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15 mai 2020, 02:21
 RP+  Sang pour Sang
14 Avril 2045


Les vacances de printemps avaient commencé depuis six jours.
Six jours.
Six longs jours que je n'étais plus une élève de Poudlard mais une prisonnière.
Six jours que je rongeais ma peine comme un chien ronge son os. Et ce soir plus que jamais, ma peine était grande. Mais, en cet instant, elle avait un goût différent. Ma peine avait un goût de sang sur ma langue, un goût métallique. Le goût de la peur.
Ce soir, le soleil s'était couché et le ciel avait pris une teinte sombre. Même les étoiles semblaient avoir peur. Leur lumière était éteinte, comme pour se cacher. Elles craignaient quoi elles, là-haut ? Rien de ce qui ne se passait ici ne pouvait les atteindre. Nous si ! Et nous, nous ne pouvions pas éteindre nos lumières et nous cacher. Nous, on ne pouvait que rester là et attendre.
Alors, j'attendais. J'attendais des nouvelles, j'attendais que les cicatrices sur mes mains disparaissent, que les dernières croûtes de sang séché qui ornaient mes phalanges depuis quinze jours laissent place à la peau neuve. Sans marque. Sans souvenir. J'attendais un mot, une lettre qui me dirait que tout va bien.
Mais cet espoir n'était pas arrivé. Pas encore. Non.
Mais, j'avais bien lu des mots. Des lettres noires sur un parchemin. Une écriture droite, régulière. Chaque lettre identique à sa jumelle. Aucune boucle qui ne dépassait, tous les points sur les "i" étaient alignés. Moi, j'aurais voulu une écriture ronde et douce, une écriture qui cajole. Une écriture enveloppée de cire rouge. Non, là il n'y avait pas de cire à craquer.
Les mots étaient empilés en tas, avec des photos par endroit.
Les mots régulier d'un machine à écrire. Les mots réguliers rangés en colonnes. Les mots qu'il ne vaut mieux pas lire.
Et pourtant, je les avais lu ces mots. Je ne sais pas vraiment pourquoi.
Je n'arrivais pas à dormir. Alors, j'avais attrapé mon couvre lit en velours bleu et je l'avais passé sur mes épaules. Mes pieds, juste couverts par mes chaussettes épaisses, m'avaient conduite, sans même y réfléchir dans la salle commune bleue. Je m'étais laissé aller sur un sofa. Mais au lieu de fermer les yeux, je les avais posé sur ces mots. Cette pile de journaux qui traînait là.
Mais de mots en mots, de phrases en phrases et d'articles en articles, j'avais pris la pleine mesure de ce monde. Morts. Disparitions. Tortures. Un mot n'était pourtant pas écrit. Mais comment appeler ça autrement ? La guerre.
Alors, sans même comprendre, j'avais jeté les journaux au sol et j'avais couru vite. Aussi vite que possible. Comme poussée par une force invisible.
Mes pieds effleuraient seulement la pierre. Un contact bref, juste assez long pour l'impulsion suivante. Je ne savais pas où j'allais. Mais mes pieds eux semblaient connaître le chemin.
Et étonnement, ils me conduirent aux escalier de la tour d'Astronomie.
En fait ce n'était pas si étonnant que ça. La tour d'Astronomie était mon refuge. L'endroit où j'avais passé quelques uns des plus beaux moments de ma vie à Poudlard.
Alors, je laissais mes pieds me guider. Ou mon coeur guider mes pieds. Et je courais, plus vite encore, dans les escaliers. J'avais ce besoin avide de croire que tout était possible. Je voulais ressentir encore ces moments de joie que la tour d'Astronomie gardait secret. Il fallait que je respire.
J'arrivais au sommet, sur la terrasse ouverte aux quatre vents. Je m'appuyais contre le muret qui me séparais du vide. Le souffle court et les poumons qui brûlent. Les cheveux collés au visage par ma course.
Mais la joie n'était pas apparue et la peine n'avait pas disparue. Elle avait toujours ce goût sur ma langue.
Et seulement à cet instant, je compris que ce goût de sang c'était le mien. Celui qui se répandait sur ma langue, depuis mes lèvres que mes dents déchiraient.
Je me laissais tomber sur le sol comme mes larmes tombaient sur mes joues pour venir nettoyer le sang de ma bouche.
Puis, silencieusement, comme une ombre qui aurait perdue la lumière qui la fait vivre, je fermais les yeux.


@Bad Eaven
Dernière modification par Lily Dempsey le 06 juin 2020, 20:42, modifié 1 fois.

Préfète des Ventoulpes

15 mai 2020, 23:49
 RP+  Sang pour Sang
À très bientôt,
Je t’embrasse,
Papa


C’était les derniers mots que Bad avait reçu de son père. Des mots du quotidien, sans réelle saveur. Aucun indice qui ne pouvait l’aider à comprendre.

Pourquoi n’avait-il plus de nouvelles depuis tant de semaines ? Avait-il fait quelque chose qui aurait pu froisser son père ? Il ne le croyait pas. Mais alors quoi ? Quelque chose de plus grand ? Y aurait-il un lien avec les événements récents dans le pays ? Cette fracture entre deux mondes. Cette guerre quasiment ouverte.

