Inscription
Connexion

25 mai 2020, 21:20
Sous fond d'Effondrement  Privé 
Ce qui semblait déchirer Adaline percuta au mauvais endroit dans le cerveau d’un Chems encore à fleur de peau. En d’autre circonstance, il aurait très certainement comprit, mais là... là maintenant, la témérité de la brune s'enregistrait mal. La nuit sans sommeil qu’il avait passé la veille avait déjà cramer ses cartouches d’empathie et de patience tandis que son altercation avec gryffondor s’était occupé de l’épuiser un peu plus physiquement. Le garçon en était arrivé à un stade de fatigue extrême prompt à la maladresse. Un état incompatible avec la prise de décision dirait-on, un état qui accentue chaque sensation sans faire de distinction entre les bonnes et les mauvaises. Ainsi, tant obnibulé par sa propre détresse, il en devenait imperméable à celle d’Adaline, retrouvant difficilement sa voix pour donner sa réponse à un débit d’une telle lenteur qu’elle ne pouvait qu’être de mauvaise augure.

- Qu’est ce que t’essayes de me dire là?

Jamais l'irlandais n’avait porté la crédulité aussi bien —et ce n'était pourtant pas par manque d'occasion— avec ses yeux cernés et ses bras ballants. Sa robe de sorcier en glissa de son épaule et il ne fit aucun mouvement pour l'empêcher de tomber une nouvelle fois par terre, comme il ne s’abaissa pas au niveau de la jeune fille. « Que tu… » il plissa les yeux, se répétant inlassablement les mots d’Adaline en essayant de leur apposé un sens qui lui échappait de trop loin uniquement pour finir par leur construire une signification à travers sa nébuleuse. « Tu veux dire que tu regrettes? C’est ça que tu veux dire? »

Plus il cherchait ce sens, creusant les plaintes déchirantes de son amie, plus il mettait des mots à ses pires craintes. Le fil lui échappait. Emily avait dit quelque chose dans les mêmes lignes aussi. Mais à la différence du discours de sa camarade de poufsouffle, il ressentait d’avantage le goût de la culpabilité que celui de l'effroi chez la gryffondor. Le regret… Le regret de quoi? De s’en être sorti? Chems voyait flou.

- Regarde moi… Adaline. T’aurais préféré l’inverse? » Son ton montait sans son contrôle à mesure que les questions coulaient. Lorsqu'elle disait "j’y ai échappé, moi, parce que...", lui entendait "moi, je méritais pas d'y échapper". « Il se serait passé quoi après ?! » Après... Dans une version où Adaline ne serait pas apparu après son intrusion forcée chez gryffondor. Son esprit retourna à la case départ, reprenant en boucle les pires disquettes de scénario d’après le tableau sanglant que lui avait décrit Emily hier, comme il l’avait fait chaque minute depuis que la nouvelle lui avait été raconté. Il en frôlait dangereusement la névrose pour ne pas dire qu'il dansait sur la limite. « Que tu te sois caché que t’aies dormi que t’aies dansé que t’aies fait n’im-por-te quoi, je m’en fou de ça ! »

L’écho de son crie ricocha sur les pierres du château, le couloir répétant trop de fois ses paroles crues. Aussi, Chems pu faire l’expérience inédit de sentir sa propre insensibilité lui mordre aux fesses dans les minutes qui suivirent son débordement, le rendant si brusquement alerte qu'il tressaillit de son propre éclat comme on sort subitement d'un cauchemar.

Toute sa salive sécha d'un coup d'un seul dans sa gorge. Qu'est-ce qu- Il ne sut que rester pantois comme un ballon dégonflé, barbotant dans sa montée d'angoisse. Il venait pas de… Un voile repassa devant ses yeux, floutant l’espace de quelques secondes la forme d'Adaline. C'était pas... il voulait pas vraiment... D'instinct, il recula de quelques pas, tétanisé, passant ses poings dans ses cheveux. Une des larmes glissantes le long de la joue d'Adaline attrapa son regard dans sa chute. Le garçon résista pour ne pas l'imiter en se laissant s'écraser par terre —ou plus bas encore— ses mains glissant sur son visage pour finir par s'arrêter devant sa bouche vicieuse. Si il n'avait pas de moyen de se terrer, le poufsouffle aurait voulu sortir de cette peau et de son inconfort entres ces bleus, ce couloir bizarrement trop éblouissant, le papier de verre qu'il avait l'impression d'avoir sous ses paupières et le marteau piqueur dans sa tête. Et pourtant, ces douleurs étaient encore bien médiocre comparé à celle qu'il ressentait en pensant à ce qu'Adaline s'imaginait. « Je... » Il avait été trop naïf pour croire pouvoir se contenter d'une façade; trop égoïste pour s'être imaginer que ce qui était suffisant pour lui l'était pour d'autres; et surtout... trop idiot... À avoir la tête dans les nuages en marchant sur terre, on est destiné à se prendre les barrières. C'était une leçon de son père que Chems avait refusé de considérer à une époque où l'inconscience lui parlait mieux que l'expérience. À présent, il ne lui restait plus que ses yeux pour pleurer. Trouvant que le désespoir n'avait pas encore cimenté sa langue, il bafouilla, d'une voix bien plus faible que précédemment :

