La phrase chuchotée de l'autre rousse fit légèrement sourire Solenn. Elle savait ce que c'était de dire des choses que l'on regrettait trop vite, et ne voulait pas qu'Elfie s'embête avec cela.

-T'inquiète...

Solenn acquiesça à la remarque de la Serpentard, et rajouta :

-Si les gens avaient moins d'ego, le monde se porterait mieux.

Elle avait dit ça sans vraiment y réfléchir, mais pour une fois le pensait réellement. Etant une enfant peu ou presque pas du tout intéressée par la politique, elle ressortait quelquefois les paroles de sa mère comme si elle avait toujours raison. Elle s'était rendue compte que sa mère était humaine, et que les humains faisaient des erreurs, se trompaient parfois ou pouvaient avoir tort. D'ailleurs, l'absence de Violet dans son enfance en était un vif exemple.
L'exclamation de la rousse fit sursauter Solenn mais un petit sourire vint acclamer Elfie.

-Il était bien caché quand même !

C'était donc la fin de leur conversation ? Solenn en était presque déçue. Elle avait aimé parler avec quelqu'un de tout cela. Elle n'avait pas osé en parler avec Violet, qui semblait touchée par le problème, et sa mère cherchait toujours à esquiver ce genre de conversation dans leurs lettres. Elle reposa le livre qui était resté dans sa main, prête à dire au revoir à Elfie.

-Est-ce que Parkinson est une menace pour toi ?

La question l'avait frappée. Elfie ne souhaitait donc pas mettre fin à leur débat, et cela rassura Solenn. Elle n'était donc pas seule à apprécier cet échange. Elle ne répondit pas pendant une dizaine de secondes, réfléchissant. Puis enfin, répondit d'une petite voix :

-Le problème, c'est qu'elle a beaucoup de pouvoir. Et qu'elle l'utilise pour faire du mal à un certain groupe de personnes. Perso, je n'ai pas trop à m'en faire. Elle n'est pas encore une menace pour moi. Plus tard peut-être, si elle prend encore plus de pouvoir. Tout c'que je veux dire, c'est que je ne veux pas avoir peur d'elle.

*mais je n'y arrive pas* Cela, elle n'avait pas réussi à le dire. Trop compliqué, face à une presque inconnue.

Désolé pour le retard...

Elfie opina du chef, compréhensive. Le Conseil des Sorciers menaçait les moldus. Comme elle. La jeune fille n'avait pas peur d'Ursula mais admettait qu'elle redoutait sincèrement ses mesures drastiques à l'encontre de son « groupe de personnes ». Elfie n'avait pas honte d'être ce qu'elle était, cela ne l'avait jamais gênée pour étudier à Poudlard. Elle aimait ce qu'elle y faisait et ce qu'elle y voyait. Elfie aimait être plongée dans le monde magique des contes de fées dont elle n'aurait jamais soupçonné l'existence. En bref, la rouquine s'était faite à l'idée d'être également une sorcière – elle avait fait son petit bonhomme de chemin – alors elle ne pardonnerait jamais quiconque essayerait de lui supprimer sa liberté. Elfie soupira.

Certes, la Verte et Argent avait trouvé le livre qu'elle recherchait mais elle ressentait toujours le besoin de parler. N'ayant aucun ami pour l'écouter parler de ses problèmes, la plupart de ses interactions sociales se limitait à des banalités. Peut-être "problème" était-il un bien grand mot mais toutes ces histoires l'affectaient plus qu'elle ne voulait ne le laisser entendre.

— « Je suis d'accord avec toi... Mais en faisant du mal à certain "groupe de personnes", (Elfie mima les guillemets, son livre plaqué contre sa poitrine) elle blesse plus ou moins directement tous ses membres, non ? »

La dénommée Solenn semblait être bien mieux renseignée qu'Elfie. Celle-ci s'adossa légèrement contre une table de travail en attendant la réponse de son interlocutrice.

Il était difficile pour la jeune Serpentard de s'imaginer révolutionnaire. Elle n'avait pas l'étoffe pour cela. Elle imaginait ceux qui se battaient contre le gouvernement comme des personnes prêtes à tout, et cela l'effrayait aussi. Ce n'était pas qu'elle était contre, c'était qu'elle ne savait pas quel avis elle avait concernant la révolution. Oui, elle n'était pas d'accord avec Parkinson, mais de là à se battre pour libérer la communauté sorcière britannique ? Pourrait-elle être un jour capable de risquer de mettre sa famille en danger pour ça ?
De toute façon, elle n'était pas assez courageuse. Elle était habituée à baisser la tête et à accepter son sort. Enfin, il y avait tout de même une ou deux exceptions qui confirmaient la règle, mais rien de ce qui aurait pu la définir comme "courageuse".

Quelquefois, elle avait l'impression que ce courage brillait dans les yeux de Julia. Sa demi-sœur n'acceptait pas du tout le pouvoir en place, et les rares fois où elle prenait la parole pour en parler, Solenn avait comme une impression qu'une flamme s'allumait dans son regard, et que le vent du changement soufflait dans ses cheveux blonds. Mais peut-être n'était-ce qu'une impression.

-Si si bien sûr. Mais elle les blesse... indirectement on va dire... Et pour certaines personnes, et ben ça leur suffit pour laisser passer.

Elle soupira légèrement en jetant un regard vers sa gauche, pour s'assurer qu'elles n'embêtaient personne.

-Y'a pleins de gens qui sont pas trop d'accord non plus, mais qui ont pas le courage ou l'envie de se battre. Ils cachent juste qu'ils sont blessés, et ils vivent leur vie.

La façon dont elle avait dit ces derniers mots pourraient donner l'impression qu'elle les jugeait, et Solenn se demanda si Elfie allait penser ça.

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Désolée de cet affreux retard !