En cette soirée de printemps, alors que les vacances touchaient à leur fin, Bad était soucieux. Les élèves de Poudlard n’avaient pas pu rentrer chez eux en raison du contexte actuel. Un contexte qu’il ne comprenait pas et qui instaurait un climat pesant dans le château. Même s’il se sentait en sécurité ici, il devenait de plus en plus difficile d’avoir des nouvelles régulières de ses proches, et particulièrement de son père, un moldu vivant en Irlande. Cette situation commençait à l'inquiéter.

Allongé sur son lit, le garçon n’arrivait pas à fixer sa concentration sur son manuel de Métamorphose. Triste ironie alors que le monde était en proie à une réelle métamorphose. Bad avait besoin de prendre du recul sur cette situation, de prendre de la hauteur. Lançant son manuel dans sa valise - avec plus de violence que nécessaire - il prit une couverture pliée en boule sous son lit et sortit.

Pour prendre de la hauteur, il savait où aller. Alors qu’il entamait l'ascension de la tour d’Astronomie, le garçon essayait de comprendre comment et pourquoi des Hommes, et ce depuis des millénaires, pouvaient se déchirer entre eux. Se détruire. Il vivait dans un monde binaire sans nuance qu’il avait du mal suivre. Blanc ou noir. Bien ou mal. Sorcier ou Moldu. Papa ou maman. Des choix impossibles, inutiles et pourtant imposés. Bad avait conscience de ne pas avoir toutes les cartes ni toutes les réponses en main mais il n’arrivait pas à comprendre. Dans sa vie, l’incompréhension était sa pire ennemie. Elle lui renvoyait un sentiment d’échec qu’il cherchait perpétuellement à vaincre. Pourtant ici, la lutte était impossible.

C’est comme hypnotisé par ses pensées qu’il arriva au sommet de la tour d’Astronomie. Il ne se rappelait déjà plus avoir monté ces dizaines de marches. En ce lieu qu’il chérissait tant, le point de vue était magnifique. Il y avait toujours quelques courageux pour effectuer l’ascension et profiter du ciel étoilé. Cependant ce soir, les étoiles étaient éteintes, comme lassées de partager leur lumière à des Hommes qui ne le méritaient pas.

Jetant un regard circulaire, Bad aperçut plusieurs élèves le long des remparts, mais l’un d’eux ou plutôt l’une d’elle, retint particulièrement son attention. Elle semblait très en peine. Une jeune fille aux cheveux bouclés de couleur roux ou marrons - la faible lumière ne lui permis pas de trancher - était assise sur le sol. Il l’avait déjà croisé dans sa salle commune mais ne la connaissait pas davantage. Elle avait les yeux fermés et Bad ne pouvait manquer les sillons tracés sur son visage par les larmes. Comme toujours, il n’arrivait pas à se détacher de la peine des autres. Il avait ce besoin d’aider, de comprendre. Un besoin qu'il assouvissait autant par magnanimité que par égoïsme.

S’approchant doucement d’elle, il vit qu’elle ne réagissait pas et qu’elle gardait les yeux clos. Pour ne pas la surprendre, il posa délicatement le bout de ces doigts sur son épaule.

« Est-ce que ça va ? »
Dernière modification par Bad Eaven le 20 mai 2020, 01:13, modifié 2 fois.

6° année RP • Ex-préfet inRP (du 1/9/45 au 16/1/46)
Fiche - Réputation

17 mai 2020, 13:55
 RP+  Sang pour Sang
Il faisait sombre dans ma tête. Noir. Comme les mots qui y résonnaient.
Sang. Assassiné. Sorciers. Cadavres. Mutilés. Moldus. Le sang pour le sang.
Le sang des innocents.
Les larmes coulaient silencieusement. Je gardais les yeux fermés, et pourtant elles coulaient. Elles forçaient le barrage de ma peau et de mes cils. J'aurais voulu qu'elles emportent avec elles les maux.
Il y avait un bourdonnement dans ma tête, sourd, avec seulement les mots en écho.
Je restais là, sans bouger, enveloppée dans mon couvre-lit bleu nuit. Les yeux fermés et la respiration fuyante. Seules les larmes trahissaient que mon coeur battait.
J'avais du m'assoupir car les voix étaient devenu de plus en plus basses jusqu'à être muettes.
Et pourtant dans mon brouillard, un son, calme et feutré me parvenait. Un son et une pression sur mon épaule.

