Elle n’aurait jamais cru qu’elle ferait un jour ce qu’elle s’apprêtait à faire. Dans son sac, se trouvaient très exactement 134 galions, 12 mornilles et 3 noises. Ce qui représentait plus de trois fois son salaire mensuel habituel. Et cela ne représentait que 40% de ce qu’elle avait vendu. Les 60% restant étaient dans la poche de Pavel. Quand il lui avait dit qu’il y avait un sacré paquet d’argent à se faire, il ne plaisantait visiblement pas.

Elle avait réfléchi plusieurs jours à ce qu’elle allait bien pouvoir faire de tant d’argent. Investir dans l’immobilier, s’acheter des tonnes de bijoux, redonner un coup de neuf à son établissement... La solution pour laquelle elle avait opté pour l’instant était beaucoup plus simple. Déposer son argent dans son coffre-fort à Gringotts, et le laisser la pendant quelques temps. Histoire d’avoir les idées un peu plus claires. Histoire de l’oublier. La réalité, c’est qu’elle paniquait totalement. Elle n’avait jamais très bien gagné sa vie, est-ce que cela n’allait pas paraître louche si de telles sommes arrivaient tous les mois sur son compte ? Qu’était-elle sensée faire d’autres ? Les garder sous son matelas ? Les dépenser ? Augmenter ses salariés ? Ce n’était pas une mauvaise idée... Mais même en les augmentant de deux galions chacun, la somme restante demeurait toujours énorme.

Toujours perdue dans ses réflexions, elle monta les marches en marbre blanc et passa la grande porte en bronze de la banque des sorciers et se dirigea vers l’un des guichets, ou un vieux sorcier griffonnait sur un papier, à la place d’un habituel Gobelin.

« Bonjour, lança-t-elle pour annoncer sa présence. Maxine Chapman, je souhaite faire un dépôt dans mon coffre, n°185 »

Elle tendit sa baguette et sa clé comme l’exigeait le protocole. Après les avoir examinées avec précision, l’homme hocha la tête et lui indiqua de le suivre. Un Gobelin se joignit à eux, probablement encore nécessaire pour ouvrir certains coffres. Alors qu’elle marchait derrière eux, la jeune femme entendait les pièces s’entrechoquer à l’intérieur de son sac. Bien que personne ne lui ait demandé ce qu’elle souhaitait déposer, ni quelle somme, elle commença à avoir chaud. Comme si le monde entier savait d’ou provenait cet argent. Elle remonta son sac sur son épaule et tenta de le bloquer sous son aisselle pour qu’il fasse le moins de bruit possible et monta finalement dans le petit chariot destiné à l’emmener vers les profondeurs de la banque.

Le trajet fut rapide et elle descendit à la suite des deux employés, avant de tendre sa clé au Gobelin. Celui-ci la plaça dans la serrure et le mécanisme complexe de la porte s’actionna alors, laissant apparaître petit à petit l’intérieur du coffre, qui ne contenait quasiment rien. Elle regarda du coin de l’œil l’homme qui semblait n’en avoir rien à faire, puis se glissa dedans pour y déposer une énorme bourse, qui fit un joli son quand elle la déposa au sol.

Elle ressortit presque instantanément, avec un air coupable collé au visage. Mais visiblement aucun des deux employés ne se préoccupait de ce qu’elle avait bien pu déposer. C’est à ce moment là qu’elle se rendit compte que la sécurité laissait vraiment à désiré. Elle repensa aux paroles de Pavel qui lui avait conseiller d’ouvrir un nouveau coffre, plus en profondeur, plus sécurisé. Sur le moment, elle n’en avait eu que faire, mais elle comprit que cela n’était peut-être pas une si mauvaise idée. Si elle venait chaque mois déposer une telle somme, cela ne serait peut-être pas inutile. Elle n’était pas matérialiste, encore moins avare, mais après tout, c’était son argent. Et elle prenait certains risques pour le gagner.