- Tu dis que je vais bien mais si c'est le cas c’est parce que je t’ai trouvé tu comprends? Devant sa vision, ce filtre vaporeux commençait à lui donner mal à la tête, et l'irlandais se retrouva à se frotter les yeux pour le chasser, distrait par ses tristes pensées. « Du moins, je pensais t'avoir retrouvée... » Il s'en rendait compte maintenant, qu'en quelque sorte, Adaline était toujours là bas, sous une table et sous les tirs de magie, paralysée. Il aurait tout fait pour bannir cette image. « J’men fou du reste. C’est pas grave le reste pour l’instant… » À quel point c'était-il fourvoyer en pensant pouvoir revoir tout le monde? Combien était encore coincé dans ce fossé au quatrième étage? « C'est pas grave d'accord... »

In my defense, I was left unsupervised
7ème année RP - Game On

17 août 2020, 17:54
Sous fond d'Effondrement  Privé 
THAT STORM


Les pierres frémissent en même temps que moi – et que Chems que je peux sentir trembler alors que je n'ose plus le regarder – sous le contact de l'eau qui dégouline de mon visage. Je sais que les mots qu'il me balance, avec une dureté effrayante, sont les grondements de la tempête qui s'annonce. C'est étrange, je sais que je n'ai rien fait de mal, mais je crois que je vais me faire réprimander et quelque part : j'ai l'impression de le mériter. Comme si j'étais un chat ou un chien qui, incapable de savoir pourquoi, sentait qu'il méritait d'être disputé et alors tenait sa queue entre ses jambes en signe de résilience.
J'ai envie de me cacher, ma tête est toute baissée.

« Regarde moi... Adaline ! » comme une claque sur le visage, une claque qui redresse ma tête violemment. *Aoutch* les sourcils froncés. Est-ce que ses mots sont aussi violents que je les entends ?

Mes genoux sur le sol sont des ancres, mais trop faibles, quand mes bras sont ballants, si lourd. Ma robe de sorcier, sous mes genoux, est toute tirée. Pourtant, ma tête est levée et elle tient droit. Je regarde Chems, juste là, tout près de moi. Les particules d'air sont comme en suspension autour de la scène, immobile, le théâtre triste et cassé d'un lien qui plie. Rompra-t-il ? Mais je le regarde, et je me sens plus que jamais liée à lui. Non, en fait, je ne sais rien. Je ne me suis jamais sentie aussi proche de lui alors qu'il n'a jamais paru aussi dur envers moi.

Et finalement, le coup de tonnerre – tonnant par les derniers mots du Garçon-jaune – achève de faire éclater l'orage.
Il ne déferle pas sur moi.

*J'MEN FOU DE ÇA !* résonne comme un écho. Il l'entend sûrement, vu la tronche qu'il tire. C'est sur qu'il l'entend, puisque c'est ce qui le propulse de quelques pas en arrière.

Les instants qui s'écoulent sont étranges. Les yeux de Chems ne cherchent plus les miens du tout – bêtement je ne peux empêcher mon cœur de se pincer – et ils perdent comme d'un moment à l'autre toute leur saveur. Si jaune et vive. Ils dégringolent et les miens n'arrivent même pas à suivre la terrible chute. Ses yeux ne s'accrochent pas à moi comme ils l'ont fait désespérément en me voyant dans le couloir.
Qu'est-ce que j'ai dis pour qu'il m'ôte ainsi son intérêt ?
Et si ? S'il n'avait jamais été mien...