J'ouvris les yeux, fatigués, et lourds. Il faisait nuit et la tour d'Astronomie avait accueilli de nouveaux visiteurs. Mais ce n'était pas ces silhouettes lointaines qui m'avaient tirée de mes sombres songes. C'était une voix, plus proche de moi. La voix d'un garçon que je ne connaissais pas.
Je levais mes yeux vers son visage. Un visage fin entouré de mèches brunes. Un visage illuminé par de grands yeux verts qui brillaient dans la nuit. Un contraste saisissant avec les étoiles, qui elles ne scintillaient pas.
Ses mots calmes, qui avaient atteint les recoins de mon inconscient me revinrent en mémoire.
Alors, instinctivement, je portais mes mains à mes yeux, dont les cils soutenaient encore quelques gouttes fines, comme des billes de rosée. Je fis disparaître les dernières perles salées que je contemplais, sur le bout de mes doigts. Puis, comme si la réflexion devait être partagée, je murmurais :

" Je ne comprend pas. Comment c'est possible que les larmes coulent quand on est triste alors qu'il n'y a aucune raison physiologique. Le sang se répand quand on se blesse, mais pourquoi les larmes ? "
Mon regard agrippait le sien, comme si j'attendais une véritable réponse à cette question. Peut-être que ça, lui, pourrait l'expliquer. A défaut de pouvoir expliquer pourquoi le monde s'entretuait.
Mais je voyais dans le vert profond de ses yeux autant de questions que dans le brun doré des miens.
Alors, d'un geste, je me décalais en traînant mon couvre-lit, pour lui faire une place contre la pierre.
Puis, je baissais les yeux, et ajoutais :

"Je suis désolée, ce que je dis n'a aucun sens." Je lui offris alors, un sourire timide, pour excuser mes mots idiots. Et je continuais, doucement, pour répondre à sa question :
" Non, c'est vrai que ça ne va pas vraiment, je m'inquiète pour ma famille. Et j'ai peur."
Et fixant ses iris pleines de doute, je lui retournais l'interrogation :
"Et toi ? De quoi tu t'inquiètes ? "

Préfète des Ventoulpes

20 mai 2020, 00:48
 RP+  Sang pour Sang
La jeune fille qu’il avait approchée, se frotta les yeux, essuyant le reste de ses larmes avant de se tourner vers Bad. Elle avait un regard très expressif accentué par ses longs cils. Ne répondant pas directement à la question du garçon, la Serdaigle l’interrogea à son tour à travers une question parlant de larmes et de sang. Bad n’y comprenait rien. Pourquoi pleure-t-on ? C’est ça qu’elle veut savoir ?, pensa le garçon en essayant de traduire les mots entendus. Mais alors, qu’il allait sortir une réponse, qui à coup sûr n’aiderait pas la jeune fille aux cheveux bouclés, cette dernière se déplaça l’invitant implicitement à s’assoir à ses côtés.

Acceptant la proposition, Bad prit place sur le sol dur et déroula sa couverture sur ses épaules. Une fois installé, l’inconnue finit par répondre à la question qu’il avait posé quelques instants plus tôt :

« Non, c'est vrai que ça ne va pas vraiment, je m'inquiète pour ma famille. Et j'ai peur. »

Je m'inquiète pour ma famille. Des propos qui résonnaient dans la tête de Bad comme l'écho de ses propres pensées. Une simple coïncidence ou une conséquence directe des événements actuels ? Il comprenait et partageait ce qu’elle ressentait mais il n’avait pas les mots réconfortants qu’elle recherchait. Comment les aurait-il alors qu’il était en proie aux mêmes inquiétudes ? Bad laissa passer les secondes. La jeune fille plongea finalement ses yeux dans les siens et lui retourna la question :

« Et toi ? De quoi tu t'inquiètes ? »

Bad baissa le regard vers le sol en pierre. Elle avait réussi à percevoir ses soucis à travers le masque qu’il croyait solide. Il pensait pourtant réussir à cacher ses émotions aux autres. Mais ce soir, la carapace se fêlait. Par peur de les décevoir, le garçon avait du mal à se livrer aux gens qu’il connaissait, qu’il aimait. Peut-être qu’en discuter, protégé par la nuit, avec cette inconnue dont il ne connaissait même pas le nom, l’aiderait à trouver des réponses. Il finit par relever la tête fixant un point invisible devant lui.

« Je n’ai pas de nouvelles de mon père depuis des semaines. Je ne comprends pas pourquoi. On s’écrit régulièrement d’habitude. »

En cet instant, il ne voulait pas lui dévoiler que son père était un Moldu. Pas par honte mais parce qu’il ne savait jamais comment les gens allaient réagir. Bad avait l’impression, qu’aujourd’hui, « Moldu » était un mot devenu tabou. Et il jouait lui aussi le jeu de la société. Il s’en voulait pour cela. Le regard toujours fixe, il poursuivit :

« J’ai peur comme toi. Peur que cette guerre nous sépare de nos proches. Je ne veux pas choisir de camp. »

Alors qu’il avait lâché cette dernière phrase, il se rendit compte que le secret qu’il voulait cacher à la jeune fille ne tiendrait pas longtemps … Comme pour éloigner son attention des paroles qu’il n’avait pas maîtrisées, Bad tourna finalement le regard vers l'inconnue à ses côtés :

« Tu penses quoi de tout ce qui arrive en ce moment ? C’est à cause de ça que tu t’inquiètes pour ta famille, heu … ? Pardon ... Je ne connais pas ton nom ... »

Bad s'interrompit dans ses propos se rendant compte qu’il ne s’était lui non plus pas présenté.
Dernière modification par Bad Eaven le 25 mai 2020, 00:42, modifié 1 fois.

