Inscription
Connexion

01 juin 2020, 19:34
Les Cordes du Silence.
Chez elle, bien sûr.
Voilà où était sa harpe.
Elle aimait assez le Mot, surtout écrit mais lui trouvait des consonances dures une fois dit à voix haute.
*Harpe. Harpon. Harponner. Tuer.*
Pourtant, la façon dont Deryn en parlait enlevait toutes traces mauvaises ou tranchantes. Comme si le Mot était mis à nu devant elle, sans sa carapace blessante, et qu'il s'ouvrait enfin à elle.
Un peu, tout du moins.

"Ça me manque la musique. Je ne m'en étais pas rendu compte jusque là. Mais en t'écoutant…
Je crois que de te sentir en harmonie avec lui, j'étais… "


Elle relève les yeux d'un coup. Elle ne se souvenait pourtant pas de les avoir baisser, mais crût se souvenir d'un miroitement brun.
Les courbes du violon étincelaient dans la lumière froide, dégageant un peu de chaleur.
C'était un contraste saisissant lorsque l'on savait le mal qu'il pouvait faire.
Si mal.
*Ou j'suis juste pas à sa hauteur.*
Elle secoua la tête légèrement, et ses cheveux ondulèrent un instant, comme portés par un coup de vent inexistant.
Te sentir en harmonie avec Lui.
Avec Lui. Pas avec Un Violon.
Avec Lui.
Comme si c'était Lui qui choisissait dans quelles mains il passait.
Comme si c'était Lui qui décidait les jours où les notes sortaient et les autres où elles se déformaient sous son archet.
Comme si c'était Lui qui avait le pouvoir de faire voyager.
Comme si c'était Lui qui dirigeait.

Son regard vert croisa celui de la Jaune, et elle baissa immédiatement les yeux, sentant son corps se tendre sans raison.
Les Mots entraînaient ses pensées, et elle n'était pas sûre aujourd'hui de vouloir les écouter.

J'étais jalouse je crois.

Les Mots la frappent.
Figée, le souffle court, elle attend la suite.
Ses oreilles bourdonnent tandis que le sang bat à ses oreilles, noyant la suite des phrases dans son tumulte.
J'étais jalouse je crois.

Elle pouvait pas être jalouse d'elle.
Elle pouvait pas.
Elle avait rien à lui offrir. Rien du tout! RIEN !
J'étais jalouse je crois.

Elle serra son violon contre elle, dans un geste possessif.
Rien à lui donner.
Parce que sous les Mots, elle crût discerner de l'envie. De l'envie, une pointe de compassion, mais surtout... Ce Désir à peine dissimulé, flamboyant, craintif.
Son cerveau embrumé de ces déductions probablement fausses, elle essaya de faire le point dans sa tête.
J'étais jalouse je crois.

Pourtant, toujours la même phrase tournait, encore et encore, inlassablement, ne se décidant pas à passer à autre chose.
Son front se perla de sueur et ses yeux étaient écarquillés, cherchant l'origine de cet Voix, de cet écho qui se faisait à présent menaçant, dont elle n'arrivait pas à se détacher pour penser à la suite de la conversation.

J'étais jalouse je...


"Après ne te sent pas obliger hein. Je comprendrais très bien que tu veuilles garder ces moments là pour toi… "

*Garder ces moments...Quoi?*
Une autre phrase avait crevé le Silence de nouveau.
Elle n'avait pas entendu la précédente, et cette nouvelle venue semait le chaos dans son crâne.
Elle voulait quoi?
Elle voulait quoi à la fin?
*Jouer. Jouer, elle veut ça.*
Même pas "elle voulait". Elle veut.
Jouer pour continuer à le lui arracher.

Elle fut tenter de dire non.
De dire non, de s'enfuir, loin, de plus relever la tête, de le fuir lui, le violon, de la fuir elle la jaune, de fuir la salle, de fuir les échos, de fuir le vent.
Mais elle ne pouvait pas fuir éternellement.
C'était impossible.

*J'devrais p't'ete le fracasser par terre. Plus d'problèmes.*
Son cœur se figea dans sa poitrine alors que sa main semblait prête à lâcher le violon par terre.
Elle pouvait pas non plus faire ça.
Elle imagina la tête fermée de sa grand-mère, les yeux foudroyants de sa mère, le dégoût de son père pour avoir osé faire du mal à un si bel instrument.
Elle fut tentée de sangloter pour ne pas avoir à répondre.
Elle fut tentée d'incendier la salle pour ne pas avoir à croiser le regard de la Jaune.