Je suis là, agenouillée par terre, au détour d'un couloir – j'oublie que n'importe qui pourrait passer là et m'y trouver, ridicule – et tout ce que je pense c'est : *Qu'est-ce que j'ai dis de mal ?*
Je me sens si petite et si bête. Et les tournures de mon Esprit – celles qui se teintent de la couleur des adultes en se mélangeant aux autres encore enfants, infusant leur couleur pour donner quelque chose de bizarre – m'emmènent là où j'aimerais mieux ne pas aller. Même en pensées. Et pourquoi est-ce que le Garçon-jaune, plus grand d'un an, s'intéresserait-il à moi ? Pourquoi est-ce que les mots qu'il vient de balancer ne voudraient-ils pas tout simplement dire : va-t'en ? Bah oui, je ne suis qu'une gamine de 12 ans. Même si je m'attache les cheveux pour me grandir, même si j'affiche une mine renfrognée parce que rire c'est pour les enfants, même si je me défonce à apprendre la magie : je suis qu'une gamine de 12 ans.
Et Chems en a 13.
Mes yeux sont levés sur lui et je ne peux m'empêcher de le penser : *il s'en fou d'moi*

Mais...

« Tu dis que je vais bien mais si c'est le cas c’est parce que je t’ai trouvé tu comprends? J’men fou du reste. C’est pas grave le reste pour l’instant… »

Mes billes brunes sont plongées dans les siennes et c'est... C'est comme si j'étais grande. Dans les pupilles déchirées du Garçon-jaune je peux presque me voir ; sauf que ce n'est pas moi. Ce n'est pas moi. J'ai l'impression d'être dans ses yeux bien plus grande que je ne le suis.
Mais moi, je ne suis pas grand chose.
Juste une Minute.

« C'est pas grave d'accord... »

Mais lui, c'est comme s'il me faisait grossir. En étayant la Minute que je suis de ses propres Minutes. Il est beaucoup.

Si je n'étais pas une gosse bizarre : je lui sauterais dans les bras. Mais je ne suis pas ça – quelque part, je me demande ce que ce serait de l'être – et alors ma réaction se pare d'étrangetés. De tout un tas d'étrangetés.
Mes yeux s'écarquillent, laissant tomber les dernières larmes pour les oublier bientôt.
Ma bouche s'entrouvre, voulant exprimer tout ce qui se bouscule en moi.
Mes genoux tombent pour me laisser m'asseoir sur mes fesses, relâchant la pression.

« C'est pas grave. C'est un aveu bien plus las que dans ma tête, ma bouche traîne à prononcer ses mots comme si elle ne croyait pas un mot du Garçon-jaune, comme si elle savait que c'était impossible de m'aimer moi, qui ne suis que imbécillité et lâcheté. Et qui, par-dessus tout, n'ai que 12 ans.

- Parce que t'es là... hein ? »

Magic Always Has a Price
6ème année

24 août 2020, 23:58
Sous fond d'Effondrement  Privé 
Dépasser les bornes, ça faisait toujours beaucoup de bruit...

… en général.

Que ce soit du fait de l'exécution, du dénouement, de ses répercussions ou encore des trois successivement. Tout à l’heure par exemple, quand il était entré chez gryffondor et que ses élèves avaient essayé de l’en dissuader, leur désaccord avait fait un sacré tapage -tant qu’il en avait encore les oreilles qui bourdonnaient (que la malédiction soit sur celui qui avait taillé ses cordes vocales sur son tympan gauche). L’été dernier, c’était Aidan qui avait piqué une colère assourdissante après que Chems lui ait fêlé son écran d’ordinateur. En tout, les exemples n’étaient pas assez rare pour que le garçon doute de ce constat.

Maintenant le voila ici. Devant une Adaline a qui on semble avoir coupé les fils qui maintenait sa posture.

Mais elle ne fait pas de bruit...

Chems sait pourtant qu’il est allé très loin, et l’impression qu’il a cassé quelque chose fait fleurir l’épineuse anxiété au milieu de ce calme… douteux. N’osant pas détourner le regard, la tentation n’en est pas moins grande pour autant. En fuir la sombre intensité pour regarder...quoi? Ses mains? Ses pieds? Le parterre et méditer sur le principe de délicatesse et de self-contrôle pour ne pas avoir à se retrouver dans une position pareille à l’avenir? Avec quelle autre excuse pathétique il allait bien pouvoir se convaincre de fuir la réalité. Pour l’instant, aucune d’entre elles n’appuyaient sur le point de pression décisif de la dérobade.