6° année RP • Ex-préfet inRP (du 1/9/45 au 16/1/46)
Fiche - Réputation

23 mai 2020, 00:59
 RP+  Sang pour Sang
La musique qui a accompagné mon écriture... ici

Mes mots, ma question l'avaient atteint. Son regard couleur de céleri se voila et alla se poser sur la pierre beige teintée de gris par la nuit. Un gris froid, sombre et sans vie. Un gris sans nuance.
Je ne m'étais pas trompée. Il y avait bien quelque chose derrière ce regard de jade.
Une fissure, une fêlure, que le garçon cherchait à dissimuler. Je connaissais ce sentiment. Celui de vouloir ériger un mur, comme un rempart, à sa souffrance, à sa solitude. Une carapace.
Mais ce soir, ma carapace à moi s'était effritée. Et la sienne, semblait vouloir faire de même. Il reporta son regard au loin, comme si le vide lui fournirait des réponses. Comme si le lointain pouvait l'emporter ailleurs. Dans un ailleurs où les morts ne se comptaient pas par centaines. Où le sang rouge ne recouvrait pas l'asphalte noir. Où la fumée d'une cheminée aurait remplacé la fumée noire d'un incendie.
Le groupe de personnes qui observait le ciel passa devant nous pour quitter la tour, mais je ne les voyais pas. Mon regard était aussi perdu. Je cherchais moi aussi cet ailleurs. Un ailleurs où j'aurais pu être simplement Lily, sans devoir me définir par le sang qui coulait dans mes veines.
Alors, mon regard s'attarda sur ce lointain que ce garçon aux yeux brillants fixait.


Puis dans un souffle, il partagea avec moi ses peurs. Doucement, comme si les chuchoter, les ferait disparaître.
L'attente. L'interminable attente d'une lettre, d'un mot. Des semaines.
L'ignorance. L'effroyable ignorance. Ne pas savoir si ceux que l'on aime vont bien. Un père.

"Je ne veux pas choisir de camp."
Alors qu'à ses mots, je reportais mon regard vers lui, il tourna la tête. Ses yeux verts se posèrent sur mes yeux bruns. Il était de sang-mêlé, lui aussi. Comme moi. Nous avions les mêmes inquiétudes les mêmes doutes. Les mêmes peurs de cet avenir incertain. Cet avenir qui semblait mentir. Cet avenir qui ne tiendrait aucune des promesses qu'il nous avait fait.
Choisir un camp. Je ne m'étais jamais sentie à ma place nul part. Sauf avec Jacob. Alors peut-être que nous n'avions pas de place finalement. Hormis dans le coeur de ceux que l'on chérit.

Il me sortit de mes pensées avec une question. Une question qui m'envoya une décharge électrique dans la colonne vertébrale.
"Tout ce qui arrive."
Avait-il, lui aussi lu les articles de journaux ?
Vu les images des corps ensanglantés ?
Vu cette liste interminable de noms ? Tout ces gens, ces innocents morts au nom de l'intolérance ?
La mort n'était pas belle, ni poétique. Elle était juste un point final. Un dernier battement de coeur, un dernier souffle avant que tout ne s'arrête. Que tout ne tombe dans l'oubli.


Une larme coula le long de ma joue. Seule. Comme si pleurer était dérisoire à côté de la mort.
Je ne l'essuyais pas. Elle était là, seule témoin de ce que mes yeux avaient vu.
Alors, dans un souffle saccadé, les mots sortirent de ma bouche, avec difficulté :

" Je pense que le monde est fou. Je pense qu'on ne peux pas massacrer des gens juste parce qu'ils sont différents."
J'avais la nausée.
"Je m'inquiète pour ma famille car mon père travaille... non, travaillait, au Ministère. Parce que ma mère est une moldue. Parce que ma soeur de quatre ans est une sorcière et que ma soeur de sept ans n'en est pas une... Je m'inquiètes parce qu'aujourd'hui, il n'y a plus de frontière entre le bien et le mal. Je suis là, et eux affrontent le danger chaque jours. Je m'inquiète car je ne peux rien faire pour eux."
Mes larmes coulaient. Maintenant. Sans retenue.
"Oui, je m'inquiète car j'ai peur de l'Humanité. Je m'inquiète que des êtres humains soient capables de tuer si facilement...


Je clignais des yeux pour chasser les gouttes qui s'accumulaient. Puis, je me souvins qu'il m'avait questionné sur qui j'étais. Mais qui étais-je ? Lily, la fille de Londres ? Lily, la sorcière, première année à Serdaigle ? Alors, platement j'annonçais :
"Je m'appelle Lily. Lily Dempsey."

