Sans doute aurait-il valu qu'il taise le nom de Carry car Oprhéa semblait très remontée contre elle désormais. Il ne voulait pas qu'elle fasse de bêtise qui lui cause des problèmes. Mais elle ne l'aurait sans doute pas lâché tant qu'il n'aurait pas craché le morceau donc autant ne pas faire d'histoire à ce sujet.

Il fut rasséréné de voir à quel point elle en voulait à quelqu'un qui voulait s'interposer entre eux. Elle tenant beaucoup à leur relation, et à l'entendre, certainement autant que lui, ce qui était de nature à réchauffer son cœur. Il s'apaisa ensuite instantanément quand elle lui reprit sa main. Ce contact lui procurait un tel effet qu'il se demandait si elle ne lui avait pas lancé un sort. Il n'avait aucune idée comment elle accueillerait ce qu'il lui annoncerait maintenant. Mais il ne voulait plus de mensonge entre eux, ou de non-dits comme dans ce cas précis. Il jeta rapidement un coup d’œil à sa meilleure amie mais préféra regarder droit dans le vide, gêné par la confession.

- Je tenais à rétablir une vérité entre nous... Te rappelles tu du message que tu as reçu de ma part le 14 février de l'année passée, pour que l'on se retrouve ici? Ce n'était pas toi qui était visée, mais une autre camarade à qui je voulais faire une farce... confessa-t-il, un poids tombant de ses épaules. Ce "secret" lui pesait de plus en plus et était devenu insoutenable depuis cette après-midi. Il se tourna à nouveau vers Orphéa et planta ses yeux dans les siens avant de continuer. Dès que je t'ai vue, jamais je n'ai été si content de commettre une maladresse. Si c'était à refaire, je te viserais exprès, cette fois-ci, dit-il doucement, un sourire intimidé flottant sur ses lèvres.

Ethan lui jeta un bref regard avant de détourner les yeux pour regarder dans le vide. La Serpentard ne savait pas ce qu’elle devait en déduire, mais après la première révélation du garçon, elle s’attendait au pire. En entendant ses premiers mots, elle paniqua intérieurement. De quelle vérité voulait-il parler ? Allait-il encore une fois lui rappeler qu’ils étaient simplement amis ? Et rien de plus ? Alors qu’il lui avouait finalement son secret en plantant ses yeux dans les siens, elle préféra détourner le regard pour regarder ses chaussures. Elle était partagée entre un sentiment de trahison et un sentiment de soulagement. Leur relation tout entière reposait sur une farce. Si elle avait trouvé ca bizarre au début, Orphéa avait toujours été persuadée qu’Ethan lui avait envoyé cette invitation, car il la trouvait sympa, ou jolie, ou marrante. Mais en vérité, il l'avait simplement envoyé à la mauvaise personne. Cela n’effaçait pas tout ce qu’ils avaient pu partager par la suite, mais cela faisait beaucoup à digérer pour la brune.

« Ok, dit-elle simplement, le regard toujours baissé vers ses pieds pour cacher les larmes qui montaient à ses yeux. Et la dernière chose que tu voulais me dire ? Comme ça, ce sera fait... »

Elle se prenait les révélations d’Ethan en plein visage les unes après les autres, sans que cela ne s’arrête. Elle avait l’impression d’avoir été jetée en pleine mer et de se faire rouler par les vagues. Elle avait la sensation de boire la tasse, et tout ce qu’elle espérait était de finir par s’échouer sur le rivage, pour pouvoir reprendre ses esprits et réfléchir tranquillement, sans qu’une nouvelle information n’arrive pour la perturber encore plus.

C'était évident qu'Orphéa ne voyait pas d'un bon oeil que le hasard avait décidé de leur rapprochement. C'est ce qu'il craignait qu'elle ait comme réaction et c'est pour cela qu'il n'avait jamais eu le courage de lui en parler. Peut-être n'aurait-il jamais révélé cela sans sa rencontre avec Carry. Aurait-elle sans doute préféré qu'il l'ait vraiment invitée comme valentine? Est-ce qu'elle l'avait vraiment regardé avec insistance, comme il l'avait mis sur son parchemin? Non, ce n'était pas possible, il l'aurait remarqué tout de même?