Et là, alors qu’il n’y comptait plus, ressurgit la voix d’Adaline. Chems n’aurait su dire à quel moment il a coupé sa respiration, mais c’est un nouveau souffle qui fait gonfler sa poitrine et le pousse à se rapprocher, poser une genoux à terre et tendre l’oreille pour l’entendre encore. Les grands yeux de la jeune fille ne cherchent pas son visage alors qu'elle se parle à elle-même, mais lui acquiesce fermement de la tête malgré tout, s'invite dans ce qui doit être un débat auquel il n'est pas sûr d'être convier (bien qu'en réalité, après avoir bramé sa vision avec autant d’impudence, est-ce que le fait qu'il le soit était une question décisive?) et confirme, soutient, affirme, consolide avec tout ce qui lui reste de fermeté, empaqueté dans un simple petit format de trois lettres un peu enroué mais pas moins assuré:

« Oui ».

Voila. Il y a ça, et c'est tout ce qu'il y a besoin d'avoir. Le mérite chevaleresque n'avait pas assez de voix pour se faire entendre par la conscience opiniâtre du poufsouffle. Par contre, il savait qu’Adaline, elle, se faisait assourdir, chuchotant cette question déchirante qui aurait être une affirmation. Le garçon ne bougera pas de sa position. Il répétera autant de fois que nécessaire, il sera patient même si il ne l’a jamais été, se fera violence et ne clignera des yeux tant qu’il ne l’aura pas vu convaincu, ces même yeux qu’il voulaient tant faire courir ailleurs à peine une minute avant, ces yeux fatigués et brumeux ne voulaient plus que voir une seule chose s’inscrire sur les traits de son amie : la certitude.

Dégageant un de ses bras, Chems trépasse le petit espace entre eux pour présenter sa main ouverte sans ciller, le regard toujours planté dans celui de la brune. Ce n’est pas une demande de le suivre, c’est un choix cette fois. Peu importe quand Adaline prendrait la décision de se redresser, elle aurait un appui juste là. Et ça prendra le temps que ça prendra, dans tout les cas, Chems ne bougera pas.

In my defense, I was left unsupervised
7ème année RP - Game On

30 août 2020, 15:07
Sous fond d'Effondrement  Privé 
*Oui*.

C'est ce qu'il me dit. C'est ce qui résonne bientôt à mes oreilles et jusque dans ma tête. Ce qui résonnera dans ma mémoire lorsque je repenserai à ce moment – même si je crois que cela ne risque pas d'arriver avant un long moment parce qu'aussi beau et étrange que soit ce moment il me faudra un certain temps avec d'y penser sans éprouver de honte.

*Oui*.

Je lève les yeux vers lui pour le voir se redresser, donnant à son genou ce qu'il doit vouloir (douloureux car posé sur la pierre par terre) et s'approcher jusqu'à me regarder bien fixement. En général, il ne me regarde pas comme ça. Mais en général, il ne se passe pas ce genre d’événements. Et en général, nos échangés ne sont pas empreints de cette passion destructrice. Finalement, il me tend la main et dissipe tout autour de nous. Je ne saurais expliquer pourquoi, et je crois qu'à ça aussi j'éviterai de penser, mais mes inquiétudes changent. Elles ne se tournent plus vers moi-même, ce qui était profondément égoïste, mais plus non plus sur Chems. Elles deviennent globales. Je ne le sais pas encore mais c'est un souffle nouveau qui me fera grandir, bientôt. Je ne suis plus tellement une enfant de 12 ans.

Alors j'attrape la main de Chems.

Mon visage me semble boursouflé, je sens que mes yeux sont deux ronds rougis par l'eau qui s'en ai déversé. Un peu d'eau, mais plus que depuis bien longtemps. Je ne pleure pas souvent, depuis que je suis à Poudlard, et jamais beaucoup. Mais là, j'ai assez pleuré pour en avoir les yeux gonflés. J'imagine que mon visage est bizarre. Mais je pense surtout à mes jambes, qui me soutiennent sur la pierre du sol depuis un moment, le temps que la tempête dedans et dehors se calme. Elles sont engourdies mais elles ont réussi à me soutenir jusque là, et je me félicite d'avoir échappé à la tempête même si elle ne se ruait pas sur moi (je le saisi maintenant, ce n'est pas moi qui mets Chems en colère : c'est tout le reste) Ma main est prise dans celle de Chems, qu'il tient fermement, alors il ne me reste plus qu'à me lever. C'est fait, je suis debout. Et tout est bien plus apaisé dedans et dehors.