J'avais un sentiment bizarre. Comme si mon propre nom sonnait étrangement à mes oreilles. Comme si après avoir vu ces noms s'étalaient sur le papier jauni, le mien n'avait plus de sens.
Ces noms n'étaient désormais plus rien qu'un alignement de lettres qui formait une liste. Une liste qui stoppait des existences. Qui anéantissait des familles. La liste était longue et je n'avais pas eu la force de la parcourir. Mais les premiers noms qui y figuraient, étaient gravés dans mon esprit. Comme une marque indélébile...
J'entourais mon corps de mes bras, et je me balançais sur moi même. Le regard vide. Perdu dans les interstices entre les dalles de pierre.
Et comme une litanie, je répétais ces noms. Dans un souffle à peine audible. Comme si les murmurer, leur redonnerait vie...

" Mary Abbot
James Barckley
Emily Bones
William Campbell
Riley Cromwell
Christopher Duncan
Kenneth Eaven"

Préfète des Ventoulpes

25 mai 2020, 23:14
 RP+  Sang pour Sang
Elle aussi... Elle aussi était de Sang-Mêlé. Mais elle n’avait pas craint de lui dire. Lily - car oui c’était le nom de cette triste inconnue - faisait preuve d’un courage dont il espérait un jour être capable.

Comme lui, la jeune fille subissait les conséquences de cette guerre. Elle craignait à raison le visage que lui montrait les Hommes. Un visage étriqué et assassin. Un visage à l’extrême opposé des valeurs que le père de Bad avait enseignées à son fils. Des valeurs basées sur l’ouverture d’esprit et la bienveillance.

Pesant lentement le poids des mots de Lily, le garçon voulut, à son tour, se présenter. Alors qu’il allait ouvrir la bouche, il entendit sa compagne d’un soir, murmurer à faible voix des mots presque masqués sous les légers balancements de son corps. Les sons qui se dégageait de la bouche la jeune fille étaient si faibles que Bad n’en saisit que des bribes. C’était des noms apparemment. Emily. Duncan. Kenneth. Le prénom de son père. Un prénom peu répandu mais pas d’une rareté extrême. Une nouvelle coïncidence, il en était certain. Cependant, cela lui rappela l’absence de réponse paternelle. La raison de son mal-être actuel.

Retournant son regard vers le visage de Lily, il vit que les larmes de la fille avait repris leur chemin à travers les mêmes sillons. Pour tenter de la tirer de sa tristesse, Bad reprit la parole :

« Je suis sûr que ta famille se porte bien. Tu aurais des nouvelles sinon. »

Sentant que ses mots ne rassuraient en rien la jeune fille, Bad poursuivit à voix basse :

« Mon père aussi est un Moldu. Et comme toi, j’ai un frère qui n’a pas de pouvoir magique. Mais tout ça n’a aucune importance. Ce n’est pas ce qui nous défini, non ? Le monde va bientôt s’en rendre compte. Tout va rentrer dans l'ordre. »

Ces mots, ils ne les croyaient pas réellement. Il essayait simplement de s’en convaincre. Il ne trouvait d’autres moyens d’affronter les événements que de se voiler la face. Il masquait au quotidien ses émotions pour ne pas les affronter, et parfois, pour s'en défaire. Bad n’était pas un grand bavard lorsque l’on parlait de sentiments intimes. Mais avec Lily, le garçon sentait qu’ils partagaient une peine commune. Qu’ils pouvaient comprendre ce que l’autre ressentait. Ils portaient ensemble le même fardeau. Un fardeau trop lourd pour eux. Trop lourd pour n’importe qui.

« Au fait, je m’appelle Bad. Bad Eaven. »

Il ne donnait que rarement son nom de famille mais puisqu’elle l’avait fait, il lui semblait naturel d’agir de même. Eaven. Sa propre voix résonnait dans sa tête et lui rappela les mots que Lily avaient chuchotés pour elle-même quelques minutes plus tôt.

« Dis-moi Lily. C’est quoi ces noms que tu récites ? »
Dernière modification par Bad Eaven le 07 juin 2020, 01:01, modifié 2 fois.

6° année RP • Ex-préfet inRP (du 1/9/45 au 16/1/46)
Fiche - Réputation

05 juin 2020, 21:52
 RP+  Sang pour Sang
toujours en musique


Ce garçon aux yeux couleurs de forêt me regardait. Je voyais dans son regard toute la peine et la peur qu'il essayait de contenir et de cacher. Peut-être croyait-il les faire disparaître ?
Ma vue était brouillée par les larmes et pourtant je décelais une fragilité dans cette âme tourmentée. Une fragilité qui le poussait à croire aux mensonges. J'aurais voulu y croire aussi. Et même si je sais que ces mots m'étaient destinés autant qu'à lui, je lui en étais reconnaissante. Ils réchauffaient un peu mon cœur, comme la chaleur de sa voix douce et basse. Ce son grave venu de loin qui devait faire tarir mes larmes.