Les amis se remarquaient-ils avant de se lier d'amitié? Non, pas vraiment. Les choses venaient toutes seules sans qu'on essaie d'influencer leur ordre, contrairement aux relations amoureuses, du moins d'après ce qu'il avait remarqué. Il n'avait jamais expérimenté personnellement, mais c'était évident que c'était deux processus différents. Entre eux, cela correspondait exactement à l'amitié: une rencontre hasardeuse, des liens qui se se tissent petits à petits jusqu'à ce qu'ils deviennent solides.

- Fais pas cette tête, lui dit-il en la poussant légèrement épaule contre épaule. Moi j'trouve ça plutôt cool que le destin ait choisi de nous réunir comme ça. Je n'aurais pas voulu que ce soit quelqu'un d'autre, tu m'entends? Jamais personne aurait pu prendre ta place. Tu es unique., dit-il en lui souriant.

C'était clair et net. Orphéa était unique dans son coeur et prenait de plus en plus de place. Beaucoup d'eau avait coulé sous les ponts depuis le 14 février 2044. Ils avaient grandi -bien que ce fut fort relatif pour lui- et mûri. Leur amitié évoluait. Eux aussi. Certaines choses devenaient plus claires. Il passa son bras libre autour du cou d'Orphéa, comme pour lui faire un câlin.

- Tu sais, c'est bizarre. Très bizarre, dit-il songeur, en se tournant vers sa camarade, sans donner plus de détail, perdu dans ses réflexions.

Ethan lui donna un léger coup d’épaule pour la rassurer. Ses mots la rassurèrent un peu, et dans le fond elle savait qu’il avait raison. Si leur rencontre n’était dû qu’au hasard, la suite de leur histoire elle était bien réelle. Et personne ne pouvait changer ça. En entendant de tels mots, même après plusieurs mois, elle espérait intérieurement qu’il lui avouerait qu’il était amoureux d’elle. Orphéa était persuadée que lorsqu’on tombait amoureux, c’était en quelque sorte parce que l’autre était unique à nos yeux. En tout cas, elle était amoureuse d’Ethan parce qu’il était unique pour elle.

« Oui, tu as raison » dit-elle timidement, sans oser retrouver les compliments qu’il venait de lui faire. Elle était rassurée, mais elle n’oubliait pas que quelques minutes auparavant le Poufsouffle doutait de sa sincérité. Et quand il passa son bras autour de son cou comme pour l’enlacer, elle se laissa doucement aller, pour se rapprocher un peu plus de lui et profiter de ce contact. Elle n’avait aucune idée de ce qu’il allait pouvoir lui avouer par la suite alors elle préférait profiter, avant de ne recevoir la nouvelle. Elle doutait que cela puisse être pire que ce qu’elle venait d’apprendre, mais rien n’était certain.

« Ha bon ? demanda-t-elle curieuse, ne sachant pas trop s’il allait finalement lui faire sa troisième révélation. Qu’est-ce qui est bizarre ? »

Quand Orphéa se rapprocha de lui, il eut une nouvelle confirmation que tout ne tournait plus rond chez lui. Carry avait semé le doute en lui en partie parce qu'il doutait de tout mais elle avait aussi prononcé une de ses plus grandes peurs: qu'Orphéa se détourne de lui. Des amis s'étaient déjà détournés de leur bande d'enfance par le passé. C'était bien sûr tristounet, mais la vie continuait comme si de rien n'était. Apprendre qu'elle puisse lui tourner le dos avait été un vrai crève-cœur. Il avait douté d'elle parce qu'au fond il avait douté de lui: peut-être n'était-il pas assez bien pour elle. Peut-être était-il ennuyeux et moche comme le lui avait dit Carry. Peut-être qu'Orphéa était influencée par sa famille et allait faire le ménage parmi ses amis sur base de leur sang. Jamais il ne s'était fait ce genre de réflexion pour quelqu'un d'autre. Peut-être que Carry avait raison sur un point bien précis, cela dit, tout comme avant elle Emma, Elfia et Elwing. Il avait du mal de se l'avouer, et pourtant...

Il tourna sa tête vers sa "meilleure amie". Cette appellation résonnait bizarrement dans sa tête désormais. Etait-ce vraiment encore ce qu'il ressentait, de l'amitié?