"Tu... T 'voudrais apprendre quoi? Quel style?"

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

03 juin 2020, 00:08
Les Cordes du Silence.
De toute évidence, sa camarade n'était pas dans son assiette. Deryn avait le sentiment qu'elle n'était pas vraiment avec elle ou alors qu'elle essayait de la fuire, aussi commençait-elle déjà à partir quand elle lui demanda soudain :

"Tu... T 'voudrais apprendre quoi? Quel style?"

La surprise l'envahit. C'était étrange de paraître aussi distante et en même temps de ne pas juste dire "non je n'ai pas envie". Deryn avait pour habitude d'éviter les gens ou de leur répondre sans réfléchir, sans peser ses mots aussi avait-elle du mal à comprendre le comportement de la violoniste. Elle ne put cependant s'empêcher de sourire à ce oui en demi teinte car c'était quand même un oui. Non ?

"Oh... je… Je n'ai pas de style particulier en vue. Je… Je serai juste ravie d'apprendre quelques notions de bases et de partager ces petits moments sonores avec quelqu'un mais… je ne me fais pas d'illusion. Je sais bien que connaître et maîtriser un instrument demande énormément de temps. Si j'arrivais à jouer Au clair de la lune à la fin de l'année, je serai déjà ravie !" Elle ajouta en levant les sourcils "Avec ça, je ferai fureur l'été prochain dans les sessions du Black Sheep le vendredi soir !"

Elle se mit à rire en s'imaginant la scène, la petite O'Connors empruntant un des violons des musiciens en pleine gigue pour interpréter un Au clair de la lune plus ou moins hasardeux. La petite avait retrouvé sa bonne humeur. Elle aurait voulu en transmettre un peu à Alison, mais ne la connaissait pas assez pour savoir comment faire.

Poufsouffle vult !
5e année RP / color=#274E13
"Seul on va plus vite mais, ensemble, on va plus loin" #PouffyFamily

05 juin 2020, 17:12
Les Cordes du Silence.
Des pas qui s'éloignent.
Elle eut un soupir, d'effroi ou de soulagement?, à l'idée que la Jaune allait s'en aller.
Mais pourtant, elle se retourna, en esquissant un petit sourire.
En regardant mieux ses lèvres, elle ne put s'empêcher de remarquer que ce sourire lui faisait songer à

"Je ne me fais pas d'illusion. Je sais bien que connaître et maîtriser un instrument demande énormément de temps. Si j'arrivais à jouer Au clair de la lune à la fin de l'année, je serai déjà ravie !"

Elle avait envie de serrer un peu plus le violon contre elle, jusqu'à le faire pénétrer dans sa chair, dans sa poitrine et entendre son cœur battre dans la caisse de résonance, ses poumons se gonfler en faisant vibrer l'instrument , les mots sortir avec les sons produits par les cordes.
Et surtout, l'arracher au regard de la Jaune.

Elle ne savait même plus si l'autre regardait.
La regardait elle, était captivé par lui, se perdait dans ses pensées, songeait, rêvait, riait, vivait.
Elle prit conscience du gouffre les séparant alors.
Ça lui fit mal.
ses doigts se crispèrent avec tant de force que le bois craqua.
Et pourtant, elle continuait à parler, l'autre, ne se doutant de rien, pensant à des notes fausses jaillissant d'un violon, *elle veut m'le prendre*, timides et pourtant pleines de joies, plus que ce qu'elle ne pourra jamais lui offrir.
Elle imagina le violons *le miens* collé contre la poitrine de la Jaune, elle l'enlaçant de ses deux bras comme à un animal auquel on fait un câlin, caressant le bois dur, cherchant de ses doigts les plus fins reflets.
Elle lui parlerait, elle, lui dirait ses tourments, lui expliquerait les étoiles et la Vie.

Avec elle, il n'était rien.
Il jouait, certes, avec une force que seule la Peine pouvait procurer.
Ses sons étaient langoureux, chauds et faisait couler les larmes par moment.
Un chant du cygne, à chaque fois que l'archet glissait sur les cordes.
Comme si la personne le tenant au bout de son bras allait tout lâcher.
Comme si c'était la dernière fois que les cordes allaient répandre leurs notes tristes.
Comme si tout allait s'évanouir en un dernier accord tremblotant.

