merveilleux petit chien. Il voudrait quelque chose de puissant, ou à défaut d’obtenir quelque chose de pareil, un animal qui pourrait tous les toiser. C’était ainsi qu’Alice voyait William Barckeley.

Je lèves un sourcil. Adaline a demandé à ce que nous soyons transformés nous aussi. Bien sûr l'expérience aurait pu se révéler intéressante, mais il est hors de question qu'on me transforme en animal. L'humains est l'espèce par excellence, les sorciers plus encore, il est inimaginable pour moi de me réduire à ça.

Je serre un peu les dents, en même temps l'enfant qui est en moi en a très envie. Je serre encore plus les dents quand l'idée de l'animal supposé de ma transformation s'impose à moi. J'aurais aimé être un papillon. C'est beau les papillons, un beau et grand papillon vert.

Je secoue légèrement la tête, n'importe quoi William. Dans mon esprit le Papillon vert qui s'était dessiné fini sous un journal enroulé. Pas de Papillon. Pas d'animaux. Un sorcier, un Grand sorcier et un Sang-Pur. Voilà la seule chose que j'accepterais d'être.

Alors je regarde le professeur et je dis tout simplement.

"Moi j'veux pas qu'on me transforme."

Voilà, c'est tout. Les autres me prendront très probablement pour un rabat-joie mais je m'en fiche. J'étais venu pour apprendre pas pour vivre un numéro de cirque. Carry nous a bien fait rire avec ses clowneries, maintenant si il n'y a plus rien à apprendre, j'aimerais bien retourner dans la salle commune.

Mais tout ça je le garde pour moi. Je me contente de m'affaisser un peu plus sur ma chaise, de croiser les bras et d'attendre tranquillement la suite des événements.
Je regarde du coin de l'œil la Sangblanc, j'ai un petit sourire méprisant en imaginant la déception qu'elle a dû ressentir quand Mr Lynch lui a clairement dit que son idée était débile.
Elle n'a rien d'une lionne, c'est juste une petite souris.