"Tout rentrera dans l'ordre" A défaut d'y croire, je pouvais au moins l'espérer. Je pouvais l'espérer pour moi et les miens. Mais je pouvais aussi l'espérais pour lui. Lui qui m'offrait un sourire léger, presque imperceptible, pas un sourire de pitié mais un sourire de compassion, un sourire que partage ceux qui savent et qui n'ont plus qu'un infime espoir. Alors j'espérais.
Je le regardais, avec ses grands yeux et se boucles brunes, avec son sourire et son visage doux. J'espérais, au moins pour deux.
Mais, ce garçon aux yeux de céleri fit disparaître cette espoir en un mot. Un nom. Son nom. Eaven.
Non, je ne pouvais pas perdre espoir, le monde était vaste et rempli de hasard. Je devais garder espoir pour ne pas sombrer et l'emporter avec moi. S'il avait lu les noms alors il savait. S'il avait lu les noms alors celui qui était gravé comme un tatouage à l'encre noir sur le papier vieilli n'était pas le sien.
Non, ce n'était pas possible. Le hasard. Forcément...


"C'est quoi ces noms que tu récites ?"
Mais ce garçon, Bad, n'avait pas lu les noms, il ne savait pas. L'espoir s'envola alors comme la fumée qui s'échappe des flammes, fugace, intouchable, irréelle. Comme la flamme, une sensation de brûlure se répandit au creux de mon ventre et mes mains se mirent à trembler. Mon corps se couvrit de frissons et ma colonne vertébrale se chargea d’électricité. Si ce nom était son nom, alors il devait savoir. Mais était-ce à moi de lui dire ? De ça, je n'en était pas sûre. Je n'étais plus sûre de rien. Le monde tournait mais son sens de rotation avait changé. Toutes mes certitudes avaient fuit. Et je savais que ne pas savoir était peut-être pire que de savoir. Car une vérité tue rapidement alors que l'ignorance ronge, elle consume doucement, douloureusement, jusqu’à faire crever dans la souffrance, dans une lente agonie.
Il me fallut puiser au fond de moi pour trouver le courage de repousser cette irrépressible envie de vomir et laisser de la place aux mots. Ma voix était mal assurée et tremblait autant que mes mains, lorsqu'un son que je ne reconnut pas s'échappa de ma bouche.

" Ces noms, Bad, ce sont ceux des innocents. Ceux dont les vies ont été volées par un monde qui se perd. Ces noms sont ceux des victimes de l'incendie du Ministère de la Magie."
Et pendant que ces mots sortaient, je ne les entendaient pas, comme s'ils n'avaient aucun sens. Non, pendant que les mots flottaient dans la nuit, je regardais Bad, je suivait les courbes décrites par ses boucles brunes. Mes yeux frôlaient son front, son nez, sa mâchoire mais pas ses iris.
Je fuyais lâchement son regard, je fuyais les conséquences de mes mots. Alors, je baissais les yeux sur la pierre froide.
Le temps se figeait et un silence s'étirait. Pas un son ni un souffle de vent, mes yeux étaient fixés sur le sol. Peut-être que Bad était parti, sans un bruit, comme il était arrivé. Mais alors que mon regard remontait, il croisa des mains puis un visage.
Je reprit alors, presque dans un souffle, de peur de ne pas pouvoir aller au bout de ma question :

"Bad ? Est-ce que tu connais Kenneth Eaven ? L'homme dont le nom était sur le journal ? "

Préfète des Ventoulpes

10 juin 2020, 22:11
 RP+  Sang pour Sang
« Bad ? Est-ce que tu connais Kenneth Eaven ? L'homme dont le nom était sur le journal ? »

Cette phrase n’avait aucun sens. Il avait beau la retourner de toutes les manières, elle ne voulait absolument rien dire. Évidemment, qu’il connaissait un Kenneth Eaven. Son père. Mais qu’est-ce que l’Irlandais qu’il était ferait à Londres ? D’autant plus à proximité du Ministère de la Magie. Non, il ne connaissait pas l’homme auquel Lily faisait référence. D’ailleurs, pourquoi cherche-t-elle à lui faire comprendre et admettre quelque chose d’aussi absurde. Cette fille était folle. Elle voulait le troubler, lui faire du mal. Pourquoi avait-elle semé les graines du doute en lui ? Lily faisait-elle partie de ses personnes qui se complaisent à blesser les autres ? Bad se leva brusquement, s’écarta de la jeune fille tout en la pointant du doigt. Sa voix était forte mais troublée, à la limite de la rupture. Son regard n’avait jamais été aussi noir :

« Arrête tes conneries ! Qui t’a dit le nom de mon père ? Dis-moi ! Tu veux te moquer de moi mais tu t’es planté ! Allez réponds ! »

Lily ne levait pas les yeux vers lui et gardait la tête baissée les yeux toujours fixés dans le vide. Bad ne comprenait pas. Pourquoi ne réagissait-elle pas ? Il avait compris qu’elle lui faisait une mauvaise blague et pourtant Lily restait impassible, imperturbable mais troublée. Sa réaction n’avait elle aussi aucun sens. Que se passait-il ? Quelque chose n’était pas normal. Le temps semblait suspendu. Bad se sentait désynchronisé de la réalité comme si tout son environnement était en décalage complet avec lui. Et si …

Et si Lily avait dit la vérité. Le bras de Bad toujours pointé en avant retomba lourdement le long de son corps. Ses jambes tremblaient, il n’arrivait plus à tenir débout. Plus aucune pensée ne défilait dans son esprit. Le vide complet. Il vacilla d’un pas en avant, réussit à se retenir quelques secondes avant de s’effondrer lourdement sur le sol dur. Le noir complet.