« Merci, » je dis, sans encore lâcher sa main.

Je le regarde, et il me regarde encore. Sans le savoir très consciemment, je viens de grandir considérablement. Je ne me sens plus pareil du tout. Je ne sens plus ce poids sur mes épaules comme je ne sens plus la tristesse me tenir la gorge pour essayer de m'étrangler. Chems m'a comme libérée de tous ces sentiments. Mais c'est seulement parce que c'est mon seul ami et que mon inquiétude est seulement sur lui et moi. Il a balayé mes inquiétudes sur lui d'un seul regard mais a hurlé pour faire partir celles que j'avais sur moi.

Un sourire bête apparaît sur ma face. Un sourire qui veut s'excuser du raffut que j'ai fait faire à Chems. Mais un sourire qui dit surtout merci.

« Ça va mieux. »

En lâchant finalement sa main.

Parfois, il ne suffit pas de grand chose pour provoquer un déclic. Et même ce moment a eu l'air d'une affreuse tempête, ce ne fut de rien de plus qu'une poignée de minute endiablée qui m'ont fait grandir.

Magic Always Has a Price
6ème année

22 sept. 2020, 13:51
Sous fond d'Effondrement  Privé 
CO-ÉCRIT AVEC ADALINE MACBETH

La main abandonnée qui n'a plus que pour utilité de retomber le long de son corps resta quand même quelques minutes supplémentaire en l'air. Ça va mieux. Chems devra s'en convaincre pour sourire en retour. Il a confiance en Adaline alors ça devrait aller oui. « O-ok... ok cool. Enfin j'veux dire que c'est bien! C'est vraiment bien, oui » hochant la tête. C'était plus que bien. "Bien" était un mot trop maladroit et pas assez fort, pourtant Chems n'aurait su trouver mieux. Dieu comme il haïssait la persistance de sa suspicion et la nervosité qu'elle faisait fleurir par la même occasion. Mais que dire? La plainte empreinte de détresse précédente ainsi que l'hésitation d'Adaline avaient bien du mal à quitter les oreilles du garçon, leur résonance promettant de le hanter dès qu'il devrait se séparer de son amie. Rangeant sa main, il sourit. Ça va mieux, il devait la croire. Et si la gêne avait tout l'air d'être en train de s'installer entre eux deux dans ce couloir, ce n'est pas ce qu'Adaline ressentait. Elle ne se sentait que mieux, bien mieux. Un sourire assez béat flottait toujours sur son visage et, elle en avait l'impression, dans l'air. Pourtant, elle ne laissa pas flotter le moment plus de quelques secondes comme si au fond d'elle jaillissait une énergie toute nouvelle. C’était tout à fait le cas, et Adaline semblait voir plus clair devant elle. Si bien qu'elle invita Chems, en lui pinçant furtivement la main, à emprunter le couloir qui avait accueilli leurs émois. Sans dire mot, tout ce qui faisait Adaline s’était mis en mouvement, de sa tête à ses pieds, pour se mettre à marcher le long du couloir. Et il faut dire qu'elle fit bien, cette fillette aux cheveux de jais, de se mettre à marcher ; il arrivait l'heure de manger. Comme elle fit le premier pas en avant, Chems la suivit tel un automate rouillé, attrapant pour la millième fois sa robe de sorcier qui après avoir balayé la salle commune de gryffondor, avait eu l'honneur de dépoussiérer le couloir. D'abord, ses yeux sont fixés sur l'arrière des talonnettes d'Adaline qui donnaient un rythme retentissant à leur marche, calquant cette allure de ses propres pas. *Tac tac*. Un rythme retentissant *tac tac* régulier *tac*... hypnotisant. Un bâillement brouilla quelques secondes la vision du garçon en la rendant larmoyante. « Ooh certainement pas. » Il finirait sa nuit à un autre moment que celui du repas ! Fort de sa résolution, Chems cassa ce rythme en l'accélérant, trouvant là l'occasion d'envoyer une provocation mutine à Adaline en la devançant dans la marche qu'elle menait jusqu'à présent.