Et là, face à la Jaune qui pouvait offrir l'impossible à son instrument, elle se sentait horriblement coupable.
Elle avait gardé son violon pour elle, ne cherchant jamais à faire courir des notes joyeuses dans son corps brun.
Oh, elle avait bien essayé une fois.
La valse s'était métamorphosée en un requiem de toute beauté.
Mais ce ne fut pas l'avis de sa grand-mère et de sa famille, qui décidèrent d'arrêter ce carnage pour écouter plutôt ses frères et sœurs montrer leurs prouesses.

Et la Jaune, Deryn.
Elle aussi elle faisait vibrer les cœurs de notes pures et belles.
A la différence peut-être que son cœur à elle était entier, pur, brillant.
A la différence qu'elle savait sourire.
A la différence qu'elle ne connaissait pas les Ombres, certainement.

Son violon lui en voudrait certainement, de ne pas lui avoir fait connaître tout ça.
Elle le perdrait à jamais.
Il l'abandonnerait.
Ses doigts deviendraient maladroits.
Ses coups d'archets hésitants.
Elle oublierait jusqu'à comment bien tenir l'instrument.
Elle pleurerait la disparition de ce savoir, en reconnaissant que ce n'était que *sa faute*, comme toujours, qu'elle n'avait pas pu lui offrir mieux que...
Des notes sombres.

Pas de joie.
Pas de sourires.
Pas de mots heureux.
*Rien.*

"D'accord."

Sa voix semblait lui parvenir de la voute de la salle de répétition.
Lointaine, essoufflée, croassante comme des *cordes* qu'on avait laissé rouiller.
Son pied s'avança en une ébauche de pas, mécanique, comme un *archet* ayant perdu toute sa souplesse.
Encore un autre pas. Il lui semblait que chaque pas était d'une lenteur extrême, mettait au supplice tous ses os, souvenirs de son corps, *instrument brisé* alors que ses pensées s'enfonçaient dans sa mémoire.

"J'dois y aller."

Réussit-elle encore à articuler en passant devant la Jaune, ne la voyant même pas malgré ses yeux grands ouverts, ne sentant pas le froid malgré le vent hurlant dehors, n'entendant plus malgré ses pas secs contre la pierre.

"A... A plus...Tard..."

En claquant la porte, elle espéra ne jamais remettre les pieds dans cette salle.
Pire.
Elle espéra ne plus jamais toucher son violon.

Fin du rp pour moi ici!
Merci de tout cœur à ta Protégée et à ta Plume.
Si tu le souhaites, nous pourrons les faire se rencontrer de nouveau, pour une suite!

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

05 juin 2020, 22:17
Les Cordes du Silence.
Elle ne put que faire de grands yeux en voyant Alison commencer à marcher d'un pas mécanique tel les petits soldats que son frère remontait… La petite irlandaise était perdue. Elles devaient se revoir et partager un peu de musique ou… peut être pas ? Elle fit volte face pour suivre, médusée, sa camarade qui quittait la pièce. Elle avait même délaissé son étui à violon sur le sol.

"Du coup je… Je cherche quelqu'un qui pourrait me prêter un violon et tu me montreras ? Ou... "

Aucune réaction, aucune réponse, la fillette continuait son chemin, comme ailleurs, visiblement ébranlée par… par quoi ? Deryn s'installa à même le sol après que l'autre ait passer la porte. Assise en tailleur, les coudes posés sur ses genoux, elle réfléchissait intensément avec la tête appuyée sur ses poings. Qu'avait-elle dit ou fait pour la mettre dans un état pareil ? Elle écoutait la salle autour d'elle, silencieuse. Elle finit par se redresser en faisant ses conclusions à voix haute.

"Bon ben… Je crois que je n'ai plus rien à faire ici, il n'y a plus que moi et Monsieur piano... Comme je ne joue pas plus de piano que de violon je vais m'abstenir."

Elle soupira, se releva, attrapa l'étui noire d'Alison et le ferma soigneusement. Elle caressa du doigt les courbes de cette boîte à violon, la glissa sous son bras et reprit la direction de la salle commune.

Objectif 1 se dit-elle, poser l'étui dans le dortoir d'Alison. Objectif 2, trouver un violon de prêt… Ou alors… Je cherche quelqu'un pour m'apprendre à jouer au clair de la lune au piano… "

Merci pour cette rencontre. Je pense que Deryn te recroisera si tu le lui permets…

Poufsouffle vult !
5e année RP / color=#274E13
"Seul on va plus vite mais, ensemble, on va plus loin" #PouffyFamily