Lorsqu’il se réveilla, tout était flou. Sa vision était troublée suite au choc physique mais aussi mental. Il sentait la pierre froide sur son visage. Où était-il ? Que s’était-il passé ? Il fallut du temps à Bad pour renouer avec ses souvenirs récents. Lorsqu’ils revinrent à lui, ce fut comme se prendre un mur en pleine face. Une seconde gifle qui réveilla en lui une douleur inexplicable. Intenable.

Bad eut le réflexe de tourner la tête avant de vomir. Son corps réagissait comme il le pouvait à la tragédie. Le garçon commençait à réaliser ce qui était arrivé mais sa tête restait vide de toute émotion, de toute pensée. Elle aussi se défendait à sa manière. L’impact avait été trop fort. Bad ne réalisait pas encore la situation dans son ensemble. Il était trop tôt. Beaucoup trop tôt. Ses yeux se fermèrent de nouveau. Le cauchemar débutait.

6° année RP • Ex-préfet inRP (du 1/9/45 au 16/1/46)
Fiche - Réputation

11 juin 2020, 01:03
 RP+  Sang pour Sang
Les mots étaient sortis, tremblants. La questions avait été posée. Il ne lui manquait qu'une réponse.
Mes yeux fixaient l'Ailleurs. Un Ailleurs loin d'ici, loin de la souffrance. Je tremblais et j'étais incapable de la moindre réaction. J'avais peur que ce hasard n'en soit pas un. J'avais peur que le monde ait subitement arrêté de tourné. J'avais peur d'être la messagère de l'horreur. J'avais peur. J'avais tellement peur de croiser son regard et d'y découvrir que son monde s'écroulait.
Je n'étais pas capable de plus que ça. Mais alors que j'essayais de verrouiller mon esprit à la souffrance et aux conséquences de mes mots et de cette question trop lourde, Bad se leva d'un bond.
Son geste fut tellement brusque, qu'il me fit reculer d'un coup contre la pierre. Mon couvre-lit bleu, coincé sous mes mains tomba des mes épaules et un vent glacial se posa alors sur mon corps. Mais il n'avait rien de comparable avec la glace qui se formait à l’intérieur de lui. Ni de la glace que je voyais contaminer chaque parcelle des iris vertes de Bad. Ses yeux se ternirent, comme fous.
La question avait sa réponse. Non, finalement il ne vaut peut-être mieux pas savoir parfois.

Bad me regardait comme si j'étais le Diable, ses yeux étaient assassin, il me brûlaient la peau. Mais je ne pouvais pas lui en vouloir. J'était celle qui venait de faire valser son monde. Celle qui venait de faire voler en éclat chaque particules de son être.
Il se mit à crier, si bien que mon cœur manqua un battement dans un hoquet de surprise. Sa voix était rauque et violente. Il criait. Sur moi. J'étais tétanisée. Mon dos collé à la pierre froide. J'étais incapable de bouger ni de parler. Mes muscles étaient paralysés par la peur. Seules des larmes coulaient pour fuir la glace qui avait pris possession de mon corps.
Bad était tendu comme un arc. Son regard froid lançait des flammes et son doigt pointé sur moi me brûlait.
Mais pourtant ma douleur et ma peur n'était rien comparée à ce que lui devait ressentir. Un vide immense, une abysse sombre. Le néant.
Alors que je le regardais, tremblante, son bras retomba d'un coup. Suivi par le reste de son corps. Bad s'écroula au sol comme une marionnette à qui on aurait coupé les fils qui la maintienne vivante.
La chute fut lourde. Rapide. Son corps, un instant tremblant et tendu, se retrouva inanimé, là sur la pierre froide.
Sans réfléchir et oubliant ma peur, je laissais le couvre-lit bleu derrière moi et je m'avançais à quatre pattes vers Bad. Je posais alors ma main sur son visage dans un geste inquiet. Il ne réagissait pas. Comme endormi. Comme mort. Comme son père. Pouvait-on mourir de peur ou de chagrin ?
Je le secouais en vain. Il m'aurais fallu de l'aide mais j'étais seule. Si seulement le groupe d'élèves n'étaient pas partis un peu plus tôt. Je ne savais pas du tout ce que je devais faire.
Je savais par contre que je ne pouvais pas le laisser là, tout seul. Alors je m'agenouillais à côté de lui et mis une main dans ses boucles brunes et l'autre sur sa joue, et doucement, j'essayais de le faire revenir.
Son prénom fuyait mes lèvres. Je le répétais inlassablement. Tellement qu'il en avait perdu son sens.
De longues minutes s'écoulèrent, rythmées par mes larmes qui venaient s'écraser sur mes joues.
Puis, alors que les mots étaient devenus presque un murmure, Bad ouvrit les yeux.
Un sourire se dessina sur mon visage. Pas un sourire de joie mais un sourire de soulagement. Il était là. Il était revenu. Son regard croisa le mien sans le voir quand il se tourna dans un geste brusque. Un geste plein de douleur.
Il vomit sur la pierre. Il vomit sa douleur. Il vomit sa tristesse.
Ses yeux se refermèrent et alors, je l'agrippais à l'épaule. Le sourire était repartis. Non non. Il ne pouvait pas repartir lui non plus. Il ne pouvait pas me laisser là comme ça, toute seule, impuissante à tout. Alors je l'agrippais plus fort et j'approchais mon visage du sien. Puis dans un râle mêlé de larme, je commençait ma prière :