Dépassée par un ou deux élèves, la brune se tourna vers celui-ci pour lui demander : « Tous tes amis vont bien ? » et sur le visage une mine compatissante. « Moui... » lui répondit un couinement poltron involontaire très très vite suivit par un raclement de gorge qui se voulait de rectifier le tir. Pour ne pas fournir d'occasion à la jeune fille d'interpréter la fixité de son regard pendant qu’il se faisait cette réflexion soucieuse que le plus gros se cachait probablement sous la couverture indemne de tout ceux qu'il avait déjà aperçu -comme ça l'avait été pour la gryffondor- il le balada sur les élèves empruntant le même chemin qu'eux dans le couloir. Adaline en avait côtoyé la plupart, au moins pendant les repas se rappela-t-il, donnant à la connotation désintéressée de sa demande une autre dimension. « Ils sont secoués mais ça va » s'appliqua-t-il donc à préciser tout en accomplissant son intention de doubler la brune puis donna son dos à leur destination une fois cela fait pour rester face à elle, quitte à marcher à reculons. « Enfin, je crois... J'espère. »

Plus il la regardait, plus il l’écoutait parler, et plus l'importance de ce bal coulait face à celle d'être en sa compagnie. La curieuse marche de Chems amusait beaucoup Adaline qui, comme prise d'une envie effrénée de parler n'arrêtait plus de le faire. Elle dont la méfiance aurait été éveillée par la plus petite des hésitations de Chems ne vit pas le paquebot de doutes qui marchait devant elle. La fillette trottinait légèrement, sans poser son attention ailleurs que sur lui : à qui elle disait des choses comme « je suis contente de le savoir, je les ais pas vu depuis » d'un ton qui sans être guilleret avait tout d'aérien.

« Avance droit ou tu vas tomber petit » avisa le portrait de Giffard Abbott à leur passage.

Fut-elle quelque part coupée. Mais sans gêne aucune, elle lança au tableau un regard pas bien méchant : la langue tirée (comme elle le faisait rarement, dans l'intimité de Lune ou plus rarement encore de Chems) comme si il n'y avait qu'eux deux autour de ce tableau qui déjà défila et sembla lointain. Le garçon de son côté feinta de la reconnaissance, pensant recevoir là un commentaire sur sa démarche et appliqua le conseil juste le temps de passer devant la peinture, mais à peine se retrouvèrent-ils hors de son champs de vision que le poufsouffle reprit effrontément sa progression à reculons, jetant toujours de petit coup d’oeil par dessus son épaule pour prévenir des obstacles sur leur route.

Plus que désireux de se débarrasser de la méfiance logé dans sa conscience, Chems sauta alors dans un autre wagon. « Et donc ce pyjama… » sourit-il bien plus sincèrement -et sournoisement- que précédemment. « Y'a moyen que je le trouve chez madame Guipure ou c'est mort pour moi? » Il ne l'avait pas fait pendant le bal, entouré de tout ce monde -et trop occupé à tirer ses amis dans la ronde- en revanche, dans l’intimité d’une discussion privé, Adaline n’allait pas échappé à cette taquinerie. La fillette n'était-elle pourtant pas habituée aux moqueries bienveillantes et guillerettes du garçon ? Pour sûr que si, tellement qu'elle ne simula même pas sa réaction. Celle-ci vint naturellement (comme sa timidité lui interdisait parfois les réactions franches, on ne trouvait plus trace de cette dernière à ce moment-là) : Adaline s'arrêta en attrapant le poignet de Chems. On la bouscula un peu, un élève plus âgé qu'eux n'avait pas vu venir cet arrêt incongru au milieu du couloir, mais elle n'en eu même pas la secousse. Elle attira un peu le garçon – qui la laissa faire docilement – pour lui dire tout bas : « Un pyjama comme c'ui là, ça se trouve pas à tout les coins de rues... » sur son visage rougi (par toutes les émotions) flotta l'air de la malice qu'elle arborait avec lui la plupart du temps. « C'est mort pour toi ! » annonça-t-elle plus haut, en lâchant Chems pour se remettre à marcher tranquillement, le menton levé dédaigneusement et l'envie de rire au fond du ventre. Elle laissa le garçon derrière elle, qui ne manquera certainement pas de la rattraper avec une réplique à lui jeter à la figure – celle-là achèvera peut-être de faire rire Adaline (qui ne rit que trop peu). L'intéressé ne tardera pas à réagir d'ailleurs, dramatisant à outrance.