- Ce qui est bizarre, c'est le troisième truc que je voulais te dire. Mais j'ai peur que tu le prennes mal parce que c'est encore bien pire que le reste... C'est pas le genre de truc qu'on se dit entre amis, tu vois... Ce que je voulais te dire, c'est que... Les mots restèrent coincés dans sa gorge. La suite lui parut évident: il allait remplacer les paroles par du concret.

Ethan dégagea sa main qu'Orphéa avait attrapé et la posa à plat sur la joue de la Serpentard pour tourner son visage vers lui, plongeant son regard dans le sien, silencieux. Au bout de quelque secondes, il baissa son regard vers les constellations que formaient ses tâches de rousseur. Du pouce, il en caressa quelques unes.

- Elle est ici, la constellation du dragon, murmura-t-il, un léger sourire ornant son visage, l'air sérieux, limite grave, comme s'il s’apprêtait à faire un pas vers l'inconnu. Son regard descendit encore d'un cran et se fixa sur les lèvres. Il approcha alors son visage vers celui d'Oprhéa lentement mais sûrement, le cœur tambourinant dans la poitrine, jusqu'à poser ses lèvres contre les siennes.

Plus le Poufsouffle parlait, plus Orphéa sombrait dans un tourbillon d’interrogations. Elle se demandait ce qui pouvait être pire que les précédentes révélations. Il venait de lui avouer certaines choses et au fond, elle attendait simplement qu’il en finisse pour retourner dans sa chambre pleurer tranquillement à l’abri des regards. Elle en avait désormais l’habitude, à chaque fois qu’Ethan lui rappelait qu’ils étaient amis. Juste amis.

Finalement, le garçon enleva sa main de la sienne, pour venir la poser sur sa joue et forcer son visage à se tourner vers lui. Ils se regardèrent dans les yeux quelques instants, puis Ethan caressa délicatement ses joues de son pouce. Il mentionna la constellation du Dragon, comme lors de leur première rencontre. La brune n’avait toujours aucune idée de ce à quoi pouvait ressembler cette constellation, mais un léger sourire se dessina sur son visage en voyant celui du garçon. Et enfin, contre toute attente, il approcha son visage pour presser ses lèvres contre celles de la Serpentard.

Toutes pensées cohérentes quittèrent le cerveau d’Orphéa qui se laissa faire. C’est seulement après quelques secondes qu’elle réalisa finalement ce qui se passait. Ce qu’elle attendait depuis plusieurs mois arrivait enfin. La jeune fille réduisit alors l’espace qui se trouvait entre eux en se rapprochant, pour enrouler ses bras autour du torse du Poufsouffle. Son cœur battait si fort qu’elle pouvait le sentir, et elle était persuadée que le garçon pouvait également sentir le sien battre. Elle rendit son baiser à Ethan, et bien que cet échange soit étrange et légèrement humide, elle profita au maximum, se disant que cela ne serait peut-être qu’éphémère.

Toujours la main posée sur le visage d'Orphéa, il profita au maximum de l'instant, s'attendant à être repoussé à tout moment. Mais elle n'en fit rien, bien au contraire. Il la sentit se rapprocher de lui et l'entourer de ses bras. Encouragé, il prolongea le baiser encore quelques secondes, mais il aurait bien été incapable de dire combien, ayant perdu toute notion du temps, son cœur battant la chamade. Il s'était posé beaucoup de questions sur la sensation d'un baiser sur la bouche ces derniers temps et il dut reconnaître qu'il ne s'était pas attendu à cela. C'était tellement intense et tellement agréable qu'il espérait très vivement que ce ne serait pas le seul qu'Orphéa veuille bien échanger avec lui.

Le premier baiser, ce pas vers l'inconnu. Ethan n'avait aucune idée des changements que cela engendrerait. Mais il était heureux de l'avoir partagé avec sa meilleure amie. Meilleure? Son petit doigt lui soufflait à l'oreille qu'il ne valait mieux plus l'appeler ainsi. Orphéa devenait sa petite amie, aussi étrange que cette idée pouvait lui sembler. Il n'y a pas si longtemps encore, il aurait ri à gorge déployée que cela se produirait, et pourtant...

Il était convaincu que rien ni personne ne pourrait les séparer désormais. Mais ses certitudes d'hier étaient bouleversées par ce simple baiser. Qu'en sera-t-il de ses nouvelles certitudes? Il préféra ne pas y penser. Profiter de l'instant présent. Après tout, c'est le seul qui comptait vraiment.

Fin du RP pour moi, merci!