"Bad, s'il te plait, reviens.
Reviens, il faut que tu ouvres les yeux. S'il te plait.
Tu ne peux pas sombrer... parce que je ne peux pas t'aider moi.
S'il te plait ouvres les yeux ! Bad ! Bad ! "

Il devait revenir pour chercher de l'aide.
Et je répétais son nom encore et encore. Dans l'espoir qu'il m'écoute. Comme la plainte d'un animal blessé.

Préfète des Ventoulpes

16 juin 2020, 18:35
 RP+  Sang pour Sang
Bad. Bad. Bad.

Les paupières closes, il entendait l’écho de son prénom. Parfois si loin qu’il ne le percevait qu’à peine. Parfois si près qu’il pensait pouvoir le saisir. Comme une douloureuse litanie qui tentait de l’extirper de son sommeil, ce son se répétait inlassablement.

Bad. Bad.

Quelque chose ou quelqu’un tentait de l’arracher à sa quiétude, à ce rêve sans image où il se sentait apaisé. Mais tout cela n’était qu’un songe artificiel bâti par son cerveau pour le préserver de la réalité. Le garçon l’ignorait mais il allait devoir choisir. Sombrer ou affronter la réalité.

Peut-on mourir de désespoir ? C’est une question qu’enfant, Bad avait posé à son père. Avec son frère Cadell, ils étaient tous les trois devant la télévision dans leur duplex irlandais. Le dessin animé retraçait l'aventure et le parcours d’un loup gris après le décès de sa bien aimée. Une métaphore du deuil et de la reconstruction. Le père n’était pas plus surpris que cela par l’interrogation. Son aîné pouvait parfois faire preuve d’un grand discernement et sa curiosité le poussait à poser perpétuellement des questions. Mais celle-ci n’était pas des plus simples. En réalité, Kenneth n’avait pas de réponse claire à lui apporter mais il se remémora un article qu’il avait lu des années plus tôt sur la mort psychogène. Le père essayait d'apporter des réponses quelque soit le sujet abordé. Il pensait que l'on pouvait parler de tout tant que l'on choisissait les mots justes. Kenneth expliqua avec des termes choisis et pesés à son fils, le syndrome de glissement, le fait d’abandonner la vie suite à une événement traumatique alors qu’il n’y avait pourtant aucune cause organique.

Toujours les yeux fermés sur le sol de la tour d’Astronomie, ce souvenir d’enfance revient comme un flash dans l’esprit de Bad. Oui, on pouvait se laisser mourir. Était-ce la solution de facilité ? Il n’en savait rien. Devait-il se réveiller ? Il ne le savait pas non plus. Il attendait. Il avait besoin d’un signe.

Bad !

La voix était forte, remplie de peine mais surtout réelle. Comme un électrochoc, elle réanima le garçon. On ne le laisserait pas partir ce soir. Pas déjà.

Bad ouvrit une nouvelle fois les paupières. Lily était plongée au-dessus de lui. Le visage de la vie et de l’espoir. Ce n’était pas son heure, non. S’il n’abandonnait pas, il ne lui restait plus qu’à se battre. Un combat contre le monde mais surtout contre lui-même. Il perdrait des batailles, c’était certain. Mais il en gagnerait d’autres et ce sont ces victoires qui le façonneraient. Son père lui avait toujours fait confiance et il se devait, d’autant plus aujourd’hui, de ne pas le décevoir et de l'honorer. Où qu’il soit.

« Lily ? »

La voix de Bad était presque imperceptible mais le soulagement qu’il perçut dans les yeux de la jeune fille montrait qu’elle l’avait entendue. Il devait aller de l’avant. Ce n’était pas en restant étalé sur le sol qu’il ferait face. Il demanda un ultime service à celle qui avait été son bourreau malgré elle.

« Tu peux m’accompagner au dortoir ? Ne dis rien à personne, je t’en prie. »

La perte de son père serait son fardeau mais aussi sa force. Un fardeau qu’il ne partagerait avec personne. Se relevant avec difficulté malgré l’aide de Lily, Bad quitta la tour. Il n’avait pas la force de la remercier pour le moment. Il n’était même pas sûr de pouvoir sourire à nouveau.

6° année RP • Ex-préfet inRP (du 1/9/45 au 16/1/46)
Fiche - Réputation