« Noon... Impossible ! couina-t-il en reprenant sa marche. Adaliiine attend, tu peux pas me laisser comme ça. »

Mais alors qu'ils s'apprêtaient à dévaler les escaliers pour descendre, ils prévoient toujours d'aller manger au bout du voyage, aussi mouvementé s’avérerait-il, Adaline s'arrêta net. Les deux garçons qu'ils venaient de croiser parlaient de quelque chose... Si elle avait un instant cru que c'était du bal qu'il s'agissait... Elle avait clairement entendu « secret magique » associé à « moldus » S'étant fait extirper de sa comédie au même moment, Chems fronça les sourcils. « Attends !» réagit-il rapidement pour arrêter le duo, reconnaissant vaguement un des deux visages qui se retournèrent sur eux. Greg? Gale? Un truc en G... En voyant la même reconnaissance sur celui dont il se souvenait de loin, le poufsouffle arrêta de se creuser la tête, ne s'embarrassant pas non plus pour mettre les formes, prit d'un curieux empressement qui n'avait comme provenance que ses soupçons. « Tu disais quoi sur le secret à l'instant ? »

G. et son pote se regardèrent comme sceptiques et Chems passa à deux crins de licornes de les presser en braillant en voyant le doute prendre tout son temps pour se modeler sur leur visage. Celui qu'il connaissait le moins rattrapa le fil juste à temps.

« Vous savez pas ? »

Inhabituellement susceptible du fait d'un stress de plus en plus grandissant, le troisième année tiqua, sèchement : « On a l'air de savoir ? » sans réaliser qu'en tant que quémandeur, et en toute convenance, il n'avait pas la liberté de rouspéter comme il l'avait fait. Autour d'eux, le déjeuné approchant commençait à ralentir la circulation dans le couloir, le volume du brouhaha quadruplant, et en aussi peu de temps que celui qu'avait prit une question idiote, Adaline, Chems et les deux autres se retrouvaient au beau milieu du courant, immobiles, entre bousculade et autre discussion. Ils auraient pu le remettre à sa place, ces deux garçons, et Chems n'aurait rien pu dire. Toutefois, sans entendre de sommation, l'impatience du poufsouffle pu atteindre son paroxysme sans ralentissement. « Alors quoi ? Qu'est-ce qui se passe avec les moldus ? »

Et ce fut là, en plein brouillard, qu'une nouvelle voix, acerbe et méchamment sardonique s'invita de derrière eux, répondant aux exigences de l'irlandais avec aussi peu de tact que lui :

« Il se passe qu'ils savent qu'on existe ! »

La révélation jeta un froid saisissant sur les deux élèves en quête de réponse (et pas qu'eux au vu des quelques postures qui se figèrent sur la voie de passage). Faisant volteface pour repérer et graver le visage de celui ou celle qui avait osé proférer une déclaration si audacieuse aux oreilles de tout le monde, il interrogea Adaline d'un regard impossiblement écarquillé pour savoir si elle, elle avait réussit à le ou la percevoir à défaut de réussir à croire. Ciel, ce tourbillon ne se calmait absolument pas, il gagnait en intensité sans interruption. Le grand secret intouchable depuis si longtemps... découvert ?

Le tumulte du couloir devint d'un coup assourdissant.

Et pour répondre au questionnement muet du garçon, la fillette aux cheveux de jais se fit violence. Elle secoua la tête l'air de dire ; je ne sais pas. Mais sans le lui crier ou le lui jeter au visage, sans le lui hurler, sans se jeter à son cou pour le lui faire comprendre. Non. Tout en lenteur et en tristesse, désarticulée et brusquée.

Et si cette découverte venait bien de leur dos, le visage de celui qui le leur a dit s’était déjà fondu dans la masse d'autres visages. Et si certaines faces affichaient le même genre d'émotion que celui de Chems et Adaline, d'autres ne se tournèrent même pas. Comme si, et bien comme si... ça ne datait pas d'hier. Mais pourtant, c'était bien d'hier que l'effondrement du secret magique datait. Au final, il ne fut pas la seule chose à s'effondrer. Adaline, tout à l'heure, s'est effondrée en emportant Chems. Pourtant, si la foule n'était pas si dense dans le couloir : elle aurait sûrement envie de s'effondrer à nouveau. Parce que son cœur fit un bond gigantesque à l'intérieur de sa poitrine, parce que le monde s'arrêtait brusquement de tourner. En un sens, c'était de ça qu'il s'agissait. Le monde sorcier vivait sous le secret magique.

Adaline, qui se tenait là, auprès de Chems – déboussolé au vu de ses mouvements frénétiques de la tête pour trouver l'inconnu – ne savait plus comme se comporter. Si les larmes ne lui montaient pas aux yeux, c'était seulement parce que le nouvelle était une onde de choc.

Les deux garçons jusque là devant les enfants avaient finis par continuer leur route sans rien ajouter.

« Chems... Tu-tu, commença la fillette, à demi-tremblante. Tu crois que c'est vrai ?
- C'est dur à croire » souffla l’interpellé médusé, sans lâcher la vague d'élève des yeux. En soit, les regards fuyant et défaits s’étant baissé au sol répondaient à la question fébrile d’Adaline et il ne pouvait d’ores et déjà que mettre un terme à ses propres doutes. « Mais je pense pas que ce soit une blague. » C’était vrai. Alors quoi ? Après autant de prévention, autant de rappel à chaque départ en vacance sur la discrétion et ses vertues, cette deuxième nouvelle ne faisait pas autant de bruit. Les répercussions du bal avaient occulté tout le reste. Ou s’était-il assourdit avec son inquiétude tout seul ? Quoi qu’il en soit, Chems n’avait pas aimé le ton sombrement moqueur de celui qui avait crié le fait divers bien qu'il voulait croire que cela était le résultat d’un pessimisme récalcitrant concernant la très controversée cohabitation entre moldus et sorciers. Après tout, qui sait ? La réaction des moldus n’était peut être pas aussi terrible que celle que les sorciers avaient estimés. Il abandonna toute prospection au bout d’un moment et opina de la tête dans son déboire. « Même pas il s’est arrêté j’te jure… »

S’engageant pour emprunter l’escalier, l’immobilité d’Adaline le fit s’arrêter aux premières marches à peine. C’est sur une figure agité de secousse qu’il se retourna. Autant la nouvelle était brutalement surprenante pour tout le monde, le heurt sur les consciences ne semblait pas tout à fait semblable d’une personne à l’autre. Souhaitant par dessus tout la tirer hors de son état de choc avant de tenter de la rassurer, Chems posa doucement sa main sur l’épaule tremblante de la brune. Et ce geste sembla suffire à Adaline. Aussi insignifiant ce geste soit-il, cette main sur son épaule était d'un réconfort absolu : elle y sentait la chaleur de Chems sous sa paume moite et sa lumière dans les yeux qui étaient tous sur elle. La fillette, à la fois illuminée par l'attention du garçon et fort peu aise d'en être le centre, secoua la tête comme le reste de son corps, dans un dernier (peut-être le sera-il finalement ?) frémissement qui rasséréna suffisamment le poufsouffle pour lui faire retirer sa main. Il n'y avait plus rien que ce petit corps frêle ne puisse exprimer, il avait déjà trop pleuré, crié et tremblé.

Les deux billes brunes d'Adaline ainsi plongée dans celle du garçon comprenaient à quel point il était important de ne pas s'épuiser à hurler tant la situation était grave.

« Comment c'est possible ? » elle demanda, avant de souffler bruyamment. Pour vider sa tête et ses poumons de la nouvelle et de tout leur air. Chems l’aurait bien accompagné dans ce soupir. Il haussa les épaules, abattu, les coins de sa bouche n’ayant plus la force de se relever pour sourire, tout comme son humeur. Il était si incroyablement exaspéré en reprenant sa descente sans en dire d’avantage. Ce n’est pas que le garçon se complaisait dans son bassin d’ignorance mais plutôt qu’il ne pensait pas sa volonté suffisante pour être capable d’émettre la moindre supposition sans crier. La vilenie de toutes ces circonstances avaient empoisonné l’air. Elle les contaminait à chaque inspiration, omniprésente et exaspérante. Alors qu’ils voulaient faire abstraction de la perfidie des derniers évènements, elle les en enserrait de toute sa mauvaise influence, énervant le poufsouffle au passage. La course reprise, Adaline se mit à suivre Chems la tête baissée sur ses pieds.

Une fois arrivé en bas de l’escalier de marbre, au milieu de l’immense carrefour couvert par le hall principal où résonnait le bruit des couverts depuis la grande salle, le garçon observa le ciel, gris, visible derrière la porte ouverte sur la cour d’entrée. Ce ciel qui les couvrait tous, moldus et sorcier, de toute son immensité...

C'était effondré.

FIN

In my defense, I was left unsupervised
7ème année RP - Game On